Du temps pour nous l Feat Lehna Kenning

Date d'inscription : 01/01/2021

# Mar 1 Juin - 23:07

Du temps pour nous

An 303, Lune 6
Lehna et Darren Kenning

Des mouches. Des mouches par centaines virevoltaient autour des portes de la ville et de son château. Non pas qu’un troupeau circulait dans les rues. Le marché ne s’était pas tenu depuis un moment. Conséquence de la récente lutte d’influence à Kayce, les échoppes et ruelles ne débordaient guère de monde, et la garde patrouillait jour et nuit pour débusquer les derniers fidèles de “feu” Lord Kenning. Si un tel ballet aérien se tenait devant les murs de Lord Darren Kenning, surnommé depuis peu le Soleil Rouge, c’était justement à cause du récent sobriquet dont il avait hérité. Là, par dizaines, des têtes enfoncées sur des pieux et alignées avec soin commençaient en effet à pourrir dans la douce chaleur de de début d’été. Autrefois sur les épaules des malandrins au service de son père, elles étaient un avertissement à ceux qui pensaient pouvoir s’arroger et abuser de droits qui n’étaient pas les leurs. Ces hommes avaient suivi un homme cupide et dénué d’honneur dans le seul espoir de profiter de sa rapacité pour s’enrichir eux-mêmes. En usurpant au passage le droit de taxer au nom des Lannister...

Le châtiment qui leur avait été réservé n’était que justice. Une justice expéditive et qui ne souffrait d’aucune contestation. Telle était la vision que se faisait le nouveau seigneur des lieux de son devoir et des prérogatives qu’il avait arraché par l’épée. D’ailleurs, le seul homme à s’en sortir avec les honneurs dans toute cette histoire fut ironiquement le premier à tâter de l’acier valyrien de Lamentation ce jour-là. Le vieillissant Ser Kennos, celui-là même qui fit si longtemps honte à Darren en portant le trésor de sa maison à sa place, fut inhumé avec les honneurs dus à son rang de chevalier et d’homme de confiance de la maison Kenning de Kayce. Fidèle jusqu’au bout à son serment de servir son maitre, son bourreau s’était donné pour mission de lui offrir une dernière demeure digne de son service. Bientôt, un gisant de pierre finement sculpté à l’image du bedonnant serviteur de son père serait déposé au-dessus de sa dépouille, veillée par les Sœurs du Silence dans le septuaire de la ville.

Trois jours s’étaient écoulés depuis le bain de sang qu’il avait déclenché pour le salut de sa maison. Une cinquantaine d’hommes avaient péri par l’épée dans les deux camps. Une trentaine de plus se balancèrent au bout d’une corde la journée suivante avant de voir leur corps mutilé. Pourtant, malgré ce déchainement de violences et le fait qu’il devrait bientôt se justifier à Castral Roc, Darren n’avait qu’une obsession. Une seule qui l’avait empêché de trouver le sommeil durant ces trois jours. La santé et le bien-être de son épouse. Blessé au cours de l’affrontement, Lehna était alitée sous la surveillance constante de mestre Harlan depuis tout ce temps. Si l’érudit et guérisseur lui avait assuré qu’elle s’en sortirait sans séquelle, il ne put s’engager à rien concernant l’enfant que portait son épouse. Une nouvelle qui ébranla profondément l’homme de convictions qu’il se pensait être devenu.

Elle portait la vie.

Quelqu’un ou quelque chose leur laissait une seconde chance. Et il avait été à deux doigts de la gâcher complètement. De refuser à ce petit être le droit de vivre... Gagné par un profond dégoût de lui-même et pour sa façon d’être passé à l’action sans la consulter, Darren avait entrecoupé chacune de ses obligations de seigneur par une visite au chevet de celle qui partageait son existence. Et à qui il était complètement dévoué. Hélas, jamais elle n’était éveillée lorsqu’il débarquait en trombe dans leurs appartements. Laissée à la garde d’Ellena, pour qui Lehna était devenue la sœur qu’on lui avait toujours refusé, la future mère n’avait pu voir son époux depuis la chute de son beau-père. Pourtant, alors qu’une nouvelle journée arrivait à son terme, la dornienne de naissance et d’esprit finit par émerger d’un sommeil réparateur face à son homme. Ou plutôt face à celle qu’il avait dépêché pour prendre le relais de sa jeune sœur.

