[FB] a new chapter in life Feat Marianne

An 303, lune 4, semaine 4 Dans ces couloirs encore inconnus, elle déambulait, une nuit difficile. Une nuit ou ce rêve vert était réapparu. La peur ne la figeait pas sur place, mais la poussait à vouloir marcher, à se vider l'esprit. Son Barral lui manquait, elle n'avait aucun endroit ou se réfugier et il était fini le temps ou elle se précipitait auprès de sa cousine, Mya. La servir était devenu son privilège, mais la diriger à une heure si matinale était légèrement exagérée. Puis, elle avait un époux, à présent. D'un coup, elle rentra dans une pièce, observant la tenture sur les murs avec sa lanterne, elle voulait oublier cette vision. Comment un homme pouvait agir ainsi contre des enfants ? Mais surtout, qu'est-ce qu'il prévoyait de faire à Harrenhal ? En quoi les Bracken était liée à ce roi ? S'agissait-il de Viserys ? Elle ne l'avait jamais vu et ne pouvait le dire, mais qui d'autres pourrait porter une couronne écarlate que lui ? Viserys lié aux Bracken. Cela lui donnait des sueurs froides. Trop de visions, liés à ce lac sous des formes différentes, trop de petits détails qui l'emmenait vers la crainte d'une guerre prochaine sur ses terres natales. Toutes ses craintes l'avaient poussée à dévoiler son secret à Lucas, mais pourtant, elle ne se sentait pas libérée pour autant du poids de son don. Elle espérait tout comme elle craignait de futur rêve, peur de ce qu'elle pourrait apprendre. De toute manière, que pouvait-elle faire de plus à présent ? Elle avait tout raconté dans les moindres détails, ces différents rêves prophétiques, même celui qui l'a faisait toujours trembler de terreur. Soufflant un grand coup, elle continua son excursion à la recherche d'un nouvel endroit ou elle pourrait se sentir en sécurité.

Le temps avait filé, elle avait croisé quelques gardes qui ne s'étaient pas trop intéresser à elle. Puis finalement, elle remarqua un visage connu, un visage qui vint à éclaircir son visage de bonheur. Sans attendre, elle vint à courir jusqu'à elle et lui attrapa le bras, pour doucement poser la tête contre son épaule. Que regardait-elle par la fenêtre ? Le jour se levait à peine et le soleil qui se levait dans les montagnes donnait une belle vision. Un temps de calme qui lui fit oublier toutes ses pensées parasites. Son départ serait pour bientôt, comme celui de Lucas. Quitter Corneilla n'avait pas été pas facile, mais elle savait que de les voir partir et rester seules , Mya et elle, sera encore pire. Elles ne seront plus que deux faces à cette nouvelle vie qui les attendaient. Finalement, Delya brisa le silence apaisant :

- Tu crois que je vais me plaire ici ?

Marianne, elle était incapable de se souvenir de quand remontait leur rencontre, étant bien trop jeune. Mais elles étaient amies, peut-être pas autant que Brynden et elle, mais l'épouse de Lucas avait une place importante dans sa vie.
 

