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[FB] Avons-nous tant changé, ma cousine ? [Ft. Lyra]

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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Détaché de ses fonctions auprès de la Typhon-née pour le déjeuner, le Bouclier-lige en avait profité pour se restaurer en compagnie des garde du château. C’était de nouveau l’effervescence à Corneilla. Lorsqu’il traversait les couloirs des appartements, Jorah observait domestiques et suivantes s’affairer à plier bagage. La cour du château, et ses alentours, commençait à se vider lentement. Les noces étaient terminées et leurs conclusions avaient certainement précipité le départ de certaines délégations. Comme elle avait pu en reculer d’autres. Le décès du suzerain du Conflans avait ébranlé tout le domaine et l’inquiétude était sur toute les bouches. Il avait également contrecarré ses propres plans.

La situation ne lui avait pas laissé beaucoup d’occasion de s’entretenir avec la princesse quant à son projet de départ. Ni même avec le nouveau Lord, son époux. Il n’osait troubler cette période de deuil. Tout comme il n’aimait pas l’idée de laisser la jeune femme livrée à elle-même, bien qu’il la sache bien entourée. Il la pensait vulnérable, peut-être même en danger, et il était partagé entre son désir de se montrer présent pour elle et celui de saisir l’opportunité de retrouver les siens. Pourtant, le temps allait lui manquer.

Il traversait d’ailleurs le camp des bannerets quand une silhouette familière attira son regard : Lyra. Elle s’affairait auprès d’autres Nordiens, semblant bien connaître les hommes qui l’entouraient. Son cœur manqua un battement lorsqu’il comprit qu’ils commençaient à charger carrosses et charrettes. Le Nord s’en irait bientôt, il le savait. Mais il n’était pas encore prêt. La bannière qui flottait au dessus d’eux ne portait pas les couleurs des Mormont, cependant. C’était celui du Clan des Montagnes Norroit.

Partagé entre deux sentiments, l’urgence et la retenue, il finit par s’approcher, lentement. Il observait sa cousine, les hommes des montagnes, mais aussi les bannerets alentours. Ils semblaient les seuls sur le départ. Posté à quelques mètres, il attendit qu’elle le remarque pour ouvrir la bouche :

« Bonjour Lyra. »

En son fort intérieur, comme lorsqu’il avait retrouvé Dacey, son cœur s’était emballé. Mais il avait conservé toute neutralité. Il ignorait tout de sa réaction. Elle avait toujours été la plus douce, il ne l’imaginait pas s’attaquer à lui avec violence. Mais peut-être avait-elle changé ? Ou bien l’ignorerait-elle ? Il avait été trop longtemps absent pour savoir véritablement sur quel pied danser. Sa discussion avec Dacey n’avait fait que renforcer cette appréhension. Bien qu’elle lui ai personnellement pardonnée, à sa façon, celle d’une Ours blessée, il avait réalisé ce qu’il leur avait infligé à toutes. Rien ne lui garantissait un accueil similaire par ses autres cousines. Il avait beaucoup trop à se faire pardonner.

Détournant son regard de celui de sa cousine, il observa les bannières flottant au vent et le remue-ménage qui les entourait, avant de le porter de nouveau sur elle. Il lui semblait que tout lui échappait. Un retour dans le Nord s’avérerait bien plus compliqué que tout ce qu’il avait pu s’imaginer dans ses songes les plus désespérés, sur Essos. Il arrivait possiblement trop tard.

« Aurais-je tant manqué qu’une union avec le clan des Montagnes m’ait aussi échappé ? »

Cette idée lui fit plus mal qu’il ne le pensait. Elles étaient désormais des femmes, des mères, des tantes. Il était heureux pour elles, ne leur souhaitant que le bonheur auquel il n’avait eu le droit, mais il ne pouvait empêcher ses pensées. Lui n’avait aucune place parmi elles, n’était plus rien. Un presque inconnu. Une honte, un songe, un rien.

Une situation immuable ? L’espoir le réfutait. La raison n’en était pas si certaine.


