Trie t-on les tritons ? [Flashback Owen Tyssier - Wynafryd Manderly]

Wynafryd ne put s'empêcher de penser à sa mère alors qu'elle dansait avec Owen. Elle aurait été fière d'elle si elle avait pu assister à la scène. Toutes ses heures passées à répéter un nombre interminable de pas, sur toutes sortes de musique avait payé. On pouvait clairement dire que Leona avait prit son rôle mère, sur cet aspect là, très au sérieux. Wynafryd était une parfaite dame, prête à marier sans rechigner. La tâche ne serait certainement pas aussi aisée avec Wylla. La jolie brune fut d'ailleurs surprise de voir qu'Owen se débrouillait lui-même très bien. Dans le Nord, comme elle l'avait prévenu plus tôt dans la journée, les hommes n'étaient pas particulièrement de grands danseurs, on les formait presque uniquement aux armes, sauf s'ils venaient d'une maison particulièrement prestigieuse et qu'ils allaient être amenés à assister à ce genre de réunion et à devoir danser devant tout le monde. Finalement, avec ce qu'elle avait vu du tempérament des Biefois depuis son arrivée dans la région, elle n'était pas vraiment surprise, ça allait avec la finesse de leur conversation. L'héritière nordienne avait profité d'un pas de danse qui les rapprochait pour signifier avec humour à son partenaire de danse qu'ils allaient sûrement de voir de séparer puisque ses amis n'avaient pas l'air décidé à inviter les jolies fleurs à danser. Il lui demanda si sa crainte était sincère, il était prêt à faire d'elle son unique partenaire pour la soirée, même s'il ne doutait pas qu'avec un peu plus de temps et d'alcool les nordiens finiraient par se joindre à eux. Wynafryd rit une nouvelle fois.

« Il ne faut pas qu'ils abusent trop de la bouteille où ils ne seront plus quoi faire de leurs pieds et de leur partenaire. Mais cela leur donnera certainement plus de courage. En tout cas je n'oserais jamais vous accaparer de la sorte. »

Finalement, elle avait hâte que la soirée avance pour pouvoir se délecter de tous ses petits incidents qu'elle serait amenée à voir. Et la réaction des biefois seraient sûrement exquise. Elle ne pouvait le nier, de manière générale, les nordiens étaient très différents des habitants du Bief. Mais cela faisait aussi parti du charme du voyage. Elle avait beau adorer ses compagnons, elle était ravie de rencontrer de nouvelles personnes. D'ailleurs il fallait être aveugle pour ne pas voir que Wynafryd rayonnait. Elle était ravie de partager cette aventure avec son grand-père, tout autant d'avoir traversé Westeros à ses côtés et les rencontres qu'elle avait fait jusqu'à présent l'enchantait.
Owen profita d'un autre moment où ils étaient plus proches pour la complimenter sur sa technique en danse. Elle répondit gracieusement par un sourire et hochement de tête. Mais elle se mit de nouveau à rire en l'entendant jurer que certaines des suivantes de Margaery devaient être vertes de jalousie. Elles n'auraient certainement pas été jalouses des coups de bâtons qu'elle avait pris de Leona pour acquérir une telle aisance, ça elle était prête à le parier.

« Le repas était délicieux, j'ai découvert plusieurs arrangements auxquels je n'avais jamais goûté. Surtout ce qui nous a été servit en dessert... Et Lady Margaery a été encore une fois très chaleureuse. Je lui ai vaguement parlé de ce fameux tour de bateau et ma foi, elle m'a semblé plutôt partante, mais je ne saurais dire si son sourire n'était pas que simple politesse. Après tout, elle doit connaître la Mander comme sa poche et une telle sortie ne doit pas particulièrement la passionner... Mais j'imagine que continuer d'en apprendre plus sur le Nord, doit jouer dans l'équation.  Et vous, vous savez alors si vous allez pouvoir vous libérer ? »

La musique touchait à sa fin et le beau blond lui demanda si elle lui accorderait une seconde danse ou si elle l'abandonner dès à présent pour retourner auprès de la belle rose et de ses suivantes. Wynafryd se garda bien de le dire, mais elle n'était pas pressée du tout de retrouver ce petit groupe qui gloussait beaucoup trop à son goût. Margaery était très sympathique mais son sourire constant était quelque peu oppressant au bon d'un moment. La compagnie d'Owen lui semblait bien plus agréable. Elle jeta un rapide coup d'oeil vers l'estrade où était installé Lord Manderly. Ce dernier et Mace semblait toujours engagés dans une conversation des plus sérieuses, ne prêtant pas vraiment attention à ce qu'il se déroulait au pied de la petite scène. Alors, la jolie brune haussa les épaules d'un air désinvolte.