- « Je suis... Je suis désolé... » Bredouilla piteusement sur un ton d'excuse le maitre des lieux. - « Tu aurais du me le dire. » Tenta t-il de poursuivre en guise de reproche alors qu'elle émergeait lentement.

Mais le cœur n'y était pas. Loin de là. Si l'un d'eux avait des tords à se reprocher, c'était bien lui. Mais ce n'est pas la figure de Darren qu'elle eut de suite sous les yeux. Malgré qu'elle puisse sentir sa main dans la sienne, les doigts caleux du chevalier effleurant tendrement les siens. Mais plutôt la truffe humide et les yeux pétillants d'une boule de poils posée et roulée en boule sur son ventre, couinant de joie à n'en plus finir de voir sa nouvelle maitresse enfin ouvrir un œil... Il lui avait un jour promis. S'il ne pouvait être auprès d'elle pour partager ses joies, ses chagrins et la protéger, il s'arrangerait toujours pour qu'elle soit entourée, qu'on veille sur elle. D'une façon ou d'une autre. Voilà sa réponse à ce dilemme.

Il avait échoué à respecter son serment une fois. Il avait failli la perdre. Il ne permettrait pas que cela se reproduise.

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# Ven 25 Juin - 0:01

Du temps pour nous

Lehna était en train de marcher à travers les couloirs de pierre du château, un couloir sombre et sans fin. Des bruits de bataille faisaient écho à travers les murs et semblaient la poursuivre. La lady continuait d’avancer vers la sortie mais ses pas ne la menaient pas plus loin. Le son d’épées s’entrechoquant se rapprochait de plus en plus. La jeune femme pesta et commençait à angoisser. La porte était si loin. Elle ne l’atteindrait jamais à temps. La lumière des torches éclairant à peine le couloir vacillèrent laissant l’endroit dans le noir complet l’espace de quelques secondes. Des bruits de pas se firent entendre. L’un après l’autre. Ces derniers résonnaient à travers tout le couloir. La brune sentit une peur panique l’envahir et se mise à accélérer le pas. La porte semblait enfin se rapprocher mais trop lentement au goût de Lehna. Les pas derrière elle semblaient également se faire plus rapides. La jeune femme risqua un regard derrière elle pour voir un homme en armure lourde s’avancer. La dornienne se mise cette fois à courir, se précipitant pour atteindre la porte. La noble n’osait pas se retourner à nouveau de peur de voir que la distance entre elle et son poursuivant ne s’était réduite. Le cliquetis de l’armure de fit plus audible, les pas derrière elle se transformant également en foulées. L’ancienne Prestre était terrorisée. La sortie était si proche et en même temps si loin. Lehna finit par arriver à la porte, un sentiment de soulagement l’envahit alors que sa main se resserra sur la poignée. Malheureusement cette joie fut de courte durée. La porte refusait de s’ouvrir. La noble avait beau tirer, pousser, tambouriner sur cette dernière elle ne bougea pas d’un pouce. Les bruits de pas derrière elle s’étaient arrêtés. Lehna entendit l’homme tirer son épée de son fourreau. La dornienne redoubla d’effort contre la porte. Un bruit sourd, une douleur atroce. Ses doigts lâchèrent la poignée.

Lehna se réveilla en sursaut. La lumière l’éblouit ce qui l’obligea à refermer les yeux instantanément. Son cœur battait la chamade. Ses doigts se resserrèrent cette fois sur une main qu’elle ne connaissait que trop bien ce qui la rassura quelque peu. La lady fit une nouvelle tentative et ouvrit lentement les yeux. Elle n’avait pratiquement fait que dormir ces derniers jours et pourtant la fatigue l’assaillait toujours. Son sommeil n’était pas très reposant. Ces cauchemars n’avaient de cesse de la tourmenter. Elle entendit vaguement son époux marmonner sans en comprendre réellement les paroles suivit de jappements. La noble fronça les sourcils au son et au poids qui se trouvait sur son ventre. La réponse à son interrogation silencieuse arriva rapidement quand son regard s’éclaircit. Etait-ce… un chien ? Un loup ? La lady passa sa main sur la petite tête de l’animal pour la gratouiller dernière l’oreille alors qu’elle reprenait son calme. Ce dernier semblait apprécier l’attention mais était un peu trop agité pour la pauvre Lehna dont l’état ne lui permettait guère de se mouvoir.

