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Wear your honor like a suit of armor {FB / Brynden et Brandon}
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a suit of armor
304, lune 1, semaine 3 »
Le camp était silencieux. Du moins si l’on oubliait les grognements des hommes et la sonorité métalliques des lames qu’on affûte sur la pierre. Mais il n’y avait que peu de conversations. Le soleil baissait doucement à l’horizon, les torches commençaient à s’allumer de ça et de là. Et surtout les esprits étaient préoccupés. Ils n’étaient plus qu’à une voire deux heures de la Haye-Pierre et ils ne savaient pas bien ce qui les attendaient le lendemain lorsqu’ils marcheraient sur la demeure des Bracken. Voilà un peu plus de deux lunes que Lucas avait reçu le corbeau fatidique de Barbara, confessant la traîtrise de son père. Deux lunes que le Chevalier aux Corneilles voulait faire payer leur affront aux Bracken. Il ne s’agissait pas simplement d’une affaire de principes ou de loyautés pour le second fils de Tytos Nerbosc, dans cette affaire. Toute sa famille était persuadée que le Cheval Cabré n’était pas digne de confiance et ne le serait jamais. Et dans sa bonté excessive habituelle, dans son envie de paix absolue, il s’était persuadé qu’il était suffisamment unique pour être celui qui changerait le cours de l’histoire du Conflans une bonne fois pour toute. Au-delà de la trahison des Bracken envers le Nerbosc, il vivait cette révélation comme un affront personnel. Il avait été chamboulé dans ses convictions lorsque Harry Rivers s’était révélé coupable de l’empoisonnement de son père, mais il était prêt à différencier les actions d’un neveu bâtard, que Barbara ne portait pas dans son cœur, de celle de son seigneur. À présent, plus aucun doute ni espoir n’étaient permis et l’épée du Nerbosc le démangeait sérieusement, l’appelant à en finir une bonne fois pour toute, à clôturer ce chapitre absurde de sa vie. À venger son père et tous les Nerbosc bafoués un jour par les hommes de la Haye-Pierre.“Bran ?” Lucas s’était approché de son écuyer, une tentative de sourire réconfortant au coin des lèvres. “Brynden m’attend sous sa tente. Dès que tu auras fini de préparer l’armure pour demain matin, tu pourras nous rejoindre pour le dîner…” Cette fois-ci son sourire se fit plus prononcé et il s’approcha de lui pour ébouriffer ses cheveux avec affection avant de se détourner vers ladite tente. Ces dernières semaines n’avaient pas été de tout repos entre les deux fils aînés d’Arwyn Gris. Eux si solidaires depuis leur plus jeune âge avaient connu des discussions pour le moins houleuse lorsque Lucas avait eu l’occasion de lui faire part des nouvelles de l’héritière des Bracken. Si Lucas avait voulu bouger sur le champ, impulsif comme à son habitude, cherchant à profiter de l’effet de surprise, Brynden lui avait souhaité se montrer plus prudent. Il fallait dire que la récente trahison de Liane Vance avait marqué les Nerbosc. Les Fer-nés ne semblaient jamais bien loin non plus. Et fidèle à lui-même, le suzerain du Conflans avait cherché à avoir toutes les cartes en main, ou en tout cas le plus possible pour éviter de tomber dans un piège bille en tête. Mais tout ce que Lucas était capable de voir, aveuglé par sa fureur pour les Bracken, était son frère sans son habituelle intransigeance… sans sa rancune, à laisser leurs ennemis tisser leur toile encore trop longtemps comme il l’avait fait pour Liane… Marianne l’avait aidé à percevoir que sa vision n’était pas objective, esclave de ses émotions et de sa déception… Les choses s’étaient quelque peu tassées, mais l’amertume avait un goût persistant en bouche malheureusement…
Seulement l’approche de la bataille amenuisait le tout. Ils ne savaient pas ce que leur réservaient les Anciens pour le lendemain et les jours suivants. Et ils devaient se serrer les coudes quoi qu’il en coûte. Puisque si leur approche de la situation s’était faite aux opposés, ils n’en demeuraient pas moins frères et amis, unis pour en finir avec la traîtrise des Bracken d’une façon ou d’une autre. Alors Lucas écarta le pan épais de tissu pour pénétrer dans la tente de son frère. “Me voilà mon frère…” s’annonça-t-il tranquillement tandis que ses yeux se faisaient progressivement à la plus faible lumière qui régnait là, cherchant son frère du regard. Il s’arrêta lorsqu’il l'eut trouvé, offrant un modeste sourire. “J’ai dit à Bran de se joindre à nous…” Il fit un geste vers l’extérieur de la tente à sa mention. “Son premier dernier dîner… Je ne voulais pas qu’il soit seul…” Il se râcla doucement la gorge avant de prendre place sur un des fauteuils de voyage près de la grande table en bois de son frère. “On en est à combien nous ? De dernier dîner ?” demanda-t-il finalement avec un sourire presque moqueur cette fois-ci.
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@Brandon Stark, @Lucas Nerbosc & Brynden Nerbosc
Il détestait le lieu presque autant que la famille qui l'habitait. La Haye-Pierre, fief de la maison Bracken, serait prochainement assiégée par les forces alliées des Nerbosc. Moins imposante que le ban du Conflans dans son intégralité, l'armée qui s'était joint à leur cause demeurait cependant d'une taille tout à fait respectable. Voir autant de maison réagir à sa décision de marcher sur le château de Jonos Bracken l'avait rassuré quant à son autorité et la fidélité de ses bannerets. Sa plume grattant le parchemin, Brynden songeait à l'organisation de la prochaine attaque et rassurait ses soutiens sur l'emploi des forces qu'ils lui avaient prêté. Cette dernière s'adressait à Richard Ryger. S'il avait longuement réfléchi à ses dernières discussions avec le seigneur de Bois-de-Saule, voir l'étendard des Ryger flotter à un coin du camp avait prouvé la loyauté du nouveau seigneur qu'il avait rencontré lors du procès de Lady Liane. Le Ryger avait beaucoup a gagner à soutenir son suzerain : il n'en avait encore parlé à personne mais la fidélité de son banneret pourrait se solder par un mariage et peut être plus selon le tour que prendrait la guerre. Mais avant de songer aux réjouissances, il devait se concentrer à faire tomber cette maudite muraille et le félon qui s'y terrait comme un rat. Il savait que le château résisterait mais Brynden se promettait de mettre tout les soldats de cette garnison à genoux pendant qu'il couperait la tête de leur traitre de maître. Dès que la pensée le prenait, dès qu'il sentait l'immense satisfaction de mettre fin aux jours de Jonos Bracken -pour son père autant que pour le reste du Conflans- il se forçait à revenir à la réalité. Il espérait qu'il pourrait contrôler sa soif de sang et de vengeance pour ne châtier que le seigneur Bracken et ne pas passer ses nerfs sur le reste de la famille. Mais ... Que faire des innombrables filles que le Bracken avait engendré ? Il avait posé la question à Daenerys, espérant qu'en l'impliquant, un peu de sa justesse viendrait jusqu'à lui : il ne pouvait tuer des enfants, mais il ne pouvait non plus les laisser vagabonder et enfanter des futurs traitres qui ferait de la suzeraineté de Duncan un enfer. Il était évident que le geste de Barbara, bien que tardif, se devait d'être récompensé mais les autres ? Il ne pouvait les laisser se promener dans le Conflans et épouser des sympathisants à la cause de leur père. Sans doute donnerait-il les plus âgées aux Sept et prendrait-il les plus jeunes en pupillage. Un soupira s'échappa de ses lèvres, à force de récupérer tous les gamins des troubles-fêtes, Corneilla finirait par ressembler à une nurserie géante plus qu'à un centre de pouvoir. Il fallait vraiment qu'il fasse quelque chose au sujet du petit Volmark qu'il avait réclamé à Lord Maron ... Sa tête tomba entre ses mains tandis qu'une nouvelle migraine le prenait. Se demander ce qu'aurait fait Tytos ne suffisait plus. Plus maintenant qu'il rendait des comptes au Roi et au reste des suzerains de Westeros. S'il voulait que la guerre se passe au mieux, il devait penser avant tout à l'instant présent et non à un avenir plein de fille Bracken gloussant entre les murs de sa demeure.
