La fierté du Paon d'Argent [solo]

La fierté du Paon d'Argent

Telle une malédiction jetée sur le château de Montargent, le silence régnait en force. Les enfants étaient parties à la sieste et le seigneur des lieux avait mangé seule comme à l'accoutumer. Humfrey l'évitait depuis bien des lunes, depuis leur retour du mariage dans le Conflans. Il était fini des faux-semblants. Ils ne partageaient plus rien, faisant chambre à part, mangeant même dans des pièces séparées. Tous savaient au château que le couple était en froid et cela faisait peser une tension plus que perceptible. Des rumeurs courraient dans les couloirs de Montargent sur la raison d'un tel comportement, mais aucune qui puisse être la vérité. Bien sûr, les domestiques les plus anciens défendaient la Serrett, elle était leur seigneur et le fautive ne pouvait être que le coq étranger de Montargent. Des avis aussi sévères que pouvaient faire leur propre seigneur. Un seigneur qui viendrait à réagir, un jour ou l'autre, nul n'en doutait, le chevalier n'avait pas à la traiter ainsi. De moins, c'était le point de vue de certains, tandis que d'autres pouvait plaindre le Swyft, bien trop différent du Paon d'Argent. Mais aucune réaction d'Azilys, elle laissait le silence s'installer et le chevalier l'ignorer. Il y a des jours, elle savourait de ne plus l'avoir à proximité, mais il était vrai que de ne plus l'avoir à ses petits soins, pouvait lui manquer. Il y avait toujours eu quelqu'un dans le château qu'elle pouvait détester avec force tout comme l'aimer les heures suivantes, mais là, ce n'était que néant et le néant emportait tout ce qu'il avait de force en elle. Certes, elle avait ses enfants. Des enfants qu'elle aimait bien plus qu'elle l'aurait imaginer, mais ce n'était pas la même chose. Elle se sentait mère, elle se sentait seigneur, mais à ce moment précis, elle ne sentait plus femme. 

Se trouvant dans un petit salon, son regard était porté vers la fenêtre. Beaucoup pouvaient imaginer qu'elle observait la vue, Silver, se trouvant à contrebas, mais c'était son propre reflet qui l'a captivait. Un reflet à peine visible, mais qui lui donnait tout de même l'impression de sa présence. Finalement, ce fut le bruit d'une porte qui l'a sorti de ses pensées. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour reconnaître les pas qui s'étaient arrêter, sûrement en la voyant. Celui qui s'évertuait à la fuir se trouvait juste derrière elle. L'ignorer, elle le pouvait, mais elle détourna légèrement la tête et fut surprise de croiser son regard. Il était planté là, à l'observer et leurs yeux ne se quittèrent plus. Le silence était encore maître du moment et pourtant, ils n'avaient jamais autant communiqué qu'à travers leurs expressions. Vivre auprès d'Alyzéa, leur avaient aussi permis à développer davantage la communication non-verbale. Il ne la regardait pas forcement avec colère comme ses derniers temps, mais ce n'était quand même pas le Humfrey du début de leur mariage. Il avait changé, comme elle avait pu le faire des années auparavant.

Combien de temps étaient passé ? Elle était incapable de le dire, mais quand elle vit qu'il était prêt à faire demi-tour, elle se surprit à vouloir le retenir, mais surtout à la faire.

- Attends...

Une simple demande, mais une demande qui n'avait pas le ton d'un ordre, mais plus d'une supplication. Un fait inhabituel de sa part, mais elle avait besoin de le retrouver, qu'il la déteste ou qu'il l'aime, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était exister pour lui. Elle fut soulagée de le voir rester. Il était prêt à l'écouter, mais quoi lui dire ? Elle avait promis à la mère de tout lui dire si elle le protégeait dans cette bataille dans le Nord, mais ouvrir son coeur au coq lui était si difficile.

- Oui, je ne t'ai pas dit avoir perdu un bébé. J'ai peut-être menti en disant n'avoir jamais rien ressenti pour toi. Mais tu es mon époux, tu as fait des promesses le jour de notre mariage devant les sept, je te pensais un homme d'honneur pour les tenir.

