Light can be found even in the darkest places [SOLO]

Light can be found even in the darkest places

An 303 | Lune 5 | Semaine 4

Geneva était allongée sur le dos, fixant les poutres de bois qui traversaient le plafond de ses quartiers. Elle occupait ses mains et son esprit en triturant nerveusement les lacets du bustier de sa robe. Le mestre palpait son ventre arrondi depuis un bon moment et le regard inquiet qu’il lui avait jeté dès les premiers instants de son examen avait plongé la jeune femme dans un sentiment d’inquiétude qui ne cessait de croître. Elle avait donc détourné les yeux et avait essayé de calmer son esprit en l’occupant comme elle le pouvait, sans pourtant y parvenir. Chaque seconde supplémentaire qui s’écoulait dans ce silence oppressant amplifiait davantage l’angoisse qui l’habitait. Geneva, malgré toutes les questions qui se bousculaient en elle, resta néanmoins muette pendant tout le temps que dura l’évaluation du mestre, ne voulant pas le déranger dans ses tâches.

Enfin, le vieil homme mit fin à ses manipulations. Il se releva en se raclant la gorge et, alors que Geneva portait un regard alarmé sur ce dernier, elle remarqua qu’un air sombre peignait ses traits. La lady se redressa tant bien que mal, ses mouvements étant entravés par son ventre encombrant et caractéristique d’une grossesse à terme.

« Mestre, qu’y a-t-il? Quelque chose ne va p-p-pas? » s’enquit-elle d’une voix tremblante qu’elle n’arrivait pas à maîtriser, plus inquiète que jamais. Elle pria intérieurement les Anciens pour qu’Ils lui accordent un bébé en vie et en santé.

Son regard ne lâchait pas celui du mestre, dans l’attente avide d’une réponse qui tarda, mais finit par venir.

« Ma Dame, il ne fait pas de doute que votre bébé sera parmi nous très bientôt. »

La façon dont il termina sa phrase obligea la jeune femme à creuser davantage.

« Mais? » l’interrogea-t-elle alors d’une voix pressante.

L’homme laissa échapper un soupir contrit en pinçant les lèvres.

« Mais… il n’est pas en position de sortir. Sa tête est vers le haut. À ce stade, votre bébé aurait déjà dû être tourné tête vers le bas depuis un bon moment. »

Geneva écarquilla les yeux, cherchant à comprendre ce que cela pouvait signifier. Tout ce qu’elle en déduisait, c’était que cela devait être assez grave, considérant la mine déconfite du mestre.

« Il… Il va peut-être s-s-se tourner tardivement? Juste avant de sortir? Et sinon, il doit y a-a-avoir une façon de le forcer à se t-tourner? »

Le mestre secoua la tête doucement, l’air désolé.

« À se stade de votre grossesse, Ma Dame, l’enfant n’a pratiquement plus de place pour bouger. Certainement avez-vous remarqué que vous le sentiez beaucoup moins dernièrement… »

La jeune femme porta une main sur son ventre en se mordant la lèvre inférieure. Oui, elle avait bien sûr remarqué que la fréquence et la portée des mouvements du nourrisson avaient largement diminués dans les deux dernières semaines. Elle ne s’en était toutefois pas inquiété, ayant vécu la même chose lors de ses deux dernières grossesses.

« Cela m’étonnerait beaucoup qu’il réussisse à se tourner de lui-même. » ajouta-t-il.

Geneva leva un regard apeuré vers le mestre. Elle déglutit avec peine avant de poser cette question qui lui brulait les lèvres.

« Qu’arrivera-t-il s’il essaie de s-s-sortir dans cette position? »

L’homme se mit à se balancer d’un pied à l’autre et sa voix se fit hésitante, comme s’il était incertain quant à l’idée de partager de telles informations.

