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(même les petits)
I had only one confidant, and that was the silence of the night.
The Red Viper
Le prince Oberyn pensait que le pire s’était déjà produit. Il avait échoué sa mission d’entretenir les relations entre Dorne et la Couronne tout préservant les intérêts de sa région natale. Il avait déçu son frère. Il avait du se séparer de son amante et de ses filles pour leur sécurité. Il avait fauté avec une amie, sa meilleure amie, l’épouse de son meilleur ami. Il en avait perdu des gens : son oncle Lewyn, sa mère, sa fille Nymeria, Leliah Qorgyle quelques semaines plus tôt. Mais jamais il n’aurait pensé perdre une amie si chère à ses yeux. Malgré ce qu’ils avaient fait ensemble, leur parenthèse interdite, elle demeurait son amie, sa confidente, un visage familier qu’il adorait apercevoir. Le Grès avait été toute son enfance et il y prenait plaisir à retourner depuis son pupillage. Pour Quentyn bien sûr mais aussi pour Ysolde. La perdre a été, est et sera, à jamais, terrible. Le prince Oberyn avait revêtu des habits sombres pour l’occasion, habits qu’il n’avait pas quitté pour le voyage de retour. Alors une fois à Lancehélion, il était passé quasi inaperçu. Personne n’avait l’habitude de voir le prince avec des couleurs aussi sombres. Il eut bien du mal à reprendre sa vie de prince, déjà peu envieuse ces dernières lunes. Il repensait aux derniers mots échangés avec Ysolde, des adieux assez timides, sans regard insistant. De simples adieux de connaissance et non d’amis car à ce moment-là, ils savaient qu’ils avaient outrepassé les prérogatives de leur amitié. Mais cela devait changer. Avec le temps, ils auraient réappris à n’être que des amis. Cela n’avait été qu’une nuit. Une simple nuit...
Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il apprit, de la bouche même de Quentyn que la belle Scorpion avait succombé des suites d’une fausse couche. Oberyn ne mit pas de temps avant de faire sa propre hypothèse. Il était effectivement fort probable que l’enfant qu’elle portait était le sien. Les dates concordaient mais il était tout aussi probable qu’il s’agisse de l’enfant de Quentyn. Le couple seigneurial n’était pas connu pour faire chambre à part. Cette pensée l’atteignit bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Il était accoutumé de la bâtardise, toutes ses filles en étant, mais si cela s’était su… si l’enfant avait été brun alors que les deux parents étaient blonds. Cela aurait fait jaser à coup sûr. Mais le prince sortit ses pensées de la tête. Il profita du voyage de retour pour tenter d’effacer ces hypothèses inutiles. Il ne servait à rien de se demander ce qu’il se serait passé. Jamais personne ne pourra le savoir désormais. Ysolde Qorgyle était belle et bien morte, ayant rejoint la liste des gens qu’Oberyn avait perdu. Depuis l’annonce de sa mort, par un corbeau de Quentyn quelques semaines plus tôt, il ne s’était pas passé un jour sans qu’Oberyn verse au moins une larme pour sa douce et chère Ysolde. Quelle tristesse ! Il s’était par ailleurs empressé d’annoncer la terrible nouvelle à Ellaria qui s’était jointe à lui dans ce deuil à faire. Même Doran, avec lequel le dialogue était bien peu présent ces derniers temps, avait tenté de consoler son frère et l’accompagnait dans son chagrin.
Mais la vie devait une nouvelle fois reprendre son cours. Alors que les régions du nord s’embrasaient de plus en plus, Dorne pouvait se targuer de vivre paisiblement. Il n’y avait, jusqu’alors, aucun conflit dans la principauté. De Wyl jusqu’à Lancehélion, chacun vivait sa vie, se préparait, malgré tout, à la guerre, ayant encore en mémoire les ordres de Doran. Rhaegar les avait menacés, ils avaient cette épée au-dessus de leur tête qui pouvait frapper n’importe quand, n’importe où. Le dragon vieillissant et le dragon perfide ne seraient pas indéfiniment occupés. Il viendra bien un jour où la guerre enfoncera leur porte. C’est en cela qu’Oberyn avait décidé de préparer sa fille Elia, restée auprès de lui tout comme son autre fille Obara. Mais cette-dernière avait déjà tout l’entraînement nécessaire. Le prince n’avait quasiment plus rien à lui apprendre. En revanche, Elia avait tout à apprendre. Mais Oberyn était moins tendre, moins patient, moins bienveillant qu’avant son séjour au Grès. Cela s’était rapidement senti dans sa direction des entraînements. Elia n’osait rien dire, elle qui avait toujours le mot de trop. Quant à Obara, elle avait bien tenté mais le prince ne voulait rien entendre, prenant comme argument que si la guerre arrivait jusqu’ici, l’ennemi serait intraitable, impatient, impitoyable.
- Tes jambes ! Tes épaules ! Lève ta lance ! Ta lance !!!!
Oberyn avait perdu de sa superbe et de sa joie de vivre. Il ne semblait être plus que l’ombre de lui-même. Cela lui était tombé dessus si rapidement. Personne n’avait pu prédire un tel changement. Alors qu’il s’apprêtait à lancer à nouveau l’offensive sur Elia, Obara s’interposa. Comme il ne voulait pas s’arrêter, l’aînée des Aspics prit son père en duel et tenta de le calmer, de le raisonner, de lui rappeler que tout ceci n’était qu’un entraînement. Elle réussit alors à prendre le dessus sur lui et à le désarmer. C’était l’une des rares fois où elle avait réussi cet exploit. Le prince se laissa tomber à genoux et commença alors à sangloter, le visage dans ses mains. Obara s’agenouilla et le prit dans ses bras. Elia les rejoignit également.
- Laissez sortir, père. Laissez sortir. Ça va aller.
- Désolée… papa…
Oberyn leva alors les yeux vers sa fille qui pleurait à son tour. Ils se prirent l’un, l’autre dans les bras et le prince présenta ses excuses, clamant que tout était sa faute. Les filles voulurent ensuite rentrer avec leur père mais ce-dernier voulait rester un moment ici. Il reprit alors l’entraînement à la lance seul, chassant ses larmes, reprenant une expression faciale neutre, concentrée même. Il exploitait de nouvelles techniques avec sa lance, se donnait à fond et fendait l’air avec ferveur. Puis, il se retourna soudainement et sa lance rencontra alors les lames de deux dagues. Il vit alors une chevelure flamboyante au-delà de celle-ci et reconnut immédiatement le visage de la nouvelle venue sur le terrain d’entrainement.
- Boadicée ! Vous étiez en mode furtif, je ne vous ai pas entendu arriver. J’aurai pu vous blesser.
Encore heureux que la bâtarde ait de très bons réflexes.