« Oh, je n'abandonnerais jamais personne voyons. Encore une danse alors. »

Elle savait qu'elle ne pourrait pas danser avec lui toute la soirée, cela soulèveraient sûrement trop de questionnements infondés. Et puis même si elle appréciait particulièrement sa compagnie, ça n'était jamais que le premier soir et elle voulait avoir l'occasion de découvrir d'autres personnes également. Alors ils entamèrent leur nouvelle danse, cette fois-ci sur une musique plus rythmée qui les obligeaient à sautiller dans tous les sens. Dans l'euphorie du moment, elle ne prêta pas les jeunes enfants qui traversaient la piste en courant. Jusqu'à ce que l'un d'eux bouscule un nordien, assis sur une table qui bordait la piste de danse, et ce dernier percuta le biefois qui était installé à côté de lui. Les deux hommes bien avinés se levèrent presque aussitôt, prêt à en découdre pour un affront quasi inexistant. Wynafryd avait tout juste vu la fin de la scène qui s'était déroulée juste à côté d'elle. Elle arrêta sa danse net et s'interposa entre les deux, un sourire éclatant aux lèvres. Elle s'adressa d'abord au biefois, d'un air adorable et confus en même temps.

« Toutes mes excuses, je dansais avec un peu trop d'entrain sûrement puis un pas de trop sur la droite et voilà que je poussais Jory sur vous... C'est entièrement de ma faute, je n'avais plus à l'esprit que les gens étaient installés si près. Ce que je peux être sotte parfois. »

L'homme semblait toujours assez énervée qu'on lui soit tombé dessus et d'avoir du vin sur toute sa chemise, mais il fallait l'avouer, Wynafryd était jolie et convaincante et puis il ne pouvait certainement pas faire un scandale auprès de l'héritière dans Manderly, alors il se rassit, bougonnant un peu dans sa barbe. Après un dernier sourire et un dernier mot d'excuse elle fit volte-face, s'adressant cette fois-ci au fameux Jory, elle ne souriait plus et sa voix n'était plus mielleuse. Elle parla tout bas mais fermement.

« On est les invités ici, alors on se tient et on reste calme ! Ne leur donne aucune occasion de créer une bagarre voyons ! Maintenant tu poses ton verre et tu vas inviter une des suivantes de Margaery à danser, fissa ! »

Elle se tourna une nouvelle fois, vers Owen cette fois-ci qui l'avait rejointe dès qu'elle s'était interposée entre les deux jeunes gens. Elle avait retrouvé son sourire poli.

« Désolée que vous ayez du voir ça... Hmm »

En levant les yeux derrière lui, elle vit que son grand-père avait entraperçu la scène qui venait de se dérouler, mais il était visiblement satisfait de la façon dont elle l'avait géré puisqu'il reprenait ses propos de plus belle. Elle, elle avait encore le coeur qui battait la chamade après être passé si près d'un début d'incident diplomatique. Elle se sentait étourdie. Elle n'avait plus tellement le coeur à danser pour l'instant, mais ne voulait pas que son comportement trahisse sa panique intérieure. Les liens étaient vraiment trop fragile entre les Manderly et le reste du Bief.

« Décidément, vous ne vous cantonnez pas à un seul rôle et vous savez vous rendre indispensable. »

Wynafryd avait répondu avec engouement à la liste qu'Owen venait de lui dresser quant à ses occupations. Il était vrai qu'il lui avait servit de guide plus tôt dans la journée et à présent de partenaire de danse. Il ne voyait aucun problème à ajouter d'autres rôles à cette liste en jouant l'écuyer ou compagnon de promenade s'il accompagnait le petit groupe qui comptait naviguer sur la Mander.
Ils évoquèrent aussi la nourriture puisqu'elle était différente selon les régions. Wynafryd aimait beaucoup la finesse des plats qu'elle avait pu déguster depuis qu'elle était arrivée dans le Bief, avant même d'être à Hautjardin. Il l'interrogea alors sur les spécialités de Blancport.

« Il est vrai qu'on consomme beaucoup de produits issus de la mer, aussi bien du poisson que des crustacés et même certaines algues parfois. Mais pas que, on a un marché très important et développé grâce au port et à son ouverture sur Essos, Braavos notamment. Du coup, on a aussi beaucoup d'épices et de fruits qui viennent de là-bas. On a la chance d'avoir un cuisinier à Châteauneuf qui sait tirer le meilleur de chaque produit et les marier à merveille. En même temps vous vous doutez bien qu'avec un tel seigneur, cela ne peut guère en être autrement. »

D'un mouvement de tête elle désigna son grand-père qui continuait d'engloutir tout ce qui atterrissait dans son assiette. Elle gloussa légèrement à cette vision. Il avait tout d'un ventre sans fond, c'était presque humainement impossible de consommer autant de mets à la fois et de pouvoir être encore en vie. Mais Lord Wyman avait toujours pris la nourriture très au sérieux. Wynafryd se surprit à espérer que l'hiver qui allait bientôt débuter ne serait pas trop rude, sans quoi le seigneur de Blancport serait des plus malheureux si les victuailles venaient à manquer.

