De l'art de la fête. [Avec Naerys Des Essaims]

Les yeux pétillants, Shôren ne pouvait s’empêcher d’observer toute cette magnificence qui s’offrait à elle. Si le tournoi de Lestival, ainsi que les chevaliers qui y participaient, ne pouvaient que l’impressionner, fort était de constater que les fêtes qui entouraient un tel évènement n’avaient rien à leur envier ! Déjà, la musique s’élevait, choisie avec un soin tout particulier à n’en pas douter. Finies les lances et les épées ! C’était au tour des musiciens et des chanteurs de livrer leur propre combat afin de se faire entendre. De se faire remarquer. A cela s’ajoutaient des fumets alléchants, en provenance des tables qui avaient été dressées à l’occasion. Pas de doute, ici aussi on avait mis les petits plats dans les grands.


Et que dire de tout ce beau monde ? Si Shôren avait déjà pu les observer en d’autres circonstances, fort était de constater que leurs atours étaient plus remarquables encore en cette occasion ! Ne craignant pas la poussière, la terre battue ou la boue, dames et demoiselles avaient revêtues leurs plus belles toilettes. La plupart paradait au bras d’hommes tous aussi bien nés, qu semblaient, pour un temps, oublier la rudesse du tournoi et des épreuves qu’il était possible d’y trouver. Il lui faudrait remercier à nouveau Père d’avoir accepté qu’elle puisse l’accompagner ! Pour la première fois de son existence, Accalmie ne pouvait lui manquer.


Et pourtant, il y avait comme une légère ombre au tableau. Tout était si beau ici. Si doux également. Si la jeune fille avait fait en sorte de se montrer sous son meilleur jour elle aussi, elle ne pouvait s’empêcher de songer qu’elle dénotait dans ce monde. Un monde qui était pourtant le sien. Qui devrait être le sien. Sans même s’en apercevoir, Shôren porta sa main sa nuque, frôlant la grisécaille qui y débutait. Le contact de sa paume sur la chair durcie la dégoûta en quelques secondes à peine. Malgré l’allégresse qu’elle ressentait, le Faon d’Accalmie ne pouvait s’empêcher de songer que ce serait cela qu’on remarquerait en premier chez elle. Cela et rien que cela, avant même qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche.


Adressant un regard aux personnes qu’elle avait accompagné, la jeune fille finit par esquisser un sourire, ôtant sa main de son cou. Faire honneur à père. Faire honneur aux Baratheon, à leur nouvelle foi. Il fallait qu’elle se montre à la hauteur. Elle ne pouvait pas se cacher. En avait-elle réellement l’envie, qui plus est ? Grand Dieu, non ! La jeune fille en avait déjà bien trop fait pour reculer. Elle aussi voulait profiter de la fête. Peut-être même y retrouverait-elle quelques mines connues, qui plus est ? C’est avec cette pensée à l’esprit que le Faon d’Accalmie demanda l’autorisation de s’éloigner un peu. Si sa demande fut écoutée, même acceptée, ce ne fut qu’à une condition : celle de ne point trop s’éloigner. Trop heureuse de pouvoir agir à sa guise, Shôren avait alors vivement acquiescer avant de se glisser dans la foule amassée.


S’arrêtant non loin de la piste de danse, Shôren y observa les couples qui s’étaient naturellement formés. Si la jeune fille n’avait jamais eu l’âme d’une danseuse, et n’excellait donc pas dans une telle discipline, l’idée de rejoindre les autres invités n’avait pu que lui traverser l’esprit. Elle était cependant, bien malgré elle, cantonnée au rang d’observatrice. Fort heureusement, le spectacle était des plus attrayants !


« En voilà de bons danseurs. remarqua Shôren, à voix haute. Nous pourrions presque les croire dotés d’ailes, ne trouvez-vous pas ? » poursuivit la jeune fille, amusée.


La musique qui avait inondé la pièce participait à cette impression d’irréel. Le regard de la Baratheon dévia cependant sur la personne qui se trouvait à ses côtés. Sans doute l’avait-elle entendue. Shôren la devinait un peu plus jeune qu’elle. Ce ne fut cependant pas cela qui frappa la jeune fille. L’inconnue était dotée de traits d’une finesse certaine, alliant à cela cette chevelure bien particulière qu’elle ne connaissait que chez les Valyriens et leurs descendants.


