De surprise en surprise ☾ Robar Royce

An 303, Lune 11

L'entièreté de la table était recouverte d'objets en tout genre ; des petits cailloux de différentes couleurs renversés négligemment d'une besace en lainage, des coquillages délestés de sable aux formes biscornus, des colliers d'écumes de mer de l'île de la Sorcière, des parchemins noircis par une écriture soignée, une plume se prélassant dans l'encre noire, des livres poussiéreux recouverts de tissues délavés empruntés au mestre, des cartes recopiés quelques lunes plus tôt dans la grande bibliothèque de Roche-aux-Runes, la dernière lettre de son amie... Le tout dans un désordre habituel pour l'insulaire, si soignée dans ses tâches quotidiennes, mais si désordonnée lorsqu'elle préparait ses leçons pour son petit groupe d'élèves. Et au milieu de tout ce chaos, dépassant des rouleaux de parchemins encore vierge de toute tache d'encre, se trouvait un petit bocal en verre. Des petits trous avaient été percés dans le couvercle, permettant aux trois lucioles de respirer convenablement et de l'herbe tapissait le fond, pour qu'elles ne meurent pas de faim. Ignorant alors que les créatures préféraient manger d'autres insectes. Elles volaient dans tous les sens, se cognant contre les parois transparentes pour retrouver leur liberté. Un peu plus tôt dans la soirée, Maddy et Rosenn avaient passé des heures à courir après ces créatures lumineuses, cherchant à les capturer pour voir à quoi les vers luisants ressemblaient au lever au jour. Tout ce qui se trouvait sur cette table résumait sa journée passée chez elle, témointe de moment partagée avec sa fille et de son dévouement pour la transmission de connaissance aux villageois.

Se relevant de sa chaise pour finir de préparer son thé, Maddy observa un parchemin qui tapissait sur le sol, salit par des doigts tachés d'encre, déchiré par son combat éreintant contre une chèvre affamée. Elle se mit à sourire en se remémorant le rire de sa fille, son regard plein de malice et l'entêtement de sa nourrice. L'ancienne pirate avait réussi à la faire sortir, donnant de sa personne pour gagner contre l'animal, tandis que Maddy et Rosenn continuaient à rires aux éclats, à s'esclaffer jusqu'à souffrir de crampes dans le ventre et à ne plus sentir leurs joues. C'était un souvenir qu'elle garderait précieusement dans les recoins de son esprit tant avait été heureuse à ce moment précis. Une bouffée d'oxygène dans ses angoisses presque omniprésentes dorénavant. Le départ précipité de Robar, la certitude de porter un enfant, la réaction des Royce à cette annonce, celle de sa fille, celle de la matriarche Vanbois qui finira véritablement par la faire tuer... Elle craignait également le regard des villageois. L'insulaire pouvait avoir une mauvaise réputation auprès d'un grand nombre de personnes. Elle ne correspondait pas aux critères habituels et aux normes régis par Westeros. Veuve depuis des années, mère célibataire dont le nom du père était inconnu, son souhait de transmettre ses connaissances aux quelques villageois qui l'acceptaient, en collocation avec une femme qui se comportait comme un homme... Ce n'était pas sans raison qu'elle avait choisie cette maison en particulier, un peu plus à l'écart des autres demeures et facile d'accès pour arriver sur la plage pour reprendre son souffle. Parfois, Maddy pouvait entendre les noms qu'on lui donnait derrière son dos, mais elle n'y prêtait pas vraiment attention. Elle avait fait des choix et les assumaient pleinement. Mais une nouvelle grossesse... Elle anticipait leur comportement, leurs médisances. Jamais personnes n'iraient s'en prendre directement à elle, car elle était la fille du maître d'armes du seigneur Royce, et cela lui apportait une certaine protection. Mais Rosenn grandissait et un jour, elle comprendrait qu'ici, le terme sorcière ne portait pas la même signification que celle de son île.

Son thé chaud dans une main, elle se remit dans sa rédaction pour la prochaine leçon, mais un bruit la déconcentra, la coupant dans l'écriture d'un mot. La chèvre avait émis un bruit inattendu au vu l'heure, cognant ses cornes contre le bois de son enclos. La lune avait précédé le soleil depuis suffisamment longtemps pour que l'animal dorme, mais pas assez pour signifier le retour de Névia. Son cœur se mit à bondir dans sa poitrine, inquiète, remettant en question son choix de vivre dans cette maison en particulier... Délaissant son thé et sa plume, elle s'avança doucement pour essayer de bloquer la porte, mais une tête blonde s'engouffra dans l'embouchure, provoquant un sursaut incontrôlé de Maddy. "Tu m'as fait peur", dit-elle une main sur le cœur et l'autre sur sa hanche. Rassuré de constater que cette personne était Robar, mais surprise de le voir. "Je ne savais pas que tu revenais aujourd'hui", avait-il prévenu de son retour et dans ce cas, avait-elle été mise dans l'ignorance intentionnellement ?

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Robar Royce & @Maddy

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Le chevalier n'aspirait qu'à retrouver la quiétude du château qui l'avait vu naitre après des jours de voyage depuis la capitale : absent depuis presque une lune, il s'était hâté vers Port-Réal dès qu'il avait reçu la missive de la princesse pour aller soutenir sa demande face au conseil de la foi. Le sacrifice de sa réputation auquel Rhaenys avait consentie en prenant l'entière responsabilité du non respect de ses obligations conjugale avait fini par convaincre les hommes de foi. Il aurait pu en être impressionné, et l'avait sans doute, en quelque sorte, été par sa détermination plus que par son sacrifice. Car après tout, mieux valait passer pour une épouse frigide et désobéissante que pour une mère infanticide, mais il garda son venin pour lui, trop heureux de voir la chose s'arrêter là. Le Robar Royce qui était entré à Port-Réal, époux d'une princesse Targaryen, en était ressorti libre et célibataire. Avec ce conseil s'achevait son calvaire, ce mariage qui ne rimait à rien et qui apportait plus de désagrément que d'avantage. Il avait quitté la capitale sans s'y attarder plus que nécessaire. Assez pour une dernière discussion au sein du Donjon Rouge, une conclusion à toute cette histoire, le point final dont il avait tant rêvé sans osé espérer l'obtenir. Il avait reprit la mer en direction de Goëville, songeant au soulagement que tous ressentirait à le savoir libéré de ce mariage, à connaitre enfin le dénouement des malheurs du puiné Royce, dont il n'avait pas désirer gâcher la surprise en envoyant un corbeau à Roches-aux-Runes. Le navire avait quitté la baie de la Néra sous un soleil juvénile, remontant les côtes vers le Val sous un ciel se chargeant de nuage. Il avait débarqué dans le fief portuaire des Grafton sous une pluie battante, retour à la réalité qui ne parvenait à lui arracher son sourire optimiste. Seul port de la péninsule, Goëville n'était pourtant pas un lieu d'amitié immense : Alys avait beau être née Grafton, cela n'avait guère arrangé les relations entre les deux familles, aussi ne perdit-il pas un instant. Il retrouva son cheval, laissé dans l'étable d'une auberge à la limite des murs de la ville et dans laquelle il avait fini par avoir ses habitudes, et prit la direction de sa demeure dès le soleil levé.

Il n'y avait qu'une journée de route entre Goëville et Roches-aux-Runes mais à mesure que le paysage lui devenait plus familier, que les heures mourrait sous le galop de son étalon, Robar sentait un léger poids revenir dans son ventre. Une part de lui appréhendait les réactions qui ne manqueraient pas de venir. Andar pouvait-il se passer de cette marque de confiance entre Royce et Targaryen ? Avait-il, déjà, en tête un remariage pour son cadet ? Que dirait-on du motif de l'annulation de son union alors même que le couple était séparé depuis deux années ? Et, au delà de tout, qu'en dirait Maddy ? Il avait quitté le château sans attendre, une fois la lettre arrivée et n'avait pas eut le temps de prévenir sa maitresse de l'objet de son départ. Connaissant Andar, il doutait que la jeune femme soit au courant de la raison qui l'avait poussé à partir si promptement : l'espoir qui existait dans cette possibilité d'annulation était mince. Rares étaient les mariages célébrés et consommés qui connaissaient pareille issues. Sa grand-mère l'avait suffisamment mis en garde sur le sujet. Lorsqu'il quitta sa monture, accueilli par de rares serviteurs encore debout, une partie du château était endormi. Il prit tout de même la peine de faire un détour par les appartements d'Andar, le signifiant brièvement de son arrivée comme le voulait le protocole, avant de le laisser se retirer auprès des siens. Sa propre chambre était froide et sombre, seulement éclairée par la lumière de la lune et les quelques bougies qui avaient été allumée par les domestiques tandis qu'il allait voir Andar. Avant qu'elle ne sorte, il attrapa le bras d'une jeune servante venue allumer un feu dans la petite cheminée. « Maddy ... Elle est où ? » demanda-t-il sans plus de fioriture. La jeune fille quitta son sourire faussement timide pour une mine déçue. En d'autres circonstances, en d'autre temps, peut être se serait-il laissé aller à une autre distraction, remettant Maddy à plus tard. Comprenant qu'il n'en était rien, la servante annonça que la rousse ne se trouvait pas dans les quartiers des serviteurs, lorsque son arrivée avait été annoncée, et qu'elle devait sans doute se trouver au village mais lui proposa de la faire quérir. Il déclina d'un mouvement de tête, la libérant par la même occasion.

