regret - Willos

La nuit était sombre, plus encore dans le coeur du suzerain bieffois. Beaucoup pensait sa région comme un immense jardin, le printemps incarné à travers de vastes champs fertiles, des vergers pleins de fruits et une population souriante et avenante en permanence. Beaucoup se trompait. A cette heure, personne n'aurait pu dire des bieffois qu'ils n'étaient qu'oisiveté, rires et banquets. Et le sort semblait s'acharner sur la maison à la rose : sa région s'embrassant de toutes part, sa doyenne emportée par l'étranger, Willos savait qu'il était plus que jamais temps de montrer qu'il n'était pas qu'un symbole de paix et qu'il ne laisserait pas son autorité être foulée au pied par des traitres. Sa grande difficulté résidait dans son impuissance à être présent, à pouvoir se rendre sur le champ de bataille, à partager les peurs et la rage de ses banneret. Plus que jamais, Willos regrettait ce tournoi qui lui avait couté sa mobilité, l'obligeant à se déplacer avec une canne, le forçant à n'être qu'un éternel joueur d'échec à défaut d'en être la pièce maîtresse. Dans la paradoxale solitude de Hautjardin, le Tyrell mesurait l'impact que la défaite aurait sur sa famille, sur son épouse, sur son jeune fils et héritier. Il ne pouvait pas perdre, il ne devait pas perdre. Pas face à cet ami qui avait trahi sa confiance. Pas face à Viserys.

Les souvenirs étaient une chose douloureuse, peut être même plus que la lame entaillant la chair, pour ce qu'il en savait. Sa mémoire, elle, ne lui faisait pas défaut, pas comme sa jambe qui attirait les regards les plus curieux, pas comme son corps supportant les conséquences de cet accident de jeunesse qui lui avait tant couté. L'estropié, l'infirme, en tant qu'héritier, Willos avait tout fait pour se montrer un homme intelligent, lettré, ouvert : il voulait compenser la naïveté de son père, la langue trop acéré de sa grand-mère. Il voulait être différent, changer l'image que ses contemporain avaient de sa maison, devenir un modèle, un symbole, quelque chose. Willos laissa son dos retomber sur le dossier de sa chaise : la guerre apportait son lot d'idées sombres et bien qu'il ait toute confiance en Garlan, il regrettait de ne pas pouvoir, lui même, porter le coup fatal aux traîtres. La violence de ses pensées le surprenait encore mais témoignait de sa frustration, emmagasinée depuis des années à devoir demeurer loin de l'action. Ce soir là, faisant face à la cheminée ronronnante de ses appartements, Willos songeait l'ironie de l'existence, à la fatalité d'amitiés déçues et de l'envie dévorante. Jamais le jeune homme qu'il avait été n'aurait pu penser que son ami mettrait son fief à feu et à sang. Jamais il n'aurait pensé que l'homme avec lequel il devisait sur divers textes philosophiques deviendrait l'homme à abattre.

Un verre à la main, Willos quitta sa contemplation des braises rougeoyantes, songeant que les conseils de sa grand-mère lui manquerait dans la bataille qui suivrait. Il ne l'avait pas toujours écouté mais elle avait le mérite de dire sa pensée sans détour : qui pourrait en faire autant aujourd'hui ? S'il y avait des choses auxquelles il n'avait pas pensé ? Des informations qu'il n'avait pas pris en compte ? S'il risquait son nom et ses biens dans un acte insensé qui lui coutait tout ? Le brun fut interrompu dans ses réflexions par le bruit de la porte grinçant sur ses charnière métallique laissant apparaitre son épouse. Venait-elle jouer un nouvel oiseau de mauvais augure ou une distraction plus plaisante face à ses sombres pensées ? « Daena ? » la salua-t-il, ignorant encore ce que sa présence dans ses appartements voulait bien signifier.