#C82605 : Oberyn Martell
#FFBD4F : Obara Sand
#FF483D : Elia Sand
♛ by wiise
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Mon regard se levait, accompagnant la dragonne volant dans le ciel alors que je profitais de ce moment de calme. Ma dragonne grandissait, vivait… Ma princesse, mon avenir… Je soupirais légèrement… Depuis le premier vol, j’étais revenue sur son dos. Et à chaque fois la situation était toujours incroyable. Une fois qu’on goûtait à cela… Je finis par me redresser, attrapant les rênes de ma jument pour me hisser dessus. J’avais une ombre à aller voir… Je n’étais pas stupide, Oberyn semblait se mourir de l’intérieur depuis le départ d’Ellaria. Et encore plus depuis la mort du scorpion. J’ignorais ce qu’il y avait entre eux, cela ne me regardait pas, mais il souffrait et ne savait pas comment faire… Je soufflai entre mes dents et ma jument s’éloigna doucement au trot avant que je ne l’encourage à galoper. J’avais toujours un emploi du temps réglé comme du papier à musique. C’était fait exprès. Parce que sinon on sombrait… Je savais ce que c’était avec la mort de Feng. Que je passais voir avant de rentrer.
Le spectacle que je vis, du prince Oberyn en larme, me fendit le cœur alors que mes lames volaient entre mes mains et que mon corps suivait le rythme que je lui imposai depuis des lunes… Je devais m’occuper la tête, l’esprit… J’avais accepté d’affronter mes sentiments, de les accepter… ils étaient là après tout je ne pouvais rien à faire, et en quelque sorte, avec Seralyon… c’était un peu plus facile avec… Ou pas. L’avantage d’une mémoire défaillante, c’est qu’on oubliait beaucoup de chose… dont la souffrance… Mais on s’y faisait. Je continuais d’écrire mes carnets, ordre de mon Edwyn. Oberyn semblait s’être remis avec ses filles. Sa souffrance me rappelait celle que j’avais vécu avec le départ de mon compagnon. Mon cœur se serra, secoué d’une vague de tristesse et je repris mes mouvements avant d’intercepter, volontairement, la lance du prince. Je lui offris un sourire, il avait encore les yeux rouges, en inclinant la tête.
« C’est ma manière de combattre prince Oberyn. Si un jour vous m’entendez alors que je vous attaque de dos… c’est que je dois reprendre l’entraînement. Vous auriez pu. Si je vous avais laissé faire. »
Je lui offris un sourire avant de repousser sa lance et de me remettre en garde en face de lui, mes dagues bien en main.
« En garde mon prince. Voyons si votre jeu de jambe est à la hauteur du mien. »
J’étais plus petite que lui, que beaucoup de monde, plus mince… si bien que j’avais dû adapter ma manière de me battre avec mon physique. Vraiment peu avantageux pour le combat. Je préférais nettement le tire
à l’arc, je pouvais enfin dire que j’avais retrouvé mon niveau et que peu pouvait me battre ici. J’enchaînai vivement les attaques contre le prince. Et si lui avait une lance, j’avais deux dagues… ainsi que onze autres cachées sur moi. Si bien que le n’avais pas peur d’être désarmé, j’avais toujours une nouvelle lame sous la main.
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The Red Viper
Au fil des années, le prince Oberyn s’était battu avec bon nombre de personnes. Des hommes, des femmes. Des vieillards, des jeunes. Toute sorte de personne. Il avait même perfectionné ses techniques à la suite de combat contre certains de ses adversaires. Il avait également participé à de nombreux tournois au cours desquels il avait pu se faire des amis, des connaissances mais la plupart du temps des ennemis. Il n’était pas anodin que les relations bieffo-dorniennes avaient du mal à s’améliorer. Le tournoi de Corcolline pendant lequel Oberyn blesse Willos Tyrell était encore dans les mémoires et encore plus depuis que le jeune homme prit les rênes de la région après la mort de son père. D’autres, comme ser Ilyn, semblaient avoir eu moins de rancœur envers le prince qui fut couronné de succès lors du tournoi de Lestival. Mais depuis, les seuls adversaires qu’il avait eu étaient ses filles, qu’il entraînait lui-même pour la plupart. Obara, Nymeria et Elia étaient ses plus talentueuses disciples. Tyerne touchait plus aux poisons tandis que Sarella était une érudite. Quant à Obella, Dorea, Loreza et encore plus Aliandra, elles étaient bien trop petites pour cela encore, même si Obella gagnait en âge, sans que le prince ne s’en rende compte.
Boadicée Sand n’était pas une nouvelle adversaire pour le prince. Ils s’étaient déjà croisés lors de divers entraînements. Elle maniait les dagues aussi bien qu’il maniait la lance et cela donnait lieu à des duels très serrés et très physiques. Il fut surpris de la voir dans son dos et se demanda pendant une seconde ce qu’elle venait faire mais cela se dissipa immédiatement. Elle l’invitait à danser quelque peu avec lui. Il ne disait jamais non pour se battre et il savait qu’en ce moment, plus qu’avant, il avait besoin de cela pour s’occuper l’esprit, se le vider même, si cela était encore possible. Il reprit position, lance tendue, corps en position, regard à l’affût. Elle le provoqua en parlant de son jeu de jambe. Il serait à la hauteur du sien, il n’en doutait aucunement. Il n’esquissa pourtant pas de sourire, comme à l’accoutumée. Il n’était qu’un cocon rempli de colère et de haine. Boadicée ne savait pas ce qu’elle avait en face d’elle et avait, sans aucun doute, sous-estimé l’était mental du prince. À l’entraînement, il laissait souvent ses adversaires attaquer. Ce n’était pas toujours vrai mais il le faisait assez souvent. Pourtant là, il décida d’attaquer lui-même lançant son corps et sa lance contre les dagues de Boadicée. Elle voulait voir si son jeu de jambe égalerait le sien. Voilà ce qu’il en est.
Pas un mot ne sortit de la bouche d’Oberyn durant tout l’échange. Il ne faisait qu’attaquer, forçant parfois Boadicée à reculer. Il faisait mine d’attaquer vers la gauche, espérant avoir une ouverture sur la droite. Il la toucha du plat de la lame – l’idée n’était pas de se blesser – et se recula pour se remettre en position. Il semblait légèrement essoufflé mais ne le montra nullement. Plusieurs images lui vinrent en tête tandis que l’échange reprit de plus belle. Ysolde. Ellaria. Quentyn. Doran. Rhaegar. Rhaenys. Aegon. Elia. Ses filles. Ses neveux et nièces. À chaque nouveau visage, il se faisait plus dur dans ses coups, ne ménageant pas la bâtarde aux dagues aiguisées. Dans sa précipitation et son aveuglement, il manqua de tomber, perdant l’équilibrant, donnant une fenêtre ouverte à son adversaire qui ne manquerait sûrement pas l’occasion de le toucher à son tour. Mais Oberyn n’était déjà plus dans le combat. La haine, la peur, la colère, la culpabilité, l’angoisse. Tout se mélangea en lui et alors que Boadicée effectuait son coup, il tenta d’arrêter la dague avec son bras. Il ne fut pas longtemps au prince pour revenir à la réalité et voir le rouge ruisselé le long de son armure noire. Il avait été blessé car il s’était laissé aller à la colère et l’avait laissé le consumer. Il se releva en lançant sa lance au loin et examina son bras. Blessure superficielle. Ce n’est rien.
