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(même les petits)
Une correspondance plus longue que prévue... - ft. Melior
Sa Majesté des Oies
Villevieille, Bief. An 304, lune 2, semaine 4, jour 6.
Melior, mon aimée,
Comme promis, je vous écris alors que je viens d’arriver à Villevieille. Comme à mon habitude, j’ai sous-estimé le trajet et nous avons mis deux jours de plus que prévus. Que voulez-vous ? On ne me refait pas. Mais je suis bien arrivé chez les Hightower, accueillis par ma famille déjà présente, bien entendu. Le mariage se prépare et arrive à grand pas. Je regrette que vous ne puissiez pas être des nôtres mais je sais que vos pensées nous accompagnent.
Je profite d’un instant de calme, seul, dans l’appartement qui a été préparé pour moi, pour vous écrire, me tourner vers vous, coucher sur ce parchemin le fil de mes pensées qui vous ait destiné. Melior… je ne saurai dire à quel point vous me manquiez déjà lorsque je quittai Darkdell. Vous me manquez encore plus, maintenant que je suis arrivé. J’espère que vous vous portez bien et que nos charmantes petites furies ne vous épuisent pas trop.
Pour ma part, je vais bien. Le voyage n’a pas été trop pénible mais cela était bien différent que tous les voyages que nous avions pu faire ensemble. Mes sœurs vous saluent et Helicent vous remercie pour vos vœux. Elles vous souhaitent toutes deux, ainsi que ma chère et tendre maman, de bien vous porter dans le temps qu’il vous reste de grossesse. Elles vous ont toujours grandement apprécié et je sais bien à quel point c’est réciproque.
Je souhaiterai, si vous l’autorisez, que mestre Abelar m’écrive le moment venu. J’imagine que vous serez sans doute indisposé pour m’envoyer des lettres aux alentours de votre accouchement. Aussi, si notre cher mestre pouvait me tenir informer. Je ne serai, pour ma part, pas sans vous envoyer des lettres, comme promis.
J’espère vous revenir bientôt. Je vous aime, mon amour.
Puissent les Sept veiller pleinement sur vous et notre enfant à venir.
♛ by wiise
The White Wyvern
Darkdell, an 304, lune 3, semaine 2.
Mon cher époux,
Mon cœur se réjouit de vous savoir arrivé à destination, bien qu’il semblerait que vous ayez fait quelques détours. N’y voyez pas là une quelconque remontrance, mon cher, juste la marque de mon amusement ! Comme j’aurai aimé me trouver à vos côtés et en compagnie de vos sœurs. Assurez-les de mes meilleurs sentiments depuis Darkdell et du fait que ma grossesse se passe toujours pour le mieux. Je ne peux vous cacher que notre fils se fait plus discret ces derniers temps. Lui aussi doit prendre du repos avant son arrivée, je présume. Je n’ai pas oublié notre pari, mon bon Aladore. C’est un fils que vous rencontrerez, à votre retour. Nos filles se portent pour le mieux également. Je crains qu’elles ne vous assaillent de questions à votre retour, cependant. Comme bien des demoiselles, elles commencent à rêver de bals et de fêtes. Bertram se porte aussi pour le mieux, j’en ai la certitude. J’espère avoir de ses nouvelles le temps que cette missive vous parvienne.
Vous lire m’a fait le plus grand bien. Je vous en prie, profitez de ces réjouissances comme il se doit. Je m’en voudrai d’accaparer toutes vos pensées alors que votre famille vit là un fort heureux évènement. Promettez-moi de ne pas vous faire trop de mauvais sang. Si je devais vous brosser un portrait de Darkdell, vous pourriez vous rendre compte que rien n’a changé depuis votre départ. Nos gens restent les mêmes, des serviteurs aux cuisiniers. Rhea et Melessa partagent leurs journées entre les enseignements de Mestre Abelar et de leur Septa. Je les retrouve aussi fréquemment auprès de votre cerf. Si nous ne faisons pas attention, je crains qu’un jour, l’une de nos filles n’adopte un tigre ou une toute autre créature exotique comme vous le firent vous-même !
