[EXPRESS] A la conquête du Val.

Cassandre écoutait les hommes débattre avec une grande attention, ses prunelles gris acier allant rapidement des uns aux autres. Ses doigts se serrèrent imperceptiblement sur la garde de son épée alors qu’on évoquait les premiers combats. Elle sentit son cœur s’emballer l’espace d’un court instant lorsque lord Grafton posa l’index sur le point sur la carte qui représentait le fief voisin de Roche-aux-Runes, aussi impatiente qu’elle pouvait l’être par le passé juste avant d’entrer dans l’arène. Elle avait conscience que les semaines à venir seraient décisives et n’avait qu’une hâte, se jeter dans la mêlée.

Lorsque Viserys annonça sa volonté de participer aux combats depuis le ciel, Cassandre se trouva soulagée, estimant qu’il était bien plus en sécurité hors de portée de leurs ennemis. Et elle savait Némésys suffisamment efficace pour faire mouche. Les souvenirs de Winterfell lui revenaient en mémoire. « Qu’importe leurs nombres, Némésys saura être un argument d’poids pour faire ployer les plus faibles d’entre eux. » Elle savait que l’intimidation était la clé de voûte de toutes les victoires. N’avait-elle pas forgé sa légende avec cette vérité en tête ? « La Garde d’Emeraude port’ra vos couleurs au sol. » ajouta-t-elle après avoir lancé un regard à chacun des hommes qu’elle avait désormais sous son commandement. Cette bataille serait essentielle pour lui permettre de jauger l’étoffe de ceux qu’elle dirigeait désormais. Elle savait depuis longtemps qu’il n’y avait rien de mieux que l’ardeur des combats pour juger de la valeur d’un homme. Et elle serait particulièrement vigilante sur ce point. Elle refuserait catégoriquement de laisser un lâche ou un incompétent à proximité de son roi.

Le visage de l’ancienne gladiatrice se ferma quelque peu lorsque Viserys évoqua la possibilité de donner une grande messe avant de quitter Goëville. Elle baissa cependant la tête dans un signe d’acquiescement pour masquer ses traits figés. En tant que Lord Commandant, elle se doutait qu’elle devrait être présente, aux premières loges même et ce n’était pas pour l’enchanter. Mais elle avait compris depuis quelques lunes déjà qu’elle devrait de gré ou de force cohabiter avec ces Sept.

Les prunelles du Grafton s’incendièrent d’un éclat de satisfaction machiavélique lorsqu’il entendit le Targaryen approuver les plans de bataille qui lui avait été suggéré jusqu’ici. Prendre Roches-aux-Runes représentait une opportunité qu’ils ne pouvaient ignorer et si les Rougefort et les Vanbois s’invitaient à la fête, le coup porté au Val n’en serait que plus terrible et jouissif. Sa cadette, devenue Royce par les précieux liens du mariage, ne lui pardonnerait certainement pas cet affront mais les sentiments d’Alys ne représentaient que peu de choses à ses yeux et ce depuis toujours. Elle s’en remettrait et au moins pouvait-elle s’estimer heureuse que ses enfants aient du sang Grafton dans les veines.

Lorsqu’on vint à évoquer l’avenir de la flotte, Gerold inclina simplement la tête en signe d’acquiescement. Il ne connaissait que trop bien la possibilité d’un siège par la mer et cela n’était pas pour lui plaire. Surtout quand le port en question était le sien. Perdre le contrôle de Goëville serait fâcheux pour chacun des hommes présents dans cette pièce mais il serait le premier lésé. Autant garder une longueur d’avance et préparer les navires à toute possibilité d’offensive. Comble de l’ironie, Gerold avait suivi les directives de Rhaegar visant à sécuriser le port de Goëville alors que le souverain ignorait alors que ces précautions seraient prises contre ses propres navires plutôt que contre ceux de son frère.

« Nous mettrons tout en œuvre pour vous mener à la victoire, votre Majesté. Nous avons de nombreux arguments de notre côté pour faire plier les esprits les plus récalcitrants. Et comme l’a dit lord Jonos, si les maisons Royce, Vanbois et Rougefort tombent sous notre contrôle, les autres suivront sans attendre, cela ne fait aucun doute. Cependant… Qu’envisagez-vous concernant les seigneurs et autres hommes de haute lignée qui se montreraient disons plus… téméraires que les autres ? » finit par demander le sire de Goëville à l’intention du roi qu’il avait choisi de suivre. « Il ne nous faut pas oublier que le Val est un territoire hautement complexe et qu’il a fallu toute la témérité et la détermination des Arryn et de leurs alliés au fil des siècles pour le préserver de la racaille qui occupe ses montagnes. » Gerold n’avait en effet aucun respect pour ces clans primitifs qui ne lui inspiraient que mépris. « Et en cela ce territoire a besoin d’hommes de poigne si nous voulons en conserver la souveraineté. »

Les plans se dessinaient, avec Nemesys dans les airs, Jonos était confiant quant à la chute du Val.  D’autres régions seraient probablement plus compliqué à faire tomber que cette région qui restait isolé et dont il était difficile d’obtenir des soutiens. « Le territoire est peut-être compliqué à Conquérir mais aucun soutien ne pourra leur venir en aide facilement. Si nous gardons le contrôle du port, je doute que l’armée des corbacs puissent arriver à leur venir en aide. Ils seront esseulés et nous pourrons effectués de nombreux petits sièges pour tenir les plus téméraires. » Rendre la monnaie de la pièce, Jonos ne pensait qu’à ça. Aveuglé par sa colère et son désir de vengeance. Le Roi proposa des cérémonies religieuses au nom du guerrier. Jonos n’était homme dès plus pieux. « Ce n’est pas une mauvaise idée votre Majesté. Je pense que vous pourrez solliciter ma fille dans cela, et le peuple pourra voir sa future Reine en action. » Le plus pieuse que sa fille était difficile à faire. Elle était obnubilée par les Sept et s’il n’avait pas réussi à la fiancer à Viserys, elle n’aurait cessé de lui demander de rejoindre les ordres, ce qui l’agaçait prodigieusement. Mais pour une fois, que sa piété pouvait servir autant l’utiliser dans l’intérêt de leur cause à tous.