- Joli coup, Boadicée.
Il lui lança cela d’un ton si sobre et… vide. Il tourna le dos à la jeune femme et alla panser son bras, appliquant un léger bout de tissu sur la blessure, en dessous de son armure. Il alla ensuite reprendre sa lance pour se remettre en position face à Boadicée, lui lançant un regard qui voulait dire qu’il était temps de s’y remettre.
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Il n’était pas dans son état normal. Il ne fallait pas être un génie pour le comprendre après tout ! Il était en colère, nerveux… Et il se battait bien. À nouveau, c’était être stupide que de ne pas le voir. Ou le sentir quand on était un adversaire. Ce qui était mon cas. Je fronçais légèrement les sourcils en continuant de me battre vivement avec lui. Cela faisait, en quelque sorte, plaisir, de le voir se défouler sur moi. Je pouvais encaisser. Quand on avait l’habitude de souffrir… On pouvait comprendre celle de l’autre. Je fronçais légèrement les sourcils alors que ma lame entama légèrement sa chair. Rien de grave, mes lames n’étaient pas empoisonnées, heureusement et il se retira pour se soigner légèrement.
« Vous êtes devenu agressif au combat. Cela ne vous ressemble pas. Même si je comprends. »
Aucun jugement, je disais simplement ce que tout le monde voyait. Et quant à moi… Oui je pouvais comprendre la haine, la colère… Mais il n’était pas sur le bon chemin… Il s’aventurait sur le côté obscur de sa personnalité. Je préférais clairement le Oberyn d’avant… mais je le comprenais. Le combat repris et cette fois, je ne cherchais même pas à parer, mais simplement le fatiguer et frapper au maximum pour, non pas le blesser, mais lui faire mal. La douleur aidait parfois à se canaliser. Je me glissai sous sa lance qui m’entailla légèrement la chaire, mais mes dagues trouvèrent sa gorge, et je plantais, autant que possible je faisais une bonne tête de moins que lui, mon regard dans le sien. Mes dagues étaient du côté non tranchant, pas envie d’un accident.
« Je sais. C’est difficile. »
Soufflais-je tout bas, seul le prince aurait pu m’entendre. Je m’écartais pour me remettre en garde.
« Votre jeu de jambe est bon. Vous ne réfléchissez plus par contre à vos coups. »
Et j’étais certaine que j’allais déguster sur la prochaine manche. Deux que je gagnais, il n’allait pas se laisser faire. Quant aux progrès de Seralyon, je ne lui en parlerais que lorsque j’aurais réussis à le poser plus de dix secondes et, quitte à lui mettre un grand coup de pied en pleine tête, lui remettre les idées en place. Mon père avait la méthode du : je te fous sur la gueule et par terre jusqu’à ce que tu te calmes. J’allais appliquer cette méthode avec le prince. Nouvel affrontement, et malgré nos techniques… je me pris quelques jolis coups. Sauf que je laissais le sang couler. Je m’en moquais un peu, je soutiens son regard.
« Je sais que cela vous ronge. J’étais pareil. J’ai souffert comme vous. »
Mais Ellaria reviendrait. Ses filles aussi… Pas mon époux de cœur, à défaut de l’être devant les dieux, ni ma petite. Parties. Pour toujours. C’était ainsi. Il ne restait que Seralyon et mon Feng ici bas.
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Quelques coupures et égratignures, c’était le lot de tous les entraînements et combats qu’Oberyn avait pu faire dans sa plutôt longue vie. Combattant dès son plus jeune âge, il n’avait pas appris que la drague et le sexe avec son ami de toujours, Quentyn Qorgyle. Les deux hommes, quasi-frère, avaient appris, ensemble, le maniement de la lance. Oberyn était même devenu un expert, délaissant alors la basique épée ou bien les dagues. Personne n’avait réussi à battre Oberyn à la lance, pas dans un duel en tout cas car des joutes de tournois, il en avait perdu plus d’un. Quoiqu’il en soit, c’était devenu l’arme de prédilection du prince et en avait fait sa renommée. Jusque dans le Nord et par-delà Essos, il était connu que le prince, la Vipère Rouge, maniait la lance comme personne. Il le démontrait une nouvelle fois face à une Boadicée qui ne semblait pas dérouter par les coups puissants et féroces portés à son encontre. Elle répliquait même avec ferveur et violence. Il n’y avait ni prince, ni bâtarde, ni rang, ni titre. Ils étaient égaux sur ce terrain d’entrainement.
Oberyn était énervé. La haine coulait désormais dans ses veines et n’arrivait pas à ne penser… à rien. Il y avait toujours quelque chose qui pointait le bout de son nez. Cela se ressentait dans ses coups, sur son visage, dans ses grognements. Mais Boadicée le fatiguait. Elle bougeait vite et lui s’essoufflait toujours plus. Il gardait pourtant une bonne forme pour un homme de quarante-six ans. La bâtarde réussit alors à s’engouffrer dans une ouverture et se retrouva proche du prince, pointant son regard dans le sien. Le temps sembla s’arrêter soudainement. Elle semblait si attentionnée, si bienveillante, si compréhensive. Mais ce n’est pas ce dont Oberyn avait besoin. Pas maintenant. Pas tout de suite. Pas à cet instant. Elle se remit alors en place et Oberyn également. Son regard était noir, aussi noir que son armure. Il ne dit mot et le combat se poursuivit. Il avait la haine contre Boadicée. Pourtant, elle avait raison. Bien sûr que c’était difficile de perdre quelqu’un qu’on a aimé. Mais si elle savait tout ce qu’elle ignorait. C’était bien plus que cela, bien plus que de l’amour envers une amie. Il y avait également la séparation d’avec Ellaria. Boadicée aussi devait en souffrir malgré la différence de relation qu’elle avait avec. Pourtant, elle était si loin du compte.
