voir loin, parler franc, agir ferme ⁞ darren

# Mer 3 Mar - 17:56

voir loin, parler franc, agir ferme

Lady Brax pestait lorsqu'un voyage s'annonçait. Malles, coffres et autres contenants étaient descendus des greniers, positionnés pendant de longs moments dans les couloirs pour que tout à chacun puisse s'en saisir, puis y fourrer tout ce qu'il estimait bon d'emmener. Lady Melantha fulminait. Elle détestait le désordre. Pourtant, Robert avait plusieurs fois souligné, malicieusement, à sa génitrice, que le château entier de Corval était un amas de bibelots, de breloques et autres décorations auxquels la maisonnée ne trouvait pas nécessairement d'utilité… Et que de ce regard-ci, toute la demeure pouvait être jugée en désordre. Il avait pris un coup sur la nuque et sa mère s'était éloignée en ronchonnant. Mais là était la vérité. Les Brax avaient tenu pour acquis de vivre dans une accumulation constante de plantes, d’œuvres d'art et de mobiliers divers, parfois élégants, quelques fois d'une laideur qui vous déposait de commentaires. Robert s'était fait à l'idée que sa mère n'entendrait jamais raison. Ainsi que ses frères. Quant à ses belles-sœurs, leurs rares tentatives d'alléger leurs intérieurs respectifs s'étaient vues couronnées d'une réprimande salée, qui leur avait passé l'envie de recommencer. Robert avait ainsi passé sa matinée, avachi sur un divan, sirotant des boissons chaudes en ordonnant d'un hochement de la tête, d'une grimace ou encore d'un geste de la main quoi emporter et quoi laisser. Le Val. Ainsi soit-il. Les noces de leur cousine éloignée, Mya Nerbosc, seraient un grand événement pour toute leur famille. Le sang maternel bouillait en eux comme autant de grenouilles nageant dans une marmite chauffée à blanc. Rapidement, Robert fut las de tous ces préparatifs et laissant le soin de continuer aux valets et autres domestiques servant la famille. Déambulant dans les couloirs, il croisa sa mère, s'affolant pour une horloge ou un chandelier, frôlé par une femme de chambre malhabile ou un page distrait. Il retint un rire et gagna une terrasse qui surplombait le val qui constituait leur fief.

Un cavalier pointa à l'horizon en début d'après-midi. Rejoint par plusieurs autres qui devaient certainement lui servir de compagnon. Curieux, Robert observa depuis la terrasse panoramique cette arrivée inattendue pour lui, quoique certainement prévue par son père, Andros, le seigneur des lieux. Il regarda avec intérêt les hommes contourner la forteresse, remontant le sentier jusqu'à la porte principale. Ainsi, seuls quelques jours avant leur départ, son père continuait à recevoir de la visite. Intéressant. Claquant la porte de la terrasse, Robert descendit sans empressement mais avec souplesse et agilité, les différents escaliers qui menaient jusqu’au rez-de-chaussée du château. Robert ne tenait pas à faire partie des discussions politiques de son père, non pas parce qu'il ne comprenait pas les tenants et aboutissants de telles conversations, mais parce qu'il trouvait cela foncièrement rasoir. Il trouvait la vie bien plus belle sans s'encombrer d'obligations. Être seigneur, ou un héritier, l'était. Robert préférait grandement l'oisiveté. Arrivé dans le hall, Sumner, l'intendant, était absent, parti quérir les invités pour les guider au travers des cours, halls, colonnades et jardins de Corval. Après une dizaine de minutes, il revint enfin, accompagner des visiteurs. « Maître Brax. » Lança Sumner à son intention. Tout ouï, Robert s'avança. « Je vais de ce pas prévenir votre père de l'arrivée de sir Kenning. » D'un geste de la main, Robert fit comprendre que c'était entendu et libéra l'intendant qui quitta la pièce. « Sir Kenning. » Répéta Robert d'un ton interrogatif. « Sir Robert Brax. » Il manqua d'ajouter une formule de complaisance puisque Robert ne savait pas, d'avance, s'il serait enchanté ou non, par cette rencontre.

Date d'inscription : 01/01/2021

# Dim 7 Mar - 19:16

Voir loin, parler franc, agir ferme

An 303, Lune 3
Robert Brax et Darren Kenning

IL faisait toujours bon voyager dans les Terres de l'Ouest. Même après les horreurs de Winterfell. Les maisons nobles pleuraient encore pour la plupart la perte d’un être cher, le bas peuple apprenait petit à petit à vivre avec la disparition d’un père, d’un frère ou d’un fils. Tous morts dans une guerre qui serait sujette à de nombreux récits, pour les uns incroyables, pour d’autre fantaisistes, tout au mieux. Puis viendrait un temps où les chansons remplaceront les témoignages des survivants, avant de s’effacer dans les légendes des Sept Couronnes... S’il n’y avait été, Darren n’aurait pu lui aussi apporter du crédit à ce qui se racontait sur la grande bataille dans le Nord. Il y avait lui-même perdu son frère cadet, dont les restes reposaient depuis tout juste quelques semaines dans les cryptes de Kayce. Depuis toujours élevé en héritier de son père, parfois au grand damne de ce dernier, l’ainé des Kenning représentait désormais la seule succession possible par voie masculine pour Lord Terrence.

Rowan n’étant plus de ce monde, il n’avait d’autre choix que de se résoudre à cette évidence... Même s'il souffrait chaque jour de cette perte, le chevalier ne pouvait s’empêcher de reporter la faute sur son géniteur. S’il ne l’avait pas encouragé dans son entêtement. S’il n’avait pas entretenu une rivalité délétère entre ses rejetons...

