Secrets in the garden - ft. Walda

Bénie des dieux. Une chance exceptionnelle. Partir d’une union non désirée avec un inconnu pour finir heureuse et amoureuse, adorée de son époux et mère de quatre enfants. Un merveilleux destin digne des plus belles chansons. D’ailleurs, chantera-t-on un jour les amours de Tyrion et Walda ? La Belle et le Lutin. La fille des Jumeaux et le fils des Lions. Les ménestrels trouveront-ils source d’inspiration dans leur amour ? Sauront-ils en rendre compte avec justesse ? Il faudra alors parler de la force et de la volonté de Tyrion pour être un homme nouveau, un homme meilleur. De sa lutte fastidieuse, de son combat glorieux contre l’addiction. Il ne s’était pas battu une épée à la main. Il n’avait pas brillé sur un champ de bataille. Mais les ennemis qu’il avait affrontés sont aussi redoutables et bien plus fourbes qu’une armée. Et sa victoire d’autant plus belle.

Cela rendait Walda au-delà de toute autre chose. Elle n’avait pas épousé le plus beau ou le meilleur bretteur mais elle n’en avait rien à faire. Car ce qu’il avait fait pour elle était la plus merveilleuse de preuve d’amour. De plus son époux était un homme intelligent, cultivé et généreux. Il était tout ce qu’elle pouvait espérer et plus encore.

« Avec plaisir, ser Ashter. » répondit-elle modestement à ses remerciements.

La nouvelle lionne n’avait pas le sentiment d’avoir fait grand-chose pourtant. Elle l’avait écouté, tenté de le conseiller en se basant sur sa maigre expérience. Mais peut-être cela suffisait-il ? Être noble ne laissait pas beaucoup de place aux sentiments et encore moins à l’expressions de ses sentiments. Le paraître primait sur l’être. Ils avaient un devoir, un rôle à remplir et cela était lourd à porter, parfois trop. Alors si elle pouvait apaiser ce fardeau en offrant une oreille attentive, elle le ferait. Ashter prononça quelque chose, un prénom mais Walda ne réalisa pas tout de suite. Sacha. Avait-elle bien entendu ? Pourquoi mentionnait-il la jeune protégée de Cersei ? Les yeux marines s’écarquillèrent quand elle comprit. C’était elle qu’il aimait ! Ho pauvre chevalier ! Quelle douleur cela devait être de la voir chaque jour sans tout en sachant qu’il était promis à une autre. C’était une chose d’être amoureux, c’en était une autre de vivre sous le même toit, certes très large, mais le même néanmoins. Elle ne pouvait qu’imaginer la tristesse de renoncer à son amour, devoir lui annoncer et malgré tout continuer à cohabiter dans le même lieu, avec la boule au ventre de la croisée au moindre détour d’un couloir. Le cœur de son chevalier n’était pas épargné ! Walda éprouvait tant de peine pour lui en cet instant qu’elle sentait son cœur souffrir au moins la moitié de ce que pouvait souffrir Ashter.

« Merci ser Ashter pour vous être confié à moi. Votre secret sera bien gardé. Votre peine doit être aggravée par le fait de la voir chaque jour tout en sachant cet amour interdit. L’idée de continuer à vivre à Castral Roc alors qu’elle y sera aussi, doit être extrêmement pénible. Puis-je faire quelque chose pour vous soulager ? »

Ashter Yarwyck s’entraînait à l’épée ce jour-là. Il savait qu’il devait rencontrer sa fiancée mais il s’était alors pris le bec avec son père et voulait se dépenser quelque peu. C’est à ce moment-là qu’il la vit. Elle crevait le paysage de sa présence, de sa souplesse, de sa technique. Il ne s’était finalement pas beaucoup entraîné et Beren le pressait d’aller à la rencontre de sa fiancée. Il finit par y aller mais avant de repartir pour Bulwark, il repassa par le terrain. Il voulait la revoir, il voulait savoir qui elle était. Et il en eut l’occasion à plusieurs reprises puisqu’à la fin de cette année, il devint le bouclier-lige de lady Walda. Il put alors faire connaissance avec la jeune femme, la découvrir, s’entraîner avec elle et ainsi développer ses sentiments alors qu’il n’en était pas conscient. Puis, alors qu’il sentait peu à peu que cela devenait réciproque, le chevalier devait s’en aller pour le Conflans, pour suivre lady @Walda Lannister. Les adieux avaient été surprenants, Ashter se laissant alors à une accolade qu’il n’aurait jamais dû faire. Il en était tombé éperdument amoureux, lui confiant même l’épée précieuse de son frère. Tout le long du voyage, il ne pensait qu’à elle, ses pensées s’éloignant de Melleah Payne à qui il avait fait la promesse de lui écrire régulièrement. Qu’avait-il en tête ? Il ne le savait pas lui-même mais il en souffrait. Et aujourd’hui, le confier à Walda le soulageait quelque peu. Il avait une réelle confiance en elle et venait de tout lui avouer. Walda faisait ainsi partie de ses rares personnes qui avaient connaissance de ses sentiments envers Sacha.

