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Randa Baratheon

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Elle ne se sentait pas très bien ces temps ci : une incroyable fatigue la prenait dès le milieu de la matinée, un surmenage que Randa avait rapidement mis sur le compte de l'animation que ses deux fils mettaient dans le château. Gérer Orys n'avait jamais réellement été un problème : bien que réclamant de l'attention, il avait rapidement diviser ce besoin entre les différentes femmes qui pouvaient s'occuper de lui et l'entourer au quotidien. Mais Ormund, lui, était beaucoup plus difficile. Bien qu'elle sache que cela n'était réel, elle avait le sentiment de peiner à se lier à son deuxième garçon, le confiant bien plus tôt aux soins d'une nourrice lorsqu'elle ne supportait plus de l'entendre crier. Epuisée et émotive, la suzeraine avait trouvé un refuge temporaire dans la présence de la reine et des deux princes qui accaparait l'attention d'Orys et lui permettait de confier Ormund plus rapidement aux bras des servantes. Mais avec leurs départs, la culpabilité de Randa ne faisait qu'augmenter tandis qu'elle se rendait bien compte de la manière dont elle évitait son second né. Venait alors les crises de larmes qu'elle gardait pour l'intimité de sa chambre lorsque le calme revenait et que ses nerfs lâchaient. Elle s'en était ouverte à personne, persuadée que personne ne pourrait comprendre et se complaisait dans de longues balades sur les remparts du château, admirant la beauté de la mer autant que sa dangerosité. Ce sentiment ne lui passait pas : ce qu'elle avait mis sur le compte d'un retour de couche compliqué demeurait, la plongeant dans un abîme de regrets et d'impuissance. Elle voulait voir en Ormund le même miracle qu'en Orys, elle voulait le prendre dans ses bras, admirer ses joues roses et bouffies, jouer avec ses petits doigts. Mais cette simple idée suffisait à la faire fondre en larme. Si les symptôme de son étrange mélancolie s'étaient petit à petit estompée, elle sentait une ombre au fond de son coeur. Une ombre qui se rétractait mais qui était toujours bien présente.

Randa se promenait dans les jardins. Elle évitait Ormund. Elle évitait Shoren. Elle évitait Desmera. Elle préférait la solitude depuis quelques jours, un sentiment d’oppression la prenait et il n'y avait que la fraiche brise printanière qui parvenait à la détendre. Fermant les yeux, elle inspira, cherchant à chasser le mal être qui pesait sur son coeur, profitant de l'air iodé de la mer toute proche. Elle les rouvrit pour voir l'amas de nuages noirs et menaçants qui avançait lentement vers eux. Elle eut vaguement conscience d'entendre une voix mais ne fit attention au garde qui lui parlait que lorsque ce dernier posa une main prudente sur son bras, la faisant sursauté dans un hoquet de surprise. « Par sa lumière ! Vous allez me faire mourir de peur ! » lui dit-elle, encore sous le coup de l'émotion. « Nous devrions rentrer, ma dame, l'orage sera bientôt sur nous. » répéta le chevalier dont le regard passa du paysage à la suzeraine. Lasse, Randa observa encore un peu les nuages avant d'hocher la tête prenant la direction de la porte qui les ramènerait vers la sécurité du château. A chaque pas, elle avait le sentiment que son oppression revenait. A chaque pas, elle sentait le monde tourner. Puis le monde devint noir.
 

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Randa Baratheon

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« Entrez ! » dit Randa d'une voix forte. La nuit était tombée et elle s'était réfugiée dans le confort de ses appartements, cherchant la familiarité de son fauteuil face à la cheminée. Perdue dans ses pensées, la trentenaire en délaissait le livre qui se trouvait sur l'accoudoir et qu'elle maintenait ouvert d'une main, tandis que son regard fixait les flammes. Elle aurait aimé pouvoir lire en elles les prophéties du maître de la lumière tout comme Neina pouvait le faire, mais elle ne voyait que la chaude langue de feu s'élançant vers le ciel avant de retomber sur les braises. Elle aurait aimé y lire l'avenir de ses fils, celui de son époux, celui de Westeros et trouver du réconfort mais elle ne parvenait à voir quoi que ce soit, et laissait son esprit vagabonder loin d'Accalmie, loin de la guerre et des préoccupations quotidienne. Non, ce qui occupait Randa c'était les chiffres. Elle avait toujours eut ses saignements de manière très précise et leur absence, associé à ses barbouillements, la laissait envisager une chose qu'elle peinait à concevoir. La naissance d'Ormund ne remontait qu'à quelques lunes, était-il possible que ses doutes se confirment ? En son fort intérieur, Randa ne savait que penser. Plus de trois ans séparaient ses deux fils, et compte tenu des grossesses de celle qui l'avait précédé dans le lit de Stannis, elle s'était attendu à ce qu'une troisième grossesse soit un miracle, ou du moins un évènement lointain. Pourtant, cela ne faisait pas une lune mais bien deux que Randa n'avait pas ressenti les affres de la féminité.