Quant à moi, je me dois d’assurer les responsabilités qui sont les miennes. N’ayez crainte cependant, ma mère et Lady Clara sont d’un grand secours à ce sujet. Dans les faits, peut-être trouverez-vous notre demeure changée à votre retour mais dans un sens plus bénéfique ? Je ne peux que prier pour cela. Puissent les champs fleurir à nouveau ou se couvrir d’or avant que d’autres tensions ou temps froids ne surviennent. Mais de cela, nous aurons le temps de nous en rendre compte ensemble de nos propres yeux à votre retour. D’ici-là, je pense que mes jambes pourront à nouveau me porter sans mal pour de plus longues marches.
Mestre Abelar est libre de vous écrire comme bon lui semblera. Il a toute ma confiance, tout comme vous. Nous en avons discuté avant que je ne me mette à l’écriture et il vous fera part des nouvelles importantes qui pourraient survenir et que je serais bien incapable de vous transmettre pour des raisons évidentes. Puis-je vous poser une autre question, cependant ? Avez-vous pu rencontrer ou apercevoir mon oncle depuis votre arrivée ? Cela fait bien trois lunes qu’il a quitté Darkdell et s’il m’assure de sa santé par quelques lettres, je vous avoue que mon cœur serait rassuré d’apprendre que vous avez pu l’apercevoir ou encore échanger quelques mots avec lui.
Je vous avoue nourrir un certain nombre d’inquiétudes pour une autre Vouivre cependant, bien qu’elle n’en porte plus le nom. Auriez-vous aperçue ma sœur Elissa, à Villevieille ? Je dois vous avouer que ses dernières lettres datent désormais et que cela n’est pas sans faire naître quelques troubles au creux de mon cœur… Son silence n’est cependant guère étonnant, vous en conviendrez. Nous vivons de bien étranges temps et ma sœur doit sans aucun doute affronter ses propres épreuves.
Puissent les Sept veiller sur vous et votre famille, Aladore. Je gage que nous nous retrouverons plus vite que vous ne pouvez le penser.
Avec tout mon amour,
Votre épouse Melior.
Sa Majesté des Oies
Villevieille, Bief. An 304, lune 3, semaine 3.
Melior, mon aimée,
C’est une missive bien courte que je vous envoie. Je ne doute pas que vous ayez répondu à la précédente mais l’urgence fait que je me dois de vous envoyer celle-ci sans attendre plus longtemps l’arrivée de la vôtre. De terribles nouvelles nous sont parvenues de Trois Tours. Des troupes loyales au prince Viserys ont attaqué et pris le château. La guerre est à nos portes et les troupes doivent être levées. Pouvez-vous contacter Solfoyer et Hautesterres afin de converger leurs troupes vers Darkdell avant Villevieille ? Nous aurons besoin de toute l’aide du quart sud pour faire face à l’ennemi. Je vous tiendrai informée dès que possible.
Faites attention à vous, mon amour.
Puissent les Sept veiller pleinement sur vous, nos enfants et celui à venir.
Villevieille, Bief. An 304, lune 4, semaine 2.
Melior, mon amour,
Il m’ait quasiment impossible de prendre du temps pour vous écrire mais je le fais malgré les ordres incessants de mon père. Vos troupes sont bien arrivées à Villevieille et ont été mises sous le commandement de notre oncle, ser Andrew. Au passage, je puis enfin vous dire qu’il se porte à merveille. Nous avons pu nous retrouver et profiter des instants joyeux pour nous rappeler le temps de mon écuyage avant que la terrible nouvelle vienne gâcher les jours suivants les noces de ma sœur. Malgré tout cela, elle vous remercie de vos mots à son encontre et regrette de ne pouvoir vous avoir compté parmi nous. Tout comme moi cela dit. Mais je ne peux malheureusement pas m’épancher trop longtemps, j’en ai bien peur.
