[FB] Au souvenir de quelques fleurs Ft Randa

Au souvenir de quelques fleurs
Randa & @Gawain Cressey

When I was six years old, I broke my leg I was running from my brother and his friends and tasted the sweet perfume of the mountain grass I rolled down. I was younger then, take me back to when I found my heart and broke it here

Randa, une épingle à cheveux entre les lèvres, terminait de tresser les cheveux de sa soeur lorsque Renfred toqua avant d'entrer. Son regard était suffisamment parlant pour que l'aînée des demoiselle comprenne ce qu'il voulait. « Donne moi encore cinq minutes veux tu ? » lui dit-elle avec agacement. Il croisa les bras sur son torse, s'adossant à la porte tout en la regardant avec moquerie. Ses yeux sur ses mains firent monter une bouffée d'angoisse : plus elle devait faire vite, plus elle se paralysait, mais Rayna lui avait faire prendre du retard. Du haut de ses six ans, la petite fille était dans une phase où elle courrait partout et il avait fallu l'aide de la gouvernante et de trois domestiques pour l'attraper et la visser sur ce fauteuil d'où l'aînée était la seule à pouvoir la coiffer. Maladroitement, Randa attrapa son épingle et la glissa entre les mèches sombres de sa petite soeur, terminant la couronne de tresse toute simple qu'elle venait de faire à sa cadette. Elle poussa un soupire de soulagement. Rayna était enfin prête, elle même avait profité de l'habillage de sa soeur pour se préparer et Renfred ... Et bien comme à son habitude, il avait eut tout le temps de se mettre en avant. Malgré ses joues rougies l'effort que représentait la canalisation de l'énergie de l'enfant, Randa apprécia son reflet dans le miroir de ses presque quatorze ans, elle arborait le même teint pâle que sa mère mais la chevelure noire et bouclée des Rykker. Une année auparavant, elle avait connue un pic de croissance, obligeant son père à renouveler ses robes et ne pouvait cacher sa joie de quitter les couleurs pastels et robe sages de l'enfance pour des tenues mettant un peu plus l'accent sur sa nouvelle féminité. « C'est bon, on peut y aller. » décréta Randa en tendant la main à sa soeur pour l'inviter à la suivre. La main un peu moite de la fillette se glissa dans la sienne et toutes deux suivirent Renfred tandis qu'il descendait les escaliers de pierre du Fort Jaune pour rejoindre la cour du château où leur père les attendaient. Lord Duncan avait quitté le noir du deuil depuis peu, s'infligeant des lunes supplémentaire de vêtement noir et d'attitude lugubres pour rendre hommage à son épouse, emportée par une grippe près de trois ans plus tôt. Il s'était laissé pousser une barbe que Randa détestait et continuait de regarder le monde de cet air qui, à tous, aurait paru normal mais qui, pour sa fille aînée, semblait éteint. Renfred avait tenté de lui expliquer le choc que la mort de leur mère avait causé, la solitude qu'il devait ressentir à présent, mais l'adolescente peinait encore à saisir l'entièreté de son discours.

