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(même les petits)![L'écriture en adversité, console et nous donne la gaieté. [Avec Ysolde Qorgyle.] 3725701551](/users/1815/27/49/46/smiles/3725701551.gif)
L'écriture en adversité, console et nous donne la gaieté. [Avec Ysolde Qorgyle.]
Le Soleil de Tyrosh
![L'écriture en adversité, console et nous donne la gaieté. [Avec Ysolde Qorgyle.] 4](https://i.ibb.co/JQ3dfBz/4.gif)
Palais Vieux, début de la lune 7, an 303.
Ma chère amie,
Comme il me tardait de prendre la plume afin de vous écrire ! Il me fut appris, par l’intermédiaire de mon époux et de l’une de mes dames d’atours, que vous vous trouviez également à Salrivage afin de célébrer les épousailles de Lady Daria Gargalen et de Sir Tobin le Voi. Comme j’aurai aimé vous y retrouver et prendre part à cet événement en votre compagnie. Les Dieux avaient cependant de tous autres desseins pour ma personne, comme vous le savez désormais. Rendez-vous compte, me voilà devenue mère alors que vous profitiez des fastes de ce mariage avec nos comparses et camarades ! Il vous faudra me raconter ce que vous avez pu voir et entendre ! Si le Prince mon époux m’a fait part de bien des choses, je sais votre regard aiguisé et il me tarde d’avoir votre avis sur la question de ces festivités.
Je tenais également à vous remercier pour le présent qui me fut porté de votre part. Les artisans du Grès sont fort habiles ! Je gage que ma fille saura profiter de ce coffre et de la précision de ses décors, lorsque son âge lui permettra de se mouvoir comme elle l’entend. Pour le moment, la savoir dans mes bras ou à mes côtés me semble bien plus rassurante. J’espère pouvoir vous la présenter un jour, ma chère Ysolde, bien qu’elle aura certainement grandement changé entre ce moment, et celui où j’écris ces quelques lignes. A Lancehélion, nombreux sont celles et ceux qui trouvent déjà une ressemblance certaine entre ma petite Darna et ma propre personne. Je manderai une personne afin de tracer une esquisse de ses traits, lorsque les Dieux lui permettront d’ouvrir davantage les yeux sur ce monde. Elle me semble si fragile, si petite, alors que le Mestre n’y voit qu’une enfant en parfaite santé. Sans doute devrions-nous mettre notre confiance en son expertise.
Les mots que nous avons échangé à ce sujet alors que vous vous trouviez à Lancehélion me reviennent souvent en mémoire. Ils sont toujours pour moi une source de réconfort, lorsque le doute m’assaillis. Je suis fort bien entourée, comme vous aviez pu l’imaginer il y a de cela quelques lunes. J’espère qu’il en va de même pour vous et que votre famille se porte pour le mieux. Je vous prie de bien vouloir les saluer de la part de ma personne. Le printemps vous est-il déjà parvenu, au Grès ? Les jardins de Lancehélion retrouvent peu à peu les couleurs que nous leur connaissions auparavant et je gage qu’il en va de même pour les Jardins Aquatiques. Je ne puis qu’espérer qu’il en va de même pour votre demeure et que l’air y a retrouvé de sa chaleur.
Je me dois de m’excuser pour la courtesse de cette lettre. Je suis encore sous le coup de quelques fatigues, pour des raisons que vous pouvez aisément imaginer. Le Mestre me recommande encore le repos et de tenir le lit pour quelques jours, le temps que mes forces me soient entièrement revenues. Ma prochaine lettre vous sera plus agréable, je vous en donne ma parole. En attendant que les Dieux nous permettent d’échanger à nouveau, prenez soin de vous et des vôtres, ma chère amie. Nous nous reverrons au plus vite, je ne puis que l’espérer.
Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 303, Lune 7, Semaine 4Ma tendre amie,
Je fus tellement heureuse en apprenant votre délivrance. Je ne saurai dire combien de fois j'ai loué les dieux pour qu'ils préservent votre vie ainsi que celle de votre enfant, et je suis, plus que ravie, d'apprendre que toutes deux vous vous portez bien. Une fille. Je ne puis qu'affirmer qu'une nouvelle beauté vient de voir le jour en ce monde. Un joyau digne des plus grands trésors. Je ne puis qu'imaginer votre soulagement, et votre joie intense, à vous ainsi qu'au prince Quentyn. Nous avons effectivement partagé cet agréable moment que les noces de ma chère et tendre Daria. Je ne saurai affirmer qu'elles étaient aussi fastueuses que la cérémonie de mariage de notre princesse Arianne et de Nymor, néanmoins, elles avaient un charme certain et malgré le nombre conséquent d'invités, un goût d’intimité régnait. Daria a été outrageusement couverte de cadeaux ! Évidemment. Je crois, avec le recul, que le plus dur est à venir puisque l'euphorie des premiers instants se dissipe relativement vite. Je crois que vous me rejoindrez sur ce point.
J'ai fait concevoir ce coffret pour qu'il lui serve le moment venue. Je ne doute pas que vous ayez dû recevoir nombre de présents que vous allez pouvoir utiliser immédiatement, cependant, tout change si vite à leur âge. Je me souviens qu'il faut constamment renouveler la garde-robe des petits enfants sans quoi ils finissent par ne porter plus que des guenilles et des haillons. Je suis certaine que ce coffre perdurera et que son utilité s'étirera sur plusieurs années.
Je ne peux que comprendre les craintes nouvelles qui vous assaillent maintenant qu'elle est en ce monde. Je peux vous assurer que vous bénéficiez d'un entourage compétent et s'il est parfois difficile de lâcher prise, cela est parfois bénéfique à la fois pour la mère et pour l'enfant de se voir séparer l'espace de quelques instants… Toujours pour mieux se retrouver. Je crois que le plus difficile est de laisser entrer un père qui parfois peine à trouver sa place dans une dynamique toute nouvelle. Est-ce votre cas ? Comment Quentyn a-t-il accueillit sa toute nouvelle paternité ? Faites tirer le portrait de cette jeune Dama, et envoyez le moi, je pourrais ainsi constater sa poussée lorsque l'occasion me sera donnée de la rencontrer enfin. J'ai l'impression que c'était hier que nous discutions de sa venue au Palais Vieux. Et la voilà maintenant. N'oubliez pas de la portraiturer régulièrement, cela constituera autant de souvenirs pour plus tard.