La phrase de trop arriva. Tout ce qu’Oberyn ne souhaitait pas entendre. Il s’élança alors contre elle, se montrant encore plus féroce, plus violent, moins prévisible cependant. Il allait à droite, à gauche, visait parfois les jambes, les épaules, le torse. La lance et les dagues ne cessaient de se croiser, de se cogner, de provoquer un bruit de plus en plus fort. Mais Boadicée ne faiblissait pas. Elle n’avait pas eu la même expérience de combat que le prince mais ses entraînements portaient ses fruits. Oberyn ne pouvait nier cela. Il s’avançait de plus en plus, faisant reculer Boadicée qui se retrouva coincée. Mais, à ce moment-là, Oberyn eut un moment de lucidité et arrêta son énième offensive en plein milieu. Il recula alors de quelques pas, lâchant finalement sa lance et faisant toujours face à la jeune femme.
- Pardonnez-moi, Boadicée. Je me suis laissé un peu emporté par ma… colère.
Ce n’était pas peu dire. Le prince Oberyn se laissait rarement aller à ce genre de démonstration plutôt négative. Il savait être dans la retenue mais la mort d’Ysolde avait déclenché quelque chose que lui-même n’avait jamais eu conscience. S’en rendant peu à peu compte au cours du combat contre Boadicée, il avait soudainement pris peur, peur de lui-même.
#C82605 : Oberyn Martell
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Bon, note pour moi-même : énerver un prince en deuil et qui semblait aussi heureux de vivre que de se prendre une Seralyon en colère en pleine gueule… c’était pas l’idée du siècle ! Si un mot, enfin deux, devait résumer cette situation c’était : et merde. Oui, clairement. Surtout en voyant son attaque s’approcher avec violence. Cette fois cela allait faire mal. Très mal. Je serrais les dents en voyant le coup arriver malgré ma garde. Je ne pourrais pas rivaliser avec la force brute ! Je vis le coup… qui s’arrêta et malgré moi je soupirais de soulagement. Le prince semblait un peu se calmer. Ce n’était pas assez. J’inclinai la tête.
« J’avoue être ravie de ne pas mettre mangé ce coup-là… Vous avez plus de force que moi et je risque d’être couverte de bleue demain. »
Heureusement que Seralyon ne comprenait pas le concept de bleus… sinon… J’allais pas lui expliquer. Ce n’était pas important. Je fis tourner mes dagues entre mes doigts.
« Un peu effectivement. Mais votre colère est toujours là. »
Est-ce que je lui mettais une grande mandale ou j’attendais… J’allais peut-être attendre un peu.
« Je ne suis pas très douée… en sentiment. Par contre mon père avait une méthode bien à lui pour se… vider un peu des émotions négatives. Généralement ça consistait à me foutre par terre aussi longtemps qu’il en avait envie. Ça apprend à résister aux coups qu’il disait. »
AH ça… des mandales je m’en étais mangé des belles. Je soupirais en roulant des épaules.
« Je sais que ça fait mal de savoir la dame de votre cœur loin. »
Je venais de perdre son nom… il allait finir par me le redonner… Je me mis à marcher en rond autour de lui.
« C’est comme un vide immense dans votre cœur et ça ronge tout autour de vous. Tout. Et vous sombrez dedans. »
J’étais prête à esquiver et à nouveau le faire tourner en bourrique un petit moment. J’avais vingt ans de moins après tout. Fallait que ça serve un peu. Je fis trois pas en arrière.
« On est là. On est planté là à un endroit où plus rien ne semble nous rattacher. Lorsqu’on se réveille la nuit il n’y a plus personne… Plus de bras, plus de chaleur. »
C’était aussi pour ça que je regrettais que Seralyon ait sa grotte. Une vraie bouillotte. Je remuais le nez, à nouveau en garde.
« On erre, on pleure… on se sent seul… Où est notre moitié ? Mais si ce n’était que ça… Il y a aussi vos filles. Leur présence vous manque. Le pire dans tout cela… je sais ce que c’est… C’est le silence. Vous croyez entendre un bruit vous les rappelant, vous vous retournez… il n’y a rien. Parce qu’elles ne sont pas là. Elles ne sont plus à vos côtés. »
J’allais déguster, mais c’était pas grave.
« Elles sont encore là mon prince. Peut-être plus là à vos côtés, mais elles sont encore en ce monde et lorsque les dragons auront fini de danser… elles reviendront. Vous les reverrez. »
Je ne reverrais jamais ma fille et mon époux. Et encore moins mon fils.
« Les morts sont partis. Je sais quelle peine cela fait. Mais la laisser vous ronger ne fera revenir personne. »
Et maintenant on se préparait encore plus sérieusement à danser pour éviter de trop souffrir.
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Oberyn avait su arrêter son coup avant de frapper de toutes ses forces la pauvre Boadicée venue simplement s’entraîner. Le prince n’était plus que l’ombre de lui-même et ne s’apercevait pas tout le temps de son état. Il avait sombré dans la tristesse, le chagrin, le deuil. Il était inconsolable mais personne ne pouvait lui dire quoi que ce soit. Il était prince de Dorne, frère du prince régnant, membre de la famille princière et une quasi-légende que tout le monde surnommait la Vipère Rouge. Il passait même inaperçu avec son armure obscure tellement cela ne lui ressemblait pas. Son visage était froncé, sale, sa pilosité n’était plus parfaite, il ne se taillait plus la barbe, ne faisait plus attention à lui. Son âge se ressentait bien plus qu’à l’accoutumée où il paraissait encore faire dix ans de moins. Si Ellaria le voyait… elle ne le reconnaitrait sûrement pas. La distance n’aidait pas leur couple par ailleurs. Dans ces dernières lettres, alors que la mort d’Ysolde l’accablait de plus en plus, le prince émettait quelques doutes. Il ne pensait pas mériter l’amour que lui portait la bâtarde de lord Uller. Il l’aimait plus que tout au monde, c’était indéniable mais il n’était pas dans son état normal, ne lui permettant pas d’avoir un bon raisonnement.
Boadicée se lance alors dans un monologue que le prince écoute à moitié. Sa colère était encore bien présente. Il n’avait pas envie de faire de mal à la jeune femme qui faisait de son mieux mais désirait, par-dessus tout frapper dans quelque chose voire dans quelqu’un. S’il pouvait se battre contre lui-même, il le ferait. Certains mots de la bâtarde Wells le frappent en plein cœur mais préfère ne pas relever. Après tout, elle semblait avoir raison dans le fond. Mais il était encore trop aveuglé par son chagrin pour tout comprendre, pour tout accepter, pour ne rien dire ou ne rien faire. La mention d’Ellaria lui fit serrer les points. Il tint ainsi fermement sa lance, pensant alors aux dernières lettres qu’il avait pu lui écrire. Il étalait des mots mélancoliques, dépressifs, tristes confiant une fois de plus que la mort d’Ysolde et la distance qui les sépare l’accablent, l’affaiblissent, le rendent fou. Il voulait partir, tout quitter. Lancehélion n’était plus le havre de paix qu’il connaissait. Le Grès ne pouvait plus l’être non plus désormais. Les Jardins Aquatiques demeuraient l’endroit préféré de son frère. Il restait Bourg-Cabanes mais cela le ramenait à une époque désormais révolue. Partir pour Essos ? Rejoindre Ellaria ? Parcourir les terres arides et lointaines de la mer Dothrak ? Le prince était perdu et ne savait pas quoi faire.