Vous lire me donne l’occasion de mettre le temps sur pause le temps d’un instant. Je suis ravi de tout ce que vous avez pu me dire dans votre précédente lettre. Je pense bien fort à vous, aux jumelles, à Bertram – avez-vous eu des nouvelles depuis, lorsque vous avez contacté Solfoyer peut-être ? – à Darkdell, à mon cerf, en espérant que celui-ci se porte bien également. Je me permets une parenthèse pour vous dire à quel point vous me manquez et que je ne peux pas m’empêcher de diriger mes pensées vers vous, vous le savez bien. Le mariage a été grandiose. Les Hightower ont été si charmants. Cela semble si futile ce que je vous dis à l’heure sombre qui se joue derrière moi. Mais je tenais à répondre à votre lettre enjouée. Ne changez rien à ce que nous nous sommes dit. Chargez mestre Abelar de me tenir au courant pendant que vous serez indisposée. Mais surtout, n’ayez crainte pour moi, mon aimée. Pensez à notre enfant. Pensez-y fort et amenez-le dans ce monde en pleine santé. Je vous sais assez forte pour le faire et d’ici là, Trois Tours sera reprise. Vous n’aurez pu à y penser et je serai à vos côtés.
Les troupes se préparent, je vais devoir y aller bientôt. Que les Sept vous accompagnent, nous accompagnent dans nos batailles respectives !
Je vous aime, Melior,
Depuis toujours… et à jamais !
♛ by wiise
The White Wyvern
Darkdell – An 304, lune 4, semaine 4.
A l’attention de Ser Aladore Costayne,
Ser, je vous prie d’excuser votre épouse. Je me dois d’écrire cette missive à sa place, avec l’accord que vous lui aviez dûment demandé dans votre lettre précédente. Permettez-moi de chasser vos doutes et vos craintes. Dame Melior se porte pour le mieux. Alors que j’écris ces mots, je viens de la quitter à la surveillance et aux bons soins de sa servante et de sa mère, Dame Alysane. Elle m’a confié la tâche de vous remettre le billet que vous trouverez à la suite de cette missive. Si je vous écris cette lettre, Ser, c’est pour vous apprendre une nouvelle fort bonne malgré les temps sombres que nous traversons.
Il y a de cela plusieurs semaines, Dame Melior a donné naissance à un garçon en parfaite santé. Permettez-moi de vous transmettre mes félicitations, malgré les temps que nous vivons tous. Hélas, la nouvelle de la prise de la demeure de vos ancêtres à ébranler Dame Melior au-delà de ce que nous pouvions imaginer. Je crains que, d’une certaine manière, cela ait provoqué l’arrivée de l’enfant qu’elle portait. Fort heureusement, la vigueur de ce petit laisse présager le meilleur et la vitalité de notre Dame n’est plus à prouver. A défaut de pouvoir vous l’annoncer de vive voix, elle m’a confié la tâche de vous apprendre le nom par lequel tous et toutes le connaîtront par la suite. En cette année 304, Gillian Vouyvère a vu le jour à Darkdell, Ser.
Dame votre épouse s’est aussi dite soulagée d’apprendre que les troupes étaient arrivées à temps à Villevieille. Au nom de notre Dame, de sa famille et de sa maisonnée, je vous annonce que nous prions désormais pour que Villevieille demeure sauve et que la demeure des Costayne soit rendue à ses justes propriétaires. Nous nous tenons également prêts à suivre les directives dont vous pourriez nous faire part par la suite.
Mestre Abelar.
Darkdell, An 304, lune 4, semaine 4.
A mon époux,
Aladore, puissiez-vous être sauf lorsque vous lirez ces mots. Comme j’aimerai faire plus que ce simple feuillet. Mestre Abelar vous a sans doute déjà appris la grande nouvelle. Un fils. Un fils de plus. Comme j’aurai aimé vous attendre davantage avant de le nommer. Ma mère ne l’entendait pas de cette oreille, cependant. Je… Je l’ai appelé Gillian. Puissiez-vous ne pas m’en tenir rigueur, mon aimé. Il m’a semblé qu’il s’agissait-là d’un bien bel hommage, bien que je ne pouvais obtenir votre accord. Puissiez-vous ne pas m’en tenir rigueur.
Je… Je vous prie de m’excuser. La naissance de notre fils semble avoir gâté mes humeurs. Je suis rassurée de savoir que toutes les Vouivres de Darkdell sont désormais à leur juste place. Puisse notre protection rester sûre et puissiez vous être le premier à vous élever. Bertram se porte pour le mieux. Il semble se plaire au service de notre cousin Branston. Je ne manquerait pas de vous transmettre les nouvelles que je recevrai de lui, le cas échéant. Nos filles sont en parfaite santé. Leur rencontre avec Gillian s’est très bien passée également. J’espère que vous pourrez rapidement vous en rendre compte de vos propres yeux. Quant à votre cerf, ma mère pourrait vous conter bien plus de choses que ma personne. C’est une créature fort calme et qui égaie nos journées à sa manière.