An 303, lune 4, semaine 4 Les noces s’achevaient sur une touche légère, rassurante quant à ce trouble duquel le monde s’était inquiété depuis tant d’années. Marianne avait d’autant plus apprécié la finalité de l’évènement dans la mesure ou ceci lui permit de se plonger vers cet Espoir qu’ils peinaient tous à étreindre. L’envergure de l’ambition n’en paraissait que plus lourde, plus imprévisible, visant à ternir les moindres rayons du soleil qu’ils redécouvraient tous à peine. A croire que le monde ne pouvait jamais se contenter d’accepter la bienséance. Il lui fallait toujours de la noirceur, de la terreur. Cela commençait à agacer la jeune Seigneur, qui, veillait néanmoins à préserver son intégrité et ses élans d’espoir pour le bien de tous. Qui était-t-elle pour juger d’une tournure qui la dépassait ? Personne. Qu’un simple engrenage dans un système où tous disposaient de leur place et où seuls les Sept et les Anciens en connaissaient le dénouement. Mais sa témérité tenait bon. Garder un cap certain afin d’apaiser ses proches, d’oser concevoir un avenir dans lequel leur fille, Tysha, côtoierait le bonheur et toutes les bienséances que Westeros serait à même de lui offrir. Oui, Marianne osait croire en cet avenir, malgré ses craintes, malgré ses doutes. Il fallait qu’ils parviennent à s’y raccrocher afin de tout mettre en œuvre pour le concevoir, l’idéaliser, le confondre dans des mœurs qu’ils retrouveraient tous un jour. Sa vision n’en devenait que plus naïve, elle en était consciente, mais elle désirait plus que tout se raccrocher à cette idée. Aujourd’hui, demain, pour les années à venir, surtout depuis que les héros de guerre les avaient sauvées d’une menace somme toute plus grande encore. La reconnaissance quant à cet acte n’avait fait que grandir depuis le retour de son époux et veillait à lui conférer un courage nécessaire pour envisager de braver les combats politiques à venir. Sa fidélité n’en devenait que plus forte encore, tant est si bien qu’elle puisse l’être, alors que ses yeux s’emplissaient d’une fierté et d’une joie incommensurables à chaque fois qu’elle croisait les silhouettes de Lucas et Brynden. Ils avaient les avaient sauvés tous. Et elle espérait de toute son âme que cette leçon serait suffisante pour restreindre les ambitions des plus perfides.

Ainsi, les bonnes grâces du mariage de la cousine de Lucas lui firent du bien. Dans la mesure où tout ceci, lui permit d’accepter un peu plus un retour vers des valeurs fondées à partir de la bienveillance et de la bonne entente de tous. Certes, savoir que certaines des membres de leur famille seraient plus éloignées lui fendait le cœur, néanmoins elle savait qu’elles sauraient trouvées un réel équilibre et une place certaine dans cette demeure. Les Hardyng n’étaient pas connus pour être des personnes froides et mauvaises, au contraire, le chaleureux dont ils avaient su faire preuve pour les noces rassuraient le cœur de la jeune brune et l’incitait à croire en un bel avenir pour Mya mais aussi pour Delya. Cette petite jeune fille qu’elle avait vu grandir au fil des années et qui se révélait être l’une des plus belles beautés du Conflans à l’heure actuelle. Elle la connaissait courageuse, trait partagé, entre tous les Nerbosc, et la connaissait assez pour savoir qu’elle parviendrait à se faire une place dans cet espace et en ces lieux. Les hautes montagnes à perte de vue ne seraient pas un obstacle pour Delya, ni même les lieux qui les séparaient. Au contraire, Marianne avait confiance en elle pour la savoir à même de trouver sa propre voie mais également d’accompagner avec briot sa cousine, Mya. Un sourire naissait doucement sur l’embrasure de ses lèvres, alors que ses émeraudes plongeaient vers les hauteurs et que ses idées s’orientaient volontiers vers réalité. Pour toujours, la petite Delya aurait son soutien si elle le lui demandait. Et elle ne fut pas surprise de sentir une main se confondre dans la sienne au même moment qu’une silhouette cherchait une étreinte contre son épaule. Il n’y avait qu’elle pour agir ainsi, elle, ou la petite Bethany. Mais à en juger par sa hauteur, Marianne savait pertinemment de qui il s’agissait.

