The north remember [ Alternatif. ]

Geneva refusa gentiment le siège qu’on lui proposait, préférant, pour l’heure, rester debout. À la demande de la jeune lady, Geneva raconta avec difficulté les événements s’étant déroulés à Lonlac. Son bégaiement ralentissait considérablement son récit, mais elle se fit un devoir de tout raconter dans les moindres détails. Rassurée par la présence des gardes et des loups qui ne lâchait pas Ramsay du regard, la jeune prit peu à peu confiance.

Les souvenirs faisant surface alors qu’elle devait revivre l’entièreté des derniers mois lui arrachèrent plusieurs larmes. Toutefois, elle refusait de se laisser aller à sa tristesse et refoulait fièrement chaque sanglot qui essayait de faire son chemin jusqu’à la surface.

Elle parla d’abord de l’attaque de Lonlac, de la façon dont les portes de l’enceinte avaient été forcées et de la multitude de corps jonchant le sol quand les hommes de Bolton eurent terminé. Elle parla aussi du fait qu’aucun habitant ne s’en était sorti vivant, à l’exception de Maege Mormont et de son ami Symond, de ses deux fils et d’elle-même. Geneva spécifia toutefois qu’elle avait vu le corps de Maege être brûlé dans la grande cour et elle supposa que Symond devait lui aussi être mort. Quant à ses deux enfants, elle raconta de quelle façon horrible Ramsay lui avait appris qu’il les avait tous deux tués de ses propres mains. Pendant qu’elle parlait, son regard restait fermement fixé à celui d’Arya; elle avait peur de ne point pouvoir continuer son récit si elle venait à promener son regard entre les différentes personnes qui l’écoutaient.

Quand elle eut terminé, la jeune lady prit place sur le siège qu’on lui avait préalablement apporté. Le mestre prit le relais afin de détailler les faits rapportés par un trappeur. Ramsay criait son innocence et la traitait de tous les noms, tentant à la fois de la discréditer et de lui faire peur. Geneva détourna le regard pendant que les gardes s’occupaient de la faire taire.

La blonde prit ensuite la coupe de vin qu’on lui tendait et y trempa les lèvres par politesse. Quand la Stark lui demanda de leur en dire plus sur sa vie en la compagnie de son époux, la jeune femme fixa sa coupe un moment. Par où commencer?

Geneva entreprit donc de relater la totalité de son expérience auprès de Ramsay. D’abord, l’isolement de ses fils dès leur arrivée à Fort-Terreur. Puis, la marque au fer blanc qu’il lui avait faite au dos lors de leur nuit de noces, la marquant ainsi comme sa propriété… Elle relata les nombreux sévices auxquels elle eut droit et ceux qui, elle s’en doutait, avaient mis un terme à sa grossesse.

Quand elle eut terminé, les larmes coulaient toujours sur ses joues, mais son visage était calme. Cet exutoire lui avait au moins permis de faire la paix avec certaines tortures que lui avait imposées le lord de Fort-Terreur. Elle n’avait d’autre choix que de continuer d’avancer et d’espérer que l’avenir lui réservât des jours meilleurs.

Le long silence qui avait suivi la fin de son récit se prolongea un moment, jusqu’à ce que la lady de Winterfell prenne la parole pour lire à voix haute une missive signée par les Locke. On y stipulait que Ramsay Bolton était l’auteur du meurtre d’Eddard Stark. Aussitôt prononcés, ces mots eurent l’effet d’une traînée de poudre et des cris de rage s’élevèrent dans la grande salle. Arya ramena toutefois rapidement le silence et rendit son verdict : Ramsay était condamné à mort pour l’ensemble de ses actes.

Geneva, qui n’avait pas eu conscience qu’elle retenait son souffle, inspira bruyamment avant d’expirer son soulagement. Un énorme poids venait de quitter ses épaules. Toutefois, tant qu’elle ne verrait pas le corps inerte de son époux de ses propres yeux, la jeune femme ne pourrait pas croire que tout était réellement terminé. C’est pourquoi, quand Arya demanda à Jon d’escorter la blonde où elle le désirait, Geneva n’hésita pas : elle se rendrait dans la cour pour assister à la fin de son cauchemar.

Elle suivit donc, accompagnée de Jon, les cris de douleurs de Ramsay jusque dans la cour du château où une masse de monde s’était déjà rassemblée.