La fatigue aurait du le dissuader de parcourir les couloirs sombre de la demeure en pleine nuit. Le sol craquait sous ses bottes et il n'avait même pas pris la peine de se changer, remettant aussitôt les épaisses vestes et manteaux pour garder sa chemise, frissonnant alors en traversant les pièces non chauffées en ce jeune printemps. Il la trouva dans une petite maison du village attenant au château après de longue minutes de galop qui lui rappelèrent son enfance et les peurs irrationnelles qu'il avait eut de croiser fantômes ou monstres au détour d'un chemin en pleine nuit. Il ignorait si c'était le bruit qu'il avait fait mais lorsqu'il arriva à hauteur de la porte, elle manqua de la lui refermer dessus. Ce ne fut que sa tête, passant par l’embrasure qui annonça sa présence. « Je voulais te faire une surprise ... Et voilà que tu manque de me décapiter avec une porte. Quelle femme cruelle tu es ... » dit-il d'un ton théâtral en entrant dans la pièce, fermant la porte derrière lui. Elle était magnifique. Et elle lui avait manquer. Faisant fi de sa posture autoritaire, il glissa ses bras autour de sa taille, la rapprochant de lui tout en la serra dans ses bras. « Cela a été plus rapide que je ne le pensais ... J'ai pu rentrer plus tôt que prévu. » Et il n'en était pas mécontent ! Maintenant que les liens qui l'unissait à Rhaenys était révoqué, il ne voulait pas s'étendre à la Capitale, pas alors que des ordres étaient donné, de ça, de là, pour renforcer la sécurité des château et préparer la guerre à venir. Andar aurait besoin de lui et il retrouvait l'entièreté de sa dévotion, de son engagement, uniquement pour le Val. Il déposa quelques baisers dans son cou avant de revenir poser son front sur celui de son amante. « Tu veilles tard ce soir ... Rosenn prend trop de place ou ...Tu espérais que je vienne réchauffer tes draps ? » demanda-t-il, taquin, désireux de la retrouver pleinement avant de lui faire part de la bonne nouvelle. Séparé de Rhaenys, les choses changeraient sans réellement l'être. Il ne pourrait toujours rien lui promettre car jamais il ne pourrait l'épouser. De plus, il n'était pas certain d'être prêts à revivre l'expérience, que cela soit avec elle ou avec une autre : il regoutait à sa liberté et, sans ordre explicite d'Andar, ne comptait pas retrouver la contrainte d'un devoir conjugal. Toutefois, il envisageait les choses différemment pour eux. Bien qu'il ignorait si elle voudrait s'afficher comme officiellement sa maitresse : leur dernière liaison était toujours resté plus ou moins secrète, il désirait vraiment reconnaitre la paternité de Rosenn et lui offrir la protection des Royce. Ils n'en avaient jamais parlé, car tant que Rhaenys était dans le paysage, il refusait de faire de sa fille, et de Maddy, la cible de la colère du Roi ou de quiconque aurait jugé que la présence des deux femmes, était une insulte à la princesse. Aujourd'hui, il pouvait. Restait à savoir si elle serait d'accord.

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Son cœur tambourinait violemment contre sa poitrine, il battait si fort qu'elle avait l'impression que ses os allaient se briser par ses impacts réguliers. Quel imbécile pensa-t-elle. Comme à son habitude, le chevalier essayait de dédramatiser la situation, il lançait une boutade avec habilité, espérant sans doute que Maddy mord à l'hameçon. La surprise était une réussite, certes, mais cela n'empêchait pas qu'elle avait eu peur. Elle aurait bien protesté, expliquée que ce n'était pas une heure pour rentrer dans une maison sans y être annoncé et encore tout un tas de choses, mais son air sévère exprimait parfaitement ses pensées. Une attitude qui ne semblait pas lui avoir échappé car Robar arrêta toute pirouette et la prit sans attendre dans ses bras. Son corps froid contrastait avec le sien, il avait amené avec lui la fraîcheur de la nuit, mais elle ne l'avait pas repoussé pour autant. Elle le laissait coller son nez gelé dans son cou, sur son front, elle pouvait supporter cette morsure glacée durant des heures, tant il lui avait manqué. Chaque contact de sa part provoquait des petits frissons sur sa peau, comme si elle réagissait instinctivement à ses baisers qui se réchauffaient.

Et il avait réussi. La respiration de l'insulaire devint plus calme, les battements affolés de son cœur devirent plus subtils. En deux trois phrases, quelques baisers, elle n'était plus cette boule d'anxiété, seulement une femme dans les bras de son amant. Il avait ce don, un magnétisme qui semblait l'hypnotiser lorsqu'elle avait la frousse. Face à lui, Maddy se mit à sourire, il était taquin, elle pouvait être espiègle :  " J'attendais que mon amant arrive, mais apparemment il est en retard ", elle effleura du bout des doigts l'arête de son nez et ajouta :  " Je devrais me contenter de toi ". Elle l'embrassa à son tour, goûtant une nouvelle fois au plaisir de l'avoir contre elle, mais quelques choses l'incommodait. Une odeur qui tordait son estomac. Elle l'éloigna avec ses mains :  " enfin après que tu ais pu prendre un bain. Je suis très heureuse que tu sois venue aussi vite me voir, mais... Tu sens mauvais ". Habituellement, elle aimait cette odeur de cheval, celle de sa peau transpirante, mais là... Sa grossesse n'était pas encore très avancé, mais elle en ressentait déjà les premiers désagréments.

Son cœur se mit à nouveau à dérailler. Sa grossesse. Elle l'avait presque oublié avec son retour précipité. Maddy allait devoir lui annoncer. Maintenant se dit-elle silencieusement. Mais elle se dégonfla. Comme d'habitude, pensa-t-elle dans son for intérieur. En dépit de son estomac, elle l'étreignit et l'embrassa de nouveau. Plus fougueusement cette fois. Elle l'assaillait de baiser, parce qu'elle en avait besoin, il lui était nécessaire de le retrouver avant de risquer de détruit ce moment précieux. Toutefois, elle dut s'arrêter un moment, car le souffle lui manquait et sa tête tournait légèrement. Alors elle colla son front contre le sien, respirant tranquillement son haleine. Instinctivement, elle mêla ses doigts dans ses boucles blondes. Un geste ordinaire pour l'insulaire, mais qui représentait tellement pour elle, car c'était lui, c'était elle, c'étaient eux. Elle gardait cette position qui symbolisait des moments de tristesse, des moments de joies, des moments partagés. Mais Maddy réalisait qu'elle ne se comportait pas ainsi pour le simple plaisir d'être auprès de lui. Elle retardait le moment tant attendu. Car elle ne devait pas seulement annoncer une nouvelle, elle devrait également poser la question. Celle qui impliquait une princesse, celle qui l'empêcherait de faire marche arrière, celle dont la réponse pourrait ne pas lui plaire. Alors elle l'embrassa de nouveau, en mordant parfois sa lèvre, comme si elle avait besoin de ça pour le faire taire lui aussi.

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Il était tard et il le savait. La décence aurait voulu qu'il attende le lendemain mais la joie qu'il ressentait face à cette liberté retrouvée et dont il ne lui avait encore fait part le poussait à se ficher totalement de ce qui était raisonnable ou non. Et puis, après tout ce qu'ils avaient fait et vécus ensemble, ce n'était pas une visite nocturnes qui changerait quoi que ce soit à ce qui pouvait se dire ou se penser à leur sujet. Bien sur, si sa grand-mère savait qu'il avait remis le couvert avec sa maitresse, il risquait de passer un sale moment, surtout après les remontrances subtiles auxquels il avait eut droit aux portes de la lune. Mais si la reprise de sa liaison avec Maddy aurait pu être pointé du doigt, puisqu'au contraire de la conception de Rosenn, il était à présent un homme marié, ce n'était désormais plus le cas. Maddy n'était plus la tentation adultérine qu'on pourrait aisément lui mettre en plein visage pour évoquer son manque de retenue. Il n'avait plus de compte à rendre à personne. Il n'était plus lié à personne. Du moins, plus conjugalement. Et cette idée le soulageait bien plus qu'il ne l'aurait crut. Toutefois les sourcils froncés de la belle rousse disait autre chose, sans doute vestige de la peur qu'il lui avait causé en s'invitant sans avoir prévenu, et il eut beau faire part de sa bonne humeur à travers quelques plaisanterie, il en faudrait plus que ça pour adoucir la jeune femme. L'étreinte dont il la gratifia sembla faire son effet et le rictus qui déformaient ses lèvres ne se fit que plus imposant tandis qu'il prenait conscience que l'euphorie ne se laisserait happer par nulle mauvaise humeur.

Bien qu'il savait, du moins l'espérait-il très sincèrement, qu'elle le taquinait, l'idée de sa Maddy dans les bras d'un autre avait, le temps d'une demi-seconde, inspiré à Robar un quelque chose qui ressemblait à une colère profonde. Colère superficielle en raison de la taquinerie mais il en fut suffisamment décontenancé pour mettre un temps à réagir, avant de reprendre le ton de la blague. Il s'écarta légèrement, laissant apparaitre un visage faussement choqué suite à la petite pique qu'elle venait de lui envoyer. « Que disais-je ô coeur de pierre ! » reprit-il d'une voix théâtralement dramatique. « Se présente à toi l'homme qui à parcourut mille lieu pour te retrouver et ainsi le traite-tu ... » poursuivit le blond avec cette moue toujours outrée mais trahie par le léger sourire qu'il arborait malgré ses tentatives de garder un visage impassible.  Bien qu'il se douta de ne guère sentir la rose, après tout il venait de traverser la péninsule de bas en haut, il ne se trouvait pas si odorant que cela. Il mit son étonnement sur le compte de ses narines sans doute encore trop engourdis par la fraicheur de la nuit printanière : Le Val et Port-Réal avaient des climats bien différents, peut être ne s'était-il pas assez couvert et éternuerait-il au petit matin.  « Me renvoies-tu chez mon frère ou suis-je autorisé à t'inviter me tenir compagnie ici ? Après tout, une hôtesse de ta qualité ne voudrait pas que son invité se sente seul ? » lui demanda-t-il avec un regard amusé autant que suppliant. « J'aurais peut être même une surprise ... » lui chuchota-t-il à l'oreille avant de s'écarter, regardant la pièce où ils se trouvaient. Il n'avait pas réellement envie de rentrer au château : il sentait l'adrénaline redescendre et ses muscles endoloris par sa chevauchée se rappeler à son bon souvenir.