Ses doigts se serraient autour des siens, son sourire grandissait alors que le silence les berçait toutes les deux vers cette étreinte amicale. Ce ne fut que lorsque la jeune fille à ses côtés prononça ses premières appréhensions que la jeune fille pencha sa tête de manière à que cette dernière puisse s’accoler à celle de Delya. « Les premiers temps seront difficiles, mais je sais au fond de moi que tu trouveras ta place ici. » Sa voix se voulait rassurante, fidèle à celle d’une grande sœur désireuse de rassurer sa cadette quant à l’avenir. « Tu as une très belle vue, c’est déjà un bon point ne trouves-tu pas ? » Sa tête se rééquilibra afin de pouvoir se redresser doucement de manière à se tourner pour ainsi lancer une œillade amusée en direction de la jeune fille à ses côtés. « C’est toujours mieux que la ville non ? » lui demandait-t-elle toujours avec cette pointe d’amusement. Toutes les deux adoraient la nature et les enfermer derrière des remparts citadins étaient ce qu’elles avaient en horreur. « Et puis j’ai l’impression que cette maisonnée répond aux même valeurs que celle de notre famille. Certes, l’évènement aidait à juger une telle optique, néanmoins, tous semblent attachés réellement les uns aux autres. » Cette fois son regard se fit beaucoup plus solennel, lui permettant d’y immiscer de la tendresse dans l’espoir d’inscrire l’assurance d’une vérité dans le cœur de son amie.

 

An 303, lune 4, semaine 4 Il était bon de retrouver une amie pour oublier les présages lugubres des anciens dieux. Oublier ce mauvais rêve, c'était tout ce que demandait Delya, à ce moment précis. Très tactile envers ses proches, elle n'hésita pas à prendre l'épouse de son cousin par le bras et de poser sa tête sur son épaule. Un moment fait de sérénité face à cette vue qui restait magnifique. Dire qu'à présent, elle verrait cela chaque matin, c'était à la fois gratifiant et étrange. Après un temps de silence, elle osa enfin le briser pour poser une simple question. Simple, certes, mais importante. Delya avait toujours rêvé de quitter Corneilla, emporter par l'aventure de d'autres lieux, mais c'était véritablement la première fois qu'elle découvrait une autre région de ses yeux. 

« Les premiers temps seront difficiles, mais je sais au fond de moi que tu trouveras ta place ici.  Tu as une très belle vue, c’est déjà un bon point ne trouves-tu pas ? »

Trouver sa place ! Cela avait toujours été la problématique de Delya et elle espérait vraiment qu'en ce lieu, elle sentirait ce sentiment d'être là où les anciens dieux voulaient. Ils avaient forcément tracé un chemin pour elle, autrement pourquoi lui avoir donné le don de vervue. Ne voulant pas en venir à ce sujet, elle préféra rebondir sur la vue qui s'offraient à elles.

- Un très bon point d'ailleurs !

Qui ne pouvait pas aimer cette vue ? Ne pas chercher à découvrir cette étendue sauvage ? Brynden avait eu raison lors de leur dernier échange auprès du Barral. Le Val était un lieu à apprécier et surtout découvrir. 

« C’est toujours mieux que la ville non ? »

Il était vrai que Marianne avait voyagé, découvert bien des régions, mais ce n'était pas son cas. Relevant la tête, elle répondit simplement :

- Je ne connais pas la ville, mais je veux bien te croire !

Pour cette amoureuse de la nature, il était certain qu'elle ne pensait pas apprécier un endroit où celle-ci n'est pas le contrôle, mais comment juger sans connaître. Elle était bien incapable de le faire, bien sûr, à l'inverse, elle voyait bien des lieux à travers ses visions et certaines villes lui paraissaient tout de même intéressante à voir. 

« Et puis j’ai l’impression que cette maisonnée répond aux même valeurs que celle de notre famille. Certes, l’évènement aidait à juger une telle optique, néanmoins, tous semblent attachés réellement les uns aux autres. »

Échangeant un regard avec Marianne, il y avait toujours cette bonté qui ressortait d'elle. De toute sa vie, Delya pouvait dire qu'elle était l'une des personnes les plus pures qu'il lui était donné de rencontrer. Pour dire vrai, avant la mort de son père, puis même voir par son don un homme s'en prendre à des enfants, elle aurait pu partager cette joie, cette envie de voir le monde dans ses plus beaux atours, mais la connaissance l'empêchait de se méprendre. Sans son don, elle n'aurait pas appris à se méfier et pourtant, Delya gardait en tête qu'il fallait favoriser la paix et que pour ce faire observer la vie sous un meilleur jour.