Les échanges légers furent soudainement interrompus par un échauffement entre un biefois et un nordien. Wynafryd s'interposa entre les deux, jouant le rôle d'une jeune lady très maladroite et très confuse pour éviter que le biefois ne s'énerve plus longtemps sur son compagnon de route. Mais elle n'épargna pas ce dernier pour autant, l'intimant à avoir un comportement des plus responsables, cela valait pour lui mais élégamment pour tous les nordiens ici présents. Cette rencontre avait trop d'enjeux pour que des disputes entre les soldats ne viennent gâcher les négociations en cours. Wynafryd avait beau ignorer les détails de ces discussions, elle avait bien saisi leur importance aux yeux de son grand-père et sûrement de Lord Mace Tyrell également. Malheureusement, elle n'aimait pas dévoiler cette aspect de sa personnalité à n'importe qui, elle préférait que les gens continuent de la voir comme une belle petite sotte, elle avait bien comprit que c'était la meilleure stratégie pour elle, pour rester en sécurité. Elle n'avait aucun problème à ce qu'on pense d'elle qu'elle était une jeune lady inoffensive, au contraire, cela lui permettait de mener ses actions plus tranquillement sans jamais éveiller les soupçons autour d'elle. Mais voilà qu'Owen Tyssier, noble du Bief, fidèle écuyer de Mace Tyrell venait de la voir autrement que sous son jour uniquement charmant. Elle tenta de s'excuser mais il l'empêcha de continuer, lui confiant plutôt son admiration quant à sa capacité à gérer ce genre de situations. Elle lui fit un sourire gêné, après tout il la complimentait et c'était flatteur. Finalement c'était agréable que quelqu'un apprécie cet aspect de sa personnalité. Mais elle ne voulait pas que cela ne devienne une habitude. En tout cas, pas en dehors de sa famille.

« Oh, je n'ai rien fait d'extraordinaire. J'ai simplement voulu éviter le pire à tout prix, dira-t-on. Je pense que oui, je vais rejoindre Margaery et mon grand-père pour un petit moment, j'ai besoin de m'asseoir à nouveau. Profitez bien des étoiles pour moi, peut-être que vous reviendrez danser plus tard... Ou que je sortirais moi aussi observer le ciel, on dit qu'on les voit plus brillante dans le Bief qu'au Nord, ça serait tout  de même dommage de rater ça. »

Elle lui sourit une nouvelle fois, plus chaleureusement cette fois-ci. Elle le salua avec une nouvelle courbette puis repris sa route vers la table d'honneur. Elle aurait cent fois préféré sortir avec Owen, respirer l'air fleurit, s'éloigner du vacarme tonitruant, pouvoir lâcher son sourire forcé pendant un petit moment. Mais elle savait que c'était impossible. Elle devait jouer son rôle, elle était Wynafryd Manderly. Et puis elle savait très bien de quoi ça aurait l'air si elle venait à s’éclipser au milieu de la soirée avec le bel écuyer et elle ne pouvait simplement pas se le permettre.

Wynafryd reprit donc son chemin vers la table d'honneur, la tête légèrement baissée, déçue de devoir laisser partir Owen seul. Mais elle savait ce qui était attendu d'elle et elle l'acceptait, c'était même plus que ça, elle était fière de sa maison, de sa famille et du rôle qu'elle allait pouvoir jouer tout au long de sa vie pour rendre service à sa famille. Et elle ressentait ça depuis des années, alors fallait-il tout oublier sur un coup de tête pour un beau garçon qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures et qui lui avait dit toutes sortes de flatterie ? Elle avait fait son choix, la réponse était non, elle n'oubliait pas qui elle était et ce pourquoi elle était là. Elle soupira un grand coup, se préparant et pénétrer de nouveau dans l'arène qu'était la table d'honneur, et elle afficha à nouveau son beau sourire de fille bien élevée. Margaery fut la première à remarquer son arrivée, elle l'accueillit avec un sourire encore plus grand que le sien, elle la complimenta allègrement sur ses techniques de danse et commença à la questionner sur toutes les danses qu'elle connaissait, qui les lui avait apprises. La conversation continua de la sorte un petit moment encore, d'autres dames de la suite de la belle rose participaient également. Owen n'avait pas eu tort, elles avaient toutes hâte de fouler la piste à leur tour, si possible au bras d'un beau nordien ténébreux.

