Pour une autre danse (ft. Aladore)

The Owed Dance

Si l’année précédente avait été marquée par la mort tragique de lord Mace Tyrell qui avait valu, comme à chaque décès, une ou plusieurs larmes à ce pauvre Aladore Costayne, bien trop sensible par moment, cette année 299 avait réservé pour le Bief deux événements majeurs. La décennie avait mal commencé avec les répercussions de la rébellion Greyjoy et le souvenir encore présent de celle de Baratheon. La fin, quant à elle, serait bien plus heureuse. Dix lunes auparavant, Loras Tyrell se mariait et était annoncé peu de temps après le mariage de Margaery Tyrell avec le prince et héritier, Aegon Targaryen. Cela avait ému le jeune chevalier maladroit qui avait eu la chance, par un concours de circonstance, comme il arrivait souvent avec lui, d’apprendre tout cela en exclusivité et avant-première. Il s’était fait violence pour ne pas le répéter à toute l’assemblée. Cela aurait été bien malvenu de sa part, lui qui n’avait rien à faire dans la cour des grands. Il s’était déjà bien fait remarqué en tombant, à son arrivée à Hautjardin aux pieds de la reine des Épines. La future princesse avait donc fait toute confiance en lui pour dévoiler ce secret. Elle-même trépignait d’impatience à l’idée de l’annonce et bien sûr à l’idée du mariage en grandes pompes qui verrait le Bief et la Couronne s’unir, ouvrant, sans qu’il le sache pour l’instant, une ère de mariages royaux plus somptueux les uns que les autres. Se remémorant cet agréable moment passé en compagnie de la jeune Tyrell, Aladore souriait naïvement tandis que le carrosse les conduisait, son épouse et lui, à Port-Réal. Pour l’occasion et au vu du long voyage que cela faisait, le couple Costayne – tel était leur statut à cette époque – avait laissé leurs enfants à Trois Tours. L’aîné Bertram avait six et les jumelles en avaient tout justes trois. Il ne faisait aucun doute qu’ils seraient choyés par les sœurs d’Aladore et bien surveillés par sa grand-mère, la redoutable mais non pas moins douce lady Gilliane Costayne.

- J’ai si hâte d’arriver. Pas vous, mon amour ?

Aladore était excité à l’idée d’aller à Port-Réal, la capitale. Il n’y était jamais allé et il demeurait bien plus enjoué que son épouse, à moins que celle-ci ne soit que tout simplement moins expressive à ce sujet. Quoiqu’il en soit, de tout le trajet, le jeune émissaire de Trois Tours n’avait pas tenu en place. Il avait hâte de découvrir la capitale, le berceau des Sept Couronnes, le Grand Septuaire, le Donjon Rouge, retrouver lady Margaery, la voir se marier avec ce beau et fier dragon qui deviendrait un jour roi. Quelle aubaine pour la jeune femme ! Elle ferait, à n’en pas douter, une reine des plus magnifiques. En attendant, elle deviendrait par ce mariage princesse tandis que lady Alyria Farring, dont le nom ne disait rien à personne avant l’annonce royale il y a quasiment un an maintenant, serait la prochaine reine du royaume. Si le fils du roi se mariait, le roi lui-même avait décidé de se remarier. C’était il y a bientôt quinze ans que la défunte reine Elia Martell avait quitté ce monde, peut-être il était temps pour Rhaegar de tourner cette page et également de s’assurer que le nom des Targaryen perdure. Car finalement, il n’avait qu’un fils pour l’instant. En Aegon seul, résidait l’avenir de la famille royale. Aladore pensait donc à tout cela, et il en avait bien eu le temps. Au départ de Trois Tours, le carrosse devait remonter jusqu’à Villevieille puis Hautjardin et en prenant la route de la Rose, atteindre Port-Réal pour la onzième lune de l’année 299. Il aurait été bien dommage d’arriver en retard au mariage princier alors le chevalier avait prévu deux-quatre jours d’avance, lui qui préparait tous les voyages qu’il effectuait, se plongeant dans la logistique que cela engendrait à chaque fois. Ils n’étaient pas encore tout à fait arrivés qu’Aladore s’écria soudainement.

- Oh Melior, regardez ! On voit le Donjon Rouge d’ici ! Est-ce donc cela, la baie de la Néra ? Mais c’est immense ! Regardez le paysage. Nous sommes bien loin de nos contrées verdoyantes.