- Pour moi, il n'y a vraiment que Mya qui compte ! Mais tu as raison, ils semblent bons, les uns envers les autres et je connais l'attachement de Lucas pour le Val.

Son cousin était attachée surtout au Royce, mais jamais, il ne l'aurait pas envoyé vers un endroit où il n'avait aucune confiance, tout comme Brynden. Delya avait une confiance aveugle envers eux. Puis Brynden lui avait dit qu'au moindre danger, il viendrait.

- Comme pour toi !

Un sourire à pleine dent fit son apparition. Marianne et Lucas formaient le plus beau couple à ses yeux, celui qui respirait l'amour malgré les épreuves. Finalement, s'éloignant de son amie, elle vint simplement à souligner d'un ton plus joyeux :

- Tu sais si tu as des conseils à me donner, c'est maintenant ou jamais !

 

An 303, lune 4, semaine 4 La douceur faisait écho à la pureté, tout comme la tendresse se plaisait à répondre à la bienveillance qui n’avaient de cesse de grandir. La petite cousine des Nerbosc inspirait de si belles choses, que les appels qu’elle lançait à la jeune fille éveillaient chez elle ce désir de vouloir y répondre pour la rassurer. Lui ouvrir les yeux, sur ce monde en découvrir qu’elle foulerait de ses pas aventuriers mais également curieux d’en apprendre un peu plus de la vie de tout un chacun. Marianne n’était pas dupe, elle savait que cet épisode serait probablement marquant dans la vie de la petite Delya et pour toujours elle lui serait un soutien infaillible. La distance qu’elle soit physique ou morale ne viendrait jamais à bout de ce lien amical qu’elles avaient pu développer au fils des années. Un lien dont la force se puisait directement dans des valeurs qu’elles partageaient pour beaucoup et dont elles avaient pris pour habitude de confronter afin de répondre à ce même désir de paix qui les envahissait. Ainsi, même si les miles les séparaient, elle était certaine qu’elles continueraient à prendre des nouvelles, à se rassurer mutuellement, mais surtout, Marianne espérait que la jeune fille lui conterait les diverses expériences qu’elle serait amenée à connaître ici. Alors lui témoigner de son honnêteté quant à cette vue imprenable et à couper le souffler lui était une certaine forme de réassurance quant à tout ce chemin qu’elle serait amener à parcourir en compagnie de Mya. Son sourire ne put que grandir un peu plus au moment où l’optimisme débordant de Delya répondait volontiers à cet espoir. La petite brune ne pu que serrer un peu plus ses doigts contre ceux de sa cousine, heureuse, mais surtout fière de retrouver cette force si caractéristique et pure qui la définissait. Et grâce à la jeune fille, Marianne parvenait à se tirer doucement des pensées plus obscures auxquelles elle s’était perdue avant son arrivée. Elle ne pouvait qu’y croire en constatant le sourire de Delya, en recouvrant ce désir de paix. Elle ne désirait en rien décevoir l’intégralité de sa famille, et pour ne serait-ce qu’en admirer un de plus, Marianne admettait volontiers que l’ombre n’aurait pas raison d’eux. Jamais. « La ville est bien plus riche d’un point de vue culture, mais pauvre et injuste dès lors que les apparats s’estompent pour laisser place à la vérité. » Son témoignage lui était propre, tant ses voyages lui avaient permis d’en apprendre un peu plus sur les métropoles. Qui certes sont toujours plaisantes, chatoyantes pour un bon nombre, si nous nous trouvions du bon côté, mais qui puisaient les ressources de chaque miséreux sans état d’âme. Un concept qu’elle n’approuvait pas et dont elle était certaine qu’il en serait de même pour Delya, dans l’éventualité où ses voyages la mèneraient jusque là bas. « Mais tu t’en feras probablement tes propres idées lorsque tu le découvriras à ton tour. » préférait-t-elle la rassurer tout en lui offrant un nouveau sourire.