La porte s'ouvrit sur l'une des servantes chargée du quartier des enfants. Son bonnet cachant une épaisse chevelure châtain clair, elle arborait une mine patibulaire qui matait le caractère parfois compliqué du jeune héritier. Ce dernier tenait la main de la servante, ses yeux papillonnant encore de sommeil mais ses paupières rouges et gonflés trahissaient les larmes qui y avaient trouvé place. « Le jeune maître voulait vous voir, ma dame. J'ai bien tenté de lui dire que ce n'était pas une heure pour vous déranger mais ... » Randa leva sa main avec un sourire bienveillant, arrêtant la femme dans son monologue, s'extirpant de son fauteuil pour s'accroupir, ouvrant les bras pour qu'Orys vienne s'y réfugier. « Je vous remercie Dalla, je m'en occupe. Allez vous reposer. » La servante hocha la tête et disparu, fermant la porte derrière elle tandis qu'Orys s'accrochait à la robe de chambre de sa mère. Randa glissa ses mains derrière les cuisses du petit garçon et le souleva, calant son poids sur sa hanche pour ne pas faire souffrir ses bras plus que nécessaire. « Alors, mon garçon, que se passe-t-il ? » demanda Randa, jouant avec l'une des mèches noires de son fils tout en retrouvant sa place dans le fauteuil, installant l'enfant sur ses genoux. Les reniflements d'Orys accompagnèrent ses mots, bafouillés et d'un ton aigüe qui poussa Randa à le bercer, laissant sa tête se poser sur sa poitrine. « Les dragons venaient me manger, maman. » Les bras de Randa se resserrèrent sur son fils et elle posa sa joue sur le dessus de sa tête, le berçant doucement. « Personne ne va venir vous manger, Orys. Votre mère ne le permettra pas et votre père encore moins. » tenta-t-elle pour le rassurer. Elle sentit ses cheveux frotter contre sa peau tandis qu'il inclinait la tête pour la regarder. Randa le regarda à son tour avec un sourire qui venait appuyer ses paroles : elle savait que Shoren aimait les récits autour de la conquête d'Aegon, que la présence de la reine et de son fils avait accentué le concept de dragon dans l'esprit d'Orys mais elle n'aurait jamais pensé qu'il puisse en être aussi effrayé. « Vous voulez que maman vous raconte une histoire ? » Il hocha la tête vivement et elle caressa ses mèches brunes. « Shoren a déjà du vous raconter l'histoire d'Orys-une-main dont vous avez hérité du prénom, mais saviez vous qu'avant de s'installer ici, il a vaillamment combattu contre le dernier Roi de ses terres ? Le dernier Orage on le surnommait. » conta la née Rykker « Ce Roi n'a jamais voulu plier face au dragon et lorsqu'Orys épousa la princesse, il prit son château mais aussi sa devise et son blason. » poursuivit-elle, songeant que les temps incertains de la conquête n'avait rien à envier à l'époque sombre dans laquelle ils vivaient. « L'Orage ne craint pas le Dragon, mon chéri. L'Orage l'accompagne. »
 

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Randa Baratheon

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Stannis avait annoncé son départ prochain quelques jours plus tôt, laissant juste assez de temps à la flotte pour se préparer à contourner les côtes et à rester en mer un long moment. Randa n'en savait pas plus des plans, et elle soupçonnait son époux de ne pas avoir davantage de visibilité sur ses prochaines actions. Face au calme qui semblait régner dans l'Orage, Stannis ne tenait plus et la suzeraine avait le sentiment que l'inaction des armées Baratheon lui pesait plus que la guerre en elle même. Pourtant ils avaient de quoi être fiers : Randa aurait pensé que l'Orage s'enflammerait plus vite profitant de l'étrangeté des positions religieuse pour lever les maisons les unes contre les autres. Il était plaisant de constater que contre toute attente, les familles vivaient dans une certaine harmonies malgré leur différences de cultes, se tolérant voir s'unissant face à la menace. Bien sur, il s'agissait sans doute d'une version biaisée de la réalité : Randa n'avait de retour que ce qu'on voulait bien lui donner et confinée pour sa sécurité, et celles des enfants, à Accalmie, elle savait qu'il lui manquait des informations pour parfaire son avis. Cependant, elle n'aurait pu être plus fière de son époux : même si elle craignait de le perdre à la guerre, le voir prendre l'initiative de soutenir le blocus de Goëville au besoin lui plaisait, réaffirmant le pouvoir de celui ci quelques peu exécutant depuis quelques lunes. Tandis que la forteresse s'apprêtait à se vider, Randa profitait du calme de ses appartements pour faire réajuster ses robes et offrir, comme dernière vision à son époux, celle d'une famille unie et se tenant derrière lui. De plus, cela occupait la maisonnée féminine que de confectionner robes et vêtements pour la famille et permettait à ces dames d'éviter de s'inquiéter d'un futur sur lequel, elle n'avait aucune prise. Son après-midi serait consacré aux plans de Stannis et au binôme qu'elle formait avec Ser Davos afin de pouvoir agir s'il arrivait quelque chose en l'absence du suzerain, mais ses matinées étaient dévolues aux tâches de la maitresse de maison.

Elle était entourée de deux couturières tandis que la gouvernante se tenait à quelques pas, jouant avec Ormund tandis qu'une troisième jeune fille tentait d'enfiler, à Orys, un petit manteau dans les couleurs de sa maison. Randa avait opté pour une robe jaune pâle, presque beige qui venait renforcer le noir de sa chevelure. Il ne s'agissait pas d'une nouvelle robe, contrairement à ses fils qui grandissaient trop vite pour qu'on puisse espérer ajuster un vieux vêtement. Cependant en l'essayant, Randa s'était rendue compte qu'elle peinait à serrer son corset et que ses jupes semblaient si étroites qu'elle se sentait étouffer dedans. La couturière avait tenté de dédramatiser la situation, craignait que la prise de poids de sa suzeraine ne provoque une colère qui se répercuteraient sur elle mais il n'en fut rien. La née Rykker savait qu'elle avait prit bien plus de poids pour Ormund que pour son frère et elle soupçonnait, depuis quelque temps, que ses embarras gastriques fut la conséquence d'une heureuse nouvelle. Si tel était le cas, elle ne garderait pas longtemps ses anciennes robes, songeait Randa avec une pointe de déception et une once d'appréhension à l'idée que les livres cumulées ne la quitte jamais. « Lord Stannis est-il au courant ? » demanda la plus âgée des couturières, s'affairant sur la jupe dont elle recousait la ceinture après avoir défait quelque plis pour en augmenter la taille. Randa secoua la tête. « Pas encore. J'ai prévu de lui faire part de mes soupçons avant son départ mais  j'aurai préféré avoir la certitude de l'être pour ne pas lui faire de fausse joie. » confia-t-elle tout en regardant ses deux garçons. Orys avait été attendu et Ormund avait suivit quelques temps plus tard, mais les deux grossesses étaient ardemment désirés, en autre pour assurer la lignée des Baratheon. Cette hypothétique grossesse là ... Etait une surprise. Certes, elle aurait du s'attendre à ce que partager le lit de son époux mène à ce genre de conséquence, mais elle avait imaginé qu'à son âge, les choses seraient plus lentes et que si tôt après Ormund, cela ne puisse advenir. « Je crains malgré tout que la nouvelle ne le déserve, je m'en voudrais qu'il s'inquiète de ce qu'il se passe ici plutôt que de se concentrer sur ce qui lui fait face. » ajouta la trentenaire que ce dilemme rendait folle. Elle voulait partager la bonne nouvelle mais ignorait quel effet cette dernière aurait sur son époux. « Monseigneur a toujours eut la tête froide, madame. Et ce, depuis sa plus tendre enfance. Je me souviens que cela faisait entrer son jeune frère dans une colère folle lorsqu'il tentait de le distraire pour gagner et que vot'mari refusait d'entrer dans son jeu. » Randa eut un sourire à cette idée : l'image d'un Stannis plus jeune et insouciant s'imposait à elle plus facilement lorsqu'elle acceptait l'idée qu'il puisse avoir cet air renfrogné qu'elle lui connaissait si bien. Ce n'était pas que les drames qui avaient ponctué son passé qui l'avait atteint, peut être était-ce simplement son caractère. Posant une main sur son ventre, Randa inspira et expira. Oui, elle lui dirait.
 