Non... Cela n’en valait pas la peine. Faire la liste des manquements de son seigneur n’avait pour effet que de le rendre plus ombrageux encore. Dans ces moments-là, seule son épouse parvenait à le ramener à des pensées plus joyeuses. Las, elle n’était aujourd’hui pas du voyage. En revenant vivant du Nord, Darren s’était pourtant promis de consacrer plus de temps à sa relation avec Lehna. Promesse qu’il dut encore une fois mettre de côté pour s’en tenir à son devoir d’héritier et d’émissaire de sa maison. Lâché sur les routes de l’Ouest avec une petite escorte, tous des hommes de confiance lui étant acquis, il voyait dans ce voyage une occasion de nouer des liens avec une autre grande maison ouestienne.

Loin d’être l’une des plus prestigieuses par son ascendance, la maison Kenning se devait d’user de sa puissance pour assurer sa position dans l'Ouest. Des rapports cordiaux et un accord scellé avec une autre famille majeure de la couronne ferait bien les affaires des anciens fer-nés...

- « Ne crois-tu pas que ton père va encore chercher à user de ton absence pour essayer de te nuire à Kayce? Je paris qu’il fait déjà courir la rumeur de ta responsabilité dans la mort de Rowan... » Le questionna une voix non loin alors qu’ils chevauchaient en direction du fief des Brax.

Rompant un silence imposé par le futur lord perdu dans ses pensées depuis plusieurs heures, c’est la voix de Rylon, le chef de sa garde, qui le fit émerger de ses sombres pensées. Homme de confiance et frère d’armes aguerri du chevalier, lui seul osait parler crument et ouvertement de son aversion pour Lord Terrence. Alors qu’émergeait face à eux Corval, forteresse perchée sur une hauteur et fief de la puissance lignée andale des Brax, Darren porta son attention sur son camarade.

- « Sans doute. Mais tout ce que ce vieux fou fera, je trouverai à le défaire. J’ai été clair avec lui aux funérailles. Il sait désormais que tenter quelque chose qui pourrait me nuire de façon trop conséquente lui sera rendu au centuple... Maintenant concentrons-nous sur ce qui nous amène. Pas d’allusion à mon père. A dire vrai, évite tout simplement de t’exprimer en public. » Ordonna finalement l’héritier de Kayce en guise de conclusion à un débat qui pouvait durer des heures sans difficilement tourner en rond.

La dernière chose dont il avait aujourd'hui besoin était de semer doute et rumeurs sur sa maison auprès de la noblesse ouestienne.

Accueillis par l’intendant du château, Darren et ses compagnons laissèrent rapidement derrière eux et à la charge de la maisonnée montures et armes, s’en remettant au dénommé Sumner pour les guider à travers les vastes salles et couloirs de Corval. C’était le premier voyage du chevalier jusque dans cette partie des collines et monts de l’Ouest. Plus habitué à arpenter les côtes et les forteresses de montagnes de long de la Route de l’Or ou de la Rivière, il dut bien reconnaitre une certaine beauté et majesté aux lieux. L’emplacement parfaitement établi de la forteresse, l’épaisseur de ses murs, la beauté du val qu’elle dominait, le raffinement et le luxe de la décoration... Autant d’éléments qui participaient en un sens à établir le prestige du clan au blason de licorne violette.

Ainsi, les yeux de Darren ne manquèrent pas de détailler curieusement les lieux jusqu’à se porter sur une des rejetons de Lord Brax. Sans doute envoyé à leur rencontre par le maitre des lieux, l’inconnu se présenta sobrement à eux, imité en cela par son invité.

- « Ser Darren Kenning. Merci pour votre accueil, Ser. » Répondit-il donc tout aussi sobrement d’un signe de tête respectueux.

Croyant reconnaitre le chevalier pour l’avoir brièvement croisé dans le chaos de Winterfell, il crut tout de même bon de faire part de son questionnement.

- « Ne faisiez-vous pas partie de l’ost envoyé à Winterfell? Je jugerais vous y avoir croisé... Comment les Brax se remettent-ils de cette épreuve ?»

Délaissant au passage son manteau de voyage qu’il confia à l’un de ses hommes, l’héritier de Kayce croyait deviner que son interlocuteur serait leur guide dans les méandres de Corval. Restait à savoir s'il accomplissait cette tâche de bon gré ou forcé par ce qu'on attendait de son rang...

Codage par Libella sur Graphiorum

# Lun 8 Mar - 14:36

voir loin, parler franc, agir ferme

Un geste de la main entendu suffit à répondre aux formules de politesse de Darren Kenning. Il connaissait très bien l'identité de ce visiteur. Il fallait dire qu'en tant que représentant d'une importante maison de l'ouest, Robert se devait, au même titre que tous les autres enfants d'Andros, et, par extension, que les autres membres de la famille, connaître les personnalités les plus imminentes des autres lignées de leur couronne. Robert ne pouvait se targuer de connaître l'ensemble des nobliaux et autres chevaliers fieffés bannerets des Lannister. Mais, il faisait de son mieux. Kenning était un nom illustre. Il ne connaissait pas le prestige des Brax qui était, il fallait le concéder, difficilement atteignable, mais ils occupaient tout de même une place de choix. Darren avait été propulsé héritier récemment, si ces souvenirs étaient exacts, à la mort de son frère aîné… Dont le nom lui échappait alors. Il était le fils de Terrence. Un personnage imposant comme bon nombre de seigneurs dans les âges du lord Tywin. Un homme d'envergure qui pliait sa maisonnée à sa volonté, à l'image d'Andros Brax, et ce, même si, le père de Robert n'était pas de nature despotique. L'armure de plates noires qu'arborait Darren signifiait beaucoup. Il prenait vraisemblablement très au sérieux son rôle au sein de sa famille, et ses missions auprès de ses voisins. Robert, bien qu'il était chevalier, préférait le confort de tenues plus civiles, où il était à l'aise pour se mouvoir. L'armure avait quelque chose de formel, d'étincelant, mais était fortement incommodante. L'armure était, à n'en pas douter, le corset masculin : affinant la taille au prix de respirations retenues. « Mon père vous recevra d'ici quelques instants. Installons-nous au salon jusqu'au retour de Sumner. » Robert désigna une porte sur la droite du hall, et emboîta le pas aux visiteurs Kenning. Deux domestiques ouvrirent les battants sur leur passage.