Ce fut le moment que Lucas choisit pour le rejoindre. S'il s'annonaç aussi simplement qu'à son habitude, Brynden percevait les tension qui entrait, inévitablement, avec lui sous la tente. Ce n'était pas leur premier désaccord, mais sans doute était-ce le plus douloureux. Il avait toujours su pouvoir compter sur son cadet : Lucas était ce qu'il n'était pas : ouvert, jovial, il avait le parler facile et inspirait une sympathie naturelle là où le tempérament plus taciturne de Brynden faisait même fuir son épouse. Pourtant, l'heureux chevalier avait disparu depuis la lettre envoyé par Barbara Bracken. Depuis, Brynden se faisait du soucis. Il comprenait la rage, l'avide désir de vengeance de son cadet, pour ressentir la même. Leur soif de justice n'avait été étanché lorsque le bâtard Rivers avait été épargné grâce aux supplications d'Hoster dont les noces avaient été gâché par l'assassinat sordide de leur père. Il n'avait pu dire non à Hoster. Il n'avait pu souiller encore davantage ce jour en répandant le sang si promptement. Prélude à la retenue dont il se devait de faire preuve, il avait, une fois de plus, pris son temps avant de marcher sur la Haye-Pierre, appelant des soutiens, préparant le départ comme on prépare une campagne de reconquête. Il ne voulait pas de mauvaise surprise et surtout, il ne voulait pas être prit à revers. Cette étude qu'il se devait d'avoir avant de se lancer dans une bataille aussi importante n'était pas du gout de Lucas que l'impulsivité encourageait à prendre un cheval sur le champ pour tailler Jonos Bracken en pièce. Le Brynden héritier en aurait sans doute fait de même. Mais le Brynden suzerain ne pouvait se le permettre. « Tu as bien fait » répondit l'aîné lorsque le chevalier annonça l'arrivée prochaine de son écuyer. Brandon était jeune et allait assister à sa première bataille, son premier siège. Lui non plus n'en menait pas large lorsque Tytos lui permit d'assister à ses premières batailles, et il devait être plus âgé que le jeune loup. « Je crois que j'ai perdu le compte ... Cela faisait si longtemps à Winterfell que je ne suis plus certain du nombre. » avoua Brynden que les veilles de combat était toujours ponctué par un mal de tête résultant de l'anxiété qu'il ressentait. C'était particulièrement vrai depuis qu'il ressentait la responsabilité de la victoire : avoir des gens sous ses ordres ou des personne lui étant cher sur le champ de bataille. « Et toi ? Tu as toujours été plus consciencieux que moi ... » accorda le suzerain à son petit frère. Après tout, Lucas était chevalier, il y avait peut être des rituel qui lui faisait gardé en mémoire le nombre de bataille qu'il avait fait dans sa vie ?
Repoussant les papiers qui l'occupaient jusque là, Brynden se leva pour prendre la cruche qui demeurait sur une petite table d'appoint, apporté lorsque la tente avait été dressée, et versa un peu de son contenu dans deux verres métalliques grossièrement ciselé. « A quoi doit-on s'attendre à ton avis ? » demanda l'aîné en tendant un verre au chevalier. Il se demandait si Lord Jonos faisait surveiller les environs, si un allié ou un espion lui avait transmis l'imminence de leur arrivée, si bataille rangée il y aurait ou s'ils pourraient monter leurs tentes devant les murailles de la Haye-Pierre.
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304, lune 1, semaine 3 »
Le cœur de Bran était battant, oscillant entre peur et courage. Il s’agissait de son premier siège, de sa première bataille. Il allait faire face à d’autres hommes armés ou pas. Comme la plupart des soldats, il ne savait à quoi s’attendre le lendemain lorsqu’ils marcheraient vers la demeure des Bracken. C’était la fin d’une longue histoire d'inimitiés entre Nerbosc et Bracken qui avaient débuté lors du mariage de Sansa et Hoster, pour le plus grand malheur du jeune loup ayant vu sa sœur pleurer en ce jour fatidique. Pour cela, lui aussi désirait se venger de la famille de la Haye-Pierre qui avaient commis cet affront, en plus d’avoir emporté le Seigneur Tytos, ils avaient fait souffrir la digne fille de Catelyn Stark. Il tâchait de s’inspirer de cette vengeance pour se donner la bravoure de combattre demain. Mais du haut de ses treize ans, la peur de trépasser l’habitait. La peur de mourir si loin des siens l’effrayait. Brandon Stark oscillait donc entre deux émotions bien distinctes, qui le rendaient plus morne qu’à l’accoutumée. Son enthousiasme habituel n’était plus à l’aube de cette journée décisive. De toute évidence, il n'avait plus rien de l'enfant ayant quitté Winterfell des lunes plus tôt.Eté à ses côtés le réconfortait, le loup l’observait s'affairer sur l’armure de Ser Lucas, la préparant pour demain. S’il avait peiné au début, les gestes étaient désormais imprimés dans son esprit, il avait trouvé la technique pour ne pas à avoir à souffrir de son poids. Le juvénile tourna la tête vers son maître d’armes qui s’efforçait lui aussi de le consoler en esquissant un sourire rassurant. Ser Lucas était un homme juste, il n’aurait pu rêver meilleur professeur. Il savait que ce dernier souffrait de la situation, qu’il la prenait réellement à cœur. Toujours, il se montrait avenant, patient, raison de plus pour l’apprécier. Hochant la tête, il émit un petit rire lorsqu’il ébouriffe sa chevelure brune, qui commençait à se faire longue d’ailleurs. Sa mère ne manquerait pas de lui faire remarquer si elle était là. Si seulement. Ses bras réconfortants lui manquaient, d’autant plus en ces instants de doute. Et ce fut l’un d’eux, ses yeux brillaient, des larmes manquaient de tomber, en songeant à sa famille. A son Père. Comme si le loup ressentait la détresse de son maître, il vint se placer contre lui, sa tête venant trouver sa main. “Demain, je veux que tu sois loin.” Disait-il en séchant les quelques larmes ayant coulé. Il ne pourrait se le pardonner si son meilleur ami subissait une quelconque déconvenue. Malheureusement, ce n’était pas évident que l’animal obéisse, son instinct de protection prenait souvent le dessus.