Et puis, la conversation les mena naturellement vers cette maisonnée dans laquelle, la jeune fille, apprendrait à se mouvoir et à se faire une place. Elle comprenait ses inquiétudes, cette peur de l’inconnu dont ils avaient tous à faire face à un moment donné de leur existence. Mais elle savait également que le courage de Delya ainsi que son optimisme lui permettraient de s’adapter très rapidement et d’être au plus proche des valeurs qu’elle défendait. Bien entendu, la réponse ne tarda pas à lui rappeler combien son sens de l’honneur reflétait la devise des Nerbosc. « L’Honneur plus cher que la vie ». Cette réalité eut tendance à étirer un peu plus ses lèvres. « Mya a énormément de chance de t’avoir à ses côtés, tout comme nous tous. » ne put-t-elle garder pour elle tout en rapprochant sa main de son visage pour caresser doucement sa joue d’une manière maternelle. Et bien entendu, le pourpre ne tarda pas à venir s’installer naturellement sur ses joues alors que les confidences veillaient à lui montrer la manière dont les regards extérieurs percevaient l’amour de son époux envers elle. Emue quant à cette dernière, la jeune fille se mit à baisser sa tête. « La réciproque est vraie également le concernant. » Elle savait qu’elle n’avait pas besoin de se justifier, mais son naturel veillait toujours à rassurer. Et puis, elle savait également qu’elle pouvait partager ce dont elle ressentait sans craindre de moquerie à leur cousine.

L’instant terminé, la jeune fille posa à nouveau son regard émeraude vers l’horizon qui s’étendait devant elles. Elle regrettait simplement que Tysha soit trop jeune pour se rappeler d’un tel voyage et espérait que d’autres viendraient pour que les souvenirs puissent s’inscrire dans sa mémoire. Toutefois, elle fut rapidement sortie de ses pensées alors que l’amusement guettait l’air malicieux de la jeune fille à ses côtés. « Hum… voyons… laisse-moi réfléchir un instant. » s’amusait-t-elle à son tour tout en plaçant son index juste au-dessus de son menton pour faire mine de réfléchir. Puis, doucement ses yeux se posaient sur Delya. « Tu dois bien te douter du premier d’entre eux n’est-ce pas ? » Un sourire en coin, amusé, bienveillant, vint à se dessiner naturellement sur ses lèvres. « Ecoute toujours ton cœur. Que ce soit pour des questions ordinaires ou bien plus compliquées. Que ce soit pour des situations qui t’échappent et sèment le doute, prends le temps de l’écouter. Lui, seul, ne te trahira jamais. » Et elle parlait d’expériences, Marianne avait toujours pris le temps d’écouter ce que son cœur avait à lui confier. Et Lucas l’avait énormément aidé à retrouver cette partie dans les moments les plus sombres de leurs expériences.


 

An 303, lune 4, semaine 4 Bientôt sonnerait le moment de la séparation, un nouvel en revoir sans savoir quand leur chemin se croiserait de nouveau. Une nouvelle vie l'attendait et hormis Mya, elle ne serait entourée que d'inconnu. Mais à cet instant, elle oublia tous ses petits détails, elle ressentait le besoin d'échanger un bon moment avec Marianne et c'est ainsi qu'elle vint à lui demander des conseils. Marianne avait tellement voyagé, tellement croiser de personnes différentes, elle serait quoi lui dire, aucun doute la dessus. Posant sa question avec un grand sourire.

« Hum… voyons… laisse-moi réfléchir un instant. »

Delya s'empêchait de rire, voulant garder ce sérieux, mais elle ignorait totalement ce qu'allait lui dire son amie. Elle attendait avec impatiente les mots qui allaient traverser sa bouche. 

« Tu dois bien te douter du premier d’entre eux n’est-ce pas ? »

Elle haussa simplement les épaules, face au sourire de la Harlton. Il était vrai qu'elle ne se doutait de rien, sûrement un conseil lié à la bienveillance, à la pureté, au coeur. Oui, Delya avait finalement bien une idée des prochaines paroles de Marianne, mais pour dire vrai, ne s'attendait au final pas à ce conseil précis qui allait être cité. 