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Maddy frémit à l’évocation d’une surprise. Il n’avait pas de paquet sur lui pour que ce soit une chose matérielle et cela ne lui ressemblait pas. Elle aurait donné beaucoup de choses pour que cette surprise soit quelques fleurs cueillies à la volée dans son jardin... L’insulaire n’était pas à l’aise avec cette idée, il rentrait de la capitale, à la grande hâte apparemment, avec l'envie de lui faire un cadeau. Alors elle se demandait, est-ce un présent pour se faire pardonner d’être parti, ses jambes à son cou, pour rejoindre le dragon doré ? Ou parce qu’il a une terrible nouvelle à lui annoncer et il veut la noyer avec un cadeau de sa part, espérant peut-être qu’elle se focalise sur la surprise et non sur l’annonce. Se pourrait-il qu’il veuille juste lui faire plaisir et rien obtenir en échange ? L’observant d’un œil soupçonneux, elle cherchait ce que ça pouvait être. À son timbre de voix, cela ne semblait pas être une mauvaise nouvelle du genre : surprise, Rhaenys et moi, on se remet ensemble. Surprise, ma tendre épouse revient s’installer au château et puisque je veux te garder près de moi, tu seras sa servante. Non, cela ne semblait pas être ce genre de surprise. Ça en serait une de toute évidence, mais s’il disait ça avec un sourire, sans doute qu’elle le pousserait dans les orties.

Et alors Maddy pensa à sa propre révélation. Sa grossesse. Avec un sourire peu naturelle, elle s’éloigna un peu de lui : « Et bien peut-être que j’ai moi aussi une surprise pour toi ». Au même instant où ses quelques mots franchisa ses lèvres, elle sentit une boule d’angoisse serrer son estomac. Elle devait gagner du temps, si elle parlait maintenant, elle risquerait d’avoir la nausée. « Avant que tu ne dévoiles la tienne, un peu de thé te réchauffera », elle délaissa ses bras pour se rapprocher de sa table. Dos à lui, elle se permit de faire tomber son masque de gaieté. Ce n’était pas de la panique, mais une fois encore elle cherchait à fuir cette situation. Tout en s’actionnant auprès de ses herbes, elle trouva une autre parade pour gagner du temps, car s’il parlait de cette mystérieuse surprise, ça serait à son tour et alors elle ne pourrait plus faire marche arrière, et tout changerait, et tout sera si... Effrayant.

L'ensemble de son corps était sous tension, « et comme tu l’as si bien exprimé, je suis une merveilleuse hôtesse, je vais aller chercher de l’eau au puits. Après tout cette route parcourue, tu as bien mérité un bon bain ». Maddy oubliait juste une chose, elle n’avait pas de baignoire, ni quoi que ce soit d’approchant. Dans sa précipitation, elle avait juste oublié qu’elle était dans sa petite chaumière et non au château, là où y avait des dizaines de baignoires.  

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Robar était loin de saisir le trouble qui envahissait sa compagne. La joie de retrouver les terres de sa famille, la familiarité des lieux, l'affection sincère qui le liait à son entourage. Tout cela n'était que raison supplémentaire de se réjouir de l'officialisation de sa séparation : il avait une forme de peine pour celle qui n'avait jamais sut voir la sincérité de ce que Roche-aux-Runes offrait. Mais cette pensée le quitta bien vite : il avait passé trop de temps à penser à Rhaenys pour le faire maintenant qu'ils n'y avait rien pour les lier l'un à l'autre. Sa liberté retrouvée, il voulait se donner entièrement à ce sentiment de plénitude sans que les ombres de ses tourments passés ne s'invitent à nouveau. « Une surprise ? » demanda-t-il, étonné. Il ne s'était attendu à rien compte tenu de son départ précipité et était même étrangement soulagé qu'elle ne l'ai pas mis à la porte pour être parti sans lui en dire plus. Mais entre la crainte que le conseil n'accède a sa demande et l'idée de revoir son épouse, il s'était contenté d'aller au plus rapide. « Rosenn a décidé de m'appeler papa ? » demanda-t-il avec un sourire en coin. Malgré l'humour évident que sa bonne humeur permettait, le sujet était sensible pour Robar : sa nouvelle paternité n'était pas aussi idyllique qu'il l'avait pensé et il en venait presque à maudire Andar d'être adulé par ses enfants quand lui peinait à arracher un regard à sa progéniture. Ce fut à ce moment qu'il remarqua que quelque chose n'allait pas chez son amante : elle n'avait jamais été si délicate lors de leurs étreinte et s'arrachait si promptement à ses bras qu'il en fronça les sourcils. Le souvenir de ce qui était, à l'époque, une amie d'enfance, fuyant avec un garçon des environs lui revint et il sentit son entrain s'évaporer. S'il n'était qu'un adolescent à l'époque, il se souvenait de la colère de Sam Stone lorsqu'elle avait fuit pour épouser son amoureux, départ soudain qui avait surprit tout le monde. Il n'était parti que quelques semaines mais ... Se pourrait-il qu'un autre l'ait déjà remplacé dans l'esprit de la rousse ?

Cette idée lui déplaisait fortement. S'il n'y avait nulle promesse entre eux, il ne supportait pas l'idée d'un autre posant ses mains sur sa taille ou embrassant sa nuque. Maddy était à lui. Elle l'avait été dès qu'ils avaient commencé leurs petits jeux de séduction et elle l'était toujours. Elle était la mère de son enfant, son amante, et il n'avait jamais été de nature prêteuse. Tandis que la jeune femme fuyait vers l'extérieur, Robar examina la modeste demeure avec plus d'attention. Etait-ce réellement un nid d'amour pour un autre ? Ou était-ce la fatigue qui parlait ? Peut être s'inquiétait-il pour rien ? Peut être sa chevauchée endiablée avait-elle juste laissé ses traces ? Il soupira. Le silence de la bâtisse était lourd. Lourd du doute. Lourd de l'absence de la jeune femme. Considérant qu'elle n'avait pas pu aller très loin, Robar décida de sortir, non sans lancer un oeil inquiet à la porte, ignorant s'il pouvait laisser les choses ainsi. Est-ce qu'il pouvait laisser Rosenn pour courir après sa mère ? Si ses réflexions à peser le pour et le contre lui semblait avoir pris des heures, il ne quitta la pièce qu'une paire de minutes après la rousse, profitant du silence nocturne pour suivre le bruit de ses jupes. « Maddy ! » appela-t-il  de la voix la plus basse qu'il pouvait afin de ne pas réveiller les voisins. « Maddy, attend ! » répéta-t-il en pressant le pas. La brise était fraiche, décoiffant ses mèches blondes en bataille. Il pressa le pas pour l'attraper par le bras, cherchant à l'arrêter dans son mouvement. « Hé ! Ça ne va pas ? » demanda-t-il en posant sur elle un regard inquiet. « Si ma présence -ou mon odeur- t'importune je peux rentrer au château. » lui dit-il sans menace aucune. L'attitude soudaine de son amante le décontenançait et la vague de jalousie qu'il avait ressenti à l'idée qu'il puisse avoir un autre homme dans sa vie s'effaçait face au trouble qui se lisait dans son comportement. « Depuis que je suis monté sur ce bateau pour Port-Réal, je n'ai pensé qu'à toi. Je voulais juste te voir, mais ... » Il se sentit penaud tout d'un coup. Il n'avait pas envisagé qu'il eut pu la déranger ou qu'elle n'ait aucun désir de le voir dès son retour. « Ce que j'ai à dire peut attendre demain si tel est ton désir. » assura-t-il. Il n'y avait plus de noble chevalier ou de servante et Robar n'était pas homme à s'imposer auprès d'une femme. Surtout pas d'elle. Il la voulait pour lui, mais il voulait qu'elle le désire aussi.

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Aux creux de ses bras, l’insulaire avait l’impression que rien ne pouvait lui arriver, elle s’y sentait en sécurité. Mais ce n’était qu’un sentiment fugace, car alors elle ressentait toutes les difficultés de cet amour, le poids de la culpabilité de porter à nouveau un enfant. Blottis contre son torse chaud, elle sentait son estomac se torde violemment, ce n'était pas seulement dû à cette nausée qui l'envahissait par vague, mais par l'anxiété d'avoir à entendre cette surprise et à devoir prononcer à haute voix sa propre révélation. Mais lui, il semblait si heureux. Epuisé par son retour à la hâte, mais ravi, un état d'esprit qui contrastait avec le sien.

Dans d'autres circonstances, Maddy aurait cherché à le rassurer. Elle aurait posé ses mains sur ses bras, adoucit sa voix et utiliser toutes les phrases qu'elle se répétait en boucle lorsqu'elle était seule pour se rasséréner sur leur non relation. Laisse-lui du temps. Vous allez pouvoir créer un lien, quand elle apprendra à te connaître. Elle n'est pas démonstrative. Elle n'est pas habituée à se lier aux autres. Elle n'est pas habituée à être approchée par un homme. Parfois, cela lui faisait du bien, et à d'autres moments, cela ne faisait qu'accentuer sa culpabilité. L'insulaire en était bien consciente, c'était de sa faute si Rosenn était aussi discrète, sous tension lorsqu'elle était le centre de l'attention. Souvent, elle préférait ignorer les personnes qui l'approchaient de trop près plutôt que de devoir créer du lien. Elle montrait seulement de l'intérêt pour sa nourrice, Angus et quelques servantes. Mais au lieu de le rassurer, elle s'était muré dans le silence et avait fuit vers l'extérieur pour ralentir le temps.  

L’air frais lui faisait du bien, elle avait l’impression de pouvoir reprendre une grande bouffée d’oxygène, mais également ses esprits. Caressant la tête de la chèvre qui avait réagi aux mouvements extérieurs, l'insulaire se mit à fixer sa petite maison et se demanda comment elle allait faire. Et surtout, qu'est-ce qu'elle allait dire en revenant sans eaux, parce qu'elle n'avait même pas emporté de sceau avec elle. Marcher semblait l'aider à trouver les mots, mais ses jambes étaient lourdes, comme si son propre corps la trahissait et l'obligeait à rentrer pour lui annoncer la nouvelle. Mais elle n'eut pas besoin de faire demi-tour pour faire face au chevalier, elle l'entendait derrière elle.