« Si je n’arrive pas à l’inverser, votre accouchement sera terriblement long et d’autant plus douloureux. Votre vie pourrait être compromise, tout comme celle de l’enfant… »

Geneva hocha lentement la tête en signe qu’elle avait bien compris, puis son regard bleuté, cette fois las et résigné, se porta à nouveau vers ce ventre à la fois rempli de promesses et de dangers. Elle eut une pensée pour Brenton, son défunt époux. Elle sourit tristement. Lui aurait su la réconforter et l’épauler dans cette épreuve à venir. Puis, elle pensa à Ramsay, son actuel tortionnaire de mari, et un frisson glacial la parcourra. Si elle avait à mourir pour mettre au monde cet enfant qui grandissait en son sein, qu’il en soit ainsi… Cela pourrait difficilement être pire que ce qu’elle avait vécu auprès du Bolton pendant les quelques lunes où elle avait été sous son emprise.

Codage par Libella sur Graphiorum

Light can be found even in the darkest places

An 303 | Lune 6 | Semaine 1

Geneva revenait des écuries d’un pas lourd, terriblement ralentie par ce ventre qui n’en finissait plus de prendre de l’ampleur. Ses reins, depuis quelques jours, la faisaient souffrir de plus en plus intensément et ses lèvres étaient pratiquement en permanence pincées dans une expression de douleur contenue. La Lady ayant peine à trouver une position confortable dans laquelle s’assoupir, s’ajoutaient à ce tableau des cernes bleutés causés par un manque de sommeil apparent.

Malgré tout, la blonde s’entêtait à visiter les écuries chaque matin. Brosser et voir aux petits soins de son destrier l’apaisait et lui donnait le sentiment de servir à quelque chose – même si la chose en question aurait pu être accomplie par n’importe qui – et de se rendre utile. Ce rituel lui permettait aussi de faire passer le temps et d’oublier, l’espace d’un instant, la situation dans laquelle elle se trouvait. L’ombre de Ramsay planait toujours sur elle; ses sombres desseins, pour elle autant que pour son enfant à naître, tout comme ses menaces de vengeance la faisaient frémir de terreur chaque fois qu’elle y pensait.

Pendant qu’elle traversait la cour de son pas lent dans le but de retrouver ses appartements, Geneva senti une forte secousse frapper la paroi interne de son ventre. Il s’agissait du premier mouvement aussi franc de la part de son bébé depuis plusieurs semaines. Le coup, bien qu’il fût assez fort pour couper le souffle de la jeune femme, lui accrocha un doux sourire aux lèvres alors qu’elle s’arrêtait et déposait à la fois regard et mains sur ce ventre rempli de promesses. Ce sourire se transforma toutefois bien vite en grimace de douleur quand, quelques secondes plus tard, un deuxième coup se fit sentir. Celui-ci arracha un gémissement à la blonde et, alors que son corps se pliait en deux pour absorber le choc, un liquide chaud et abondant se mit à couler le long de ses cuisses. Rapidement, une marre se forma à ses pieds.

La née Flint n’en était pas à son premier accouchement. Bien que lors de ses deux derniers, le liquide avait été évacué alors que le travail était déjà débuté, elle n’en reconnaissait pas moins la teneur. Elle ne pouvait pas douter de l’arrivée éminente des contractions et de tout ce qu’elles impliqueraient. Quand la douleur commença à se dissiper, la Lady se redressa et, tant bien que mal, accéléra le pas pour gagner ses quartiers. Sur son chemin, elle croisa une servante. Elle ouvrit la bouche pour la mettre au fait des événements, mais une première contraction empêcha tout son d’en sortir. Geneva agrippa le bras de la jeune fille et serra ce dernier jusqu’à ce que la vague de douleur se retire.