Son regard ne la quitta pas tandis qu'elle venait prendre place près de lui. Elle était la dernière personne qu'il aurait pu penser ici un jour. Leur mariage n'avait pas été un choix de leur part mais une décision imposées par de plus hautes instances : même devenu lord suzerain, Willos n'avait eut son mot à dire sur le choix de celle qui deviendrait sa dame, pliant face à la volonté de plus grands que lui, de plus expérimenté que lui, de plus habitués aux jeux des alliances. Il avait vécu ce mariage avec autant de dignité qu'il le pouvait, s'attachant à l'idée que s'ils ne s'agirait jamais d'un mariage d'amour comme on pouvait en lire dans les légendes, elle pourrait se révéler une alliée redoutable en murissant. La maison Hightower était puissante et l'avait montré à plusieurs reprises au cours de l'histoire des Sept Couronne : pesait sur les épaules de Daena le poids de cet héritage, un poids d'autant plus important que sa propre mère, née dans cette maison, n'avait pas sut apporter à Hautjardin de suzeraine à la hauteur de l'évènement. Mais la petite Daena connaissait les rouages de la cour, l’échiquier politique qui régissait le royaume autant que leur région : des avantages qu'Alerie Tyrell, mariée alors qu'elle venait d'avoir ses premiers saignements, n'avaient clairement jamais eut. L'ambivalence de ses volontés avaient eut du mal à trouver une harmonie entre l'envie d'être respecté pour lui et de renvoyer l'image d'un suzerain fort et ne se cachant guère derrière une femme et celle d'un couple mémorable dont le deuxième membre du duo serait une personnalité capable, réfléchie et politiquement fine. Au diable les amours adolescents, les idylles de jeunesse, les rêves de passion face à la puissance qu'Hautjardin pouvait avoir à travers lui. Ce rôle le dépassait, lui et ses désirs, et si la suzeraine qu'on lui trouvait pour l'épauler était Daena Hightower, qu'il en soit ainsi. Il ne voulait pas qu'on se souvienne de lui comme on se souvenait de son père : être gentil apportait son lot d'avantage mais cela ne vous rendait pas mémorable. Et puis que les Sept avaient décidé de le priver d'une brillante carrière militaire, de l'image d'un combattant hors pair, alors il dirigerait autrement.

« Je crains qu'il ne faille que tu précise ta pensée, chère épouse. » répondit Willos avec un sourire légèrement forcé, l'esprit encore embrumé par les possibilités étouffées dans l'oeuf et les regrets d'un passé contre lequel il ne pouvait rien. « J'imagine que je devrais me réjouir de la reprise de Trois Tour et de Chutebourg, mais je ne peux cesser de penser au prix qui a du être notre et au fait qu'un grand nombre de traitre courent toujours. » soupira-t-il en laissant le liquide de son verre danser sous la flamme qui se reflétait dedans. Il s'était inquiété pour l'issue de la bataille dans le Sud, pour la vie de son frère, pour les découvertes que ses armées y feraient. Il avait envoyé son émissaire à Chutebourg pour rappeler la suzeraineté des Tyrell sur ce fief reprit, et contrôlé, par l'ost de la Couronne. Et il avait pleuré la personnalité et les conseils de sa grand-mère récemment disparue : un esprit brillant qui s'évaporait au pire des moments. Il avait allumé une bougie pour sa soeur dont il peinait à savoir où elle se trouvait ni dans quel état. Il avait prié pour son frère, loin au sud, portant ses couleurs et défendant son titre, son autorité, son fief, pour qu'il revienne à la maison. « Qu'en est-il de toi ? Je connais assez bien ma mère pour savoir qu'elle ne doit pas avoir reprit les affaires dont s'occupait ma grand-mère. N'hésite pas à solliciter la douairière si tu es trop fatiguée pour cela : après ce qu'il s'est passé à Port-Réal, je préfèrerai que tu t'épargne des inquiétudes inutiles. » dit-il, reportant sur elle son regard tandis qu'il savait depuis peu qu'entre les pans de sa robe de chambre grandissait une nouvelle vie.

