[FB] La roue du coq feat Humfrey

La roue du coq
Humfrey & @Azilys Serrett

Love takes us in strange ways. It's the language of the blood. It's neither cold nor indifferent. It’s either agony or ecstasy - sometimes, both at once.

Quelques lunes auparavant, il n'aurait songer que pareille scène puisse se produire : cette promenade au grand air, lelle, lui, les enfants, semblait un songe tout droit sorti de sa plus profonde imagination. Pourtant, depuis son retour de Winterfell, peut être même un peu avant, il ne pouvait que constater l'ouverture, plus ou moins volontaire, de son épouse à son endroit. Si Azilys demeurait Azilys, souvent froide comme la glace, l'accueil qu'il avait reçu, la discussion qu'ils avaient eut et la nuit qu'ils avaient passé ensemble le laissait envisager des jours meilleurs. Toutefois, cela restait Azilys et Humfrey savait qu'il devrait se battre pour conserver le moindre bout de terrain qu'elle lui cédait dans son coeur et dans son quotidien. Il s'était laissé avoir une fois, il ne comptait pas commettre la même erreur une seconde fois en se laissant écarter sans explication, relégué au fond du couloir comme une immonde sculpture dont on ne voulait plus dans le salon. Cette promenade était le reflet de leur vie actuelle : ils avançaient ensemble, pour les enfants, mais quelque part, il ne démordait de son envie qu'elle finisse par le faire pour, lui, pour eux, pour ce qu'ils pouvaient avoir si elle laissait sa fierté de côté, si elle laissait le seigneur de côté. Il n'avait pas été destiné à une telle place : élevé comme un chevalier, il avait ambitionné d'aider Steffon, son cousin, héritier de Champmoisson mais ses fiançailles avec Azilys, une héritière, avait bouleversé toute vision du future qu'il avait eut jusque là. Aux dieux, vie paisible dans le fief qui l'avait vu naître. Aux dieux, épouse aimante et discrète qu'il aurait romantiquement étreint après un long voyage loin de la demeure. Cependant, si sa vie était bien différente de l'idéal qu'il s'était mentalement construit dans sa jeunesse, il savait qu'il était définitivement perdu. Car il l'aimait cette mégère hautaine et autoritaire, il aimait la voir réagir à leurs petites joutes verbales, il aimait la voir lutter pour finalement céder. Il aimait qu'elle soit la mère de ses enfants. Il aimait qu'elle soit sa femme. Il aimait qu'elle l'ai choisi, finalement. Leur quotidien n'était pas rose, heureux et dépourvu du moindre du nuage mais, à cet instant, Humfrey avait tout ce qu'il aurait pu rêver d'avoir et même la remarque pinçante de sa femme sur leur benjamine ne put entamer sa bonne humeur.

Il lui offrit un sourire de circonstance, amusé de la joie simple et pure de Luciana face à son trophée autant que des mots choisis par sa dame pour y faire référence. Oui, il n'y avait aucun doute, si les jumeaux tenaient autant physiquement que mentalement des Serrett, Luciana était sa fille à lui. Elle avait les traits maternels mais plus elle grandissait, plus il se retrouvait dans cette petite avec qui il aimait passer du temps. Alyzéa provoquait toujours un ouragan de culpabilité au fond de son coeur et Albion ressemblait tellement à sa mère que cela en devenait effrayant. Mais Luciana, elle était toute à lui. « Vous trouvez, très chère ? » lui répondit-il avec un ton détaché. « Il est vrai que de tels atours attisent les convoitises » ajouta-t-il avec un sourire en coin, songeant à un autre paon et à d'autres trésors qu'il avait su apprécier à leur juste valeur. La détermination qu'elle mettait à éviter de le regarder dans les yeux lui rappelait que la nuit passée n'était qu'une victoire de bataille mais que la guerre pour retrouver sa place était encore loin d'être gagné. Il haussa les épaules, nonchalamment. « Ou peut être voulait-elle défendre la poule et plumant le paon ... Elle a effectivement l'âme bien chevaleresque. » poursuivit-il avec humour. Après tout, elle l'avait bien transformé en poulet ces dernières années, il pouvait bien se permettre une taquinerie. Il leva toutefois un sourcil interrogatif à sa dernière remarque tandis que la main d'Alyzéa venait prendre la sienne, faisant le pont entre ses parents. « Vos désirs sont des ordres, ma dame. » lui répondit-il tout en surveillant que la petite dernière suivait bien leur rythme. Il ne comptait pas se laisser malmener et baisser les bras à la moindre parole de sa femme. Mais défendre ce qu'il avait conquit depuis son retour semblait plus compliqué que de se battre contre les Spectres de Winterfell.