« J’en oublie toutes les politesses habituelles. remarqua la jeune fille, tout sourire. Mettons cela sur le compte de la fête, voulez-vous ? Shôren inclina doucement la tête. Permettez-moi de me présenter, ma Dame. Lady Shôren Baratheon, d’Accalmie. Le Faon s’était tut quelques instants. Puis-je vous demander à qui ai-je l’honneur ? »


Cette inconnue l’intriguait, la jeune fille ne pouvait pas le nier. Il ne lui semblait pas l’avoir rencontrée auparavant. De cela, Shôren en avait la certitude. D’un autre côté, il fallait avouer que le tournoi de Lestival avait permis à bien des régions de se rencontrer. A cet instant, la seule chose dont était sûre la Baratheon était le fait que l’inconnue ne venait pas des terres de sa famille. Si tel était le cas, ses traits n’auraient pas manqué de lui être familiers. Peut-être venait-elle des Terres de la Couronne ?

Lestival regroupait des familles venant des quatre coins de Westeros. Naerys n’avait jamais assisté à un tel rassemblement. L’excitation l’avait rapidement gagné et elle ne tenait plus en place au grand damn de ses parents. Plusieurs fois déjà elle avait réussi à échapper à leur vigilence, mais c'était sans compter son oncle qui la rattraper bien souvent. Les yeux de la jeune des Essaims pétillaient de joie et de curiosité. Elle restait en compagnie de visages connues, afin qu'elle ne s'échappe pas, pour découvrir les subtilités de l’évènement et s’émerveillait devant tout et rien.

Le petit groupe qui était à ses côtés se groupèrent autour de la piste de danse, certains allèrent faire quelques pas. Naerys resta de côté, plus à l’aise à l’idée de regarder que de danser, bien qu’elle ne soit pas mauvaise dans l’exercice. Un léger sourire flottait sur son visage tandis que ses yeux observaient les danseurs qui se mouvaient avec grâce à légèreté.  Quelqu’un se mit à ses côtés, et la jeune fille n’y prêta pas attention de suite. Il y avait tellement de monde qu’il était impossible de prêter attention à tout le monde. Une petite voix féminine engagea la conversation avec elle. Alors, la jeune des Essaims se tourna pour voir à qui elle avait à faire. C’était une jeune adolescente, à peine plus âgé qu'elle, aux regards clairs et aux cheveux sombres. Mais elle fut incapable de dire de qui il s’agissait. Avec sourire, la blonde acquiesça.
« Oui, vous avez raison. » répondit-elle d’une voix enjoué.

La conversation était engagée et la plus âgé continua et se présenta, s’excusant de ne pas être présenter avant. Quand elle déclina son identité, le cœur de Naerys rata un battement. Elle avait face à elle, la fille du suzerain des Terres de l’Orage. Malgré son caractère affirmé, la jeune abeille se trouvait presque intimidé. Elle fit une légère révérence avec la place qu’elle avait à côté d’elle.
« Lady Naerys, de la maison des Essaims » se présenta-t-elle à son tour

Son nom et sa chevelure n'allait pas spécialement ensemble, elle le savait. Cela surprendrait probablement son interlocutrice. Les cheveux argentés qu'elle arborait était réservée aux familles valyriennes dont était issu sa mère. Les Sept avaient décidé d'accorder à la fille aîné de Lewyn des Essaims, les traits valyriens de sa génitrice.
« C’est un honneur de faire votre connaissance, lady Shôren. »

Elle ne connaissait pas beaucoup la maison Baratheon, uniquement le nom des membres de cette famille. Leur histoire lui était un peu inconnu. Si Naerys n’était pas idiote, son éducation n’était pas parfaite. Sa mère s'occupait de plusieurs enfants et son père avait d’autres préoccupation que de s’occuper de ce genre de détails. Elle avait pu compter sur ses oncles, sa grand mère et son arrière grand mère pour cela. Mais même eux, n’avait pas toutes les connaissances que pouvait possédé certains nobles.

La musique se calma, laissant place à une salve d’applaudissement part ceux qui observait. Naerys participa avant de reporter son attention sur la jeune faon qui l’accompagnait tandis que la musique reprenait que de nouveaux couples se formaient.
« Vous aimez la danse ? »  demanda-t-elle pour relancer la conversation.

