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The memory of a brother's smile {FB / Lyra}

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The memory of a brother's smile

« Pyk | 297, lune 1 »

L’ambiance était électrique à Pyk depuis quelques jours. Au point où Asha se demandait si les Greyjoy ne se sépareraient pas de leur Seiche d’Or emblématique pour la troquer contre une Raie ou une Torpille. Balon était agacé comme elle n’avait jamais souvenir de l’avoir vu. Euron ressemblait de son côté à un enfant de quatre ans, testant les limites avec ses parents, voyant jusqu’où il pourrait aller dans ses bêtises avant que les répercussions sur sa personne ne soit trop importantes et désagréables. Sauf que les “bêtises” du Choucas n’avaient rien de comparables avec celles d’un enfant de quatre ans, pas même un Fer-né de quatre ans. Après avoir mis en péril la vie de son petit frère à Winterfell en kidnappant une fille Mormont pour l’épouser de force, voilà qu’il cherchait à semer la zizanie au sein même des Greyjoy en provoquant Victarion. Si Asha pouvait parfaitement comprendre ce désir de provocation, résistant elle-même avec beaucoup de difficultés à le mettre face à sa naïveté ou ses contradictions, elle condamnait fermement la voie qu’avait prise son oncle pour satisfaire son envie de distraction. Comme si l’oursonne ne lui suffisait pas, il avait fallu qu’il s’approprie la femme-sel du Capitaine de la Flotte de Fer. Asha avait contacté son oncle Rodrik pour séjourner quelques temps à Dix-Tours et s’éloigner de cette folie ambiante mais son oncle favori le lui avait refusé, insistant pour qu’elle reste aux côtés de son père durant ces événements compliqués. La capitaine du Vent Noir était donc restée, mais elle n’était jamais autant restée cloîtrée dans ses appartements, voulant à tout prix éviter ses oncles ou se trouver sur le chemin de son père qui avait déjà bien assez de choses à gérer. Et lorsqu’elle n’était pas dans ses appartements, elle s’enfuyait du côté de Lordsport pendant quelques heures pour retrouver le pont de son navire et la présence réconfortante de son équipage.

Elle descendait tout juste de cheval, de retour d’une de ces promenades là, lorsqu’elle fut alpaguée par Tymor, un servant souvent dans les pattes de l’intendante Helya. “Ca chauffe là-haut…” lui dit-il d’une voix basse mais précipitée. Asha fronça les sourcils. “C’est à dire ? Ca fait qu’chauffer d’puis des jours mon gars, va falloir être plus précis…” Elle confia ses rênes au palefrenier avec un bref sourire de remerciement et se concentra à nouveau sur le jeune homme au dos vouté. “L’capitaine Euron a rendu sa femme-sel au capitaine Victarion… Sauf qu’elle lui a dit tout c’qu’il lui avait fait et…” Tymor se tut, regardant de part et d’autre, comme s’il craignait d’être abattu soudainement par un ennemi invisible qui entendrait ses confessions. “Si c’est aussi urgent qu’ça à l’air Tym’, va falloir que t’enchaînes sinon on va y passer la nuit…” Elle fit le Fer-né au service des Greyjoy déglutir avec la plus grande des difficultés puis se décider à reprendre, non sans suer à grosses gouttes. “Elle est enceinte… ‘fin elle était enceinte… Parce qu’quand Victarion a appris ça, il l’a tuée… Il s’est précipité vers les appartements d’Euron pour en faire autant avec lui… Heureusement quelqu’un avait prévenu Balon, il est intervenu. C’était juste là avant qu’vous arriviez. Ils sont tous les deux d’vant lui là…” Asha demeura silencieuse. Ses yeux sombres avaient quitté la silhouette de Tymor tandis qu’elle réfléchissait à toute vitesse. Une opportunité se dessinait doucement, discrètement. Elle la percevait tout juste. Elle savait aussi que si elle attendait trop, cette opportunité disparaîtrait aussitôt. Ce qu’Euron avait fait était on ne peut plus grave. Et si elle avait elle conscience que Victarion ne pardonnerait jamais son aîné pour cela, il était évident que Balon le savait parfaitement. Et Victarion était le frère de confiance, orgueilleux mais docile, contrairement au Choucas. Elle ne savait pas encore ce que son père ferait, mais elle avait sa petite idée… Il fallait donc qu’elle se tienne prête et qu’elle saute sur sa chance lorsque celle-ci se présenterait. Comme Asha demeurait silencieuse, Tymor reprit la parole d’une intonation hésitante. “Je… je me suis dis qu’vous voudriez savoir…” Elle revint à elle pour lui offrir un sourire, posant sa main sur son épaule. “T’as bien fait… maint’nant écoute-moi bien, j’ai b’soin d’toi.” Elle lui demanda de faire prévenir ses soutiens présents à Pyk ainsi que son équipage du Vent Noir à Lordsport.

* * *

Asha tambourinait à la porte des appartements d’Euron. La sentence était tombée. Ce dernier venait d’être exilé des Îles de Fer par son père. Et ainsi sa fenêtre venait de s’ouvrir. Tout le monde ne pensait qu’aux Greyjoy, aux trois frères et en oubliait complètement la Mormont qu’il avait ramené de son dernier voyage dans le Nord. Évidemment, cela ne durerait pas. Ils avaient quelques heures devant eux, une journée grand maximum, avant que quelqu’un ne se réveille et rappelle sa présence à son père. Il fallait donc qu’ils prennent toute l’avance possible pour que le plan d’Asha tienne un minimum la route. “Ouvre bordel ! S’tu veux r’voir ton Nord d’malheur, ouvre-moi cette porte !” ajouta-t-elle finalement aux tambourinements sur le bois. Tris Botley et Dagon Greyjoy surveillaient chacun un côté du couloir qui desservait les appartements réservés jusqu’alors au Choucas. “C’pas l’moment d’avoir peur la Mormont, au contraire, c’est l’moment d’saisir ta chance…” finit-elle par dire un peu plus calmement, le visage collé à la porte. “Ton mari vient d’être exilé d’chez nous…” Le clou était enfoncé. Et si Lyra n’ouvrait pas, la porte serait la prochaine. Depuis qu’elle était arrivée à Pyk, Asha n’avait eu de cesse de penser à son frère et à l’opportunité que sa présence pouvait représenter si elle ne signifiait pas que Theon avait été décapité… Alors non, Asha ne laisserait pas la trouille de l’oursonne se mettre en travers de son chemin et de son plan.
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The memory of a brother's smile

An 297, lune 1



@Asha Greyjoy & Lyra Mormont

TW viol:


*


La mer s’écrasait en hurlant contre la forteresse, arrachant à la bouche de Lyra les cris qu’elle n’était plus capable de pousser. La désormais Greyjoy observait l’horizon troublé par la bruine, les vagues démontées qui remuaient les bateaux et les oiseaux malmenés par le vent qui faisait vrombir les carreaux des fenêtres. « Si je sautais, » se demanda-t-elle en regardant en contrebas. L’écume blanche tourbillonnait en malstroms impénétrables. « Je me demande si je mourrais. » La question lui était venue naturellement. Et que la réponse soit oui ou bien non, elle n’en avait cure. Peut-être même espérait-elle qu’elle soit oui. Pourtant, l’instinct féroce des Mormont l’empêchait de vérifier sa théorie.

La douleur qui déchira brièvement ses entrailles lui arracha un léger sursaut. Elle saignait depuis la veille et jamais elle n’avait été aussi heureuse. Malheureusement, ce n’était pas le cas de la femme-sel de Victarion Greyjoy. Le Choucas avait été si fer de le lui annoncer qu’elle avait été une des premières au courant.

Et elle savait que cette nouvelle n’annonçait rien de bon, ni pour lui, ni pour elle. Car désormais, qui empêchait Victarion de faire de même avec elle ? Et bien qu’elle détestait viscéralement Euron, il avait encore assez d’influence à Pyk pour la tenir hors de portée des autres. Si ce dernier rempart devait tomber entre elle et les fer-nés, qu’allait-elle devenir ? Et peut-être cette dépendance l’écoeurait-elle le plus.
« Allez, saute. » Ses songes tournaient autant que les vagues en contrebas. Malgré la situation désespérée, elle contemplait ses possibilités avec un calme caractéristique, de ceux dont l’angoisse était telle qu’ils ne ressentaient plus rien.