Robar l'avait suivit dans la nuit, doucement, il lui prit le bras et l'arrêta dans sa marche. Cette fois, il semblait inquiet, il n'y avait plus de sourire, ni de boutade. Plus il essayait de comprendre ce qu'il se passait, plus les yeux de l'insulaire étincelaient. Il ne voulait pas s'imposer auprès d'elle, mais le voir partir était trop difficile pour elle. La surprise du chevalier pouvait attendre, mais elle n’était pas certaine de pouvoir le supporter. L’imagination de la servante était trop fertile pour ne pas s’imaginer le pire, elle se garantissait une insomnie. Et sa surprise à elle ne pouvait être ignoré plus longtemps. Avec sa chance, une autre personne irait lui annoncer avant elle. Mais cette fois, l’insulaire avait bien fait les choses, elle n’avait rien dit, à personne. Bien sûr, la pirate se doutait de quelque chose, mais elle restait silencieuse sur ce sujet.  « Je… », elle hoquetait doucement, « Je n’ai même pas… de baignoire » finit-elle par dire la voix pleine de larmes. Ne pas avoir de grande bassine la rendait profondément triste. S’en était même ridicule, c’était comme si quelqu’un venait de tuer sa chèvre sous ses yeux. « Robar… Je ne veux pas que tu partes, mais…. », elle devait trouver le courage en elle pour tout dire, mais elle avait tellement de difficulté à prononcer ses quelques mots. C’était si difficile de tout avouer. Pourquoi était-il toujours si difficile de lui parler des choses importantes ? De celle qui comptait vraiment ? Pensa-t-elle si fort qu’elle avait l’impression de les avoir dite à voix haute. « Je suis la baignoire dans l’histoire », ça n’avait plus aucun sens, elle s’en rendait bien compte, mais elle continuait son histoire ridicule en espérant noyer le poisson suffisamment longtemps, « tu vas retrouver ta baignoire officielle, et moi… et moi j’en ai même pas ». D’une manière incontrôlable, elle se mit à pleurer. Maddy se trouvait vraiment ridicule, mais elle n’avait aucune maîtrise sur ses sanglots. Les larmes lui brouillaient la vue, glissaient sur ses joues rosés et la noyaient dans des spasmes. « Je… », elle reniflait bruyamment, « je suis… », elle essuya son nez avec le tissu de sa manche « je suis enceinte ».

De surprise en surprise
Robar Royce & @Maddy

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Il n'avait jamais été un expert en psychologie féminine. Bien sur, il savait comment plaire aux yeux des dames, susciter l’intérêt ou, au contraire, se débarasser d'une conquête trop accrochée. Mais le reste se noyait dans les limbes de sa non connaissance. Aussi se retrouvait-il souvent décontenancé par les réactions de certaines, principalement la rousse, incapable de savoir quoi faire ou quoi dire. Il aurait aimé être certain que ses mots atteigne le coeur de sa maîtresse mais il doutait de ses capacités à lui faire entendre, comprendre, ce que lui même ressentait à ce moment : le mélange de doute et d'inquiétude que sa réaction créait en lui autant que le soulagement de ces dernières semaines. Il n'eut d'ailleurs pas vraiment le temps de songer à quoi dire : la jeune femme reprit la parole dans un flot ininterrompu de parole qui achevèrent le pauvre chevalier. « Quoi ..? » dit-il, cherchant le lien entre une baignoire et leur situation, ne comprenant pas où elle voulait en venir tout en cherchant à s'imposer dans le flux de mots dont le débit ne faisait qu'augmenter. « Att' ... » tenta-t-il à nouveau sans grand succès alors que les mots commençaient à avoir un impact sur son propre état. La était le noeud du problème : son départ, précipité, vers Port-Réal, et son mariage. Une incompréhension à laquelle il voulait remédier sans toutefois parvenir à dire quoi que ce soit faute d'obtenir la parole. « Maddy ! » dit-il plus fort tandis qu'au même moment, trois mots firent cesser son coeur de battre pendant une demi seconde.

Soudainement, il n'y avait plus de déplacement à Port-Réal, plus de Rhaenys, plus de bonne nouvelle et de taquinerie. La panique avait laissé place à une surprise franche qui s'affichait sans filtre sur le visage du chevalier rouge. « Tu es ...? » répéta-t-il machinalement sans parvenir à finir la phrase. Il ne l'avait jamais entendu d'elle. La naissance de Rosenn avait été une surprise qu'il avait découvert après que sa fille eut passé ses premières lunes, premières années, de vie. Il n'avait assisté ni à la grossesse, ni à la naissance et n'avait pu qu'imaginer leur fille dans le ventre de sa mère, qu'en se remémorant la propre grossesse de Rhaenys. Il s'était demandé si elle était fatiguée ou exécrable, si elle dévorait la nourriture ou si elle ne lui inspirait que dégout. Tout n'était que supposition, fantasme dans son esprit. Et pourtant. « Je croyais que ce n'était pas possible avec tes herbes ? » parvint-il à articuler péniblement, se souvenant des raisons pour lesquelles une grossesse était impossible jusque là. C'était un confort certain pour lui, qui n'avait à se soucier de la chose : les connaissances de Maddy leur assurait tranquillité tout en permettant l'exploration de leur désir commun. Mais visiblement, elles n'étaient infaillibles. « Mais c'est ... C'est une merveilleuse nouvelle. Andar va me tuer. Et ma grand-mère me retuera derrière mais ... Maddy, c'est merveilleux. » finit-il par dire, posant ses mains aussi doucement que possible sur la taille de la jeune femme, craignant soudainement de la blesser alors même qu'un instant plus tôt, elle lui apparaissait comme un roc capable de lui fracasser une table sur le crâne. Un élan de protectivité le prit : il n'avait pas été là pour Rosenn mais se promettait d'être présent pour cet enfant ci, de s'assurer qu'elle ne manque de rien. Il lui faudrait sans doute batailler pour qu'elle accepter de loger au château mais il n'avait nul confiance en ce printemps et ... Et au fond de lui Robar craignait que tout cela ne fut qu'une vue de son imagination. Un rêve cruel dans lequel il pouvait se racheté de son absence et de sa négligence, certes involontaire, envers elle et Rosenn. « Et tu n'es pas une baignoire, tu ne l'a jamais été. Je n'ai pas l'intention de retourner à Port-Réal et elle ne reviendra jamais ici non plus. » finit-il par dire, conscient que l'image de Rhaenys semblait omniprésente entre eux. Il ne pouvait pas lui en vouloir : lui même avait eu quelque remord, plus vis a vis de son honneur et de ses serments que de son épouse, lorsque sa liaison avec l'insulaire avait reprit. Il voulait lui dire que Rhaenys ne reviendrait jamais mais il doutait qu'elle eut écouté : le doute serait toujours là tant que sa grande nouvelle à lui ne serait pas dévoilée.

« Viens là. » lui dit-il, l'attirant contre lui, enroulant un bras autour de sa taille tandis qu'il faisait demi tour vers l'entrée de la maison. Plus que jamais il avait conscience de son rôle de père et, dans un sens, de protecteur de la petite famille qu'ils formaient ensemble. Elle ne porterait sans doute jamais son nom, mais elle était la mère de ses enfants, et en cela, il était de son devoir de s'assurer qu'elle, Rosenn, et l'enfant qui grandissait dans son ventre, ne manque de rien. En outre, la petite fille était seule dans la maison, et le nouvel instinct paternel de Robar, du moins celui qu'il se redécouvrait, l'incitait à retourner vers l'enfant endormie. « C'est pour ça que je me présente à toi en reniflant le cheval et la sueur. Je n'ai pas pu te le dire avant de partir, je voulais prendre le premier bateau pour la Capitale. » commença-t-il, relatant des évènements qui avaient eut lieu quelques semaines plus tôt. Les corbeaux lui avaient apporté un message dans l'écriture fine et élégante de la princesse. Un fait déjà rare mais dont le contenu ne pouvait être ignoré. Il se souvenait de son irruption dans le bureau d'Andar, abandonnant l'idée de faire les malles que l'on attendait d'un homme de sa condition pour prendre le stricte minimum et galoper vers Goëville. « Rhaenys avait obtenu de son père et du Grand Septon la réunion d'un concile de la Foi pour trancher la question : j'ai du aller à Port-Réal pour assurer l'assemblée, et la Couronne, de mon plein soutient à la cause de la princesse. » expliqua-t-il alors, ne ressentant pas le besoin de détailler plus que cela ses intentions : Maddy le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne ressentait nulle interrogation, nul doute sur son désire de se voir débarrassé de son épouse. Un mariage Royce/Targaryen n'avait jamais marché et ils n'allaient pas contredire la vielle tradition poussant les dragons à bouder Roches-aux-Runes ou aux Royce à se moquer de l'avis des Targaryen. « Les délibérations ont été plus longues que prévu mais elle a fait des aveux qui n'ont laissé d'autre choix à la Foi. » ajouta le blond, se souvenant de la manière dont, sans ciller, Rhaenys avait réitéré ses décisions de ne pas reprendre leur vie commune et de ne pas s'acquitter de ses devoirs. L'un des septons lui avait rappeler, d'une manière qu'il pensait sans doute rassurante, l'image de la princesse prendrait un coup : une femme incapable d'obéir à son époux et de se plier à son devoir peinerait à retrouver un mari. Et une femme sans mari était vulnérable. Mais Robar n'en avait que faire : il doutait que la réputation de son ex femme soit si entachée que l'homme de foi voulait le croire. Certes les gens râleraient, au début, mais la guerre venant, les commérages cesseraient pour que la noblesse se fixe sur ce qui était important : la survie, l'unité face à la traitrise. Une fois la guerre finit, qui se ficherait d'une Rhaenys Targaryen refusant de rentrer dans le Val ? Il doutait, de toute façon, qu'elle eut envie de se plier à un nouveau mariage arrangé, fut-il avec un prince ou un suzerain. « Tu comprends ? Notre mariage a été annulé. Je n'ai plus aucune obligation ou engagement avec elle. » finit-il par dire, se montrant plus direct dans son annonce. C'était dit : avec son mariage annulé, Robar redevenait libre de faire ce qu'il voulait sans que la morale ne cause de soucis à sa propre réputation. Reconnaitre ses batards, vivre avec sa maitresse resterait toujours sujet à potins, mais on ne pourrait lui reprocher de cocufier une épouse. Il était libre.