La fierté avait repris le dessus, mais malgré son ton plus que désapprobateur, elle avouait tout de même ses torts. Certes, sans s'excuser , mais c'était déjà bien plus que lors de la tirade d'Humfrey dans le Conflans ou elle n'avait répondu que par le silence. C'était Azilys qui avait commencé ce combat de cette manière, a présent, elle espérait le terminé. 

La fierté du Paon d'Argent

Le silence venait de se briser, elle avait enfin fait le premier pas sans savoir ce qui serait la réaction d'Humfrey, sans même user de ruse pour tenter de le mener, là ou elle le voulait. Non, là, Azilys n'agissait pas en tant que seigneur de Montargent qui cherche à protéger sa maison, mais bien en tant qu'une femme à son époux. Se retournant totalement pour lui faire face, elle s'attendait à le voir se mettre en colère ou bien faire preuve de compassion. Deux caractéristiques qui auraient pu lui ressembler, mais d'un coup, elle remarqua la lassitude qui ressortait des traits de son visage. Était-il vraiment fatigué d'elle ? Finalement, il brisa son silence. Ses premiers mots pour elle, depuis Corneilla.

- Pourquoi Azilys? ..... Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour mériter un tel châtiment ?

Azilys n'en revenait pas. Se mettait-il vraiment en statut de victime ? Était-elle l'étranger personnifié ? Son regard changea de tout au tout. Il était rare que le paon d'argent perde patience, sachant maîtriser ses pensées et ses émotions, mais elle réalisait qu'il était temps qu'il ouvre les yeux.

- Qu'est-ce que tu a pu me faire ? Tu oses me poser la question !

Les réponses étaient déjà toutes préparées, elles avaient toujours été là. Il était certain que ces actions ne remontaient pas à hier. Ils avaient vécu bien des choses entre temps, aussi bonnes que mauvaise, mais la vérité se devait d'être dite.

-Tu crois que d'affronter Tybolt à la vue de tous les serviteurs, étais sérieusement une bonne idée ? Nous n'avons jamais reparlé de ce sujet, emporter par tous les chamboulements que tu as provoqués. Mais imagine le scandale que tu aurais pu engendrer, si nous n'avions pas agi avec Alyx. Et si je n'étais pas intervenu, Tybolt aurait pu te tuer et je me serai retrouvé seule avec nos enfants à naître. N'as-tu pas envisagé ces éventualités avant de foncer tête baissée affrontée l'homme qui était notre seigneur ? C'était une action égoïste. Puis attendre d'être à Corneilla pour m'affronter sur ma fausse-couche, c'était idiot et méprisant. Qu'est-ce que tu voulais que je te répondre ? Oui, mon époux, j'ai fait une fausse couche, j'ai perdu le jumeau de Luciana et je me sens fautive de ne t'avoir rien dit, mais rentre bien ça dans ta tête, de toutes les manières possible, je n'étais pas prête à te le dévoiler. C'était ma souffrance à moi, pas la tienne.

Parler ainsi lui donnait l'impression d'un tourbillon sans fin. Toutes ses émotions, toutes ses frustrations tournoyaient en elle. Elle avait l'impression que cela n'allait jamais s'arrêter et d'un coup, tous les pires moments de sa vie lui revint en mémoire. Le suicide de sa mère sous ses yeux d'enfant, son père qui lui demande de garder le secret, le soir ou elle avait dû éttoufer son père malade avec un coussin, pour sauver sa soeur. Une action qui n'avait en rien changer le destin tragique d'Aliénor. Puis, il y avait eu la mort de sa soeur, puis de son frère. Cette vengeance qui lui avait permis de tenir debout contre Tybolt, seul, responsable de la mort des siens par ces décisions, vengeance qu'Humfrey avait détruite par sa jalousie et son attaque envers Tybolt. Puis, finalement, il y avait eu ce jour alors qu'Azilys pensait que plus rien ne pouvait l'atteindre, qu'elle enfin trouver la paix et une vie sans histoire, ce jour, ou la douleur la figea sur place. Sa fausse-couche avait été le regroupement de tous ses malheurs et elle ne souhaitait plus jamais revivre cela. Prise d'un vertige, elle vint finalement à s'installer sur un siège et toute en reprenant sa respiration, avoua :

- Ca été la souffrance de trop. Dès que je viens à faire confiance à un homme, j'en paie le prix très cher.