Je ne doute pas du fait que Mestre Abelar a suivi mes instructions dans sa missive. Sachez que Darkdell se tient prêt à obéir au moindre ordre que nous pourrions recevoir. Pour Gillian, pour votre sœur dont les noces ont été entachées d’une bien triste manière, pour le Bief, nous nous tenons prêts à agir en conséquence. Que nos troupes puissent rapidement reprendre Trois-Tours à ces traître. Alors, je pourrais avoir l’esprit tranquille et achever ma surveillance.
Promettez-moi de revenir, Aladore. Promettez-moi que votre deuxième fils ne sera pas orphelin de père avant même de le connaître. Promettez-le moi. Vous me devez un poème pour ma victoire, ne l’oubliez pas.
Que les Sept veillent sur vous,
Avec tout mon amour,
Votre épouse, Melior.
Sa Majesté des Oies
Villevieille, Bief. An 304, lune 5, semaine 2.
Lady @Melior Vouyvère, ma belle-fille,
Autant ne pas faire durer le suspense, la bataille est une victoire pour nous mais le prix en est élevé. Soyez immédiatement rassurée. Aladore, mon fils et votre époux, est vivant mais gravement blessé. Les prochains jours seront décisifs pour lui et les mestres s’en occupent en priorité, tout comme les blessés graves qui nous sont revenus il y a quelques jours. J’apporte également des nouvelles de votre oncle, ser Andrew. Dans un léger moment de conscience, mon fils a pu me confirmer que votre oncle est bien vivant et qu’il se dirige à Trois Tours, aux côtés de mon mari pour reprendre notre fief.
Ô ma Dame, je suis partagé entre la souffrance de voir mon fils ainsi, tous les jours, et la joie que votre dernière missive, que j’ai pris la peine de lire en l’absence de mon fils, a apporté à notre famille. Je n’ai pu dire encore à Aladore qu’il avait eu un fils que vous aviez nommé Gillian. Voilà un hommage qui nous a touché, mes filles et moi-même. Que la Mère entende mes prières que je vous adresse et que ce petit devienne une puissante vouivre.
Malgré le tumulte présent ici-même, je tacherai de vous tenir au courant de l’état d’Aladore, aussi souvent que le temps me le permettra.
Que les Sept vous protègent, mes petits-enfants et vous-même.
@Melior Vouyvère
♛ by wiise
The White Wyvern
Darkdell – An 304, lune 5, semaine 4.
A l’attention de Lady Calanthe Costayne, ma belle-mère, ainsi que de mes chères belles-sœurs.
Mon cœur ne peut que vous remercier avec toute la chaleur qu’il possède pour m’avoir donné des nouvelles de mon époux. L’attente est la pire des maladies, durant une guerre comme celle que nous vivons. Je ne sais si mon époux sera en état de répondre à cette lettre, bien que je l’espère de tout coeur, raison pour laquelle je vous l’adresse à vous, ma belle-mère, ainsi qu’à celles qui sont devenues mes sœurs par la volonté des Sept. Puissent les dieux vous préserver durant ce conflit et nous ramener les époux, les frères et les pères que nous avons envoyé au combat.
Je suis heureuse que les mots qui furent les miens aient apaisé votre cœur et ceux de notre famille qui se trouve à vos côtés. Si je ne porte plus le nom des Costayne, j’ai toujours une grande estime pour vous tous et vous toutes. Gardons espoir, Trois-Tours ne peut rester entre les mains de ces traîtres. Nous avons les Sept de notre côté et nous avons obtenu la victoire sous les murs de Villevieille. Il en sera de même une fois de plus, j’en ai la certitude. Costayne et Vouyvère ont toujours combattu ensemble, il en sera de même une fois de plus. Les premiers à s’élever, sûrs de notre protection. Je ne peux qu’y voir un bon augure.