Une nouvelle crispation le fit hoqueter.

La porte de bois trembla sous une pluie de coups. Et à eux se joignirent bientôt une voix enrouée et pressante. Lyra reconnut le timbre d’Asha Greyjoy pour l’avoir entendue parler lorsqu’Euron l’avait trainée dans le grand hall du château pour la première fois.

Elle cligna des yeux, abasourdie. Exilé ? Saisir sa chance ?

Soudain, elle avait mille questions. Les pensées qu’elle avait tues durant une lune se bousculaient maintenant à une vitesse effarante aux portes de son esprit, et ce si bien qu’elle ne sut dire autre chose que :

« Mais la porte est fermée, » expliqua-t-elle d’une voix blanche, toujours sous le choc. « Je ne peux pas sortir. »

Euron avait assez confiance en lui pour ne plus l’enchaîner au lit, mais il n’était pas assez fou pour laisser la porte ouverte. D’ailleurs, la chambre avait été méthodiquement vidée de tout ce qui aurait pu constituer une arme ou du matériel pour crocheter une porte après qu’elle eut été surprise par une domestique en train de trifouiller la serrure à grand renfort de tige de métal oubliée là. Peu après, elle avait perdu toute volonté de s’échapper.

Elle se releva pour presser sa joue gauche contre le bois de la porte. La fébrilité d’Asha avait éveillé l’urgence en elle.

« Il a la clef, » lui indiqua-t-elle dans un murmure.



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The memory of a brother's smile

« Pyk | 297, lune 1 »

La voix frêle de la nordienne lui répondit enfin de l’autre côté de l’épaisse porte de bois. Elle lui expliqua que la porte était verrouillée. Asha leva les yeux au ciel. Peut-être avait-elle était trop naïve sur ce point là, mais elle aurait juré que porte fermée à double tour ou non, Lyra n’aurait pas pu aller bien loin de toute manière. Elle l’avait vue si apeurée à son arrivée à Pyk, qu’elle n’avait même pas imaginé qu’elle avait cela en elle, de s’exposer à une colère d’Euron. Et dans les couloirs de la forteresse insulaire, tout le monde l’aurait reconnu et aurait donné son signalement, et à part une ou deux servantes originaires du Nord, personne ne l’aurait aidée à quitter Pyk. Mais une fois la demeure des Greyjoy quitté, elle n’en était pas sauvée pour autant, il lui fallait rejoindre Lordsport sans se perdre et là, faire face à tous les marins Fer-nés de l’Île et les supplier pour leur aide et leur transport vers le Nord. Avec un aussi joli minois que le sien, nul doute sur la nature du paiement qu’il lui aurait demandé… À moins de ne la reconnaître comme épouse d’Euron et de la ramener directement à Pyk, craignant tout autant son courroux. Alors oui, elle avait pensé trouvé la porte ouverte… Peut-être que ça n’était pas la fuite qu’Euron craignait mais les visites d’autres habitants de l’Île ? L’un ou l’autre, peu lui importait, elle n’avait plus l’occasion de l’interroger à ce propos et cela ne changeait rien à son urgence actuelle. Et elle ne pouvait décemment pas lui demander la clé. “Chier !” jura-t-elle, attirant l’attention de Tris et Dagon par la même occasion. “C’est fermé à clé !” leur expliqua-t-elle avec un agacement certain. “J’vais faire du bruit, gardez les couloirs à l'œil…" Ils répondirent à sa demande par un hochement de tête sérieux et s’en retournèrent à leur surveillance.

Asha colla son visage une nouvelle fois contre le bois de la porte. “Éloigne-toi d’la porte, j’vais cogner… Profite de c’moment pour rassembler tes affaires dans un baluchon… si t’en as…” ajouta-t-elle un peu plus doucement, bien consciente que Lyra n’avait rien de la femme-roc habituelle, arrachée à ses terres comme une banale femme-sel, ici depuis bien trop peu de temps pour avoir épousé sa nouvelle situation et commencé à se faire une vie digne de ce nom. La capitaine du Vent Noir tira sa hache de sa ceinture et commença à frapper le bois juste au dessus du métal de la serrure. Les portes à l’intérieur du Donjon Sanglant étaient certes solides pour maintenir une certaine intimité mais loin d’être inviolables, ça n’était pas là que la sécurité avait été renforcée. Il lui fallut batailler quelques minutes, mais enfin le verrou céda dans un bruit clinquant en rencontrant le sol. Asha s’essuya le front d’un revers de bras avant de tourner son regard du côté de Dagon puis du côté de Tris pour s’assurer que tout allait bien. Comme ils hochèrent la tête, elle leur offrit un sourire avant d’en revenir vers la porte qu’elle poussa facilement du bout des doigts. Elle garda néanmoins sa hanche en main, mais basse, sans agressivité, cherchant Lyra du regard et à savoir dans quel état d’esprit elle se trouvait avant de la ranger. Lorsqu’elle la vit enfin, elle fut marquée par son amaigrissement notable depuis la dernière fois où elle s’était croisées et il lui semblait distinguer des bleus sur ses poignets. Elle se racla doucement la gorge, tentant de prendre une voix la plus diplomate possible. “Euron a quitté les Îles y a à peine une heure sur ordre d’mon père. Pour l’instant, tout l’monde est chamboulé par c’qui est arrivé, c’pas tous les jours qu’on exile son frère… Et Victarion est en boucle sur sa femme-sel… T’as d’la chance qu’ton mari t’ait gardé pour lui, on t’a presque oublié et pour l’moment, personne pense à toi… à part lui p’t-être et moi.” Elle avançait doucement en sa direction, sa main libre ouverte, vers elle, en signe de paix. “J’veux t’ramener à Winterfell avant que que’qu’un s’mette aut’e chose en tête pour toi…” Elle laissa échapper un petit soupire avant d’avouer. “J’veux récupérer mon frère. J’veux Theon cont’e toi.” Elle espérait que sa franchise sur ses motivations la rassure. Non elle ne faisait pas ça pour ses beaux yeux ou par bonté de coeur mais bien parce qu’elle avait quelque chose à y gagner, quelque chose que Lyra reconnaîtrait probablement comme ayant une grande valeur à ses yeux… “Alors tu m’suis sans faire d’caprices ? On a un marché toi et moi ?”
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The memory of a brother's smile
lieu | An 297, lune 1

Elle pouvait la sentir sous ses mains. Cette porte molle, piquée d’humidité, presque tendre contre sa peau. La seule chose qui la protégeait et qui l’emprisonnait du monde extérieur depuis des semaines. Elle ne savait pas si elle devait haïr ou bénir cette prison. Cette dualité la rongeait. L’effrayait, presque. Car elle le savait, si n’importe laquelle de ses soeurs avait été enfermée à sa place, cette porte n’aurait été qu’un obstacle à franchir et non pas une barricade à maintenir. Aucune n’aurait été effrayée. Effrayée de ce qu’il y avait derrière. Effrayée de mourir. Ou pire.
Et pourtant, Lyra était parcouru de cet instinct incontrôlable qui lui intimait de fuir. Or, fuir, signifiait rester murée ici. Signifiait mourir.

Sa gorge se noua. Les muscles de ses jambes frémirent. Si la porte n’avait pas été là, elle aurait chancelé. Dans le brouillard de ses pensées, elle entendit Asha jurer, un écho lointain dans ce couloir qu’elle n’avait traversé qu’une fois et dont elle se souvenait à peine. Entre elles, il n’y avait qu’une porte et pourtant, pour Lyra, il s’agissait de tout un monde.

Obéissant aux ordres de la fer-née, elle recula. Ses pieds nus ne sentaient plus la froideur des pierres grises et inégales. Ils froissèrent le sol comme des gouttes d’eau heurteraient une flaque.
La jeune femme jeta un oeil autour d’elle en sachant très bien qu’elle n’aurait rien à emmener avec elle.
La chambre était toute aussi nue et vide qu’elle ne l’était. Les draps blancs et moites de sel et de sueur cachaient autant le matelas que sa robe abimée ne dissimulaient ce corps brisé dont elle ne savait que faire. Elle porta ses bras contre sa poitrine et enroula sa main droite auteur de son poignet gauche, comme si elle eut craint qu’il ne se détache.
Le pouce sur les lèvres, elle attendait le premier coup de hache.

Clac. Clac. Clac.