Ashter Yarwyck s’entraînait à l’épée ce jour-là. Il savait qu’il devait rencontrer sa fiancée mais il s’était alors pris le bec avec son père et voulait se dépenser quelque peu. Mais, le devoir l’appelant, entre Beren et la suivante de Melleah, il décrocha les yeux de Sacha et partit donc rencontrer sa future épouse. Et il ne fut pas déçu. Lady Melleah Payne était magnifique, il ne pouvait le nier. L’entrevue dura quelques minutes, près d’une heure même et ils n’étaient que tous les deux, accompagnés de la septa de Melleah bien sûr. Weslar devait sûrement être avec ser Kevan. L’échange fut timide en premier lieu puis finalement les deux fiancés parlèrent agréablement. C’est à ce moment-là qu’ils se promirent de s’écrire mutuellement. Ashter avait plusieurs déplacements de prévu et de surcroît il devint bouclier-lige de lady Walda et devait donc résider à Castral Roc. Puis arriva le départ pour Corneilla. Depuis leur rencontre, ils ne se revirent plus, s’échangèrent quelques lettres mais le chevalier abandonna bien vite, espaçant les réponses puis devenant distant. Il n’avait pas tenu sa promesse et aujourd’hui, il culpabilisait. La discussion avec Walda lui avait fait du bien, il avait pu se libérer de ce poids qui pesait sur lui. Tout cela était encore bien présent et il allait devoir y réfléchir plus en profondeur mais avoir une oreille attentive était déjà beaucoup. Il regarda alors Walda, pensant à Sacha, à Melleah, à ces deux femmes dont il n’était pas digne. Elle le remercia de sa confiance et promettait de garder son secret.

- Merci encore…

Walda lui demanda alors ce qu’elle pouvait faire pour le soulager. Il lui sourit, la trouvant adorable et bienveillante. Elle l’avait toujours été avec lui. Il espérait alors être à son servir pendant encore de longues lunes, la protégeant, la suivant dans tous ses déplacements en dehors de Castral Roc, et parfois même à l’intérieur. Il leva son regard, jusqu’alors fuyant, vers elle et lui répondit.

- Vous le faites déjà, ma Dame. Vous m’écoutez. Vous me conseillez. Vous ne me jugez pas. Vous êtes présente. C’est déjà bien trop vous en demander et je ne vous en remercierai jamais assez pour cela.

Ashter Yarwyck était un chevalier fidèle et loyal. Il aimait le croire mais dernièrement, c’est plutôt son aspect honorable qu’il remettait en question face à son comportement envers Sacha et Melleah. Il ne savait pas jusqu’où tout cette histoire allait le mener mais il avait un mauvais pressentiment. Les Sept le mettaient déjà à l’épreuve et nul doute qu’ils n’en avaient pas fini avec lui.

La lumière de l’Ouest se sentait terriblement navrée pour le chevalier Yarwyck. L’épreuve qu’il traversait devait être d’une douleur extrême. Elle ne pouvait qu’imaginer les peines qu’enduraient son cœur, mais son imagination serait à des lieues de ce qu’il pouvait ressentir, malgré tous ses efforts. Car elle n’avait jamais connu les tourments de la passion. C’était comme compatir devant une jambe cassée. On supposait la douleur, on éprouvait de la compassion, mais on ne pourrait jamais réellement comprendre la douleur. Aussi elle voulait savoir si elle pouvait faire quelque chose, une action, une parole, qui le soulagerait ne serait-ce qu’un peu.

Ser Ashter lui répondit qu’elle l’aidait déjà en l’écoutant et en le conseillant, sans porter de jugement. Il se reprochait de lui en avoir trop demander et la remerciait pour sa présence.

« Marchons un peu, voulez-vous ? Côtes à côtes. » proposa-t-elle en se levant.