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Randa Baratheon

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La silhouette des navires diminuaient peu à peu tandis qu'ils s'éloignaient de la côte, évitant les falaises traitresses en prenant au large. Sa main dans celle d'Orys, Randa regarda les voiles aux couleurs de la maison Baratheon flotter au vent, droite et fière. Stannis était parti et seul l'unique savait quand elle le reverrait. Elle refusait de penser ces retrouvailles sous le signe de l'hypothèse, du conditionnel. Stannis reviendrait, il revenait toujours. Il reviendrait à Accalmie, auprès d'elle, auprès de ses fils, auprès de ce nouvel enfant qui ne manquerait pas d'avoir vu le jour et de porter les mêmes mèches sombres que le reste de sa fratrie. Randa posa une main sur son ventre. Ce dernier portait encore les traces de sa dernière grossesse, ses rondeurs de femme enceinte refusaient de partir entièrement et si elle avait gardé quelques livres après la naissance d'Orys, celle d'Ormund n'avait pas eut le temps de disparaitre totalement de sa silhouette lui laissant quelques formes généreuses qui l'empêchait de serrer son corset de la même manière que par le passé. Qu'importe, songeait-elle lorsqu'on lui faisait remarquer, elle était mère, épouse, et n croyait pas que son tour de taille puisse avoir un quelconque impact sur son existence, à l'exception de la taille de ses jupes.  « Ne vous inquiétez pas Orys, votre père est un homme brave et intelligent. Vous pouvez être fier de lui. » dit-elle, prenant son fils dans ses bras tandis qu'elle remarquait quelques larmes dans les yeux du jeune garçon. Caressant ses boucles noires, Randa ressentit une pointe de culpabilité tandis que, se retournant, elle tomba sur le visage encore rond de son second fils. Dans les bras de sa nourrice, Ormund n'avait aucune conscience de ce qui se jouait autour de lui. Elle fit un pas et posa sa main libre sur la petite tête de son second né. Elle aurait tant aimé ne plus ressentir ce pincement au coeur lorsque ses yeux se posaient sur lui, ne plus craindre de l'avoir à ses côtés, de se sentir dépassée par sa présence. « Mes seigneurs, mes dames ... Rentrons ! » ordonna Randa, se détachant de son fils et confiant Orys à une autre nourrice. Suivit de deux hommes aux couleurs de la maison Baratheon, Randa quitta les remparts, la mine sombre.

Orys jouait devant la cheminée, le reflet des flammes illuminant son visage tandis qu'il manoeuvrait un lion et un cerf en bois, recréant une histoire qui n'appartenait qu'à lui aux pieds de Shôren. Ormund, lui, dormait dans un panier qui jouxtait le fauteuil où elle se trouvait, face à une longue table de bois brut. A ses côtés, Ser Davos Mervault explicitait, de sa seule main valide, le plan naval que son époux avait partagé avec lui avait son départ, désignant d'un doigt, une zone des Degrés de Pierre où la flotte orageoise patienterait, attendant le bon moment pour intervenir. Randa avait relevé ses boucles en un épais chignon désordonné qui ne tenait que par la volonté de l'unique. Dépourvue de ses attributs de suzeraine, elle s'était retiré dans les appartements familiaux, appelant ses enfants auprès d'elle ainsi que le bras droit de son époux afin d'avoir une vision d'ensemble de ce sur quoi elle devait veiller. « Et une fois en place ? J'imagine que le reste dépendra de ce qu'il se passe au niveau du blocus ? » Davos hocha la tête et Randa se reposa contre le dossier de sa chaise en soupirant. Sa respiration fut si forte qu'Ormund grimaça, l'obligeant à poser sa main légèrement sur son ventre, caressant son petit ventre pour l'inviter à poursuivre sa sieste.  « Nous ignorons donc combien de temps mon époux sera absent et s'il sera en mesure de revenir en urgence si la situation ici dégénérait. » constata-t-elle avec ennuis. L'Orage était une région encore calme, si elle comparait les évènements qui secouait le Bief, les terres de la Couronne ou le Val d'Arryn, mais Randa refusait de se reposer sur la paix qui régnait sur ses terres. Lord Willos aussi avait du être surpris de voir sa région s'embraser, il n'était donc pas impossible que certains traitres se cachent dans l'ombre d'Accalmie, attendant leur heure. « Stannis ne serait pas parti s'il avait eu vent d'un quelconque risque. Aussi pouvons nous avoir l'esprit tranquille sur ce point. Cependant, je me refuse à rester dans une position vulnérable : je pense qu'il faut se préparer à toute éventualité, y compris celle où les soutiens de Viserys Targaryen attendraient le départ du suzerain et d'une partie de ses forces pour attaquer. » Mervault hocha la tête tandis que Randa se tournait vers sa belle-fille et son fils aîné. « Ser Davos ... Je connais votre histoire et votre contribution lors du dernier siège d'Accalmie. » commença-t-elle d'une voix plus basse, ses yeux se perdant dans la vision de ses enfants. « Je crains de n'avoir la détermination de mon époux, aussi, je m'en remets à vous. Cependant, s'il existe un quelconque moyen de prévenir une attaque ou un siège, je veux que nous la mettions en place. J'aimerai que vous estimiez les conséquences qu'auraient de tels évènements sur Accalmie si cela devait advenir demain et quelles seraient vos pistes pour nous rendre plus résistants. » Son regard se tourna vers le chevalier oignon, la détermination émanant de ses orbes chocolats. Je ne faiblirais pas, songea-t-elle, je ne laisserai personne prendre ce que Stannis a si durement su garder.  