Elle tressauta, surprise alors qu’elle s’y attendait, lorsque le métal de l’arme rencontra celui de la serrure en un chant plaintif. Par réflexe, ses pieds l’entraînèrent un peu plus au fond de la chambre.

Clac. Clac. Clac.

« Pourquoi m’aide-t-elle donc ? » se demanda-t-elle soudain, ses pensées martelant son cerveau au rythme de la hache s’enfonçant dans le bois. Tout le monde l’avait oublié. Tout le monde, sauf Asha. « Qu’a-t-elle à y gagner ? »

Clac. Clac. Clac.

Lyra n’était pas assez bête pour croire qu’elle agissait de bon coeur. Allait-elle la livrer à Victarion ? Elle écarquilla des yeux. Un frisson remonta le long de son échine. Non, non, il serait venu. Pourquoi aurait-il envoyé sa nièce ? Quelqu’un d’autre, alors ?

Clac. Clac. Clac.

Des yeux, elle fouilla à nouveau la pièce, pressée par la lame qui décrochait méthodiquement le verrou. Mais il n’y avait rien qui puisse servir d’une quelconque défense. Elle n’avait ni chaussure, ni manteau et Euron aurait été bien mal avisé de lui laissé un couteau ou bien une épée.

Cling.

À la place du verrou, un trou inégal. Le froissement d’un pantalon dans le couloir. Le dos de Lyra était désormais collé au mur du fond. Cette fois, elle pouvait sentir la froideur piquer sa chair jusqu’à serrer ses os.

Crrrrrr.

La porte s’ouvrit dans un grincement glaçant. Dans l’embrasure, la silhouette robuste d’Asha se découpait. Sa lame brillait dans sa main comme un éclat de lune. « Elle pourrait me tuer. » La poitrine de l’ourse se gonfla d’angoisse, son souffle fébrile dans ses narines. Ses bras toujours postés en bouclier contre sa poitrine, elle l’observait à travers ses cils tandis qu’elle avançait implacablement dans l’espace où, toujours un peu plus, elle se sentait rapetisser.

La navigatrice tendit sa main, comme un enfant le ferait avec un chiot apeuré. Si Lyra ne montra pas les dents, ses sourcils se dénouèrent au fur et à mesure du récit enroué de la fer-née.

Abasourdie, elle sentit ses épaules s’affaisser sous le poids du soulagement. Alors, elle n’était pas venue la livrer à son oncle ou à qui que ce soit d’autre. Ou plutôt si. Elle était venue pour la livrer à Eddard Stark. « Je vais rentrer. » Désormais, c’était cette simple phrase qui la hantait, qui l’habitait et qui retirait de son visage la douleur et la peine pour l’habiller d’un fol espoir.

« Il est parti ? Vraiment ? » demanda-t-elle d’une voix éraillée.

Malgré les dangers qui habitaient Pyk, il lui semblait désormais - avec l’annonce du départ d’Euron - que le château était une coquille vide. Vidé de sa substance, des ombres et de la nuit. Le vent ne hurlait plus si fort. La mer se calmait. L’échappatoire était possible.

« Theon… » murmura-t-elle.

Ses sourcils se froissèrent à nouveau. Sa main droite délaissa sa poitrine pour se porter à sa bouche, pour couvrir l’égoïsme qui l’empêchait de protester. Theon, ici ? Non ! aurait-elle voulu s’écrier. Ce n’est pas sa place !

Et pourtant, elle restait muette.

Car à la perspective de ce chemin hors du cauchemar, Lyra était incapable de dire non.

Sa vue se brouilla soudain. Du soulagement ? De la colère contre elle-même ? Du dégoût ? Elle était incapable de qualifier cette émotion qui lui griffait soudain la gorge.
Elle l’étouffa d’un revers de main, chassant les perles qui se perdaient dans ses cils avant qu’elles ne souillent ses joues creuses.

« Je vous suis, » renifla-t-elle.

Elle ressembla ce qu’il lui restait de dignité pour se redresser enfin. Malheureusement, ce sursaut de fierté ne trompait personne. Si Pyk était une coquille vide, alors Lyra aussi.

DRACARYS
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« Pyk | 297, lune 1 »

Asha aurait juré que Lyra aurait pu s’effondrer de soulagement ou fondre sur place et disparaitre au moment où les mots évoquant le Nord et sa maison avaient franchi ses lèvres. Elle était loin de ce qu’on lui avait décrit des Mormont de l’Île-aux-Ours et nul doute que les traitements qu’Euron lui avait réservé depuis n’avait rien arrangé à l’impression qu’elle donnait. L’espace de quelques secondes, une émotion quelque peu nostalgique revint dans le coeur de la Capitaine du Vent Noir, quand elle s’était prise d’une certaine tendresse pour Halys… Toute petite Halys, discrète et invisible si seulement elle n’avait pas possédé la chevelure de feu de son père… seule, plongée dans un monde d’hommes bruyants et violents. Tout le monde n’était pas fait pour cette vie, certainement pas si on n’y avait pas été préparée. Mais le sentiment s’estompa. Lyra n’était pas une femme à façonner à son image. Et Asha n’avait jamais eu pour ambition de devenir un preux chevalier à la rescousse de ces dames en détresse. C’étaient celles au caractère affirmé qui retenaient toujours plus son attention de toute manière. L’émotion fut remplacée par de la pitié. Un peu de honte également. Celle d’être du même sang qu’un homme aussi fou que Le Choucas et qu’un homme aussi idiot et naïf quand ils s’agissaient des femmes que le Capitaine de la Flotte de Fer. “Oui vraiment…” répondit-elle sans trop de compassion, avec un soupir et un haussement d’épaules, comme s’il lui semblait évident que même Euron ne se risquerait pas à désobéir à Balon. Du moins pas tout de suite.

Elle ne put retenir une étrange grimace sur son visage lorsque Lyra prononça le nom de ses lèvres avec une certaine familiarité. Qu’il était étrange d’imaginer qu’elle le connaissait à présent mieux qu’elle… Qu’elle s’était peut-être liée d’amitié avec lui… ou un peu plus, s’il était un Greyjoy digne de ce nom… Heureusement, Lyra ne sembla pas le remarquer, empreinte elle-même à un flot d’émotions contradictoires qu’Asha ne parvenait pas à lire, pas qu’elle soit très intéressée de toute manière. Tout ce qui l’importait, était de ne pas ressentir d’agressivité à son égard, et ça n’était pas le cas, alors elle rangea sa hache dans sa ceinture d’un mouvement expert. D’un coup d'œil elle parcourut la chambre… il n’y avait rien à prendre avec elles, mais Lyra était trop peu vêtue pour passer inaperçue dans les couloirs, puis ne pas mourir de froid sur le chemin qui les mèneraient jusqu’à Lordsport… Et rien dans la pièce ne semblait lui apporter satisfaction pour ce sujet. Comme la Mormont se redressait, décidée à la suivre, Asha l’arrêta d’une main, les sourcils froncés. “T’peux pas partir comme ça… T’es pas la plus populaire par ici, mais j’veux pas prendre le risque qu’on t’reconnaisse, ni qu’tu meurs d’froid en ch’min, tu m’servirais plus à rien, et j’crois pas qu’tu veuilles finir comme ça non plus !” Elle fit claquer sa langue contre son palais de contrariété. Elle regrettait à présent de ne pas y avoir songé avant et de ne pas être venue avec quelques bras en plus. “Bouge pas…” dit-elle avec toujours sa main tendue en sa direction.