Elle avait mis un peu trop d’élan dans son mouvement pour se relever. Sa robe ondula, faisant cliqueter les perles de sa ceinture tandis que les boucles d’or de ses cheveux se balançaient légèrement. Elle était une dame, l’épouse de l’héritier d’une grande maison, mais parfois elle avait encore ses manières d’enfants. Elle n’était pas Cersei, elle n’avait pas sa prestance, ni son visage noblement impassible. Elle gagnait le respect par la bonté qui émanait d’elle, par sa grâce tout en légèreté et par son radieux sourire plein de bienveillance. C’était pour cela qu’on la surnommait la lumière de l’Ouest.
Un chevalier se devait de suivre sa dame, quelques pas en arrière, par respect, comme une ombre. Mais elle avait insisté pour que cette marche se fasse côtes à côtes. Car elle ce qu’elle s’apprêtait à lui dire nécessitait pour elle qu’ils soient sur un pied d’égalité. Ils marchèrent dans les jardins quelques temps en silence. Walda avait besoin de rassembler son courage.

« Ser Ashter.» commença-t-elle d’une voix douce mais basse. « Vous êtes mon chevalier. Vous avez mis votre épée et votre honneur à mon service. Vous êtes le meilleur des chevaliers, je n’aurais pu espérer mieux. Vous avez toute ma reconnaissance et ma confiance. Mais la relation de dame et chevalier n’est pas à sens unique. Vous me protéger avec votre épée et je vous protège avec mes propres armes. Si vous avez besoin de moi, d’une quelconque manière, n’hésitez en aucune manière. Je serai toujours présente pour vous. »

La nouvelle lionne plongea un regard assuré dans celui du jeune homme de tout juste un an son aîné. Elle ne croyait pas au hasard. Les dieux avaient voulu qu’ils soient liés. Ils l’avaient comblée encore une fois.

« Un jour prochain vous épouserez lady Melleah et vous prendrez la tête de Bulwark. Mais pour toujours et à jamais, vous resterez mon chevalier et moi votre dame. Et ma promesse demeurera aussi longtemps que je vivrai. »

Ashter commençait à se lasser de cette position assise. Cela venait sans doute du fait qu’il se confiait à lady Walda et qu’il n’était clairement pas à l’aise. Il semblait gêné, les joues un peu rosies alors qu’il venait de dévoiler le nom de la dame de son cœur ainsi que ses craintes, ses doutes et ses inquiétudes quant à la situation dans laquelle il s’était mis. C’est alors que lady Walda lui proposa de marcher, côte à côte. Ashter se leva et accepta avec plaisir. Il pourrait ainsi se dégourdir les jambes. Si d’habitude, le bouclier-lige se devait de marcher quelques pas derrière la dame qu’il protégeait, là, il se tenait à ses côtés. Tels étaient ses ordres même si cela n’en était pas vraiment. Ils marchèrent ainsi dans les jardins de Corneilla, aussi magnifiques soient-ils. Mais l’esprit du jeune chevalier était bien tourmenté et la beauté des jardins conflanais n’y faisait guère grand-chose. La voix de Walda vint l’interrompre dans ses pensées qui s’étaient alors envolées vers son défunt frère. Il pensait souvent à Arthur depuis qu’il avait disparu deux ans plus tôt. Il n’avait pas été le grand frère qu’il avait espéré mais par moment, il fallait reconnaître qu’il avait été bon avec lui. Mais il était mort et désormais, il se retrouvait à la place qu’il occupait autrefois. Il ne l’avait pas voulu. Il n’en voulait pas. Il n’avait pourtant pas le choix. C’est à cause, en partie, de cela qu’il allait devoir renoncer à Sacha. Se montrant alors attentif aux mots de Walda, Ashter posa son regard sur elle. Ses mots le touchaient énormément. Ils n’avaient pas beaucoup d’écart, la jeune dame étant âgée de vingt ans tandis qu’Ashter venait de fêter ses vingt-deux. Ils pourraient être frère et sœur et par moment, le chevalier s’amusait à le croire.

- Lady Walda… Vos mots me touchent profondément. Je n’hésiterai, je vous le promets.