La soirée continua un petit moment de la sorte, Wynafryd alternait entre les conversations avec Margaery et son grand-père, mais elle écoutait plus qu'elle ne parlait, son esprit était ailleurs. Elle souriait, hochait la tête, répondait quand on lui posait des questions, mais au fond d'elle, elle n'avait qu'une hâte, c'était que cette soirée se termine au plus vite. Elle avait l'impression que tout durait une éternité. Elle essaya de combler cette lenteur avec le vin fleurit qu'on servait dans le Bief. Elle se rendit compte un peu trop tard qu'il montait vite à la tête. Elle qui appréciait habituellement ce genre d’événements, notamment parce qu'ils lui permettaient de tendre l'oreille et d'apprendre toutes sortes de choses, ce soir elle rêvait d'autre chose, exceptionnellement, elle voulait être moins raisonnable et flirter avec l'interdit. Elle jetait régulièrement des coups d’œil vers la porte par laquelle était sorti Owen, mais il n'était toujours pas revenu. Finalement, elle pris sa décision. Elle jugeait qu'elle était revenue s'asseoir pendant suffisamment longtemps, une bonne heure il lui semblait, le repas était terminé depuis un moment, toute la salle était bien avinée, la moitié des dames de Margaery et de sa famille dansaient, Lord Wyman ne pouvait plus rien avaler des petites sucreries qu'on lui proposait encore... On ne pourrait pas alors, lui reprocher de vouloir s'éclipser, surtout pas après la journée qu'ils venaient de passer. Elle s'approcha alors de Lord Wyman et parla tout de même assez fort pour que Mace Tyrell l'entende également.

« Grand-père, je dois vous l'avouer je ne me sens pas au mieux, la journée m'a épuisée. Si vous me l'autorisez, j'aimerais pouvoir prendre congé. Je pense faire quelques pas dans le jardin pour prendre un peu l'air avant de rejoindre mes appartements pour enfin dormir. »

Son grand-père n'y vit aucun inconvénient. Et comme Lady Margaery venait d'être invitée à danser, c'était le meilleur moment pour elle pour s’éclipser sans avoir à donner trop d'informations ou même être accompagnée. Elle avait assurer à son grand-père et à leur hôte qu'elle connaissait désormais la route. Wynafryd sortit donc par la même porte qu'Owen il y a quelques temps. La jeune femme n'était pas sûre de le trouver, était-il resté une heure dans les jardins ? Il était peut-être lui même allait se coucher. Si c'était le cas, elle serait déçue, mais finalement elle n'avait pas totalement menti à Lord Wyman, elle était fatiguée, le vin lui était monté à la tête et elle ne supportait plus le bruit, elle avait besoin de prendre l'air. Croiser Owen n'était que la cerise sur le gâteau, sinon elle irait se coucher également. Et alors qu'elle n'y croyait plus, elle vit une tête blonde, illuminée par le clair de lune, installé sur un banc, légèrement à l'écart. Il devait être perdu dans ses rêves parce qu'il ne l'entendit pas arriver. Elle s'installa à côté de lui sur le banc. Elle ne savait pas trop quoi dire, après tout elle avait agit sous le genre d'impulsion qu'ont les jeunes gens. Elle releva finalement la tête vers le ciel.

« C'est vrai que c'est magnifique à regarder. »

Wynafryd avait donc fait son choix, elle avait estimé qu'elle avait suffisamment tenu son rôle de lady modèle pour la soirée et qu'elle pouvait s'accorder un petit moment clandestin. Elle se rassurait en se disant qu'il y avait peu de chances qu'on la voit avec Owen et qu'après tout, on ne pourrait pas lui reprocher pendant longtemps un peu de flirt avec un beau jeune homme alors qu'elle n'était même pas fiancée et qu'elle venait de fêter ses seize ans. Du moins elle savait que si l'histoire finissait par remonter aux oreilles de son grand-père, il lui ferait la leçon pendant une heure, en lui énumérant toutes les raisons pour lesquelles elle avait fait le mauvais choix, puis il finirait par relativiser et lui raconter une anecdote similaire qu'il aurait vécut alors qu'il avait son âge. Alors que si elle avait été à Hautjardin avec son père, ça n'aurait pas du tout été la même histoire et elle n'aurait même pas envisagé de s'éclipser de la sorte. Son père était un homme bon globalement, mais trop impulsif et toujours persuadé d'avoir la science infuse, ce qui avait le don d'irriter Wynafryd. Il l'aurait sûrement puni pendant trois lunes, l'empêchant de pouvoir circuler comme elle l'entendait à Blancport dès leur retour, lui imposant un mariage sur le champ qui si possible la ferait regretter son acte, tant qu'il apportait quelque chose aux Manderly. Non elle était bien contente de faire ce voyage avec Wyman.