Le salon était une des premières pièces de réception, que sa mère avait agencée selon ses goûts, décoré avec acharnement pour que la pièce ait une atmosphère chaleureuse et accueillante. Des sièges étaient disposés çà et là, des tapisseries représentant des scènes aux licornes étaient tendues aux murs. Un feu brûlait dans l'âtre massif. Tapis, mobiliers et autres bibelots étaient disposés çà et là pour occuper l'espace. Robert s'installa à une table ronde autour de laquelle étaient disposés des chaises aux assises matelassées. « J'ai effectivement fait partie de l'ost pour Winterfell aux côtés de mon père et mon frère cadet, notamment. Nous avons fait le voyage aller aux côtés des Crakehall et des Marpheux, entre autres. Je ne me souviens pas vous avoir aperçu. Il faut dire que le convoi était suffisamment étendu pour que nous ne puissions reconnaître tous les visages. » Un domestique arriva avec une carafe en étain. « Du vin ? » Demanda Robert alors qu'il faisait signe au domestique de lui verser une coupe. « Nous avons été chanceux. Mon père et mon oncle sont demeurés plus longuement aux côtés des Stark. Ils ont été plus malmenés lors des combats que mon frère et moi-même. À notre retour, ma mère a loué l’Étranger pour la miséricorde dont il a fait preuve à notre égard. » Le regard bleuté de Robert se posa sur le visage tanné de Darren. « Malheureusement, les Sept ne furent pas aussi indulgents avec tous les Ouestriens qui furent nos compagnons. Étiez-vous seul pour mener le contingent des Kenning ? » Cela, évidemment, Robert le savait déjà. Un pincement lui serra la poitrine tandis qu'il revoyait le visage de Merlon Crakehall dans la neige souillée du Nord. L’Étranger n'avait pas fait preuve de pitié à son sujet. Il ne l'avait pas protégé. Robert avait failli aussi, mais il demeurait humble face aux volontés des dieux… Il n'aurait pu lutter, quand bien même il aurait souhaité que Merlon vive. Ses tentatives se seraient approchées de coups d'épée dans l'eau. « Je garde des souvenirs décousus des événements. Je préfère laisser tout ceci au passé. Je crois que nous avons tous côtoyé la mort assez près pour ne pas nous laisser hanter par des fantômes, quand bien même il s'agirait d'êtres aimés. »

Date d'inscription : 01/01/2021

# Lun 15 Mar - 22:14

Voir loin, parler franc, agir ferme

An 303, Lune 3
Robert Brax et Darren Kenning

La maison Brax ne dérogeait pas à son devoir d’hospitalité, même à la veille d’entamer un long voyage vers le Val d’Arryn. Quant à savoir si l’illustre famille ouestienne se pliait au droit de l’hôte par simple tradition, pour tenir son rang ou par calcul politique... Darren n’en avait cure. Peut-être l’acte était-il intéressé, peut-être fallait-il juste y voir un respect des traditions. Tout ce qui importait pour lui suite à ces quelques jours de chevauchée serait le résultat de ces négociations. Après Winterfell, de nombreuses familles se trouvaient endeuillées. Embourbée dans un attentisme justifié par le deuil, la noblesse vassale de Castral Roc n’en émergerait que dans plusieurs Lunes suivant l’ampleur et la douleur de leur perte. Un terreau propice à certaines alliances pour qui savait où chercher, à quelle porte frapper et dans quelle mesure. On aurait ainsi pu taxer l’héritier Kenning d’arriviste, de profiteur ou de sans-gêne...

Ce qu’il était par bien des aspects.

Une seule vérité émergea pourtant telle une certitude à toutes les maisons capables d’un minimum de vision et de calcul politique : Winterfell n’était que le début d’un nouveau conflit. Une guerre de succession entre les têtes du dragon tricéphale, pour certaines capables de véritablement cracher le feu grâce à la résurrection des dragons. Qui alors se souviendrait d'Aerys le Fol et son feu grégeois en comparaison des destructions qu'apporteraient ces créatures, de légende pur les uns, de cauchemar pour les autres? C’était donc là l’occasion rêvée de nouer des alliances, nouer des liens avec les acteurs d’importance. Dans l’Ouest comme au-delà. En tant que familles majeures au service des Lannister, Brax comme Kenning ne pourraient retirer que des avantages de cette nouvelle amitié. Pour peu qu’elle soit âprement négociée et scellée d’une quelconque façon. La possibilité de marier la jeune sœur du chevalier à l’un des rejetons d'Andros Brax en était une toute trouvée. Si son seul fils non marié n’avait pas eu comme souhait de s'éloigner de tout calcul politique et de se voir imposer une union. Chien de guerre comme animal politique lorsque le besoin s’en faisait ressentir, Darren n’était pourtant pas venu avec cette idée en tête.

La chose lui paraissant bien mal engagée à ce niveau.

- « Avec plaisir. Mes hommes et moi avons fait un voyage sans encombre mais éreintant... » Répondit le brun à l’invitation de patienter un moment en attendant d’obtenir audience auprès du père de leur hôte.