Ashter et Walda continuèrent leur marche dans les jardins. Leurs regards se croisèrent de temps à autre. Le jeune Yarwyck ne savait que dire d’autres. Cela était nouveau pour lui. Bien sûr, il avait Beren ou Alerah qui étaient les deux personnes en qui il avait le plus confiance mais voilà maintenant que Walda se montrait digne de leur amitié naissante. Nul doute qu’il demeurerait loyal à Tyrion et Walda pour le reste de sa vie. Après tout, le jeune Lannister était l’héritier de l’Ouest et ainsi deviendrait après Lord Tywin, le nouveau seigneur de l’Ouest. Elle poursuivit alors en lui disant que malgré son mariage et le fait qu’un jour, il deviendrait seigneur de Bulwark, il demeurerait son chevalier et elle, sa dame avant d’affirmer que sa promesse tiendrait jusqu’à sa mort. Ashter ne pouvait qu’être touché par cette attention. Aussi, il répliqua à son tour.

- Sachez, lady Walda, que mon épée demeurera votre jusqu’à ma mort. Je suis et demeurerai fidèle à la maison Lannister, à votre mari et à vous. Là est la promesse que je vous fais aujourd’hui.

Ashter se sentait déjà un peu mieux, comme toujours lorsqu’il était en présence de Walda Lannister. Elle était si douce, si bienveillante, si gentille avec lui. Cela lui fit décrocher un sourire et ses joues semblèrent moins roses. Ils continuèrent leur promenade profitant ainsi du bon air conflanais. Ashter pensait déjà à la prochaine étape de leur voyage : Bourgfaon. Un mariage avait lieu là-bas également, celui de ser Tavish, un ami à lui. Tyrion et Walda y étaient invités donc Ashter faisait également partie du voyage bien qu’il aurait préféré rentrer dans l’Ouest. Cela lui manquait déjà, presqu’autant que la découverte du Conflans l’avait excité. Il en avait alors presque oublié ses tracas. Ce n’était que passager, il savait que cela viendrait le hanter de nouveau mais il voulait en profiter tant qu’il le pouvait.

Ils marchaient ensemble dans les jardins. Les mots de la nouvelle lionne trouvèrent échos chez le jeune chevalier qui lui avoua son émotion.

« Cela est rassurant de savoir que l’on peut compter l’un sur l’autre. »

Castral Roc demeurait un lieu hostile malgré tout. Elle ne se sentait pas pleinement chez elle dans les terres de l’Ouest. Une intruse parmi les lions. Un sentiment d’insécurité la poussait à se trouver des amis, des alliés qui la soutiendront si les lions qui rôdaient autour d’elle décidaient de la mordre. Ser Ashter lui promit que son épée resterait fidèle aux Lannister, à Tyrion et à elle-même. Walda en fut touchée et ses yeux brillèrent d’émotion.

« C’est une bénédiction que vous soyez mon chevalier. Je remercie les dieux pour nous avoir mis sur le même chemin. »

Ils échangèrent un sourire apaisé puis ils reprirent leur promenade. Prochainement il devrait la quitter pour devenir seigneur de Bulwark. Trop prochainement. La santé déclinante de lord Weslar Yarwyck n'était pas un secret. Cette éventualité l'attristait affreusement. Aussi, comme pour conjurer le sort, elle se persuada que ce ne serait qu'un au revoir et qu'il reviendrait très souvent. Elle s'imagina leurs futures entrevues dans Castral Roc et ses jardins. Ils évoqueraient leur jeunesse passée, observant avec tendresse leurs jeunes enfants s’amuser ensemble. Il viendra accompagné de son épouse et ils remémoreront le jour où elle l’avait rassuré sur ce mariage arrangé. Peut-être même pourrait-elle lui trouver une autre fonction afin de le voir plus souvent ? Mais cela ne serait plus pareil, cela ne pourrait remplacer sa présence quotidienne à ses côtés. Pourtant elle ne pouvait assurément pas exiger de lui de délaisser ses fonctions de seigneur pour demeurer auprès d'elle. Non elle devait se faire une raison. Elle en serait malheureuse mais elle s'y accoutumerait, comme elle l'avait déjà fait par le passé. Elle n'en était pas à sa première séparation avec un être cher. Les premiers temps seraient difficiles puis la peine s'estomperait progressivement.

Durant leur marche ils discutèrent de leur prochain voyage vers les terres de l’Orage pour assister au mariage de leur ami commun, ser Tavish Cafferen. Walda ne put s’empêcher de souhaiter que le prochain festin nuptial ne connaisse pas le même dénouement tragique. A cette pensée, le visage de feu Tytos Nerbosc lui revint en mémoire et vacillante, manqua de perdre l’équilibre.

« Je me sens un peu faible, ser Ashter. Rentrons, je vous prie. »