Elle mit quelques minutes à retrouver Owen, elle s'assit doucement à ses côtés et commenta la vision magnifique qu'ils avaient sur la voûte céleste. Les écrits ne mentaient pas, c'était sublime et ça ne ressemblait pas à ce qu'on voyait depuis les terres nordiennes. Les étoiles semblaient plus grosses, plus lumineuses, c'était envoûtant, surtout avec un peu d'alcool du Bief dans le sang. La réflexion de l'écuyer lui tira un gloussement. Elle n'était pas le genre à glousser et cela lui faisait même lever les yeux au ciel quand elle voyait d'autres filles le faire, mais le vin et la fatigue avaient eu raison d'elle, elle ne faisait même plus aucun effort pour masquer ce que les flatteries du jeune homme lui provoquaient. Elle baissa tout de même la tête un instant, gênée par toutes ses belles paroles. Elle n'était clairement pas habituée à entendre autant de compliments de la part d'une seule personne en une journée. Les louanges de sa mère sur son apparence ne se comptait que sur les doigts d'une seule main, sa Wynafryd en était persuadée. Alors oui, en ce doux soir d'été dans le Bief, en étant encore une jeune fille à marier, elle trouvait la situation vraiment agréable.

« Non à vrai dire je ne m'inquiétais pas vraiment pour vous, je ne doute pas que vous sachiez vous débrouiller tout seul, vous semblez malin comme jeune homme. Je dois avouer que l'ambiance de la soirée commençait à me peser après la journée que nous avons passée et l'idée de peut-être vous revoir, ici au calme, était quand même plus agréable. »

Wynafryd avait l'impression d'être une enfant, ses joues la brûlaient sous l'émotion. Décidément, il allait falloir qu'elle se tienne loin des vins d'Hautjardin, ils ne lui convenaient pas du tout. Elle remit une mèche qui s'était échappée de sa tresse derrière son oreille, détournant le regard un instant. Elle eu l'impression de brûler encore plus quand Owen se rapprocha d'elle doucement, préoccupé par son état vis à vis de la température.

« Ça ne vous étonnera pas aux vues des températures auxquelles je suis habituée, mais je trouve qu'il fait vraiment très bon, ne vous en faites pas pour moi. »

Visiblement Owen appréciait ces moments passés ensemble autant qu'elle et il n'avait pas peur d'en rajouter sur la galanterie. Wynafryd était fatiguée de tout prendre avec des pincettes. Elle savait que tout ça n'était qu'un petit coup de coeur d'adolescents, de voyage, alors elle ne voyait plus l'utilité de lutter. De toute manière, elle n'était plus vraiment en état de lutter.

« Le sentiment est partagé Lord Tyssier. Je ne pensais certainement pas rencontrer des personnes aussi agréables que vous. Je suis comblée. »

Elle plongea de nouveau son regard dans le sien. Elle le trouvait encore plus beau au clair de lune et elle ne se lassait pas de ses belles paroles. Elle ne doutait pas une seule seconde qu'il était très rusé, mais ça tombait bien puisqu'elle l'était tout autant. Elle se sentait donc rassurée. Elle l'écouta commenter le lieu et les étoiles, faire référence à sa mère et sa sœur, ce qui eut pour conséquence de l'intriguer.

« Elles vous manque ? Vous ne les avez pas vu depuis combien de temps ? Nous pourrions peut-être nous arrêter à Froide-Douve sur le chemin du retour et leur faire parvenir un message ? »

Elle sursauta légèrement quand elle sentit la main du beau blond se poser sur son épaule. Le geste avait été délicat mais elle avait été surprise malgré tout. Elle ne se dégagea pas pour autant, au contraire. Elle profita du contact et du moment pour approcher son visage du sien et déposer un baiser sur ses lèvres. Décidément elle qui voulait se tenir loin des clichés des ladys, elle était en train d'embrasser un bel écuyer qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures, au clair de lune, après avoir gloussé à de belles paroles. Elle se garderait bien de raconter cette histoire à sa petite sœur Wylla, mais certainement pas à Sybelle.

Wynafryd attendait beaucoup du voyage qu'elle avait entrepris avec Lord Wyman, elle voulait voir les différents paysages de Westeros, elle avait hâte de découvrir de nouvelles personnes, de mettre des noms sur des visages, de tester toutes sortes de nouvelles nourritures et de pouvoir raconter tout ça à sa sœur et à Sybelle à son retour à Blancport. Mais elle ne s'était certainement pas attendu à pouvoir leur parler d'un baiser échangé avec un bel écuyer. Elle savait que le voyage était politique, alors elle ne s'était pas posée plus de questions que cela sur ce qu'il pourrait bien se passer avec les diverses personnes dont elle allait croiser la route. Et voilà qu'au bout de plusieurs semaines de voyage, elle avait eu un coup de coeur pour ce beau blond, un Tyssier. Avec le recul, dans ce contexte isolé, elle ne voyait pas vraiment le mal que cela pouvait faire, alors elle s'était laissée aller profitant du rapprochement du jeune homme pour venir à la rencontre de ses lèvres douces et charnues. Elle ne fut pas étonnée de le sentir répondre à son baiser, le prolongeant de quelques secondes supplémentaires. Mais elle fut surprise du propre étonnement du jeune homme, visiblement persuadé qu'il serait celui qui franchirait les dernières limites. Mais il se ressaisit rapidement, la complimentant à nouveau. Wynafryd lâcha un petit rire et porta sa main devant sa bouche, tout en baissant les yeux. Elle le faisait donc rougir à son tour. La jolie brune garda quelques sa main sur ses lèvres quelques secondes de plus, à la fois légèrement gênée d'avoir osé faire cet engagement, mais aussi parce qu'elle avait une sensation de brûlure qu'elle voulait conserver un peu.