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

« Ah fait chier ! »

La voix gutturale de Brandon fit écho au craquement peu engageant de la charrette des Norroit. D’un coup sec, la roue fut éjectée du manche en bois et l’intégralité des provisions pour le voyage ainsi que les couvertures et les malles glissèrent pour se répandre dans la boue. Le géant roux sauta à terre pour constater l’étendu des dégâts, dépité.

« Est-ce que tout va bien ? » le héla un des soldats sur la cariole de devant.

Il secoua la tête.

« Est-ce que tout a l’air d’aller bien ? »

« Que s’est-il passé ? »

« J’ai cassé cette foutue roue ! » ragea-t-il en lançant son bras droit en l’air.

Lyra, qui supervisait la préparation de la caravane Norroit non loin, s’approcha de l’origine du grabuge. Elle savait les Nordiens prompts à quitter Corneilla. En particulier après le désastre qu’avait été le mariage de lady Sansa et d’Hoster Nerbosc. La plupart ne voulait plus être là lorsque le procès commencerait. L’hiver était là et les routes seraient prochainement difficilement circulable. Tous souhaitaient rentrer chez eux avant de rester bloqués dans le Conflans indéfiniment. Et son époux semblait être le plus pressé de tous. Ils ne partaient que dans une semaine, au mieux, mais il avait tenu à être prêt dès aujourd’hui.

« Allons, on va réparer ça… » le calma-t-elle en posant sa main sur son avant-bras. « Je vais aider. »

Il bougonna avant de prendre place à l’arrière de la charrette. L’Ecorce vint le rejoindre et tous les deux se préparèrent à la lever. La brune désembourba la roue qui était aller s’échouer dans une flaque et la fit docilement rouler.

« Levez à trois ! Un… Deux… Trois ! »

Dans un grand ébranlement et un concert de craquement, les muscles des bras des hommes se contractèrent et la cariole se souleva juste assez pour que Lyra puisse glisser le centre de la roue dans la poutre de bois. Ils pataugeaient tous les trois dans la gadoue et elle avait bien conscience – en prenant en compte leurs grognements – qu’ils ne tiendraient pas longtemps, bien que l’orgueil masculin se garde bien de le lui communiquer clairement. Après trois grands coups d’épaule, la roue finit par rentrer assez profondément pour soutenir la charrette. Tous soupirèrent en cœur et l’archère essuya ses mains couvertes de boue dans les plis de sa robe.

« Alors comme ça, tu es encore assez fort pour soulever une cariole… » taquina-t-elle gentiment l’Ecorce.

Celui-ci leva les yeux au ciel avant de se figer, le regard portant au-dessus de son épaule. Son visage déjà bourru se ferma et l’ombre du sourire né de la blague de la jeune femme disparu. Brandon, quant à lui, se contenta de croiser les bras sur sa poitrine, son expression indéchiffrable.

« Regardez qui voilà… »

Lyra jeta timidement un coup d’œil derrière elle. La voix qui résonna dans le calme brumeux du Conflans confirma ce qu’elle avait deviné. Sa gorge se serra et il lui sembla que ses bras venaient de tomber.
Jorah avait changé. Les années passées loin du Nord ne l’avaient pas épargné et il arborait une mine burinée par le soleil, la solitude et le questionnement. En revanche, il avait conservé sa grande stature et le charisme discret, mais bel et bien existant de sa présence. Un instant, elle se l’imaginait comme n’étant jamais parti, vivant encore parmi elles, cette ombre réconfortante qui patientait silencieusement au coin de l’âtre immense de leur maison de rondins. Il ne sonnait pas faux, sur cette île qui l’avait vu naître. La réalité la rattrapa pourtant lorsqu’elle se remémora ses fautes. Des fautes qu’ils n’avaient jamais vraiment payées. Lui en voulait-elle encore, à ce fantôme qui se présentait humblement à elle ? Lui en avait-elle jamais voulu ? La troisième fille de Maege était un être incapable de rancune. Déçue, elle l’avait été. Terriblement déçue. Mais ce qui était fait était fait.

« Tu as vieilli, » sourit-elle.