S’il abandonna son manteau de voyage sur une chaise toute proche, le chevalier dut reconnaitre que se trouver auprès d’un feu crépitant avec force dans l’âtre apportait du réconfort. Le printemps avait beau pointer peu à peu suite à la défaite des Morts, le climat ouestien n’en restait pas moins vigoureux dans les collines. Las, les propos de Robert sur les évènements qui menèrent à ce soudain changement de saison balayèrent toutefois bien vite ses considérations en matière de confort. Un sujet qu'il aborda avec quelque réticence, mais qu'il ne pouvait aisément balayer d'un revers de la main.

- « Ce fût sans doute la plus grande armée assemblée de mémoire d’homme... Et mon père n’est guère en état de se battre aujourd’hui. J’ai donc mené nos troupes vers le Nord au côté de mon beau-père, Lord Prestre. Nous avons également fait une partie de la route après Salvemer avec le jeune Lord Yarwyck.» Le chevalier prit le temps de sonder le fils Brax pour voir si ces noms lui étaient familiers ou simplement de lointaines connaissances. « Nos trois maisons partagent des rapports amicaux, renforcés par les liens du sang et du mariage. Eux n’ont heureusement pas encaissé de perte dans leur lignée. J’ai en revanche perdu mon jeune frère dans la bataille, les Sept veillent sur son repos... » La gorgée de vin qu’il crut bon de goûter n’arrangea hélas en rien l’amertume qui l’habitait en énonçant sa perte.

Le lourd silence qui pesa l’espace d’un instant entre les convives fut l’occasion pour les hommes de Darren de lancer des regards en coin à leur maitre. Pas un seul ne semblait vouloir aborder ce qu’ils pensaient véritablement de la question. Une attitude réservée que le chevalier crut bon de conforter d’un regard lourd de sens. Le bref malaise qui s’ensuivit fut dès lors l’occasion d’éloigner le sujet douloureux de la lutte contre les Marcheurs Blancs. Comme le souhaitait le second fils des Brax.

- « Mais vous avez raison. Il y a un temps pour le deuil, puis celui de la reconstruction... » Une nouvelle gorgée de vin finit dans son gosier avant qu'il ne poursuive. « J'ai cru comprendre que votre maisonnée préparait un voyage éminent ? » Questionna finalement l'héritier de Kayce d'un ton arrangeant.

Codage par Libella sur Graphiorum

# Mar 23 Mar - 16:22

voir loin, parler franc, agir ferme

Robert ne fut pas surpris de la réponse de Darren Kenning. Une bonne quinzaine de jours séparaient Kayce de Corval, à n'en pas douter. L'arrivée progressive du printemps allait certainement rendre plus facile les déplacements au sein de Westeros, mais le dégel ne s'était pas encore totalement amorcé. Çà et là la neige embourbait encore les sabots des chevaux, ralentissant les allées et venues des seigneurs désireux de renouer avec leurs voisins et alliés. Robert n'avait pas été de ceux-ci. Son retour auprès des siens avait sonné une période de répit et de repos bien mérité qui lui permettrait, certainement, de repartir plus avant lorsque les beaux jours sonneraient le glas de cette saison morne et mortifère. Cerenna, sa belle-sœur, avait donné la vie à une jeune demoiselle qui fut prénommée Myrranda Brax, une raison de plus pour Robert de demeurer auprès de son frère aîné, devenu père pour la première fois. Mais le Val exigeait maintenant leur départ. Robert avait toujours goûté les événements mondains et les festivités, bien plus que les rendez-vous militaires et autres démonstrations de force… Le mariage de Mya Nerbosc avec le suzerain Hardyng était une occasion trop belle pour être manquée. Il était certain que les Valois allaient mettre les petits plats dans les grands, notamment pour faire oublier le drame qui avait frappé le dernier mariage suzerain, et aussi, les terribles événements de Winterfell.

« Tout est dit. » Répondit Robert aux paroles de Darren. « La Bataille de Winterfell rejoindra bientôt les livres d'Histoire aux côtés de celle du Champ de Feu. Nous entendrons sous peu les chansons et les récits des héros qui ont affronté la Nuit et son roi. » Un sourire narquois naquit sur le visage de Robert tandis qu'il buvait une gorgée de vin. La belle affaire. Des bûchers funéraires naîtraient les gloires des disparus. Mais quelle gloire il y avait-il dans la mort ? Robert n'entendait pas cela ainsi. S'il avait fallu tomber au combat, il serait tombé, mais maintenant, quelle liesse trouver en remuant ainsi le passé ? « J'ai rencontré lord Ashter, il y a quelques années de cela… Il n'était pas encore le seigneur de Bulwark. Tout était diffèrent alors. » Un souvenir mélancolique d'une période qui semblait si lointain lorsqu'il suffisait d'un masque pour se dissimuler. « Je vois que nos deux maisons ont choisi l'unité et l'affinité pour marcher vers la Mort. » Ironisa Robert. « Les Sept veillent sur son repos. » Répéta Robert, reprenant mot pour mot les paroles de leur invité. Il savait déjà le drame qui s'était joué chez les Kenning, comme ailleurs dans les lignées du continent. Nombreuses avaient été les familles à laisser brûler sur place les corps inanimés de cousins, neveux, pères, frères… Une blessure encore vive qui mettrait longtemps à cicatriser.