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Humfrey connaissait suffisamment bien sa femme pour savoir quand elle était agacée. Cela se voyait dans l'orientation de ses sourcils, dans un mouvement du coin de ses lèvres ou encore dans le rythme de sa respiration. Autant de signes que le Swyft avait apprit à repérer, tant enfant et partenaire de jeu qu'en tant qu'homme et époux, pour s'éviter les foudres de la Serrett. Dans les moments les plus difficiles de leur union, Humfrey s'était souvent demandé pourquoi elle l'avait choisit s'il était source d'autant d'agacement avant de se souvenir que la fierté de la jeune femme avait sans doute parlé avant tout le reste. Une punition qui se retournait contre elle, de toute évidence. Mais, dans des jours plus lumineux, il se laissait aller à croire à autre chose. Ces détails de l'énervement de son épouse était comme un jeu, une mini victoire qui signifiait qu'il ne la laissait, au moins, pas indifférente. Le pire des scenario aurait sans doute été qu'elle se détourne entièrement de lui, demeurant insensible à sa personne et froide comme la glace. Or, il provoquait toujours quelque chose chez elle et, fut-ce un froncement de sourcil, cela lui rappelait que derrière son apparence désintéressé et lointaine, elle s'était de nouveau laissé aller à lui. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres tandis qu'elle commentait ses propres mots. « S'il n'y a que cela pour faire votre bonheur, je m'emploierai à vous le rappeler. » Mais déjà, le regard de son épouse était posé sur leur aînée. Il se doutait de ce qui apparaissait à l'esprit d'Azilys lorsqu'elle s'attardait sur leur fille laquelle tenait plus du caractre d'une autre Serrett que de celui de sa mère. S'il ignorait ce que cela provoquait dans le coeur de la brune, l'attachement avec Alyzéa était évident, tout comme celui d'Humfrey à leur cadette. Bien sur, Humfrey aimait ces trois enfants, il se permettait juste plus de démonstration avec Lucianna qu'avec Albion ou sa jumelle.

Il cligna des yeux, quelque peu surprit par la question. La nostalgie n'était pas une chose à laquelle Azilys l'avait habitué, bien au contraire. Elle n'était pas femme à se laisser envahir par la mélancolie et il admirait la manière dont elle allait, constamment, de l'avant, entraînée par une force qu'il avait rarement vu ailleurs. Bien sur, il n'était pas toujours en accord avec sa manière de faire, mais cela demeurait quand même l'une des grandes forces de Montargent que d'avoir à sa tête, une Dame aussi déterminée. « Comment l'oublier ... » dit-il avant de partir dans un rire nerveux. Déjà à cette époque, elle était terrifiante. Les jumelles Serrett. Aliénor collait beaucoup plus à l'image douce qu'on lui dépeignait des jeunes filles et pourtant, il n'avait jamais pu s'avouer vaincu face aux défis que lui imposait Azilys. Il savait qu'il aurait pu s'en détourner, ignorer sa voix et tout le reste et pourtant ... Il avait toujours été poussé à lui prouver qu'il était capable de faire ce dont elle le challengeait. Son rire nerveux ne fit que grandir tandis qu'elle abordait le souvenir d'un défi en particulier dont le Swyft se souvenait parfaitement. Plus terrifiante qu'Azilys elle même, il y avait son père. Alberic Serrett n'avait jamais rien fait, particulièrement, pour qu'Humfrey le craigne, mais il se dégageait de lui une autorité qu'Humfrey ne s'était jamais sentie de défier. Sans doute avait-elle du le sentir, pour lui proposer ainsi de s'introduire dans le bureau du seigneur de Montargent pour aller y prendre quelque chose. Plein de courage, le jeune garçon s'était empressé de se préparer à la chose mais c'était lorsqu'elle avait disparu avec Aliénor, le laissant seul avec son défi, qu'il avait commencé à paniquer. « Sérieusement ? » lui demanda-t-il, à demi-outré que sa démonstration de courage de l'époque fut si peu important que le souvenir eut disparu de sa mémoire. « J'y suis entré et je vous ai ramené l'une de ses plumes pour vous le prouver. » rappela-t-il, légèrement vexé sans parvenir à savoir si cela venait du trou de mémoire de sa femme ou du fait qu'il s'était laissé emporté par son égo meurtri. « Mais sortir à sans doute été le moment le plus compliqué. » se rappela-t-il, se souvenant de son coeur battant à la chamade tandis qu'il considérait la porte par laquelle il était entré et la fenêtre qui offrait une sortie plus discrète. « Je suis revenu avec tant d'égratignures que mon oncle était persuadé que nous nous étions battus. » ajouta le chevalier sans préciser qu'Azilys n'était pas forcément l'opposant qu'Harrys Swyft avait en tête en réprimandant son neveu. « Vous ne m'avez d'ailleurs jamais dit si votre père avait remarqué la plume manquante ou si vous l'aviez remise à sa place avant qu'il ne s'en aperçoive ? » fit-il remarquer tandis qu'il souriant de voir les trois enfants devant eux.