Avait-il changé, cependant ? Ses yeux gris, les mêmes que les siens, se perdirent parmi les soldats Norroit, parmi les étendards aux chardons et finirent par échouer sur le visage de son époux. Brandon n’avait pas encore pipé mot. De réaliser son mariage semblait le peiner. Un éclair de tristesse figea même ses iris. Il n’avait pas été là et peut-être que, si les choses avaient été différentes, il aurait été celui qu’elle aurait choisi pour l’accompagner sous le barral.

« Beaucoup de choses se sont passées depuis que tu es parti… »

Dacey et Alysanne étaient devenues mères. Jorelle avait vécu tant d’aventures intrépides qu’il lui était impossible de toutes se les remémorer, un chapitre clôturé par un accident et une adoption. Lyanna avait grandi, si bien grandi qu’elle ressemblait aujourd’hui à leur mère dans son adolescence, tout le monde s’accordait pour le dire. Et Lyra, quant à elle…

« Voici mon époux, Brandon Norroit, » les présenta-t-elle en l’invitant à s’approcher. « Peut-être vous connaissez-vous déjà ? »

Mais l’héritier se contenta d’un hochement de tête sec. La réputation de Jorah le précédait et il n’avait aucune raison de se montrer avenant avec lui. Il avait entaché la famille de sa femme et plus largement le Nord par ses actes irréversibles. Gênée par cette froideur, la chasseuse s’approcha de son cousin sous l’œil mauvais de l’Ecorce.

« Tu m’as manqué, » dit-elle simplement en lui tenant les mains.
 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



« Tu as vieilli »

Cette réflexion eu le don de lui décrocher un petit rire alors qu’elle l’observait en souriant. Était-ce donc la seule chose qu’elle voyait en lui après tant d’années ? Les signes du temps passés ? Toujours mieux que d’y voir un traître, cependant, il ne s’en plaindrait pas. Il n’avait pas eu tord dans ses espoirs la concernant. Jamais elle n’aurait été capable de rancune et de méchanceté à son égard. Ceci n’était certainement pas étranger à sa visite. Elle était bien la seule qu’il avait osé venir voir de lui-même jusqu’ici. Malgré tout, il se sentit soulagé, conscient qu’un poids se déchargeait de son cœur.

« Peut-être ... » admit-il avec un sourire, « Mais fort heureusement, je perds moins vite mes cheveux que ton oncle. »

D’instinct, ils retrouvaient cette complicité qui les liait autrefois et l’Ours déchu en fut heureux. Elle était la seule à l’accueillir avec chaleur, cependant. Les deux hommes qui l’encadraient abordaient une mine contrariée qui contrastait fortement avec le sourire de la jeune Ourse. L’ancien Seigneur de l’île-aux-Ours n’était pas surprit. Pénétrer le camp de la délégation nordienne ressemblait exactement à ce qu’il s’était imaginé. On le dévisageait, la moindre personne le reconnaissant lui ou le blason sur son armure, lui jetait alors des regards noirs. Il le savait, la rancune était tenace au Nord. Et l’honneur plus important encore. Sa simple présence était un affront pour nombre d’entre-eux. Il n’était pas assez bête pour l’ignorer, le plus sage aurait été encore de ne pas s’attarder. Pourtant il le fit, ne ressentant aucun danger, ni aucune peur.

Il reconnu rapidement l’Ecorce au côté de sa cousine. Celui-ci était natif de leur île, un bon soldat et un homme de confiance. Visiblement, il accompagnait toujours Lyra partout où elle se rendait. Certaines choses ne changeait pas contrairement à ce qu’elle disait. Bien que ce dernier ne semblait pas ravi de le revoir, il lui adressa malgré tout un léger signe de tête. Il avait été un de ses hommes, il ne l’oubliait pas. Ce dernier ne prit pas la peine de répondre, préférant conserver son regard noir, ce dont Jorah ne se formalisa pas. Il avait cent fois mérité tout ça.

Se fut néanmoins l’homme qu’elle lui présenta qui attira le plus son attention. Comme elle le devinait, l’un et l’autre n’étaient pas des inconnus. Jorah était bien en peine de se rappeler si il l’avait déjà rencontré personnellement, mais il connaissait bien son père, le Seigneur de son clan dit 'Le Norroit", auprès de qui il avait combattu durant la guerre. Le grand homme roux refusa de s’approcher, malgré l’invitation de son épouse, ce qui sembla gêner cette dernière. Il le salua malgré tout d’un geste sec et contraint ce que Jorah lui retourna en prononçant un simple « Messire Brandon ». Il se tourna de nouveau vers l’objet de sa visite, sa douce cousine, pour répondre à son interrogation.