Ce n'était pas la première fois que les Cressey leur rendaient visite. Sa mère lui avait expliqué combien son père et Lord Cressey s'entendaient plus jeunes et avant que les Rykker n'obtiennent Sombreval et les terres alentours, il s'était passé quelque chose que seul un homme tel que Lord Cressey pouvait comprendre. Randa avait cessé d'écouter par la suite, laissant Renfred poser ses questions sur le fameux Défis de Sombreval dont elle était trop jeune pour se souvenir mais qui, visiblement, fascinait son frère. Lorsque l'accueil de rigueur fut terminé, Randa regarda son père et le couple invités rentrer à l'intérieur du château. Elle le connaissait suffisamment pour se douter qu'ils s'enfermeraient dans le bureau pour discuter loin des petites oreilles indiscrète. Renfred, vexé de n'être invité à se joindre à eux, décréta qu'il allait s'occuper de son cheval quant à Rayna, elle fut rapidement emmenée par la gouvernante. Randa demeura seule un moment, surprise de la manière avec laquelle l'attroupement de bienvenue s'était divisé. Elle récupéra un travail de broderie qu'elle avait commencé avec sa septa et décida de s'installer dans les jardins, attendant que l'heure du déjeuner ne sonne. Le temps se rafraichissait petit à petit mais l'air était encore doux, agréable bien qu'elle déposa une couverture de laine sur ses genoux. Elle demeura quelques minutes, concentrée sur son ouvrage, piquant et repiquant les contours d'une fleur lorsqu'un mouvement, dans son champ de vision, attira son attention. Gawain état le fils de Lord Cressey. Elle savait qu'il avait deux frères aînés mais elle n'avait pas souvenir de les avoir vu, tout deux envoyé pour leurs écuyages chez des alliés de leur père. Randa aimait bien le petit garçon. Légèrement plus âgé que sa cadette, il avait de grands yeux toujours emplis d'admiration et, contre toute attente, c'était vers elle qu'il venait à chaque fois. Cette fois-ci, il lui tendit un petit bouquet de fleurs sauvages qu'elle accepta avec un sourire. « C'est gentil, merci beaucoup ! » dit-elle en baissant le nez pour sentir le bouquet. Il y avait un parfum floral agréable qui lui faisait oublier ce qu'avait dit le mestre, quelques semaines auparavant, au sujet d'un hiver imminent. Elle eut un instant de surprise face à la demande de l'enfant mais lui demanda « Vous voulez voir les bateaux ? » Se levant, la brune déposa son ouvrage sur la chaise qu'elle occupait et appela un serviteur, expliquant qu'elle emmenait le petit garçon quelques minutes. Escortés par des hommes portant les couleurs des Rykker, Randa proposa sa main au garçon, se dirigeant vers la porte qui permettait de quitter l'enceinte des jardins du Fort Jaune pour retrouver la rue principale. Cette dernière, pavée et relativement empruntée, descendait jusqu'au port, à quelques mètres de là. Une promenade qu'elle avait l'habitude de faire bien qu'elle n'eut guère de passion pour la marine. « Vous aviez belle allure sur votre cheval tout à l'heure. » lui dit-elle tandis qu'ils s'engageait dans la rue. Il partageait peut être la monture de son père, mais pour un futur chevalier, elle imaginait que profiter d'une chevauchée devait être un instant particulier.