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Son égo lui fit lever un sourcil à peine la phrase eut-elle finit de franchir les lèvres de son épouse. Le croyait-elle réellement ou était-ce une énième tentative de lui faire perdre ce sourire qu'il arborait depuis ce matin ? Il lui jeta un regard et ne sut dire ce qui se dégageait des yeux perçant de la Serrett. « À n'en point douter ma dame. »  dit-il avec un fond de rire dans la voix à l'idée de la jeune Azilys se jetant sur lui pour le rouer de coup. L'idée ne l'aurait guère fait rire à l'époque, légèrement complexé par sa soudaine prise rapide de centimètres qui l'avait rendu si fin qu'il se considérait presque comme chétif. Par chance, l'entrainement auquel son oncle l'avait soumis avait renforcé ses muscles, lui permettant d'avoir une silhouette bien plus masculine à l'âge adulte, mais à cette époque, sans doute aurait-il prit ombrage d'une telle image. De plus, s'il n'était pas un paon, il avait sa fierté et le jeune homme qu'il avait été se serait sans doute caché derrière la courtoisie et la bienséance plutôt que de risquer de perdre contre une fille. Et ce, même si cette fille était la pire des teignes qu'il ait connue. Cependant, les années étaient passées et il n'était plus tout à fait le Humfrey qu'elle avait pu connaître enfant, tout comme elle n'était pas la Azilys qu'il avait connu. Ils s'étaient complexifiés avec le temps et s'il songeait qu'ils demeuraient fondamentalement les mêmes, il savait que derrière le regard plein de défi de sa femme se cachaient des choses plus profondes qui justifiait une telle attitude. Pour une fois qu'ils profitaient d'une promenade en famille, il ne comptait pas lui donner l'opportunité de retourner se cacher derrière son titre et ses obligations pour avoir heurté la forteresse de sa pudeur émotionnelle.