Owen répondit finalement à la question qu'elle lui avait posé juste avant de l'embrasser, sur sa famille. Elle apprit qu'il n'avait pas vu sa mère ni sa soeur depuis sept années maintenant. A cette nouvelle, le visage de Wynafryd s'assombrit momentanément. Elle essayait de s'imaginer loin de tout ceux qu'elle connaissait et aimait pour une durée aussi longue et l'idée ne lui plaisait point. Elle comprenait qu'on attende des hommes qu'ils se montrent moins sentimentaux, mais elle estimait qu'il y avait une limite et qu'il était normal d'apprécier voir sa famille et passer du temps avec eux. Elle se sentait donc triste pour lui d'avoir un père qui ne semblait pas tolérer ce genre de choses. Elle n'eut d'ailleurs pas le temps de lui faire part de son ressenti puisqu'il s'approcha à nouveau pour l'embrasser à son tour. Wynafryd répondit au baiser en se serrant plus proche contre ses lèvres et le baiser dura plus longtemps que le précédent, toujours aussi tendrement. La nordienne apprécia également la caresse qu'il déposa sur sa joue et le baiser sur ses mains, avant de passer son bras autour de son épaule. Il s'y connaissait vraiment bien en galanterie. Wynafryd bougea légèrement pour se caler au mieux dans cette position. Elle ferma les yeux quelques instants, sereine, elle écoutait l'eau qui ruisselait dans les bassins environnants, elle profitaient du parfum fleuri de l'air et de la chaleur du corps d'Owen. Il venait de lui promettre de penser à elle chaque fois qu'il s'installerait à nouveau ici. Elle voulut le taquiner sur la possibilité qu'il ait déjà fait ce genre de promesses à d'autres ladys, mais elle se retint de peur de briser l'instant qu'ils partageaient.

Ils se dégagèrent brusquement lorsqu'ils entendirent du bruit. Wynafryd reconnut de loin des hommes de Wyman, accompagnés de servantes qui avaient l'air d'être du Bief, les bras chargés de vin. Ils passèrent en chantant de l'autre côté du jardin sans leur prêter trop d'attentions. Visiblement ils cherchaient eux aussi à s'isoler et à profiter de l'ambiance chaleureuse d'Hautjardin. Une fois qu'ils furent hors de vue, Wynafryd se mit à pouffer. La pression d'être découverts retombait doucement. Owen lui proposa de retourner à l'intérieur du chateau où ils pourraient être plus à l'abris de certains regards. Wynafryd avait des doutes, il y avait sûrement plus de gens dans les couloirs à cette heure-ci, qui pourraient les voir marcher ensemble, qu'à la lumière du clair de lune à l'extérieur. Mais après tout, elle pouvait parfaitement se tromper, peut-être qu'il connaissait quelques pièces secrètes ou passages discrets qu'ils pourraient emprunter.

« C'est vous le guide Lord Tyssier, je vous suis. Mais je vous préviens, la fatigue et votre alcool biefois commencent clairement à se faire sentir alors je ne donne pas long feu de ma personne. »

Elle éclata de rire puis elle se leva, tendant son bras pour qu'Owen le saisisse et la guide vers la prochaine étape.