Bertram, Rhea, Melessa ainsi que Gillian se portent pour le mieux. Je pense que cela contribuera à rassurer Aladore, lorsqu’il se réveillera. Le Mestre est confiant pour notre dernier-né. Il semble être d’une grande robustesse, ce qui ne présage que le meilleur pour la suite. Quant à Bertram, notre cousin Branston Cuy me fait part de ses nouvelles régulièrement. Il fera un bon chevalier, le moment venu.
Ma mère ainsi que ma tante se joignent à moi pour vous renouveler notre soutien. Sachez que les portes de Darkdell s’ouvriront toujours pour les Costayne, qu’importe la tempête qui gronde au dehors. Nous avons tenus des siècles ainsi, puissent les Sept nous en accorder d’autres. Faites part de mes meilleurs sentiments à vos filles et de mes prières pour le rétablissement de ceux qui se sont battus pour nous et qui se trouvent entre les mains de nos Mestres.
Lady Melior Vouyvère, Dame et Seigneur de Darkdell.
Sa Majesté des Oies
Villevieille, Bief. An 304, lune 6, semaine 3.
Lady Melior, ma bru,
Merci une nouvelle fois pour toutes ces bonnes nouvelles qui permettent de mieux supporter les douloureuses épreuves que nous avons subies. Votre époux, Aladore, se remet pour le mieux mais bien difficilement. Vous le savez comme moi fragile et bien mauvais souffrant. Mais son frère, Thaddeus, mestre à la Citadelle, s’occupe de lui et a bon espoir qu’il n’y aura pas de séquelles sérieuses. Il devrait, par ailleurs, pouvoir vous écrire sous peu.
Merci de votre bienveillance et de votre gentillesse, ma chère. Nous pensons bien fort à vous et vous rendrons mon fils quand le moment sera venu pour lui de repartir dans vos contrées.
Que les Sept vous protègent, mes petits-enfants et vous-même.
Villevieille, Bief. An 304, lune 7, semaine 1.
Mon aimée, ma douce Melior,
Je vous écris enfin depuis le lit qui me garde depuis bien trop longtemps maintenant. J’ose espérer, bien que ma mère vous ait tenu compagnie par écrit, ne pas vous avoir fait trop peur aux vues de ma conditions. Ma convalescence s’achève à peine et mon corps demeure toujours douloureux. Cela semble normal. Les conséquences des coups reçus ne pardonnent pas. Mais soyez rassurée, mon amour, je suis en vie et je vous reviendrai. Toujours.
J’ai déjà hâte de pouvoir vous retrouver, les enfants et vous, de faire connaissance de notre petit Gillian. Vous me connaissez. À la nouvelle du choix du prénom, j’ai laissé échapper quelques larmes. Je m’en veux tellement de vous avoir laissé dans cette épreuve seule. Ma mère m’a une fois de plus rassuré sur votre état et celui de l’enfant. Je remercie notre mestre de s’être bien occupé de vous.
Bien que la guerre pour moi semble s’achever ici, du moins le temps que mon corps se remette, je ne puis vous promettre de revenir à temps pour votre anniversaire. Vous m’en voyez une nouvelle fois désolé. Les choses, ici, sont très compliquées. Trois Tours a été reprise, comme vous avez du l’apprendre sans doute ? Si ce n’est pas le cas alors, je suis ravi de vous l’apprendre. Malheureusement, la reprise de notre fief familial ne fut pas sans heurt. L’époux de ma chère sœur, Meredyth est mort lors de la bataille. La voilà désormais veuve alors qu’elle est enceinte. À Hautesterres, ils doivent déjà attendre la naissance de l’enfant. De plus, mon oncle Medwick a été pris en otage par les forces ennemies ainsi que son épouse, tante Falia. C’est une victoire teintée d’ombre que doivent fêter mon père, mes frères et les armées loyalistes en ce moment même. Je ne sais pas comment nous pourrons les récupérer, s’ils seront libérés ou non. De plus, maintenant que les bannières ennemies ont été identifiées, il va falloir redoubler d’attention. Vous me demandiez il y a quelques semaines de cela si j’avais aperçu votre sœur à Villevieille… Non. Melior… les Nègrebar sont des traitres. Vous le savez sûrement à l’heure qu’il est… Au même titre que les Des Essaims et les Florent et les Bulwer. Toute la partie ouest de Villevieille est le ver dans la pomme ! C’est affreux ! Ce paragraphe est suivi de ratures, montrant la colère d’Aladore s’exprimer. Quelques mots comme « ennemis » « Viserys » ou encore « traitres » peuvent être visible.