Bien sûr, Humfrey était au courant que des grandes lignes de ce qu'elle avait pu vivre. La Serrett ne lui avait jamais donné sa confiance, du coup, il ne pouvait pas comprendre comment Azilys était finalement devenu le Paon d'Argent !

La fierté du Paon d'Argent

Le paon d'argent ne se sentait pas bien, prise par un flot de sentiments qu'elle n'arrivait plus à maîtriser. Humfrey lui avait posé une question, elle lui avait répondu sans prendre de pincette. Pour elle, il était temps qu'il réalise les erreurs qu'il avait pu faire et surtout ce qu'il aurait pu causer à la maison Serrett. Obliger à s'installer sur un fauteuil pour reprendre ses esprits, elle se sentait faible, trop faible. Jamais, un paon ne devait pas se permettre de se laisser aller ainsi, surtout face à un potentiel ennemi. Toujours impressionner, toujours se montrer sous son plus beau visage, toujours être la perfection sans faiblir. Là, elle n'était rien de tout ça, elle se retrouvait à être la proie d'un coq et attendait son verdict. Pour dire vrai, elle ne s'attendait plus à rien d'Humfrey, il semblait ses derniers temps aller toujours à l'inverse de ce qu'il avait pu être à une époque, mais quand elle releva les yeux, son regard froid et sévère avait repris sa place.

- Tu n'as pas le monopole de la souffrance et si tu te regarderais dans un miroir, tu réaliserais que c'est sûrement toi la fautive de ce qui t'arrive, avec toutes tes manipulations ! Tout le monde perd des proches, mais ca n'en fait pas devenir des monstres sans coeur !

Tant de colère, tant de venin. Des paroles pas agréables, mais des paroles sincères. Azilys n'avait pas l'impression qu'il parlait sous le joug de la colère. Jamais, elle avait insinué être la seule à souffrir, elle n'était pas idiote la souffrance était courante en ce monde. Un fait qu'elle avait découvert très jeune.

- Cela devrait sans doute m'offusquer de t'entendre dire ses mots, mais je suis ce que je suis et jamais, je n'aurai survécu si je n'étais pas devenue ce monstre sans coeur. Un terme bien sévère surtout de ta bouche, mais si c'est ainsi que tu me vois, soit ! Après un instant de pause, elle ajouta : tu ne peux pas comprendre ce que c'est de naître avec une jumelle. Je n'avais jamais été seule, elle était tout ce qu'il y avait de meilleure en moi, elle était mon coeur et on me l'a arraché violemment. Si je me regardais dans le miroir, je ne réaliserais pas mes erreurs, mais son absence.

Elle n'avait pas la force de répondre sur le même ton que lui, puis elle n'en avait surtout pas envie. Le Paon d'argent devait reprendre contenance et lui faire face. Pourtant, elle n'arrivait pas à passer outre. Il insinuait quand même qu'elle était responsable de la mort de ses proches, si elle interprétait bien ses paroles. D'une certaine façon, il n'avait pas tord et elle avait toujours su que le fait d'avoir été cherché Tybolt dans le Conflans, puis ses futures décisions avaient été la perte d'Aliénor et Lucian. Azilys se sentait toujours coupable à ce sujet, et jamais cela pourrait changer. C'était la raison qui expliquait qu'elle était plus dure et ne se laisserait plus berner par ses sentiments. En tout cas, elle essayait.

- Tu vois la différence entre nous deux, je suis capable de reconnaître mes erreurs, tu n'as pas besoin de me le dire, je sais que certaines de mes décisions ont détruit ma famille, mais toi, tu es incapable de te remettre en question !

Oui, il avait évincé le sujet de l'attaque de Tybolt, tout comme sa façon d'emmener le sujet de sa fausse-couche. Plus facile d'attaquer que de se défendre. Un véritable soldat qui pense d'abord à sortir son épée au lieu de chercher un autre moyen de se sortir d'affaire.

- Tu te souviens, ce jour, ou tu m'as trouvé seule et que tu m'as dit plaindre mon futur époux. On peut dire à présent, que ta prédilection à été réalisé. Humfrey Swyft peut se plaindre de devoir partager sa vie avec un monstre sans coeur.