De surprise en surprise
@Robar Royce & Maddy

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Durant l’absence du chevalier rouge, elle avait imaginé des stratégies pour affronter au mieux cette situation et sa première idée fut la fuite. Encore et toujours la même alternative, malgré ses résolutions, disparaître était toujours sa première option devant un problème majeur. Mais cette fois-ci, Maddy était restée. Elle n’avait pas rejoint son île bien-aimée avec sa fille sous son bras, elle n’avait pas menti sur les raisons de son non-retour, ni demandé à son père de tenir un secret bien lourd à porter. Non, elle était restée et elle était bien décidée à faire les choses correctement. Elle tenait sa promesse au prix de grands efforts, luttant contre son propre instinct de survie. Car malgré toutes les décisions de Robar, l’ombre de la princesse dorée planait toujours au-dessus de lui et il ne pouvait pas fuir ses obligations pour toujours. Son départ précipité en était la preuve. Une seule lettre de sa part et il avait accouru auprès d'elle, comme n'importe quel époux. Pourtant, même si elle avait ressenti de la colère et de la jalousie face à ce départ précipité pour la capitale, elle n'avait pas gardé sa grossesse pour elle. La servante avait articulé sa surprise, des mots noyés dans de nombreuses larmes et sanglots, mais qui avaient touché sa cible. Trois simples petits mots qui semblaient avoir abasourdi son amant.  

Sa réaction ne correspondait pas à ses attentes. Il n’avait pas hurlé, ni fait demi-tour, ni fait quoi que ce soit d’ailleurs, juste un silence inquiétant, un visage rougit et une interrogation. Sa question résonnait dans son esprit, elle cognait contre les parois de son cerveau, enfonçait ses griffes acérées dans son estomac. Impossible avec ses herbes, elle avait dû faire une erreur quelques parts, mais ne pouvait-il pas réagir différemment ? Devait-il rejeter la faute sur elle ? Car c'était de cette manière qu'elle reçu ses remarques. Devait-elle porter tout le poids de cette nouvelle inattendue ? Dans ses demi-sanglots, elle fronça les sourcils, blessée par cette interrogation, mais avant de pouvoir se défendre et l’accablé de tous les tords, il prononça la seule phrase qui arriva à désamorcer la situation.

Elle sentit une chaleur nouvelle l’envahir lorsqu’elle sentit ses mains sur ce ventre qui allait s’arrondir, prendre de l’ampleur et qui bientôt, ne pourrait plus être dissimulé sous des robes trop amples. « Merveilleux », elle répéta ce mot en écho, comme pour confirmer qu’il venait de prononcer merveilleux et non affreux. A cet instant, elle en oublia la princesse, mais elle était envahie par une succession de sentiments qu’elle connaissait que trop bien, la culpabilité, le soulagement, le bonheur, puis à nouveau de la culpabilité. « Aucun secret ne reste enfoui pour toujours », se lamenta-t-elle, les larmes aux bords des yeux, « je nous mets deux fois plus en danger ». Ce nous était si grand, lui, la maison Royce, sa fille, elle, son père… Tous étaient en danger car elle n’avait pas su garder ses distances, qu’elle avait cédées une fois encore à son désir de se retrouver dans ses bras. Pourtant, même si elle s’auto-flagellait, lui ne semblait pas inquiet. Il l’attira vers lui avec douceur, et la dirigea vers sa maison.

S’essuyant le visage avec ses manches humides, elle écouta le récit du chevalier, des mots qu’elle semblait s’abreuver et qui l’arrêta dans sa marche. À cet instant précis, il n’y avait plus de larme dans son regard, mais un espoir instable. Elle attendait avec impatience le but de son histoire, mais elle craignait de l’interrompre, aux risques de ne pas entendre la fin de ce rapport interminable. Une fin qui lui coupa le souffle. Son mariage était annulé. Il était annulé. Annulé. Elle avait l’impression d’avoir les yeux exorbités par la surprise. Elle avait seulement osé imaginer une telle décision, mais maintenant qu’elle était prise, elle avait des difficultés à le croire. « Tu es libre ? », Maddy avait besoin qu'il confirme cette information, juste au cas où, « ton frère est-il au courant ? »

Elle se mit à rire, une explosion de joie qui résonna dans son jardin et réveilla la chèvre de Rosenn. C'était frénétique. Incontrôlable. Délicieux. « Tu es libre », continua-t-elle à dire, trop heureuse de l'entendre à nouveau. Bien sûr, ce mariage annulé ne le préservait pas d'une nouvelle alliance, mais Maddy ne voulait pas assombrir un tel moment, elle voulait savourer le goût de cette victoire, de ce temps où il n'était plus un mari, mais seulement un chevalier du Val. Le père de ses enfants. Lorsqu'enfin elle finit de rire, elle glissa ses mains froides sur son visage, puis dans sa chevelure blonde. Elle contempla ses iris et ce visage qu'elle affectionnait tant. Elle n'aurait pas su dire si c'était l'euphorie du moment, mais elle se laissa porter par les émotions qu'elle ressentait, se risquant à lui murmurer une phrase qu'elle n'avait jamais prononcée à haute voix : « Je t'aime ». Elle l'embrassa avec douceur, sans hâte, mais tout son être bouillonnait par ce simple contact. Le premier baisé d'un homme à nouveau libre.

De surprise en surprise
Robar Royce & @Maddy

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Il fronça les sourcils cherchant à comprendre ce qu'elle voulait dire par là, de quel danger elle pouvait bien parler. « Quel secret ? Souhaites-tu à nouveau disparaitre ? » lui demanda-t-il, appréhendant sa réponse. Ils n'étaient pas particulièrement discret depuis la reprise de leur liaison et bien que Rosenn eut les traits de sa mère, il commençait à devenir évident que la petite n'était pas née d'un coquillage trouvé sur une plage. Bien que Robar accordait de l'importance aux serments et avait assuré avoir respecté celui qui le liait à Rhaenys, il considérait leur mariage terminé depuis bien longtemps et puisqu'Andar ne s'opposait pas à les voir se butiner sous son toit, Robar ne voyait pas quels secrets il pourrait y avoir. Il était évident que sa grande annonce, sa propre surprise, changerait la donne mais tandis qu'il révélait l'annulation de son mariage, il s'inquiéta que sa soudaine disponibilité ne ramène les aspects les moins heureux de leur liaison passée. Il ne trouvait plus d'amusement dans le secret, plus d'envie de voir les choses rester dans l'ombre d'un placard. Il ne promettait pas d'être l'homme le plus fidèle de Westeros mais il voulait que les choses soient claires entre eux et puisqu'elle était la mère de sa fille, son amante depuis des années, il craignait qu'elle ne l'intime encore à se taire comme elle avait pu le faire par le passé.

Il secoua la tête. « Non, tu es la première à l'apprendre bien qu'il doit s'en douter. Il connaissait les raisons de mon départ et je ne serai pas étonné qu'un corbeau l'ai déjà averti de la nouvelle. » Après tout, Andar n'était pas que son frère, c'était aussi son seigneur et il était évident qu'une telle affaire ne pouvait se garder loin des oreilles du chef de famille : les Royce perdaient leur alliance avec la maison royale et bien que tous en furent soulagé, il y avait sans doute des usages sans ce genre de circonstance. « Mais je crois qu'il n'en a rien dit à personne au cas où la décision ait été défavorable : il aura voulu t'épargner de faux espoirs si j'étais rentré bredouille. » ajouta-t-il, songeant que son frère était assez prévenant pour agir de la sorte. De plus, Robar aurait peut être été vexé de ne pas être celui qui annoncerait la nouvelle à Maddy : c'était sa vie, son mariage, leur liaison. Sans compter, et elle l'interrogeait à juste titre, que le célibat du puiné Royce pouvait représenter de nouvelles opportunités. Si Andar avait été un autre, s'il n'y avait pas de sincère amitié entre lui et Maddy, peut être aurait-il songer à un remariage : une union était la manière la plus sur de sceller des alliances et la hantise du chevalier rouge était de se retrouver à nouveau dans la situation qu'il avait connu avec la princesse. « Je compte lui dire que je préfèrerai renoncer à mon nom que de prendre à nouveau une épouse en ces conditions. C'est finit. Rhaenys ne reviendra jamais et il n'y en aura pas d'autre non plus je te le promets. » lui dit-il. Il était libre. Libre comme il ne l'avait jamais été.