Le printemps nous est parvenu oui, en même temps que le prince Oberyn et sa visite peu avant le mariage de Daria. Saviez-vous que le Grès a manqué de crouler sous le poids de ses habitants ? J'ai accueilli tout à la fois le prince et sa suite, la jeune Leliah Allyrion ainsi que le retour de mon cher et tendre fils Gulian. Nous avons pu ainsi assister à son adoubement et organiser une fête en grande pompe… Imaginez-vous un instant que j'aurai laissé pareille occasion pour me faire discrète ? Impossible pour moi. Nous avons ainsi célébré son entrée dans la chevalerie ainsi que ses fiançailles avec la jeune Leliah. J'ai découvert le pot aux roses au cours de son séjour, ce fieffé séducteur entretenait une relation épistolaire avec la belle Allyrion. Imaginez-vous cela ?!
Également, je tenais à vous annoncer une merveilleuse nouvelle à laquelle je ne m'attendais pas. Je suis enceinte, à nouveau. Je puis vous assurer, même si cela est merveilleux, que je n'imaginais pas, à mon âge, endurer une autre grossesse.
Je vous embrasse affectueusement.
Ysolde.
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, lune 8, semaine 1, an 303.
Ma chère amie,
Comme il me fut bon de pouvoir à nouveau vous lire ! Vos prières, ainsi que les nôtres, semblent avoir été entendues et exaucées avec davantage d’ampleur que nous ne pouvions l’espérer. La fatigue commence enfin à me quitter et je me fais une joie de reprendre le cours de mes activités. Comme il me fut profitable d’apercevoir à nouveau la mer et de profiter de l’air marin ! Il est vrai que je n’ai jamais été une âme prompte au repos, ni à l’enfermement, fusse-t-il pour ma propre santé. Du moins, selon les propos du Mestre. Trios seul peut maintenir les Tyroshis loin des flots. Il en va de même pour moi. Il me tarde de pouvoir emmener Darna avec moi pour lui faire découvrir toutes les beautés du monde marin. Et que dire du reste de Dorne ? Il y a tant de choses qu’elle devra découvrir, que cela soit grâce à nous, ou par elle-même. Je prierai pour que les noces de Lady Daria soient un succès comme les nôtres purent l’être et pour que le Dieu Ivre se tienne loin de son foyer. Quelle connaisse une joie semblable à la mienne, le moment venu.
Rendez-vous compte, c’est une petite fille déjà fort rieuse, qui se plaît à nous interrompre de ses gazouillements lorsque que nous conversons, son père et moi-même. Un véritable petit rayon de soleil printanier ! Et dire qu’elle m’ a semblé si frêle, lorsque le Mestre l’avait déposée pour la première fois dans mes bras. Fort est de constater que je me suis fourvoyée sur ce point. Darna semble avoir hérité d’une fort bonne santé et d’une énergie toute aussi forte. Je gage que, dans quelques années, elle saura à même de nous semer sans mal et de se jouer de nous, comme je pouvais le faire durant mes jeunes années ! Le Dieu Ivre a ainsi vengé mes chers parents, semble-t-il. Il est vrai que je les ai fortement éprouvés, là où mes aînés se sont montrés plus mesurés. Comprenez donc, je fus la seule fille de ma fratrie. Il me fallait m’imposer !
Votre coffre contient désormais bien des choses. Les autres présents que nous avons pu recevoir y ont déjà trouvé une demeure adaptée. Je ne peux que vous rejoindre sur le fait que certains d’entre seront vite inutilisables dans leur état actuel. Darna grandit tellement vite. Et dire qu’il y a deux lunes, je tenais encore un enfant minuscule contre moi, alors qu’elle prenait sa première bouffée d’air. Aujourd’hui, il me faut faire davantage d’efforts pour la tenir convenablement, bien qu’elle soit toujours légère comme une plume, selon moi. Ma petite oiselle commence déjà à se métamorphoser. Vous m’aviez déjà fait part du fait que les enfants grandissent sans que nous puissions nous en rendre compte. J’en ai désormais la preuve vivante. Je ne manquerai pas de vous faire parvenir quelques esquisses de son visage, bien que je crains qu’elles ne soient déjà dépassées, lorsque qu’elles vous parviendront. Cela sera l’occasion pour moi de vous en faire parvenir de nouvelles.
Il m’est encore mal aisé de me séparer d’elle plus de quelques heures, je me dois de vous le confesser. Qui plus est, mes dames semblent s’être attachées à elle également. Quant au Prince mon époux, la douceur qu’il peut avoir à son égard me réchauffe le cœur. Nous apprenons ensemble à vivre avec elle et tâchons de passer du temps ensemble à ses côtés lorsque nos responsabilités nous le permettent. Je ne peux qu’espérer que vous aurez un jour l’occasion de rencontrer cette petite. A moins que cela soit à mon tour de vous rendre visite au Grès, lorsque le temps nous le permettra ? Alors nous aurons l’occasion de discuter comme il se doit ! Faites part de mes félicitations à votre fils, que cela soit pour son adoubement, que pour ses fiançailles. Que Trios et les Sept leur permettent, à lui et à Lady Leliah de connaître un mariage fort heureux, lorsque le moment sera venu !
Ainsi, le Grès regorge d’heureux événements à célébrer ! Je ne peux qu’espérer que vous vous trouvez en bonne santé, Ysolde. Je vous sais bien entourée, en votre demeure. Je ne peux qu’espérer que votre famille a bien pris cette nouvelle. Une chose est sûre, ce nouveau printemps nous réserve encore bien des surprises ! Prenez soin de vous, ma tendre amie, et que les Dieux veillent sur les vôtres. Il me tarde de recevoir à nouveau de vos nouvelles.
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 303, Lune 8, Semaine 3
J'ai rit en imaginant la frimousse enjouée de votre petite Darna. Je peux sans complexité voir votre visage souriant sur celui plus potelé de cette jeune enfant. Quel bonheur d'accueillir une nouvelle princesse en ces temps troublés ! Je crois qu'il n'y a rien de plus précieux que la vie. J'espère que notre prince saura se souvenir de cela.