« Ecoute toujours ton cœur. Que ce soit pour des questions ordinaires ou bien plus compliquées. Que ce soit pour des situations qui t’échappent et sèment le doute, prends le temps de l’écouter. Lui, seul, ne te trahira jamais. »

Son sourire se figea sur place. Les paroles de Marianne se répétaient dans son esprit. Et là, ce fut comme une vague qui l'emportait. Écouter son coeur ? Ses mots ne la quittaient plus, a tel point qu'elle vient à le dire à voix haute.

- Écouter mon coeur !

Son coeur ne la trahira jamais, d'après les dires de Marianne, mais n'avait-elle pas trahi son coeur en laissant Ozven partir à la guerre ? Les fissures provoquées par sa perte étaient encore bien présence et douloureuse. Delya réalisait que par sa décision, elle s'était fait souffrir, mais en même temps, il en valait de l'honneur et une part d'elle savait qu'Ozven serait sûrement partie, qu'il aurait fait face à la mort, bien qu'elle lui aurait prédit sa chute. Soufflant un grand coup, elle ajouta : 

- Je ne sais pas si je peux le faire sans trahir la citation de ma famille. Des fois, l'honneur fait qu'on ne peut pas écouter son coeur !

C'était une réalité cruelle et pourtant vrai. Delya écoutait très souvent son coeur, mais encore plus depuis l'arrivée de son don, elle savait aussi écouter son esprit.

- Ton coeur ne t'a jamais mal guidé ?

 

An 303, lune 4, semaine 4 Les doutes faisaient partie intégrante d’une vie. N’étaient-t-ils pas le fondement même de ce à quoi tout un chacun se rapprochait dès lors que la remise en question nous guettait ? Ne participaient-t-ils pas à l’évolution d’une vie ? Qu’ils fassent partie des bons moments ou des instants plus difficiles, ces actes étaient et seraient pour toujours inscris dans l’existence de chacun. Ne pas en connaître serait signe d’un isolement total, aussi bien envers soi-même que vers l’extérieur. Et la vie méritait d’être riche d’énormément de choses : de rencontres, grâce auxquelles nous pouvions évoluer, de curiosités, avec lesquelles il était parfois plus amusants de s’y laisser guider pour découvrir de nouvelles choses, d’expériences qui alliaient forcément aussi bien l’un et l’autre point tout juste abordé auparavant. La vie était ainsi faite et se façonner en toujours en fonction de choix que nous avions ou allions déterminer à des moments précis de nos vies. Alors se poser la question au moment même où un tournant semblait prendre effet était tout à fait normal. Elle-même s’était maintes et maintes fois demandés si ses choix étaient les meilleurs, si elle n’avait peut-être pas dû agir autrement à un instant donné, si elle aurait dû elle-même se sacrifier. Mais le recul et surtout l’écoute de son cœur lui avaient permis d’admettre qu’elle avait agi au mieux. Bien sûr, comme tout le monde, Marianne vivait avec des regrets, toutefois, elle osait croire qu’elle apportait ne serait-ce qu’une once de bonheur et de bien être à ceux qui lui étaient chers. Tout comme eux étaient en mesure de l’apaiser dans les moments les plus difficiles, la jeune fille avait su trouver un bel équilibre afin de poursuivre sa vie et en profiter autant que les Sept et les Anciens l’auraient décidé pour elle. Son sourire n’en devenait que plus grand devant ce constat, devant cette vérité dont elle espérait secrètement qu’elle saurait toucher le cœur de la jeune Delya. Car oui, écouter son cœur était probablement une naïveté, mais cela conférait tant de belles expériences, tant de bonheur, qu’elle ne pouvait que lui révéler cette dernière sans aucun détour. Aussitôt, elle parvenait à comprendre l’écho duquel la jolie jeune fille brune semblait prendre parti. Même si, elle avait cru que cette révélation ne serait pas une surprise venant d’elle, il lui semblait déceler une certaine écoute dans les gestes de la jeune fille.