Sa confession lui arracha un hoquet de surprise avant qu'elle ne l'embrasse. Ce n'était pas une déclaration du genre de celles que l'on faisait sur l'oreiller, pris dans la passion d'une étreinte érotique, c'était un sincère appel du coeur et il en était troublé. « Maddy ... » chuchota-t-il tandis qu'il la serrait contre lui, noyant son visage dans ses cheveux, s'agrippant à elle comme si elle risquait de disparaitre dans la seconde. Lorsqu'il lui permit de s'écarter assez pour respirer, il garda sa prise sur sa taille, un bras possessive entourant la jeune femme tandis que de sa main libre il écartait les boucles rousses de son visage. « Je ne te cache pas que Grand-mère risque d'être fort ... Désappointée mais ... » Il n'était pas certain que son mot soit à la hauteur de la réaction de la doyenne Vanbois : il n'avait que peu parler de son échange avec elle, aux portes de la lune, avouant qu'elle savait pour Rosenn sans trop en dire. Bien sur, Maddy devait se doutait que la Dame de Chêne-en-Fer n'était pas ravie d'ajouter des Stones à son arbre généalogique mais il préférait lui épargner la confirmation de ses hypothèses, gardant pour lui les mots peu flatteur qu'elle avait pu avoir sur sa liaison, sa maitresse, son attitude et tout le reste. De la même manière, il assumerait seul la colère qui ne manquerait pas d'éclater lorsque cette nouvelle grossesse serait annoncée. « J'y ai réfléchi tout au long du voyage et maintenant qu'il n'y a plus d'épouse pour être outrée de la chose, je voulais ... Et bien ... » Il ignorait comment dire la chose, craignait qu'elle ne prenne mal ses intentions, ses désirs. Mais pour l'heure, Rosenn n'avait qu'un parent : elle et bien qu'il ait pensé à cette situation précise, l'arrivée d'un second enfant venait appuyer la nécessitait qu'il avait à assumer sa paternité. « Je voudrais reconnaitre Rosenn comme ma fille naturelle. Tout comme cet enfant là. » Ils n'auraient jamais le nom de Royce, mais sous le patronyme des bâtards, ils pourraient connaître la protection officielle de la maison Royce, recevoir l'éducation à laquelle avait le droit la noblesse et connaitre le confort auquel leur sang leur donnait droit. « En cela les choses n'ont pas changé : je ne pourrais jamais te promettre quoi que ce soit mais j'aimerai vous placer sous la sécurité officielle de Roches-aux-Runes. » ajouta-t-il. Ser Sam avait un rôle particulier au sein de la maisonnée et sa fille s'était intégrée à la famille et à la maisonnée. Cependant, avec la naissance de Rosenn, et celle a venir, Robar ne se voyait pas ignorer sa maitresse et la laisser n'avoir qu'un statut de servante : il ne pouvait peut être pas l'épouser mais il pouvait la mettre à l'abris.

De surprise en surprise
@Robar Royce & Maddy

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Disparaître. C'était un terme qu'elle n'avait jamais employé à voix haute. Elle retournait sur son île lorsque la panique était trop forte. Elle fuyait loin. Mais jamais elle ne disparaissait. Pas vraiment. Maddy finissait toujours par revenir. Aussi inconstante que l'océan, elle allait et venait entre ses deux ports d'attaches, quittant les côtes déchiquetées de son île pour retrouver les falaises écharpées de roches-aux-runes. Pourtant, tout aurait été beaucoup plus simple si elle choisissait de rester au même endroit, si elle faisait face à ses difficultés plutôt qu'à leur tourner le dos, si elle acceptait toutes les facettes de sa personne. Mais rien n'était jamais aussi simple que cela. Femme sans nom, elle ne trouvait sa place dans aucun de ses deux mondes, elle voguait entre les deux, de la noblesse à la vie de pêcheur, de la vie de braconnage à celle d'une nourrice d'une haute lignée. Elle était tout ceci à la fois, une fille du peuple, une fille de la noblesse, mais souvent, les deux pans de son existence refusaient de s'imbriquer. Ils se superposaient maladroitement et à force de vouloir tout faire coïncider dans un tout harmonieux, tout volait en éclat. C'est ce qu'elle ressentait à cet instant. Que tout risquait d'imploser devant ses yeux. Maddy avait promis qu'elle resterait toujours auprès de lui, qu'elle demeurerait dans l'ombre de ses pas. Quoi qu'il devait advenir, elle serait là, mais Robar ne lui rendait pas la tâche facile.

La sorcière avait tout entendu, tout assimilée, mais elle n'arrivait pas à réagir. Andar avait sûrement souhaité rester à l'écart, évitant de reprendre une place qu'il avait détesté avoir, ce qui expliquait sûrement sa brillante absence et ses silences plus soutenus qu'à l'accoutumé. Elle avait bien entendu qu'il préférerait perdre son nom plutôt que prendre une autre épouse, elle avait sentie la passion transpirer de tous ses pores, mais il n'avait rien dit. Il n'avait pas dit qu'il l'aimait lui aussi. Se mordillant la lèvre, Maddy se sentait ridicule, il lui avait promis qu'il ne serait plus marié à une autre femme, mais... pas de je t'aime. Rien de tout cela. Elle avait parfois eu des doutes sur les sentiments du chevalier, mais après autant d'années, elle avait su déceler dans ses silences, dans ses caresses, dans son regard l'amour qu'il lui portait. Pourtant, elle aurait souhaité qu'à cet instant, il se montre aussi démonstratif. Qu'il se montre tout aussi vulnérable et ridicule qu'elle. Elle voulait des mots et pas seulement des actes de tendresse. Aussi agréable soit-il.

Toutefois, ce n'étaient pas les mots qu'il n'avait pas prononcés qui lui accélérait son cœur ou qui lui nouait l'estomac, mais ceux qu'il essayait tant bien que mal à lui faire comprendre. Lentement, cherchant ses mots, bégayant presque, Robar lui annonça son intention. Une surprise qui avait autant d'impact que sa précédente, peut-être davantage. Maddy était figée. Les traits de son visage restèrent crispés dans une grimace étrange. Elle ne savait pas comment réagir physiquement, ni quoi dire, seul un « uh » rauque s'extirpa de sa gorge. Dans son esprit, c'était un ouragan de panique. Jamais l'insulaire n'aurait pu imaginer un tel revirement de situation et jamais elle n'avait imaginé que sa fille puisse porter le nom de Stone. Rosenn était son enfant, à elle seule. Par égoïsme ou par habitude, c'était ce qu'elle ressentait à cet instant. Robar vivait dans un monde très différent du sien, bien sûr, elle ne l'imaginait pas lui faire du mal, mais l'amour pouvait rendre aveugle. Et si un jour il rencontrait une autre femme, plus belle, plus intelligente, plus noble et qu'il voulait éloigner Maddy du château, quel droit aurait-elle sur Rosenn ? Il pouvait offrir un nom à leurs deux enfants, mais elle resterait toujours la servante qu'il avait engrossée. Aujourd'hui il n'était pas comme ça, mais pouvait-elle prédire ce qu'il allait se dérouler dans les mois ou dans les années suivantes ? Pouvait-elle certifier qu'il lui serait toujours attaché ?

Inspirant profondément, elle posa ses mains moites sur son ventre plat, « je ne me sens pas très bien ». Avec lenteur, elle s'installa sur un muret et durant une seconde, elle se rendit compte qu'elle serait la seule à ne pas porter le nom de Stone. Sam Stone. Rosenn Stone. Bébé Stone. Et Maddy. Juste Maddy et éternellement Maddy. Jamais elle n'avait souhaité porter le nom de Royce, mais grâce à sa fille, elle n'était plus seule. « Robar », sa voix était devenue toute fluette, fragile, « je ne peux pas t'empêcher de vouloir reconnaître tes enfants et », l'insulaire faisait un très grand effort pour ne pas prendre ses jambes à son cou et elle espérait qu'il s'en rendait compte, « concernant Rosenn je sais parfaitement que tout est de ma faute, je t'ai empêchée d'être un père et qu'aujourd'hui tu as des difficultés à créer un lien avec elle ». Cette enfant n'avait jamais montré un véritable intérêt pour le chevalier, tout ce qui semblait compter à ses yeux c'était qu'il ne capte pas toute l'attention de sa mère. La fillette avait évolué dans un monde de femme et dans l'ombre, dans le secret. Parfois, elle avait l'impression que sa fille était comme une plante verte qui était recroquevillée sur elle-même, ne se dévoilant que lorsque personne ne l'observe.

« Mais ça me fait peur », finit-elle par dire, « c'est ma petite fille ». Durant toutes ces années, elle n'avait été que toutes les deux et c'était difficile de lui faire officiellement une place dans cette relation dyadique. De lui donner officiellement le rôle du père de cet enfant. Inspirant une nouvelle fois, elle lui prit les mains pour les placer sur son ventre. Ses mains superposées sur les siennes, elle caressa sa peau froide avec ses pouces, « je vais régulièrement avoir... », elle fronça légèrement les sourcils, cherchant le mot qui convenait le mieux à ce qu'elle vivait à cet instant, « des attaques de panique, mais je comprends ton intention et je te remercie de vouloir les protéger ». Elle avait besoin d'entendre que jamais il ne la chasserait de la vie de ses enfants, mais Maddy savait pertinemment que s'il lui prenait l'envie d'agir de la sorte, elle était suffisamment maligne pour les récupérer et trouver une destination hors de sa portée. Après tout, elle était sans doute fille d'un Stone, mais elle avait grandi avec des pirates et des braconniers. Une facette qui lui serait fortement utile. Souriant à cette ébauche d'idée, elle capta le regard du chevalier, « si c'est une fille, on pourrait la nommer Anya, ça apaiserait peut-être ta grand-mère quand tu lui annonceras toutes ces surprises inattendues » et tandis qu'elle l'observait, une pensée désagréable émergea dans son esprit, car il n'y avait pas qu'Anya qui allait être choqué par de telles annonces, « et c'est toi qui annoncera ton divorce, cette nouvelle grossesse et ton intention d'officialiser ta paternité à mon père ».