La jeune fille semblait aussi enjouée qu’elle pouvait l’être ! Le timbre de sa voix était jovial, perçant sans mal le brouhaha qui les entourait. Ses traits affichaient une jeunesse semblable à la sienne. Peut-être était-ce son premier tournoi ? Voire les premières festivités aussi fastueuses auxquelles elle assistait ? Cela leur ferait un point commun à n’en pas douter ! A dire vrai, plus le temps passait et plus Shôren craignait de trouver bien fades les prochaines compétitions et réjouissances auxquels elle devrait assister. Tout était si resplendissant, ici ! Que cela soit les personnes présentes ou le décor… Il y avait de quoi en perdre la tête !


Shôren n’osa engager la conversation davantage, laissant traîner son regard sur ces couples qui dansaient avec tant d’élégance et de justesse. Elle savait danser. Du moins, on avait essayé de lui apprendre. Le résultat n’avait pas forcément été des plus concluants, bien que la jeune fille appréciait cette activité. Elle se souvenait d’avoir esquissé quelques pas de danse au cours du mariage de son oncle Renly. C’était là tout pour ce qui était de ses performances en public. C’est alors qu’un bruissements de tissus se fit entendre. Le Faon d’Accalmie tourna légèrement la tête sur le côté.


Naerys venait de s’incliner, exécutant une légère révérence à son attention. Shôren accueillit ce geste en inclinant la tête à son tour, un sourire bienveillant aux lèvres. Une Des Essaims, voilà qui expliquait pourquoi l’inconnue ne lui disait rien, bien que sa propre mère soit originaire du Bief. Il fallait dire que la jeune fille n’avait encore jamais quitté les Terres de l’Orage. A dire vrai, elle voyageait davantage par le biais des personnes qui venaient à Accalmie pour demander audience auprès de son père, que par elle-même.


« Le plaisir de la rencontre est partagé, Lady Naerys. assura Shôren, sans la moindre trace d’animosité dans la voix. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans les Terres de l’Orage après le long voyage qui a du être le vôtre, bien que ce lieu soit avant tout la demeure de nos souverains.


Si Lestival en lui-même, et les terres qui lui étaient rattachées, appartenaient à la famille royale, il n’en restait pas moins sur les terres de sa famille. Pour le reste… La jeune fille espérait ne pas faire erreur quant à l’endroit d’où venait l’autre jeune fille. Mielbois se trouvait non loin de Villevieille, si elle se souvenait parfaitement de la carte affichée dans le bureau de leur Mestre. Le voyage avait du durer plusieurs semaines au bas mot. Le Faon d’Accalmie fut cependant tirée de ses pensées alors que des applaudissements résonnaient. Naturellement, la jeune fille se joignit aux autres invités, frappant dans ses mains vivement.


Les applaudissements se turent finalement. Certaines personnes quittèrent la piste de danse, étant rapidement remplacées par d’autres. Bientôt, une nouvelle mélodie s’éleva dans la pièce, plus vive dans la précédente. Cela promettait un beau spectacle, à n’en pas douter ! Durant quelques instants, Shôren suivit avec attention les nouveaux duos et couples de danseurs qui évoluaient devant elles. Lorsque Lady Naerys s’adressa à elle, la jeune Baratheon tourna légèrement la tête, pour mieux entendre sa voix malgré la musique.


« Hélas, je crains de ne pas être la meilleure des danseuses. répondit Shôren, avec un sourire. Je ne fais que rarement partie des premières nobles dames et demoiselles qui se retrouvent invitées pour une telle activité. Le Faon s’était tut quelques instants. J’en ai cependant pris mon parti et je sais apprécier un spectacle de qualité lorsque j’en vois un. Qui plus est, il s’agit du premier tournoi auquel je suis conviée, ce qui fait que mes occasions de danser sont quelque peu limitées. Peut-être est-ce votre cas également ? »


Tout comme elle, Naerys s’était naturellement placée sur le côté de la piste de danse. Au vu de la finesse de ses traits, et de leur rareté plus souvent assimilée à la famille royale qu’au reste de la noblesse, Shôren ne doutait pas que plus d’une personne aurait voulu lui offrir une danse. Du moins, si telle avait été son envie. Peut-être préférait-elle la musique, en ce cas ? Il était vrai qu’on ne l’entendait pas mieux qu’ici, pour des raisons évidentes.