Je rêve de la mer. Vous m'avez projeté une image si agréable en me décrivant les embruns de l'océan. Lancéhélion me manque. Je n'ai à perte de vue que ce désert sans fin, cette mer de sable qui se joue de nous et qui n'est, que rarement, traversé par des caravanes et des marchands. Je regrette l'euphorie des rues de la vieille ville. Je me morfonds de la fraîcheur du vent marin, du goût de l'air chargé de sel et surtout des échoppes qui me manquent si terriblement, ici, au Grès. J'aime ma maison, je lui voue beaucoup d'attention et je veille à ce qu'elle résiste aux assauts du temps et des sables. Mais rien ne vaut Lancéhélion. Ces parfums, ces bruits, cette mer. J'ai hâte de vous revenir et de pouvoir goûter à nouveau au plaisir de votre compagnie, mais aussi à mes flâneries me menant vers mes marchands favoris. Nous pourrions ainsi étoffer la garde-robe et la chambre de la petite Darna ! Je suis certaine que vous la gâtez déjà suffisamment, mais rien ne saurait sustenter une femme enceinte lorsqu'il s'agit d'achats compulsifs. J'apprécierai tellement de vous savoir auprès de moi. Je gage que le voyage serait long et fastidieux pour une femme en compagnie d'un bébé en si bas âge… Nous partagerons cela prochainement lorsque nos enfants auront le loisir de pouvoir se côtoyer. Darna aura alors tout le loisir d'apprendre à note futur enfant à naître, les chapardages que vos dames de compagnie pourront lui apprendre… Sachez-le ! Vos dames seront à la fois vos amies, mais aussi les siennes. Vous comprendrez rapidement que les secrets de votre fille seront gardés précieusement à votre défaveur. Que ne sauraient conquérir des yeux doux et un cœur pur ? Il me tarde de la rencontrer et se met à l'épreuve ma résistance.
Je pourrais assurer que même un tremblement de terre ne saurait remettre à plus tard les souhaits d'alliance de Gulian et Leliah. Je gage que mon fils ne se laissera pas impressionner par une attaque de dragon ou une guerre en préparation… De surcroît, j'ai déjà débuté les préparatifs et je refuse de voir repousser tous mes efforts d'une durée qui demeure à ce jour indéterminé. Verrons-nous, seulement, un jour, les dragons voler jusqu'à notre porte ? Je pense que le roi Rhaegar aura bien d'autres affaires à se soucier lorsque la guerre sera terminée. Il sera vivant ou bien mort. Dans un cas comme dans l'autre, ses bannerets devront se reconstruire. Je crains que cette guerre fratricide ne soit à l'image de la devise Tragaryen. J'organiserai de fait ces noces. Quoi qu'il advienne. Évidemment, par respect, tout ceci sera fort intime et loin du chatoiement qu'un mariage en temps de paix nous aurait permis d'organiser. Mais… Je me rattraperai avec mes cadets. J'ai de multiples fils, et de nombreuses filles. Une occasion saura survenir au moment venue. Espérons que je donne naissance à un fils. Nous pourrions ainsi unir notre amitié en une puissante union maritale. Imaginez-vous ? Toutes deux, belles-mères ! Quelle idée ravissante.
Quatre lunes déjà, et je me porte comme un charme. J'ai le ventre arrondi, les cuisses charnues et la poitrine large, au plus grand plaisir de Quentyn ! Je n'ai aucun symptôme. Je me porte comme un charme. Je demeure néanmoins inquiète quant à l'accouchement. Je crains l'effet des années et il est connu qu'une femme survie moins bien à une naissance lorsqu'elle avance en âge. Je prie les Sept pour qu'ils m'accordent vigueur et force, et que cette grossesse, soit la dernière. J'estime avoir grandement rempli mon rôle pour cette famille. J'ai autant de vergetures pour le prouver.
Transmettez mes salutations au prince Quentyn ainsi que de chaleureux baisers à la princesse Darna.
Affectueusement vôtre,
Ysolde.
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, An 303, lune 9, semaine 2.
Ma chère amie,
Plus les jours passent et plus Darna me ressemble. L’image que vous vous faites d’elle n’est donc en rien erronée ! Je vous avoue être surprise de voir que c’est de moi qu’elle semble le plus tenir. Le Prince mon époux ne semble cependant pas en prendre ombrage, bien au contraire. Il lui a d’ores et déjà trouvé quelques points communs avec sa personne et se plaît à me les rappeler de temps à autre. Le Mestre m’a assuré qu’elle grandissait aussi bien qu’il était possible de l’attendre pour une enfant de son âge et qu’elle se trouvait en fort bonne santé. Un point qu’elle partage davantage avec son père qu’avec ma propre personne, je le crains. Les choses sont sans doute mieux ainsi ! Hélas, mon cœur est toujours en proie à de nombreuses craintes que vous ne connaissez que trop bien. Je n’ai pas fini de me faire du mauvais sang. Et dire qu’elle ne sait même pas encore marcher !
Un jour viendra où nous nous retrouverons à Lancehélion. Tout du moins, je me plaît à l’espérer. Alors, vous pourrez voir cette mer que vous me décrivez si bien. Le Détroit n’a rien à envier à bien des océans, bien que je lui préfère la Mer d’Été. Les bateaux cygnes doivent y être pour beaucoup, je vous l’accorde ! Il n’y a pas de plus belle et de plus appréciable embarcation que celle-ci. Mais veillez m’excuser, il semblerait que même à l’écrit, il arrive à mon esprit de s’égarer ! Il me tarde de me trouver à nouveau en votre compagnie, au Grès comme à Lancehélion. Peut-être pourrais-je un jour visiter votre demeure ? Vous me l’avez fort bien décrite, mais je crains ne jamais m’y être rendue ! Hélas, vous ne parlez que trop justement. Le désert est un lieu fort dangereux pour des adultes. Qu’en serait-il pour une enfant ?
Qui plus est, le Mestre me refuse encore certaines activités, jugeant que le repos m’est toujours préférable pour le moment. Lui donner raison m’est douloureux. C’est pourtant le cas. Mes dames me rappellent régulièrement ses recommandations, plus qu’elles ne le devraient sans doute. Comprenez-moi, ma famille ne m’a guère habituée à l’oisiveté ! J’ai fait mon premier long voyage en mer alors que je n’avais que treize ans. Et avant même cela, ma pauvre tante se plaignait du fait que je tienne plus de la Dothraki que de la Tyroshi, tant l’équitation était une activité que je pratiquai régulièrement. Je gage cependant que je serais en forme pour vous accueillir, lorsqu’il sera question de votre venue à Lancehélion et que nous pourrons faire tout ce que vous avez mentionné ! Je gage que Darna saurait s’entendre avec l’enfant que vous attendez, lorsque les Dieux lui auront offert son premier souffle. Quant aux chapardages… Le Dieu Ivre pourrait me punir des miens par le biais de ma chère fille. Que mes dames lui soient déjà toute acquise ne m’étonne guère. On m’a souvent dite magicienne, ma tendre amie. Darna pourrait donner raison à de tels racontars, si j’en crois la manière dont elle semble attirer l’attention !