Lorsque tout fut prêt, il quitta son loup pour rejoindre les deux hommes dans la tente. Leur fraternité lui rappelait un peu celle qu’il partageait avec Rickon, et dans une moindre mesure, avec Robb. Il put entendre la question de Brynden. Qu’allait-il se passer demain ? La question restait dans l’air pour l’instant. “Ser Lucas, Lord Brynden.” Disait-il d’une petite voix en les saluant, moins joyeux qu’à l’accoutumée. De par sa carrure impressionnante, Brynden l’intimidait, bien plus que Lucas. En plus de son statut de suzerain qu’il partageait avec son grand-frère Robb. Il pouvait entrevoir le même sens des responsabilités. Sauf que son frère était encore jeune. Il n’avait pas la sagesse du Nerbosc. “Merci pour l’invitation.” Il préférait être à leurs côtés que seul, en proie à ses tourments. S’asseyant sur un des sièges face à la table de bois, il se triturait les mains, nerveux quant à ce qui adviendrait lorsque le soleil se lèvera. “Vous pensez qu’ils nous attendent ?” Tapis derrière leurs murs qu’ils soient prêts à se battre, qu’ils aient tendu des pièges, son imagination débordante pensait à tout. Au pire comme au meilleur.
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304, lune 1, semaine 3 »
Il était évident que son frère aîné n’en menait pas bien plus large que lui. Ils étaient des Nerbosc après tout, plaçant toujours l’honneur et le devoir avant le reste. Ils n’étaient pas de ceux qui partaient au combat le sourire aux lèvres, heureux de voir le sang couler. Chaque fois que les Seigneurs de Corneilla en appelaient aux armes, c’était que le besoin était avéré. Ce qui expliquait pourquoi Tytos s’était finalement détourné de Hoster Tully lorsque ce dernier lui avait demandé de marcher sur la Capitale et d’en incendier la population. Il n’y avait rien de juste ou de nécessaire dans ces gestes. Robert était déjà mort… Eddard avait quitté le Conflans pour retrouver la trace de sa sœur… La guerre était perdue et Tytos avait su le reconnaître. Et depuis ce fameux corbeau, il n’y avait qu’un sang que Lucas voulait voir couler, et c’était celui des Bracken. Pas ceux de leurs hommes, pas ceux des fermiers sur leurs terres, mais bel et bien le sang de Jonos, pour avoir tant fait couler celui des Nerbosc et tenter de souiller leur nom. Mais cette fois-ci, il n’y avait pas la solidarité habituelle entre les deux frères. Du moins, elle n’était pas aussi forte qu’elle avait pu l’être juste avant et pendant la Bataille de Winterfell. Elle avait été meurtrie par leurs désaccords sur la façon de traiter la nouvelle relayée par Barbara. Cependant, Lucas espérait sincèrement que la journée de demain ne pâtirait pas de cela, parce que malgré toutes les disputes du monde, Brynden serait toujours son frère, il aurait toujours son amour et sa loyauté. C’est pourquoi il essayait de rendre ce dîner à l’image des derniers qu’ils avaient pu partager par le passé, même si le cœur y était moins.Il lui offrit un bref sourire et hochement de tête lorsqu’il approuva son invitation de Brandon. Loin de chez lui et de sa région, il allait s’exposer à la violence du monde pour des choses qui ne le concernaient pas. Si ce n’est peut-être, l’alliance qui existait à présent entre les Sark et les Nerbosc, avec le mariage de Sansa à Hoster. “Je crois que c’est un chiffre que je ne veux pas retenir… J’aurais trop peur de passer un certain cap, je pense…” répondit-il doucement, tandis que son regard se perdait sur le décor sommaire de la tente de son aîné. “Il y a eu celui de 289, pour mater la rébellion Greyjoy. Je ne sais pas si je peux compter mon dîner à Salvemer avant que les Fer-nés ne débarquent… On s’attendait à une attaque, évidemment, sinon je ne serais pas allé renforcer leurs rangs, mais ça n’était pas la même chose. Tu peux compter le dîner lorsque vous êtes venus contre-attaquer, mais moi pas…” Le chevalier se tût un instant et déglutit avec difficulté. Il ne parlait jamais de cette époque, si ce n’est avec Myrielle ou ses autres compagnons de mésaventure. “Et puis il y a eu tous les dîners à Pyk pour moi… enfin si l’on pouvait appeler ça un dîner… Ou une bataille…” Cela n’enlevait rien cependant aux doutes et aux angoisses qu’il avait éprouvé jour après jour, nuit après nuit, incapable de savoir ce qu’il adviendrait de lui. “Puis Winterfell… et aujourd’hui. Mais je ne tiens pas de comptes.” conclut-il doucement en relevant enfin son regard printanier vers son aîné. Il n’aurait probablement pas dû poser cette question finalement, lui qui s’était tant accroché à l’avenir pour ne plus avoir à songer à son passé.
Puis il regarda son frère se lever pour leur servir deux verres, avant d’attraper la coupe qu’on lui tendait avec un sourire de remerciement pour lui. Il venait de lui ôter les mots de la bouche avec sa question. Il prit une minute pour réfléchir, non sans retenir un soupir. Mais Bran passa les pans ouverts de la tente à ce moment-là. Lucas lui offrit un nouveau sourire chaleureux et désigna la dernière chaise libre en silence, pour l’inviter à s’installer avec eux. “Aucun homme ne doit dîner seul avant une bataille.” lui dit-il avec un sourire avant de tourner la tête vers son frère, cherchant son soutien pour rassurer son écuyer. Il ferait tout pour le protéger demain. Il aurait plus sa place à l’arrière, à surveiller leurs affaires, à vérifier qu’il n’avait pas besoin de son assistance, plutôt qu’à essayer de faire couler le sang de quiconque. “Tiens, prends mon verre, mais bois doucement. Avec ce que tu risques de voir les prochains jours… tu as l’âge à présent.” Il posa sa coupe devant lui avant de se lever jusqu’à la carafe que Brynden venait d’utiliser pour servir un troisième verre. Puis il revint à sa place et répondit à son frère, relancé par Bran. “Je n‘en sais strictement rien. Qui sait ce que Barbara aura pu dire à son père après son corbeau ? Qui sait ce que Jonos a eu le temps de préparer depuis ? Des pièges tout autour de sa demeure ? Des troupes qui auront doublé ou triplé de volume ?” Il haussa les épaules, dépité. C’était pour cette raison qu’il avait voulu couper l’herbe sous le pied de leur ennemi. Couper la tête du serpent avant qu’il n’ait l’opportunité de mordre et de déverser son venin. “Je ne sais pas si les troupes Bracken nous attendront au dehors, espérant en finir avec nous une bonne fois pour toute, ou s’ils se sont plutôt préparer pour un piège, mais je sais qu’avec lui, nous devons nous attendre à tout et surtout au pire… Est-ce que tu as pu apprendre des choses ces dernières semaines ?” demanda-t-il finalement à son aîné. C’est lui qui avait voulu attendre, pour glaner le plus d’informations possible, pour être prêt… alors pour quoi s’étaient-ils préparés exactement ?