« Nous ne nous sommes jamais rencontré, je crois bien. » lui dit-il avant de se retourner vers son désormais époux, « Mais je connais votre père qui, je l’espère, se porte bien. »

Ainsi, il ne s’était pas trompé, cet homme avait épousé Lyra devant les Anciens. D’un premier abord, le bonhomme ne semblait pas chaleureux. Il y avait fort à parier que cela n’était dû qu’à sa présence, il l’espérait tout du moins. Lyra méritait ce qu’il y avait de mieux, mais elle semblait heureuse. Il fut coupé dans son observation du jeune Norroit par cette dernière. S’étant rapprochée, elle prit ses mains dans les siennes. Leurs regards se croisèrent de nouveau et il retrouva cette douce chaleur qui lui était propre dans ses pupilles. Ils avaient échangé tant de ses regards autrefois, durant leurs parties de chasse. Plus encore, se furent ses mots qui le touchèrent, et il serra ses doigts d’archère avec plus d’émotion qu’il ne l’aurait cru. Combien de fois avait-il imaginé ces retrouvailles ? La gorge un peu serré, il n’en laissa pourtant rien paraître, préférant répondre avec ironie.

« Nul doute que tu es la seule, ma Cousine. »

Il lui adressa un demi-sourire, comme pour lui montrer qu’il acceptait entièrement cet état de fait. Ce fardeau était le sien. Et cette situation demeurerait sa condition, elle ne devait pas s’en formaliser à sa place. Ses sœurs et elle l’avaient déjà trop porté durant ses années d’exil. C’était à lui que revenait le rôle d’assumer ses erreurs, à présent. Et pour elles, il était prêt à les assumer enfin.

« Je suis désolé. » dit-il finalement. De ça il était certain. Mais la suite des mots eurent beaucoup plus de mal à sortir, « Toi aussi … Tu n’imagines pas à quel point votre absence fut difficile. Je regrette le mal que je vous ai fait. Et je regrette tout ce que j’ai pu manquer. »

Occultant le regard des deux hommes sur eux, il continua sur sa lancée, posant finalement une main hésitante sur son épaule.

« Comment vas-tu ? Es-tu heureuse ? »


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

Ses mains étaient grandes et chaudes. Réconfortantes, presque, malgré les cicatrices qu’elle n’avait pas besoin de voir pour sentir. Combien d’épées étrangères avaient-elles tenues ? Combien de tissus exotiques avaient-elles effleurées ? Combien de doigts bruns, noirs et blancs avaient-elles saisies ? Désormais, c’étaient les siens qu’elles serraient. Et elle les serraient en retour. Avait-elle un jour espéré le revoir ce cousin plus vieux dont la présence était devenue une habitude ? Elle n’en savait rien. Elle ne mentait pas, cependant. Jorah lui avait manqué. Jamais elle n’avait fait part de ce sentiment à sa famille. D’ailleurs, elles ne parlaient que très rarement du fils de Jeor. Il était encore vu comme une tache noire sur l’écusson, l’ombre d’un blason qu’il n’avait pas eu le force d’élevé. Peut-être serait-il toujours appréhendé de la sorte. Le mouton noir. Drôle de farce pour un ours. Pourtant, malgré ses fautes, Lyra l’aimait et n’avait jamais cessé de l’aimer. L’ancien héritier des Mormont arborait la même mine réjouie, bien que l’éclat de la honte ne quitte jamais vraiment les traits accusés de son visage. Il en serait sûrement toujours ainsi.

La référence à son père arracha un sourire à la jeune femme. Elle n’avait pas vu l’oncle Jeor depuis plusieurs années et elle se le représentait assez aisément comme un vieil homme bourru et mal léché, drapé de noir, à la moue renfrognée et autoritaire. C’était un homme bien à qui on avait brisé le coeur. Que Jorah puisse en parler avec désinvolture cachait son déshonneur.
Sans se départir de sa moue amusée, elle fit mine d’inspecter le sommet du crâne de son cousin en se dressant sur la pointe des pieds. La plupart de ses cheveux, blondis par trop de soleil, étaient d’une finesse alarmante. Par endroit, il était facile de distinguer la peau.