Le voyage à travers le Bief et les Terres de l’Orage avaient été long, certains jours Naerys avait réussi à négocier avec son père ou son oncle de voyager à cheval et non dans le véhicule réservé au dame de noble naissance. Bien qu’elle n’ait rien contre ses aînés et ses sœurs, la jeune fille préférait respirer l’air frais et être à dos de cheval, elle se sentait plus libre, plus vivante. Mais ce genre de journée la fatiguait également, du haut de ses presque onze années, la petite abeille passait souvent les lendemains à dormir sur les genoux de sa mère ou de sa grand-mère pour récupérer. Cependant, elle avait apprécié le fait de voyager, voire de nouveau paysage différent de ceux qu’elle pouvait voir à Mielbois. Les terres orageoises la dépaysaient et sa curiosité était stimulée à chaque instant.

La jeune faon lui souhaita la bienvenue sur les terres de son père, bien que Lestival soit une enclave royale comme elle le souligna très justement. Naerys s’était un peu renseigné sur le palais des Targaryen avant leur départ. Elle avait été passionnée par l’histoire de ce lieu, ce qu’il représentait et comment la famille royale l’avait détruit. Finalement, ce lieu plein d’histoire restait cher au cœur du Roi qui avait entreprit des travaux de rénovation, permettant de loger les familles les plus prestigieuse à l’intérieur du palais, les autres dormaient dans des tentes aménager tout autour. Naerys était heureuse de pouvoir visiter ce lieu de ses propres yeux, elle pouvait mettre une image à ce qu’elle avait lu et pouvait corriger son imagination lors de sa lecture.
« Je vous remercie. » répondit-elle d’un léger sourire amical

La danse se termina, et les danseurs changèrent certains quittèrent la piste, d’autres entrèrent. La musique reprit plus entraînante, faisant davantage monter l’ambiance au sein de la pièce. Shoren lui confia qu’elle n’était pas une très bonne danseuse et préférait regarder le spectacle qui se mouvait sous ses yeux plutôt que d’y prendre part. C’était également le premier tournoi auxquelles elle participait. L’esprit de Naerys fusait dans tous les sens, elle avait presque envie d’inviter la fille de Stannis Baratheon sur la piste de danse pour qu’elle puisse aussi participer. Ce n’était en aucun cas conventionnelle, et elle voyait déjà ses parents s’offusquaient d’une telle démarche. Pour le moment, elle mit cette idée dans un coin de sa tête, répondant sagement à l’interrogation de la jeune fille.
« Ce n’est pas le premier, j’ai suivi mes parents lors de plusieurs évènements et ceux depuis mon plus jeune âge. Mais à part danser avec mon père ou mon oncle, personne ne fait danser une enfant. » finit-elle par dire en rigolant. « Et je pense qu’il en sera de même pour ce tournoi ci. Sauf… »

Finalement l’idée ne resta pas longtemps de côté.
« Sauf si je décide de casser les codes et invité moi-même quelqu’un à danser. Qui en voudrait à une enfant ? »

Les yeux de Naerys pétillaient et elle rayonnait. Elle était stimulée par tous les évènements et son énergie ne semblait connaître aucune limite. La jeune Baratheon allait-elle comprendre son sous-entendu ?

Le faon d’Accalmie sortait de sa forteresse pour la première fois, c’était bien triste au yeux de Naerys. Elle n’avait pas pu découvrir la richesse du monde extérieur. Le tournoi organisé par la famille royale était donc le premier évènement auquel elle participait. Et visiblement, cela lui plaisait car elle voulait réitérer l’expérience et visiter d’autres lieux, voir d’autres têtes, découvrir les voyages. La jeune abeille ne pouvait être que d’accord avec l’envie de Shôren, elle serait bien triste de ne plus pouvoir voyager et suivre ses parents hors de Mielbois.
« Vous avez bien raison, le monde extérieur est si vaste et il y a tant de chose à découvrir. Vous verrez, je suis sûre que vous allez adorer voyager ! »

Après, il était vrai que les bals n’étaient pas spécialement très amusant, les enfants étaient souvent mis de côté et si elle ne trouvait personne de son âge la soirée pouvait parfois s’annoncer très longue. Mais dans l’ensemble, Naerys avait toujours apprécié chaque sortie qu’elle avait faite en dehors de Mielbois. Elle acquiéça donc légèrement à la remarque de la Baratheon sûr le fait d’apprécié d’être encore que des enfants.