Sans doute eut-il raison puisqu'elle se laissa aller à bien plus de confidence sur les coulisses de ce souvenir qu'elle ne lui en avait jamais offert sur autre chose. Et quelque part, il eut de la peine. Non pour les années qu'il avait fallut pour qu'elle lui offre cette confiance. Ni pour le ton si dure qui lui était typique. Il eut de la peine pour ce que cela impliquait. Avec du recul Humfrey s'était rendu compte qu'il n'avait que peu connu ses parents : il était un tout jeune enfant lorsque sa mère mourut en couche et guère plus âgé lorsqu'un peu plus d'un an plus tard, son père la rejoint auprès de l'Etranger. Bien que contrairement à Jocelyn, il ait des souvenirs d'eux, il lui était difficile de se souvenir de qui ils avaient été avant. Son père avait-il était aussi sévère que Lord Alberic ? Cela lui échappait à mesure que les années passaient mais il voulait croire que l'image idéale qu'il s'était fait d'eux était une réalité qui lui filait entre les doigts tandis que l'âge et de nouveaux souvenirs remplaçait la sensation de la main paternelle dans ses cheveux ou le fredonnement des chansons de sa mère. Dans son malheur de devenir, si tôt, orphelin, il avait eut la chance d'être élevé par son oncle et sa tante, tous deux des gens aimant, doux et bienveillant qui s'étaient montré stricte sans abuser d'autorité. D'eux émanaient une chaleur qu'il n'avait jamais connu ici, à Montargent, lorsqu'il croisait le père d'Azilys. « Je me souviens que votre père me filait une peur bleue surtout. Cependant, si je vous reconnais certaines de ses qualités, je ne peux vous laisser dire pareille bêtise. » intervint-il, regardant les enfants qui avançaient, innocent de la gravité du sujet que leurs parents abordaient. Rares étaient les évocations de Lord Alberic mais Humfrey ne s'en était jamais plaint mettant sur la pudeur le silence de sa femme à ce sujet. Son regard se fixa sur l'aînée de ses filles. « Le feriez vous à Alyzéa ? » lui demanda-t-il avant de ramener son attention sur Azilys, sincère dans sa question. Elle qui semblait si heurtée lorsqu'elle abordait le sujet de sa jumelle et de la peine que leur père aurait pu lui faire ... Envisageait-elle une telle attitude avec leur progéniture ? Il la coyait capable de bien des choses mais pas de cela. « Détrompez moi si je m'égare, bien sur mais ... » reprit-il, se rappelant qu'il avait peut être son mari, elle demeurait son seigneur et qu'il devait sans doute se montrer moins frontal dans son approche.  « L'on peut penser ce que l'on veut de l'attachement et des forces ou des faiblesses que cela provoque. Je ne vous pense cependant pas mère à terroriser votre sang pour de telles leçons. Cela ne veut pas dire que l'apprentissage de la dignité, des devoirs d'un noble et de la représentation seront plus laxiste sous votre autorité ... Mais je ne vous vois pas comme quelqu'un désireux de voir pleurer sa chair et son sang. » expliqua-t-il en ramenant ses yeux clairs sur les trois silhouettes trop jeunes pour que ce soit posée la question. Il se doutait qu'elle serait intransigeante au sujet de leur éducations, mais être autoritaire ne voulait pas dire être cruelle et s'il lui permettait de l'être avec lui, s'effrayant à l'idée qu'il puisse commencer à aimer cela, il se refusait d'envisager la laisser avoir pareil comportement avec leurs enfants. Cependant, ils n'en étaient pas là et Humfrey espérait de tout coeur qu'elle réalise que si la fierté et la dignité était une valeur qu'elle partageait avec son défunt père, leurs ressemblances s'arrêtaient là. En tant que parent du moins.

Il aurait pu dire qu'il allait neiger, tant il fut surprit par le remerciement qu'elle lui adressa, peu habitué à de tels mots de sa part. « Elle était gentille avec Jocelyn ... » se rappela-t-il avec un sourire nostalgique. Il avait le souvenir très présent d'une Jocelyn riant auprès de la jumelle Serrett tandis que son versant maléfique le défiait de manger l'une des baies que l'on trouvait dans le jardin. Il les revoyait toutes les deux, deux rêveuses bien que d'un tempérament différents, loin de leurs doubles protecteurs, occupés à se chamailler. « Ma soeur a toujours été d'une nature naïve et rêveuse et, au milieu de cousins si âgés, elle se sentait souvent seule. La votre a toujours été douce et patiente avec elle ce qui n'était pas le cas d'autre enfant de notre connaissance. » La jeune génération de l'Ouest s'étaient rencontré à maintes reprises mais il était vrai que Montargent éveillait des souvenirs particuliers en lui. Il se souvenait du choc que la mort d'Aliénor avait été pour lui et des larmes que Jocelyn avait eut pour la disparue. Ils n'en avaient guère su plus sur les circonstances de sa disparition mais sa cadette avait composé des petits bouquets de fleurs sauvages pendant près d'une lune entière en souvenir de la jeune Serrett. « Ou peut être nous fuyaient-elles nous ? » ajouta-t-il pour ôter à l’atmosphère, la tension qui s'était installée avec le souvenir de la jumelle disparue.  