Cela amusait grandement Melior quand il faisait ça. Il ressemblait au jeune garçon qu’il était lorsqu’il la courtisait ou dans les premiers temps de leur mariage. Il était toujours le même, rien n’avait changé si ce n’est son visage, son corps, vieillissant quelque peu au gré du temps. Ils étaient pourtant tous les deux encore bien jeunes mais mariés à vingt ans, ils filaient désormais vers les trente. Déjà quelques petits changements étaient à noter. Pour une raison encore inconnue, Aladore portait les cheveux un peu plus longs qu’à l’accoutumée. Cela ne semblait pas déplaire à son épouse. Il aimait bien tester de nouvelles choses et qui était-elle pour le lui refuser. Il avait toujours été comme ça après tout. Le Donjon Rouge se rapprochait de plus en plus et quelques minutes, peut-être une heure, plus tard, ils arrivèrent à Port-Réal. Installation, accueil, découvert, promenades, sourire, baiser, nuit calme ou agitée. Les jours s’accélérèrent et celui de la cérémonie du mariage arriva. Les convives s’étaient agglutinés dans le Grand Septuaire de Baelor, du moins pour celles et ceux qui avaient pu s’y rendre et assister à la cérémonie célébrée par le grand septon en personne. Le banquet ne tarda pas à suivre. Mets en tous genres. Vins à foison. Les invités ne manqueraient de rien. Aladore s’était bien régalé même si contrairement aux goinfres qui se trouvaient çà et là, il se montrait bien plus distingué et ne se ruait pas sur la nourriture comme la misère sur le pauvre monde. Après un repas des plus copieux, conjugaison du faste Bieffois et de la richesse Couronnienne, il était venu l’heure des danses et la première d’entre elles fut bien évidemment réservée à son épouse. Aladore était un chevalier maladroit, le prince de la gaffe. Mais concernant la danse, il faisait preuve d’une attention des plus particulières. Cette fois-ci, il ne voulait en aucun cas trébucher et finir aux pieds d’un des membres de la famille royale. Malheureusement pour le pauvre homme, ce sera auprès de lord Tywin Lannister qu’il se ridiculisa bien plus tôt alors que les convives s’installaient pour le banquet. Mais, il préférait oublier ce petit incident et se concentrer sur la danse et son épouse. Les divers couples qui dansaient étaient magnifiques. Tout le monde avait encore, sans doute, à l’esprit le couple princier ouvrant le bal dans une atmosphère des plus harmonieuses. Désormais, la foule avait pris d’assaut la piste de danse et chacun vaquait à ses discussions et autres occupations. Aladore, qui avait perdu de vue son épouse, entendit une voix des plus familières.

- Lady Margaery !!!

Il comprit immédiatement son impair. Maintenant que Margaery était mariée au prince Aegon, la jeune femme avait obtenu un tout autre statut que celui de sa naissance.

- Je veux dire… Votre Altesse.

Aladore fit alors une révérence que plus personne ne faisait et même que personne n’avait sans doute jamais fait. Bien trop spacieuse, bien trop basse, bien trop… tout. Aladore Costayne dans toute sa splendeur. Se relevant, prenant alors la main de la désormais princesse, déposant un faux baiser sur celle-ci, il souriait, quelque peu rouge tandis que certains regards étaient posés sur lui. Qu’ils parlent, qu’ils se moquent, qu’ils rigolent. Pour une fois, il s’en moquait bien. Il était sur le point de danser avec la princesse et cela surpassait bien toutes les moqueries qu’on avait pu lui faire et qu’on lui ferait encore.

- Je n’ai pas oublié, voyons. J’attendais ce moment avec impatience mais tous deux avions, comme nous l’avons prévu, des obligations envers des personnes à qui nous sommes liés à vie. Mais désormais...

Il tendit à nouveau la main vers la princesse, s’inclinant quelque peu et poursuivit.

- Me feriez-vous l’honneur, princesse Margaery, de partager la prochaine danse avec moi ? Sans quoi, je ne pourrai tenir ma promesse.

Une danse était justement en train de se terminer. C’était là l’occasion rêvée pour le jeune chevalier, simple émissaire Bieffois, et la jeune dame, fraîchement devenue princesse, de danser ensemble, comme ils se l’étaient promis dix lunes plus tôt.