La Greyjoy sortit une tête de la chambre et appela Tris. “Trouve Halys, elle doit pas être loin, elle attend mon signal. Dis-lui d’nous ramener une tenue d’la laverie, des chaussures en bon état… J’te laisse passer aux cuisines ensuite et user d’ton minois pour nous avoir du pain et du fromage… la pauv’ a la peau sur les os et j’veux pas qu’elle s’brise sur le ch’val… Laisse-moi ta cape en attendant… On s’retrouve aux écuries !” Asha voyant les yeux du Botley s’écarquiller quant à l’étendue de sa mission s’approcha de lui et déposa un chaste baiser sur ses lèvres pour toute motivation. Au moins Tris se tint silencieux et partit vite, désireux de bien faire. Elle retourna et vit que Dagon la regardait avec un certain amusement. “La ferme !” dit-elle en bougonnant, bien peu désireuse de s’étendre sur ce qu’elle venait de faire. “Et tiens-toi prêt !” Elle se pencha pour récupérer la cape de Tristifer et retourna dans les appartements de son oncle, tendant la tenue à Lyra. “Un change est en route… mais en attendant t’peux enfiler ça… avec la capuche rabattue sur ton visage. Ensuite on va sortir d’là. Tu s’ras escortée par mon cousin, Dagon, et moi… Tu gardes la tête baissée, cachée sous l’tissu et tu feras tout c’qu’on t’dira ? C’est clair ?” Tristifer n’était pas un gros gabarit, les gens ne les croiraient pas forcément, s’ils en croisaient, mais elle savait qu’ils ne creuseraient pas plus que cela, il n’était pas l’homme le plus populaire et sa maladresse était connue de tous. “Maintenant, direction les écuries !” Cette fois-ci elle ouvrir grand la porte et invita Lyra à sortir de la pièce, Dagon s’était approché pour ouvrir la marche et Asha comptait la fermer.
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The memory of a brother's smile
lieu | An 297, lune 1

Rentrer. Son coeur ne tenait plus que dans ce simple mot, dans ces sept lettres qui la drapaient plus de réconfort que de fierté, mais qui l’habillait tout de même de couleurs qu’elle croyait avoir perdues. Dans son nez, l’odeur des sapins dont l’écorce éclatée par le givre laissait couler une sève dorée. Sous ses pieds, le bois mort qui craquait sous chacun de ses pas discrets. Dans ses oreilles, les bruissements de la forêt qui s’éveillait derrière son passage. Sur sa langue la saveur mourante d’une tourte aux champignons qu’elle avait elle-même aidé à cueillir. Sous ses yeux, enfin, les visages aimés de sa mère, de ses soeurs et de leurs enfants.

Sa respiration se hacha subitement. Le Nord, les Mormont, tous disparurent soudainement et elle retrouva sa cellule nue et humide. La mer se déchaînait encore contre les murs de pierre, fracassant l’écume dans l’espoir de faire chavirer le château. Elle enroula ses orteils blafards sous ses pieds engourdis.
Les bras serrés autour de sa poitrine dans un mouvement de protection presque instinctif, elle oscillait entre la passivité docile de ceux qui ne ressentent plus rien, ou bien l’angoisse viscérale des animaux traqués et prêts à tout pour s’en sortir.
L’image d’un loup qui s’était rongé la patte pour se tirer d’un piège lors d’une chasse à Winterfell s’imposa à elle. Elle n’était qu’une enfant à l’époque, mais elle en avait été bouleversée, persuadée qu’elle aurait été bien incapable de faire de même. « Quelle petite naïve, » songea-t-elle avec une tristesse presque amusée. Il y avait à peine quelques minutes, elle avait contemplé l’idée de sauter par la fenêtre.

Devant elle, Asha haussait les épaules, ennuyée, distante. Aussi froide que la mer qui avait vu naître son peuple. Elle obéit finalement sans mot dire, aussi immobile que la gardienne de bois devant Fort-Mormont. Il n’y avait bien que cela qui la rapprochait dans la combattante. Elle n’avait ni sa confiance, ni son air farouche.

La Greyjoy parlementa avec au moins deux autres compagnons dans le couloir. Acculée au fond de la pièce, elle ne voyait de l’extérieur que ce que la silhouette trapue d’Asha dans l’embrasure de la porte laissait apercevoir ; c’est à dire pas grand chose.
Ses oreilles se tendirent. Ses muscles se bandèrent. Elle pouvait la sentir, sa position d’infériorité face à des hommes qu’elle ne pouvait voir.

La fer-née finit par se tourner à nouveau vers elle, une cape encore tiède tendue dans sa direction.

« Oui, » répondit-elle laconiquement à sa dernière question avant de rabattre la capuche sur son visage.

Elle rangea précautionneusement ses cheveux ternes dans son dos, de manière à ne laisser aucune mèche s’échapper. La cape traînait à peine au sol. De sa main, elle referma les pans sur sa poitrine.
Ainsi vêtue et malgré l’absence de chaussures, elle se sentait un peu mieux. Comme lorsqu’elle se cachait sous ses couvertures pendant un orage, alors qu’elle était encore petite fille. Comme si le bouclier de tissu pouvait la protéger contre tous les monstres qui lui voudraient du mal. Comme si elle devenait invisible.

La mention d’un autre Greyjoy la rendit néanmoins plus suspicieuse qu’elle ne l’était déjà. Elle essaya de se remémorer son visage qu’elle avait dû apercevoir lors de son arrivée à Pyk, enchaînée et traînée derrière le Choucas comme une bête. Malheureusement, ses souvenirs étaient embrumés et elle n’osait soulever le douloureux voile de sa mémoire.

L’ourse inspira profondément et passa devant Asha. Le bruit mou de ses pieds froids contre la pierre s’étiola tandis qu’elle se rapprochait de la porte, grande ouverte sur l’extérieur. Il y avait des semaines qu’elle n’avait pas vu autre chose que les quatre murs de sa prison. Elle pouvait la sentir, la crainte insidieuse de l’extérieur qu’Euron avait instillé en elle comme du poison. « Si tu t’échappes, crois-moi, tu prieras tes Dieux et les miens pour revenir auprès de moi. La majorité des fer-nés n’ont pas le coeur aussi tendre que le mien. » Elle avait vu des fer-nés piller leur île, violer et assassiner leurs femmes depuis sa naissance. Alors, elle l’avait cru.

Et maintenant, on lui demandait de confier sa vie à trois d’entre eux.

La présence d’Asha dans son dos lui fit faire le dernier pas.

Dans le couloir, elle se trouva nez à nez avec le dénommé Dagon. Il avait les mêmes yeux étroits et la même mine émaciée qu’Euron. Le même air rieur, également. Lyra soutint son regard quelques instants avant de baisser les yeux.
Elle ne se souvenait finalement pas de son visage.

Le trio incongru se mit en marche.

La chasseuse observa avec attention le moindre des détails des boyaux de la forteresse. Il y régnait un silence étouffant, uniquement brisé par des gouttes d’eau ruisselant le long des parois. Son souffle se matérialisait devant ses yeux.
Durant des semaines, elle avait entendu le château vivre depuis sa chambre. Cris, passage, voix, rire, vaisselles… Et aujourd’hui, rien. Rien si ce n’était l’écho de leurs pas hâtifs.

Le chemin jusqu’à chez elle lui semblait encore si long. Une forteresse de laquelle s’échapper, une mer à traverser, le Nord à remonter… Et toujours, le souvenir d’Euron lui serrait la gorge et lui pressait les épaules. « Je suis là, » chuchotait-il doucement dans le creux de son oreille, plus doux encore que le miel. Elle voulait vomir. Dans son dos, son ombre l’écrasait, l’enveloppait toute entière et la couvrait plus de froid que la cape ne parvenait à la réchauffer.

Ils descendirent une volée de marches en colimaçon. L’angle des marches qu’ils descendaient au petit trot et l’absence de nourriture dans son ventre lui donnaient le tournis. Et dans ce malstroms de pensées, Theon ressortait. Theon qu’elle traînait dans son malheur comme le Choucas l’avait traînée derrière lui dans le hall. Theon qui allait subir les conséquences de ses actions. Theon qu’elle aurait aimé protéger. Theon qu’elle était incapable de défendre. Parce qu’elle ne pouvait rester ici. Parce que cela signifierait mourir.
Deux pièces interchangeables. Deux pièces qui devaient retourner à leur place d’origine. « Pardonne-moi, » priait-elle en dégringolant les marches. « Pardonne-moi, pardonne-moi, pardonne-moi. »

« Eh, Asha ! » entendit-elle s’écrier dans leur dos.

Son coeur tomba au fond de son ventre. Elle manqua de percuter Dagon qui s’était figé.

« Ça fait mille ans qu’j’vous cours après ! » s’agaça un homme, essoufflé.

Lyra baissa le nez et referma ses doigts dans les plis de sa cape. Elle ne voyait que les mains calleuses de l’individu, appuyées sur ses genoux tandis qu’il reprenait son souffle.