De surprise en surprise
Robar Royce & @Maddy

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Cela faisait bien des annonces pour un seul soir, bien des surprises qui avaient éclaté en quelques heures et il ignorait qui détenait la palme de la nouvelle la plus inattendue. Ce fut tandis qu'elle annonçait devoir s'assoir et retrouver le calme que Robar saisit combien il était tout sauf habitué à la situation. Il n'état pas présent pour la première grossesse de Maddy quant à celle de Rhaenys, s'il avait finit par s'attacher à l'être qu'elle portait, il n'avait jamais chercher à l'approcher une fois son annonce faite. Robar ressenti alors toute la maladresse dont il était capable, tant en parole qu'en geste tandis qu'il accompagnait un mouvement qu'elle était parfaite capable de faire seule et pour lequel elle ne l'avait pas attendu. Il songea à Alys qui, depuis son mariage, ne cessait de donner naissance à des petits Royce et à Andar qui malgré toute la bêtise dont il pouvait faire preuve par moment, se révélait être un père semblable à celui qu'ils avaient eut. Lui n'avait pas cette chance : son fils était mort avant de vivre et sa fille peinait à comprendre qui il était pour elle. L'âge, sans doute, se disait Robar. Elle était trop jeune pour comprendre et ne lui laissait que peu d'opportunité de nouer quoi que ce soit avec elle. Définitivement le caractère entêté des Royce avait commenté Ysilla dans une missive qui répondait aux plaintes de son aîné vis à vis de sa seule et unique enfant. Puis Maddy parla et la ride qui séparait les sourcils de Robar ne fit que s'accentué. Il aurait pensait qu'elle serait contente, soulagée de se voir à l'abris, de savoir son enfant à jamais protégé des affres que pouvait connaître le peuple. Mais il semblait que la jeune femme n'était pas de cette avis. Son égo avait envie de lui rappeler que sans lui, Rosenn ne serait sans doute pas là, qu'ils avait été deux pour cela mais la mention de crise de panique lui fit garder le silence. « Je ne sais pas ce que tu imagine, mais ... Je ne fais pas ça pour te la voler, Maddy. » finit-il par dire, s'accroupissant près d'elle. « C'est peut être ma fille, mais je n'oublie pas que c'est également la tienne. » Il ne parvenait à mettre des mots sur ce qu'il voulait lui dire, sur la reconnaissance qu'il éprouvait à la voir porter ses enfants, sur l'affection qu'il avait pour elle depuis qu'il était assez âgé pour avoir de l'intérêt pour les femmes. « Malgré tout ce qui nous rapproche, je doute qu'Andar accepterai qu'on se marie et je ... Ne suis pas certain que cela te rendrait heureuse. » confia-t-il en jouant du bout de sa botte avec une brindille à demi enterrée dans le sol. Le problème de son mariage n'était pas que Rhaenys : leur échec était une oeuvre commune et il ne voulait pas voir Maddy le détester comme la Targaryen avait pu le faire. « Je ne suis ni un prince charmant, ni un chevalier blanc de conte de fée : tu me connais depuis l'enfance, tu le sais ... » C'était un fait, Robar savait qu'il n'avait rien de l'homme idéal : il avait le regard qui trainait bien trop facilement sur le corps des femmes, appréciait de s'éclipsait quand bon lui chantait, pouvait s'évaporer des jours entiers pour le plaisir de partir chasser avec des chevaliers des environs, et supportait très mal les responsabilités. Depuis le plus jeune âge, il se montrait querelleur, impatient et aussi exigeant qu'il pouvait être passionné et loyal. « Et toi tu as toujours été si ... Capable, fière et débrouillarde. J'aimerai te dire que je ne te veux plus ni dans les cuisines, ni à épousseter des chambres ... Je ne veux plus que tu sois de la maisonnée, je veux que tu sois de la maison. Avec moi. » finit-il par dire, toujours incapable de la regarder dans les yeux. Il se souvenait de la fascination qu'il avait ressenti, adolescent et commençant tout juste à s'intéresser aux filles, face à elle. Elle et ses cheveux indomptables, flamme vivante et profitant de la vie, écho de certaine de ses envies mais toujours plus mature qu'il ne le serait jamais. « Je ne veux pas reprendre d'épouse car je veux que tu sois là de manière officielle, pas comme une simple maitresse mais comme ma compagne. » confessa le blond. Il voulait qu'elle ait une place à Roches-aux-Runes, qu'à défaut de pouvoir être sa femme, elle soit simplement à lui. Il y aurait des jours compliqués, des jours où ils se disputeraient comme ils l'avaient par le passé, des jours où il serait sans doute le pire des goujats mais il y aurait tous les autres. Ceux où ils profiteraient de chaque jour, du château, des Royce qui en porteraient le nom. « Mais c'est un désir égoïste et je ne sais même pas ce que toi tu voudrais ... » C'était surtout le fruit de ses réflexions pendant le trajet le ramenant dans le Val, le fruit d'une liberté retrouvée qui lui offrait un après qu'il n'avait pu envisager auparavant. Mais il y avait la fierté de Maddy et les désagréments qu'une telle position ne manquerait pas de lui offrir : bien qu'elle soit plus, elle serait peut être toujours vu comme une maîtresse. Et si, par chance, on acceptait de voir en elle une concubine, elle ne serait pas plus accepté par la noblesse qu'elle ne l'était aujourd'hui sans pour autant demeurer une fille du peuple. Ce qui lui proposait était un entre deux qui n'avait rien de très attrayant une fois loin des murs de Roches-aux-Runes.

Il grimaça à la mention de sa grand-mère. Pour sur, elle n'approuverait pas et il risquait de passer un moment fort peu agréable. Cependant, il n'imaginer s'esquiver de ce devoir : prendre la responsabilité de la petite vie qui granidssait en Maddy, c'était assumé sa part dans sa conception, c'était assumé ce qu'il y avait entre eux, y compris face à la redoutable Anya Vanbois. Mais ce qu'il avait comprit de leur dernière entrevue était que si la matriarche Vanbois était prête à venir au secours de son petit-fils, tout en désapprouvant ses relations extra-conjugales -bien qu'il ait longuement insisté sur le fait que cela s'était produit bien avant son mariage-  elle valorisait avant tout la consistance des choix. « J'ignorais que tu étais si pressée de me mettre en terre. » commenta Robar à mesure que la liste de Maddy prenait de l'ampleur. « Oublie le prénom, mais de toute façon, je ne suis pas chevalier de Chênes-en-Fer. Elle me tirera les oreilles et dira sans doute des choses sur la mémoire de ma mère et tout ce qui s'en suit, mais elle finira par accepter. » soupira-t-il. Il n'avait pas besoin de sa bénédiction après tout : elle n'était son seigneur ou sa mère. En outre, cela faisait bien longtemps que Robar n'était plus dans la ligne de succession : on pouvait bien le laisser vivre sa vie en paix !

De surprise en surprise
@Robar Royce & Maddy

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Maddy avait pensé que s'asseoir allait l'aider à reprendre ses esprits, mais cela n'avait rien changé. Elle se sentait toujours aussi perdue, toujours aussi confuse, mais malgré le raz-de-marée qui faisait rage à l'intérieur de son esprit, jamais elle n'avait voulu qu'il se sente mis à l'écart. Et encore moins le blesser. Pourtant, elle ne pouvait pas cacher les sentiments qu'elle éprouvait à ce moment précis, n'est-ce pas ce qu'ils s'étaient promis ? Plus de mensonge, uniquement la vérité ? Mais sa vérité à lui était tout aussi effrayante que la sienne. Robar voulait être reconnu dans sa paternité, prendre une place officielle auprès de Rosenn, mais également protéger cette famille qu'il avait tant eu de mal à obtenir. Il la voulait elle. N'est-ce pas cela le plus effrayant ? Elle ne serait plus dans l'ombre, mais en pleine lumière. Place qui n'avait jamais été la sienne.

C'est dans des moments tels que celui-ci que son aïeul lui manquait le plus. Maddy aurait eu besoin d'entendre sa voix réconfortante, d'écouter une phrase qui n'aurait aucun lien avec sa problématique, mais dont elle trouverait un certain sens. Ses mots avaient rarement de logique, elle la confondait très souvent avec l'enfant qu'elle avait perdue, mais cette vieille dame avait été la mère qu'elle n'avait jamais eu. La fille de Sam Stone était née. L'épouse de Sam Stone était décédée. En une journée, le guerrier absent avait été père et veuf. Dans ce deuil et ce bouleversement, toutes les deux s'étaient trouvés. À présent, celle qui l'avait élevé n'était plus, mais Maddy se l'imaginait souvent, lorsqu'elle se sentait dépassée par la situation, elle invoquait le souvenir de cette femme. Et à cet instant précis, elle lui murmurait qu'un crabe qui n'affronte pas la houle se noie.

Elle ignorait si Robar se doutait qu'il avait réussi à la rassurer, qu'il avait su trouver les mots pour obtenir les prémices d'un aval. Le regard fuyant, le jeune homme se laissait porter par les mots qu'il semblait avoir retenu trop longtemps. Il la voulait elle. N'est-ce pas le plus important ? « Robar », elle murmurait comme une âme en perdition, « regarde moi », il y avait encore trop d'inconnus, trop d'incertitude dans son esprit, mais elle savait aussi qu'elle risquerait de le perdre à force de vouloir rester dans l'ombre, de garder ses enfants dans l'anonymat. Et pourtant, depuis la naissance de sa fille, Maddy avait égrainé des informations sur l'identité de son géniteur. Rosenn pour les roses rouges. Rosenn pour le nom d'un père. Dans ses histoires, il ne portait pas encore le nom de père, il n'avait pas de visage, mais il avait toujours été là. Il avait toujours existé. « J'ai passé de nombreuses années à chercher ma place, j'ai fui à maintes reprises lorsque je ne la trouvais pas, mais grâce à cela j'ai découvert qui j'étais, mais également ce que je voulais. Ne pas porter le nom de Stone, c'est difficile pour moi », c'est à cet instant que Maddy comprit quelque chose d'important, elle reproduisait le schéma dans lequel elle avait grandi. Elle ne voyait plus le regard intensément bleuté du chevalier, mais toutes ces années de mal-être. Une existence entière à vouloir porter le nom de son père, à vouloir qu'aux yeux de tous, elle soit sans surprise la fille de Strong Sam Stone. « J'ai toujours souhaité porter le nom de Stone, pas celui de Royce », si elle n'y prenait pas garde, ses enfants risquaient de porter eux aussi un tel poids, un poids qu'il pouvait ne pas porter grâce à leur père, « il est vrai que c'est difficile d'osciller entre les deux mondes, mais elle est là ma place ». Elle se mit à sourire, illuminant son visage, « je n'ai jamais souhaité être l'épouse d'un homme issu de la noblesse et je crois que tu me connais suffisamment bien pour le comprendre ».

Maddy profitait de cette place, issue du peuple, elle avait pu avoir un mariage d'amour, issue de la noblesse, elle avait acquis une solide éducation. Aujourd'hui, elle mesurait la chance d'être constamment dans l'entre-deux, parce qu'il y avait aussi des avantages à n'appartenir à aucun monde. « Je ne souhaite pas être ton épouse Robar », elle avait prononcé ses mots avec douceur, « je n'ai pas besoin de l'être aux regards de la loi des hommes ». Les autres femmes pourraient se battre pour obtenir son corps, mais jamais elles ne le posséderaient entièrement « ton cœur m'appartient, aux yeux de mon dieu, tu es mien et je suis tienne ». Le crabe affrontait la houle, il se jetait à corps perdu dans le vaste océan pour obtenir sa part du bonheur. « Si tel est ton désir, Rosenn et cet enfant porteront le nom de Stone », son sourire s'illumina davantage, à ce moment précis, elle voulait profiter de ce sentiment, elle paniquerait plus tard.