Il n'était qu'un enfant lorsque la rébellion du cerf avait secoué Westeros. Un gamin de dix ans incapable de comprendre le fond de cette guerre, la raison justifiant qu'il se retrouve sur un cheval, auprès de son père, en tant que jeune écuyer. Lorsque, quelques années plus tard, la lance du prince dornien le condamna à une vie d'infirmité, il fut évident que sa participation aux batailles, aux guerres qui verraient le jour à l'avenir ne se ferait qu'à travers le bras d'un autre. Alors Willos se concentra sur la seule force qu'il lui restait : à défaut de pouvoir penser guerre, il pensa paix, plutôt que d'accroitre sa force, il entraina son esprit. Un seigneur lettré, juste, promouvant la paix et l'harmonie. S'il avait été seul il en aurait rit. La paix ... La paix ne durait jamais, il n'y avait que de rares accalmie entre deux guerres, voilà la vérité. Il ne fit qu'hocher la tête, se demandant quelle guerre elle avait bien pu connaitre avant de se rendre compte que son amertume finissait par toucher ceux qui l'approchaient. « La paix semble une chose bien surfaite ces derniers temps ... » soupira-t-il. Il en envierait presque Garlan, si ce dernier n'était pas occupé à pourchasser leurs ennemis dans le sud de la région. « Tu m'expliques ? » demanda Willos en relevant les yeux sur sa femme, cherchant à comprendre autant ce qu'elle lisait, elle, dans cette lettre que la raison qui l'avait poussé à prendre contact avec Viserys Targaryen.

Il sentit toutefois que les banalités n'était qu'une mise en bouche, précédent la réelle raison de sa présence, et elle ne lui donna pas tort. Sa main se crispa à la mention de Viserys et des liens étroits qu'il avait pu avoir avec sa personne, sa région et sa femme : jadis, ils avaient des conversations des plus intéressantes, stimulant ses idées pour un futur prometteurs avant que tout ne soit ensevelis sous les cendres de la disgrâce et de la trahison. Trahis, Willos savait que ce n'était pas lui, personnellement, qui avait été attaqué mais l'idée de s'être trompé dans le don de son amitié lui rendait la chose encore plus difficile que si c'était lui qui avait bu ce poison. Quoi qu'à bien y réfléchir, il avait failli être l'une des victimes des attentions douteuses du dragon de l'est. « Tu as cru bon ... ? » répéta-t-il tout en se massant l'arrête du nez pour faire passer son agacement. Elle avait crut bon ... S'il était une chose que Willos lui reconnaissait, c'était la pertinence de ses interventions, l'intelligence de ses propos. Et pourtant, cette intervention la ferait presque passer pour la pire des idiotes : à quoi pensait-elle ?! « Tu as laissé un traitre avoir un document compromettant signé de la main de la suzeraine du Bief ? » lui demanda-t-il le plus calmement possible. Il s'inquiétait particulièrement de la réaction de la Couronne si cela s'apprenait : le roi Rhaegar ne semblait plus aussi enclin au pardon qu'il avait pu l'être par le passé. Que se passerait-il si Port-Réal apprenait que Daena avait tenté d'intervenir ? Les lettres semblaient être la plaie de sa famille : entre les faux réalisés pour discréditer sa soeur et les vraies qui s'adressaient au plus grand traitre du continent, c'était bien par la plume et non par l'épée que finirait par chuter sa maison. « Tu as pris un très gros risque. Et je n'ai guère l'impression d'apprendre quoi que ce soit de sa main ... » soupira-t-il en parcourant d'un oeil vif le parchemin, tentant de ne pas s'arrêter sur des mots sur lesquels il ne voulait pas mettre de sens.

Willos hocha la tête, songeant aux quelques discussions qu'il avait pu avoir avec Viserys Targaryen par le passé, aux échanges qu'ils avaient partagés et au caractère qu'il avait cru déceler chez ce prince qui lui paraissait, à cette époque, intelligent et pointilleux. Guère étonnant, donc, qu'il ait gardé ces traits même après avoir révélé la bassesse dont il était capable. « L'inverse serait étonnant ... On arrive pas là où il est en faisant preuve de bêtises et de sentimentalisme. » fit remarquer le brun avec agacement. Il se demandait parfois si Viserys regrettait ses actes, s'il avait eut le moindre remord pour ce qu'il avait fait à Wylla Manderly, pour ce qu'il avait perdu en voulant jouer au dieu. Ou, comme tous les criminels, restait-il persuadé d'être dans son droit, de n'avoir commis nul faute alors que, même au cours d'une ordalie, les dieux lui avaient tourné le dos ? Willos aurait donné cher pour savoir ce qui traversait l'esprit du prince déchu. « C'est une enfant qu'il a tenté d'assassiner, c'est contre son propre frère qu'il se bat, ça en dit long sur sa personne. Qui que tu ai cru connaitre par le passé, c'était une illusion ou un être qui n'est plus. » dit-il d'un ton implacable. Il détestait avoir à se souvenir des liens qui avaient, un jour, unis son épouse au traitre : bien qu'elle fut sa cousine, elle n'en demeurait pas moins sienne et l'idée que ce serpent ait posé ses sales pattes dessus lui était insupportable. Pourtant, dans l'écriture fine du prince, la relation passée ne pouvait être ignorée. Il ne saurait sans doute jamais ce qu'elle lui avait écrit mais il pouvait en deviner une partie du contenu aux mots froid et implacable de l'ancien amant sans regrets.