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Il était effrayant de constater le détachement qu'ils affichaient à l'idée de ce qui les attendaient, en comparaison de la prévenance que Lucas avait envers son jeune écuyer pour qui il s'agissait d'une première bataille, d'un premier siège. Il aurait été faux de dire que les batailles à venir ne provoquait qu'indifférence chez les deux Nerbosc mais sans doute étaient-ils moins anxieux qu'ils n'avaient pu l'être dans leur jeunesse ou du moins étaient-ils plus expérimentés à le dissimuler. Une forme de lassitude s'était emparée de Brynden : son accession à la suzeraineté n'avait été qu'une suite de tourment et d'urgences brulantes qui ne lui avaient laissé aucun répit. Il espérait que le siège de ce maudit château sonne la fin de ses soucis, qu'enfin il ait le temps de gérer sa propre maison plutôt que de courir aux quatre coin du Conflans. Couper la tête du serpent, voilà ce à quoi aspirait le seigneur de Corneilla. Bien sur, il ne pouvait ignorer l'ombre d'un conflit qui dépassait ses frontières, mais il serait plus serein dans cette bataille s'il n'avait plus Bracken pour lui mettre des bâtons dans les roues et saper son autorité. Cela faisait bien trop longtemps que Jonos Bracken n'en faisait qu'à sa tête, profitant du trouble de la mort de son père pour se montrer ouvertement provocateur envers lui : son temps d'arrivée au procès de son propre batard, accusé d'avoir assassiné son suzerain, n'avait été que la première étape d'une longue série d'humiliation qu'il s'était promis de châtier. Et s'il espérait que la lame purificatrice de son épée purgerait son ennemi de sa couardise et de ses pêchés, il ne pardonnerait jamais Bracken pour avoir été la cause de cette soudaine discorde entre son frère et lui. « Peut être est-ce mieux ainsi ... » répondit l'aîné. « Peut être que de ne plus tenir le compte est le gage que nous n'avons pas passé notre vie à la risquer dans des combats qui finiraient par avoir raison de nous. » Etait-ce l'âge qui le rendait si pragmatiquement pessimiste ou le souvenir de ses piètres performances à Winterfell ? « J'espère qu'il en sera de même pour Brandon. Que le souvenir de ces diners se perde dans une paix durable. Mais je crains qu'on ne puisse y compter pour l'instant. » Il n'avait rien caché de son séjour à Port-Réal à son cadet, ils savaient tout deux ce qui se profilait à l'horizon. Au delà de ce qu'un siège impliquait, les tensions qui agitait les Sept Couronnes ne se limitait pas à la Haye-Pierre ou au Conflans. Bientôt éclateraient les premières batailles aux couleurs des deux frères Targaryen et il espérait qu'il n'était pas en train de mettre le feu aux poudres de sa propre région. C'était ce qui l'avait retenu. Dans la légère intimité retrouvée avec son épouse, il était sensible aux arguments de Daenerys sur l'impact qu'une nouvelle guerre aurait sur un Conflans déjà mis à mal par les attaques des fer-nés des années plus tôt. Il avait beau se répéter que sa décision n'avait rien à voir avec Viserys, avec Rhaegar, il espérait juste qu'il ne se fourvoyait nullement en ayant ainsi marché sur la Haye-Pierre, convoquant ses alliés plutôt que son ban, pour répondre à l'insubordination de son banneret et non chasser un traitre au Roi. Un tel choix lui permettait aussi de savoir à qui il pouvait, ou non se fier et envoyait une image forte à ceux qui serait encore indécis.
Il offrit un signe de tête au jeune Stark, conscient de l'état émotionnel qu'il tentait de refouler malgré tout. Il était jeune mais il avait déjà conscience de l'importance de l'image qu'il renvoyait, songea Brynden avec un pincement au coeur. Il imagina ses propres frères : certes Lucas et Hoster étaient assez vieux pour avoir connus leurs premiers diners, mais ce n'était pas le cas du reste de ses frères, encore trop jeune pour avoir été à la guerre. Il n'imaginait pas Robert, le petit dernier, fragile depuis le plus jeune âge, arme à la main, et il doutait que Lucas l'eut envisagé davantage. Il se demanda si Robb Stark imaginait ce qui attendait son cadet lorsqu'il le leur avait confié mais après tout, même le jeune loup avait connu des déboires sur son fief. Il aurait été mal placé de faire un quelconque reproche. « Tu la connais mieux que moi ... Mais je ne cesse de me demander pourquoi elle aurait fuit à Rougefort si elle jouait double-jeu avec son père. Lord Jasper semble vouloir suivre la voie de son père pour la neutralité, je doute qu'il aurait accepté de garder sous son toit une femme qui pourrait lui planter un couteau dans le dos en lui amenant la rancune des Nerbosc. » dit-il, tapotant son menton désormais recouvert d'un abondant tapis de poils bruns et drus. « Mais Bracken n'est pas stupide et sa fille n'aurait pas fuit le château sans raison. Il y aura sans doute de la résistance en face. » ajouta le brun en regardant son verre avec un intéret limité. Il secoua la tête à la question de son cadet : les rapports des éclaireurs n'avaient rien apprit de particulier tout comme les hommes qui avaient été éparpillés à travers ses terres. « Rien de notable, je le crains ... » ajouta-t-il à son signe de tête. « Avant notre arrivée, rien n'a eut l'air différent de la routine du fief : je m'étonne des visites que Jonos Bracken peut recevoir, pour un seigneur de maison mineure, mais les mouvements aux portes du château me laisse penser qu'il n'y aura pas d'otage malheureux ... Cependant, cela fait des années qu'il boude dans son coin, on ne sait jamais si il n'avait pas déjà prévu le coup en se préparant à une telle éventualité. » résuma le trentenaire avec amertume. Il voulait envisager le pire : dans le meilleure des cas, il serait juste déçu du manque de résistance de son vieil ennemi. « Fourbe comme il est, je doute qu'il lance une bataille frontale. Aussi, pour répondre à ta question, Brandon, je pense que nous nous dirigeons vers un siège comme Westeros n'en a connu depuis des années. » Cela serait une guerre des nerfs. Restait à espérer que les réserves de La Haye-Pierre fonde plus rapidement que la détermination de son seigneur à semer le chaos.