Des dragons… Le Prince Oberyn en a déjà vu et m’a fait le récit de leur vol dans les cieux de Port-Réal. Les Dieux sont bien moqueurs envers nous, pauvres Mortels, pour avoir créer de si belles créatures avec un tel potentiel de destruction. Mon époux se plaît à me répéter que Dorne a déjà résisté au feu de plusieurs dragons. Les chroniques lui donnent raison, j’ai pu m’en rendre compte de mes propres yeux. Seuls les Dieux peuvent savoir si nous verrons des dragons porter assistance à ceux qui voudraient s’en prendre à Dorne. Je prierai pour le bonheur de votre fils et de sa future épouse. Mon cœur se fait plus léger, à cette idée. Si nous risquons de traverser des temps fort sombres, il existe encore quelques lueurs pour nous permettre de trouver du réconfort. Ce mariage en est une.
Je me plaît à croire que le fait que vous attendiez un nouvel enfant est également l’une de ces lueurs. Je ne suis guère adepte des Sept, je vous prie de m’excuser. Trios est le Dieu qui m’a façonnée, comme il façonnât mes ancêtres. Je tâcherai cependant de laisser un cierge devant la statue de la Mère, au Septuaire, afin qu’elle veille sur vous et votre enfant à naître. Prier me sera plus malaisé mais je puis faire cet effort pour vous. J’ai bien transmis vos salutations à mon époux. Faites de même de part au vôtre. De bien mornes temps s’annoncent et nous nous devons de veiller les uns sur les autres. Quant à ma fille, je nourris l’espoir que vous puissiez un jour prochain la saluer par vous-même.
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 303, Lune 10, Semaine 1
Toutes ces nouvelles m'ont fait beaucoup de baume au cœur. Imaginer votre chère petite fille, imaginer la mer, imaginer les bateaux cygnes… Je n'ai jamais eu le plaisir d'en voir de mes propres yeux. J'ai questionné Quentyn à leur sujet, qui, en évinçant tout détail ornemental et décoratif, m'a parlé de leur rapidité sans égale et de leur structure magistrale. Je ne peux qu'estimer grossièrement l'envergure d'un tel navire tant ma méconnaissance des boutres et des rafiots en tous genres est si peu approfondie. Je crains fort que seule leur élégance pourrait parvenir à me convaincre. Je suis certaine que vous parlerez bien mieux de cela que mon époux qui ne sait guère faire la différence entre un cactus et une fleur rare. J'ai, de mon coter, continuer l’aménagement de note jardin de cactus… Malheureusement, au cœur du désert, peu de choses poussent et nous sommes dépendants des caravanes pour la livraison de nos denrées. Mon unique oasis, bien pâle comparaison des Jardins aquatiques, est un jardin de cactus que j'ai fait aménagé et que j’enrichis régulièrement. J'ai profité de cette période prérécession pour garnir plus encore les allées de mon jardinet… Je crains que bientôt Quentyn ne mette son nez dans mes comptes et ne restreigne mes dépenses. Ma douce Talya, quels sacrifices ne ferions-nous pas pour la guerre à venir ? Je me le demande bien.
Je vous ordonne de suivre les conseils de votre mestre et de garder le lit s'il juge cela plus raisonnable. Je suis certaine qu'en dépit de votre éducation complète, vous n'avez pas étudié l'art de la médecine et l'anatomie . Auquel cas, écoutez ses conseils, quand bien même ce sont à l'encontre de votre quotidien et de votre tempérament. Je suis certaine que vous souhaiteriez éviter toute complication post-natale malencontreuse. Pour ma part, j'ai faim à longueur de journée. Je ne fais que me nourrir de figues, de feuilles de vigne et de tout ce qui me passe sous la main. Je crois que je n'ai jamais autant mangé dans aucune de mes précédentes grossesses. Quentyn observe mon appétit débordant avec une certaine jalousie, lui, qui, s'il se goinfre, finit inévitablement par grossir. Vous imaginez bien. J'ai demandé à mes cuisiniers de me servir des rafraîchissements, mais là encore, c'est une réelle complicité au milieu du désert… Que ne donnerais-je pas pour de l'eau glacée ? Me baigner dans un bassin. Plonger mes pieds dans les embruns marins. Sentir l'odeur iodée de la mer. Tout ceci me donne envie de manger du poisson… Est-ce seulement raisonnable de vous écrire ainsi ?
Je crains que nous ne finissions par nous-mêmes les contempler Talya… Le Grès a déjà été rendu à la poussière lors de la précédente guerre contre les Targaryen. Ma famille a tout reconstruit jusqu'à la moindre pierre, et nous avons paré à toute éventualité pour fuir. Est-ce ainsi que nous devons envisager l'avenir et celui de nos enfants ? Une épée au-dessus de nos têtes, craignant qu'elle ne finisse par s'abattre. Aurions-nous la paix si le prince Viserys remportait la victoire sur son frère ? Je ne crains que non. Pas plus que si c'était Rhaegar qui sortait victorieux de ces affrontements. Survivra-t-il à sa folie ? Rien n'est moins certain. Autant de questions en suspens desquelles dépendant le sort de Dorne. Je crois que toute l'aide divine sera bénéfique. Les Sept. Trios. R'hllor même. Le dieu des enfants de la Sang-verte. Je crois que partout dans la principauté des chandelles devraient être allumé, toutes les divinités priées pour nous garder du malheur, du chaos et de la destruction. Prions toutes deux mon amie, séparées physiquement mais unies par l'esprit.
Affectueusement vôtre,
Ysolde.
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, An 303, lune 10, semaine 4.
Ma chère amie,
Je puis vous assurer que j’ai pris tout le repos qu’il m’était demandé. Cela fait désormais plusieurs semaines que la surveillance à mon égard s’est pour ainsi dire dissipée. Les choses sont sans doute mieux ainsi ! Fort était de constater que mes humeurs étaient parfois fort mauvaises, une chose pour laquelle je ne peux que m’excuser auprès des personnes qui en firent les frais. J’ai pu retrouver avec joie l’air marin. Il me tarde de pouvoir emmener Darna avec moi, lorsqu’elle sera en âge de profiter d’un tel spectacle. Le Prince mon époux a par ailleurs évoqué le fait de la présenter à ma propre famille. Il est vrai que mes frères me pressent de détails, à ce sujet. A moins que cela ne soit leurs enfants, qui souhaiteraient connaître leur cousine ? Je ne saurais le dire ! Hélas, Darna est encore trop jeune pour effectuer un tel voyage. Le Détroit n’est pas la mer la plus dangereuse qui soit. Il n’en reste pas moins qu’une traversée de plusieurs jours n’est pas envisageable pour une enfant aussi jeune.