Melior… dans quoi nous sommes-nous à nouveau embarqués ? Je nous souhaitais simplement une vie tranquille, paisible, entourés de nos enfants, de nos gens, de nos familles. Je nous voulais heureux dans la paix et ensemble, pas inquiets dans la guerre et à une distance si loin, l’un de l’autre. Je crois que la douleur de mes blessures, les horribles cauchemars de la bataille et la distance qui me sépare de vous ne font pas bon ménage. Vous me manquez terriblement, mon amour. Je vous promets de revenir bientôt à Darkdell.
Que les Sept vous protègent, là où vous êtes !
Je vous aime et j’aime nos enfants.
♛ by wiise
The White Wyvern
Darkdell – An 304, lune 7, semaine 3.
Aladore, mon tendre époux,
Les Sept soient loués et priés de vous avoir rendu à moi ! A nous ! Votre mère et vos sœurs m’ont été d’un grand secours. Je vous en prie, saluez-les de ma part si elles se trouvent toujours avec vous. Veuillez excuser ma graphie. L’émotion ne peut que rendre ma main tremblante. Si j’attendais de vos nouvelles avec la plus grande des impatiences, il semblerait que je n’y étais pas totalement préparée pour autant. Je vous attendrai toujours, à Darkdell ou ailleurs. Qu’importe que vous me reveniez dans deux lunes ou dans davantage de temps encore. Prenez le temps qu’il faudra à votre corps et à votre esprit pour assumer un tel voyage. Ne vous hâtez pas de trop. Nous nous retrouverons et c’est là tout ce qui compte, ne croyez-vous pas ?
Je m’en veux d’avoir choisi ce prénom seule. Je voulais vous attendre. Mestre Abelar, Septon Dorian et dame ma mère avaient cependant un autre avis sur la question. Vous le savez aussi bien que moi, les nouveaux-nés sont des petits êtres bien fragiles. Il me fallait le nommer, malgré votre absence, et procéder à son baptême. J’aurai tant aimé vous attendre, comme à l’accoutumée. Hélas, la guerre a également précipité ce fait. N’ayez crainte cependant, Gillian ainsi que moi-même nous portons pour le mieux. Le nommer avant votre retour n’a été qu’une précaution, à mon grand soulagement !
Mon oncle est parvenu à me faire remettre un billet par quelques soldats renvoyés à Darkdell afin de m’apprendre cette nouvelle. Vous lire et me la confirmer me met cependant davantage de baume au cœur encore ! Vous me voyez également désolée pour notre pauvre Meredyth. A l’instant où j’aurai achevé cette missive, j’en écrirai une autre à son attention. Si les circonstances avaient été différentes, je me serais hâtée à son chevet. Un acte manqué de plus, hélas…
Vous me voyez désolée pour le sort qu’a connu votre oncle et votre tante, mon amour. Que les Sept les gardent en bonne santé jusqu’au moment où nos troupes pourront les libérer. Mon oncle n’a pu me faire part de cette nouvelle. Il n’en a guère eu le temps. Nos hommes m’ont cependant appris pour… J’ai vraiment espéré, prié même, jusqu’à la lecture de cette missive pour que vous m’annonciez qu’Elissa était avec vous. Que vous l’aviez vue, elle et son époux. Nos hommes m’ont décrit les bannières qu’ils avaient affronté. Reconnaître celle des Nègrebar et celle des Bulwer m’a alors été d’une simplicité enfantine…
Je vous en prie, mon amour, calmez vos ardeurs. Je ne peux que partager votre colère. Elle me lacère également le cœur et l’âme. Votre guérison m’importe cependant davantage encore. J’ai du prendre certaines décisions envers les Nègrebar et les Bulwer, la première étant de rassurer ma tante Clara à ce dernier sujet. Nous en parlerons davantage à votre retour, je ne veux confier ces paroles aux ailes d’un corbeau.