Il se sentait si fatigué soudainement et tandis qu'elle s'éparpillaient en parole, il soupira de nouveau, braquant son regard dur sur elle. « Que veux tu assumer ? » lui demanda-t-il froidement. Il n'y avait pas tant d'issues possible à cet échange : si Viserys gardait sa correspondance pour lui, nul ne sauraient jamais, ils pourraient brûler cette réponse et oublier cette histoire. Mais pourquoi le prince jetterait-il un papier d'une telle valeur ? Pourquoi se sépareraient-il de quelque chose qui pouvait compromettre une femme de sa position ? Il était inutile de rappeler l'état de Rhaegar Targaryen lors de leur dernière entrevue et la seule chose à laquelle Willos songeait c'était la pertinence de prendre les devants. Le Roi reconnaitrait-il "l'erreur" de Daena ou les condamnerait-ils tous les deux sans faire preuve de la moindre compassion ? Devait-il prendre ce risque alors que la lettre pouvaient ne jamais plus refaire surface ou devait-il attendre de voir si Viserys l'utiliserait contre eux ? Dans sa main, écriture délicate le narguait et il lui semblait entrapercevoir le sourire victorieux de son rédacteur entre les lignes. « Nous sommes désormais complices ! Dans le meilleur des cas, il s'en servira contre toi uniquement pour t'extorquer je ne sais quelle faveur. Dans le pire, nous tombons tous les deux face à la colère du Roi qui sera déjà fort miséricordieux s'il ne décide pas de punir toute la famille. » Pourrait-il alors compter sur la justesse de Lord Tywin ? Sur la raison du conseil qui rappellerait que nulle famille ne pourrait remplacer les Tyrell à la tête du Bief ? Il y aurait bien sur les Hightower mais si Rhaegar était de mauvaise humeur ne s'arrêterait-il pas sur le nom de naissance de Daena en punissant les deux familles qui lui étaient liées ? Un instant, il considérablement ce que les Hightower et les Tyrell pouvaient, respectivement, apporté au sire de Castral Roc, vers qui se tournerait son choix  avant que le souvenir de son oncle, lui aussi au conseil, ne viennent casser cette pensée envahissante. Paxter Redwyne ne les laisseraient pas mourir sans rien dire, Margaery ne les laisseraient pas être châtié sans rien dire, les familles du Bief qui leur étaient affiliées n'accepterait pas ce jugement sans rien dire. Du moins il l'espérait. Car qui s'était mis entre le Roi et le prince Oberyn ? Qui s'était dressé entre lui et les maîtres de Chutebourg. « Tu as vu ce qu'il a fait aux Piète ?! » finit-il par dire alors même qu'une parentèle de la reine en portait le nom. Que faire ? C'était dans ces moments qu'il regrettait la présence de sa grand-mère : la reine des épines aurait su quoi faire, comment retourner la situation à leur avantage. « Il ne faut rien dire pour l'instant. » souffla-t-il alors, presque hors d'haleine du rythme des pensées qui se succédaient dans son esprit. « Ces lettres n'ont jamais existées, d'accord ? Pour l'heure, je garderai celle ci ici, au cas où un curieux se décide à fouiller tes affaires ou qu'un espion soit envoyé pour faire éclater cette correspondance au grand jour. » commença-t-il, repliant le parchemin en quatre pour le ranger dans une poche de son doublet. « Nous allons voir ce qu'il advient, s'il décide de les rendre publique ou si, par chance, un linteau de porte a raison de lui. Nous aviserons à tête reposée. » finit-il par annoncer : dans la précipitation, ils commettraient des erreurs irréparables, songea le suzerain. En imaginant ce qu'Olenna Tyrell aurait fait, il repensait à son flegme en tout circonstance : peut être pourrait-il rappeler qu'il s'agissait moins d'une lettre désespérée que d'une tentative de rapporter la paix par diplomatie en usant de l'amitié passée ? Le culot avait toujours réussi à sa grand-mère, peut être était-il temps de mettre ses leçons en pratique.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Daena lui était toujours apparue aussi hautain et assurée qu'elle l'était au quotidien. Comme si, déjà enfant, elle savait qu'elle occuperait cette place de première dame du Bief, comme si depuis toujours, elle avait le pressentiment que l'avenir lui offrirait une destinée importante. Il se souvenait que c'était l'une des choses qui l'agaçait le plus, dans leur jeunesse : cette tendance à se croire meilleure que tout le monde et qui le poussait tant à la contredire lorsqu'il en avait l'occasion. A présent, elle se tenait devant lui telle une enfant prise en faute et malgré la colère et l'insidieux sentiment de trahison qu'il ressentait, il ne s'imaginait pas ajouter à la lourde ambiance qui s'était installée dans la pièce. Le refuge n'en était plus un, c'était devenu le cabinet des intrigues, le bureau des complots. « Tu lui avais répondu ? » lui demanda-t-il, estomaqué, tandis qu'elle confessait qu'une seconde lettre lui était parvenue peu après la première mais dont il ne verrait jamais la couleur. Peut être était-ce pour le mieux, songea Willos que l'abattement commençait à gagner. Dans cette guerre, il ne savait plus en qui il pouvait avoir confiance : sa grand-mère qui avait été toujours de précieux conseil n'était plus, Garlan était désormais bien loin quand à Margaery, il préférait ne pas y penser. Et maintenant son épouse.