La proposition de la jeune bieffoise sembla mettre mal à l’aise l’orageoise. Quelques couleurs prirent place sur le visage de son interlocutrice qui baissa même la tête vers ses pieds. Durant un court instant, Naerys se mordit l’intérieur de la joue réalisant qu’elle avait peut-être fait une bêtise. Mais elle balaya cette crainte bien vite face à la réponse de Shôren. Un large sourire envahit le visage rond et enfantin de la jeune fille. Elle se retint de trépigner sûr place de joie.
« Ne vous en faites pas pour mes pieds, j’ai l’habitude avec les chevaux, je ne crains plus vraiment. » la rassura-t-elle en rigolant.

Elle saisit la main de sa comparse et l’entraîna vers la piste, se mêlant aux danseurs qui s’écartèrent pour les laisser passer et prendre place. Si Shôren n’était pas très à l’aise, la bieffoise se défendait. Elle fautait sûr quelques pas de part son jeune âge mais elle le faisait avec délicatesse et élégance. Ses cheveux tressautaient et tournoyaient autour de son visage et dans son dos. L’une brune comme la nuit, l’autre blonde comme la lune. Un duo qui ne passait pas inaperçu mais personne n’osa rien dire face aux sourires des deux jeunes filles qui s’amusaient et qui au final n’offensait personne et ne faisait de mal à personne. A un moment Naerys croisa même le regard de son oncle qui était amusé par la situation et la regardait d’un œil bienveillant. Elle ignorait ce que ses parents pensaient mais elle ne s’en préoccupait pas, comme elle ne se préoccupait absolument pas de savoir si Stannis Baratheon appréciait de voir sa fille danser avec une jeune bieffoise au milieu des autres nobles.

Le sourire de Naerys était sincère et ne disparaissait plus. Elle avait trouvé une amie pour la soirée, et ne s’ennuierait pas comme les soirs précédents à devoir rester sage à côté de ses parents ou de son oncle. La jeune faon ne connaissait pas le monde extérieur, considérant même avoir du retard au vu de ce qu’avait déjà pu expérimenter la bieffoise. Mais elle était sur que l’orageoise avait des savoirs qu’elle n’avait pas, elle était légèrement plus âgé qu’elle alors elle devait avoir de connaissance supérieur à la jeune abeille. Elle avait au final deux modes de vie différentes, mais venaient également de deux régions différentes. Tous les poussaient à ne pas se ressembler.
« Oh ne vous inquiétez pas, vous avez le temps de découvrir tout ça ! Comme direz mon arrière-grand-mère, nous sommes jeunes et nous avons la vie devant nous. »

La vieille dame de Mielbois était pleine de sagesse tout en restant ferme avec les jeunes générations. Naerys était très proche d’elle, bien plus que de sa grand-mère.

La jeune fille entraîna sa comparse sur la piste de danse et Shôren s’intéressa au côté cavalière de la bieffoise mais la musique débuta coupant court la réponse de celle aux cheveux argentés. Elles étaient deux enfants s’amusant, dansant entre les adultes présents. Et quand la musique se tut, le sourire sur le visage de la Baratheon valait bien plus que n’importe quelle discussion plaisante. Elles s’éloignèrent légèrement et l’orageoise ne fit que compliment sur la qualité de danseuse de Naerys qui eut une légère moue gênée. Elle ne se considérait pas comme une bonne danseuse, ces petites sœurs présentaient des qualités bien plus développer pour cet art qu’elle.

Shôren lui proposa d’aller chercher à boire et de se joindre à elle, chose que Naerys accepta avec grand plaisir. Elle voulait continuer de passer un bon moment avec quelqu’un de son âge loin de la surveillance de ses parents.
« Avec plaisir ! »

Elle emboita le pas de Shôren avant de répondre à la question qu’elle avait posée avant la danse.
« Merci pour vos compliments mais je ne suis pas une très très bonne danseuse, je suis meilleure cavalière que danseuse. J’ai juste appris à ne pas écraser les pieds de mes partenaires à force de recevoir des leçons de danse toutes les semaines. Mais vous vous débrouillez très bien également ! »

