I'm not your mother but you're like my son. - ft. Aegon

Reunion between

a mother and his son – Part 1

Alyria Farring avait eu un destin hors du commun. Jeune couronnienne destinée à épouser au mieux un héritier de bonne famille s’était vue propulsée à la cour royale peu de temps après la mort de la reine Elia. Là, elle fut nommée au service de la princesse Rhaenys qui n’était alors âgée que de six années. Ainsi, durant treize années, elle épaula la jeune fille devenue désormais femme. Elle fut une mère pour elle et la princesse fut la fille qu’Alyria n’aurait jamais. Cette première ascension était déjà fulgurante, Alyria n’espérait pas plus, elle ne voulait que le bonheur de sa princesse et rien d’autre. Son frère était fier d’elle et sa sœur vivait un destin bien plus tragique que le sien. Quoiqu’il en soit, à la toute fin du siècle, elle se retrouva fiancée au roi puis devint la nouvelle reine. Cela semblait alors marquer une nouvelle ère en Westeros alors que le quatrième siècle depuis la conquête d’Aegon s’ouvrait. Alyria Targaryen n’avait jamais aspiré à devenir reine et pourtant elle l’avait été et depuis trois ans maintenant, elle s’était faite une place dans le cœur de chaque courtisan et chaque Ouestrien. Bien sûr, tout le monde ne pouvait pas l’aimer, surtout lorsqu’à côté la santé du roi déclinait proportionnellement à sa réputation. Cela ne l’empêchait pas d’être aimée et de tout faire pour remplir à bien son rôle de reine. En parallèle, elle continuait de remplir son rôle de mère, étant désormais officiellement la belle-mère de Rhaenys, même si elles n’avaient pas besoin de ça pour se considérer comme de réelles mère-fille. Elle devint même mère à son tour en donnant naissance à un fils, Aerion. Voilà que la jeune couronnienne était comblée de bonheur mais ce bonheur ne pouvait durer. Elle le savait. Elle était une Targaryen maintenant et les années 301 à 303 lui montraient qu’être une Targaryen n’était pas tous les faciles.

Si de prime abord, Alyria était proche de Rhaenys, il ne fallait pas oublier qu’elle a pu par moment s’occuper et côtoyer au fil des années ce petit garçon tout beau, tout mignon avec ses bouclettes dorées. Rhaenys était l’aînée des enfants de Rhaegar et pourtant, son héritier était son second-né, Aegon. Porteur du prénom d’illustres rois des Sept Couronnes, le jeune Aegon avait fini par renoncer au trône contre toute attente. C’était là un coup dur pour Alyria qui appréciait énormément son beau-fils. Cette renonciation était une catastrophe et la reine eut bien du mal à pardonner à Aegon car cela propulsait son propre fils, Aerion, au titre d’héritier. C’était là quelque chose qui lui faisait grandement peur et ce n’est que bien des lunes plus tard, après s’être fait à l’idée, qu’Alyria songea à tourner la page. Elle n’était pas faite de rancœur. Elle était bien trop douce pour cela. Alors quand Aegon et Margaery revinrent à la cour royale pour présenter leur enfant, la reine, certes un peu dubitative, avait décidé de pardonner à Aegon, pensant qu’il avait sans doute ses raisons. Après tout, elle l’avait vu grandir et mûrir. Le petit garçon blond était devenu un homme. Un homme avec un dragon. Telle était la révélation des semaines avant le départ pour Winterfell. De mieux en mieux. Le temps passa, la guerre eut lieu, la mort frappa. Alyria avait eu peur de tout perdre alors qu’on lui annonçait la mort de son frère. Enfermée dans son deuil, elle ne fut soulagée que lorsque Rhaegar et Aegon revinrent tous deux à la fin de la première lune de cette année. La nouvelle était connue d’avant leur retour mais elle voulait les voir pour la croire.