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Randa Baratheon

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La matinée avait eut lieu dans une tranquille routine que Randa commençait à connaître : tous les matins, la suzeraine s'installait dans l'ancien trône des rois de l'Orage, le siège seigneurial de son mari pour y recevoir les éventuelles doléances ou simplement lire des rapports, faisant acte de présence au besoin. Vers la fin de matinée, elle se retirait pour s'occuper de ses devoirs d'épouse et de dame, abandonnant la politique pour la direction de la maison. Elle prenait malgré tout le temps de manger avec les enfants, siégeant en bout de table entre Orys et Shôren, avant de consacrer son après-midi à la jeune génération de Baratheon tout en se montrant présente pour quelques réunions importantes avec Ser Davos ou en terminant les tâches de la matinée. Au fur et à mesure des jours, le ventre de la suzeraine s'arrondissait à mesure que les lunes révélaient la présence du troisième enfant qu'elle attendait et les déplacements dans la vieille forteresse devenaient plus compliqués. Au poids des responsabilités s'ajoutait celui de son propre corps qui s'épuisait plus vite et il était moins en moins rare de voir la Baratheon annuler les sessions matinale pour travailler dans les calmes des appartements familiaux, à demi allongée sur un fauteuil, une main massant son ventre tandis qu'elle lisait ou rédigeait quelque parchemin. Ce jour là, les nausées l'avaient gardé allongé une partie de la journée : c'était le signe qu'elle attendait une fille, annonça la servante venue changer son pot de chambre tandis que celle qui l'habillait la détrompait, affirmant qu'il s'agissait d'un troisième garçon au vu des précédentes grossesses de la trentenaire. Randa, elle, n'en savait rien du tout : tous ces soit-disant indices se contredisaient sans cesse et elle n'était pas certaine que la hauteur de son ventre ou la fréquence de ses fringales aient une quelconque signification sur l'avenir. La brune était curieuse mais en l'absence de Neina pour prédire le sexe de l'enfant dans les braises de brasero du lieu de culte installé dans le château, elle préférait qu'on cesse de parier sur ce que l'enfant aurait entre les jambes. Lassée d'être évoquée comme un simple ventre, Randa annonça qu'elle devait aller prendre l'air et entama une promenade sur les remparts, profitant du beau-temps de la l'après-midi et des températures clémentes du retour de l'été. Sa démarche moins fluide lui donnait le sentiment d'être un tonneau de bière qu'on faisait rouler contre la roche du sol et l'image l'amusa particulièrement tandis que derrière elle, l'homme qui la protégeait la suivait telle une ombre, ignorant tout des amusements de la jeune femme.

« Ser Davos ? » salua Randa tandis que son regard rencontrait la silhouette du bras droit des Baratheon, le regard perdu dans l'horizon. Comme il en avait l'habitude, Davos eut un regard rapide pour le ventre de la dame des lieux mais contrairement aux reste de la maisonnée, elle ne s'en offusquait guère. L'homme avait l'âge d'être son père et elle se doutait qu'il voyait dans ses grossesses le souvenir de celles de son épouse ou le souvenir d'autres naissances qui hantait son esprit. Elle se demandait, parfois, s'il avait été proche de Selyse, lui qui couvait Shôren d'un regard tendre rappelant celui d'un grand-père sur sa descendance. Mais rapidement les yeux du vieil homme la quittèrent pour fixer la mer, rebelle malgré la météo clémente de ce début d'après-midi. La brune songea à la bannière qu'il avait regardé aussi longtemps que possible le jour du départ des navires. Guère celle qui accaparait l'attention de Randa mais bien les couleurs de sa maison, de son fils. Elle songea à l'angoisse qui la prenait quand elle imaginait Stannis perdu dans cette immensité bleue et baissa les yeux sur son ventre, songeant à ce qui serait dans son coeur si ce n'était son époux pour Orys. « Parfois quand je regarde cet horizon, je peux presque avoir l'impression d'apercevoir les voiles de leurs navires. » finit-elle par dire, attirant l'attention du vieux conseiller. Randa releva les yeux vers lui, lui offrant un sourire bienveillant tandis que sa main se posait sur le bras du Mervault. « Ils reviendront vite, je n'en doute pas. Vous connaissez mon mari, c'est un homme patient mais guère attentiste » Elle ignorait qui de lui, ou d'elle, elle cherchait à convaincre. A mesure que sa grossesse avançait, Randa songeait à ce qui adviendrait si Stannis n'était pas rentré au moment de l'accouchement. Qu'arriverait-il si elle ne survivait pas à ce jour ? Qui prendrait soin des petits si elle n'était plus là et que Stannis se perdait en mer ? Qui protègerait Orys ? « Pensez vous que nous recevrons des nouvelles prochainement ? » demanda-t-elle, la voix rauque de sa soudaine anxiété.

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Randa Baratheon

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Sa camériste terminait de lacer sa robe lorsqu'une servante vint frapper à la porte. La jeune fille qui l'habillait s'était arrêtée un instant avant que d'un signe de tête, Randa ne lui ordonne de continuer. On aurait pu penser que débarrassée de ses corsets, Randa aurait eut moins de peine à se vêtir mais la fatigue et la prévenance de la maisonnée l'avait laissé abandonné cette idée plus que promptement. Ses nuits étaient compliqués, ses journées épuisantes et elle devait reconnaitre que ces quelques instant où elle était livrée au bon soin de sa camériste était le moment parfait où la femme se changeait en suzeraine : quelques minutes pendant lesquelles Randa avait loisir de se plaindre et de rire avec la jeune fille avant de devoir prendre la figure implacable de la suzeraine. Parfois, elle en oubliait qu'elle n'était qu'une femme dans les premières années de sa trentaine, qu'elle pouvait avoir des rapports aussi simple et distrayant et que rien ne lui imposait le sérieux de son époux. De plus, avec sa grossesse en cours et ses responsabilités, la brune peinait à trouver un instant d'insouciance dans des journées où tout n'était qu'anticipation d'une hypothétique attaque. Elle était en train de rire au sujet d'une histoire de garde se retrouvant malencontreusement dépossédé de ses vêtements et obligé de cacher ses attributs avec l'une des poeles de la cuisine, histoire ô combien drôle mais impossible à raconter dans d'autre circonstance que l'intimité de cet instant, lorsqu'on frappa à sa porte. La servante posa la brosse sur la petite table tandis que Randa reformait de doigts les boucles de sa chevelure.  « Ser Davos ? » dit-elle tandis qu'elle reconnaissait la voix chaleureuse toujours empreinte d'un peu d'inquiétude du bras droit de son mari.