- Boadicée...
Le murmure du prince ne suffit pas à faire taire la jeune femme qui poursuivit alors son monologue, tentant de faire comprendre au prince que ce qu’il ressent et vit était, jusqu’alors, normal. Il faisait face à une certaine solitude et au deuil d’un être cher. Ses mots étaient comme des coups de massue et il détestait cela. Mais il ne fit rien, ne dit rien, ne bougea pas d’un poil. Il demeura silencieux, plongé dans des pensées obscures, les mots de Boadicée résonnant dans son esprit. Elle avait raison et tort en même temps. La dernière phrase fut dite bien trop tôt. Bien sûr que cela ne fera pas revenir Ysolde, pourtant… en était-il réellement conscient, lui qui ne souhaitait qu’une chose : revenir en arrière pour la sauver. Oberyn préféra se taire, se mit en position, serra fort sa lance dans sa main droite et attaqua Boadicée. L’entraînement reprit. Il ne faisait pas la sourde oreille. Il avait bien entendu ce que Boadicée avait tenté de lui dire. Mais ce n’était pas le moment. Ce n’était pas l’endroit. Elle n’était pas la personne. Après quelques coups rapides et fourbes, Oberyn réussit à faire tomber Boadicée à terre. Il posa alors la lame de sa lance au niveau de son coup et clama d’une voix grave et profonde.
- Ne jamais baisser sa garde, Boadicée. Je vous l’ai appris plus d’une fois pourtant, non ?
Il donna un petit coup du plat de la lance et se recula. Il reprit position et lui dit sobrement.
- Levez-vous et reprenons.
Le choc de la lance sur les dagues reprit alors de nouveau. Oberyn avait ainsi décidé qu’il ne souhaitait pas une telle conversation. Pas de suite. Pas maintenant. Boadicée était sans doute la dernière personne à qui il voulait parler de choses intimes, de choses qu’il ressentait au plus profond de lui-même. Et pourtant… elle était à même de pouvoir le comprendre, le consoler, l’épauler. Perdu dans ses pensées, perdu dans ses sentiments, perdu dans ses émotions, Oberyn n’était pas encore prêt à guérir et ne voulait pas guérir.
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Bon. S’il n’avait plus vraiment toute sa tête le petit prince, il avait encore de la force et de la forme ! Par contre… Que quelqu’un lui dise de se raser… Personne ? D’accord. J’allais m’en charger ! Et on allait se marrer. Parce que pisser dans un violon serait plus utile que de lui parler. Après on ne tentait pas de nettoyer une cruche sans la vider de son eau sale. Je venais de dire que le prince était une cruche ? Il semblerait. J’en avais honte ? Vu comment je venais de me faire jeter à terre… Non. J’en avais pas honte. Je me redressais en craquant légèrement ma nuque.
« Vous allez le voir mon jeu de jambe, mon prince. »
Plus de rang social entre nous à cet instant. Juste deux combattants. Il fallait avouer que j’avais encore quelques cartes dans ma manche qu’il n’avait pas vue. Je n’allais pas non plus tout lui montrer. Je préférais clairement être le sac de frappe du prince qu’un autre. Je savais encaisser. Edwyn…
« Edwyn m’aurait étranglé. »
J’eus un sourire amusé, Edwyn n’aurait pas supporté que je fasse ainsi, mais il n’était pas là… il n’était plus là. Je sentis une pique de douleur au creux de mon cœur et de mon corps. Je me remis en garde avant de reprendre le combat vivement entre nous cherchant à lui faire, volontairement, mal pour essayer de le canaliser et le calmer d’une manière ou d’une autre. La souffrance physique pouvait calmer la mentale. Parfois. Je ne savais pas si c’était bien… Surtout quand il réussit à me mettre en grand coup de lance en pleins ventre. Je grognais de douleur avant de reculer de quelques pas. Alors là… Je me redressais brusquement avant de me remettre à combattre avec une hargne nouvelle. La douleur m’avait rappelé brièvement ma fausse-couche et cela je ne pouvais pas le pardonner au prince.
Avec cette rage nouvelle je repris le combat pour le toucher. Me glissant dans sa garde, je repoussai loin sa lance avant de pivoter sur mes hanches et mon pied décolla du sol pour venir le frapper en plein visage. Je m’étais contrôlée de justesse pour ne pas lui briser un os. Je fis trois pas en arrière, un sourire satisfait au visage après ce coup de pieds.
« Et je peux aussi vous les mettre au cul. »
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L’entraînement entre Oberyn et Boadicée était devenu un réel affrontement sans pitié. Le prince ne contrôlait plus sa force et n’hésitait pas à se montrer violent dans ses coups. La jeune bâtarde se défendait plutôt bien et se montrait tout aussi offensive que le prince. Celui-ci ne disait pas grand mot si ce n’est quelques grognements. Il ne réagissait pas à ce que son adversaire disait, ni à ses expressions, ni à sa technique. Il voulait simplement se défouler et avait bien compris qu’elle tentait de l’épuiser. Ce serait vain. Ils s’affrontèrent ainsi un bon moment, chacun mettant à terre l’autre ou bien assénant de lourds et violents coups. Le prince ne fut même pas offusqué de recevoir un coup au visage. Cela lui avait fait perdre sa lance et s’était retrouvé quasiment à terre. Cela le plongea dans un très vieux souvenir dans lequel il voyait sa sœur Elia Martell. Elle n’était pas une grande combattante mais il la laissait tout le temps gagné lorsqu’elle voulait s’entraîner avec lui. Sa position, le coup de Boadicée, la colère qu’il ressentait, tout lui rappelait ce moment, dans leur jeunesse où elle avait réussi à le mettre à terre. Il était en colère car la jeune femme était promise au prince Rhaegar. Sa sœur allait quitter Lancehélion pour vivre à Port-Réal parmi les Targaryen, les dragons fous.