Aujourd’hui, alors que des mariages accompagnaient l’arrivée du printemps, Alyria s’inquiétait pour Aegon. C’était là son rôle. Elle était la reine et si en surface, elle avait une fonction bien précise, s’occupant d’affaires dont le roi n’hésita pas à lui déléguer, elle n’en demeurait pas moins une bonne épouse qui veillait sur son mari ou bien une mère qui s’inquiétait pour ses petits. Rhaenys, Aegon et Aerion étaient ses enfants, quand bien même les deux premiers n’étaient pas les siens. Elle les avait plus ou moins élevés. Elle les avait accompagnés dans leur apprentissage de la vie. Elle continuait par ailleurs à le faire. Avec le retour des dragons, puisque les deux aînés du roi en possédaient un chacun, le retour de Viserys, la coupure avec Dorne, dont était originaire leur mère, et les tensions toujours plus palpables, Alyria ne pouvait que s’inquiéter pour eux. Elle n’avait pas pu réellement s’entretenir avec Aegon. À son retour de la guerre et avec ce qu’on avait dit sur lui, sur ce qui s’était passé à Winterfell, Alyria n’avait pas osé le déranger, d’autant qu’elle-même avait bien des affaires à régler entre Rhaegar et Aerion. Ensuite, le couple princier était parti pour le Val et Alyria ne revit plus Aegon jusqu’à leur arrivée à Lamarck. Il semblait bien fatigué mais là encore, le temps était compté. Désormais à Noirport, Alyria espérait qu’après cette tournée des mariages – Aegon, lui, en avait encore à faire dont celui de Robb dans deux lunes – elle pourrait s’entretenir avec lui, lui parler, qu’il la rassurer sur son état. Chacun était pris à ses occupations et plus personne ne prenait le temps de se parler. Le roi était inquiet, tracassé par le retour de son frère, Rhaenys avait ses propres problèmes, Aegon devait encaisser le fait d’être mort puis d’avoir été ramené à la vie et enfin, le jeune Aerion, bien loin de tout ça, bien inconscient de tout ce qu’il se passait autour de lui, devait juste s’occuper de lui, grandir, apprendre à bien marcher, à parler, à bien se tenir. Au milieu de tout ça, il y avait Alyria qui tentait tant bien que mal de tenir tout ce petit monde hors de l’eau.

C’en était bien fatigant alors quand elle comprit qu’on ne l’attendait pas à Noirport, elle prit congé de ses dames et se dirigea vers les appartements qui avaient été apprêtés pour le couple royal. Dans son élan, elle fut attirée par une présence ailée dans le ciel et elle vit alors son jeune fils, Aegon, sur un balcon. Elle ne savait pas trop ce qu’il faisait mais il était seul avec son dragon. Elle décida alors d’aller le voir, là était une occasion à ne pas louper. Seulement, la présence du dragon la freina quelque peu alors, se tenant à distance, elle se manifesta avec douceur en frappant à la porte ouverte des appartements du prince.

- J’espère que je ne te dérange pas ?

Reunion between

a mother and his son – Part 2

Cela faisait bien plusieurs lunes qu’Alyria et Aegon ne s’étaient pas parlés en tête-à-tête. Lorsqu’elle posa son regard sur les prunelles améthyste de cet homme qu’elle considérait comme son fils, à l’instar de la princesse Rhaenys qui était comme sa fille, elle se souvenait de Lestival. Si pour la plupart des gens, cela était plutôt un bon souvenir, pour la reine, il en était tout autre. Aegon avait renoncé à ses droits sur la Couronne. C’était contre toute attente que la succession du trône échouait à son fils Aerion. Ce n’était pas du tout prévu par la reine qui espérait pouvoir élever son fils en simple prince royal qu’il était jusqu’alors. Aegon avait profondément déçu sa mère ce jour-là et il fallut bien du temps pour qu’elle lui reparle à nouveau. L’année 302 avait été grandement mouvementé et si le dialogue s’était réinstallé petit à petit, notamment lors de la présentation du jeune Aemon, il y avait tout de même une certaine distance entre eux. Cette distance, elle la regrettait aujourd’hui car elle aimait de tout son cœur ce petit enfant aux bouclettes blondes devenu un homme. Il était donc temps de renouer un vrai dialogue, de ne pas laisser le temps détruire leur lien si proche autrefois. Il avait fait son choix, elle avait fini par l’accepter. Il fallait désormais tourner la page et se concentrer uniquement sur les bonnes choses. De plus, la bataille de Winterfell avait éprouvé bien des gens et surtout Aegon. Le mystère de résurrection restait encore entier pour Alyria mais elle n’avait osé la mentionner devant son fils. Il semblait déjà si tourmenté, notamment avec son dragon, elle ne voulait pas en rajouter.