Elle se leva de sa chaise, passant derrière le paravent pour retrouver la figure familière du vieux Mervault. Elle eut un instant de panique, une seconde pendant laquelle tous les scénario catastrophe défilèrent dans son esprit, justifiant la venue du chevalier oignons dans ses quartiers. C'était une chose rare que Davos n'ait le temps d'attendre leur rendez-vous matinal dans le bureau de Stannis. Une lune plus tôt, il avait fait frapper à sa porte pour l'informer que Stannis avait accosté à Port-Réal, des nouvelles qui avait d'aborder rassuré l'épouse de ce dernier avant qu'il n'explicite la possible débâcle des navires orageois dans la Baie des Crabes. Qu'était-ce à présent ? Devait-elle craindre une quelconque blessure dont on ne l'aurait informé et dont l'état devenait inquiétant ? Devait-elle redouté qu'il annonce une bataille sur leurs terres alors même que le suzerain n'avait regagné sa demeure ? Pire, devait-elle s'attendre à des nouvelles de la Capitale ? « Ma dame, je suis navré de vous déranger à une heure si précoce ... » Randa fonça le sourcil, l'impatience d'avoir le sujet de sa visite menaçait de voir sa bonne humeur fondre comme neige au soleil. « Je voulais que vous soyez la première à l'apprendre. Le bateau de Lord  Stannis a été repéré dans la Baie des Naufrageurs. » Ce qui signifiait que Stannis serait bientôt de retour dans le château. Remerciant le vieil homme, Randa ferma la porte et lançant un regard à sa camériste ordonna « Bien, changement de plan, sortez une autre robe. Pas la noire, nous ne sommes pas en deuil et nous ne voulons rappeler la défaite ... Mais pas la dorée, il n'y a rien à fêter non plus. » réfléchit Randa à voix haute. « Aller, aller ! Vous avez entendu Ser Davos, mon époux est de retour. » Il lui faudrait ensuite faire prévenir Shôren et préparer les garçons, s'assurer que tout était impeccable et prêt pour accueillir le retour de Stannis.

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Cela avait beau être la troisième fois, Randa avait l'impression qu'il s'agissait toujours de la première. Son esprit semblait avoir quitter son corps et elle avait le sentiment de nager dans une mer de brume opaque et cotonneuse. Elle sentit vaguement l'une des sage-femmes lui éponger le front, apportant un peu de fraicheur à la moiteur de son enveloppe charnelle, suffisamment pour qu'elle laisse ses paupières papillonner, l'obscurité s'alternant des visions de ce qu'il se passait dans la chambre. Sa conscience se fit alors plus présente : si l'effort lui avait demandé toutes ses forces, elle se sentait revenir dans le temps présent, bien plus alerte qu'elle ne l'était quelques secondes auparavant. On l'aida à se redresser, à s'installer confortablement dans le lit tandis que le linge humide venait oter les traces de sa fatigue et de son labeur. Elle entendit, de loin, les chuchotements du mestre, les légères tapes qu'il donnait au nouveau-né pour le faire pleurer et, un instant, elle eut conscience du silence. L'inquiétude ne dura qu'une demi-seconde avant que les cris ne résonnent, gras et fort, apaisant son coeur battant. « Comment va-t-il ? » demanda Randa d'une voix rendu rocailleuse par ses propres cris précédant. Tandis qu'on continuait de l'éponger, elle grimaça alors qu'on remontait ses boucles indisciplinés en un chignon noir au dessus de sa tête avant d'y passer une chemise propre qui vint caresser sa peau avec douceur. La sensation de moiteur ne disparaitrait qu'après une toilette digne de ce nom, se souvint-elle, mais c'était déjà mieux que rien. Le mestre donna un petit paquet de linge à la plus anciennes des nourrices d'Accalmie, laquelle revint vers elle avec un sourire. De l'amoncellement de tissus sortait des petits bras, gigotant, potelé, d'un rose vif et le regard de Randa chercha immédiatement à en voir plus. Tout comme pour Orys, l'urgence maternelle se faisait sentir, l'instinct primaire d'une mère pour son petit. « C'est une magnifique petite fille. » répondit la nourrice, détrompant la suzeraine qui, jusque là, restait persuadée de porter un troisième garçon. Elle hoqueta de surprise avant de tendre ses bras, récupérant l'enfant emmailloté, quelque peu tremblante. Une petite fille, songea-t-elle avec tendresse, serrant le bébé contre elle, sentant la chaleur de sa petite tête contre la peau de sa gorge. Une petite fille, se répéta-t-elle.

Elle demeura ainsi une dizaine de minute, admirant l'arrondis des joues, les cils d'un noir profond gardant des yeux qui demeuraient clos, la pointe du nez. Elle caressa du pouce les quelques mèches noirs qui parcouraient ce petit crâne, s'émerveillant de cette vision innocente qui ne s'offrait qu'à elle. Finalement, on vint lui annoncer que son époux demandait l'autorisation de la voir et elle rendit le nouveau né à sa nourrice le temps de se voir aider à enfiler une robe de chambre d'un bleu profond, presque vert, aux broderies dorées représentant des motifs floraux.  Une servante se hâta de lisser les draps du lit, y remettant un pardessus matelassé qui venait habiller le meuble tandis qu'on aidait la suzeraine à reprendre place, plus apte à recevoir que dans sa chemise et sa sueur. Finalement, la porte s'ouvrit sur Stannis et sa figure implacable sur laquelle elle avait finit par apprendre à déceler des micro-expressions. Si elle n'en aurait pas juré, il lui semblait pourtant que ses couches apportaient leur lot d'inquiétude au Baratheon, mais elle ignorait quel évènement de son passé motivait une telle anxiété : la naissance incertaine d'Orys ou les fausses joies qu'il avait subit du temps de son précédent mariage ? Elle n'en aurait jamais blâmé Selyse Florent : ce n'était pas elles qui décidaient si l'enfant survivait ou non, ou quel serait son sexe après dix lunes d'attente. Elle avait de la chance et elle en avait conscience. La nourrice approcha du suzerain, lui présentant l'enfant avec autant de douceur qu'elle en avait eut pour elle un peu plus tôt. Et tandis qu'il prenait le bébé dans ses bras, elle lui dit  « Voilà votre fille, mon seigneur. » Après avoir donné deux fils, Randa ne craignait pas la déception de Stannis mais elle avait bien vu, après Ormund, combien son époux se sentait soulagé par la naissance d'un garçon. Si elle espérait qu'il soit aussi heureux pour ce bébé qu'il ne l'avait été pour leur deux précédents, elle n'aurait pu être plus heureux. Deux fils, une fille, son devoir était plus qu'accomplis.