Souriant de plus belle devant cette réaction, Marianne se permit de saisir délicatement ses doigts afin de lui prouver de son soutien face au cheminement dont elle semblait faire face. Attentive à la moindre de ses réactions, elle attendit patiemment, avant de finalement relever son menton dans un geste qui exprimait sa compréhension quant à l’honneur. A vrai dire, Marianne n’avait pas tout à fait la même définition de ce terme. « A moins que l’honneur ne soit en réalité qu’une forme de ce que te dicte ton cœur. » Se contenta-t-elle de commenter tout en préservant son sourire. Car oui, selon elle, l’honneur et le cœur étaient directement liés. « Prenons un exemple notoire, ta présence ici auprès de Mya. Ton cœur ne s’est-t-il pas allié à l’honneur afin que tu puisses l’accompagner et demeurer à ses côtés ? Est-ce réellement un devoir ou plutôt une évidence afin que vous ne soyez pas séparées ? » Elle espérait que cette question, aussi simple soit-t-elle, fasse écho dans le cœur de la jeune fille pour lui permettre de comprendre quelle vision elle avait. Comment elle parvenait à appréhender le monde afin de trouver des bienséances dans chacune des actions qu’ils menaient tous. Et désireuse de vouloir apporter une vérité à Delya, Marianne marqua un temps d’arrêt au moment où la question donnait l’impression de tomber. « Répondre non serait un mensonge. » affirmait-t-elle alors que son regard se perdait doucement vers les méandres de ses souvenirs. Vers des instants où elle s’était trompée comme tout le monde et dont elle en regrettait l’échec. « Il m’est arrivé dernièrement de me tromper sur une amitié, hélas, j’ai cru bon de croire afin de ramener cette amie à la réalité. » Bien sûr, elle faisait écho à sa rencontre à Bel-Accueil, à cet échec qu’elle n’arrivait pas à admettre alors que Lady Liane lui avait fait énormément de peine. « Malheureusement, nous ne pouvons choisir pour les autres et nous nous devons d’accepter leurs décisions. C’est généralement là où mon cœur me trompe dans un premier temps avant que le recul ne fasse son effet et puisse me permettre de comprendre que tout le monde est différent. » Un sourire triste vint à se dessiner sur le recoin de ses lèvres. Si seulement, elle était parvenue à trouver les bons arguments de manière à ce que l’amitié entre Liane et Lucas n’en ai pas pâti.

Elle secouait légèrement sa tête de manière à revenir à la réalité, espérant simplement ne pas avoir fait des frayeurs à Delya, dont elle tenait toujours la main d’une manière maternelle. « Ecouter ton cœur sera toujours une solution, même s’il te fait mal, même s’il te donne parfois l’impression de ne pas tout comprendre, il n’en sera pas moins ton meilleur allié. » A nouveau, la jeune fille lui sourit tendrement tout en serrant doucement ses doigts de manière à lui transmettre cette protection qu’elle désirait plus que tout lui offrir. « Ca et les lettres que nous t’enverrons, que nous soyons à Corneilla, Castel-Bois, Winterfell ou je ne sais où dans Westeros, nous serons toujours là. » Elle s’incluait dans ce « nous », dans ce rappel de la famille à laquelle elle appartenait et dans laquelle elle savait y avoir sa place aujourd’hui. « Ce qui m’amène à mon deuxième conseil de toujours croire en ta famille. » Cette vérité était bien réelle, à même de se distinguer de tous les autres conseils, puisqu’ils seraient toujours à ses côtés. La distance ne saurait ternir les liens qu’ils nouaient tous, le passé le leur avait prouvé alors le présent ne serait qu’un reflet de plus devant ce constat.