Au souvenir de quelques fleurs
Randa & @Gawain Cressey

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Elle n'avait que Rayna comme cadette. Mais parfois, Randa se demandait parfois si les dieux auraient offert un quatrième membre à sa fratrie si sa mère avait vécu un peu plus longtemps. Après tout, Rayna et elle avait déjà un écart d'âge important et il n'aurait pas été fou de penser que la chose ait pu se reproduire une fois ou deux si Lady Celyna n'avait pas succombé à cette grippe. Elle imaginait alors comment son père aurait prit ce petit être sous son aile, surtout s'il s'était afit d'un garçon. La jeune fille ignorait si c'était le fait que ses benjamines soit de sexe féminin, ou si la mort de sa femme l'avait rendu particulièrement amorphe, mais il semblait n'avoir d'yeux que pour Renfred. Par moment, à l'occasion d'une soirée bien arrosée, il la prenait, elle, dans ses bras et lui murmurrait combien il était fière de la femme qu'elle devenait, combien sa présence simplifiait sa vie. Mais une fois les vapeurs d'alcool envolées, la raison revenue en même temps que ses démons, il redevenait distant. Elle n'avait pas le sentiment, toutefois, d'être maltraitée : si elle était plus capricieuse, elle ne doutait pas qu'il lui eut offert toutes les robes et les fards qu'elle aurait demandé, mais elle regrettait qu'il ne soit pas plus démonstratifs au quotidien. Elle ignorait comment Lord Cressey était, lui, avec sa progéniture, mais à en juger par les mots du petit garçon, il ne semblait guère commode. Une sévérité se dégageait de cette homme, mais plus encore des paroles de son fils que l'innocence rendait adorable. Marcher la tête droite était la base du comportement des nobles, il était vrai. Mais Gawain n'était qu'un enfant ... N'était-il pas trop jeune pour, déjà, cesser de faillir ? Elle ne s'y connaissait guère en éducation martiale. Sa seule leçon avait été donné quelques temps auparavant par Renfred lui-même, préférant lui montrer comme se défendre si elle était attaqué. Toutefois, si selon son aîné, mieux valait garder une dague cachée sous ses jupes au cas où, cela n'était encore entrée dans les habitudes de la Rykker. A quoi bon ce genre de leçon puisqu'elle ne quittait jamais l'enceinte de la ville, et déjà fort rarement ceux du château ? De plus, elle était toujours accompagnée, comme elle l'était présentement, par deux soldats portant la livrée de sa maison, chargés de s'assurer qu'elle ne courrait aucun risque.  « C'est là une fort belle vocation, ser Gawain. » lui dit-elle en lui adressant un nouveau regard. Il n'était pas rare que les garçons aspirent, plus ou moins, à cette voie. Chevalier, mestre ou septon, voilà, en général, l'avenir qui s'offrait aux hommes de nobles naissance parfois même s'imposant à leur destinée sans même leur laisser le choix. Bien sur, chevalier était plus prestigieux, plus mémorable que les deux autres : s'illustrer en tournoi ou par un fait d'arme quelconque pouvait faire entrer dans la légende. Aux yeux d'un enfant si jeune, une telle perspective, associé aux voyages, aux rencontres d'illustres personnes, aux romances épiques, avait de quoi faire rêver.

Elle prit une seconde, clignant des yeux sous la surprise, pour réfléchir à la question. Sans doute pas de la manière dont il l'envisageait, songea Randa avant de se rappeler qu'être une dame était une épreuve malgré tout. « Et bien ... En quelque sorte. » finit-elle par dire, laissant l'index de sa main libre tapoter son menton en signe de réflexion. « L'on nous ensemble la danse, la musique, le chant et la broderie mais aussi la tenue d'une maison. Tout pour que les braves chevaliers de nos familles n'aient à s'occuper de ce genre de chose à leur retour de prestigieux tournois. » expliqua-t-elle, songeant que cela était quand même un peu réducteur. Malgré tout, aussi superficiel que soit cette éducation, elle permettait de se démarquer, dans la bonne société. La valeur d'une fiancée était jugée à la qualité de ses pas de danse lors des banquets, à la discrétion de sa personne en dehors des mondanités, au caractère impeccable de sa réputation autant qu'à la beauté de ses traits. Bien sur, une place auprès d'une dame encore plus noble était l'assurance d'un bel avenir, mais Randa était déjà fille d'un seigneur de maison majeure : la seule dame qu'elle pouvait espérer servir était la princesse elle-même, une aspiration qu'elle avait pour l'avenir lorsque la princesse Rhaenys et elle même seraient plus âgées et que s'ouvrirait sa maisonnée. « Cependant, nous faisons bien moins de mal avec une aiguille que vous avec une épée, soyez-en assuré. » ajouta-t-elle tandis que les premiers bateaux se dévoilaient devant eux. Une foule compacte grouillait à certains endroit, témoignant de la présence de quelques marchands de poissons ou de vin venus du Bief. « Oh regardez, les voilà ! » s'exclama-t-elle vivement, tirant le garçon par la main pour s'approcher d'un navire peint de rouge et d'or. « D'où pensez vous que celui-ci vienne ? » lui demanda-t-elle. Le bâtiment ne portait nul blason, nul indice de sa provenance mais son style était indéniablement étranger : sans doute un bateau en provenance de Tyrosh qui faisait une halte avant de rejoindre Port-Réal. Sombreval était une étape, une place commerciale secondaire, en comparaison de la capitale, mais de choix pour tous les fournisseurs et commerçant qui n'avaient l'opportunité de se rendre dans le port royal ou désireux de se reposer avant leur grande entrée.

