[MINI-EVENT] Du rififi dans les Montagnes Rouges

Le riche marchand couronnien suffoquait dans l'habitacle de bois tiré par les chevaux. Son doigt épais tirait sur le col de sa chemise afin d’en desserrer l'emprise sur son large cou, pour mieux respirer. Et dire qu’il avait accepté de s’aventurer jusqu’à Dorne parce qu’il pensait que l’hiver lui rendrait le voyage agréable. Mais le printemps était revenu et il était forcément plus chaud dans les Montagnes Rouges que dans sa baie natale de la Néra. Et l’appréhension qui l’habitait depuis plusieurs semaines n’arrangeait rien. Le roi Rhaegar avait déclaré la principauté de Dorne comme traîtresse à la Couronne juste au moment où il était arrivé à destination pour vendre ses marchandises. Il lui aurait été plus rapide de rejoindre la côte et de rentrer par la mer, mais quel navire dornien aurait accepté de faire voiles jusqu’à Port-Réal dans ce contexte ? Aucun ! Alors il n’avait eu d’autres choix que de reprendre la route par les terres. Et enfin l’issue lui semblait proche. La frontière n’était plus bien lointaine, il serait bientôt de retour sous la protection de son Roi. Mais les quelques heures qui le séparaient encore de cette délivrance lui étaient difficiles à vivre. La nervosité de son épouse à ses côtés n’arrangeait rien. Elle ne cessait de reprendre leur fils, chaque fois qu’il dégageait le rideau de velours afin d’admirer le paysage, le sommant de rester en place et de ne pas se dévoiler de la sorte. Comme son époux, elle avait assez vécu pour connaître la réputation des Montagnes Rouges et de leurs brigands mal intentionnés.
“Oh !” héla le cochet soudainement, faisant sursauter le couple, tandis que le carrosse s’arrête brutalement. Le fils passa la tête au dehors. “Que se passe-t-il ?” demanda-t-il d’une voix simplement curieuse, sans appréhension aucune. “Des roches gênent le passage. Nous devons soit faire demi-tour et emprunter un autre chemin, soit nous arrêter le temps de les dégager…” Le fils se réinstalla face à son père, prêt à retranscrire ce qu’on venait de lui dire, mais il avait déjà tout entendu. Il ne lui restait plus qu’à se décider.