Son regard était fixé dans le siens, il était certain qu'elle n'avait pas apprécié le terme employé et que jamais, elle n'accepterait d'avoir été nommé ainsi.

La fierté du Paon d'Argent

Une discussion qui la ramenait vers bien des souvenirs, des souvenirs qu'elle aurait voulu oublier, mais qui restait persistant à son esprit. La Serrett avait repris le contrôle d'elle-même, sa tête avait arrêter de tourner. L'attaque d'Humfrey, mais surtout le terme employé pour la décrire, elle n'était pas prête de l'oublier. De par ses paroles, elle lui prouvait qu'elle était capable de se remettre en question, alors que lui ne montrait aucun signe de remords. Finalement, tout en le fixant droit dans les yeux, elle lui rappela le jour où il lui avait annoncé plaindre son futur époux et annonça qu'il pouvait à présent se plaindre de lui-même. Il était vrai qu'Azilys avait mal pris cette phrase et c'était une des grandes raisons pour laquelle son choix s'était fixé sur lui pour un mariage. Sa vengeance était belle et bien accompli, en tout cas, elle serait quand il viendrait à lui répondre. Un long silence prit place dans la pièce. Ils ne se quittaient pas du regard, elle pu voir qu'il réfléchissait, mais elle était incapable de dire à quoi. Doucement, le regard d'Humfrey vint à s'adoucir, puis il annonça enfin : 

- Il y a des jours où j'ai regretté notre union....Puis, lorsque que je vois nos enfants, mes regrets s'en vont. Tu as été élevée pour gérer une maison, j'ai été élevé en soldat et il peut m'arriver de réagir de façon démesurée. Nous avons chacun nos torts et nous pouvons le reconnaître. Azilys, nos combats ne peuvent plus durer, ne veux-tu pas simplement vivre en paix, je ne te demande pas de m'aimer, mais de m'accepter comme je suis prêt à t'accepter. Nos enfants ont besoin d'avoir des parents uni, j'étais orphelin à 6 ans, tu as perdu ta mère très tôt aussi et je sais que ton père n'était pas un homme facile. Veux tu que nos enfants nous voit nous déchirer ou choisi-tu de leur donner l'enfance qu'aucun de nous avons eu la chance d'avoir ?

La Serrett assimilait ses paroles. Elle ne lui en voulait pas de regretter leur mariage, il y a des moments, elle aussi s'était demandé si elle ne s'était pas puni elle-même en l'épousant, mais évoquer ses enfants, ça, elle ne l'avait pas vu venir. Là, elle réalisa qu'il disait vrai. Il était hors de question que ses enfants vivent son enfance. Même si elle ne le déclarait pas haut et fort, ces enfants étaient devenu primordiale à sa vie et pour eux, elle sera capable de tout, comme elle l'était pour Aliénor et Lucian. Ils étaient son sang, ils étaient un éclat de lumière dans sa vie, ils étaient tous simplement l'avenir. Mais la paix, en était-elle capable, après ce qu'il venait de lui dire ?  Il l'avait tout de même appeler monstre sans coeur.

- J'aimerais te répondre par l'affirmative. Pour le bien-être de nos enfants, j'aimerais vraiment. Il est certain que je veux leur donner une enfance dès plus heureuses. Mais Humfrey, nous ne pouvons pas oublier notre nature. Tu te dis prêt à m'accepter comme je suis, mais je ne peux pas te promettre de me taire face à des comportements inappropriés de ta part !

Il ne fallait pas se leurrer, Azilys savait ce qu'elle était et que ses paroles ne pouvaient pas être toujours agréables. Mais elle était ainsi et changer, lui paraissait impossible. Par contre, elle réalisa d'un coup qu'Humfrey venait de lui fournir un avantage, il voulait la paix, elle souhaitait une chose qui pourrait la pousser à faire des efforts.

- Nous ne devons pas simplement rendre nos enfants heureux, nous devons aussi les préparer à leur avenir, leur donner l'exemple de ce que doit être des Serrett, surtout Albion, qui est mon héritier. Je suis prête à faire mon maximum pour garder la paix entre nous, mais toi, tu devras m'épauler pour faire de nos enfants des Paon, non des coqs. 