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La moue pleine de reflexion de l'enfant arracha un sourire à l'adolescente. Cela semblait si naturel pour ces messieurs qu'une femme soit capable de toutes ces choses qu'ils en oubliaient que leurs filles subissaient des leçons tout aussi sévères que ces fils qui partaient en écuyage. Depuis la mort de sa mère, Randa se sentait suffoquer au Fort Jaune : le tempérament renfermé de Rayna l'avait incité à prendre le relai d'une femme de chambre sur certain point adoptant tantôt le rôle de la fille obéissante et travailleuse, tantôt celui d'une mère aimante pour compenser son absence autant que pour satisfaire la fierté de son père. Un jour, tout cela ne sera pas vain. songeait la jeune fille depuis que Renfred avait émis l'hypothèse d'un avenir en tant que dame de compagnie. La princesse Rhaenys était encore jeune mais elle ne tarderait pas à avoir des demoiselles pour l'assister autant que pour meubler ses journées au palais. Dame de compagnie ... Comme cela devait être bien de pouvoir porter de jolies robes et de danser dans de grands bals. Cette idée faisait son chemin dans l'esprit de Randa. A moins que Père ne lui trouve un mari plus facilement qu'il ne le pensait ? Ils étaient une maison majeure à présent, mais ils devaient encore faire leurs preuves. Elle avait eut, une fois, cette conversation avec Père. Lorsqu'elle avait saigné pour la première fois. Sa mère était encore en vie à cette époque, bien que déjà malade. Elle se souvenait de l'explication sur sa féminité, sur ce que cela signifiait. Et dans la même soirée, son père l'avait demandé, la rassurant sur le fait qu'elle était encore bien trop jeune pour un mariage avant d'exposer leur situation. Une jeune femme d'une maison récemment promues parmi les grands nom de Westeros, et dame de compagnie d'une princesse, pour sur, cela attirerait de beaux partis, avait plaisanté Renfred.

Elle regarda Gawain avec douceur. Elle appréciait la pureté de ce jeune regard, l'émerveillement sur son visage et la douceur de sa voix enfantine. SI elle devait avoir, un jour, un enfant, elle espérait qu'il soit comme lui : joyeux, innocent, heureux. Et vint une autre pensée. Quelque part, sur Westeros, se trouvait sans doute l'homme qui, un jour, serait son époux. Etait-il plus vieux qu'elle ? Etait-il plus jeune ? S'émerveillait-il devant toutes ces couleurs que les navires amenaient dans leurs sillages ? Elle retint un soupire, fondant sous le sourire du jeune garçon : elle espérait juste qu'il aurait autant de tendresse et de désir de la protéger que ce que le jeune Gawain avait à son endroit à l'instant. Décidant de se changer les idées, elle l'interpella sur l'un des bateaux dont le fanion volait sous la brise marine. Elle ne put, cette fois, retenir un rire. Comprenait-il ce qu'il venait de dire ? Cela sonnait si étrange dans la bouche d'un enfant. « Je suis bien d'accord. » approuva-t-elle lorsque la dernière remarque fustigea l'homme de science. « J'ai entendu des marins dire que Lys était une ville toute en couleur où l'on trouvait les plus beaux tissus, la meilleure nourriture et les plus agréables parfums. Peut être devrais-je devenir un pirate alors ? » demanda-t-elle avec un clin d'oeil. « Mais il parait que les bateau lysiens de toute les couleurs. Celui la semble bien terne. » constata-t-elle, posant un doigt sur ses lèvres en une moue réflective. « Peut être Braavos ? Votre mestre préfère-t-il cette cité ? »