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Evoquer le passé n'était pas dans leurs habitudes mais il redécouvrait ses souvenir sous un jour nouveau. L'enfant qu'il avait été et l'homme qu'il était devenu avait sans doute des avis bien différents sur ces moments de sa vie : l'âge, les choses qu'il avait pu apprendre, les évènements tragiques qui étaient survenus ... Tout cela contribuait également à l'évolution de leurs relations. Azylis était toujours autoritaire et pleine de fierté, mais il lui avait été donné de voir une part plus fragile de sa personne, bien que ce fut en de trop peu nombreuses occasion. Il ignorait si cet après-midi en famille pouvait compter comme l'un d'eux : derrière la fierté affiché du paon, leur conversation prenait un tour plus intime, réveillant de vieilles histoires et des émotions oubliés. Humfrey espérait vivement que cela soit le signe d'un renouveau de leur couple, d'un tentative, sans pour autant concéder la victoire, qu'elle avait d'accepter qu'il prenne plus de place à ses côtés. Car en cet instant elle n'était plus seigneur de Montargent mais juste Azilys. Une femme comme les autres avec ses secrets, ses gloires et ses peines. Tombait, doucement, le mur qu'elle érigeait entre eux pour laisser entrapercevoir la part sensible de sa personne. Tout comme ce soir là, où il aimait à penser à son épouse avant tout ce qu'elle représentait. La voir sourire de cette manière était un fait rare qu'il appréciait sans le cacher : il ne lui avait connu une telle espièglerie depuis des années et, face à ce sourire, il redevenait le jeune adolescent qu'il avait été, prêt à tout pour obtenir son admiration, ou au moins un regard impressionné de sa part. « Vous êtes celle que vous êtes. L'avis des autres à votre égard n'a pas bien grand intérêt me concernant. »  finit-il par dire. Oui, elle était insupportable par moment. Oui, il ne comprenait pas toujours ce qui lui passait par la tête, pourquoi elle le rejetait ainsi ou l'ignorait totalement. Pourtant, c'était ce caractère qui la rendait si inoubliable. Il savait que derrière les grands mots, les paroles acerbes se cachait une personne bien plus douce qu'elle même ne voulait le croire. Aussi, dans les moment aussi heureux que celui qu'ils partageaient en ce moment, Humfrey se moquait bien de ce qu'on pouvait dire : que Jocelyn eut préféré Aliénor était facilement compréhensible mais jamais il ne se serait laissé influencé par l'opinion de sa soeur concernant celle qui allait devenir son épouse.

Comme pour prolongé leur actuelle complicité, elle lui raconta les plans qu'Albéric avait eut pour sa descendance et il l'écouta silencieux. Imaginer un avenir différent de celui qui était le leur aujourd'hui paraissait aberrant : Azilys avait son devoir très à coeur et il connaissait des seigneurs qui étaient bien moins impliqué qu'elle. Cependant, il ne pouvait nier que les ambitions de son défunt beau-père pour sa descendance était logique. Un fils à la tête de la maison, une fille pour consolider une alliance, une autre pour assurer que l'héritier ne fasse pas d'impair et que ce dernier serait libre de marier lorsqu'il n'aurait plus besoin de ses services. Beaucoup de maison fonctionnait comme ça. Sans doute, s'il n'avait pas été là pour renforcer les effectifs masculins de Champmoisson, l'une de ses cousines auraient pu connaitre un tel avenir. Bien qu'il n'en fut rien, Humfrey savait toutefois que son fief natal n'avait pas l'importance de celui de son épouse. Que serait-il advenu d'elle alors ? Serait-elle devenue vieille fille, vivant dans l'ombre de son frère ? Aurait-elle fait un mariage politique ou se serait-elle aller aux élans d'un coeur libérée de la charge qu'elle occupait aujourd'hui ? Et lui ? Sans doute ne seraient-ils pas mariés, tous deux liés à leurs maisons mais l'honneur et le devoir. Il aurait probablement épouser une fille de la petite noblesse, une femme au caractère doux qui n'aurait pas fait d'ombre au couple seigneurial. Serait-il plus heureux ? Serait-elle plus heureuse ? Ils ne le sauraient jamais : ce qu'ils avaient était déjà beaucoup et il préférait savourer ce qu'il avait durement acquis auprès d'elle que de rêver à une vie qui n'existerait jamais. « Vous ne l'oublierez jamais, n'est-ce pas ? » demanda Humfrey en coulant un regard vers la brune. « Ce que je vous ai dis ce jour-là en vous ramenant à Montargent. » précisa-t-il plus pour la forme que par crainte qu'elle ignora de quoi il parlait. Il lui arrivait, parfois, de maudire ses propres paroles lorsqu'ils se disputaient, de songer qu'il aurait du prendre sur lui ce jour-là plutôt que de vouloir lui faire fermer son clapet. Mais c'était dans le détail de leur quotidien qu'il s'en félicitait : dans ce sourire qu'elle lui avait offert plus tôt, dans la manière si particulière qu'elle avait de dire son nom ou dans la façon qu'elle avait de regarder leurs enfants. Un rire se mêla à un faux soupire « Au moins puis-je admirer au quotidien la manière dont vous rendez ce pauvre homme fou. » finit-il par dire. Ses doigts le picotaient, l'envie de glisser son bras sur la taille de la jeune femme, de sentir ses formes se coller à lui le prenait comme pour rappeler que, dans ce malheur qu'il avait prédit, des années auparavant, il y trouvait bien plus que ce qu'il aurait pu penser. Il n'en fit rien cependant, préférant la laisser décider du degré de proximité qu'elle lui permettait d'avoir, tel un premier pas vers la reprise d'une vie normale.