L'éducation de leurs enfants était très importante. Elle voulait les voir êtres, des enfants, mais sans oublier de les éduquer comme des enfants Serrett. Ils étaient l'image de leur maison déjà à cet âge. Ne le quittant pas du regard, aucune émotion n'apparaissait sur son visage. S'il acceptait, elle se sortait une sacrée épine du pied. Ne voulant pas voir Humfrey élève leur enfant, comme il avait pu être élevé. 

- Notre avenir est à présent entre tes mains !

Oserait-il refuser alors que c'était le moyen d'obtenir ce qu'il voulait ? Azilys attendait de voir ! D'une manière ou d'une autre, elle obtiendrait ce qu'elle voudrait, mais là, elle faisait en sorte qu'il pense avoir les cartes maîtres en main, que tout repose sur sa décision. 

La fierté du Paon d'Argent

Il en fallait peu pour que ses mauvaises habitudes reviennent au triple galop. Le Paon d'Argent était prête à accepter la paix, à faire des efforts, mais il y avait un prix à payer. Il était vrai que ses enfants comptaient, leur bonheur sans aucun doute, mais aussi leur éducation. Azilys n'avait que peu confiance en celle du Coq, tellement leur tempérament différait, mais elle usait de ses manipulations habituelles pour obtenir ce qu'elle voulait en faisant penser que c'était un avantage et que la décision ne lui appartenait pas. Un subterfuge que toute femme pouvait user, si simplement, elle apprenait à utiliser leur meilleure arme mise à leur disposition, l'esprit.

Elle attendait sa réponse, ayant bien appuyé sur le terme avenir, en prononçant sa dernière phrase. Pour simple réaction, Humfrey vint à éclater de rire. Un rire qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps. Un rire aussi agréable que désagréable, car Azilys se doutait que ce fût à ses dépens. 

- Tu ne changeras jamais !

Le paon d'Argent haussa simplement les épaules, en signe de désapprobation d'une telle phrase. Il n'y avait rien de drôle dans le fait qu'elle ne changerait pas. Là, tout de suite, elle aurait été capable de lui dire d'aller rire à Essos en homme banni si elle était si drôle, mais elle retint son venin. Faire des efforts devait devenir son nouveau credo.

- Je connais ce regard, Azilys, la première fois que tu me l'as fait. Tu voulais que j'aille dérober une babiole dans le bureau de ton père, pour après m'obtenir des problèmes. Tu ne peux plus me manipuler comme à cette époque. Je vais accepter de t'épauler pour nos enfants, quoique je suis touché que tu cherches à me faire croire que j'aurai eu le choix.

Son visage restait neutre, ne voulant pas montrer le moindre intérêt à ses paroles. Une sorte de petite vengeance pour avoir rigolé de sa personne. Mais elle avait obtenu gain de cause, pas en le manipulant comme elle aurait aimer, mais parce qu'il était Humfrey et au final, il gardait en lui de ce qu'il était toujours été. En y pensant, son époux avait toujours été sous son emprise et semblait à présent la connaître bien trop pour se faire berner.

- Si j'accepte, c'est par amour pour toi, tu es la femme la plus énervante que les sept ont pu créer, mais tu es la mienne !

Son coeur se serra sous cette révélation. Son chevalier lui avait déjà dit qu'il l'aimait, malgré qu'elle n'avait jamais, elle-même prononcer ce mot à son égard. Mais cela faisait bien longtemps, plus de deux ans sans qu'il ne lui prononce ce mot. Une éternité. Azilys ne savait finalement plus quoi penser de ses propres sentiments, sachant très bien que son absence avait été une sorte de calvaire. Finalement, par simple réponse, elle se leva sans aucun mot, cherchant à le laisser pointer là, mais toute en lui tournant le dos, prête à partir, elle prononça d'une voix tremblante : 

- Sache que j'ai prié la mère pour que tu nous reviennes....tu m'as manqué !

Puis, sans même se retourner, elle avança dans le couloir. Ne cherchant pas à savoir la réaction d'Humfrey face à sa franchise. C'était la première fois qu'elle s'ouvrait à lui, qu'elle parlait de ses propres sentiments. Elle ne lui avouait pas son amour comme il avait pu le faire, mais bien qu'il restait une personne importante à sa vie.