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Il était évident que l'homme de science de Sixpierres n'étaient guère un adepte d'Essos et de l'inconnu que représentaient les cités libres. Celui qui officiait à Sombreval, plus jeune sans doute, se montrait plus ouvert sur la question et Randa eut presque de la peine que le jeune garçon fut en partie élevé par un homme si fermé et ignorant. Elle décida toutefois de ne pas en faire mention, ignorant ce qu'une remarque sur l'attitude du mestre aurait comme conséquence sur l'enfant. L'esprit du Cressey semblait pourtant si libre, en quête d'aventure et d'héroïsme que cela donnait l'impression à l'adolescente que tout était possible. « J'ai entendu bien des choses sur Braavos mais j'ignore ce qui est vrai et ce qui tient de la légende. » admit-elle. « Mais une fois que j'accompagnais mon père, j'ai entendu un marin parler de la grande statue du Titan de Braavos qui domine le port. J'imagine que cela doit être quelque chose à voir ! » raconta-t-elle, transportée par son propre récit. Il y avait peu de chance qu'elle puisse admirer cela un jour, et pourtant, elle se rêvait à voir cette gigantesque sculpture dont parlait le marin. « Ils sont toujours plus excités lorsqu'approche le carnaval ... » ajouta-t-elle à demi voix, perdues dans ses pensées, dans ces lieux qu'elle ne visiterait sans doute jamais et dans les regret que cela inspirait à son coeur. Contrairement aux hommes, le devoir d'une dame était envers la maison, les enfants, la famille. Si Randa quittait Sombreval, ce serait sans doute pour aller épouser un noble quelconque à qui elle donnerait des enfants. Il y avait peu de chance qu'elle puisse sortir de sa future demeure et son désir de découverte n'était, dès lors, qu'un fantasme voué à une mort certaine. « Mais oui, il parait que les combattant de cette cité ont un mode de combat tout à fait singulier. » ajouta-t-elle sans savoir si cela était une simple moquerie de chevalier westerosi ou si la chose était réelle.

Comme un écho à ses propres pensées, la question de Gawain vint résonner en elle. Elle n'était pas étonnée d'entendre le jeune garçon rêver de partir à la découverte de ces terres qui lui étaient inconnues et qui aspiraient toute son attention. « Je vous le souhaites. » répondit-elle avec un grand sourire. Elle espérait qu'il garderait ce désir enfantin et pur de vouloir observer le monde par lui même plutôt que de s'enterrer dans un quotidien de chevalier, d'adopter les pensées des autres et d'oublier ces questions qu'il lui posait, le regard plein de rêves. « Et j'espère qu'où que je me trouve, vous viendrez me raconter vos découvertes. » ajouta Randa. « Il me plairait d'entendre les récits de vos aventures en Essos si toutefois vous ne m'avez pas oublié d'ici là. » L'invitation était sincère et au delà de l'innocente demande qui lui permettrait de découvrir l'Est à travers les yeux d'un autre, elle contribuait, elle l'espérait, aux bonnes relations entre leurs deux maisons. Au moins contribuait-elle à celle qui les unissait l'un à l'autre, la demoiselle et l'écuyer.