L’ancienne Prestre finit par poser son regard sur son époux. Ce dernier avait la mine basse, l’air coupable. La dornienne ne reconnaissait que trop bien la culpabilité dans les yeux du chevalier. Pourtant cette fois il n’avait rien à se reprocher et ils avaient la chance de s’en être tous sortis. Lehna l’observe d’un air attendrit avant de porter sa main à son visage pour lui caresser la joue :

« Ne fait pas cette tête. Je vais bien » souffle la lady pour tenter de rassurer son compagnon. « Nous en serions dans tous les cas arrivés là » ajoute-t-elle dans un demi-sourire. La jeune femme continue avant que Darren ne puisse rétorquer quoi que ce soit : « Je connaissais les risques quand je t’ai épousé… Terrence ne m’a jamais apprécié. Je suis d’ailleurs plutôt étonnée qu’il ne me soit rien arrivé avant » finit la lady en essayant de dédramatiser la situation.

La brune se redresse difficilement pour s’adosser à la tête de lit. Elle invite également son époux à s’installer à ses côtés. Sa présence lui avait manqué ces derniers jours et elle comptait bien profiter pleinement de sa visite. Lehna se blottit contre lui, laissant reposer sa tête contre son épaule leur doigts toujours entrelacés :
« Ellena m’a… informé que Mestre Harlan t’avait fait part de ma condition…. » Continue plus sérieusement l’ancienne Prestre. « Je… la situation était compliquée… » Hésite la brune. « Je n’étais pas certaine au début et il y avait toujours la possibilité que cela se passe mal à cause de… » Murmure la dornienne en serrant la main de son époux. « … puis la situation s’est envenimée au château… Je ne souhaitais pas que t’inquiète outre mesure alors que tu avais déjà énormément de choses à penser… faire. Je craignais également que ton changement de comportement suite à une potentielle annonce ne mette la puce à l’oreille de Terrence… Je… j’avais peur que s’il l’apprenait des mesures plus drastiques soient prises à mon égard » explique la lady en détaillant son raisonnement. « Il était inutile de t’ajouter un poids sur les épaules alors que je pouvais porter ce dernier. »

« J’aurai dû me barricader dans l’une des premières pièces que nous avons rencontré plutôt que d’essayer de rejoindre Ellena… Etre plus prudente aurait été mieux avisé… » Regrette la dornienne en pinçant les lèvres. « Enfin… il est inutile de s’apitoyer sur le passé alors que ces jours sombres sont derrière nous. Un avenir brillant s’étend devant nous grâce à notre liberté nouvellement acquise » sourit la jeune femme en déposant un baiser au coin de ses lèvres. « Mestre Harlan semble optimiste par rapport au bébé… apparemment la partie difficile serait en grande partie passée » ajoute Lehna en essayant de faire en sorte que son ton ne trahisse pas son inquiétude.

« Tu nous présentes ? » change de sujet la jeune femme le sourire aux lèvres en caressant la petite boule de poils.

Codage par Libella

Date d'inscription : 01/01/2021

# Sam 3 Juil - 23:28

Du temps pour nous

An 303, Lune 6
Lehna et Darren Kenning

Il avait cru la perdre une nouvelle fois. Définitivement. Sous le coup de son empressement, son ambition et la sottise qui le caractérisent. Il était inconcevable de permettre qu’une telle chose se reproduise. Il avait déjà pris certaines dispositions pour assurer et renforcer sa position en ville. Il n’y avait pas une heure qui s’écoulait depuis son coup de force sans qu’on ne vienne le déranger pour traiter tel ou tel problème, juger tel ou tel différent, décider du sort d’un homme qu’il n’avait jamais croisé ou sur lequel son regard n’avait un jour daigné se poser. Passée l’horreur des combats, la ville fut bien vite regagnée par une agitation qui allait croissante à mesure que les jours passaient. Car à l’habituelle effervescence du fief s’ajoutèrent rapidement les craintes du peuple. L’idée d’avoir échangé un seigneur avare et voleur pour son fils amateur de sang avait fait son chemin chez les mécontents. Et si personne n’oserait en faire état de vive voix, certains échos étaient remontés jusqu’aux oreilles du nouveau seigneur de la place. Une vérité que Darren ne chercha pas à épargner à son épouse. En dépit de son état.