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Contrairement aux deux hommes, Brandon ne connaissait rien des horreurs de ce monde et n’en n’avait vu que la beauté ces dernières lunes. Il était temps pour lui de dire définitivement adieu à sa vie d’enfant bercée d'insouciance. Un deuil difficile bien que déjà fait depuis le décès de son père puis celui de Lord Tytos, sous ses yeux. Il avait alors vu la mort, un spectacle qu’aucun enfant ne devrait connaître et l’avait fait mûrir bien plus vite que prévu. Depuis lors, sa naïveté avait été ébranlée dans sa profondeur, sans pour autant en montrer à ses proches. Ce soir, elle se voyait achevée par ce futur siège, cette bataille qui les attendait demain. Celle-ci marquait la fin des inimitiés entre Nerbosc et Bracken, une finalité qui n’aurait pu être évitée suite à l’impardonnable commis lors du mariage de Sansa et Hoster. Il ne faillira pas demain. Il ne l'acceptera pas. Malgré sa peur. Eddard Stark lui avait toujours appris que nul homme n'était dénué de peur, outre les stupides. Le courage résidait dans la capacité à y faire face et à la transformer. Bran ne saurait dire s’il en était doté, le verdict tombera d’ici quelques heures. Allait-il trembler ou non en tenant son épée ?Le sourire chaleureux de Lucas le déridait quelque peu. Il n’aurait pu rêver meilleur mentor, faisant souvent preuve d’une grande bienveillance à son égard. Il ne s’offusquait pas de la fragile constitution du jeune Stark. Loin des siens, il retrouvait un peu de l’ambiance familiale auprès d’eux : simplicité et générosité avec une union à rude épreuve. Bientôt, il partagerait la même relation avec Robb, en plus d’être l’un de ses bras armés en compagnie de Jon. La coupe de vin posée devant lui, Bran clignait des yeux sous l’étonnement. Jamais il n’avait bu de l’alcool, attendant l’autorisation de sa mère. Pour sûr que Catelyn en serait outrée, mais au diable ses remontrances. Elle était à mille lieues d’ici. Les circonstances n’étaient pas les mêmes. Cette soirée serait peut-être sa dernière. Il but une petite gorgée, et se mit à toussoter en sentant le liquide lui brûler la gorge. Pour sûr que les hommes expérimentés qu’étaient Lucas et Brynden allaient s’en amuser. Tentant d’oublier la chaleur de ses entrailles causée par la boisson, il tournait son regard vers Lucas qui lui non plus ne savait à quoi s’attendre. Personne ne connaissait vraiment ce que Barbara avait pu faire dans son corbeau à son père. Nul ne savait si les Bracken avaient placé des pièges tout autour, ou au contraire allaient attaquer frontalement. L’incertitude était totale, ils allaient avancer au beau milieu d’un épais brouillard. Une chose était sûre, il y aura de la résistance. Puis, il questionna l’aîné dont les éclaireurs avaient peut-être plus d’informations. Malheureusement, rien de notable pour le suzerain, outre les nombreuses visites du seigneur de la Haye-Pierre. Frustré, Bran se mordait l’intérieur de sa joue. “Les sièges peuvent durer des lunes, mais pas éternellement non ?” Ils allaient bien finir par manquer de nourriture pour survivre. Le Bracken était donc prêt à sacrifier son peuple par fierté ? “Vous pensez qu’il ne se rendra pas même si tout semble perdu ?” Probablement que sa naïveté lui laissait encore espérer l’arrêt de cette folie. Brandon était profondément attristé de voir que l’être humain s’affrontait sans cesse pour des ambitions démesurées comme dans le cas du seigneur Bracken. Même en étant acculé. S’il avait fait évacuer sa fille, l’homme désirait se battre, Brynden le connaissait probablement plus que lui. De ce qu’il comprenait, Jonos était fourbe, loin de la grandeur de Ned Stark ou celle de Tytos Nerbosc. Il n’avait aucun honneur, usant de méthodes immorales pour arriver à ses fins. L’empoisonnement du Nerbosc en était la preuve. ”Pourquoi fait-il tout ça ?” Disait-il avec amertume et incompréhension face à autant de cruauté au sein d’une même âme. Ne savait-il donc pas qu’il courait à sa perte ainsi ?
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Son frère aîné partageait son humeur pour le moins morose. Ce dîner avait un goût différent des précédents puisque pour la première fois, il ne se sentait plus aussi uni à Brynden qu’auparavant. Mais cette bataille était aussi leur première depuis Winterfell. Une bataille qui avait été habitée par de nombreux doutes… jusqu’au dernier moment, ils leur avaient paru difficile de croire qu’ils allaient affronter des hommes sans vie et pourtant bien capable de brandir une arme au-dessus de leur tête. Mais s’ils avaient survécu à cela, ils devraient bien pouvoir survivre à de simples Bracken ? Tout aussi vils et sournois qu’ils pouvaient être ? Il se l’était promis en tout cas, pour Marianne. Il devait lui revenir, il devait être là pour l’épauler dans son prochain accouchement. Il devait rencontrer son nouvel enfant et serrer à nouveau sa femme et Tysha dans ses bras. Il devait tenir sa promesse à Catelyn Stark et ramener Bran en vie à Winterfell. “J’espère oui, que ce premier dîner sera le dernier pour Bran. Ou qu’il y en aura bien peu d’autres pour lui…” Il n’y croyait guère avec ce qui s’annonçait entre le Roi Rhaegar et son frère… mais peut-être que pour une fois… les conflits se déroulaient ailleurs, laissant les terres du Conflans dans un semblant de paix et les Nerbosc occupés à garder celles-ci en l’état… C’était le mieux qu’ils pouvaient espérer pour le moment. Bran fit son arrivée sous la tente du suzerain conflanais et prit place à la table de fortune sur laquelle ils allaient partager leur repas. Pour une fois, Lucas avait bien voulu le laisser consommer un peu d’alcool. Il espérait que cela lui réchaufferait un peu le corps et le cœur avant la bataille du lendemain, pourquoi pas même lui donner un peu de courage, bien qu’il ferait tout le nécessaire pour qu’il n’ait pas à trop en montrer. En attendant, le Chevalier aux Corneilles laissa aller son imagination quant à ce qui pouvait les attendre aux abords de la Haye-Pierre lorsqu’ils y chevaucheraient le lendemain dès le lever du soleil. Lucas n’avait que des hypothèses et non plus de conviction. Comme une autre promesse qu’il se serait faite, celle de ne plus avoir de certitudes quant à ses amitiés. Les trahisons successives de Barbara Bracken et de Liane Vance avaient eu raison de lui… Quelque chose s’était brisé. Aussi quand Brynden rappela qu’il était celui qui connaissait le mieux la personne qui leur avait révélé la trahison de Jonos, le puîné des Nerbosc se renfrogna quelque peu. Incapable de prononcer une phrase intelligible, seuls de vagues grognements franchirent ses lèvres. Lorsque sa gorge fut suffisamment dénouée pour déglutir, il porta sa coupe à ses lèvres, conservant le silence un moment. Néanmoins, la première gorgée de Bran lui tira un sourire et le dérida à nouveau. “À moins que la Haye-Pierre n’ait un accès secret vers l’extérieur, non, un siège ne peut pas durer éternellement. Et l’hiver que nous venons de vivre a été rude et moins de monde répond d’eux depuis la Rébellion du Cerf, aussi, leurs denrées alimentaires sont comptées… Mais il y a parfois des surprises… il ne faudrait pas faire preuve d’arrogance et oublier que le siège d’Accalmie a durée près d’une année.” Il but une nouvelle gorgée avant de lâcher un vilain juron à l’évocation du seigneur des lieux. “Jonos n’est pas un homme d’honneur et sa haine pour les Nerbosc ne semble pas avoir de limite… Je pense qu’il préférerait passer son corps sur l’un de nos lames plutôt que de ployer le genou devant l’un de nous et de reconnaître notre supériorité sur lui.” Il poussa un léger soupir avant de reprendre. “Le message de sa fille aînée laisse entendre que sa trahison est en place depuis un long moment… Depuis le tournoi de Lestival… il aura eu le temps de se préparer à beaucoup de choses, à toutes sortes d’issues différentes contrairement à nous. Je pense qu’il ne faut pas vendre la peau de ce vieux renard trop vite, bien que j’aimerais qu’on en ait fini au plus vite avec sa personne…” La dernière question de Bran résonna fort en lui. Il se posait la même question, bien qu’il n’avait plus le loisir de pouvoir le formuler aussi simplement, avec cette déception, il était à présent obligé de réagir. Il soupira doucement, une nouvelle fois, posant sa main avec affection sur celle de son écuyer, avant de relever son regard vers Brynden, l’invitant à offrir une réponse peut-être moins acerbe que celle qu’il avait sur le bout de la langue.