Un instant, il songea qu'il vaudrait mieux limiter la casse et envoyer Daena au loin. Mais l'éloigner au prétexte de sa sécurité, même en la laissant partir avec Matthis serait admettre qu'Hautjardin se sentait menacée et que le château n'était pas sur, ce qu'il voulait à tout prix éviter. Il avait tant travailler à maintenir la région dans le même état que celui sur lequel son père avait régné qu'il en oubliait que les situations, les personnes et les conséquences étaient différentes. De plus, il n'y aurait de plus grand aveu de sa mauvaise gestion que de perdre sa suzeraine au main de l'ennemi et autant se rendre tout de suite si son héritier connaissait le même sort. Non, Daena devait rester à Hautjardin.

Son regard remonta sur elle : sans doute avait-elle pensé bien faire, lui chuchota une petite voix dans son esprit. Mais ce bien faire pourrait se retourner contre eux à tout moment, se raisonna-t-il, perdu dans la bataille intérieure qui avait lieu dans son esprit. « Penses-tu que tes dames soient au courant ? » lui demanda-t-il. « Leur fais-tu confiance entièrement ? » ajouta-t-il tandis qu'il se devait de renforcer le cercle de protection autour de sa famille. Pas une seule âme traitresse ne devait passer ces murs. Ils pouvaient espérer tout rattraper mais encore faudrait-il qu'elle soit coopérative et qu'ils mettent fin à leur bataille d'égo. « Une dernière question et je te conseille de faire vraiment très attention à ce que tu vas répondre. » annonça-t-il avec la sévérité du suzerain et l'orgueil blessé de l'époux contrarié. « Cette histoire avec Viserys ... Elle est terminée ? » Ils n'avaient jamais pris la peine de parler d'avant leurs noces, s'y accommodant tant bien que mal tandis que leur mariage signait la fin de certaines aspirations et affections qu'ils avaient pu avoir auparavant. S'il devait lui refaire confiance un jour, il voulait être certain de ne pas se sentir une nouvelle fois poignardé dans le dos, il vouait être sur qu'il n'y avait plus rien entre sa femme et le Targaryen.