Robert but une nouvelle gorgée de vin, faisant abstraction des regards échangés entre les compagnons de Darren, et ce dernier. Tout n'était pas aussi simple qu'il y paraissait, mais qu'y pouvaient les Hommes ? « Vous n'êtes pas sans savoir que lord Hardyng épouse Mya Nerbosc aux Portes Sanglantes à la prochaine lune. » La déclaration de Robert n'entendait pas de réponse. « Il se trouve que lady Mya est ma cousine, et nous prenons ainsi part aux festivités en cette qualité. Mon frère demeurera à Corval auprès de son épouse tout juste délivrée tandis que l'ensemble de la maisonnée se rend au Val d'Arryn pour prendre part aux célébrations… » Un sourire enjoué illumina le visage de Robert, ravis de ce voyage qui lui permettrait, au retour, de rendre visite à Brynden Nerbosc, qui, paraît-il n'était pas du voyage. Sans surprise. « J'imagine que l'affaire qui vous amène doit être relativement importante pour que mon père, lord Andros, décide de vous recevoir à la veille de notre départ. » Robert arqua un sourcil. Darren n'avait, pas encore, évoqué le sujet de sa visite.

Date d'inscription : 01/01/2021

# Dim 4 Avr - 15:55

Voir loin, parler franc, agir ferme

An 303, Lune 3
Robert Brax et Darren Kenning

Les mondanités n’étaient guère du goût de l’héritier de Kayce. Tout du moins quand il ne pouvait y tirer un bénéfice ou s’y soustraire. En cela, les deux hommes conversant en usant d’une courtoisie de rigueur ne pouvaient être plus dissemblables. S’il se faisait une joie d’assister à des réjouissances aussi fastueuses qu’un mariage dans la nouvelle famille suzeraine du Val, Robert évoqua par la même occasion les profonds liens que partageaient les siens avec d’autres puissantes lignées du royaume. Voulue ou non, cette mention ne fit que rappeler à son invité la puissance et le prestige dont pouvaient s’enorgueillir les seigneurs de Corval.

- « L’entente entre maisons d’envergure est quelque chose qu’il est bon de cultiver en toutes circonstances... Les liens du sang sont en cela un allié puissant. » Prit soin de souligner Darren en réponse à l’explication donnée pour expliquer l’effervescence dans la forteresse.

Les Kenning ne pouvaient se targuer de tels liens avec les grands de Westeros. Il n’appartenait qu’à eux d’établir des relations cordiales et durables avec leurs voisins plus ou moins prestigieux. Tant que cela servait leur maison, Darren serait là pour négocier en lieu et place de son despotique seigneur et père. Jusqu’à ce qu’il occupe à son tour le siège seigneurial... Sa propre ambition n’était un secret pour personne au sein de son fief, et peut-être s’était-elle répandue çà et là parmi les familles des Terres de l’Ouest.

- « Votre père doit effectivement me recevoir pour une entrevue que j’espère profitable à nos deux maisons. » Poursuivit donc l’homme en armure en terminant sa coupe de vin qu'il déposa sur la table toute proche. L'alcool pouvait certes se montrer appréciable et revigorant d'une certaine façon, mais il n'avait pas fait ce voyage pour s'enivrer. Pas si tôt après les funérailles de son cadet... « Si les évènements de Winterfell finiront bientôt dans les écrits des mestres, leurs conséquences sont tangibles et méritent d’être prises en compte. Nombre de maisons de l’Ouest pleurent un proche et pansent leurs blessures. Il est plus que jamais question de renforcer l’entente entre voisins et alliés... Je suis donc venu discuter d’une entente commerciale avec votre père. »

L’éventualité d’être par ses paroles considéré comme un opportuniste venu s’enrichir sur les cendres de Winterfell traversa l’esprit du Kenning l’espace d’un instant. Quand bien même il pouvait se moquer de sa propre réputation, il aurait été bien malheureux d’être vu de la sorte parmi les bannerets des Lannister. Le premier ennemi du dialogue et de l’art du négoce n’était-il pas la méfiance ? Sa propre aversion pour les banquets et cérémonies d'envergure ne l'aidait en rien à ce niveau...

Faisant toutefois fi des doutes qui pouvaient d'assaillir, Darren tâcha de se montrer imperturbable alors qu'il entra dans le détail de ce qui avait motivé un voyage aussi pressant quelques Lunes après leur retour du Nord.

- « Les carrières de Corval pourraient être forts utiles pour aider au renforcement des défenses de notre ville. Nos murailles ont été récemment remises en état, mais nous manquons de matériaux de qualité pour finaliser la fortification de notre port. Un traité nous lie peut-être aux Iles de Fer, mais je doute qu’il soit éternel... Et nous ne pourrons guère compter sur Belle Ile et les Farman pour faire rempart. Aussi souhaitons-nous pouvoir protéger les navires qui viennent mouiller à Kayce. »

Il ne prit pas la peine d’évoquer et d’ajouter à sa justification les tensions existantes entre les frères Targaryen. Tout noble capable de porter l’épée devait bien se douter qu’éclaterait un jour des combats pour le trône. Et si la pierre ne pouvait protéger du feu des dragons, au moins permettait-elle de se prémunir d’armées et de flottes. Du moins pour un temps.

- « En plus de l’or de nos coffres en guise de paiement pour ces matériaux, nous souhaiterions proposer à votre père d’établir un commerce durable de montures entre nos fiefs. Votre maison tire certains de ses revenus de l’élevage de chevaux, mais nous pourrions fournir aux écuries de Corval du sang neuf de qualité pour développer et enrichir cette activité. Les harras de Kayce fournissent des destriers et palefrois de qualité à nombre de familles ouestiennes et au-délà. Et si nos négociations s’avèrent fructueuses... Peut-être discuterons nous des moyens de sceller cet accord. »

Le brun en vint presque à interroger du regard son hôte à l'issue de ses dernières paroles, cherchant peut-être un quérir son avis que la question. Lord Brax avait été clair dans leur correspondance sur la probabilité d'unir leurs maisons par un mariage. Son seul fils encore célibataire ne constituerait jamais un candidat sérieux. Il paraissait bien trop goûter sa liberté.