Tout se mélangeait dans l’esprit du prince. Sa colère montait de plus en plus. Le coup de Boadicée avait eu l’effet d’un déclic mais clairement pas celui souhaité. Il se retourna, le regard noir et fonça sur la bâtarde, esquivant ses dagues, la désarmant d’une main et tenant l’autre main avec force. Il lui asséna alors un coup dans les côtés et la fit voler en l’air. Il alla alors reprendra sa lance, effectua quelques mouvements, fendant les airs avec aisance et reprit position. Il attendit que la jeune femme revienne dans le combat. Elle était robuste. Il aimait ça. Elle avait du répondant. Il aimait ça. Elle ne le ménageait pas sous prétexte qu’il était prince. Il aimait ça. Jusqu’ici, elle était la seule à s’être montrée vraie avec lui. Obara et Elia étaient ses filles. Elles ne souhaitaient pas que leur père soit mal et tentaient de prendre soin de lui. Talya était absente. Doran, Arianne et Quentyn étaient occupés aux affaires de la région. De plus, il s’était quelque peu éloigné dernièrement de sa famille. Il ne lui restait finalement personne et il s’en était rendu compte quelques lunes plus tôt. Il en avait fait mention à Ysolde. C’était elle sa confidente, sa meilleure amie. Elle avait été d’un soutien infaillible.
- Allez ! Levez-vous ! Le combat n’est pas fini.
Le combat… C’était censé être un entraînement. Cela faisait bien une bonne demi-heure qu’il ne s’agissait plus d’un entraînement mais bien d’un combat. Le prince laissa le temps à Boadicée de reprendre son souffre, ses armes et sa position avant de faire à nouveau danser sa lance dans les airs, tournant à droite puis à gauche, effectuant quelques cabrioles avant de faire une offensive perçante. Il toucha du bout de sa lame son épaule mais ne la blessa pas, s’arrêtant avant que la pointe n’aille plus en avant dans la chair. Il reprit sa lance, tourna à nouveau et toucha l’autre épaule. C’est alors qu’il se retrouva de nouveau face-à-face avec la jeune femme. Il prépara à lancer sa lance dans sa direction. L’instant se déroula en quelques secondes, la lance fendit l’air avec une telle vitesse, passa non loin du visage de la Dornienne et alla se planter dans un mannequin de bois plus loin derrière. Profitant de l’effet de surprise, il courut vers Boadicée, glissa par terre afin de tacler la jeune femme et la mettre de nouveau au sol. Il se débarrassa de ses dagues qu’il envoya au loin et bloqua ses mains. Le prince était alors au-dessus d’elle. Il la regarda, de son regard noir, et lui dit alors sur un ton très sec.
- Cela vous apprendra à provoquer la Vipère Rouge.
Même si cette-dernière n’était plus que l’ombre d’elle-même désormais.
#C82605 : Oberyn Martell
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On se battait, comme des ennemis, alors que nous étions des alliés… Je souffrais. Tout mon corps souffrait. Ce n’était pas grave. La douleur, la surprise… Je sentais mon sang bouillir même si cela faisait longtemps que je n’avais pas autant combattu, même si cela… Je sentais la sueur couler dans mes yeux alors que l’homme et prince était au-dessus de moi. Je fronçais les sourcils.
« Vipère rouge, hein ?! Montrez-moi où elle est ! »
Je levais brusquement mes hanches pour le faire basculer vers moi en relevant la tête vers la sienne pour que mon front percute le nez du prince. Je me défis de lui, roulant dans la poussière pour me relever ensuite et me jeter à nouveau sur le prince. Mes poings trouvèrent son visage et il eut le droit à deux coups rapides en pleins visage avant que je ne sente la colère monter.
« VOUS N’ÊTES PAS SEUL PUTAIN DE VIPÈRE ROUGE ! VOUS N’ÊTES PAS SEUL ! »
Je lui remis un violent coup au visage avant de me retenir de l’étrangler sur place. Par contre je saisis son crâne de mes mains. Je n’avais pas beaucoup de force, il fallait le reconnaître…
« Vous n’êtes pas seul ! »
J’avais envie de lui fracasser le crâne sur le sol… je serrais juste… Maigrement alors que la douleur empirait dans mon torse.
« Vous les avez encore ! Vous avez encore toute votre famille ! Vous avez des gens qui vous aiment ! Qui tiennent à vous ! Je sais ce que ça fait ! Je sais ce que ça fait quand l’ombre est là ! Mais vous les avez encore… Vous… vous avez gens qui vous aiment, qui tiennent à vous. PUTAIN DE MERDE ! »
Je lui collais une grande gifle dans la tronche alors que mes doigts de mon autre main serraient ses cheveux.
« Je tiens à vous… je tiens à vous… Vous… Vous avez encore… tant de chose… vous avez ce que je suis en train de… en train de perdre… »
Mes souvenirs avec Edwyn. Parfois… j’oubliais la couleur de ses cheveux, je devais les regarder dans le médaillon que j’avais. Parfois j’oubliais les chansons qu’il me chantait… Je sentis les larmes me monter aux yeux.
« Vous… vous avez pas le droit… d’abandonner. »
J’essuyais d’un geste rageux mes larmes alors que je tenais toujours ses cheveux dans une main. Je sentis Seralyon s’agiter et s’inquiéter. Peut-être poussa-t-elle un hurlement… je ne savais pas.
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The Red Viper
Les deux Dorniens ne répondaient plus de rien. Oberyn avait de nouveau mis Boadicée à terre, était sur elle, lui tenant les bras. Elle ne pouvait pas ou peu bouger dans une telle position. Le regard noir du prince se pencha sur elle. La bâtarde avait provoqué la Vipère Rouge, voilà ce qu’il en était. Pourtant, ce n’était pas fini. Boadicée n’avait pas dit son dernier mot, loin de là. Sa tête percuta le nez du prince qui lâcha alors prise, libérant la jeune femme. Ils se roulaient dans la poussière du terrain d’entraînement et le prince sentit alors les poings s’abattre sur lui. Il resta un moment à terre, reprenant alors ses esprits, ne laissant échapper que des grognements de douleur. La colère de la rousse se fit alors entendre, clamant que le prince n’était pas tout seul dans sa souffrance et sa solitude. Elle lui porta un nouveau coup qui le mit en rage mais lorsqu’elle lui prit son visage dans ses mains, cela l’interrompit. Elle lui hurlait dessus, le rappelant en vain à la raison, lui criant qu’il n’était pas le seul à souffrir, qu’il avait malgré tout encore sa famille avec lui, qu’elle connaissait, elle aussi, l’obscurité mais qu’il possédait encore des proches. Son amante. Ses filles. Son frère. Son cousin. Ses nièces et neveux. La colère d’Oberyn monta d’un cran et il s’accrocha avec force à Boadicée, croisant alors de nouveau son regard. Le rapport de force reprit de plus belle.