« Je n’en serais pas si sûre… » s’amusa-t-elle. « Mais oncle Jeor va bien. »

Dans son dos, l’archère avait presque oubli l’atmosphère pesante. Son époux et l’Écorce, toujours sur leurs gardes, n’avaient pipé mot et gardaient un silence tantôt solennel, tantôt hostile. Pourtant habituée à lire l’état d’esprit de ceux qui l’entourait, de revoir son cousin bouleversait tant la troisième fille de Maege qu’elle remarqua à peine le salut de Jorah non rendu par le soldat Mormont. Elle remarqua en revanche la froideur de Brandon. Dérangée par celle-ci, elle lui répondit par une oeillade peinée. Elle aurait voulu s’excuser auprès de son mari et auprès de son cousin de les mettre chacun dans une situation aussi inconfortable. Néanmoins, elle ne pouvait chasser ni l’un, ni l’autre.

« Il va bien, » répéta pourtant Brandon d’une voix tranchante.

La politesse s’arrêta là. Il se retourna tout d’un bloc et les hommes Norroit qui s’étaient machinalement arrêtés l’imitèrent. Ensemble ils se mirent en tête de réparer définitivement la cariole et de la charger à nouveau. Il n’y avait pas de pire mépris que l’ignorance et les mutiques clans du Nord étaient passés maîtres en la matière. Lyra sut à cet instant qu’elle ne tirerait rien de plus à son époux pour le moment. Paradoxalement, l’Écorce, lui, se rapprocha.

L’ironie mouillée de tristesse de Jorah lui firent hausser les sourcils.

« Que veux-tu dire ? » demanda-t-elle, étonnée. « Tu es allé voir mes soeurs ? »

L’idée lui paraissait saugrenue tant elle était dangereuse. S’ils s’étaient vus, quels mots étaient-ils capables de s’échanger ? Lyra savait pertinemment ce que pensait ses aînées et ses cadettes de leur cousin. Et les sentiments n’étaient ni nostalgiques ni plein de pardon. La perspective d’une telle rencontre lui serra la gorge. Mais il y avait quelque chose dans le pauvre sourire de Jorah qui lui confirma sans qu’il n’ait à le dire que sa route avait croisé celle d’autres Mormont bien moins accueillantes qu’elle.

Avant qu’elle n’ait le temps de rétorquer, il prononça la phrase qu’il n’avait jamais dit lors de son exil. Il n’en avait pas eu le temps aussi elles n’avaient jamais réellement su s’il regrettait ses actions. Aujourd’hui, il confirmait ce que Lyra avait secrètement espéré depuis longtemps. S’il était désolé, s’il avait des remords alors cela prouverait définitivement qu’il était un homme bien. Elle ne pouvait pas se l’imaginer vendre des hommes et des femmes, briser des vies, et avoir la conscience tranquille. Pourtant, le doute ténu, secret, mauvais, subsistait et la laisser parfois imaginer du pire. Ses grands yeux gris se remplirent de larmes, mais aucune ne vint glisser sur ses joues, si bien qu’elle regardait le visage de Jorah sans le voir, ondulant à travers la surface d’une ondine radieuse.

« Je suis rassurée, tellement rassurée, » bredouilla-t-elle. « Que tu sois un homme bien. Que tu n’ai pas changé. »

Elle frotta ses yeux d’un revers de main et soupira pour se ressaisir.

« Je serai ravie de tout te raconter, » sourit-elle. « Mais il faudra me raconter, toi aussi. »

Sa grosse main vint se poser sur son épaule.

« Je vais bien. Je suis très heureuse… » Quelque chose qu’elle n’aurait pas été capable de dire il n’y avait pas si longtemps. « Et toi… ? Jorah il y a tant de choses que j’aimerais te demander, mais je crois que je perds tous mes mots. »

En effet, enfin, la surprise de le revoir la percutait et il lui semblait être devenu simplette.