Je ne peux vous promettre ce futur dont vous rêvez tant, Aladore. La Mère sait pourtant à quel point j’aimerai formuler cette promesse. Je peux cependant vous jurer que nous serons bientôt réunis. Cette pensée ne peut que me rassurer. J’ose espérer qu’il en sera de même pour vous et que cela apaisera un peu vos songes que j’imagine ombragés.
Que le Guerrier et le Ferrant veillent sur vous,
Votre épouse, Melior Vouyvère.
Sa Majesté des Oies
Villevieille, Bief. An 304, lune 8, semaine 3.
Ma tendre épouse,
Pardonnez la longue attente que je vous ai fait subir. Ma convalescence se passe… bien mais je souffre encore et il m’a été difficile de tenir debout la semaine passée. Cependant, le mestre des Hightower, ainsi que mon frère Thaddeus sont positifs dans leur bilan. Ils m’ont permis de pouvoir rentrer à Darkdell d’ici quelques semaines. Cela devrait permettre à mon corps d’aller encore mieux. J’ai si hâte de vous retrouver, Melior. Bien que je sois entouré de ma propre famille, ma mère, mes sœurs, mon jeune frère, vous me manquez terriblement. Les enfants me manquent terriblement. Il me tarde même de rencontrer notre petit Gillian. Je suis encore ému du choix que vous avez fait. Ne vous en voulez pas pour ça. Je ne vous en veux pas du tout. Bien au contraire. C’est un bien bel hommage que vous faites à lady Gilliane. Je suis sûr qu’elle en aurait été heureuse.
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, voyez, mon épouse, que mon espoir de jours plus heureux semble déjà pointer le bout de son nez. Ma sœur, Meredyth, que vous saviez enceinte, vient de donner naissance à un adorable petite fille, Rylene. Je sais bien que c’est un petit lot de consolation pour elle aux vues de l’amour intense qu’elle portait à ser Quentyn. Mais que les Sept puissent accompagner la mère comme la fille dans ce futur qui l’attende. Je leur ai proposé de venir à Darkdell et je voulais voir avec vous si cela ne vous dérangeait pas en ces temps bien compliqués. Je me dis que lord Mullendore ne nous en voudra pas si sa belle-fille et, désormais, son héritière viennent séjourner en un lieu sûr, familial et convivial. Aussi, abuserai-je de mon statut d’époux de seigneuresse si je conviais également mon cousin Aemon à venir. Je sais que ça fait beaucoup de monde. Peut-être n’est-ce pas le bon moment ? Je vous laisse entièrement juge et j’obéirai quelle que soit votre décision.
La guerre fait des ravages, je me sais naïf mais je demeure conscient de cela. Seulement, je ne pensais pas qu’elle ferait si mal. Voir les bannières Nègrebar, Bulwer, Florent, Des Essaims est une telle tragédie. Des amis, des connaissances, de la famille même qu’il faut désormais considérer comme des traîtres. Je ne comprends pas encore toute la subtilité de ce retournement de veste qu’ils ont opéré. J’essaie de ménager mon esprit avec tout cela. J’ai d’atroces migraines qui me font parfois garder le lit plusieurs heures voire jours. Aussi, je tiens à vous prévenir que la guerre a fait des ravages sur mon corps. J’ose espérer que vous n’aurez pas une piètre opinion de moi en lisant ces mots, en apprenant que pour sa première bataille et sûrement la seule avant un moment, votre époux est cassé de partout, a le corps couvert de bleus, a le visage marqué et des blessures qui donneront quelques cicatrices. J’ai l’impression de ne plus être le même Aladore Costayne. Je me perds parfois dans mes songes. Des idées noires viennent me hanter la nuit, portant parfois les visages d’Alester Florent ou de Lewyn Des Essaims, des hommes avec qui j’ai croisé le fer pendant la bataille. Oh Melior, pardonnez-moi… Il vaut mieux que j’arrête là. Je pensais réécrire toute la lettre mais ma mère est passée par là et m’a conseillé de garder tout ce que j’avais écrit. Je suis… juste désolé de vous mettre tout ça ici alors que vous préféreriez sûrement de simples mots, de doux mots, de légers mots d’un époux à une épouse.
Nous nous verrons bientôt, mon amour. Puissent les Sept m’accorder cela sans encombre. En attendant, dîtes bien aux enfants que je les aime et pense fort à eux.