La sueur avait déjà commencé à perler sur le front de la Dame. Tout allait beaucoup plus vite que lors de ses derniers accouchements. Tout était beaucoup plus intense aussi…

« Pardonnez-moi, fit-elle en remarquant les marques d’ongle qu’elle avait laissées dans le bras de la malheureuse. F-Faites quérir le mestre, je vous prie, et en-envoyez le dans mes quartiers. Le travail a-a-a débuté. »

Le parcours vers ses appartements fût laborieux car entrecoupé de contractions (chacune plus violente que la dernière) qui, chaque fois, lui interdisaient tout mouvement jusqu'à ce que la douleur s'atténue. À mi-chemin, la jeune domestique vint la rejoindre et lui offrit son bras, l’encourageant d’un sourire avenant à l’empoigner comme elle le désirait. Geneva la remercia d’un mouvement de la tête alors qu’une nouvelle vague de douleur la submergeait et que sa tentative de sourire s’effaçait.

Quand, enfin, les deux femmes atteignirent leur destination, Geneva était en nage, haletante. Les contractions se succédaient dorénavant sans pause, chacune commençant alors que la dernière n’avait pas encore terminé de traverser son corps d’une douleur aigue.

Codage par Libella sur Graphiorum

Light can be found even in the darkest places

An 303 | Lune 6 | Semaine 1

Son corps tremblait de fatigue; n’arrivait plus à fournir les efforts nécessaires pour extraire l’enfant mal positionné en elle. La peur au ventre, Geneva lança un regard suppliant à la ronde.

« Je… Je n’en peux plus… » Sa voix n’était qu’un souffle, un murmure à peine audible dans la cacophonie et les va-et-vient incessant qui meublaient la pièce.

Pourtant, le Mestre releva immédiatement vers elle un visage où une expression de surprise était facilement lisible. C’est qu’emmurée dans sa douleur, aucun mot n’avait franchi les lèvres de Geneva depuis plusieurs heures. En fait, les seuls sons qu’elle réussissait à émettre appartenaient à l’ordre des cris et des pleurs.

La jeune femme avait depuis longtemps perdu la notion du temps. Tout ce qu’elle savait, c’était que le soleil s’était levé deux fois depuis le début des douleurs annonçant la venue prochaine du nourrisson. Les traits figés par l’inquiétude qu’arborait le mestre depuis un bon moment lui laissait augurer le pire. L’enfant s’était présenté par les fesses au lieu de la tête et, la blonde avait beau pousser de toute ses forces chaque fois qu’on le lui commandait, il lui semblait qu’elle ne parviendrait jamais à mettre au monde cet enfant tant attendu.

Elle sentait que chaque nouvelle poussée lui arrachait un peu plus de son énergie vitale. Ses forces s’amenuisaient et, si l’enfant ne sortait pas bientôt, Geneva ne savait pas où elle pourrait puiser le courage nécessaire pour continuer.

Le Mestre vint alors poser une main sur son épaule, cherchant du sien le regard de la Dame avant de commencer à parler.

« Le temps commence à nous presser, Dame Geneva. Plus l’enfant reste longtemps en vous pendant le travail, plus les risques sont grands, autant pour lui que pour vous. Il fit une courte pause en secouant la tête gravement avant de reprendre. Je n’aurai pas le choix : je vais tourner l’enfant. C’est notre – votre, se reprit-il, seule chance à ce point-ci… »

Pour toute réponse, l’expression empreinte de douleur de la jeune femme resta inchangée. Difficile de savoir si elle avait compris de quoi il en retournait. Après toutes ces heures en travail, son esprit était embrouillé; déconnecté.

« Bien », acquiesça tout de même le Mestre, comme s’il avait pu lire une quelconque approbation dans le regard de la Dame.

Il reprit sa position entre les jambes de la jeune femme et fit signe à l’une des domestiques de tenir fermement sa patiente par les épaules afin de s’assurer qu’elle reste en place.

Contenu sensible:

Puis, ce fut le silence. Les ténèbres s’emparèrent de la jeune femme sans crier gare. Un moment elle criait et se débattait pour que la douleur cesse; l’autre elle était immobile, évanouie. Le choc avait été trop important. Son corps, incapable de supporter plus longtemps une douleur aussi atroce, s’était éteint.

Codage par Libella sur Graphiorum