« Vous m’avez pas entendu ? Enfin bref, sacrée pagaille, hein ? Où c’est qu’vous courez comme ça ? »


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« Pyk | 297, lune 1 »

Lyra n’opposa aucune résistance et se contenta d'acquiescer après qu’Asha eut expliqué ce qu’elle attendait d’elle et ce qu’elles s’apprêtaient à faire. “Bien !” dit-elle simplement en faisant volte-face pour lancer l’action. Au moins la Mormont était aussi pressée qu’elle de la voir quitter les Îles-de-fer et probablement qu’il aurait pu en être autrement si Euron n’avait pas été un monstre. Elle la laissa la dépasser et ferma la marche que son cousin ouvrait, d’une démarche vigilante, après avoir refermé grossièrement le battant de la porte pour ne pas attirer l’attention plus que nécessaire sur les appartements nouvellement vides de son oncle. Ils avancèrent sérieusement, en silence dans ces couloirs que les deux Greyjoy connaissaient sur le bout des doigts. Ils ne prenaient pas le chemin le plus direct pour quitter le Donjon Sanglant, mais un, un peu plus long, qui leur éviterait de croiser trop de monde, pas qu’il y ait foule à Pyk non plus.

Ils avaient descendu un étage, il ne leur restait plus qu’à rejoindre le second escalier un peu plus loin sur le même niveau pour accéder à la passerelle qu’empruntait le petit personnel de la demeure pour rejoindre le Grand Donjon, lorsqu’elle entendit son prénom résonner contre la pierre humide du château. Alors qu’elle comptait sur Dagon pour redoubler de vitesse, ce dernier au contraire se figea net et l’Oursonne manqua de le percuter. Asha lâcha un soupir et leva les yeux au ciel pour marquer sa contrariété. “Dagon, continue avec elle jusqu’aux écuries… j’vous r’joins là-bas ! Tris arriv’ra directement des cuisines… J’ m’occupe de lui.” prononça-t-elle à tout va entre ses dents serrées. “Maintenant ! Filez !” ajouta-t-elle un peu plus fort tandis qu’elle se retournait avec nonchalance vers l’homme qui l’avait interpellée, son sourire narquois habituel sur les lèvres. “Eh beh, Styr, j’savais pas qu’t’étais un chien d’chasse maintenant, à courir après les gens comme ça…” Styr était un des gardes du château, auquel son père faisait souvent appel pour diverses demandes de petites importances. “Et d’puis quand j’dois t’rendre des comptes ? Mon père a prononcé aut’e chose en plus de l’exil d’mon onc’e et j’aurais mal entendu peut-être ?” Elle avait posé ses mains sur ses hanches de manière théâtrale, haussant également ses sourcils d’un air inquisiteur, tandis que ses oreilles étaient concentrées sur les pas de Dagon et Lyra qui s’éloignaient derrière elle. Quiconque vivait chez les Greyjoy savait qu’il ne faisait pas bon de contredire la Capitaine du Vent Noir sans un bon motif. Asha ne lui laissait aucun répit et comptait couper l’herbe sous ses pieds jusqu’à la dernière pousse. “S’tu veux tout savoir, toutes ces histoires d’épouses, ça a bouleversé pas mal not'e petit Tristifer… il s’est dit qu’il était temps pour lui de redemander ma main… Tout l’monde sait d’jà c’que j’en pense et c’que mon père en pense, pas vrai ?” Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, tout juste d’ingérer l’information qu'elle reprenait déjà. “Donc j’ai pas eu l’choix qu’de briser son coeur une nouvelle fois… Évidemment qu’il est au fond du trou maintenant ! Et j’m’en veux un peu, parce que c'est pas un mauvais bougre dans l'fond, pas vrai ? J’peux pas l’laisser dans cet état donc si tu veux tout savoir, j’l’amène voir mes copines à Lordsport, avec Dagon, pour lui remonter l’moral. Donc à moins qu’t’ais une information vitale pour moi ou qu’tu veuilles donner une pièce pour c’pauvre Tris, tu vas m’laisser courrir où j’veux, pas vrai ?” La mission de la Greyjoy était un succès, le vaillant combattant Fer-né ne savait plus où se mettre. Ses joues avaient viré au rouge vif dès lors qu'Asha s’était mise à parler de sa proposition en mariage et cela n’avait fait que s’empirer en parlant du comportement honteux qu’avait soit-disant eu Tris. Il n’y avait pas grand chose que les Fer-nés détestaient plus que de parler de leurs émotions. Celles des autres étaient bien pire encore, surtout lorsqu'elles étaient aussi peu contenues qu'elle le décrivait. “Vot’... Vot’ père voudra vous voir quand vous aurez un moment… mais… Mais j’vais lui dire que vous vous êtes absentée pour la soirée… Y a pas d’urgence je crois…” Et Styr s’en fut aussi vite qu’il ne les avait rattrapés.

Les épaules d’Asha s’affaissèrent de soulagement. Elle poussa un long soupir dès que Styr eut disparu dans le couloir puis elle tourna les talons pour reprendre sa progression. Cette fois-ci elle courut franchement, descendant les marches à toute vitesse et rejoignant la passerelle de bois et de cordages pour rejoindre le Grand Donjon. Elle aperçut au loin Tris, sur la passerelle qui quittait les cuisines. A priori c’était bon signe, Styr ne pourrait pas le croiser et mettre en doute l’histoire qu’elle venait de lui pondre. Une fois dans le Grand Donjon, elle s’employa là aussi à prendre le chemin le plus discret et non pas le plus rapide. Alors qu’elle approchait de la sortie de service pour accéder au pont de pierre, elle reconnut la cape traînant au sol de Lyra, derrière Dagon. Ils étaient immobiles, silencieux, attendant probablement que la voie se libère. Alors elle progressa jusqu’à leur hauteur, tout aussi discrète, ne sachant pas si elle pouvait interpeller son cousin ou non...
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The memory of a brother's smile
lieu | An 297, lune 1

Dans le silence inquiétant du château assailli par les éléments, l’urgence de la situation dénotait. Comme une bête aux abois, Lyra fuyait, de crainte que les portes de Pyk ne se referme juste devant son nez et qu’elle demeure prisonnière de l’antre témoin de ses supplices. Il lui semblait que cela serait bien pire alors que si elle était demeurée dans sa cellule. Car cet avant-goût de la liberté, cet espoir qu’il pouvait presque effleurer du bout des doigts… il la détruirait si on lui ravissait.
Et pour l’instant, la personne qui l’étranglait, cet espoir, était un fer-né essoufflé à la mine terne et au nez rougi par la couperose (ou bien par la boisson). Il les interpellait en s’exclamant et ses mots pourraient bien être des fouets que la troisième ourse ne les ressentirait pas différemment. Ils s’enroulaient autour de ses chevilles, de ses poignets, pour la retenir en arrière.

Mais Asha s’interposa, les pressant de déguerpir. Dagon l’attrapa alors sous l’aisselle pour la traîner derrière lui. Ce contact brutal, le premier qu’elle avait avec un autre être humain depuis Euron, lui laissa prendre une inspiration subite de surprise. Pourtant, il la relâcha lorsqu’il comprit qu’elle tiendrait son rythme.
Dans leur dos, la voix de la Greyjoy rebondissait en écho contre les mur, déformée et grotesque.

« Accélère ! » lui siffla le fer-né, détendu, tandis qu’ils arrivaient en haut de la dernière volée de marche. « On y est presque ! »

Ses pieds nus martelaient les marches de pierre tandis qu’elle les dégringolaient. « Plus vite, plus vite, » s’encouragea-t-elle. Devant elle, la silhouette élancée de Dagon ouvrait la voie, sa main gauche appuyée contre les pierres centrales et grossièrement taillées. Sa hache tapait contre sa cuisse à mesure qu’il s’activait. Bientôt il devint le seul repère mobile dans cet escalier qui s’entourait, encore et toujours, comme un serpent autour de sa proie. Durant un court instant, Lyra se dit qu’elle n’en verrait jamais le bout. Qu’elle n’en sortirait jamais.

Et puis, finalement, la lumière.

Elle enveloppa Lyra tout entière, déposant sa lueur grise dans ses cheveux, sur sa peau. Le vent la souleva presque. L’air avait un goût de sel. Elle qui ne vivait qu’à l’extérieur, elle ne l’avait pas senti depuis qu’elle avait accosté ici. Malgré le froid qui la laissait grelottante, elle se sentit revigorée. La fine bruine la lavait presque de ses cauchemars.