Je vous aime.
♛ by wiise
The White Wyvern
Darkdell – An 304, lune 9, semaine 2.
Mon cher époux,
Je ne veux guère de vos excuses. Vous savoir en vie et en train de recouvrer vos forces suffit à mon bonheur et à me rassurer. Prenez le temps qu’il vous faudra. Je saurais me montrer patiente pour encore quelques semaines, bien que me tarde de vous serrer dans mes bras. Vous manquez aussi à nos filles ainsi qu’à notre fils aîné. Bertram m’a d’ailleurs fait part de son intention de vous écrire dès qu’il en aurait l’occasion. Il m’a juste demandé mon autorisation, afin de ne point vous déranger durant votre repos. Quant à Gillian, je ne doute pas du fait qu’il ne saura plus se passer de votre présence une fois qu’il vous aura rencontré.
Peut-être puis-je vous parler un peu de lui, afin que vous puissiez vous préparer à le rencontrer ? Cela vous donnera l’impression d’être ici, avec nous. Rendez-vous compte, cette petite Vouivre a déjà six lunes ! Comme le temps passe vite. Soyez rassuré, Mestre Abelar et moi-même le jugeons en parfaite santé. Les Sept auront été miséricordieux à notre égard, à n’en pas douter. C’est un enfant éveillé. Je ne doute pas qu’il suivra ses sœurs dans leurs jeux dès qu’il en aura la possibilité ! Je dois cependant vous annoncer une terrible nouvelle, qui vous fera frémir à n’en pas douter… Rendez-vous compte, mon tendre amour, Gillian semble suivre l’exemple de son frère et de ses sœurs. Je crains qu’il n’ait pas hérité des traits des Costayne, mais davantage de ceux des Vouyvère. Le temps seul pourra confirmer cet impression mais je ne pense point me tromper.
Une chose est sûre, nous ne manquerons pas de lui parler de son aïeule. Je regrette tant qu’il n’ait pas eu l’occasion de la rencontrer. Mais assez parlé de tristesse. Je ne sais si des félicitations seraient de bon augure au vu de la perte subie par votre sœur. Souhaitez-lui de bien se rétablir pour moi, en ce cas. Il va sans dire que Meredyth et Rylène seront les bienvenues à Darkdell. Si Lord Mullendore ne s’y oppose pas, elles trouveront un refuge parmi nous aussi longtemps qu’elles le souhaiteront. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que votre cousin se joigne au voyage. Par les temps qui courent, il convient de ne pas rester isolé. Je ne doute pas que votre petite équipée saura apporter un peu de bonheur à Darkdell, malgré les deuils que nous portons tous et toutes.
Je ne peux qu’imaginer la douleur qui est la vôtre actuellement, Aladore. Je déplore le fait de ne pas pouvoir être à votre chevet… Je vous en prie, ménagez-vous comme vous le pouvez. J’ai déjà perdu deux frères à cause de la guerre. Mon propre père n’en est jamais réellement revenu… Ne sous-estimez pas mes propres forces ou l’affection que je vous porte. Vous avez combattu pour nous, pour votre famille, pour Villevieille et pour le Bief tout entier. Je serais bien la dernière à détourner mon regard de vous à cause des cicatrices que vous portez. Vous êtes mon époux, Aladore. Mon ami. Mon confident. Mon âme sœur, sans aucun doute. Je serais toujours là, même pour écouter vos plus terribles cauchemars. Si cela peut vous aider à retrouver le sommeil, je n’hésiterai pas un seul instant.
Je ne suis plus une Jouvencelle, Aladore. J’ai passé l’âge des amourettes. J’ai cependant trouvé mon propre chevalier servant il y a de cela des années. Il ne ressemble pas à ceux des contes de fées, il est vrai. Mais il est réel et je sais qu’il existe toujours quelque part. Laissez-vous du temps, mon aimé. Votre mère a eu raison en vous conseillant de m’envoyer votre lettre telle quelle. Nous aurons le temps pour les mots doux, lorsque vous serez sur pieds.
Que les Sept veillent sur vous en attendant nos retrouvailles.
Avec tout mon amour, votre épouse Melior.
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