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Parler du seigneur de la Haye-Pierre exacerbait la colère du suzerain : il gardait en tête l'image d'un Tytos Nerbosc conciliateur mais ignorait bien quelles étaient les réelles relations que son père entretenait avec leur vieil ennemi. Une chose était certaine, le concernant, Jonos Bracken avait très mal commencé. Son aplomb était une insulte et son insubordination était arrivé à bout de sa patience. Tout en noyant son nez dans sa coupe, sa main libre émiettant une tranche de pain, Brynden grommela. « Bracken n'a pas les couilles de Stannis Baratheon : c'est un roquet qui ne fait qu'aboyer mais il nous a prouvé que lorsqu'il faut aller se battre, il n'y a plus personne. Stannis Baratheon a préféré manger les rats d'Accalmie que de laisser sa forteresse tomber : ça en dit long sur sa détermination. » Les deux hommes étaient incomparables. Le suzerain Baratheon avait tenu un siège en répondant à son devoir, à son serment envers son frère aîné. Jonos Bracken ne servait que son propre intérêt et n'avait d'honneur que le concept dans un coin de son esprit. Les articulations de sa main banchirent sous la crispation que cette pensée provoquait. Il voulait en finir et il savait qu'il n'y aurait de miséricorde pour ce poney si fringuant. Non. Il lui trancherait la tête et la ferait planter au bout d'une pique, il la ferait ensuite ramener à Corneilla et la laisserait pourrir du haut de ses remparts pour montrer à tous ce qu'il en coutait de le défier. Qu'importe d'être traité de barbare, une fois que les asticot auraient achevé leur oeuvre, il utiliserait le crane de son ennemi comme presse-papier juste pour sa satisfaction propre. Les sombres pensées du suzerain lui tirèrent un grognement de contentement. Oui, sa générosité serait de ne pas envoyer les fillettes rejoindre leur traitre de père : leur sort dépendrait de la merci que Daenerys serait prête à leur accorder. Il lui faudrait aussi s'occuper de cas de Barbara : Lucas plaiderait-il en sa faveur ? Invoquerait-il la sagesse et la loyauté de l'héritière qui avait dénoncé la trahison d'un père qui l'effrayait et la menaçait ? Ou la laisserait-il demeurer en exil à Rougefort loin de la colère de son aîné ? Une part de Brynden avait hâte de le savoir.
Il finit par se reprendre, conscient que la présence de Bran ne lui permettait pas de se comporter comme un sauvage et que ses relations, déjà tendues, avec Lucas ne pardonneraient pas qu'il heurte une nouvelle fois son cadet. Toussotant dans sa main, Brynden posa son regard sur le jeune Stark. Tout comme l'alliance qui avait unie Hoster à Sansa, la présence de Bran était un gage de l'amitié entre le Nord et le Conflans, il lui fallait faire bonne figure devant l'enfant et garder ses pulsions sanglantes pour l'intimité de sa tente, une fois vidée de ses invités. « Néanmoins, Lucas a raison : Jonos a sans doute un égo trop grand pour son château et il ne se laissera sans doute pas faire sans rien dire. Sa haine pour les Nerbosc n'a fait que grandir durant toutes ses années. Je doute qu'il saisisse la base de la rivalité entre nos maisons, il se contente juste dé décharger sa rage sur notre famille comme si nous étions la cause de tous ses maux. » rappela le Nerbosc, approuvant son frère tout en évoquant l'origine passée de leurs griefs. Qui se vexait que son voisin prétende avoir été Roi dans un Âge dont personne ne pouvait plus témoigner ? Qui se moquait de savoir quelle maîtresse d'Aegon l'Indigne, et quels Grands Batards engendrés, avaient le plus les faveurs d'un roi disparu et dont tous savaient combien le règne était discutable ? Non, tout cela n'était qu'une excuse. Une excuse pour justifier la jalousie d'un homme qui avait prit de mauvaises décisions, et qui continuait de le faire. « Mais s'il y a une chose que tu dois retenir, Brandon, c'est que l'on reste responsable de nos choix. Jonos a décidé de vivre dans la jalousie et la plainte : c'est de sa faute si sa maison est ce qu'elle est aujourd'hui. » ajouta Brynden, légitimant un peu plus sa propre décision de faire le siège des lieux. Bracken était indigne de ses titres : il enviait une place, un statut qu'il ne méritait en rien. Quel suzerain restait en retrait pendant que les hommes allaient se battre ? Quel suzerain prenait l'assassinat d'un seigneur, qui plus est tué par sa propre engeance, à la légère ? Pour cette affaire, Brynden avait refusé de convoqué le ban, de faire de cette histoire une affaire conflanaise pour garder cela entre leurs deux maisons mais il doutait que, si les places eurent été inversés, son ennemi en aurait fait de même.
La tente semblait soudainement lourde et les paroles de lUcas, avant que son écuyer n'arrive, lui revenait en tête. Il y avait mieux comme dernière soirée ... Retrouvant une posture plus sérieuse, Brynden glissa un nouveau regard vers le Stark. « Nous parlions d'Accalmie mais quels sont les sièges dont tu as entendu parler, jeune loup ? » lui demanda-t-il, interrogeant ses connaissances autant que son gout pour les histoires épiques. Il y avait tout un tas de sièges, plus ou moins contemporain, qui avaient traversé l'histoire pour leur parvenir. Ils avaient tous le récit fantasmé d'une bataille qui motivait leur désir de prendre les armes et cela en disait bien souvent long sur une personne.
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Bran se devait de grandir, d’ouvrir les yeux sur les possibles tensions qui pouvaient exister au sein de Westeros. Les enseignements de Mestre Luwin lui revenaient alors en mémoire. Durant des siècles, le continent avait été le théâtre d’affrontements en tout genre, des mésalliances, des alliances et des trahisons. Mais cela n’était resté que théorique dans la tête de l’enfant. Aujourd’hui, il se prenait la réalité de pleine face. L'inimitié entre Bracken et Nerbosc remontait à bien des années, atteignant désormais son paroxysme avec le siège de la Haye-Pierre. Il ne pouvait que ressentir la haine dans les mots des deux frères à l’égard de cette famille responsable de bien des maux. Dans sa naïveté encore enfantine, il peinait à comprendre ce qu’il pouvait pousser un seigneur à faire de tels actes, à transgresser tant de règles. Pour le pouvoir ? La gloire ? Il ne saisissait pas ce qu’il valait de faire couler autant de sang. La paix n’était-elle pas préférable à la guerre ? Il pensait que oui mais force était de constater qu’il était encore bien insouciant. De toute évidence, il se devait de rentrer à l’âge adulte plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. La peur l’étreignait alors à cette idée, à se trouver si loin des siens. Et si le Nord se voyait subir de pareils événements ? Il ne serait pas là pour défendre la meute, bien qu’il ne doutait aucunement des capacités de son grand-frère pour y faire face. Tout cela ne faisait que renforcer son appréhension, en plus de la boisson qui lui brûlait la gorge. Un siège ne pouvait durer éternellement, toute possibilité de liens avec l’extérieur étant coupée, le manque de nourriture et ressources allait se faire sentir. Reposant son verre, il levait les yeux vers son mentor dont les mots résonnaient en lui, la Rébellion du Cerf dont il avait tant entendu parler. Accalmie avait tenu près d’une année, une prouesse qui prouvait une vraie détermination de son Seigneur, Stannis. Jonos Bracken était-il du même acabit ? Bran l’ignorait, ne connaissant rien de cet homme outre ses actes impardonnables, notamment lors du mariage de sa sœur, Sansa. Visiblement, sa trahison datait depuis plusieurs lunes, fomentée dans l’ombre. Ses sourcils se fronçaient, les trahisons ne se préparaient pas en peu de temps de toute façon. Pas après avoir étudié toutes les possibilités et rallié le plus de maisons à sa cause. Ce siège s’annonçait donc ardu. Le jeune garçon déglutit alors, nerveux. Si Stannis et Jonos ne se ressemblaient pas, ce que soulignait le Suzerain, sa détermination était tout de même là. Le vieux seigneur avait sûrement plus d’un tour dans son sac. Une fois de plus, ce qui les attendait demain restait incertain qu’il sentit son coeur s’emballer. Il ne devait pourtant pas trembler, il n’en n’avait pas le droit. Son épée ne devait pas se montrer hésitante demain. Écoutant attentivement les paroles de Brynden, il hocha la tête. Jonos avait choisi de se détourner du bon chemin, de la paix. Il avait choisi la voie des armes et de la trahison. Même si cela engendre la fin de sa maison. Cela faisait étrangement écho au destin de la Maison Bolton, depuis toujours en conflit avec celle des Loups. Il avait eu vent des derniers événements via des lettres avec sa sœur, Lyanna et Robb lorsque ce dernier avait le temps. Ramsay avait également fait le choix de vivre dans la jalousie. Les Mormont avaient longtemps réclamé justice auprès de Robb. Plus que jamais, cela confirmait que sa naïveté n’avait plus sa place.