Boadicée lui mit une gifle qui le surprit tellement qu’il n’osa pas réagir mais qui attisait au fond sa colère, sa rage. Cette petite bâtarde se permettait bien des choses aujourd’hui mais c’est qu’il avait souhaité. Il ne pensait pas qu’elle irait jusque-là et avait même dépassé ses attentes. Si bien, qu’elle l’avait mis un peu plus en rogne qu’il ne l’était avant. Il fallait peut-être calmer le jeu mais aucun des deux ne le souhaitait réellement. L’émotion se mêla à la colère et Boadicée finit alors par craquer devant le prince, tout en demeurant forte et violente. Elle lui interdisait d’abandonner, qu’il avait encore tout ce qu’elle était en train de perdre. Évidemment, le prince se rappela le départ, si loin, d’Ewyn et de leur fille, demeurés à Essos. Un aller sans retour pour la famille de Boadicée qui était désormais loin d’elle. Il savait ce que cela faisait mais ne pouvait pas imaginer l’immense souffrance de savoir qu’ils ne reviendraient pas vers elle. Ellaria et leurs filles, elles, reviendront et il le savait, n’attendait que cela. Enfin… avant tout ce qui avait pu se passer dernièrement, il n’attendait que le retour de sa famille. Mais aujourd’hui, il ne savait plus trop ce qu’il voulait. La culpabilité le rongeait. La colère le consumait. La honte l’envahissait. C’est alors qu’il lui hurla en retour.
- J’AI ÉCHOUÉ ! JE LES AI TRAHIS ! J’AI FAUTÉ ! JE L’AI T…
Oberyn s’interrompit. Voyant Boadicée en larmes, il en profita pour se libérer de son emprise, la forçant à le lâcher. Il fit quelques pas pour s’éloigner d’elle. Ce n’était pas le moment. Ce n’était pas l’endroit. Elle n’était rien. Elle n’était qu’une pauvre fille qu’il avait pris en pitié et l’avait mis au service d’Ellaria. Ces pensées n’étaient pas celles d’un prince. Elles n’étaient pas celles de la Vipère Rouge mais de l’ombre qui s’était installée en lui. Jamais il n’aurait eu des mots de la sorte envers une bâtarde et/ou une Dornienne. Il ne se reconnaissait plus et frappa alors le mannequin en bois qui se trouvait là. Il frappa si fort qu’il se blessa mais cassa également l’un des bras du mannequin. Il hurla vers le ciel et se laissa tomber à genou avant d’asséner le sol de coups de poing à répétition. C’en était trop. Il en avait marre. Il voulait partir. Il voulait tout quitter. Il voulait tout laisser tomber.
#C82605 : Oberyn Martell
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Il se dégagea de mon étreinte après m’avoir hurlé qu’il les avait trahis… Je le regardais en essuyant mes larmes d’un revers alors qu’il passait ses nerfs sur un mannequin. Des mots immondes sortirent de mes lèvres.
« Oui. Oui vous les avait trahis. »
Je pris appuie sur mes mains pour me redresser lentement et lui faire fasse.
« Vous les avait trahis. En vous vautrant dans votre désespoir. En vous servant de la douleur comme de l’excuse pour baisser les bras. En vous comportant comme un lâche. »
Oui, ça faisait mal, et j’en avais rien à foutre. Il voulait qu’on lui lance la vérité à la gueule ? J’allais le faire. Et s’il voulait me planter, il pouvait. J’en avais rien à foutre. Je le toisais du haut de ma petite taille
« Vous n’avez plus rien d’un prince. Du Prince que j’ai juré de protéger à la femme de sa vie. Je lui ai promis de vous protéger. Mais je peux pas le faire. Pourquoi ? Parce que vous ne voulez pas qu’on soit là pour vous. »
Je serrais les poings.
« Vous ne voyez même pas la souffrance que vous imposez à tout le monde autour de vous. Vous vous détruisez et détruisez le reste des personnes qui sont autour de vous. Vous n’êtes pas seul. Mais vous voulez l’être, sauf que je ne vous laisserais pas faire. Parce que j’ai ordre de vous protéger. »
Je le regardais, mes dagues étaient au sol, j’étais prête à reprendre une violente raclée… Je m’en foutais. Il fallait qu’il comprenne. J’eus un reniflement méprisant en le regardant. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? J’avais mal. Dans mon corps, dans mon cœur, dans mon âme.
« Vous avez… vous allez avoir des choses que je n’aurais plus jamais, vous avez quelque chose que je perds… Vous avez vos souvenirs. J’en perds. Tous les jours. Chaque seconde. Je perds des détails que vous aurez… »
Je soufflais entre mes dents en continuant de le regarder. Est-ce qu’il pouvait le comprendre cette souffrance ? J’en doutais.
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- TAISEZ-VOUS !!!
Le combat physique laissait sa place au combat verbal. Oberyn s’était laissé aveugler par sa colère et sa rage, concentrant toute sa violence sur Boadicée et maintenant, elle lui répondait. Il avait explosé, clamant avoir trahi les siens et elle en rajoutait une couche, lui donnant raison, apportant des arguments, le mettant devant le fait accompli. Ils se faisaient désormais face et lui lança en pleine figure qu’il n’avait plus l’étoffe d’un prince. Elle serrait les poings. Il en faisait autant, redressant sa lance, prête à l’emploi. Il avait voulu aller jusqu’à l’affrontement. Cela lui avait fait du bien mais ils avaient tous deux dépassé les bornes. L’entraînement avait clairement dégénéré et il était clairement trop tard pour faire marche arrière. Les deux Dorniens étaient énervés, enragés, furieux. Ils étaient clairement prêts à remettre le couvert d’un combat qui serait, sans aucun doute, violent. C’est alors qu’elle parla de choses qu’il avait encore et qu’elle n’avait plus. Elle ressortait à nouveau cette vieille soupe. De quoi parlait-elle ? Il s’en moquait à moitié. Mais voilà qu’elle lui confie perdre des souvenirs, des morceaux de mémoire disparus à jamais. Cela ne le fit pas sourciller une seule seconde. Il était trop tard pour attiser la compassion et l’empathie d’un prince, d’ordinaire si bienveillant, compréhensif et attentionné. Elle perdait ses souvenirs, certes, c’était triste. Mais il avait perdu une amie, une amie chère qui ne reviendrait jamais. Cela n’était clairement pas comparable mais, encore une fois, ils avaient passé ce stade. Tous les deux.
- Je me fiche de vos souvenirs. Je me fiche que vous ressentiez la même chose, que vous connaissez ce que je vis. Je m’en fiche éperdument !!!
Ils étaient tous les deux fautifs de cette situation qu’ils ne contrôlaient plus, ni l’un, ni l’autre. Oberyn s’élança alors vers Boadicée afin de l’attaquer à nouveau, et cette fois, ce n’était plus un entrainement. Il ne voulait pas la tuer, il n’était pas un meurtrier de sang-froid, il voulait juste la mettre à terre, la faire abandonner, avoir le dessus, avoir le contrôle, avoir, finalement, tout ce qu’il avait perdu ces dernières lunes. Il en oubliait son frère. Il en oubliait ses filles. Il en oubliait son amante. Il en oubliait ses valeurs. Il en oubliait tout ce qui faisait de lui le prince Oberyn Martell, surnommé la Vipère Rouge, redouté pour sa maîtrise de la lance et ses connaissances en poison.