Il en va de même pour tout autre voyage, qui plus est. La plupart des déplacements sont pour le moins éprouvant, même pour des êtres qui s’y seraient accoutumés des années durant. Voyez-vous cela, me voilà devenue plus réfléchie ! J’espère cependant pouvoir me rendre compte de mes propres yeux de l’apparence de votre jardin. L’une de mes Dames, Myria de la maison Dalt, m’a rapporté que certains cactus donnaient des fleurs magnifiques, voire des fruits. Je ne doute pas que vos nouvelles pousses se pareront de tels atours, lorsqu’elles auront pris plus profondément racines. Lorsque ma Dame a appris que vous aviez crée un jardin en plein désert, et après m’avoir fait part de son étonnement, a souhaité vous apporter son secours à sa manière. Certaines plantes peuvent fleurir, dans le désert. Le laurier rose est l’une d’entre elles. Il existerait également, selon ses dires, des plantes éphémères dont les graines dorment des années durant, pour n’éclore qu’une fois que le sol entre en contact avec une petite quantité d’eau. Leur durée de vie est malheureusement fort courte, mais leurs coroles roses, blanches et bleues sont d’une grande beauté, dit-on !
Hélas, vous avez vu fort juste. Si je dispose de bien des savoirs, il m’est plus simple d’apaiser un mal de mer que les troubles dont souffre les femmes que nous sommes. Plus encore avec le retour de la chaleur. L’une des cousines de mon époux m’avait fait part du fait que certaines plantes, une fois pressées, ont des vertus rafraîchissantes. Votre Mestre pourra sans doute vous en dire davantage. Je suis rassurée d’apprendre que vous vous portez pour le mieux. La faim est là un bien moindre mal ! Il faut bien des choses pour apaiser un estomac naissant !
Les dragons… Ma pauvre amie, bien des personnes n’ont que ce mot sur leurs lèvres, tant et si bien qu’il m’arrive d’en rêver. Quand je n’en cauchemarde pas. Les Qorgyle ont connu le feu des dragons, ma Cité a été bâtie par ces derniers. Je pourrai vous citer de nombreuses demeures Tyroshi qui se peuvent se vanter de posséder des statues de dragons. Nombreux furent les contes de mon enfance à relater les aventures de Seigneurs et Dames Dragons Téméraires. Hélas, à présent que des Dragons de chairs et de feu planent dans nos cieux… Ma vision d’eux n’a pu qu’être modifiée. Ces créatures sont sans aucun doute magnifiques. Magnifiquement destructrices. Mon cœur est cependant moins lourd en apprenant que vous pourrez fuir leurs flammes, le cas échéant. Que les Dieux nous en préservent. Dorne se doit d’avoir un avenir radieux.
Que vos Dieux comme les miens vous préservent, vous et les vôtres,
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 303, Lune 11, Semaine 4
Je vous prie d'excuser mon retard dans notre correspondance. Je fais face à un grand chambardement au sein de ma maisonnée. Je vous prie également de pardonner si j'omets de répondre à plusieurs points que vous auriez évoqués dans votre dernière lettre, n'ayant que peu de temps à consacrer à la relecture de celle-ci, je tenterai de vous répondre en usant de ma mémoire.
Je sais gré à votre dame, Myria, des conseils botaniques qu'elle peut me donner. Je crois qu'en d'autres circonstances j'aurai certainement fait commander plusieurs caisses de ces lauriers que vous avez cités. Je les aurai fait planter avec outrance dans mon jardin pour gagner un peu de végétal dans ce vaste jardinet de cactées. Je devrai malheureusement repousser cela à un temps qui sera plus propice à des dépenses non essentielles. Vous transmettrez mes remerciements à cette dernière.
Peu de temps avant votre dernière lettre, nous avons reçus de la part de notre prince Doran, la demande de joindre les finances de notre maison aux efforts de guerre actuellement requis… Quentyn n'a évidemment pas hésité à participer notamment en dirigeant une importante somme d'argent vers les travaux de finalisation de la voie commerciale traversant le désert. Deux semaines plus tard, une nouvelle source de dépenses est venue s'ajouter puisque nous avons reçu ordre de rendre de nouveau viable les anciennes cachettes utilisées lors de la conquête Targaryenne… Quentyn est sur tous les fronts. Je le vois que peu. Il mange mal, et tente de partager le plus de ses décisions avec Gulian. Je ne le vois que peu également. À mon échelle, j'organise un inventaire précis des vivres, et une centralisation de ces dernières. Je ne reconnais pas mon château : d'agréable forteresse il s'est transformé en camp militaire où l'on calcule la plus petite place disponible dans le cas où le sort requérait d'abriter la population. Croyez-bien que vous ne reconnaîtriez rien de ce que j'ai pu vous décrire par le passé. Je crains fort que la situation n'exige d'autres sacrifices. Je me rends compte avec violence que j'imaginais très mal ce que préparer une guerre entendait… Les soldats ne sont pas encore à notre porte que j'ai d’ores et déjà la sensation d'être assiégée. Nos plus jeunes posent beaucoup de questions. Je tente au mieux de leur délivrer des réponses que parfois je ne possède pas. Qu'en est-il à la capitale ? Est-ce aussi frénétique qu'ici ? Je déplore cette agitation parfaitement mauvaise pour une femme enceinte comme je le suis, pour une toute jeune mère comme vous l'êtes, ou pour un nourrisson, comme l'est Darna.
Je crois me souvenir que vous évoquiez un possible voyage vers Tyrosh dans votre précédent courrier ? Pensez-vous à aller vous abriter auprès des vôtres ? Je ne pourrais que déplorer votre départ, néanmoins, je comprendrai votre décision de vous mettre à l'abri de tout ceci. Les dragons ne sont pas encore au-dessus de nos têtes que toute cette situation sent déjà dangereusement le souffre. Je termine précipitamment cette lettre. Pardonnez mon manque de bonnes nouvelles. Je crois qu'elles tendent à se raréfier dans les prochaines lunes. Que Trios guide vos pas en sécurité. Que les Sept guident les miens vers la sécurité.
Affectueusement vôtre,
Ysolde.
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, An 303, lune 12, semaine 2.