Cela l’effrayait, une peur viscérale qui semblait attirer la présence de son loup qui se faufile à pas feutrés jusqu’à eux. “Eté ! Je t’avais dit de rester.” Une réprimande qui n’eut aucun effet. Eté venait alors s’asseoir à ses côtés, posant sa tête sur ses cuisses. Levant le nez, il réfléchissait alors à des sièges passés qu’il avait pu entendre lors de ses enseignements à Winterfell. Il y en avait plusieurs. “Il y’en a eu plein des sièges, notamment lors de la Conquête, mais c’est probablement à Dorne qu’il y’en a eu le plus. Ils ont résisté si longtemps ! Plus récemment, j’ai entendu parler de la rébellion Greyjoy, même si ce n’est pas vraiment un siège, à laquelle Père avait participé.” Une certaine nostalgie l’étreignait en songeant à Ned Stark, parti trop tôt. Si beaucoup pleuraient leur Suzerain, lui pleurait un père, son père. “Père ne s’en est jamais vanté.” Car retirer des vies n’avait rien d’admirable, encore plus lorsqu’il arracha le jeune Theon Greyjoy pour assurer l’obéissance des Îles de Fer. “Et plus récemment, à Fort-Terreur.” Brynden avait dû entendre parler de la bataille qui s’en était suivie. Bran n’avait malheureusement pas les détails, ayant simplement eu vent que Robb en était sorti grièvement blessé.
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304, lune 1, semaine 3 »
Lucas était celui qui avait fait la comparaison avec Accalmie lorsque Bran lui avait demandé combien de temps un siège pourrait durer. Mais Brynden était celui qui avait raison en rappelant que Jonos n’était pas Stannis. Leur caractère ne semblait en rien comparable, si ça n’était qu’ils n’étaient ni l’un ni l’autre, avenant au premier abord. Mais peut-être que dans le cas du Bracken, cela était dû à son propre nom Nerbosc. Peut-être que d’autres le trouvait tout à fait charmant… Mais il peinait à y croire. Ils avaient aussi appris depuis le temps que sans Davos Mervault, celui qui était depuis devenu le Suzerain des Terres de l’Orage n’aurait probablement pas pu survivre. Mais il n’y avait nul accès dissimulé via la mer à la Haye-Pierre. Lord Jonos Bracken ne pourrait pas compter sur une telle aide. Alors Lucas hocha doucement le visage par la positive tandis que son frère parlait. Mais visbiblement, il y avait tout autant de choses que son aîné taisait. Il sentait sa tension de l’autre côté de la table et savait bien cette fois-ci, que ça n’était pas que l’écho de la sienne. C’était la même colère que le père de Barbara réveillait en lui. Il ne devait sa vie sauve et sa nouvelle possibilité de trahison qu’à la bienveillance de leur puiné. Même la patience du Chevalier aux Corneilles avait ses limites. Il vint cependant compléter le discours de son frère pour expliquer à quels maux Brynden faisait justement référence. “Je ne sais pas si ta mère t’en as déjà parlé par le passé, mais ton grand-père, Lord Hoster Tully, s’est lancé à la poursuite de l’armée royale, après la mort de Robert Baratheon, voulant mettre à feu et à sang Port-Réal… C’est à ce moment-là que notre père a décidé de retourner vers Corneilla. Pas parce qu’il n’était plus loyal à son suzerain… Notre père n’avait qu’amitié et respect pour lui (tu as entendu le nom de notre frère ?) mais cela semblait folie. Et nous, Nerbosc, ne pouvons oublier nos mots. Si la cause de ton père et de son ami Baratheon nous semblait tout à fait légitime pour se rebeller contre notre Roi… Nous n’aurions jamais pu retrouver le sommeil si nous avions marché pour Port-Réal pour massacrer des innocents. Car la ville est remplie de civils et non pas de soldats… Des scrupules que Jonos n’a pas eu et qui lui ont valu de perdre en prestige à la fin de la Guerre, là où le Roi nous a récompensé. Et je sais que certains y ont vu de l’opportunisme de notre côté pendant des années, mais je pense que tu nous côtoie depuis assez de temps à présent pour comprendre qu’il ne s’agissait pas de cela. De notre conscience et de notre honneur avant tout. Et cela, les Bracken ne l’ont ni compris, ni digéré.” Comme Brynden l’expliquait, chaque seigneur faisait ses choix et devait en assumer les responsabilités, puis vivre en âme et conscience. Les Nerbosc choisissaient la voie d’une conscience tranquille. Peut-être cela lui rappelerait la politique d’Eddard, parce que Lucas demeurait persuadé que le Vieux Loup aurait fait exactement le même choix à leur place. Après tout, il n’était pas resté avec la famille de son épouse mais s’était envolé au galop pour Dorne et d’autres affaires. Peut-êter que si Bran voyait un peu de sens à leur action de demain, peut-être le poids de l’armure et de l’épée lui sembleraient moins lourds.
L’intrusion du loup les coupa un instant, le temps que son maître le réprimande et ne le renvoie patienter à l’extérieur. Mais visiblement, ce dernier n’avait pas envie d’être séparer de Bran… comme s’il avait conscience de l’incertitude qui planait sur le lendemain. Seulement Été n’était pas un petit chien mignon et sa tête posée sur les cuisses du jeune écuyer prenait toute la place, tirant un rire amusé au Chevalier Nerbosc. Il commençait tout juste à se familiariser à la présence du loup, cessant de sursauter lorsqu’il s’approchait de lui sans le voir ou l’entendre arriver. Son regard revint néanmoins sur Bran lorsqu’il reprit la parole. Mais la mention de Pyk lui tira un frisson qu’il ne put réprimer et son regard se perdit dans sur les pans froissés de la tente. Il cessa d’écouter un instant pour lever sa coupe jusqu'à ses lèvres et boire le breuvage qui l’aiderait à ne plus y penser. Il ne fit pas attention à la mention de Fort-Terreur.
