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Don't shake me, I'm full of tears ☾ Maddy [solo]

Maddy
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Don't shake me, I'm full of tears ☾ Maddy [solo] Tumblr_opdwyoUF7H1vux4sjo3_400
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" Ne me secouez pas, je suis pleine de larmes "
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L a douleur avait débuté durant la nuit, elle pulsait inlassablement, dans son dos, dans son ventre, dans sa chaire. Elle arrivait par vague. D’abord de simple clapotis désagréable, ensuite des raz-de-marée implacables. Cette souffrance qui l’engloutissait toute entière, elle la reconnaissait que trop bien, c’étaient les prémices d’un accouchement. L’enfant allait naître. Mais Maddy ne voulait pas s’y résoudre. Alors elle avait commencé à marcher, pour la faire taire. Dans le château, puis lorsque son corps se contractait avec trop de violence, sur la plage. Elle traînait ses pieds œdématiés dans l’écume marine, avançant, retournant sur ses pas, tournant en rond, jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. L’insulaire avait tenu, elle avait lutté de toutes ses forces pour retarder l’inévitable, se persuadant même qu’elle pouvait y arriver, mais son corps n’obéissait plus. Lui aussi reconnaissait cette douleur aiguë qui mordait férocement sa chaire. Aucune volonté, aussi forte soit-elle, ne pouvait gagner contre un organisme en éveil. Avec une difficulté risible, elle dénoua le nœud de sa grande cape qui s’échoua sur le sable humide, et avança lentement dans les bras du roi Merling. L’eau était glacée, mais elle réprima avec opiniâtreté les frissons qui envahissait sa peau, car une seule chose importait réellement, arrêter le processus. L’enfant devait rester en sécurité. C'était son seul objectif et pourtant, toute ses actions avait produit l'inverse.

Submergée jusqu’au buste, elle caressait délicatement ce ventre durci par l’enfantement et constata encore une fois qu’il avait perdu de sa superbe. Il avait arrêté de prendre l’ampleur au retour des survivants, et avait quelque peu diminué depuis. Refusant de mettre au monde l’enfant, elle refoulait les vagues de douleurs qui déferlaient sur elle, ce qui semblait les rendre plus puissantes, plus impitoyables. « Est-ce que tu m’entends ? », murmura-t-elle, dans l’espoir que cela puisse être vrai, « il est encore trop tôt ». Maddy n’était pas prête. Elle pouvait mourir. Cette fille en devenir pouvait mourir. Elles pouvaient être toutes les deux terrassées par cet accouchement. Une perte que la sorcière ne pourrait pas tolérer. Pas encore. Pas cette fois. Elle voulait gagner du temps. « Un jour, je te dirais... », l'insulaire serrait les dents devant cette nouvelle intensité déchirante, « qui était ton père ». La douleur, toujours cette souffrance indescriptible qui la consumait de l’intérieur. Pour la première fois, au milieu de la nuit, elle se mit à crier. Un râle animal qui vibrait en elle. Elle hurlait à s’en brûler ses poumons. Elle jurait de bon cœur et hurlait encore, et encore. Elle agonisait dans le vacarme que ses cordes vocales produisaient. « Reste », supplia-t-elle, la voix encore rauque par son dernier gémissement, « je t’en supplie ». Dans cette détresse, les larmes se mirent à couler sur ses joues déjà humides, elles coulaient dans un rythme effréné, entre la panique et la souffrance. « Reste avec m… », la nouvelle slave lui coupa le souffle, son cœur battait à rompre les os de sa poitrine. Une nouvelle contraction, plus forte, plus violente venait de tuer tous ses espoirs, sa poche des eaux venaient de se rompre. Dorénavant, plus rien ne pourrait empêcher l’enfant de naître.