Dagon la menait à travers le pont de bois et l’invita à bien s’accrocher aux cordages. Sa cape trop longue remontée sur ses mollets dont les poils sombres se hérissaient, l’archère progressa avec plus de prudence que de vitesse, peu désireuse de se précipiter dans la mer bouillante qui hurlait quelques mètres plus bas. Elle pouvait sentir sur sa peau nue les gouttelettes qui se décrochaient sous l’impact des vagues contre les pierres dressées et que le vent portait jusqu’à elle.

Dans le Grand Donjon, l’ambiance était similaire au bastion qu’ils venaient de quitter. Dans qu’ils eurent pénétrés dans l’escalier des domestiques, le silence étouffa le bruit de la mer et on replongea dans l’atmosphère lugubre et ouatée d’auparavant.
Le fer-né entreprit de franchir un nouveau couloir, mais Lyra attrapa son bras.

« Attendez, » souffla-t-elle. « J’entends… »

Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que des éclats de voix l’interrompirent. L’un et l’autre se figèrent, plaqués au mur. « Calme-toi, » s’ordonna Lyra pour apaiser les froissements de son coeur. « Calme-toi… » Elle prit une profonde inspiration silencieuse. Dagon, lui, avait cessé d’inspirer. Il osa un rapide coup de tête dans le couloir avant de reprendre sa pose initiale, comme piqué par une guêpe.

« Trois, » articula-t-il sans piper mot, accompagnant le geste à la parole.

Lyra fronça les sourcils en haussant les épaules.

« Que fait-on ? » articula-t-elle de la même manière.

« Et v’l’avez vu avant qu’il file ? Parce que moi, non… »

L’ourse écarquilla les yeux. Dagon se pencha légèrement en avant… avant de lever les yeux au ciel, exaspéré.

« Ils bloquent le passage ! » murmura-t-il. « Ils se sont posés là, en plein milieu ! Non mais j’y crois pas… »

Puis, les fer-nés inconnus s’escrimèrent à élire le meilleur joueur de cartes.

« Moi j’dis, c’est moi l’meilleur ! Bah oui, c’est moi qu’est gagné la dernière fois ! D’ailleurs t’aurais vu ta tête pendant que j’te plumais mon vieux ! Ha ha et voilà qu’ça recommence, apprête-toi à perdre ta baraque, ta femme et ta mère, tiens ! »

L’autre protesta et en moins de trente secondes, l’ambiance bon enfant tourna au vinaigre.

« Oh, ferme-la ! »

Un bruit métallique. Un grognement. Un bruit sourd.

« Mais tu l’as assommé, dis ! L’est tombé comme une souche ! »

Et les deux derniers partirent en grands éclats de rire.

« Ils sont saouls, » chuchota Lyra.

Le cousin Greyjoy se sentit de deux pierres grises et glissantes, polies par l’humidité et couvertes de mousse. Il en colla une dans les petites mains de Lyra. Elle hocha la tête.

Telles des ombres, les deux alliés du jour s’avancèrent dans le dos des joueurs de carte qui se bidonnaient au-dessus de leur comparse évanoui.
Dagon abattit en premier sa brique sur la tempe de sa victime. Un brin plus lente, Lyra eut le temps de voir le regard surprit du troisième luron avant de lui écraser la pierre sur le coin du visage. Ils s’écroulèrent tous les deux en avant.

Comme une lame de fond, la Mormont sentit le goût du sang sur ses lèvres. Cette brique, elle voulait l’abattre encore. Et encore. Comme cet escalier en colimaçon qui n’avait jamais de fin. Comme son cauchemar ici. Ses ongles raclèrent la brique. Ses jointures blanchirent. Ses dents se serrèrent. Elle voulait se venger. Elle voulait se venger si fort que son estomac se tordait. Dans le visage mou du soldat sans défense, elle voyait le profil d’Euron. Et elle voulait tordre ce sourire qu’elle croyait distinguer dans la commissure de ses lèvres.

Dagon lui arracha la pierre des mains.

« Lâche ça, tu veux bien… »

Ce fut à cet instant précis qu’Asha déboula d’un couloir perpendiculaire, l’oeil interrogateur. Ce à quoi le combattant s’écarta pour lui laisser admirer le spectacle.

« On continue ? » s’égaya-t-il, toujours léger.

Lyra s’enroula à nouveau dans sa cape trop grande et leur emboita le pas, sans un regard pour les gardes avachis.


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« Pyk | 297, lune 1 »

Le souffle court, Asha arriva à la hauteur du groupe de fuyards dont elle avait été séparée un peu plus tôt. Elle fut tentée de poser une main sur l’épaule de Lyra pour s’annoncer comme celle-ci semblait figeait avec son regard dans le vide, mais Dagon la vit avant et lui sourit, l’invitant à reprendre leur progression. “J’ai aperçu Tris sur la passerelle de l’aut’e côté avant d’rentrer… il va probablement sortir en même temps qu’nous. Allons-y !” Elle hocha la tête et laissa son cousin reprendre la première position de leur course atypique. À peine avait-il fait quelques pas qu’elle vit derrière eux les gardes évanouis. L’un d’eux avait un peu de sang sur le visage. Elle revit alors la brique que son cousin lui avait arraché des mains alors qu’elle les rejoignait. "Ça va ?” d’manda-t-elle sans trop de ménagement à la nordienne. Il n’y avait pas là une inquiétude pour sa psyché ou son état fébrile, d’avoir dû avoir recours à la violence après ce qu’elle venait de vivre. Mais elle voulait être certaine qu’elle n’allait pas s’évanouir à tout moment et rester sur leurs pas, à même la pierre froide et humide du sol.

Mais visiblement, l’Oursonne tenait bon puisqu’elle repartit derrière eux, comme la première fois, à nouveau enroulée dans cette cape trop grande pour elle. Il n’y eut finalement plus d’obstacles jusqu’à la sortie du bâtiment. Cette fois-ci les attendait un pont de pierre, plus large et en bien meilleur état que la passerelle flottante empruntée tout à l’heure. “En contrebas ! En contrebas !” ordonna-t-elle à Dagon, bien qu’il sache pertinemment quel chemin emprunter pour rejoindre le chenil discrètement. Ca y est, ils n’étaient plus sur les îlots sombres, parsemés aux extrémités de l’Île, mais sur sa terre ferme, là où se tenaient différents bâtiments utiles et inhabités. Les écuries étaient sur leur gauche et il y avait un petit portillon de service, accessible par un chemin quelque peu escarpé pour les visiteurs peu expérimentés, qui descendait à même la roche, à flanc de falaise. “Attention à vous !” commanda Asha alors qu’elle progressait avec agilité, posant ses pieds avec minutie, non sans perdre en vitesse. Cela leur évitait de prendre l’entrée principale du bâtiment, visible depuis la grand route qui menait de Lordsport à ici. Ils la prendraient lorsque Lyra serait changée et qu’ils seraient tous sur une monture, pas avant.

Une fois à l’intérieur des écuries, protégée des vents marins, Asha émit un petit sifflement familier et il ne lui fallut patienter que quelques secondes pour entendre la même mélodie sifflée en réponse. “Halys est là !” dit-elle enthousiaste et soulagée en s’élançant vers la source du bruit. La rouquine était là, accoudée contre une stalle de bois, son chapeau tiré sur sa tête presque jusque sur ses yeux bleus perçants, des vêtements propres attendant devant elle. La Greyjoy lui offrit un grand sourire, la gratifiant d’un clin d’oeil. “J’pourrais t’embrasser tellement t’es efficace ma Halys !” s’exclama-t-elle. Mais il n’y avait pas de temps à perdre. Alors elle fit volte face vers la nordienne. “Hop, rentre là-d’dans et change toi maintenant. Halys j’te laisse surveiller l’entrée d’service… Dagon la principale. J’vais finir d’préparer les ch’vaux, l’temps qu’elle se change et qu’Tris arrive avec la bouffetance.” Après un hochement de tête collaboratif, Halys et Dagon prirent leur poste, tandis qu’Asha se tournait vers Lyra qui s’était avancée sur la paille fraiche. “Allez traîne pas, y a plus personne pour r’garder.” Et comme pour illustrer son propos elle se retourna vers les chevaux que la rouquine avait commencé à sortir pour leur escapade. Elle vérifia leur harnachement, installa les dernières selles avant de revenir vers la nordienne. “Tu sais monter, ça ira ?” Halys avait sorti cinq montures de leur stalle, mais Asha se demandait s’il n’était pas plus prudent de s’en contenter de quatre. Lyra pourrait monter avec eux à tour de rôle, cela éviterait toute chute ou fuite, même s’ils pourraient plus attirer l’attention installés de la sorte.
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lieu | An 297, lune 1

« Ça va ? » La question d’Asha sonna à ses oreilles sans qu’elle ne sache quoi répondre. Encore un brin hébétée par le coup - elle ressentait encore l’impact de la brique contre le crâne du fer-né trembler dans son bras -, elle fronça les sourcils.
Non, elle n’allait pas bien. Elle avait été enlevée, mariée contre son gré, enfermée, violentée et violée pendant des jours et des jours. Elle se réveillait la nuit, les joues baignées de larmes et le corps d’Euron - tiède, vivant - pressé contre le sien. Elle se réveillait la nuit, étrangère dans sa propre peau, ne reconnaissant plus ni son reflet ni ses réactions. Elle se réveillait la nuit en songeant que sauter de la fenêtre valait mieux.
Elle acquiesça en se remettant en marche. Dans sa tête, uniquement le bruit de ses pieds nus contre la dalle. Uniquement le bout du tunnel que la Greyjoy avait dessiné en venant la libérer.

