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Castral-Roc. Joyau de l’Ouest. Demeure des Lannister, Lions à la Dent d’Or. A la crinière, aussi. Malgré les alliances avec d’autres familles, celle-ci ne semble pas avoir souffert des chassés-croisés, ses têtes gardant toutes ce blond lumineux qui permet de reconnaître un Lannister entre mille. Jamais, de toute sa vie, même si elle l’a toujours espéré, Néphelie n’aurait pensé vivre à Castral-Roc. Dans le meilleur des cas, elle s’était figurée y passer, en invitée, peut-être y rester quelques jours à la faveur d’une célébration ou l’autre, mais y vivre ? Non, certainement pas. Est-ce qu’elle s’était figuré finir mariée à un mercenaire ? Non plus. Ce point-ci, étrangement, est une source très moindre d’allégresse, voire de contrariété. Malheureusement, l’un ne va pas sans l’autre, car sans Meliodas, peut-être Néphelie n’aurait-elle jamais posé un orteil en-dehors des Terres de l’Orage. Après tout, si elle a longtemps espéré s’élever socialement par le mariage, avec le recul, elle doit admettre qu’il était improbable qu’un seigneur ou l’autre d’importance accepte de la marier. Tout au plus, ledit seigneur aurait éventuellement pu la considérer comme maîtresse, mais jamais Néphelie ne se serait abaissée à cela, toutes modestes soient ses origines. Alors, l’un dans l’autre, peut-être gagne-t-elle au change ? Surtout qu’elle n’est pas sans savoir que certains époux ont la main lourde, et qu’en dépit des tracas qu’elle peut lui causer, Meliodas n’a jamais ne serait-ce que levé la main sur elle… Oui, l’un dans l’autre, il se peut qu’elle gagne au change.

Aujourd’hui, en tous cas, c’est le sentiment qui l’étreint quand elle pénètre dans la salle de réception de Castral-Roc. Tout autour, comme une danse, les servants s’activent. Quid des fleurs ? Quid des teintures ? Quid des tables ? Quid des plats ? Tellement de sujets sur lesquels se pencher, tellement de préparatifs à orchestrer, tellement de détails à fignoler… Une valse à huit temps, rapide, entêtante, pleine d’effervescence. En maître d’orchestre ? Lady Cersei, bien sûr. Cette danse, elle est pour le retour de son père, retour de son Lord, dont la réputation n’est plus à faire. Néphelie n’a jamais qu’entre-aperçu l’homme en question, mais il lui a donné l’impression d’être de fer, retors comme un clou de cercueil, droit comme un « I », dévoué à la seule cause de sa maison. Un homme austère, sans doute, pour ceux qui ne lui sont pas proches. Néphelie peut comprendre l’austérité. Tywin Lannister, homme d’un certain âge, a déjà vu les westerossis s’entre-déchirer à plusieurs occasions. La dure réalité des champs de bataille. Et, étant bien né, autant l’épée que la plume à la main. Difficile d’imaginer que les épreuves qu’il a pu connaître ne l’aient pas marqué, tout comme il est aisé de comprendre les ambitions de Lady Cersei, d’offrir à l’homme exigeant, une célébration digne de lui, digne de sa maison et de son nom.

Dans cet objectif, le faste est de mise. La Dame n’acceptera rien de moins que grandiose. Et c’est là que Néphelie intervient, à son échelle. Deux petites mains, une présence déléguée. Rien de bien méchant, mais un rôle qui permet à la Trant d’avoir un œil sur la totalité des préparatifs de l’événement. Et elle mesure parfaitement sa chance. Certes, à choisir, elle aurait préféré laisser la possibilité à une autre, une pestiférée par exemple, la charge du choix de la robe de Sacha. L’entêtée et insolente orpheline s’est montrée, comme attendu, extrêmement désagréable et méprisante pour les artisans venus obliger Lady Cersei et répondre à ses exigences. Mais bon, se dérober aurait été sans doute de trop et très mal avisé, et, au final, la tâche avait été accomplie. N’est-ce pas là l’important ? Sacha paraîtra au bal aux côtés de la Lionne, présentable et aussi élégante que son pauvre maintien et sa brutalité gauche le lui permettront. Après tout, la robe ne fait qu’une partie du travail. Néphelie a pris les dispositions pour que de ce côté, tout se passe bien. Le reste, cependant, ne dépendrait que de Sacha.

Quoiqu’il en soit, l’agitation bat son plein alors que Néphelie, sur la demande de celle-ci, rejoint Lady Cersei. Elle se doute que ses attributions ne se limiteront pas au choix de la tenue de Sacha pour la soirée. En tous cas, elle l’espère ! Après tout, si la Lionne lui demande d’exécuter telle ou telle tâche, c’est qu’elle a confiance en elle pour la mener à bien, non ? A moins que ça ne soit pour la voir échouer, et la blâmer ensuite ? La manœuvre serait mesquine, mais ce n’est pas comme si ça surprendrait Néphelie. A vrai dire, plus grand-chose ne surprend l’orageoise en matière de perfidie humaine. Leur société a beau ériger en noblesse des codes de conduite clairs et concis, ceux-ci sont régulièrement foulés au pied par la majorité des westerossis. Sa cousine n’a-t-elle pas fauté avec un palefrenier et ne s’en est-elle pas tirée à bon compte ? Au final, même si c’est à ses dépens, Néphelie ne pourrait qu’être admirative d’un piège comme celui-ci. Après tout, Lady Cersei ne pourrait que gagner. Si l’orageoise réussit, la tâche est accomplie. Si elle échoue, elle confie la tâche à une autre et gagne un bouffonne.

Ces réflexions, bien que sombres, n’empêchent pas la jeune femme aux cheveux couleur de geai de se présenter à Lady Cersei en temps et heure, et avec le sourire. « Bonjour Lady Cersei… » Elle salue, avec la révérence qui sied une fois la pièce traversée et Néphelie dans le périmètre immédiat de la Dame. Avec patience et savoir-faire, elle applique les leçons de bienséance qui lui ont été inculquées, marquées au fer rouge dans sa chair et son esprit. Sois belle et tais-toi. Sitôt la dame saluée, l’orageoise joint donc élégamment ses doigts devant elle au niveau de son nombril, et garde le silence. Ne parle que lorsqu’on s’adresse à toi. Elle n’a pas ou peu de mérites, Néphelie. Elle ne sait pas se battre, et toutes les autres de ses aptitudes se noient dans la banalité, car identiques à celles de toutes les dames du continent qui seraient bien nées. Mais elle sait, parfois, quand se taire. Comme maintenant, par exemple, et se mettre dans l’attente d’une instruction ou l’autre de la part de la Lionne.