Elle ne s’était guère annoncée, avançant de plus en plus vers Aegon. Elle se manifesta à lui, espérant qu’elle ne le dérangeait pas dans quelque entreprise que ce soit. Le prince fut étonné de sa présence. Il ne l’avait pas vu venir semble-t-il et l’accueillit avec un sourire. Il observait Jaelyx, son dragon avec lequel il avait du mal à communiquer. C’est ce qu’elle avait compris depuis son retour. Aegon n’était plus le même qu’avant. Le miracle qui l’entourait l’avait changé, elle le voyait dans ses yeux. Elle s’avança à nouveau jusqu’à son niveau et le regarda avec attention. Elle fut étonnée de l’utilisation du vouvoiement, lui qui avait fini par la tutoyer au fil des années. Elle sentait sa nervosité et la rassura immédiatement. Affichant un sourire sur son visage doux, elle lui répondit tout en s’asseyant.

- Je profite de notre présence à Noirport pour venir te voir. Depuis plusieurs lunes maintenant, nous n’avons eu guère l’occasion de nous retrouver en privé toi et moi.

Depuis Lestival, ils n’avaient néanmoins pas été privés l’un de l’autre. Les visites du couple princier faisaient qu’Alyria et Aegon se voyaient en famille. Mais il est vrai qu’ils n’avaient plus partagé une conversation ou une promenade en privé depuis Lestival et sa renonciation. Elle le regrettait amèrement et avait saisi cette occasion pour se retrouver seule avec Aegon. Elle n’avait d’yeux que pour lui. Il était si beau et ressemblait tellement à son père. Aegon et Rhaenys étaient le portrait craché de leurs deux parents. Cela était sauté aux yeux d’Alyria dès son arrivée à Port-Réal il y a maintenant dix-sept ans. Elle avait vu les deux jeunes enfants de six et cinq ans devenir de beaux jeunes gens de vingt-deux et vingt-et-un ans. Elle était fière d’eux, de ce qu’ils étaient devenus, de ce qu’ils aspiraient à devenir. Tout n’avait pas été tout beau tout rose ceci dit. La renonciation en était un exemple mais cela n’empêchait pas la reine de les aimer comme une mère chérit ses enfants. Elle était heureuse de pouvoir s’entretenir avec Aegon aujourd’hui. Ils avaient bien des choses à rattraper et elle espérait que leur discussion serait agréable quand bien même des sujets houleux pourraient pointer le bout de leurs nez à un moment donné. Pour l’instant, tout ce qui lui importait était de savoir...

- Comment tu vas ?

La bataille de Winterfell avait eu une grande incidence sur l’esprit malade du roi. Elle avait, avant d’entendre parler de ce qu’il s’y était passé, espéré que pour Aegon, ce ne soit pas le cas. Mais les Sept n’avaient sensiblement pas répondu à toutes ses prières. Cela ne l’étonnait guère au vu de la religion qu’avait choisi Aegon. Les Sept ne s’occupaient plus de lui, pas même pour une mère inquiète et aimante. Elle le regarda paisiblement, les yeux dans les yeux, le sourire aux lèvres. La page de la renonciation était désormais tournée. Elle ne lui en voulait plus. Elle ne pouvait plus lui en vouloir.