- Vous allez enfin affronter la vraie Vipère Rouge.
Il ne lui avait pas laissé le temps de ramasser ses dagues et même si elle avait voulu esquiver, le prince avait été trop rapide. Comme pour la taquiner, la mettre en rage, l’énerver, il avait touché son épaule du plat de sa lance au lieu de la blesser comme il le voulait. Il pivota sur lui-même, fit une cabriole et la retoucha sur l’autre épaule avant de reprendre une position stable, faisant fendre l’air à sa lance. Qu’elle prenne ses dagues maintenant. Ce combat serait le dernier et il ne peut en ressortir qu’un seul vainqueur.
#C82605 : Oberyn Martell
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L’entraînement était loin, nous n’étions plus que deux animaux à nous déchirer, à tenter de nous faire mal. Je sentais le sang dans ma bouche alors qu’il coulait sur mes vêtements. Je n’étais même plus sûre qu’il eut des spectateurs… Je voulais juste qu’il souffre au point ou moi je pouvais souffrir… Il ne savait pas ce que c’était… de tout perdre lentement, de perdre ce qu’on était, fragment par fragment, de n’oser rien jeter… De peur de perdre un dernier vêtement de Seralya, quelque chose à Edwyn… De tout écrire, et en même temps pas trop, pour essayer de me souvenir… Je serrais les temps et un hurlement de rage pure jaillit de mon torse.
Mon père m’avait appris à me battre. À tuer vite, ou à faire souffrir les plus fort pour mieux les soumettre… Alors à cet instant, je frappais, faisant attention à ne pas blesser, mais juste faire souffrir le prince jusqu’à ce que sa lance tombe au sol, mais je n’en avais pas fini avec lui ! Je ne pourrais même pas dire comment j’avais fait pour réussir l’exploit que je venais de faire… Mais je l’avais fait. Quelle importance. Je l’avais fait. Mon corps lâcha les dagues et exécuta une figure complexe et douloureuse pour tout le monde. Mon pied prit appuie sur la jambe de l’homme avant que mes jambes ne s’enroulent autour du haut de son torse, mon corps suivait naturellement le mouvement, s’inclinant, s’enroulant autour de lui… pour glisser et enfin l’envoyer brutalement au sol d’un mouvement de hanche…
Comme doté d’une vie à lui, d’instinct dont j’ignorais encore l’existence, mon corps continua à danser et mes jambes s’enroulèrent autour de la gorge du prince en une clé de jambe particulièrement vicieuse… Qui était maintenant le serpent ? S’enroulant autour de lui pour l’étouffer à moitié… Boa. Comme le serpent qui étouffait. Edwyn m’en avait parlé… Je ne voulais pas la mort du prince… Juste… Euh… je ne savais pas. Mais pas sa mort. C’était déjà pas mal.
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The Red Viper
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis le combat contre Boadicée Sand, l’ancienne garde du corps d’Ellaria. Oberyn, aveuglé par son chagrin et sa colère, s’était vu mis à terre par la bâtarde Wells. Il avait perdu le combat, il s’était trop reposé sur ses lauriers, pensant que son expertise en matière de maniement de la lance lui permettrait de gagner. En temps normal, sans doute. Mais pas alors qu’il avait perdu Ysolde, pas alors qu’il avait trompé Ellaria, pas alors qu’il avait trahi ses principes, pas alors qu’il se sentait coupable, pas alors qu’il avait échoué. Le prince Oberyn n’était plus que l’ombre de lui-même. Plus personne au Palais Vieux ne l’avait vu depuis plusieurs jours. Même ses filles, Obara et Elia, ne le voyaient pas. Il restait enfermé dans sa chambre, n’ouvrant à personne, mangeant peu, ne s’entraînant plus. Doran lui-même avait tenté de le faire sortir de ses appartements en envoyant un garde mais rien n’y avait fait. Il voulait demeurer seul. Il voulait qu’on le laisse tranquille. Quelque fois, la nuit ou alors très tôt le matin ou encore très tard le soir, il était possible d’apercevoir le prince dans les couloirs du palais. Il était aussi possible de le voir se balader, affublé de vêtements qu’il n’avait pas l’habitude de porter, et aller à Bourg-Cabanes. C’était son refuge, son sanctuaire, son endroit à lui, loin de tout, loin du pouvoir, loin des Martell, loin du Palais Vieux. C’est là qu’il tentait de réfléchir à tout ce qui avait pu se passer depuis son retour de Port-Réal, sa traversée, presque littérale, du désert dans lequel il s’enlisait toujours plus.
Il s’était éloigné de tout le monde. De son frère Doran. De son cousin Manfrey. De ses neveux et nièces. De ses filles. Il n’avait pas écrit à Ellaria depuis l’annonce de la mort d’Ysolde à la lune précédente. S’il s’était seul depuis le départ de son amante et de ses filles, aujourd’hui, il se complaisait dans cette solitude, préférant demeurer avec lui-même plutôt que de supporter le regard des autres sur lui. Ce n’était plus le vaillant et charismatique Oberyn Martell qui se trouvait à Bourg-Cabanes ce jour-là. Ce n’était plus la subtile et sournoise Vipère Rouge qui était assis là, face à l’horizon. Il n’était qu’Oberyn, un homme qui se détruisait. Il vacillait entre la rage, le chagrin et la culpabilité. Certains, dont l’oreille avait pu être trop attentive, ont sans aucun doute entendu le prince hurler de rage dans ses appartements. Il avait mis ces derniers sens dessus dessous. Il avait même failli briser la lance que Boadicée lui avait fait forger mais s’était arrêté dans son mouvement et s’était effondré dessus. Qu’était-il devenu ? Où était le vaillant lancier de Lancehélion ? Où était le digne frère d’Elia Martell ? Où était la Vipère Rouge ? Où était Oberyn Martell ?
- J’ai dit que je ne voulais voir personne… Pourquoi personne n’écoute le prince de Dorne ?!!
Il était revenu de Bourg-Cabanes et avait bien senti une présence derrière lui jusqu’à ses appartements. Il était à peine rentré qu’il balança ses mots avec fermeté. Il ne daigna même pas se retourner pour voir de qui il s’agissait. Mais la personne ne semblait pas vouloir le laisser tranquille. Il se décida donc à lui faire face et ne s’attendait pas du tout à voir ce visage familier.
- Boadicée.
Il fallait espérer que ces deux-là ne reprennent pas leur affrontement de l’autre jour dans les couloirs du Palais Vieux, au risque de réveiller tout le monde et surtout d’énerver encore plus le prince Doran, quelque peu exaspéré par les états d’âme de son frère.
#C82605 : Oberyn Martell
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