Avec difficulté, elle se mit sur les genoux. Suffisamment stable, elle enfonça, avec une grande hésitation, ses doigts en elle. La tête était là. Maddy le savait, cet accouchement était inéluctable. Pourtant, elle ne voulait pas appeler de l’aide, car elle refusait que le mestre la touche, que quiconque pose ses mains sur elle. Sur cet enfant. Depuis des lunes, elle refusait qu’on l’approche de trop près, l’odeur des autres lui donnait la nausée, comme si ses narines ne voulaient que lui. Elle évitait qu’on touche sa peau blanchâtre, car elle ne voulait pas sentir d’autres peaux contre la sienne.

L’insulaire avait fermé les yeux, se concentrant, respirant lentement. Elle sentait ses parties intimes s’écarteler à chaque contradiction, une douleur si intense, si vive, qu’elle n’arrivait plus à respirer, à penser. Elle voulait simplement que tout ceci cesse, qu’elle ne soit plus qu’un corps meurtri, déformé, déchiré. Maddy avait envie de vomir, mais elle tenait bon. C’était sa volonté qui la faisait tenir, une volonté nourrit par la puissance du désespoir. Dès qu’un spasme arrivait, elle poussait de toutes ses forces, elle poussait à en perdre la raison. Elle avait l’impression de tomber en morceau, contraction après contraction, elle s’émiettait un peu plus dans l’océan. Ses crampes étaient si intenses, si rapprochées, qu’elle n’avait aucun temps pour reprendre son souffle. Mais elle résistait. À chaque poussée, elle l’imaginait lui. Dans ses éclats d’agonies, elle entendait son rire, elle voyait son visage se dessiner sous ses paupières. Il était là, à chaque fois qu’elle manquait de s’évanouir, elle l’imaginait à ses côtés. Lui tenant la main. Finalement, Maddy ne savait plus très bien pour quelle raison elle hurlait, la douleur, son chagrin, un peu de tout ça à la fois, mais cela avait un effet cathartique. Libérateur. Tout se confondait dans son esprit, mais à cet instant précis, elle n’était plus qu’un cri strident, déchirant.  

Ses mains sentirent la tête sortir de son col, un nez, une bouche, pas de cordon autour du cou. Elle y était presque. Une ultime contraction et la délivrance, l’insulaire attrapa le corps frêle de son enfant. Une fille, son instinct avait eu raison. Alors que l'aurore peignait le ciel en rouge, l’insulaire avait remis au monde une petite fille, mais ce n’était pas la joie qui étincelait dans son regard, mais la panique. Cet enfant tant espéré ne respirait toujours pas. « Respire », il n’y avait plus aucun son autour d’elle, Maddy devenait sourde aux appels de l’océan, aux vents qui sifflait dans ses oreilles, « par pitié », sa voix se brisait par le poids de son angoisse. D’un geste hésitant, effrayé, elle posa le buste de son enfant contre le sien, elle sentait sa petite tête contre son coup, mais toujours pas de souffle. Machinalement, elle tapota son dos, de plus en plus fort, elle psalmodiait des « respires » à en perdre le souffle. Le silence. Un silence qui fut déchiré par le cri strident d’un nourrisson, un appel à la vie.




My everything
" I am nothing, I know it, but I compose my nothing with a little piece of everything. I am a patchwork of an entire world. "
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" Ne me secouez pas, je suis pleine de larmes "
Lune 304, lune 7