Ma chère amie,
Je vous en conjure, n’oubliez point de prendre soin de votre santé et de celle de votre famille. Je ne peux comprendre les mots qui sont les vôtres. Le Palais Vieux est aussi animé par une activité que je ne lui connaissais que peu jusqu’à présent. La situation semble s’aggraver, en cela je pense que nous tomberons aisément en accord. Ou tout du moins, elle pourrait finir par le devenir. Aussi devons-nous nous préparer au pire. On ne gagne pas forcément une guerre en aiguisant une épée. Il faut également renforcer le bouclier qui l’accompagne, sans quoi il cédera à la première attaque et il en sera fini de nous. Tyrosh est connue pour ses mercenaires, le saviez-vous ? Il est vrai que cela a parfois entaché notre réputation. Toujours est-il que l’art de la guerre ne m’est pas inconnu, bien que je le laisse fort volontiers à mes frères, et à présent à mon époux et aux hommes d’armes liés à sa famille depuis bien avant mon arrivée.
Je suis certaine qu’un jour prochain, nous pourrons observer un tel jardin cependant. Sans doute pourrais-je venir le voir en personne, le moment venu ? Seuls les Dieux le savent, mais cette idée me permet de voir au-delà des troubles qui s’annoncent. La nuit est sombre et pleine de terreurs, diraient les croyants du Dieu Rouge. Peut-être que cet adage comporte une once de vérité. Si tel est le cas, il nous faut tâcher de garder à l’esprit que toute nuit est faite pour cesser et que le soleil chassera toujours la lune le moment venu. Je n’ai pas manqué de remercier Lady Myria pour vous. Je pense qu’elle partage votre désarroi. La situation que nous connaissons n’est guère propice aux dépenses inutiles et aux arts qui le semblent tout autant…
Puisse les Dieux vous accorder un peu de repos, à vous comme à votre époux et à votre fils. Vos engagements sont des plus louables. Le manque de sommeil ne doit pas avoir raison de vous, cependant. Sans quoi, si des dragons venaient à se trouver dans nos cieux, nous ne pourrions réagir avec la rapidité nécessaire. Je pourrai sans doute décrire un phénomène proche à Lancehélion, bien que dans une moindre mesure. La plus grande différence pour moi est cependant d’une toute autre nature que la vôtre. Alors que je rédige ces mots, mon époux se trouve sur le départ. Denfert sera sa destination. En bonne épouse, je n’ai pu que l’encourager à s’y rendre, à honorer la confiance de son père pour cette tâche qui lui fut confiée. Mon cœur de mère ? Il se serre en songeant au fait que Darna n’a que trop peu connu son père. Mon coeur de femme ? Il y perd un ami des plus précieux, qui l’a accompagné depuis ses premiers jours à Lancehélion.
N’y voyez pas de l’amertume envers la famille qui est désormais la mienne, ma tendre amie. Les Martell ont toujours été exemplaires à mon sujet. Mon âme doit juste se faire au fait que je suis pour la première fois séparée de mon époux depuis mon arrivée à Dorne. Darna se porte sans doute mieux que moi, à ce sujet. Son esprit est encore bien trop jeune pour formuler des questions comme peuvent le faire vos plus jeunes enfants. Que les Dieux nous permettent de leur offrir le monde de demain qu’ils méritent, tous et toutes autant qu’ils peuvent être. Un monde que nous pourrons leur présenter fièrement, après l’avoir peut-être défendu âprement.
Tyrosh… Il est vrai que peu de personnes penseraient à m’atteindre en une pareille Cité. Ce qu’un dragon érige, un autre ne peut détruire. Ma place est cependant à Dorne et à Lancehélion. Quant à ma fille, je ne sais encore quel sera son sort. Elle reste à mes côtés pour le moment, bien que je gage que si la situation l’exigeait, mon père l’accueillerait à bras ouvert, tout comme mes frères. Ils ont eux-mêmes plusieurs enfants et se feraient un plaisir d’introduire ma petite Darna dans cette tribu déjà nombreuse. Je me plaît cependant à songer que cela ne sera pas nécessaire. Que nous trouverons une autre solution.
Que vos Dieux comme les miens vous préservent, vous et les vôtres,
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 303, Lune 13, Semaine 3
Je crois que vos mots ont devancé mon état. La nervosité ambiante a eu raison de mon état physique qui, sans se dégrader, à appeler au repos. Selon le mestre, je devrais accoucher d'ici la prochaine lune, ce qui explique, en partie mon état de fatigue et mon manque de discernement quant aux préparatifs qui incombent au Grès… Je voudrais tout faire mais visiblement, cela ne m'est pas permis. Gulian a pris la relève au sujet de la militarisation du château et épaule son père dans les différents projets auxquels la maison Qorgyle à souhaiter participer pour la préparation de Dorne à la guerre. Quant à moi… Je passe du lit au sofa, de fauteuil à la chaise, en préparant un mariage que nous avons décidé de maintenir. Je suis ravie de vous annonce que Gulian épousera bel et bien lady Leliah Allyrion en lune 02 de l'année prochaine. Nous avons décidé d'organiser ces noces à huis-clos. Seules seront présents la maison Allyrion et notre famille. Je suis fortement peiné de ne pouvoir organiser un grand événement pour le mariage de notre fils aîné et héritier. Néanmoins, j'ai dû me résoudre à la perspective que cette période exigeait la sobriété et que les efforts tout entier devaient être tournés vers notre défense. Je gage, mon amie, que je me rattraperai avec mes cadets et que je ferai affichage d'une monstrueuse extravagance en guise de dédommagement.
Vous évoquez les mercenaires de Tyrosh dans votre dernière lettre, pensez-vous que le prince Doran va jouer de ses relations extérieures pour venir apporter du soutien aux forces de la principauté ? Je pense que nous ne serons pas de trop pour affronter les dragons. Je suis encore à réfléchir s'il conviendrait mieux pour notre peuple d'attendre patiemment l'arrivée des dragons ou bien de frapper les premiers ? Je suis certaine que vous saurez éclairer mes pensées de votre avis à ce sujet. Mon cœur de femme, d'épouse et de mère me dit d'attendre, mais cette patience finira par me ronger. Puissions-nous être gardés du feu et du sang…
Je suis attristée d'apprendre le départ de Quentyn pour Denfert. Cependant, je vous sais bien entourer par vos proches, et lui, à l'abri auprès de lord Uller. Je comprends tout à fait vos mots. J'étais moi-même affligée de savoir mon fils loin de Dorne lorsque la situation est venue à se tendre entre notre nation et le reste de Westeros. J'ai regretté alors que Oberyn ne soit pas revenu, j'ai regretté d'avoir fait confiance aux Martell, mais rapidement j'ai réalisé qu'ils savaient parfaitement ce qu'ils faisaient. Ils ont une conscience aiguë des sacrifices, des risques et de ne sont pas prêts à imposer cela au moindre habitant de notre principauté… Pauvre ou riche. Je sais l'amertume des jours à venir, et je vous rejoindrai certainement dans votre inquiétude sur des sujets à venir. Nous ne savons pas encore totalement ce que nous prépare la guerre à venir.