Les corbeaux qui quittèrent Accalmie ce jour là annoncèrent que durant la troisième semaine de la cinquième lune de l'an trois cent cinq était née Casanna Baratheon, fille de Lord Stannis et de son épouse, Lady Randa.  

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Randa Baratheon

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 « Orys ! » cria Randa à travers les appartements familiaux, ses sourcils se fronçant en une moue contrariée. Accalmie était en effervescence alors qu'aujourd'hui se tenait le tournoi organisé par Stannis pour les cinq ans de son héritier mais malgré l'impatience de son anniversaire, le petit garçon était introuvable. Depuis quelques temps, la grande passion du jeune Orys Baratheon consistait à trouver la meilleure cachette possible pour terrifier les nourrices et les amener à faire appel à la suzeraine. Aujourd'hui n'avait pas manqué. Tendues par les festivités qui devaient débuter ce jour, elles n'avaient guère attendues pour prévenir leur maitresse, dérangeant Randa dans ses propres préparatifs. Peu amusée par les facéties de son premier-né, cette dernière était entrée avec fracas dans la chambre de l'hériter, le corset de sa robe attendant d'être serré et une boucle d'oreille manquante. Alertée par le bruit, Shoren fit son entrée, un énorme ouvrage dans les main tandis que quelques mèches s'échappait de sa coiffure. Pour elle comme pour Orys et le reste de la famille, ce jour était décisif. Avec un soupire, Randa se tourna vers sa belle fille. « Shoren, ma douce. Votre frère a encore décidé de faire des siennes. Nous sommes attendus dans la Salle Ronde dans moins d'un quart d'heure et il reste encore Cassana à vêtir ... » L'anxiété s'entendait dans le ton de sa voix, vestige des hormones vacillantes de la suzeraine qui, depuis qu'on l'autorisait à quitter le lit, semblait constamment à fleur de peau. C'était sa première sortie depuis la naissance, mais également la première opportunité que Stannis et elle auraient de présenter Cassana à leurs bannerets et au reste des invités. Shoren lui offrit un sourire compatissant avant de poser son livre et de son mettre en quête de son cadet, laissant sa belle-mère retourner à ses occupations, sa camériste la suivant en toute hâte pour l'aider à fermer son corset.

Il ne fallut pas dix minutes à Shoren pour mettre la main sur Orys, caché derrière un rideau de la chambre de son frère. Elle le tenait par la main tandis qu'hilare, il s'amusait de provoquer les rire de son cadet, lequel hoquetait joyeusement. On finissait de mettre les épingles maintenant son chignon en place lorsque la nourrice arriva, la petite Cassana dans les bras, emmaillotée d'un linge doré et bronze aux motifs de cervidés. Il quittèrent tous les cinq la chambre de la née-Rykker, rejoignant Stannis à l'entrée des appartements familiaux : Randa gardait le nouveau-né dans les bras, tendant la main à Ormund tandis que son époux, ses deux aînés auprès de lui, ouvrait la marche vers la salle ronde. Face à tant de monde, Randa ne put offrir qu'un timide sourire, se penchant sur son plus jeune fils pour le rassurer tandis que le bruit faisait grimacer le bébé. Lachant Ormund, Randa tenta de ramener la couverture sur sa fille, caressant sa petite joue ronde. Dans la foule, Randa aperçut son frère, venant spécialement de Sombreval pour les cinq ans de son neveu autant que pour revoir sa soeur pour la première fois depuis l'annonce de la trêve, pour la première fois depuis des années. Elle resta ainsi, berçant Cassana tandis que Stannis ouvrait officiellement les festivités d'un discours qui remerciait les invités de les avoir rejoint pour l'occasion et invitait tous ceux présent à profiter des largesses dont la maison Baratheon leur faisait grace. Le regard de Randa se posa sur le petit garçon qui ne se souviendrait sans doute jamais de ce tournoi, organisé en son honneur, mais qui se tenait, droit comme un i,  dans le giron paternel, ses grands yeux clairs admirant la figure du suzerain. Il finirait par s'assagir, elle le savait et l'enfant taquin finirait sans doute par lui manquer. Mais qu'importe ce qu'il faisait entre les murs de leur refuge familial, elle était fière de son fils, si sage en ce jour où tous les regards se posaient sur lui.  

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Randa Baratheon

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Elle n'avait que trop peu souvent eut l'occasion de quitter Accalmie depuis son mariage et ne connaissait pas vraiment le reste du territoire dont elle était suzeraine autrement que sur une carte. Bien sur, elle avait traversé une part de l'Orage lorsqu'elle s'était rendu au mariage de Ser Hoster et Lady Sansa, et une autre lors des quelques allers-retours entre Accalmie et Port-Réal où lors du tournoi de Lestival. Mais traverser ces terres au cours d'un voyage n'était pas la même chose que d'être invitée dans un fief. La plupart du temps, Stannis se rendait aux différents coin de son territoire en compagnie de Neina, de Renly ou de Ser Davos pendant qu'elle demeurait à Accalmie, s'occupant des enfants. Mais nul conflit attendait le départ du suzerain et c'était non sans une grande joie que Randa avait préparé ses affaires en vue de sa première visite des iles sous l'autorité des Baratheon. La maison Estremont était la famille maternelle de Stannis et sa présence était autant un honneur fait à un banneret qu'une réunion de famille à l'occasion des noces d'Alyn Estremont et Elaena Hightower, faisant de Vertepierre, le coeur de l'Orage le temps de quelques jours. Au large du cap de l'Ire, Vertepierre portait bien son nom. Les intenses précipitations de la région, surtout en automne, favorisait le développement de la végétation donnant à la forteresse des Estremont des allures de château de légende s'ouvrant exceptionnellement à la vue des hommes. Pour autant que l'endroit fut magnifique aux yeux de Randa, qui était plus habituée aux grands ports et aux villes où la marque de l'homme avait prit le pas sur la nature sauvage des lieux, elle ne manqua pas de constater l'humidité ambiante qui faisait frisotter ses cheveux noirs et déclenchait des éternuements sans fin chez son fils. Ils avaient laissé Ormund et Cassana à Accalmie, dans le confort de la demeure Baratheon, n'apportant avec eux que le petit héritier et sa soeur aînée, plus grands et aptes à supporter le voyage.

