Les jeunes filles savantes. [Avec Marla Farring.]

Accalmie, an 302, lune 8, semaine 3.


A l’attention de Lady Marla Farring,


Bonjour Lady Marla,


Je vous prie de m’excuser pour la rapidité de cette réponse. Il peut sembler étonnant que je m’exprime de la sorte mais je sais que nous avons la possibilité d’être toutes deux très occupées… J’avais grand besoin de vous parler et à défaut de pouvoir me rendre à Castel-Farring, le papier m’apporte un certain réconfort. Cela fait plusieurs lunes que tout cela s’est passé mais j’en reste toujours marquée, je le crains. Je ne peux pas imaginer la douleur dans laquelle les Nerbosc se trouvent encore à l’heure actuelle et je m’en veux de ressentir tout cela. Rassurez-vous, mes nuits ne sont guère plus dérangées par de telles images. J’ai toujours eu le sommeil léger et les idées noires auront tendance à me faire cauchemarder. Une telle expérience ne m’est pas arrivée depuis un moment, fort heureusement ! C’est juste qu’il m’arrive d’y repenser, lorsque mes pensées divaguent un peu trop loin.


Reprendre la plume me permet de ne pas rester enfermée dans mes songes. Tout comme vous, je souhaiterai pouvoir vous voir plus souvent ! Le tournoi de Lestival me semble tellement lointain désormais ! Et dire que cela fera bientôt une année que tout cela s’est passé. En vous lisant, mes pensées divaguent vers d’autres rivages bien plus agréables. J’ai essayé d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler ce moyen de transport miraculeux ! Sans parler des dragons qui pouvaient sans aucun doute couvrir de grandes distances facilement, peut-être qu’un navire amélioré pourrait entrer dans cette catégorie ? D’un autre côté, les eaux sont souvent très dangereuses, plus encore en hiver… Mieux vaudrait pouvoir passer par la terre ferme. Mais comment, me direz-vous ? Je me demande si nous ne pourrions pas utiliser le vent aussi bien sur la mer que sur la terre. Avec un très grand cerf-volant, peut-être ? Ou alors un cheval particulièrement rapide, dont toute la généalogie aurait été étudiée afin de le rendre aussi rapide que le vent ? Je ne saurais dire si ces solutions seraient envisageables, bien qu’il me plaît d’imaginer que nous puissions peut-être voler comme des oiseaux un jour prochain !


Orys grandit trop vite à mon goût ! Je crains qu’il ne finisse de se lasser de ma compagnie un jour ou l’autre. Je tenterai de lui inculquer certains de mes centres d’intérêt mais je pense ne pas faire le poids lorsqu’il souhaitera prendre une épée et partir guerroyer tout comme Renfred ! Aussi, je profite de ces quelques moments que nous partageons. Il aura bientôt deux ans. Si mon père et Lady Randa l’acceptent, j’espère pouvoir lui transmettre certaines choses lorsqu’il en aura l’âge. Il arrive désormais à faire de petites phrases, chose que je trouve adorable ! Il a encore un peu de mal à prononcer mon prénom par moments, cependant. Peut-être est-ce à cause de sa première syllabe. Cela ne doit pas être très facile à prononcer pour lui, aussi préfère-t-il m’appeler « Soeur » la plupart du temps ! Vous ne pouvez que vous doutez de l’émotion qui me prend le cœur dans de tels cas. J’ai toujours rêvé d’avoir une fratrie et c’est désormais chose faite, qu’importe le sang qui coule dans nos veines.


Cela m’a fait un bien fou de vous écrire ces quelques mots ! Tout comme vous, je tâche de ne pas abandonner mes pauvres fleurs à leur sort. L’hiver n’aide en rien, c’est un fait. Quant au vent d’Accalmie… Ma chère Marla, je crains que tout cela ne fasse pas partie de la légende. Avec la mauvaise saison, les bourrasques semblent redoubler d’efforts pour nous faire ployer ! Mais n’ayez craintes, Accalmie en a connu d’autres. J’espère qu’il en ira de même pour mes modestes plantations.


Au plaisir de vous lire dès qu’il vous plaira,


Votre camarade,


Lady Shôren Baratheon.