« Pourquoi es-tu revenu ? »


Les intonations dures, inflexibles de l’Écorce glacèrent l’atmosphère chaleureuse des retrouvailles.
 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



De bonne grâce, il la laissa inspecter le sommet de son crâne, lui facilitant même la tâche en inclinant légèrement la tête. La malice de sa réponse accentua son sourire que la suite de sa phrase ternit légèrement. Oui, son père allait bien. Du moins, extérieurement. Quant à savoir si les blessures qu’il souffrait en son cœur s’était refermée, il y avait fort à parier que personne n’en avait connaissance. Le Vieil Ours avait toujours été très réservé. Afin de ne pas laisser un silence accentuer l’ombre de sa trahison, il acquiesça sobrement.

« Un chevalier valois qui revenait du Mur m’en a informé, oui. »

La présence des hommes autour les dispensèrent de disserter plus avant sur le sujet. Alors qu’elle lui présenta son époux, ils échangèrent quelques mots mais l’échange fut bref. Brandon Norroit retourna à sa tache comme si l’idée de passer une seconde de plus en sa compagnie lui coûtait plus que de mesure. Jorah n’en prit pas offense et peu importait au fond car Lyra, elle, n’escomptait pas l’ignorer. Si la présence de l’Ecorce se fit plus menaçante, il ne s’en formalisa pas plus. Seule elle comptait et ces retrouvailles qu’il espérait pas si chaleureuses et qui lui réchauffaient le cœur. L’ironie qu’il laissa percer pour cacher son émotion n’échappa pas à l’archère qui l’interrogea sur le sujet. Il sentit l’inquiétude sous ses mots et une bouffée de tendresse pour la plus douce de ses cousines le reprit.Il n’y avait que Lyra pour s’inquiéter ainsi de ce qui avait pu se dire entre ses sœurs et lui. Pourtant, ce fardeau n’était pas le sien.

« Je n’ai trouvé le courage que de venir à ta rencontre jusqu’à maintenant. » avoua-t-il, « Mais j’ai croisé Dacey le jour de votre arrivée. Comme tu te doutes, elle ne comptait pas sur ses retrouvailles, mais je remercie les Anciens d’avoir permit que nos routes se croisent ainsi. Ça ne s’est pas si mal passé, compte tenu de mes erreurs passées. » précisa-t-il pour la rassurer, « Quant aux autres … tu connais ta mère et tes sœurs aussi bien que moi. Elle ne se montreront pas aussi clémente que tu peux l’être. »

Il haussa les épaules sous la fatalité. C’était ce qu’il avait sous-entendu. Ce combat était sien, il récoltait le fruit de ses fautes. Comme il ne pensait pas mériter la bienveillance dont elle faisait preuve envers lui. Ses mots lui serraient la gorge au point d’avoir du mal à parler et s’il détestait que ses émotions le submergent ainsi, il ne pouvait l’empêcher en cet instant. Les excuses qui lui échappèrent alors lui semblèrent la meilleure réponse qu’il puisse lui donner. Mais l’émotion qui la submergeait à son tour au point de faire monter des larmes au bord de ses beaux yeux lui étreignit le cœur plus encore. Que ne leur avait-il pas fait là ? Cruel coup du destin que de constater de ses yeux ce qu’il avait tant imaginé des années durant, rongé par la culpabilité. Il avait enfin devant lui la peine qu’il avait causé et cela lui fit mal. Une souffrance qu’il méritait tant qu’il n’essayait même plus de la dissiper en son cœur, la laissant l’envahir au point de lui serrer un peu plus la gorge, l’empêchant de répondre aux mots qu’elle prononça, empli d’un soulagement qu’il ne ressentait plus à cet instant. Il craignait seulement que sa voix ne tremble exposant alors ses pensées au tout-venant.