Codage par Libella sur Graphiorum

# Dim 2 Mai - 17:54

voir loin, parler franc, agir ferme

Un allié puissant, effectivement. La maison Brax avait toujours su s'entourer avec intelligence. N'était-elle pas liée aux Lannister ? Cerenna avait du sang de lion doré dans les veines. Autant dire que tout le prestige qui y était attaché, avait, de facto, auréolé la maison à la licorne de plus de gloire qu'elle n'en possédait pas déjà. Maison Nerbosc également. Le Conflans était ce qu'il était, une couronne, certes un peu faiblarde, mais avec une population au cœur vaillant et un seigneur assurant sa protection et son intégrité. Il était certain que peu pouvaient se targuer d'un aussi joli lignage au sein de leur propre famille. Qu'étaient les Kenning ? Robert connaissait cette maison des rivages de l'Ouest. Un rempart contre les fers nés et leur barbarie. Une maison influente, certes, mais était-elle seulement aussi prestigieuse que la maisonnée Brax ? Robert en doutait. Mais de cela ne dépendait que son avis, qui, s'il était intéressant à écouter, n'importait que peu aux yeux de son père. Et il avait raison. Robert avait tout fait pour se tenir en retraite de la politique et ses intrigues. Autant dire qu'aujourd'hui il n'aurait récolté que le revers de la médaille a tenté de convaincre son père des intérêts de leur lignée. Andros savait parfaitement quel rôle son fils benjamin avait à jouer dans l'Histoire des Brax. Robert savait aussi pertinemment où était sa place. Là où l'attendait. Bien loin du pouvoir et ses obligations. Un accord tacite liait les deux hommes qui se respectaient ainsi mais ne toléraient guère que l'on vienne remettre en cause leur pacte implicite. Robert s'accorda sur les mots de l'héritier Kenning en esquissant un sourire et en surélevant son verre. Il était pourtant si traître de croire que le sang partagé pouvait garantir une alliance. Robert était certain que Rhaegar tenait pour acquis l'allégeance de son frère car, justement, ils étaient frères. Il fallait voir où ça l'avait mené. Rien ne tenait plus en ces terres de plus en plus hostiles à tous ceux qui y naissaient. Triste continent que celui qui était le leur. « Je vois. » Ponctua Robert pour briser son silence observateur.

« Je crois, malheureusement, à raison, que les Hommes n'apprennent jamais vraiment… Et en cela, je m'accorde à votre avis. La paix avec les fers nés ne durera pas. Il est question, tout au plus, d'une décennie avant que ces chiens des mers ne se voient piquer par une nouvelle envie d'invasion. Ils ne répondent qu'à leur soif d'or, d'otages et d'autres biens qu'ils considèrent comme mobiliers. » Il avait affronté les fers nés par le passé. Il avait combattu aux côtés de ses cousins, de son seigneur suzerain. Il avait vu les ravages de Salvemer. Il avait constaté l'état pitoyable de Lucas Nerbosc à son retour de sa captivité. Il savait que rien de bon ne se produisait sur ces terres désolées. Elles ne donnaient vie qu'à la mort et à la souffrance. Des charognards comparables aux hyènes de Dorne. Des vermines qui subsistaient en privant autrui de leur travail. Des coucous gras et ignares. « Je comprends vos paroles, mais je dois dire que je goûte peu les tractations commerciales que cela soit leurs tenants ou leurs aboutissants… Je crois que vous trouverez des interlocuteurs bien plus avertis en leurs personnes de mon père et de mon frère aîné, Tytos, qui se joindra certainement à votre entrevue. » Robert bu une gorgée de vin avant de s'enfoncer dans son siège. « Néanmoins, je suis heureux que tout ceci ne concerne que des chevaux et des rochers. » Robert leva son verre vers Darren avant de sourire, puis de boire une bonne rasade. Robert avait toujours le doute de voir son père décider de le marier. Après tout, si malheur devait arriver à Tytos, il était second dans l'ordre de succession… Il serait gestionnaire du domaine à la mort d'Andros et jusqu'à la majorité de Myrranda. Un instant d'égarement suffit à provoquer des frissons tout le long de sa colonne vertébrale. Jamais plus grand malheur ne pourrait alors les frapper. « Je suis certain que votre venue sera auréolée de réussite. Vous arrivez à un moment faste pour notre famille. Mon père se trouve dans des dispositions parfaites pour une alliance. Je souhaite le meilleur pour ma famille, et lorsque cela peut profiter à d'autres maisons de l'Ouest, c'est encore mieux. » Robert fronça soudainement les sourcils. « Je n'ai pas vu de jeune garçon dans votre délégation. Vous manquerait-il un écuyer ? Je me permets d'émettre l'hypothèse que les gaillards qui vous accompagnent ont d'autres tâches que celle de pourvoir au bon entretien de votre matériel. Quand bien même ils se doivent de répondre à tout ordre que vous leur donnerez. »

Date d'inscription : 01/01/2021

# Lun 24 Mai - 19:57

Voir loin, parler franc, agir ferme

An 303, Lune 3
Robert Brax et Darren Kenning

Ces tractations s’annonçaient-elles aussi profitables et aisées que le laissait entendre le second fils de Lord Brax? A y repenser, Darren avait entendu dire dans quelques réunions mondaines que Robert Brax ne goûtait guère la politique. Des on-dit confirmés par l’intéressé lui-même et que l’on pouvait désormais qualifier de vérité. S’il avait été honnête avec lui-même comme paraissait l’être son interlocuteur, l’héritier de Kayce en serait sans doute à la même conclusion le concernant voilà bien des années. Mais à la différence du blond, lui ne pouvait se permettre le luxe d’être écarté des tractations familiales. Il se devait d’en être l’acteur principal. Il était le premier dans la ligne de succession. Un jour le blason au soleil de sa famille serait sien. Il s’était depuis longtemps fait le serment de relever le prestige de sa maison sitôt son père écarté. Et cela passait par la corvée de lui servir d’émissaire.