- « Un avenir brillant... oui. Je serais prêt à prier les Sept pour une telle promesse... » Avoua-t-il d’un soupir las à l’ancienne Prestre. Elle qui le savait athée convaincu... Peut-être fallait y voir un aveu tacite de son impuissance quant à la tournure que prendraient le chemin qu’ils partageaient. « J’ai fait exécuter tous les hommes qui se sont battus pour mon père... Leurs cadavres pourrissent sur les remparts. C’est un avertissement. Leurs familles sont bannies de Kayce. » Annonça-t-il à son épouse d’un ton ferme.

Ses traits se durcirent alors que son regard se porta un instant vers l’une des ouvertures de la pièce. Du haut de la tour, on pouvait apercevoir certaines des dépouilles bringuebalées par le vent en levant la tête. Désormais, chacun à Kayce connaissait le prix du brigandage et de la trahison. Ou d'une fidélité mal placée. Selon les points de vue. Darren s'était d'ailleurs secrètement fait la promesse de méditer la question lorsque les Targaryen en viendraient de nouveau à s'étriper ouvertement pour le Trône de Fer.

- « La populace m’a affublé du sobriquet de Soleil Rouge m’a-t-on dit... Peut-être en ferais-je mon blason personnel. » Poursuivit-il d’un sourire insondable dans sa signification, le regard perdu vers l’extérieur. « Si c’est ce qu’il faut pour te savoir en vie... »

L'étreinte de Lord Kenning se resserra autour de son épouse. L'une de ses mains se posa sur le ventre de la dornienne alors que ses mots se firent plus assurés. Plus déterminés. Il ne la protégerait pas seulement elle. Mais aussi la vie qu'elle portait. C'était l'avenir de sa maison qui serait déterminé par le résultat de la mission qu'il s'était lui-même imposé. Il avait exilé la génération précédente au Mur. Avait perdu son frère à Winterfell dans une grotesque quête de gloire de et faits d'armes. Assurer la survie de sa lignée et permettre à la génération suivante de reprendre le flambeau...

C'était là un de ses devoirs en tant que chef de la maison Kenning de Kayce.

Cela passait en premier lieu par avoir conscience de la réalité du monde dans lequel ils étaient désormais plongés. Il ne faudrait pas longtemps avant que les étendards soient de nouveau dressés, que les cors sonnent le rassemblement puis la charge. Tout comme ses ancêtres, il avait cela dans le sang. La tradition équestre des siens, rejetés à la mer par les Iles de Fer et devenus bannerets des Lannister, la Trompe de Sarocq qui ralliait l'ost Kenning derrière le Lion de Castral Roc... Autant d'éléments qui font qu'ils finirait tôt ou tard par répondre à l'appel des suzerains de l'Ouest. Quant à savoir s'il en reviendrait vivant...

- « La guerre sera bientôt sur nous. Je le crains. Il se peut que tu mettes cet enfant au monde sans que je ne sois là... J’ai promis d’être toujours à tes côtés, de te protéger. J’ai échoué une fois... Je dois être réaliste. Je ne pourrais être toujours auprès de toi. Je ne serais peut-être plus sur ces terres... nos terres dans quelques lunes. Mais je peux faire ce qu'il faut pour te savoir en sécurité. Tu es la dame de Kayce désormais. »

Voilà où il voulait en venir en ayant éludé pour un temps la question de Lehna sur la boule de poils qui gigotait entre ses mains. Plus qu'une compagnie pour l'amour de sa vie et future mère de ses enfants, cette petite créature serait une garantie. Celle que si les hommes devaient faillir à nouveau, alors peut-être la nature viendrait à son secours. Car elle n'aurait pas une seule vie à s'occuper une fois son enfant venu au monde. Elle devenait dès à présent la mère de deux êtres dépendants d'elle en toute chose.

A eux de faire en sorte que l'un comme l'autre sache s'en montrer reconnaissant de la meilleure façon qui soit...

- « Je ne lui ai pas donné de nom. J’ai préféré t’en laisser la primeur. Je l'ai trouvé dans la masure d'un garde chasse de mon père... Il a tué une louve et comptait revendre sa portée pour son propre profit. Je lui ai promis d'être exempté de châtiment s'il me la confiait. C'est une femelle. Une fois dressée, elle sera pour toi une compagne des plus fidèle. Elle t'apportera réconfort et protection, lorsque... » Mais il n'alla pas plus loin, souriant finalement en déposant un baiser sur son front. « As-tu une idée de nom? »

Codage par Libella sur Graphiorum

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