One, two, three… One, two, three…

Port-Réal était une véritable découverte pour le jeune chevalier. Il ne s’y était jamais rendu et envoyant l’immense Donjon apparaître au loin, il n’en fut que plus émerveillé. On aurait dit un enfant, ce qu’était Aladore parfois. Sa naïveté et sa fraîcheur étaient à la fois appréciée et moquée mais le jeune Bieffois n’en tenait pas rigueur. Il ne le vivait pas toujours bien mais Melior lui disait toujours de ne pas tenir compte de ce que les autres pensent, uniquement de ce que sa femme pense. Mais il admettait parfois que cela le peinait beaucoup qu’on se moque de lui à cause de sa maladresse. Il travaillait énormément dessus, notamment grâce à lady Gilliane, l’une des rares à avoir de la patience avec le jeune garçon. Il n’en était rien du côté de lord Tommen qui ne s’intéressait tout simplement pas à son fils. Envoyé au mariage princier en tant qu’émissaire des Costayne, Aladore représentait sa famille et s’était efforcé tout le long du voyage à se repasser en tête les codes de conduite qu’il devait arborer et surtout les choses à ne pas faire. Il était très précautionneux et faisait attention à tous les détails. De sa descente du carrosse jusqu’au soir du banquet, il ne fit aucun faux pas. Pas de marche traîtresse, pas de maladresse verbale, rien. Melior était fière de lui et il pouvait l’être également. Le mariage était grandiose, à l’image de la royauté et du Bief riche. L’union des Targaryen et des Tyrell marquerait les esprits à n’en pas douter. Après les félicitations aux mariés, les discours, le début du banquet, il vint l’heure des danses et Aladore ne put qu’offrir la première d’entre elles à son épouse. Il avait d’ailleurs failli tomber lors du changement de partenaire mais personne ne le remarqua. Revenant auprès de Melior, il souriait allègrement et lui soulignait qu’il était si heureux d’être là avec elle. Les deux époux se quittèrent ensuite. Aladore avait une promesse à tenir et il comptait bien la tenir. S’avançant dans la foule, tandis qu’une autre danse puis encore une autre se fit, il retrouva tant bien que mal la jeune princesse.

Révérence et… maladresse. Légère maladresse facilement rattrapable. Le jeune chevalier, trop excité à l’idée de danser avec la jeune mariée, en avait oublié le nouveau titre de celle-ci. Mariée au prince, elle n’était plus simplement une dame mais une princesse, auquel cas il fallait s’adresser à elle en utilisant le prédicat d’altesse. Ce qu’il fit dans la seconde avant de lui proposer de danser avec lui pour la prochaine danse. La princesse accepta et le jeune chevalier rougit quelque peu. Tous les regards étaient attirés sur elle bien entendu et donc sur lui indirectement. Certains, le reconnaissant, pourraient se demander si la princesse est bien consciente de ce qu’elle fait. D’autres la plaindraient assurément. Sans oublier ceux qui ne feraient que se moquer du jeune chevalier maladroit qui trébuchera pendant sa danse avec la princesse, ruinant alors la magie du moment. Ceux-là n’avaient qu’à bien se tenir car Aladore ne comptait aucunement tomber ni faire preuve de maladresse avec la délicate fleur qui se confiait à lui le temps d’une danse. Entendant alors lady Melior dans sa tête, il fit abstraction des regards et lorsque la musique débuta commença à compter les pas dans sa tête. C’est parti. Dans les premières secondes, le jeune Bieffois gardait son sérieux, concentré sur ses pas, changeant de partenaire, revenant vers Margaery. C’est en la voyant à nouveau face à lui qu’il consentit à se détendre et sourire. Un, deux, trois. Il continuait de compter puis aux retrouvailles suivantes, il demanda innocemment à la princesse.

- Ainsi, que pensez-vous de mon rythme ?

Il rit quelque peu avant de recommencer à compter, jetant parfois un regard autour de lui. Non. Il ne fallait pas faire ça. Il se recentra sur sa partenaire. Il n’aurait d’yeux que pour elle le temps de cette danse. C’était un coup à croiser le regard de lady Olenna ou du prince Aegon, pire encore celui du roi. Jusqu’ici, le jeune chevalier ne fit aucun faux pas, aucune maladresse. Il ferait en sorte que cela reste ainsi tout le long du banquet jusqu’à leur départ de Port-Réal. S’il y avait bien un endroit où il ne fallait pas que sa réputation le poursuive, c’était bien à la capitale. Mais les vautours de la cour royale s’en chargerait bien pour lui. Des convives Bieffois auront sûrement vanté la maladresse du jeune chevalier, colportant alors l’information d’oreille en oreille. Mis peu importe. Aladore ne devait pas se laisser manger par ceux-là. Un, deux, trois. Il reporta son regard sur la princesse et lui offrit un large sourire. Qu’est-ce qu’elle était belle !