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Randa & @Gawain Cressey

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Elle ne savait que trop bien combien la vie pouvait être étrange, inattendue parfois. Elle se souvenait des récits que sa mère faisait de ses rencontres avec celui qui deviendrait Lord Duncan Rykker et des racontars, moins romantiques qu'elle avait entendu peut après son décès. L'histoire d'amour entre les deux jeunes gens n'avait pas toujours été du gout de ses grands-parents, jugeant sa mère trop fragile, craignant que la grossesse qui avait donné vie à Renfred ne l'emporte elle et l'enfant, jugeant que la dot reçue ne valait pas tant d'ennuis que celui d'une femme fragile et peut être inféconde. Quand elle avait apprit cela, elle s'était réfugié auprès de son frère : elle n'avait que peu connu sa grand-mère et son grand-père était décédé quelques années avant sa naissance, mais Renfred, lui, les avait connu. Contre toute attente, il lui conta que les relations n'avaient jamais été tendres mais qu'il n'avait jamais entendu de mots menaçant à l'encontre de leur mère. Sans doute n'auraient-ils jamais pensé qu'elle donnerait trois enfants à la maison Rykker avant d'être emportée par sa fragilité. Tout comme nul n'aurait pu penser que la maison au marteau serait, un jour, à la tête de Sombreval. Qu'il était ironique qu'elle soit née ici avant même que la ville ne soit offerte à son père. Aussi se montrait-elle toujours prudente en évoquant l'avenir : si elle doutait que les dieux aient, pour elle, plus amples rebondissements que ceux qu'elle avait connu dans son enfance, elle espérait que la vie de Gawain, elle, serait riche en épiques découvertes et en rocambolesques aventures. Et que la sienne ne lui offrirait pas un mari qui refuserait de laisser le garçon, devenu homme, lui rendre visite.

Elle éclata cependant de rire aux paroles du petit garçon. Un rire comme elle n'en avait eut depuis longtemps. Un rire qui résonna contre la pierre des maisons qui faisaient face au port. Sa main lâcha celle de Gawain pour se tenir les côtes et tenter de calmer les sursauts de son corps. Randa se sentit cependant soulagé d'un poids. Elle n'aurait jamais pensée sentir une telle libération en discutant le plus simplement du monde avec le fils Cressey, mais la légèreté dont il faisait preuve était rafraichissante et provoquait de sincères émotions qu'elle avait le sentiment de ne plus avoir lorsqu'elle échangeait avec des adultes. Elle était fatiguée des condoléances, fatiguée qu'on vante son courage à devenir la dame la plus âgée de sa famille ou qu'on plaigne la disparition de sa mère alors même q'elle entrait dans les affres de la féminité. « Cela sera notre secret alors » lui dit-elle lorsqu'elle eut retrouver un semblant de calme. « Mon père ne serait guère heureux de me savoir pirate et je gage qu'il me donnerait une fessée mémorable s'il l'apprenait. » ajouta l'adolescente avec une grimace forcée. Il était certain que Lord Duncan n'apprécierait pas, mais elle ne doutait pas que l'explication l'eut fait rire. En outre, elle aimait avoir cette impression de partager quelque chose d'incroyable avec le jeune Cressey, quelque chose qui l'arrachait à son quotidien parfois terne et épuisant. Elle était certaine que la vie aurait été différente si Rayna avait eu un enfant comme Gawain avec lequel s'amuser plutôt que d'évoluer au sein d'une fratrie bien plus âgée qu'elle. De même, les préoccupations de la petite fille était souvent étouffée par les sujets d'importance que leur père échangeait avec leur aîné à table, les forçant à garder le silence à moins que la curiosité ne les intime à interroger tel ou tel terme. « Il me tarde de découvrir les récits du pirate de Lys. » finit-elle par dire avec un clin d'oeil, reprenant la main du petit avant de voir un stand installé devant la façade d'un boulanger. Il y proposait des pains sucrés fourrés de confitures ou des choux perlés de sucre dont Rayna et elle raffolaient bien qu'elles ne puissent en manger qu'exceptionnellement. Il n'y avait que peu de ces sucreries, sans doute parce qu'il y avait peu de demande, mais cela serait, sans nul doute, une petite bravade contre l'autorité qui ne blesserait personne. « Oh regardez ! » dit-elle en désignant le stand. « Voulez vous partager l'un de ces choux avec moi ? Ils ne sont pas très gros, aussi nous ne nous couperons pas l'appétit, mais j'admets que la gourmandise est tentante. » dit-elle en sortant quelques piécettes d'une petite bourse cachée dans ses jupes.