Je vous laisse mon amie. Je crois que le sommeil ne saurait attendre plus longtemps ma venue… Je peine à réaliser que je vais m'endormir en plein cœur de l'après-midi. Je vous reconduis toute mon affection, et que mes pensées vous accompagnent, et que les dieux vous gardent.
Affectueusement vôtre,
Ysolde.
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, An 304, lune 1, semaine 1.
Ma chère amie,
Je ne sais dans quel état vous vous trouverez lorsque ce pli vous sera remis. Je prie pour qu’un enfant en pleine santé se trouve dans vos bras lorsque votre Mestre vous remettra cette lettre. Fille ou garçon, je gage que vous l’aimerez de pareille façon et qu’il ou elle trouvera pleinement sa place au Grès, le moment venu. Je suis certaine que votre fils a pris toute la mesure de la responsabilité qui était la sienne et qu’il a mené sa mission à bien. Transmettez donc mes félicitations à votre fils et à Lady Leliah. Je gage qu’ils forment déjà un fort beau couple et qu’ils sauront égayer votre demeure malgré l’ombre qui recouvre les temps actuels. Je tâcherai de leur faire parvenir un présent, lorsque la paix nous permettra d’agir de la sorte. Ce n’est pas tous les jours qu’un héritier trouve épouse, c’est là un fait avéré. Un fait qui sera célébré en même temps que cette paix à laquelle nous aspirons tous et toutes.
Je ne suis point dans les pensées de mon beau-père mais je gage que son esprit est fort aiguisé. A bien des égards, Essos et Dorne, à défaut d’être des sœurs comme peuvent l’être les Cités Libres, sont des cousines qui se sont toujours fortement côtoyées. Je ne sais si les Trois Filles comme vos ancêtres les appelaient alors accepteront de combattre à nouveau les dragons comme elles avaient pu le faire pendant la Danse. Si elles peuvent se targuer d’avoir abattu deux dragons durant la Bataille du Gosier, bien qu’indirectement dans un cas, je ne sais quels seraient leurs intérêts à l’heure actuelle. Nul doute que mon père n’apprécie que peu cette situation. Du moins, je le pense.
Dans de tels jeux, Tyrosh a toujours eu des desseins proches de Dorne, de part leur proximité géographique. Cependant, seul l’avenir nous renseignera à ce sujet, je le crains. Les Cités Libres de Lys et de Myr peuvent également voir les choses ainsi, à mon sens. Le commerce est leur veine principale, une réelle artère. Dorne est le point de chute de nombreuses denrées et de nombreuses productions, comme d’autres Cités Libres. La guerre est mauvaise pour nous comme pour eux. S’ils peuvent la limiter, peut-être agiront-ils afin de préserver leurs intérêts. Notons cependant que les anciennes Possessions ont toujours fait preuve d’une certaine prudence concernant Westeros. Tout se jouera dans les prochaines lunes, je le crains.
J’aurai aimé vous rassurer à ce sujet. Plus encore si vous vous trouvez proche de la délivrance. Je ne suis qu’une femme, une étrangère qui plus est. Avant que mon père ne m’annonce que j’épouserai l’un de vos Princes, mon destin semblait tout dirigé vers Essos et ses Cités Libres. Aussi ai-je les mains liées dans bien des cas. Ma mère était d’une toute autre trempe. Je ne doute pas que mon beau-père a toutes les cartes en main pour nous préserver, pour éviter le pire. Il a toute ma confiance. Gardons espoir, ma chère amie. Des lendemains plus lumineux nous attendent. Il me semble que Dorne a déjà résisté par plusieurs fois aux flammes des dragons. Je gage que cela sera encore le cas à l’avenir. Et si leur feu venait à nous atteindre, ce que je ne souhaite pas, des cendres la Principauté renaîtra. Insoumise, Invaincue, Intacte d’une certaine manière.
Que la Mère veille sur les vôtres et sur vous-même.
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 304, Lune 02, Semaine 2
Je vous adresse cette lettre avec une joie non dissimulée. Je ferais ainsi abstraction de la guerre qui nous menace, du malheur qui pourrait s'abattre, du feu et du sang qui nous guette pour ne vous parler que des bonheurs qui me touchent et que je souhaite vous partager. J'ai accueilli votre lettre avec un grand plaisir puisque j'ai pu ainsi profiter de la lecture de vos beaux mots, ma fille juste née, lovée au creux de mes bras. Je peux vous l'annoncer, la jeune Élia Qorgyle vient de pointer le bout de son nez dans ce monde dangereux et sauvage. Elle se porte bien, est en grande forme, prends quotidiennement du poids depuis sa naissance, et fait preuve de beaucoup de voix pour se faire entendre dans le Grès. Je ne sais de qui elle tient ces cordes vocales, mais je suis certaine que cette petite saura se faire sa place à Dorne. Je suis tellement pressée que vous puissiez la rencontrer, que je puisse également voir de mes propres yeux la princesse Darna, et que nos deux filles, si proches en âge, puissent devenir aussi amies que nous le sommes en dépit de nos cultures différentes et de la distance qui nous sépare. Je saurais qu'affirmer le fait que vous êtes, certes, loin de mes yeux, mais si proche de mon cœur, ma douce Talya.
Une bonne nouvelle venant jamais seule. Nous avons ouvert notre porte à la maison Allyrion à laquelle nous nous sommes unis cette semaine grâce aux noces de Gulian et Leliah. J'aimerais pouvoir vous assurer que je n'ai pas pleuré, mais voir ainsi son fils aîné devenir un homme sous ces yeux vous provoque une émotion si vive, que je n'ai su me retenir. Je ne pourrais être plus fière de l'héritier qu'il est devenu, car s'il est né pour le devenir beaucoup de ceux qui naissent pour devenir quelqu'un ne finissent pas nécessairement par en avoir les épaules. Regardez le prince Aegon, destiné à régner, et qui pourtant, à reculer d'un pas, renonçant au trône. Je suis tranquillisée. Je sais que l'avenir s'annonce radieux pour la maison Qorgyle, que jamais le Grès ne pourra disparaître, il résistera toujours quelque chose de nous, scorpions, et nous renaîtrons, quoiqu'il nous arrive dans la guerre qui va nous frapper, tôt ou tard. Je ne saurai vous décrire la cérémonie qu'avec des mots simples puisqu'il s'agissait d'une fête privée loin du faste de votre union ou encore de la mienne, en d'autres temps. La guerre nous a imposé la sobriété, mais il s'en est dégagé bien plus de chaleur que je ne le pensais.