The Prettiest Rose

in the Bunch – Part 1

Sa mère avait eu beau lui apprendre, Aladore ne dansa jamais aussi bien depuis que Melior et lui avaient effectué leur première danse à leur propre mariage. Sous le regard aimant de sa grand-mère, émue de sa mère, indifférent de son père, Aladore brillait ce jour-là. Pas un faux pas, pas une maladresse ni lors de la cérémonie, ni lors du banquet. Il s’était fait violence pour ne pas faire honte à l’amour de sa vie. Melior Vouyvère était tout pour le jeune chevalier et il voulait le meilleur pour elle, y compris le mariage, surtout le mariage. C’est en pensant à cette première danse qu’il poursuivait celle qu’il avait promis à la désormais princesse Margaery. La salle remplie de convives bien plus prestigieux qu’à son mariage, Aladore était impressionné mais jusqu’ici, aucune erreur dans les pas, pour son plus grand bonheur et celui de sa partenaire qui, il l’espérait, passait un bon moment. Cela semblait être le cas puisqu’elle disparaissait dans ses pensées tandis qu’ils tournaient encore et encore, suivant le rythme de la musique. Il lui demanda alors si celui-ci lui allait, si la danse lui plaisait. La jeune femme ne fut que compliment et sourire. Aladore ne put alors se retenir de rougir, ne sachant que dire mais demeurant concentré sur ses pas. Bon danseur ? Il n’avait pas la prétention de l’être mais si Margaery se plaisait à le croire et le penser, à sa guise. Il ne dirait pas le contraire.

Tournant plus encore, il aperçut au loin son épouse, Melior, qui dansait elle aussi. Il reconnut bien évidemment le prince Aegon dont le regard ne semblait pas vouloir quitter son épouse. Aladore ne pouvait le comprendre. Une jeune femme aussi jolie que Margaery ne se quittait pas des yeux une seule seconde. Le Bief et la Couronne étaient principalement représentés mais d’autres régions étaient présentes. Il s’agissait d’un mariage princier après tout. Aegon était même l’héritier du trône. L’avenir de la dynastie des Targaryen se dessinait sous les yeux des invités et des Sept eux-mêmes. Le futur roi et la future reine se trouvaient dans la pièce tandis que le Dragon vieillissant, fatigué et lassé surplombait la salle de sa prestance. Lui-même était sur le point de se remarier, près de quinze ans après la mort de feu Elia Martell. Peu de gens s’en souviennent et pourtant, sa mémoire demeure. Sa fille, Rhaenys, lui ressemble, dit-on. Aladore ne pouvait contredire une telle information, n’ayant aucun souvenir de ce à quoi Elia ressemblait. Mais à juger par le physique des deux enfants du roi, il était certain que les deux patrimoines étaient représentés : les Targaryen et les Martell. Tout sourire, son esprit revint vers Margaery qui lui murmurait alors quelques mots auxquels il répondit immédiatement.

- Comment pourrait-il en être autrement, princesse ?

Aladore la fit une nouvelle fois tourner puis se rapprochant d’elle, il poursuivit, le sourire aux lèvres, l’esprit concentré sur ses pas. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Un, deux, trois.

- Je danse avec la plus belle des roses qui se trouve être la mariée. Je ne peux qu’adorer un tel moment. Je suis sûr que mon épouse saura me pardonner cet élan d’excitation.

Cette phrase était bien plus qu’un compliment pour celles et ceux qui connaissaient un minimum Aladore Costayne. Amoureux transit de son épouse depuis la plus tendre enfance, il n’avait d’yeux que pour elle et l’aimait d’un amour rare et puissant en ce monde. Mais à ce moment très précis, il se permettait un écart. Cet écart était purement amical, sans aucune ambiguïté, durant lequel il n’aurait d’yeux que pour la princesse Margaery qu’il retrouvait avec plaisir des lunes après leur conversation au mariage de Loras. Cela ne faisait effectivement que quelques lunes et pourtant, déjà, Aladore trouvait la jeune fille changée. Son mariage avec le prince l’émerveillait, la rendait encore plus belle qu’elle ne l’était. Puisse-t-elle être heureuse avec lui comme il était heureux avec Melior ! L’amour est si rare en ce monde, il faut le protéger lorsqu’il se montre.