Maddy se mit à rire, imaginant le visage de l'aïeul de Robar, il se décomposerait à coup sûr, mais c'était un acte obligatoire. S'il voulait reconnaître ses enfants, il allait devoir l'affronter, elle et son père. Maddy massa sa nuque douloureuse de sa main et se redressa pour finalement se lever du muret inconfortable, « tu savais que mon père n'avait pas été présent lors de ma naissance », cela faisait terriblement longtemps qu'elle n'avait pas repensé à son arrivée dans ce vaste monde et encore moins à ce que ce jour bien particulier avec provoqué. Avec lenteur, elle se rapprocha du chevalier, « il était à Roches-aux-Runes, auprès de ton père et d'Andar », elle lui prit les mains pour garder un lien physique avec lui, « dans une même missive, il apprenait qu'il était père d'une petite fille et qu'il... », elle inspira profondément, prise toute entière par le manque d'une mère, « et qu'il était veuf ». Avec du recul, ce n'était pas si étonnant que l'insulaire soit aussi proche de la seule fille Royce, elle aussi était orpheline de mère et privé des bras d'une père. C'était le lot de chaque femme, toutes étaient conscientes du risque et toutes se pliaient à la volonté de leur dieu. Maddy avait toujours eu cette petite voix anxieuse dans son esprit, durant toute sa première grossesse, elle n'avait de cesse de penser à sa propre mort. « Je crois qu'il a eu vraiment peur », elle esquissa un sourire timide et  comme pour se redonner du courage, elle plongea son regard bleuté dans le sien, « lorsque Rosenn est venue au monde, il n'a pas cessé de me tenir la main, de me dire que tout irait bien, même s'il était inquiet pour moi, probablement en colère aussi, il a été là. Mais je ne suis pas certaine qu'il puisse recommencer une nouvelle fois ».

Un flot de souvenirs douloureux émergea des méandres de sa mémoire, la douleur, l'incompréhension, mais surtout la constatation affreuse de l'absence du chevalier. « Quand cet enfant viendra au monde, je veux que tu sois là, que tu sois la personne qui me tienne la main, celle qui me donne de la force », a chacune de ses paroles, ses mains pressaient les siennes, donnant ainsi du poids à cette vérité, « j'ai besoin que tu sois cette personne Robar ». Lors de son premier accouchement, son mari avait été là, elle avait pu compter sur sa présence, son soutien. Bien sûr, elle avait véritablement apprécié la main tendue de son paternel, cela les avait rapprochées, mais cette main tendue aurait dû être celle de Robar. « Et surtout que tu ne tournes pas de l'œil lors de la délivrance », elle émit un petit rire, cherchant à alléger ce moment cruel et douloureux.

De surprise en surprise
Robar Royce & @Maddy

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Leur histoire était ancienne. Bien sur, cela n'avait pas toujours été ainsi, mais aussi loin qu'il pouvait remonter dans ses souvenirs, Maddy était là avec ses cheveux en bataille, son franc parler légendaire et son rire communicatif. L'enfant qu'il avait été avait trouvé une amie plus que bienvenue dans une Roches-aux-Runes qui vivait dans le deuil de sa dame, dans un château hanté par les visites nocturnes d'Andar à la cave. Au milieu de la gravité de chose qu'il n'aurait pas du vivre, Maddy avait été l'amie qui lui permettait de redevenir un petit garçon comme les autres. Il se souvenait de l'étrangeté de son départ, de la jalousie de l'enfant qui se voyait privé de son amie tandis qu'elle partait vivre sa vie de femme avec un homme dont Robar était sur qu'il était bien moins drôle qu'il pouvait l'être lui même. Et puis elle était revenue. Et il n'était plus un petit garçon. Ses cheveux étaient toujours en bataille, son rire toujours aussi audible. Elle était la même et elle était différente. Lui aussi avait changé, et il s'était rapidement rendu compte que les étreintes, autrefois fraternelles, ne l'étaient plus autant. Elle n'avait pas été sa première. Ni même la seconde. Mais elle avait été la préférée de toutes les femmes qu'il avait eut la chance de butiner et ce n'était qu'avec l'arrivée inévitable de ses noces qu'ils s'étaient rendu compte de la place qu'elle avait pris dans son coeur. Plus qu'une amie, différemment d'une soeur, loin d'être aussi romantique que les amantes des contes d'Ysilla. Mais là. La dans les meilleurs moments comme dans les pires jusqu'à ce que son nom soit associé à celui de la dragonne, jusqu'à ce qu'elle parte pour ne revenir que bien plus tard. C'était une histoire ancienne, une histoire qui aurait pu en rester là. Mais la présence de Maddy le hanterait jusqu'à son dernier jour. Avant qu'ils ne se retrouvent, avant qu'ils ne reprennent leur liaison où elle s'était arrêtée, il s'était rendu compte combien il la cherchait. Il se souvenait de la manière dont il avait fixé cette pauvre Hortense Piper, ne voyant dans leur échange nocturne qu'une illusion, projection de celles qui le hantait encore. A sa demande, il releva la tête pour plonger ses yeux dans les siens, écoutant ce qu'elle avait à dire, essayant de comprendre une situation qu'il ne parviendrait jamais à saisir totalement. Robar était un Royce, il portait la noble ascendance qui était sienne dans ses cheveux blonds autant que dans son prénom. Que pouvait-il savoir des problèmes d'identité des roturiers et des bâtards ? Mais il écouta, peinant à savoir si cela signifiait qu'elle acceptait ou non la place qu'il proposait à leur fille, à leur histoire.

Peut être que le Robar du passé aurait été vexé des quelques mots qu'elle avait pu dire. Elle ne voulait pas être sa femme, cela avait de quoi heurter l'égo d'un homme à bien des égards. Mais ils n'étaient qu'honnêtes comme ils se l'étaient promis, une vérité sans artifice : il ne voulait pas se remarier, elle n'y tenait pas spécialement non plus, n'était-ce pas là chose merveilleuse que de s'accorder à ce point ? Ils n'avaient pas besoin d'un mariage pour vivre ce qu'ils avaient à vivre ensemble : panser les blessures que la vie leur avait faite, profiter des plaisirs qu'elle avait à offrir. Il ne pouvait promettre d'être l'homme le plus dévoué, fidèle ou honorable des Sept Couronnes, mais il pouvait promettre qu'il prendrait soin d'elle et de leurs enfants si elle l'acceptait. Et ses mots, eux, furent tout ce dont il avait besoin. Ses bras retrouvèrent leur place passée autour de la taille de la jeune femme tandis qu'il se serrait contre elle, contre l'enfant qu'elle portait à nouveau. Leur enfant. « Vous n'en portez peut être pas le nom, mais je puis vous assurez que vous posséder un charme presque magique ma dame. » plaisanta-t-il contre le tissu de sa robe, jouant de l'ascendance et de la réputation du sang Descarpes qui coulait dans ses veines.  « Je t'offrirai tout ce que tu désire, Maddy. Absolument tout. » chuchota-t-il, noyé dans son bonheur immédiat, ravi par ses attentions et ses sentments. Si elle le voulait lui, il était tout entier à elle, désormais libéré d'un mariage qui avait été un poids à sa cheville depuis le début. Si elle voulait une place au château, il ferait bouger les murs de cette vieille forteresse pour la contenter.

Ce fut lui qui, finalement, s'appuya contre le muret lorsqu'elle s'en leva, faisant le récit de sa propre venue au monde et du lien indéfectible qui existait entre elle et son père. Sans doute aurait-il du craindre un peu plus Samwell Stone, il était le plus à peine de lui faire mordre la poussière qu'Anya Vanbois. Ceci dit, l'histoire avait le mérite d'expliquer la froideur du maitre d'arme à son encontre durant quelques temps et il ne pouvait lui en vouloir, à sa place, il se serait sans doute détester également.  « J'imagine que cela a du être la même chose pour mon père lors de la naissance d'Ysilla. Cela explique sans doute pourquoi il tenait le tien en si haute estime : la douleur de la perte est une chose qu'on ne peut comprendre tant qu'on ne l'a pas vécu. » dit-il avec un détachement qui l'effraya. Il se rendit compte, à cet instant, qu'il n'avait pas un seul moment envisager l'idée que Rhaenys ne puisse survivre à la naissance de leur enfant. Bien sur, il avait eut de la peine pour elle lorsqu'il avait cru qu'elle avait fait une fausse couche tardive, mais à aucun moment, il ne s'était inquiété que la mort vienne la prendre dans ces circonstances.  « Je me souviendrai toujours du jour où l'on est venu nous chercher, Waymar et moi, pour dire adieu à notre mère. Il était trop jeune pour comprendre ... La gouvernante l'a rapidement ramené dans sa chambre mais moi je suis resté jusqu'à la fin. J'ai tenu sa main jusque dans les délires de son agonie et même après qu'elle ait rendu son dernier souffle. » Ce n'était pas une information nouvelle mais Robar n'en avait jamais parlé. Ni à son père, qui avait évité également le sujet, ni à son frère, ni même à ses cadets. Vingt ans après le drame, il n'avait toujours dit mot de ce qu'il s'était passé ce jour, de ce qu'il en avait ressenti. Ses yeux se posèrent sur Maddy à nouveau. Il ignorait à quoi ressemblait sa mère, mais il ne doutait aucunement que, tout comme Ysilla Vanbois, elle avait pensé à son enfant jusqu'aux derniers instants.  « Je serai là. » lui dit-il avec la sévérité d'un serment que l'on prête. Je serai là et tu vivras, songea-t-il. Je serai là et nous verrons grandir cet enfant ensemble.  « Je serai toujours là désormais. »