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Ce fut Lucas qui reprit la parole, explicitant ses mots d'un langage plus simple et accessible, dépourvu des émotions que Brynden avait eut dans son discours. Le suzerain fut frappé par la pédagogie dont se frère faisait preuve : il n'était pas certain d'adopter un tel comportement avec Edmund, mais ce dernier était son frère et leur relation en était forcément biaisé. Peut être était-ce dans les prérogatives d'un chevalier ? Après tout il ne l'était pas non plus, il lui manquait peut être le chapitre Savoir parler et enseigner à la jeunesse, ce qui l'effrayait quelque peu pour l'avenir, mais il du finir par reconnaitre que c'était peut être le tempérament naturel de Lucas et dont il serait à jamais dépourvu. Il était bourru, grognon, peu locace là où son frère brillait par son humour et sa présence. Ils n'auraient pas pu être plus différents l'un de l'autre et pourtant, c'était ce qui faisait leur force : Lucas était un émissaire né, charismatique et capable de s'adapter à son public quand lui préférait le calme de sa demeure pour réfléchir aux grandes décisions qu'il se devait de prendre. L'intervention de l'animal du petit Stark arracha définitivement Brynden à sa mauvaise humeur : la réaction si spontanée, la voix juvénile lui rappelèrent que, malgré tout, Brandon Stark restait un enfant et qu'il n'avait à souffrir la colère d'un suzerain qui n'était même pas le sien. Il approuva les hochement de tête les quelques noms donnés par le garçon qui mentionna rapidement Dorne avant de passer aux deux dont il avait du entendre plus que parler avant de quitter le Nord. Pyk et Fort-Terreur, la preuve que même sous la paix du roi, les ambitions et la félonie poursuivaient leurs oeuvres. Si seulement Hoster n'était pas intervenu, songea Brynden, ce siège aurait peut être eut leu plus tôt et ils seraient tous en de meilleurs endroits et de meilleurs contextes qu'ils ne l'étaient actuellement.
Il suivit toutefois Lucas du regard le temps que dura les quelques mots du garçon et hocha de nouveau la tête. « L'histoire est pleine de tout un tas de siège victorieux ou non. » reprit-il. « Mais lorsqu'on est celui qui est acculé, la connaissance du terrain fait la différence. Dans le cas de Dorne, c'est particulièrement vrai mais cela vaut aussi pour Accalmie : si les assiégés n'avaient pas si bien connu leur château et les environs, peut être que les choses auraient été différentes. » Il se garda bien d'ajouter que c'était la raison pour laquelle un seigneur s'entourait de gens de confiance, et pourquoi le cercle proche était, généralement, des gens des environs. Cela coulait de source. « Le reste n'est qu'une histoire de guerre des nerfs. » reprit le Nerbosc en jouant avec le pied de son verre. « A l'extérieur, nous expérimentons la fatigue, les intempéries, l'inconfort d'être constamment en armure, loin d'un château et l'épuisement de rester sur le qui-vive. Mais à l'intérieur, la situation n'est pas plus favorable : il faut savoir gérer la panique des habitants, l'inquiétude des familles séparées ainsi que les ressources dont dispose le château. » Le reste ne dépendait que du temps s'écoulant, du temps faisant son oeuvre sur les corps et les esprit. « Nous tenterons d'attaquer pour voir sur leurs murailles tiennent et cela ajoutera aux tensions qui existe déjà. » Et ces tensions serait d'autant plus de fatigue s'accumulant dans l'esprit de leurs adversaires, d'inquiétude et de sommeil manquant qui viendrait ralentir l'esprit, la réfléxion et les décisions. « Avec le temps, ils feront une erreur et nous pourrons rentrer ou ils finiront par se rendre lors de négociation ... Et ça, si la maisonnée ne se révolte pas d'elle même pour ouvrir les portes et mettre fin aux hostilités. » Brynden n'envisageait pas la possibilité de perdre ce siège : il mourrait au pied de ces murailles plutôt que de lever le drapeau blanc depuis cet homme qui se jouait de lui depuis si longtemps.
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304, lune 1, semaine 3 »
Bran écoutait attentivement les paroles de son mentor, toujours prêt à lui expliquer simplement les choses là où son âme encore enfantine et inexpérimentée ne comprenait pas toutes les subtilités. S'il avait quitté Winterfell, il ne connaissait encore que peu de choses concernant la politiques et ses rouages. Tout comme la guerre. La pédagogie de Lucas était plaisante et rassurante pour le jeune garçon. Le chevalier était devenu son nouveau repère, loin des siens, il en avait besoin. Ser Lucas représentait ce qu'un jour il espérait devenir. Probablement que jamais il n'atteindrait son niveau. Contrairement à lui, Bran n'aurait que peu de rôle politique pour sa famille. Ou peut-être que si, l'avenir demeurait incertain désormais que la guerre menaçait le continent. Une chose était sûre, il avait grandi, mûri, mais n'abandonnait pas son rêve. Qu'un Stark devienne chevalier. Finalement, les dires de l'émissaire résonnaient en lui, il avait la sensation de retrouver un peu de son père dans les scrupules du sien. "Nos pères auraient été de grands amis si les dieux en avaient décidé autrement." Disait-il laconiquement, mélancolique. Tytos et Eddard représentaient un autre monde, désormais révolu. Celui de l'honneur et de la justice. Des valeurs rares en ces temps de guerre civile. La tête de son loup sur ses cuisses, Bran esquissait un doux sourire. L'animal n'aimait pas s'éloigner trop loin de lui depuis quelques jours, comme s'il ressentait la nervosité de son maître. Comme s'il sentait que demain serait décisif. Il n'avait rien d'un petit chien en effet, il mesurait presque la taille d'un être humain et impressionnait ceux qui n'avaient pas l'habitude. Force était de constater que Brynden et Lucas s'étaient accoutumés à sa présence. Finalement, ses opales sombres se posaient sur le suzerain du Conflans. Les sièges étaient tous différents. Un échec ou une réussite dépendait de plusieurs facteurs. Il hochait la tête, attentif. Comment en être autrement ? Lui était inexpérimenté quand eux semblaient avoir tant vécu. Une chose était sûre, il n'envisageait pas de perdre contre les Bracken. Celui qui ne cessait de se jouer d'eux depuis si longtemps. Des griefs qui existaient depuis des temps immémoriaux. Viserys en avait tiré partie. Brandon avait peur que le Nord ne s'embrase à son tour.
Au gré de la nuit, les conversations furent tantôt légères tantôt plus lourdes, jusqu'à ce que Bran ne prenne finalement congé, laissant les deux frères Nerbosc. S'il n'était pas totalement rassuré quant à ce qui arrivait demain, il savait qu'il ne serait pas seul, bien entouré. Sa première bataille ne serait pas la plus sanglante, mais comme l'avait justement dit Brynden, ce serait surtout les nerfs qui seraient mis à rude épreuve.
- HRP:
- Pardonnez mon retard
Si ça vous va pour clôturer, j'irais faire le recensement
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