J'ai appris par mon époux que Lancéhélion avait accueilli une délégation fer-née pour négocier un accord commercial, et notamment des autorisations de mouillage pour la flotte de ces loups de mer. Je ne saurais dire si cela constitue une bonne chose ou une mauvaise, ces pirates sont-ils connus pour honorer leurs engagements ? J'ai beaucoup d'amertume envers cette nation qui a, par le passé, attaqué nos côtes et mis en danger notre peuple, et ma famille. Les avez-vous vus ? Sont-ils aussi laids qu'on le dit ? Sentent-ils la pisse et l’iode ? Je crois que l'image que je me fais d'eux n'est guère glorieuse. Des monstres des mers, tout au plus. Des hommes aux mains palmés, aux yeux globuleux et à la face de phoque. Imaginez-vous de tels hommes possibles ? Je ris seule face à mon papier. J'espère que vous rirez vous aussi de mes bêtises.
Invaincue, insoumise, intacte.
Puissent les Sept veillés sur vous. Puisse Trios veiller sur vous.
Affectueusement vôtre,
Ysolde.
@Talya de Tyrosh
Le Soleil de Tyrosh
Palais Vieux, An 304, lune 2, semaine 4.
Ma chère amie,
Vos mots n’ont pu que provoquer une profonde joie en mon cœur ! Puissent la Mère et la Jouvencelle veiller sur votre petite Elia et sur vous-même. Je vous sais bien entourée, tout comme votre fille. Vous avez une grande et belle famille dont vous pouvez être fière, ma chère. Je gage que la naissance de cette petite est de bon augure. Du moins, je l’espère de tout cœur et je prierai en ce sens. Que cette chape de plomb s’étiole et finisse par se dissiper. Comme j’espère pouvoir me rendre compte de mes propres yeux la scène que vous tissez dans vos mots. Que ma fille puisse rencontrer la vôtre, qu’elles puissent vivre toutes les deux en paix et profiter de ces jeux que devraient connaître tous les enfants.
Transmettez mes meilleurs vœux à votre fils et à sa nouvelle épouse. Si les temps avaient été différents, s’il nous avait été possible de nous réunir comme nous le faisons en temps normal, je n’aurai pas manqué de faire le déplacement. Si une mer déchaînée ne m’a jamais empêchée d’arriver à bon port, un désert n’aurait pu me retenir plus que de raison. Je ne peux savoir quels sont les desseins des dieux peuvent avoir pour nous ou pour Dorne dans son entièreté. Je ne peux cependant m’empêcher de croire que le moment venu, nous pourrons célébrer la fin des dangers pour nous tous. Pour nous toutes. De l’artisan aux nobles familles dont nous faisons partie. Nous devons garder patience et espoir. Dorne a connu bien des troubles durant sa longue histoire. Et pourtant, nous sommes toujours là pour écrire à son sujet.
Vos mots n’ont pu que me causer quelques rires, en effet ! Néanmoins, je me dois de vous détromper. Je n’ai guère de voix à donner dans ce chapitre. Il m’a cependant été donné d’apercevoir certains de leurs navires. Du moins, je ne crois point me tromper à ce sujet. Les navires d’Essos sont bien différents de ceux que j’ai pu apercevoir de mes yeux. Les Tyroshis arborent le plus souvent des voiles colorées, quand ce n’est pas les coques, les Estiviens ont leurs bateaux cygnes, et j’en passe bien d’autres. Nous profitons des bois rares qui poussent et croissent sans mal dans les régions plus chaudes. Cela donne à nos embarcations des teintes plus claires, parfois striées naturellement. Si je n’ai pas aperçu les Fer-Nés, je peux cependant vous dire que leurs navires font pâle figure par rapport à ceux que j’ai toujours connus.
Je gage cependant que mon beau-père a pris une décision éclairée en écoutant les idées qui étaient les leurs. Mon coeur est cependant tenu apaisé. Leurs exactions ne seront plus dirigées vers nous ou vers les Cités que j’ai toujours connu. Ces pillages dont vous parlez, je ne les aie point connus. Le Grès et ses alentours seront cependant plus paisibles ainsi, bien que je puisse entendre les doutes que vous pouvez ressentir à ce sujet. Que votre esprit puisse s’apaiser aux côtés de votre petite Elia et du reste de votre famille. Je ne puis qu’espérer que nous nous reverrons bientôt.
Que les Dieux veillent sur vous et sur tous les habitants du Grès,
Votre amie, Talya de Tyrosh.
Invité
Correspondance Ysolde et Talya
An 304, Lune 03, Semaine 1
Ma lettre sera brève. Je vais bientôt prendre le chemin de Lancehélion. Je serai concise car je ne doute que nous ayons, au moment de notre rencontre, beaucoup à nous dire… De surcroit, mon cœur est empli d’une peine et d’une colère qui ne me permettent pas de trouver les mots justes pour exprimer ma pensée. Nous quittons le Grès, un fait qui devrait me réjouir et me faire déborder d’allégresse, je vais, en effet, vous revoir, vous, qui me manquez depuis de si nombreuses lunes, ainsi que rencontrer votre petite Darna… Comme nous l’avons tant évoqué au travers de notre correspondance. Je vais pouvoir également revoir mon tendre ami, le prince Oberyn, ainsi que ma chère Ellaria… Malheureusement, mon cœur ne parvient pas à occulter la raison de notre venue à la capitale. Le prince Doran a proposé aux Dorniens qui le souhaitaient de quitter nos rivages pour des contrées plus sures, loin de la guerre et de ses ravages, loin des dragons et de leur feu. Après d’âpres discussions, Quentyn n’a rien voulu savoir, il n’a pas souhaité écouter le cœur d’une mère qui se lamente déjà de ses enfants. Quentyn a pris la décision que ma belle-sœur, Daïssa, mènerait en sécurité sa plus jeune fille, Qetsia, ainsi que mes deux plus jeunes enfants : Nabella et Amma. Je pleure tandis que j’écris ces lignes. Quentyn est inflexible. Il ne changera pas d’avis, et c’est donc, la mort dans l’âme que je vais faire le voyage jusqu’à vous, jusqu’au port où mes toutes petites embarqueront, s’éloignant de moi. Pardonnez mes pensées, pardonnez mes mots, je souhaitais vous prévenir de ma venue, cela est chose faites. Je n’ai plus guère le cœur à écrire plus encore. Nous nous verrons bientôt.
Votre Ysolde.
@Talya de Tyrosh