La suite du programme convenait tout autant à Wynafryd. Elle l'avait prévenu que la fatigue commençait clairement à se faire sentir, après tout, elle n'avait pas totalement menti à son grand-père quand elle lui avait donné ses raisons pour s’éclipser et elle à présent se faisait rattraper par ses propos. Mais heureusement pour elle, Owen se montrait compréhensif, il lui proposait de trouver un lieu calme pour discuter encore un peu, avant qu'il ne la raccompagne à ses appartements pour qu'elle puisse enfin dormir profondément. Il lui saisit le bras qu'elle lui tendait et ils se mirent en marche. Le jeune homme avait déjà eu l'occasion de lui montrer quelques endroits du château un peu plus tôt dans la journée, et Wynafryd ne se lassait pas de découvrir la demeure, très différente de Chateauneuf. Ils passaient de couloirs en couloirs, discrètement, comme elle s'en était doutait, il connaissait les endroits les moins fréquentés, qui leurs éviteraient donc les mauvais ragots les jours prochains. Quelques minutes plus tard, elle le voyait sortir une clé de sa chemise pour ouvrir la porte devant laquelle ils s'étaient arrêtés. Il lui ouvrit grand la porte pour qu'elle puisse rentrer, avant de refermer derrière eux. Mais Wynafryd ne fit pas attention, elle était comme happée par les lieux. Ses yeux allaient d'un coin à l'autre de la pièce. Elle l'entendit l'accueillir officiellement dans sa chambre, non sans préciser qu'elle était moins spacieuse que celles des enfants Tyrell, et il l'invita à faire comme chez elle. Mais l'alcool faisant déjà bien son effet, elle n'avait pas attendu son invitation officielle et avait avancé dans la chambre, comme hypnotisée. Elle s'était d'abord dirigée vers l'étagère, effleurant la tranche des œuvres du bout de ses doigts, mais son attention s'était vite reportée sur l'armure qui luisait à la lumière des chandelles dans un coin de la pièce. Elle resta devant un instant, absorbait par la vision que cela lui procurait. Un bruit de verre la fit revenir à elle, Owen était en train d'installer un bouteille de vin et une carafe d'eau sur la petite table qui trônait entre deux fauteuils. Elle sortit alors de sa petite transe et s'approcha des fauteuils alors qu'Owen se dirigeait vers l'étagère à son tour pour en extirper un livre. Il la rejoint ensuite, prenant place dans l'un des fauteuils et l'incitant à faire de même. Il ouvrit l'ouvrage devant elle tout en lui expliquant qu'il datait de l'époque des Jardinier et que le nom de sa maison y figurait plusieurs fois. Il lui proposa de le parcourir si elle le désirait. Elle se laissa tomber un peu lourdement dans le fauteuil, légèrement sonnée par l'annonce. Elle attrapa délicatement le livre et le posa sur ses genoux, balayant les lignes du regard, à la recherche du mot Manderly. Elle sursauta légèrement quand elle sentit la main d'Owen caresser sa joue puis déposer des baisers dans son cou. Cela ne lui faisait pas rien, c'était certain. Elle s'écarta légèrement, mettant fin aux gestes tendres de l'écuyer, elle affichait un air légèrement taquin.

« Décidément, vous ne cessez de me surprendre Owen. »

Elle s'était dit que s'il y avait un moment où il pouvait se parler d'une manière un peu moins protocolaire, c'était bien dans sa chambre après avoir échangé des baisers.

« Vous me présentez un ouvrage qui parle de ma famille du temps où ils étaient bafoués par les Jardinier et vous pensez tout de même pouvoir tirer de la tendresse de ma personne après ça. Vous ne doutez vraiment de rien. »

Ses paroles étaient une forme de reproche, mais il était clair à son intonation qu'il ne s'agissait que de taquineries. Elle referma le livre et le posa sur un bord de la table, délicatement. Après quoi elle saisit la carafe d'eau pour s'en servir un grand verre, elle n'était plus en état de boire une goutte d'alcool de plus, surtout puisqu'il s'agissait de vin biefois, tout vraisemblablement. Puis elle se tourna vers son hôte, désignant les deux bouteilles.

« Qu'est-ce que je peux vous servir ? En tout cas sachez que le geste me touche tout de même, pour le livre... Je vous l'emprunterai bien le temps de mon séjour, mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de ressasser ces histoires tristes ce soir en votre présence. Vous ne m'en tiendrez pas rigueur j'espère ? Parlez-moi plutôt de l'histoire de votre famille, je suis bien moins au point sur ça. »

L'ambiance des appartements d'Owen était plutôt agréable, plusieurs chandelles brulaient à différentes endroit de la pièce, donnant une luminosité et une chaleur particulières aux lieux. Elle était tiraillée entre son envie de continuer la conversation et celle de fermer les yeux, confortablement installée dans le fauteuil, et de se laisser bercer par la voix mélodieuse de l'écuyer. Mais elle décida finalement de lutter cette dernière envie, ce comportement n'était pas digne d'une lady, surtout pas dans la chambre d'un sudier qu'elle ne connaissait que depuis le matin, même s'il était des plus charmants. Elle se dit que finalement, une grande coupe d'eau fraîche ne pouvait que lui faire le plus grand bien. Elle s'avança donc vers la table basse pour se servir, en prenant soin au passage de ne pas arroser le livre qu'Owen venait de lui présenter. Elle lui demanda alors ce qu'elle pouvait lui servir et il négligea le vin, tout comme elle. Wynafryd s'interrogea sur ce choix, était-ce parce qu'elle prenait de l'eau et qu'il ne voulait pas boire d'alcool seul ? De peur d'être mal vu ? Ou lui aussi commençait à subir les conséquences de leurs vins fleuris, bus lors du banquet un peu plus tôt dans la soirée. Si c'était le cas, contrairement à elle, il n'en laissait rien paraître. Elle arrêta donc de se questionner et s’exécuta, remplissant la deuxième coupe d'eau et en lui tendant avec un grand sourire.