La petite abeille recala une mèche argentée derrière son oreille qui venait de s’échapper avec tous les mouvements faits durant la danse.
« Que voulez-vous savoir sur le Bief ou les chevaux ? Je pourrais parler pendant des heures de ce genre de chose. »

Tout ! Shôren voulait absolument tout savoir ! Le Bief, la danse, les chevaux… absolument tout ! Elle avait remisé sa timidité au plus profond d’elle-même… ou plutôt ce mal-être s’était retrouvé enseveli, submergé par une humeur des plus solaires. A cet instant, la jeune fille avait l’impression que rien de néfaste ne pourrait lui arriver. Qu’elle était à sa juste place. Non pas celle d’une fille de seigneur, ancienne héritière qui plus est, mais celle d’une jeune fille prête à profiter de tous les amusements qu’une personne de son âge pouvait apprécier. Il n’était plus question d’un temps perdu à rattraper mais du fait de profiter de l’instant présent. De cet évènement qui ne connaissait nul autre pareil dans sa toute jeune mémoire.


« Vous… Vous vivez avec votre arrière-grand-mère ? La surprise de Shôren était des plus réelles, elle qui reprenait ses esprits une fois la piste de danse laissée derrière elles. Je crains devoir rendre les armes, en ce cas ! La jeune fille se laissa aller à un rire. Une femme de sa qualité a du voir bien des choses, plus que la majorité des personnes dans cette pièce. Aussi, je me fie à son jugement. Mieux, j’espère voir autant de choses qu’elle et de pouvoir vivre une vie tout aussi remplie. »


Shôren avant sentit comme une petite pointe au niveau de son cœur. Sa famille était bien maigre, en comparaison. Un père, une mère dont elle n’avait que quelques souvenirs parmi les plus ténus, un oncle et une tante qui avaient fait parlé d’eux durant ce tournoi… Et bien sûr, Lady Randa et le petit Orys qu’elle aimait plus que tout ! Mais rien au-delà. Son oncle le plus âgé avait été relégué parmi les perdants de l’Histoire et quant à ses grands-parents… Même son oncle Renly ne pouvait pas se targuer de les avoir connu. Alors voir au-delà ? Rhaelle Targaryen était son arrière-grand-mère. Et à dire vrai, à cet instant, Shôren aurait aimé la connaître tout comme Naerys pouvait chérir son aïeule.


La pointe disparu cependant d’entre ses côtes. Elle demanderait à leur Mestre si elle pouvait consulter quelques livres à ce sujet. Il s’agissait-là du seul moyen pour le Faon de se rapprocher de cette vaste famille dont il ne restait plus que quelques représentants aujourd’hui. Cette recherche qui s’annonçait lui mettait suffisamment de baume au cœur pour qu’elle puisse penser à autre chose. Et puis, il y avait la musique, la danse, tout ces gens… La tristesse n’aurait pas sa place dans son cœur aujourd’hui, elle s’y refusait fermement ! Et puis Lady Naerys acceptait de passer encore un peu de temps en sa compagnie ! Elle ne pouvait pas rêver mieux à cet instant !


« Vous allez me faire rougir. répliqua Shôren, amusée. J’avoue ne pas avoir votre patience. La danse n’était pas l’une des priorités de ma famille. La couture non plus, bien que je ne sois pas mauvaise à ce niveau. Mon père a toujours préféré les savoirs utiles, plus encore à l’époque où j’étais fille unique. L’air de la jeune fille se fit espiègle. Mais j’espère bien le convaincre un jour de danser avec moi ! »


Lorsqu’elle était fille unique. Lorsqu’elle était héritière. C’était un peu la même chose, au fond. Shôren ne regrettait pas ce changement de statut. Au fond d’elle-même, elle avait toujours su que sa place était ailleurs. Qu’elle serait connue autrement qu’en tant que Dame d’Accalmie. Qui plus est, Orys n’était qu’un bébé. Peut-être était-ce là son rôle, l’aider, tout simplement. Ou autre chose encore. Neina lui disait souvent que les flammes étaient mouvantes à un point tel qu’il était parfois difficile d’y discerner précisément une scène. En son for intérieur, Shôren en avait déduit que le destin n’était peut-être pas aussi tracé qu’il n’y paraissait et qu’il s’agissait sans doute de toute une enfilade de sentiers et de croisements qu’il fallait décider, ou non, de suivre.