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Il eut un rire contenu lorsqu'elle pointa du doigt son éventuelle affection pour le sort, parfois cruel, que lui réservait sa vie conjugale. Il était vrai que le jeune Humfrey avait imaginé une vie différente, lorsqu'il avait eut ces mots pour elle sur la route de Montargent. Vexé que sa galanterie lui vaille si peu de considération, ses mots avaient quitté ses lèvres sans même qu'il puisse les retenir et il avait passé les jours suivants à se persuader qu'il ne regrettait rien. Après tout, que pouvait-elle contre lui ? Cette discussion était entre eux et nul témoin ne pourrait venir témoigner de son indélicatesse quand bien même il savait qu'il avait dépassé les bornes. La jouissance d'avoir eu le dernier mot, de l'avoir fait taire avait pris le dessus sur le reste. Jusqu'à ce que son oncle l'informe du désir de Montargent -et derrière les désirs de son ancien beau-frère se cachait ceux d'Azilys- de le voir accepter la main de la jeune femme. Il aurait pu refuser : après tout, son avenir aurait pu être auprès de son cousin, de sa soeur ou de n'importe quel Swyft. Mais il avait négocier, prenant le prétexte de ce droit de veto sur les noces de sa soeur pour accepter une proposition qu'il semblait râler. Des années après, Humfrey ne savait toujours pas quoi penser de cette période de sa vie. Il savait qu'Azilys comptait plus qu'aucune autre : le drame de la jeune Alyx Lefford, des années, lui avait fait craindre pour la vie de son épouse, et de l'enfant qu'elle portait. Mais cette affection avait-elle des racines plus anciennes ? Son dévouement à obtempérer face aux défi de l'enfant qu'elle avait été dépassait-elle le simple divertissement de jeunesse ?

Au fil des années, le tempérament d'Humfrey, déjà prompt à la réflexion et à l'introspection, s'était développé dans ce sens. Aussi, il n'eut le loisir de poursuivre le cheminement de ses pensées, souriant face au compliment, dissimulé derrière l'identité lointaine d'un époux sans nom ni visage qu'ils évoquaient depuis quelques instant. Non, Humfrey n'était pas lâche : il n'avait pas fuit les défis idiots de celle qui deviendrait son épouse, ni même sa demande en mariage alors même qu'elle laissait présager une existence des plus tumultueuses. A présent, elle était sa femme, sa dame, et il n'aspirait qu'à la voir heureuse, bien que cela passe souvent par des disputes et des périodes difficiles. « Il en serai très heureux. » finit-il par dire tandis qu'elle proposait de le laisser réintégrer les appartements seigneuriaux dont elle l'avait chassé depuis ce qui lui paraissait une éternité.

Sous le soleil d'un printemps prometteur, Humfrey songea que la nouvelle saison lui serait peut être plus profitable que la dernière.