An 303, lune 4, semaine 4 Il y a des valeurs inculquées depuis la tendre enfance, des valeurs qui doivent dicter les décisions, des valeurs qui font simplement partie de soi. L'honneur était la valeur des Nerbosc, son père était mort pour honneur et protection, Ozven aussi. L'honneur plus cher que la vie semblait rappeler que mieux valait mourir que de se déshonorer. Un concept sûrement difficile à comprendre, mais que Delya s'évertuait à suivre et d'être digne de la citation familiale. Marianne lui disait elle d'écouter son coeur, mais depuis la perte d'Ozven, elle eut du mal à se dire que les deux pouvaient être complémentaire. Pourtant, son amie vint à lui rappeler qu'elle avait écouté son coeur pour suivre Mya dans le Val, ainsi que son honneur. Une belle façon de voir les choses. C'était certainement un devoir, le plus grand devoir qu'elle avait eu de sa vie, mais c'était surtout l'amour pour sa cousine. Un sourire s'afficha sur son visage, et pourtant, un doute persistait. De suite, la corneille interrogea l'épouse de son cousin, voulant savoir si son coeur ne l'avait jamais mal guidé. 

« Répondre non serait un mensonge. Il m’est arrivé dernièrement de me tromper sur une amitié, hélas, j’ai cru bon de croire afin de ramener cette amie à la réalité. Malheureusement, nous ne pouvons choisir pour les autres et nous nous devons d’accepter leurs décisions. C’est généralement là où mon cœur me trompe dans un premier temps avant que le recul ne fasse son effet et puisse me permettre de comprendre que tout le monde est différent. »

Delya pouvait voir la tristesse sur le visage de Marianne, tout comme le ressentir. Accepter la différence n'était pas chose aisée, mais là, il semblait que son amie est simplement été vers des chemins ou la Harlton ne pouvait l'aider. Pour ne pas lui causer plus de tourment, elle garda le silence, tenant toujours sa main dans la sienne.

« Ecouter ton cœur sera toujours une solution, même s’il te fait mal, même s’il te donne parfois l’impression de ne pas tout comprendre, il n’en sera pas moins ton meilleur allié. Ca et les lettres que nous t’enverrons, que nous soyons à Corneilla, Castel-Bois, Winterfell ou je ne sais où dans Westeros, nous serons toujours là. »

Sans s'en rendre compte, elle posa sa main libre sur son coeur, en cherchant les battements. Il est vrai qu'il souffrait toujours de la perte d'Ozven, ainsi que de celle de son père, mais il était fort sans aucun doute. Finalement, un sourire apparut sur son doux visage, Marianne avait tellement voyagé, un rêve qui pourtant n'était pas encore sien. Mais à chaque fois, elle lui écrivait et il était certain que leur amitié était bien plus forte que la distance. 

« Ce qui m’amène à mon deuxième conseil de toujours croire en ta famille. »

Jamais, Delya avait douté des siens, même de Dannis. Son frère avait beau être l'homme le plus barbant de sa vie, il lui manquait déjà. Pour dire, tous lui manquaient ! Elle, qui avait toujours rêvé de partir, regrettait à ce moment précis, l'ancienne routine de sa vie.

- Je crois en ma famille, tout comme je crois aux anciens dieux. Ils seront toujours présents autant dans mon esprit, que de mon coeur.

De par ses paroles, elle prouvait à la Harlton qu'elle avait bien compris son conseil, pour ne pas dire ses deux conseils. Elle sentait déjà au plus profonds de son coeur, mais surtout à l'avancer de la journée, que le moment de la séparation était arrivée. 

- Je vais devoir bientôt aller m'atteler au devoir qui est mien !

Servir Mya, elle se demandait déjà ce que sa cousine lui demanderait en premier. Elle était heureuse de ce privilège, mais aussi nerveuse, peur de faire un faux pas, de ne pas être à la hauteur de sa tâche. Croisant le regard de Marianne, elle vint finalement à lâcher sa main pour la prendre dans ses bras et lui murmurer à l'oreille :

- Prends bien soin de Tysha, Lucas, mais surtout de toi !