À nouveau, l’air frais de l’extérieur la sortit de la nouvelle léthargie dans laquelle ses souvenirs cauchemardesques menaçaient de l’enfermer. Elle goûta au sel sur sa langue. Elle se rappela comment, plus jeunes, Jorelle et elle prétendaient croquer des morceaux d’océan tandis qu’elles se tenaient toutes les deux sur la plage, la bouche grande ouverte en riant. Les saveurs de liberté d’écume se teintaient désormais d’amertume. Le souvenir était gâché.

La voix d’Asha résonna dans la bruine tandis qu’ils s’engageaient sur le pont. Les pierres étaient glissantes, mais sa largesse les laissait préférer la vitesse à la prudence. La brume empêchait de distinguer nettement ce qui les attendait de l’autre côté, mais entre les bourrasques, Lyra devina les contours d’une île…

Cours.

Les claques battaient le vent. Les mains cramponnées sur sa capuche et sur son col, la troisième ourse tentait de protéger son front de la bruine. Les gouttelettes qui se perdaient dans ses cils l’empêchaient d’y voir clairement. Des silhouettes de maisons sombres. Le vent qui sifflait dans les pierres.
Les ordres de la capitaine les menèrent jusqu’à un passage abrupt longeant la roche. À droite, le vent. La mer rageuse qui taillait la falaise de ses crocs glacés. Un pas de travers… D’une main prudente, Lyra laissa courir sa main contre le mur de pierres brutes, prête à y planter les ongles si elle venait à déraper. De l’autre main, elle remonta sa cape un peu plus haut, jusqu’à la transformer en boule qu’elle roula sous son coude. Devant elle, Dagon et Asha filaient, le pas sûr et les réflexes aiguisés.
Les battements de son coeur l’assourdirent. Sa bouche devint sèche. Ses yeux incapables de se focaliser sur un point. L’océan semblait se rapprocher. Elle ferma fort les paupières et serra les dents. « Calme toi, » s’ordonna-t-elle à nouveau. Ses doigts ressentaient encore la sensation de chair molle sous la brique. « Calme toi, allez. » L’archère inspira profondément. Elle expira en ouvrant les yeux.

Elle ne compta pas le nombre de fois où ses pieds nus et glacés glissèrent contre les pierres. Sa paume s’écorchait contre la pierre tandis qu’elle se rattrapait. Des petites coupures dans sa plante la firent grimacer ; la terre et le sol mouillé de sel n’arrangeait rien. Son bras soutenait sa cape lourde de pluie grinçait. Ses mâchoires se crispèrent si fort qu’elle crut se les briser.

Lorsqu’enfin elle s’engouffra à l’intérieur, grelottante, elle ne put empêcher un soupir de soulagement de lui échapper. Elle voulut essuyer ses pieds noircis dans la paille, mais déjà, Asha appelait.

Les écuries étaient silencieuse ; seule la naissance de la tempête battait contre ses murs. Une petite mélodie résonna et la Greyjoy s’élança en devant. Lyra déglutit. Chaque pas lui arracha une grimace, mais elle ravala ses plaintes, sentant la poussière poisser ses plaies.

Une autre fille - Halys - était là et avec elle des vêtements propres. Elle retira sa capuche trempée pour dévoiler son visage blafard et creusé à la rousse. Cette dernière avait l’air gaillarde, assurément confiante. Asha ne tarda pas à la pousser dans la stalle vide, les vêtements frais accrochés en travers de la porte. Elle entendit les autres sortir.

Se déshabiller fut rapide. Elle dénoua le crochet qui maintenait la cape contre sa poitrine et le tissu - trop lourd - s’écroula au sol dans un nuage de poussière. Puis, elle se débarrassa de sa chemise de nuit - un morceau de tissu blanc rendu transparent par la pluie -.
Elle enfila rapidement la chemise ample qu’elle recouvrit d’une veste en laine bouillie sans couleur. Passer le pantalon de toile fut plus complexe. Le froissement du tissu contre ses pieds coupés la fit frémir. Mais cela ne fut rien comparé aux chaussettes qu’elle dû enfiler. Les dents plantés dans sa joue, des frissons lui remontèrent jusqu’en haut du crâne.
Dans l’écurie, elle entendait les filles s’activer autour des chevaux. Certains reniflant et grattaient le sol d’impatience.

Ses chaussures enfilées, elle clopina à l’extérieur en revêtissant une nouvelle cape - plus à sa taille, cette fois-ci -.

« Bien sûr, » acquiesça-t-elle en cachant ses cheveux mouillés sous sa capuche.

D’elle-même, elle se dirigea vers la plus petit monture et flatta son encolure. Elle était soulagée de ne plus avoir à marcher. Le souffle chaud du cheval se matérialisa dans l’air.

« Merci, » souffla-t-elle à Halys. « Je suis prête. »



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« Pyk | 297, lune 1 »

Asha avait l’impression qu’ils avaient fait le plus dur. Ils étaient sortis de Pyk sans se faire remarquer et ils s’apprêtaient à quitter les écuries au galop. La route entre Pyk et Lordsport était peut-être la plus fréquentée de l’archipel. Mais ça n’était pas parce qu’elle bénéficiait de ce qualificatif que cela en faisait une route encombrée pour autant. Pyk n’était pas le Donjon Rouge, il n’y avait pas de vie de cour à proprement parler et les visites étaient pas si nombreuses que ça. La vie de cité se faisait à Lordsport. Mais avec les derniers événements liés au Choucas, ceux qui devaient se rendre chez les Greyjoy, s’y trouvaient déjà et ceux qui avaient dû partir, avaient déjà pris la route. Et dans la ville des Botley, la foule serait suffisamment nombreuse pour qu’ils puissent passer inaperçus. Pourtant la Seiche ne perdait pas en concentration. Elle ne voulait pas baisser sa garde et restait aux aguets. Trop de choses reposaient sur cette fuite. Ils avaient besoin de quitter les Îles en toute discrétion, Lyra dans leurs bagages et il n’y aurait rien de plus frustrant que de voir un membre de la maisonnée ou quiconque d’autre donner l’alerte maintenant. Il n’était pas dans son habitude de faire des cachoteries à son père, certainement par sur des sujets aussi importants, mais quelque chose lui disait que cette fois-ci, il serait plus judicieux de le mettre devant le fait accompli. Surtout qu’elle n’était pas certaine d’arriver au bout de sa mission.