Le mariage avait été magnifique. Encore dans les affres de sa grossesse récente, Randa s'en senti particulièrement émue et avait posé sur le jeune couple un regard des plus bienveillants. Le banquet était à la hauteur de la fête et des maisons s'unissant. Invités de l'Orage et du Bief se mélangeaient gaiement tandis que président la table d'honneur le jeune Alyn chuchotait à l'oreille de sa nouvelle épouse. Laissant Orys partir s'amuser avec quelques jeunes gens de son âge, non sans la promesse qu'il ferait attention à ne pas déranger les hôtes et la fête, elle retrouva ses boucles brunes sous une table, rampant avec quelques autres enfants. Le futur sire de l'Orage à quatre pattes sous les jupes des dames, se désola Randa qui s'empressa de s'excuser auprès du chevalier qui lui vantait ses talents au tournoi d'Accalmie pour aller cacher la nappe relevée révélant les affres de son fils de ses jupes.

Rejointe par son garde personnel, Randa lui adressa une mine désolée tandis qu'il riait de la situation. Cherchant Stannis du regard, elle le trouva en grande conversation avec certains seigneurs et remercia R'Hllor qu'il n'ait pas vu les facéties de son fils, l'enfant en aurait sans doute entendu parler un moment. Dès lors, la brune tenta de retrouver son intéret pour le banquet, questionnant son chevalier sur les visages inconnus qui passaient devant eux. Un homme qu'elle reconnu comme étant l'un des cousins de Stannis, passa accompagné d'une ribambelle de jeune fille. Elle savait que l'une d'elle était son épouse, la seconde -ou peut être était-ce la troisième ?- un petit brin de demoiselle forte en caractère qui avait poursuivi la malédiction du seigneur en ne lui donnant que des filles. Et parmi le petit groupe gloussant de soieries et satin, Randa désigna une jeune femme, plus âgée que les autres, à l'ample chevelure mordorée. « Et celle là ? » demanda-t-elle à son garde avec un sourire. L'homme tourna la tête, détaillant quelques instant la jeune fille avant de se tourner vers elle. « Lady Mylena Dunn, ma dame. C'est l'héritière de la Baëre, la fille aînée de Lord Elias. Enfin ... Il parait qu'elle refuse de se marier et n'est pas très intéressée à l'idée de succéder à son père. J'ai entendu une rumeur qui disait que sa cadette, Lady Arwyn, pourrait bientôt se voir fiancer afin d'assumer le prolongement de la lignée. » chuchota l'homme à son oreille. Une demoiselle des plus intéressante, songea Randa. Rares étaient les héritières qui n'aspirait pas au pouvoir, rares étaient les héritières tout court quoi que la loi sur l'héritage avait remit la chose en perspective. Mais plus que tout, rares étaient celles qui n'aspiraient nullement à la vie que leur genre leur imposait Les femmes célibataires passée un certain âge étaient moquées, créant un climat de terreur et de concurrence chez les jouvencelles qui n'attendaient que le jour de leur noces et la certitude de ne pas finir comme la vieille tante qu'on laissait mourir dans un coin du château. Mais celle là ... Celle la semblait n'en avoir rien à faire. « Je pense qu'il est temps d'aller saluer cette demoiselle, qu'en dites vous ? » proposa Randa avec un sourire, non s'en s'être assuré qu'Orys avait quitté sa cachette.

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Randa Baratheon

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Parfois, elle maudissait le jour où elle avait épousé Stannis Baratheon. Et ce jour là était l'une de ces journées difficile où Randa regrettait de ne pas être entrée dans un matristère. Les hommes et leur maudit égo, avait-elle écrit à Lady Cersei un peu plus tôt dans la journée, ressassant la mauvaise humeur que son époux était venu mettre dans leur chambre autant que dans sa journée. Pourtant, Randa avait tout pour être ravie : cela faisait bien longtemps qu'elle était pas revenue dans les terres de la Couronne et même si sa route ne la conduirait pas dans la Sombreval de son enfance, elle avait eut tout le loisir de baiser les joues de Leana, d'embrasser ses neveux et de profiter de vieux amis qu'elle n'avait que que trop peu l'occasion de revoir depuis son mariage. Elle avait quitté la région en demoiselle Rykker, soeur aînée du sire de Sombreval et y était revenue en suzeraine de l'Orage, auréolée d'un pouvoir nouveau et de la naissance de deux fils et une fille, assurant par la même sa position à Accalmie. Tout aurait du être parfait et pourtant ...  

Et pourtant, elle pouvait compter sur la mauvaise foi de deux Barahteon pétrie d'orgueil et campant sur leurs positions respectives. Dès son arrivé à Accalmie, Randa avait remarqué les relations difficiles que son époux entretenait avec son frère cadet, Renly. On prêtait à ce dernier les traits du défunt Robert : un physique avenant que son attitude très chevaleresque venait appuyer. A bien des aspect, Renly aurait pu être plus agréable : il était beau garçon, avait une conversation délicate, un humour très sur et une capacité à séduire autant le peuple que la noblesse. L'opposé exact d'un Stannis plus sobre en attitude comme en mot qui tenait par le respect plus que par le charme et se montrait rigide à bien des égards. Pour autant, et cela, elle avait pu le constater rapidement et le confirmer tout aussi promptement ... Renly Baratheon n'était guère un amateur de belle femme. Au début, Randa s'était imaginé son beau-frère comme quelqu'un de timide ou se préservant pour celle qui lui serait liée à jamais mais il était devenu assez évident qu'il ne s'agissait tout simplement pas de ses gouts en matière d'amour et d'intimité. Passé le choc de ce constat, la née Rykker vit soudainement l'opposition des deux frères sous un nouveau jour et préféra demeurer en retrait tandis que Stannis mariait son cadet à l'unique fille de Paxter Redwyne et ne cessait de lui courir après pour qu'il consomme ce maudit mariage dont Renly ne voulait rien entendre. De son côté, Randa tentait d'apporter compassion et soutient à sa belle-soeur mais la conversion de la suzeraine n'avaient pas aidé leurs relations, dans un premier temps et si cela s'était arrangé avec le temps, et la certitude que Randa n'imposait nul choix religieux à la bieffoise, l'indifférence de Renly, et l'ombre planant de Loras Tyrell, n'aidait nullement la jeune femme à envisager ses noces sous un jours positif.