Comme elle ne voulait pas particulièrement ressasser l'histoire de sa famille, chassée des terres du Bief depuis plusieurs centaines d'années, en ce moment, elle lui demanda plutôt de lui parler des Tyssier. Elle en avait déjà appris un peu plus sur sa famille directe quand ils étaient encore dans les jardins, elle connaissait son chateau, son blason et quelques autres banalités que son grand-père lui avait fait apprendre quelques années auparavant et encore répété lors du voyage, mais étant lui même l'héritier de la maison, il aurait sûrement d'autres choses à lui raconter. Et puis même si elle n'en avait pas particulièrement conscience, c'était aussi un prétexte pour ne pas avoir à parler et pour pouvoir l'écouter. Il lui raconta quelques anecdotes historiques qui eurent pour effet de lui faire froncer les sourcils. Elle essayait de situer dans le temps ce qu'il lui racontait, de quel roi, quelle dynastie il parlait. Wynafryd avait toujours était une bonne élève pour son grand-père, mais elle ne pouvait pas tout savoir et tout retenir non plus. Surtout dans l'état dans lequel elle était. Elle redevint plus attentive quand il se mit à lui parler d'un événement un peu plus actuel, une de ses ancêtres était la grand-mère de Lord Tywin Lannister. Les Tyssier s'étaient donc élevés grâce à Maegor le Cruel et entretenait aujourd'hui quelques liens avec les Lannister. Wynafryd lâcha un petit rire amusé.

« Tout ça est très intéressant... Mais je suis en train de me demander si finalement, c'est une bonne idée pour une Manderly de se prendre dans une toile de Tyssier ! »

Elle rit une nouvelle fois. Il n'y avait aucune méchanceté dans son intonation. Elle était plutôt certaine de ne rien risquer en restant en sa présence. D'humain à humain tels qu'ils l'avaient été jusqu'à présent, ils ne représentaient aucune menace, l'un pour l'autre. Wynafryd aimait bien Owen et il lui semblait que la réciproque était également vraie. Mais d'un point de vue des alliances et de leurs familles les choses lui semblaient tout autre, ce qui eut pour effet de l'amuser momentanément.
Il lui proposa ensuite de se prêter au jeu à son tour en délivrant quelques anecdotes sur sa maison, ou si elle le préférait, qu'il la raccompagne à ses appartements. L'idée d'enfin pouvoir se glisser dans un lit et de dormir lui semblait tellement tentante. Elle sourit une nouvelle fois au compliment qu'il lui fit sur ses yeux. Elle finit ce qu'il lui restait d'eau dans sa coupe avant de lui répondre.

« Et si nous faisions d'une pierre deux coups ? Vous me raccompagnez à mes appartements et sur la route, je vous confierais une ou deux anecdotes sur les Manderly. Entendu ? »

Elle rassembla ce qu'il lui restait de courage pour la soirée pour quitter sa position confortable dans le fauteuil et se redresser. Elle attrapa en douceur le livre posé devant elle.

« Est-ce que votre proposition de prêt tient toujours ? » demanda-t-elle en désignant le livre.

Quelques minutes plus tard, ils étaient de nouveaux dans les couloirs d'Hautjardin, bras dessus bras dessous. Wynafryd réfléchissait à ce qu'elle pourrait bien lui dire concernant sa famille. Il fallait que ce soit un minimum intéressant, mais pas déjà connu de tous, sans que pour autant cela puisse mettre les secrets des Manderly en danger. L'idée lui vint soudain, en repensant à sa pièce favorite de Châteauneuf.

« Saviez-vous que la plus grande représentation de kraken se trouve à Blancport ? Dans la salle du Trident. Pas chez les Greyjoys ou autres pilleurs des Îles de Fer, mais chez nous ! La peinture prend tout un mur, derrière le trône de mon grand-père, elle représente le combat entre un kraken et un léviathan. Cette peinture m'a toujours fascinée, et même un peu effrayée enfant, je dois bien l'avouer. »

Wynafryd se sentit soudainement nostalgique de Blancport. Cela faisait déjà quelques semaines qu'ils étaient partis et elle avait été trop occupée pour se poser la question de savoir si elle avait le mal du pays ou pas. Mais là, de visualiser la Salle du Trident de la sorte, elle aurait donné cher pour pouvoir y passer un moment, en un claquement de doigt. Elle se ressaisit en se rappelant qu'elle se réjouissait de découvrir Westeros et qu'elle serait rentrée à Blancport bien assez tôt, il fallait plutôt qu'elle profite de ne plus avoir Leona Woolfield, sa mère, sur le dos.