Aussi, lorsqu’elle eut terminé de vérifier l’harnachement de leurs montures, elle revint sans plus attendre vers la nordienne pour voir si elle était prête à partir, mais surtout si elle savait monter. Lyra était une insulaire comme eux, mais visiblement, la maîtrise de l’équitation était chose courante. Elle haussa vaguement les épaules devant son évidence. “Alors on perd pas une minute de plus !” Elle posa un petit tabouret sans ménagement aux pieds de la Mormont avant de se détourner pour rappeler Dagon qui gardait toujours l’entrée, un peu plus loin. “On est prêt.” dit-elle à son cousin, juste au moment où il s’écartait pour laisser passer Tris avec les vivres. Elle s’approcha de lui tout sourire pour lui poser ses mains sur ses épaules. “Encore un succès fou en cuisine pour toi ! Mais en selle maintenant !” Elle échappa un éclat de rire avant de revenir sur ses pas pour joindre le geste à la parole, poussant sur ses jambes pour se passer du tabouret, tandis que Lyra les attendait. “On part au galop. On fait la moitié du ch’min sans s’arrêter, à brides abattues, on ralentira quand les fumées d’Lordsport s’ront en vue. D’ici là on d’vrait avoir pris assez d’avance. On grignot’ra à c’moment-là pour ceux qui auront un creux.” Elle se tut un instant pour réajuster la position de ses pieds dans les étriers, puis tourna son visage en direction de l’otage. “Y en a pour que’ques heures de chevauchée. Tu restes bien derrière moi, Halys ferm’ra la marche. Crie si t’as b’soin de t’arrêter avant c’que j’viens de dire. Mais ça aura intérêt à être vital…” Elle hocha doucement son visage par la positive avant de talonner son cheval et quitter l’étable à un bond rythme. À peine avait-elle fait trois foulées dehors, qu’elle redoubla son jeu de talon pour lancer le galop de son destrier.

***

Cela faisait plus de deux heures que le groupe Fer-né avançait aussi rapidement que leurs montures le leur permettait lorsque Asha leva enfin la main pour indiquer à sa troupe de réduire le rythme. Il était temps de ménager les chevaux et de les laisser récupérer au pas. Elle avait aussi quelques ordres à donner en amont de leur arrivée dans la cité insulaire. Elle fit signe à Tris de s’avancer jusqu’à elle. Il dépassa Lyra et vint sa hauteur. “Quand on s’ra à Lordsport, j’veux qu’tu prennes ton propre bateau. Arrête-toi sur Orkmont et trouve Norunn chez les Bonfrère… Dis-lui qu’j’ai besoin d’elle et qu’ça concerne le Nord. On vous attendra du côté du Cap Kraken…” Elle attendit que le capitaine lui réponde par la positive avant de reprendre. “Et maintenant, file-moi un peu d’bouffe Botley !” Son rire habituel résonna dans l’air. Tris s’exécuta puis retourna à sa place. Asha fit faire un tour sur place à sa monture pour laisser le temps à Lyra de remonter sur le chemin et se retrouver à son niveau. Elle ne savait pas ce qu’elle avait entendu de l’échange et cela ne lui importait que peu. “Ça va ? Tu tiens l’coup ?” Elle n’était pas en forme, mais au moins elle n’avait pas chute, du moins pas encore, de sa monture. Lyra n’avait pas menti quant à ses compétences équestres. “Tiens, remplie-moi c’ventre un peu…” lui dit-elle en tendant un peu de pain frais et de fromage. “J’ai un peu d’bière dans mon outre pour faire descendre le tout après.” Elle se contenta de croquer dans la pomme que le Botley lui avait mis de côté, connaissant son goût pour le fruit.
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lieu | An 297, lune 1

Les ordres d’Asha furent donnés et les chevaux s’élancèrent au galop. L’air extérieur fouetta le visage de Lyra et manqua de renverser sa capuche sur sa nuque. Elle la rattrapa au dernier moment et, dans le même mouvement, resserra la sangle sur ses clavicules. Le vent chargé en humidité laissait des gouttelettes perler sur ses cils et déposait un goût de sel sur ses lèvres gercées. La troisième ourse y passa la langue pour goûter à cette mer qui, de prison, lui promettait désormais la liberté.

Tandis qu’ils s’éloignaient, Lyra ne risqua pas un dernier regard par-dessus son épaule. Elle savait qu’en faisant cela, elle risquait de graver une dernière image dans son esprit. Un dernier lieu de cauchemar qui ne tarderait pas à hanter ses songes les plus tourmentés. Elle préférait regarder droit devant elle, se concentrer sur la cape d’Asha tourbillonnait comme un fanion pris dans une tempête. Sur les sabots qui martelaient la route pavée, semblable au tonnerre qui roulait parfois au large. Sur l’horizon désert. Au loin, rien d’autre que la route sinueuse et les rochers poisseux et couverts de mousse en contrebas.

Chaque inspiration la ragaillardait. Elle se sentait plus forte, plus stable, plus déterminée. Chaque coup de sabot loin de cet enfer la gonflait un peu plus de confiance. Maintenant, elle n’était plus prisonnière. Ses doigts se resserrent sur les rênes. D’un revers de gant, elle essuya ses yeux dont elle ne savait pas si l’eau qui perlait était de la bruine ou bien des larmes.


*


Finalement, la main d’Asha se dressa et on ralentit la cadence. Le cheval de Lyra renâcla en tirant en avant, pas mécontent de cette pause bien méritée. Tandis qu’elle lui flattait l’encolure, Tris la dépassa pour recueillir les nouvelles directes de la Greyjoy. Lyra fronça les sourcils, mais détourna des yeux. Norunn ? Qui était-ce ? Pourquoi connaissait-elle visiblement bien le Nord ? L’archère plissa des yeux. La réponse qui lui vint de manière la plus évidente était déplaisante. Sûrement une pillarde aguerrie. Il n’y avait que les plus fous pour oser accoster et s’enfoncer au-delà des villages côtiers en quête de richesses. Généralement, les nordiens s’assuraient qu’ils ne revoient jamais la mer.
D’instinct, sa méfiance grimpa d’un cran. Cette nouvelle donnée lui rappela soudainement que ses sauveurs du jours avaient été ses ennemis d’hier. Combien d’entre eux avaient massacré, violé, tué des villageois du Nord ? Dévasté l’Île aux Ours et les côtes ? Ils ne s’entretuaient pas pour l’instant, mais demain… L’un d’entre eux irait faire chanter sa hache dans le Nord, dans le Conflans, dans le Bief.

Elle dénoua une gourde de sa selle qu’elle présenta à son cheval avant de s’immobiliser à hauteur d’Asha. Les coupures sur ses pieds la faisait encore souffrir, mais elle ravala ses grimaces.

« Je vais bien, » assura-t-elle en refermant la gourde. « Mieux. »

Si la première affirmation sonnait faux, la deuxième était plus sincère. Son moral gonflait à mesure qu’ils s’éloignaient et que la promesse de liberté lui chatouillait le coeur.

« Merci, » sourit-elle en accueillant la pitance tendue par Asha.

Depuis l’arrestation d’Euron, personne n’avait guère pensé à sa femme-roc enfermée et encore moins à la nourrir. En voyant la tranche de pain, elle se rendit compte d’à quel point elle était affamée. Son ventre se tordit et un long gargouillement ulula mieux qu’une chouette effraie. Un petit rire crispé s’échappa de ses lèvres abimées par le froid. Elle grignota son sandwich de fortune par petites bouchées, pour profiter au maximum de la sensation.
Quant à la bière, elle n’était pas certaine que cela soit une bonne idée. Ses jambes flagellaient déjà de fatigue ; l’alcool n’aurait fait que dégrader sa forme physique.

« Qui est Norunn ? » demanda-t-elle finalement en s’asseyant sur une pierre plate.

De retirer le poids de son corps sur ses pieds blessés la fit soupirer. Lyra retira ses gants pour observer les entailles sur ses mains. Il y en avait peu et elles étaient peu profondes, mais la chevauchée avait creusé des crevasses dans ses doigts.

« Orkmont… » réfléchit-elle. « Ce n’est pas à côté. »

Asha devait certainement avoir grand besoin de cette fer-née. Pourquoi prendre autant de risques, sinon ? Il ne faisait aucun doute qu’à peine auraient-ils embarqué sur un navire que la nouvelle de leur disparition se répandrait comme une trainée de poudre. Il y aurait forcément de gens pour faire le rapprochement entre Asha et elle et il y en aurait d’autre pour avoir vu la fille Greyjoy sur le port ; elle était difficile à manquer. Bien sûr, il y en aurait d’autres pour remarquer Tris et si leur équipée voguerait déjà vers le Nord, Tris, lui, serait encore sur les Îles de Fer. Attrapable.

Des bruits de sabot lui firent redresser la tête. La fille de Maege s’emmitoufla un peu mieux dans sa cape et tourna ostensiblement le dos à la route, le visage plongé dans la mie de son pain. Elle guettait le visage d’Asha, confiante dans ce que l’expression de son visage pourrait lui apprendre sur le passage des importuns.


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