« Si tel est le cas, je crains que nous n’ayons pas assez de la soirée pour aborder tout cela. Le Faon d’Accalmie en était à la fois amusée et déçue. Pourquoi ne pas commencer par me dire à quoi ressemble Mielbois ? Vous pourrez allier le deux sujets, de la sorte et m’en dresser un joli tableau ! »


En Westeros, Accalmie était une forteresse pour le moins connue. Même les personnes qui n’avaient jamais posé leur regard sur sa demeure semblaient avoir une vague idée de ce à quoi elle pouvait bien ressembler. Ils se trompaient, la plupart du temps. Le lieu était toujours enténébré, enclavé entre la baie toute proche, les champs et les forêts. C’était cela qui lui donnait son charme. En tout cas, la jeune fille n’avait jamais entendu parler de Mielbois, si ce n’est le nom de sa fondatrice Ellyn Tout-Sucre.

Shôren sembla surprise quand la petite abeille argentée parla de son arrière-grand-mère. Naerys acquiesça avec un grand sourire. Elle adorait la vieille dame, elle était même plus proche d’elle et de sa grand-mère. Elle trouvait Alla plus avenante et douce que Jocelyn mais c’était peut-être que la doyenne de Mielbois n’avait plus à tenir le rôle de dame du seigneur depuis le décès de son époux. Son fils avait une épouse et des enfants pour l’aider dans cette tâche permettant à la née Appleton de profiter de ses petits enfants et arrières petits enfants sans devoir quelconque envers sa famille. La rendant moins stricte que Jocelyn qui elle devait gérer la maisonnée.
« C’est peut-être l’avantage d’être au sein de la petite noblesse qui me permet de ne pas avoir les mêmes attentes sur mon éducation ? » réagit doucement Naerys. « Je ne doute pas qu’un jour vous réussirez à le faire danser. »

Si dans un évènement comme ça, il était plus difficile de faire danser les hommes et les femmes le plus austère, si un jour Shôren épousait quelqu’un, probablement qu’elle pourrait demander une danse à son père et se dernier ne pourrait pas lui refuser. Cela ne se faisait pas de refuser une danse à sa fille le jour de son mariage. Naerys n’en rêvait pas mais elle savait que beaucoup de jeune fille de son âge rêvait d’épouser un preux et valeureux chevalier. Elle ignorait si c’était le désir de l’orageoise, elle préférait ne faire aucune spéculation à ce sujet de manière orale.

Naerys haussa les épaules avec une moue signifiant qu’elle n’en avait que faire si elle devait passer toute la soirée avec le petit faon d’Accalmie. Les adultes viendraient probablement les séparer à la fin mais au moins elles ne s’ennuieraient pas chacune dans leur coin. Et qui pourrait le leur reprocher ? Elles seraient sages, sociabilisant et de manière acceptable. La petite bieffoise était presque sûr que ses parents seraient même fiers de son comportement pour une fois.
« Et bien allons nous installer dans un endroit confortable pour discuter de cela. »

Mais avant cela, les deux jeunes filles attrapèrent des boissons. Naerys choisit une boisson sucrée à base de miel, lui rappelant sa maison. Bien évidemment elle était sans alcool, ses parents ne voulant pas qu’elle consomme se genre de boisson à son âge, et de toute manière, cela ne faisait pas spécialement envie à la petite abeille.

Les deux demoiselles se trouvèrent un petit coin tranquille pour se poser et discuter sans être déranger et gêné par le bruit des festivités qui battaient leur plein.
« Mielbois… C’est un château vraiment typiquement bieffois, très raffinée et élégant. Le château est plutôt grand mais pas très haut, deux étages et le dernier sous les toits pour les gens de notre maisonnée. Mais ce qui fait la beauté de ma maison ce sont ses jardins. Ils sont immenses et remplis de fleurs différentes pour les abeilles. Selon les années nos jardiniers changent les fleurs, du coup le jardin changent de couleur. Parfois nous avons des fleurs rouges, parfois des jaunes et bleus. Nous avons également une grande fontaine au centre avec une sculpture représentant des chevaux marins et leur cavalier. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs… je suis pas sur qu’il y ait une signification particulière… »

Naerys avait parlait vite, avec des yeux brillants et pétillants. Elle adorait sa maison.
Chateau de Waddesdon