C'était donc non sans surprise que Randa avait entendu son époux pester contre son ingrat de petit frère, contre son incapacité à accomplir son devoir et sur tout un tas de mots et de qualificatifs au sujet de Lord Paxter Redwyne que la suzeraine ne se serait jamais permis de répéter. Il fut évident qu'au delà de l'habituel agacement de Stannis envers Renly, les discussions avec le Maitre des Navires ne s'étaient pas déroulé comme prévu et elle imaginait sans peine que Paxter Redwyne ne s'était pas privé pour amener, aux nombreuses tares d'Accalmie, le possible manquement de Renly à son devoir conjugal. Fallait-il que Desmera raconte ainsi tout à ses parents ? Songea Randa avec une pointe de frustration. Mais elle la comprenait. Elle aussi se serait sans doute plainte du traitement qu'elle subissait si on la laissait errer sans but dans une forteresse telle qu'Accalmie. Ceci dit, il était plus qu'évident que Stannis visitait sa chambre et si le premier mariage du Baratheon lui avait amené une certaine réputation, ils venaient détromper les bruits de couloirs en montrant qu'ils étaient plus que capable de concevoir. A ses devoirs de suzeraine et d'épouse, Randa ajoutait ceux de mère, un privilège que sa belle-soeur n'avait pas. Lorsque Stannis s'était absenté pour aller pester elle-ne-savait-où, Randa avait fait envoyer un billet par l'intermédiaire des serviteurs du Donjon Rouge et elle attendait désormais son invité. On l'annonça quelques longues minutes plus tard et elle se leva pour saluer la blonde avec une révérence. « Lady Mina. Pardonnez moi de vous avoir fait demander aussi rapidement mais ... Je crains que nous ayons de sérieuses choses à discuter avant que la situation ne dégénère. »  

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Randa Baratheon

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Le visage fermé de Stannis ne lui permettait pas de savoir ce qu'il pensait de l'échange qui venait d'avoir lieu. Assise dans un petit fauteuil des appartements où les Baratheon avaient été invité à séjourner, Randa ne pouvait que voir les différences entre les deux frères. Stannis dans toute sa dignité de seigneur, impassible malgré son regard sévère, incarnation d'une autorité froide et sans partage. Et Renly, solaire dont le visage d'ordinaire si jovial était à présent un mélange de colère et d'honneur bafoué. Peut être aurait-elle du se sentir glacée jusqu'à l'os par le regard blessé qui lui jetait mais, mimant le marbre qu'était son mari, Randa berçait doucement Cassana en essayant de ne pas se laisser atteindre par les mots durs qui venaient d'être prononcé.  « Je n'ai jamais été votre ennemie, Renly. » finit-elle par dire en réponse aux accusations silencieuses qu'elle avait fini par suscité. Elle savait que la blessure de l'égo était la pire, qu'il ne le lui pardonnerait peut être jamais mais ce qu'elle faisait, elle le faisait pour l'avenir de la maison Baratheon autant que pour la paix de son foyer. « Mais Lord Paxter est déterminé à faire valoir les droits de sa fille et vous n'avez guère été coopératif en la matière. » rappela-t-elle face aux années de mariage non consommés que le jeune couple Baratheon avait passé jusque là. La vertu de Desmera n'était pas remise en question : tous avaient pu témoigner de la consommation du mariage mais si le chevalier s'était plié à l'exercice pour la nuit de noces, la couche de sa femme était restée désespérément vide depuis. Une situation exaspérante pour l'épouse délaissée mais intolérable pour le père au courant de la solitude conjugale de sa fille. Fort de sa position au conseil, Lord Paxter ne manquait désormais plus d'aplomb et voyait, dans la désormais faiblesse de l'Orage suite aux évènements de la baie des crabes, une occasion de prendre le seigneur d'Accalmie de haut. « Cessez d'y voir l'injure, et préférez constater l'opportunité de vous défaire d'une épouse qui ne vous amène ni confort, ni affection. » La mâchoire du jeune homme se serra et quoi qu'elle tentait de se montrer positive, Randa savait ce que cela pourrait lui couter. Lorsqu'il fut évident que Stannis et Paxter Redwyne ne trouveraient de terrain d'entente et, qu'au contraire, les graines d'un conflit était en train de germer, la suzeraine avait prit l'initiative de rencontrer l'épouse du seigneur de La Treille.

Lady Mina, tante du suzerain du Bief, était une femme discrète mais de fort charmante compagnie qui se désolait autant du mariage de son unique fille que des proportions que prenaient les échanges entre son mari et le sire d'Accalmie. Il avait fallut l'intervention d'une troisième dame éminente pour que ne se présente une solution capable de satisfaire tous les partis en offrant à Lady Desmera la possibilité d'un mariage plus heureux sans entacher sa réputation, en libérant Renly d'obligation qu'il n'avait aucunement l'intention d'honorer et en ramenant la paix entre leurs deux familles. Mais cela ne se ferait pas sans un lourd tribu que Randa, considérant que la source du problème venait principalement de son beau-frère, avait accepté d'endosser. « Il ne pourra y avoir d'annulation du mariage sans preuve que ce dernier est stérile. » Si elle avait eut d'autres relations avec lui, sans doute aurait-elle été plus incisive, arguant qu'il devait s'estimer heureux qu'ils ne fassent pas appel à un conseil de mestre pour prouver son impuissance, que la stérilité n'était qu'un motif comme un autre, bien plus répandu qu'on ne le pensait quoi que trop souvent imputé aux dames. « Vous ne pouvez pas demander à Desmera d'encaisser ce nouvel affront. Que vous ne vouliez pas honorer son lit de votre présence est une chose, mais elle mérite de pouvoir se remarier sans le poids de votre fierté sur sa réputation. » L'agacement de Randa s'entendait dans le ton sec, surprenant venant d'elle, qu'elle venait d'employer. Elle appréciait Renly mais une forme de solidarité féminine la forçait à prendre le parti de sa belle-soeur. Silencieux, Stannis demeurait dans un coin de la pièce. Ils échangèrent un regard. Elle l'aurait cru plus difficile à convaincre que son cadet et pourtant, lorsqu'elle était revenue de son échange avec Lady Mina et la reine douairière, il n'avait montré nul animosité à l'idée d'user du stratagème proposé par la reine pour libérer Desmera Redwyne de ses voeux d'épouse et apaiser le père outré qui ne le lâchait pas d'une semelle. Mais si elle s'était imaginé que Renly accueillerait cette hypothétique libération avec soulagement, elle le voyait désormais aux prises avec sa conscience et son égo. Prouver qu'il était stérile lui permettrait de ne plus avoir à subir les attentes d'une épouse, que ce soit Desmera ou une autre, mais l'impact que cela aurait sur sa virilité semblait le heurter profondément. Le silence se fit, lourd, chargé d'une tension explosive. Et puis il y eut un mot. « D'accord. »  

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