L a jeune mère se hissait avec une difficulté grandissante, sa robe, les vagues déferlantes, l’épuisement, l’enfant, la douleur… Maddy se demandait si c’était cela, mourir. S’il avait ressenti lui aussi ce déchirement, ce corps expulsé une vie dans un souffle entrecoupé, la sienne. Elle allait avoir besoin d’aide, à présent elle le comprenait. Assise sur le sable, elle n’avait plus aucune force, aucune énergie pour commander à ses jambes de se lever. Pourtant, elle n’était pas inquiète, malgré le sang qui coulait sur ses cuisses ouvertes, malgré sa solitude apparente sur la plage, non, Maddy souriait. Elle caressa le front de son enfant et la frictionna doucement pour qu’elle n’est pas froid. Le soleil avait apparu en même temps que cette petite fille, il lui réchauffait lentement sa peau et illuminait le visage épuisé de Maddy. Elle n’aurait su dire combien de temps elle était restée sur ce sable, dans l’impossibilité de se lever. Son corps avait encore quelques soubresauts. Avec des gestes mal assurés, elle noua fermement le cordon ombilical avec un bout de tissu qu’elle avait déchiré plus tôt. Elle l’avait recommencé plusieurs fois avant d’être suffisamment satisfaite et avec un coquillage, elle trancha d’un coup sec le dernier lien physique qui la reliait à son enfant. Maddy connaissait l’importance de cet acte, mais cela provoqua en elle un véritable déchirement. Dans sa chaire, elle était protégée du chaos qui régnait dans Westeros, elle était mise à l’abri de tout danger. À présent, elle avait l’impression d’être vide à l’intérieur, alors que ses bras étaient remplis d’un petit être qui braillait de toutes ses forces dans une cape humide.

« J’étais perdu », articulait avec lenteur, plongeant son regard dans le vaste océan, « mais je ne le suis plus ». Elle avait senti en elle cet appel, cette voix qui prenait la forme d’un hurlement enfantin, un appel à la vie. Elle avait assez pleuré sa disparition, elle avait assez déambulé comme une ombre, délaissée son sourire réconfortant pour un visage impassible. Cet accouchement, c’était comme une deuxième naissance, ou plutôt, une délivrance. Pour la première fois depuis très longtemps, elle avait l’impression d’être heureuse, d’avoir de nouvelles envies. Elle aurait souhaité qu’elle vienne au monde sur son île. Elle aurait souhaité qu’elle naisse avec la bénédiction de ses sorcières. Elle aurait souhaité qu’il soit là. Mais aucune de ses demandes n’avaient été accordée. Et il était temps d’avancer.

Au loin, elle vit une silhouette, marchant, puis courant vers elle. Derrière lui se dessinait une autre personne, plus petite, plus lente, et son cœur se mit à battre plus vite, car si ses yeux n’arrivaient pas encore à discerner un visage, son instinct lui hurlait les noms de ses futurs visiteurs. Sam Stone. Rosenn. Caressant du bout des doigts le front de l’enfant, elle lui chuchota à l’oreille : « tout va bien. Nous irons tous bien à présent, on ne sera pas toujours en sécurité, tu vas connaître beaucoup d’heures sombres, mais tout ira bien, car nous serions ensemble, Rosenn, toi et moi. Toutes les trois nous allons former qu’une seule vague et on va survivre. Ensemble ». Le nourrisson encore tout rose émit un gémissement, comme si elle avait compris, qu’elle ressentait la même chose, c’est du moins ce qu’elle crut comprendre. Sa fille s’écroula à ses côtés, le visage rougit par l’effort, la respiration haletante, « ma petit sorcière, je te présente ta sœur, Ysaline ». Le visage réjouit de Rosenn fit émerger son envie de jouer dans le sable, de la prendre dans ses bras pour aller nager dans l’océan. La fillette ne pouvait s’empêcher de caresser sa petite tête, de lui toucher son visage potelé. Elle l’accueillait avec cette insouciance d’enfant, contrairement à son père, qui lui était en colère. Le visage fermé, le vieux soldat maugréait dans sa barbe, la traitant comme une enfant. Mais peu lui importait, sa fille n’était pas née sur son île, mais elle était née dans l’océan. Et elle l’avait fait seule.

La portant à bout de bras, Sam Stone la sermonna sur toute la route du retour, mais Maddy n’entendait que l’écho de sa voix. Elle était épuisée et se laissait bercer dans les creux aimants de son père. Et en eux, elle ressentait ceux d’un père absent, mais cela ne l’attristait pas. Dans ce demi-sommeil, elle se sentait en sécurité, réconfortée et depuis longtemps, trop longtemps, elle s’endormit sans aucune appréhension.




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