The Prettiest Rose in the Bunch – Part 2

Un, deux, trois… un, deux, trois. Il faut garder le rythme, coordonner ses jambes, regarder la partenaire, lui sourire, lui parler, lui répondre, ne pas trop se déconcentrer, ne pas trop regarder le sol, ne pas trop regarder les autres personnes. C’était tout un art de danser. Ce n’était probablement pas fait pour tout le monde. Plus jeune, Aladore s’était longtemps demandé si c’était fait pour lui. Il s’était habitué, comme tout. Aujourd’hui, il prenait plaisir à danser avec la princesse Margaery. Il en profitait un maximum car d’ici quelques minutes, la musique s’arrêtera et il viendra ce moment tant redouté de quitter son/sa partenaire. Ils en convenaient bien tous les deux d’ailleurs. Aegon et Melior ne devaient pas être délaissés. Mais que représentaient quelques minutes dans la vie qu’ils mèneraient dans leur couple respectif ? Rien, bien sûr. Aladore, souriant, complimentait la princesse, la flattait, et non par simple courtoisie mais aussi par envie. Les deux Bieffois s’appréciaient grandement et le jeune chevalier était un démonstratif, en amour comme en amitié. Il rit à son tour à la remarque taquine de Margaery. Ils avaient tant changé et en si peu de temps, elle surtout. La dame de Hautjardin avait bien grandi laissant place à la princesse digne, dès lors, de son futur titre de reine des Sept Couronnes. Car en épousant Aegon Targaryen, la jeune femme était amenée à devenir reine alors qu’une nouvelle allait entrer en fonction d’ici quelques semaines, le roi se remariant. Cette fin de siècle se terminait en beauté pour la famille royale avec ces deux mariages.

- Oui, vous voilà désormais marier au prince Aegon. Vous avez un mari, auquel il conviendra rapidement que je vous mène. Loin de moi d’attiser une jalousie dès les premières heures de votre union.

Aladore rit à nouveau, appréciant la complicité qu’il possédait avec Margaery. Puisse-t-elle durer aussi longtemps que faire se peut. Il comprenait aisément le ressenti qu’elle avait en ces instants. Être marié à quelqu’un changeait littéralement la vie. C’était, pour les jeunes hommes et jeunes femmes, le réel passage entre l’enfance et l’âge adulte. Aladore se souvenait bien de son mariage, dans les moindres détails. Il était l’homme le plus heureux du monde ce jour-là et arrivait à peine à y croire. Même encore aujourd’hui, alors qu’il eut quatre enfants avec Melior, il avait parfois du mal à se dire qu’elle était son épouse, qu’il était son époux, qu’ils étaient ensemble. C’était un mariage d’amour, pur et simple. Certes, cela scellait une amitié déjà existante entre les Costayne et les Vouyvère mais la raison principale demeurait l’amour que portait Aladore à Melior depuis déjà de nombreuses années. Il n’avait connu qu’elle et ne connaitrait qu’elle, tel était le serment qu’il lui avait fait étant enfant. Naïf, crédule, innocent. Il n’aurait su dire si Melior l’avait cru et y pensait encore mais lui, jamais il n'oublierait cette promesse.

- Tout comme mon épouse ne me tienne rigueur de tenir mes promesses. Je suis un homme de parole, voyez-vous.

Un, deux, trois… un, deux, trois. La musique se poursuivit et entamait sa dernière partie. Les minutes semblaient être des secondes. Aladore ne voyait pas le temps passé. Un nouveau regard vers la chevelure flamboyante de son épouse et il reporta de nouveau son attention sur Margaery qui lui murmura quelques mots à l’oreille. Il ne répondit pas et n’afficha qu’un large sourire, soutenant son regard. Il le savait, princesse. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance pour faire de son mieux pour le Bief grâce à sa position de princesse. Après tout, c’était là l’un des buts de cette alliance. Rapprocher le Bief de la Couronne pour que chacun des deux partis puisse y trouver des bénéfices. Aladore se concentra à nouveau sur ses pas, les derniers avant que la musique ne s’arrête finalement en douceur, permettant ainsi aux partenaires de se faire la révérence. Aladore prit alors la main de la princesse, mimant un baisemain des plus courtois et s’abaissa dans une révérence des plus parfaites. Aucune maladresse ne vint gâcher ce moment si exceptionnel à ses yeux.

- Princesse, voici donc une promesse bien tenue. Je ne peux que vous remercier d’avoir partagé cette danse avec mon humble personne. J’espère ne pas vous avoir porté préjudice si, par malheur, quelques maladresses de ma part se sont glissées çà et là.

Aladore et les tirades d’une longueur presque infinie… Il abrégea finalement en quelques mots.

- Une nouvelle fois, félicitations pour votre union avec le prince. J’espère que nous aurons de nouvelles occasions de nous rencontrer.

Une nouvelle révérence vint clore ces quelques minutes entre l’humble chevalier de Trois Tours et l’élégante princesse de Hautjardin à une époque où tout semblait beau et merveilleux, où rien ne venait gâcher les mariages et les événements joyeux, une époque de paix et de prospérité sur le point de vivre des heures de plus en plus sombres.


@Margaery Targaryen