Pour le moment tout du moins. S’il n’avait pour ambition que la gloire dans ses plus jeunes années, celle de reprendre en main le fief familial se faisait de plus en plus dévorante.

Pourtant, s’ils n’avaient les mêmes aspirations dans la vie, Darren fut heureux de se retrouver dans les paroles de son hôte. Tout être sain d’esprit et capable d’un minimum de jugement savait d’instinct que les tensions avec les fer-nés ne cesseraient jamais. Aucun traité ne pouvait durer. Les biens et richesses du continent se montreraient bien trop alléchantes pour ces pirates. L’idée qu’ils rompent d’eux-mêmes la trêve sitôt que les Targaryen commenceraient à s’étriper pour le Trône de Fer faisaient partie des préoccupations première du futur seigneur. Inspirés par les exactions de Dalton Greyjoy, le Kraken Rouge, pendant la Danse des Dragons, les pillards n'auraient qu’à se servir une fois l’ost ouestien parti au loin. Kayce avait eu à subir leur courroux à cette époque. Il était hors de question que cela se reproduise.

Il avait besoin de cet accord.

- « J’ai hâte de rencontrer votre père et votre frère en ce cas. J’espère que nous arriverons effectivement à un accord profitable pour nos deux familles. » Répondit l’invité des Brax en levant son verre à son tour avant d’en consommer une gorgée.

L’héritier Kenning se fit néanmoins la remarque qu’il ne boirait pas de coupe supplémentaire. Il se devait d’avoir l’esprit clair pour les négociations qui suivraient. S’enivrer n’était pas dans ses habitudes. Pour fêter un heureux évènement comme pour oublier une déconvenue. Cela il le laissait à des hommes avec bien moins de retenue. Ou bons vivants. Selon les points de vue. Mais toute considération sur sa consommation d’alcool s’évapora de son esprit lorsque Robert évoqua l’absence d’écuyer au sein de sa petite troupe. Il avait vu juste. Le questionnement du rejeton Brax rendit d’ailleurs bien sombre les hommes de son invité l’espace d’un instant, avant que Darren ne s’explique de lui-même sur la raison d’un tel revirement.

- « Le fils d’un des chevaliers de mon père me servait en tant qu’écuyer depuis quelques années. Jusqu'à il y a peu encore… Il était proche d’être adoubé. Les Marcheurs Blancs en ont décidé autrement. » Expliqua-t-il sobrement en portant son regard sur ceux qui l’avaient accompagné depuis Kayce.

L’un d’eux était apparenté au jeune garçon, ce qui ne manqua pas de réveiller certaines images chez chacun d’entre eux. Ils étaient presque tous côte à côte lors de la bataille. Pas un n’avait encore pu effacer certaines images de leur mémoire… En seraient-ils même capables un jour... Là était un sujet qu'il conviendrait longtemps de débattre. Mais pas aujourd'hui.

- « Veuillez excuser cette ambiance morose... Dromin ici présent était l’oncle du jeune garçon. » Dit-il en posant sa coupe pour désigner du regard son compagnon à la mine la plus sombre. - « Il est cependant mort l’épée a la main. Il a fait honneur aux siens et à son entrainement... »

Une main réconfortante vint de poser sur l’épaule du dénommé Dromin alors que son maitre continuait de converser avec leur hôte.

- « Puis-je demander pourquoi une telle question ? Il est rare qu’un chevalier s’intéresse en détail à la suite de ses invités... Dois-je comprendre que vous avez au sein de votre maison de jeunes gens qui pourraient avoir besoin d’être formés à la voie des armes ? » Questionna-t-il finalement en levant un sourcil interrogateur.

Peut-être tenait-il là un moyen de sceller un accord entre Brax et Kenning. A condition que leurs tractations soient fructueuses, lier leurs deux maisons par un quelconque moyen ne ferait que renforcer la crédibilité de leur entente. Car s’il n’était guère le plus versé dans le respect des Sept, ce dont à quoi tout chevalier devait pourtant s’engager, au moins l’héritier de Terrence Kenning pouvait-il se vanter d’être une fine lame et un stratège capable. Du moins était-ce ce qu’il croyait se dire de lui dans l’Ouest...

Codage par Libella sur Graphiorum

# Mar 8 Juin - 19:15

voir loin, parler franc, agir ferme

Triste nouvelle. La mort d'un être cher était toujours regrettable et source de chagrin, mais lorsqu'il s'agissait d'un enfant, c'était bien pire. Robert ne pouvait qu'imaginer toute la peine et la douleur. Il n'y avait rien de pire que de voir mourir la chair de sa chair. La jeunesse ne devrait jamais s'éteindre au profit du grand âge, et pourtant, Westeros comptait un grand nombre de parents pleurant leur progéniture. Le Nord plus encore que les autres régions avec tous leurs fiefs à reconstruire. Robert imaginait mal quelle aurait été la réaction d'Andros s'il avait dû perdre un de ces fils à Winterfell. Sans doute aurait-il retenu ses larmes par dignité, mais intérieurement, il aurait été, sans nul doute, ravagé pour toujours. Autant d'espoirs, de rêves et de joies disparut en un instant. Un coup d'épée, un trait d'arbalète, une massue de géant ou encore une griffe d'araignée des glaces, et s'en était terminé. Robert voyait très bien comment le jeune garçon avait pu périr. Il espérait juste que sa fin avait été rapide. « Nous devons nous consoler avec cela. » Répondit Robert. Honneur. Étais-ce tout ce qui importait ? Fallait-il mourir avec honneur plutôt que de vivre comme un lâche ? Robert se posait la question parfois. Souvent même, et de bien des façons. « Il aura trouvé la paix et le repos. Puisse la Mère l'accueillir en ses bras. » Robert n'était pas un fervent pratiquant, mais il y avait des moments où la religion était d'un grand réconfort, notamment lorsqu'elle expliquait de nombreuses choses… La mort. La raison de tout ceci. Les dieux étaient louables d'avoir créé ce monde. Mais fallait-il pour autant endurer autant de sacrifices ? Fallait-il rendre hommage aux Sept dans la douleur de payer le prix d'une existence qu'il leur avait été offert. Un cadeau ne se payait pas lorsque vous le receviez. À moins que tout ceci soit mensonger. « La vie continue. » Conclut-il pour mettre fin à la morosité ambiante.

« Mon neveu Walder vient d'avoir dix ans. Il est temps pour lui de voir autre chose que les murs outrageusement décorés de ce château. Vous en conviendrez, nécessairement. Où avez-vous fait votre propre écuyage, sire Kenning ? » Sumner apparut dans l'encadrement de la porte, discrètement, comme pour signaler à Robert que son père et son frère étaient prêts à recevoir leur invité. « Je crois que, dans votre but de lier intimement nos deux familles, un tel service rendu à mon frère Flément ne pourrait, en aucun cas, laisser indifférent mon père, lord Andros. » Robert sourit en se relevant. « Notre discussion s'est révélée très riche sire Kenning. Je suis certain que vous aurez beaucoup mieux à discuter lors de cette entrevue. Mais ce fut un plaisir. » Sumner s'avança et baissa la tête respectueusement la tête. « Lord Andros est prêt à vous recevoir sire Kenning. Veuillez me suivre. » Robert conserva un sourire poli et acquiesça positivement de la tête à la phrase de Sumner.

Date d'inscription : 01/01/2021

# Mer 30 Juin - 12:27

Voir loin, parler franc, agir ferme

An 303, Lune 3
Robert Brax et Darren Kenning

Les Brax étaient-ils tous aussi avenants que celui avec qui il discutait depuis un moment déjà ? Darren en venait à l’espérer. Les pourparlers qui l’attendaient n’en seraient que plus agréables à mener. Il ne baisserait pas sa garde pour autant face à Lord Brax. Il était là pour obtenir un accord équitable, pas pour chercher uniquement le soutien d’une grande maison ouestienne. Les mots ne valaient rien sans une contrepartie, une garantie de mettre un terme à des négociations avec un accord équitable pour les deux partis. Car si les Nordiens pouvaient se contenter de la parole donnée, il n’en était pas ainsi plus au sud... L’accueil qui lui avait été réservé à la veille du grand départ de la maison à la licorne pour le Val se devait toutefois d’être souligné. Les seigneurs de Kayce n’avaient pas la meilleure réputation chez les vassaux des Lannister. Mais il était pourtant là, sans qu’on y fasse allusion ou que l’on cherche à écourter sa présence à Corval.

Un respect de l’étiquette que l’héritier des Kenning se devait de saluer. Ce n’était pas son seigneur et avare de père qui se plierait à ce genre d’exercice s’il n’avait pas la certitude d’en tirer un gain pécunier...

Le moment étant venu de prendre congé du fils de Lord Tytos, Darren eut dernière surprise de voir Robert suggérer l’établissement d’un lien entre leurs deux maisons. Un moyen de sceller leur accord commercial de façon durable en plus de rendre service. Si les discussions finissaient par aboutir, le chevalier se devrait de remercier son interlocuteur d’une quelconque façon. Mais il était trop tôt pour y songer. Car la part la plus éprouvante de son voyage se profilait à l’instant...

- « Les Prestre sont de grands amis de ma maison. C’est à Feux-de-Joie, au service de Lord Garrison que j’ai appris la voie de la chevalerie... Mon maitre m’a adoubé et offert la main de son unique fille lorsque je lui ai évité les pires outrages de la part de bandits...”» Expliqua-t-il avec un étrange sourire au coin des lèvres.

Le souvenir de son service au sein de la maison de son épouse et la façon dont il avait gagné sa main restait quelque chose de cher à ses yeux. Et si se furent les fer-nés qui tâtèrent ironiquement pour la première fois mortellement de son épée sur les murailles de Pyk, lui l’héritier Kenning, c’est de la mort de ces brigands dont il se souvenait avec le plus d’aisance. L’un d’entre eux n’était alors guère plus âgé que lui lorsque sa lame déchira ses chairs.

- « Ce peut être une solution pour sceller notre accord, je le concède. J’en discuterai avec votre père. J’espère que votre neveu goûte la voie des armes... Je ne suis guère le plus conciliant des hommes concernant l’entrainement, je me dois de le reconnaitre. Merci pour cet échange Ser Robert. Je ne doute pas que nous pourrons converser à nouveau.”» Conclut-il finalement en saluant d’un respectueux signe de tête le fils du seigneur des lieux.

S’aventurant à la suite de l’intendant de la place, Darren avait sur les épaules une grosse responsabilité. Celle de négocier un accord profitable pour les siens, à la veille de prendre la tête de sa maison...

Codage par Libella sur Graphiorum

#