Alors que les secondes passèrent, tous ses efforts se concentrèrent sur sa maîtrise de soi. Le visage de nouveau neutre, il luttait pour ne pas laisser paraître sa peine, sa honte, mais aussi son bonheur de la retrouver. Pas seulement face à elle, mais surtout face aux restes de la délégation qui pourrait les observait, car ils n’étaient pas seuls. Le regard dur de l’Ecorce lui donna suffisamment de retenu pour faire reculer les émotions qui menaçaient de prendre le dessus. Comme il aurait aimé dire à le jeune femme combien il chérirait d’entendre de sa bouche tout ce qu’il avait pu manquer. Il aurait aimé lui promettre de lui raconter dans les moindres détails ce qu’elle voudrait entendre. Il aurait eu envie de s’excuser encore une fois aussi, mais cela ne changerait rien à ce qu’il avait fait. Il ne possédait pas le pouvoir de revenir en arrière, seulement celui de changer le futur.

Finalement, il n’eut la force que de se concentrer sur elle, mettant de côté ses propres émotions et cet instant troublant qu’ils venaient de vivre et qu’il ne maîtrisait pas. Sa main hésitante sur son épaule, il fut heureux de l’entendre parler de bonheur et de joie; et ses doigts se resserrèrent légèrement pour le lui signifier. Si son mariage lui apportait tant, alors Brandon Norroit méritait tout son respect. Instinctivement, il jeta un regard à ce dernier avant de reporter son attention sur l’archère qui l’interrogeait à son tour. Elle aussi se disait troublée par cette discussion mais il n’eut pas le temps de répondre. La voix de l’Ecorce s’éleva, brisant la bulle unissant les deux cousins, tant les reproches étaient audibles sous la dureté de ses inflexions. Se tournant vers lui, Jorah brisa le contact avec Lyra sans même s’en rendre compte, toute son attention portée sur la désapprobation de cet homme qui avait autrefois été sien.

« Parce que vivre dans la honte et le déshonneur n’est pas une vie. » répondit-il calmement, « Aurais-tu préféré que je reste en Essos, sans jamais tenter de réparer le tord que j’ai pu causer à mon peuple ? A ma famille ? Ne méritent-ils pas mieux que l’ignorance ? » il se tourna ensuite vers Lyra et leurs regards se croisèrent, « Je pensais que mon existence sans Lynce n’aurait aucun sens. J’ai préféré fuir que de la perdre. Mais j’avais tord. C’est mon existence sans vous qui n’en a pas ... »


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

Ainsi, Jorah et Dacey s’étaient croisés. La troisième ourse ne put retenir un froissement de sourcil et un sourire désolé. Evidemment, l’abcès devait être crevé. Un jour où l’autre, ce moment devait arriver compte tenu du retour de leur cousin à Westeros. Elle aurait préféré être la première à la revoir. Peut-être aurait-elle pu arranger une rencontre. Arrondir les angles. Préparer le terrain. Les choses auraient pu se passer autrement… La première fille de Maege ne lui avait pas parlé de son entrevue avec l’ancien héritier. D’ailleurs, elle n’avait absolument rien laissé paraître et jamais sa cadette n’aurait pu se douter qu’un tel événement venait de se produire. Toujours secrète, toujours sérieuse… Elle devrait probablement s’enquérir auprès d’elle à ce sujet. En revanche, elle ignorait encore la manière dont elle allait s’y prendre.
Lyra ne savait laquelle de ses sœurs étaient la plus virulente au sujet de celui considéré comme un pleutre et un traître par tout le Nord. Il était indéniable que l’aînée de la famille hériterait, en plus du titre de Maîtresse de l’Île aux Ours, des erreurs passées de celui qui aurait dû succéder à Jeor. Pourtant, il semblait qu’Alysanne, pétrie de valeurs et fidèle représentatrice de la mentalité Mormont, portait un ressentiment tout particulier envers Jorah. Elle acquiesça, ne sachant guère quoi ajouter. Elle aurait aimé lui dire qu’il se trompait. Qu’elles l’accueilleraient les bras ouverts. Mais cela serait lui mentir et il le savait tout aussi bien qu’elle.

Les voix vibrantes d’émotions se turent brutalement. Un souffle glacé balaya les visages figés, emportant avec lui la douceur et la gentille surprise de retrouvailles impromptues. Il laissa derrière lui la sévérité de l’hiver et la rancœur d’une faute impardonnable.
L’Ecorce, rigide, avait le visage fermé. Lyra avait l’habitude de voir son compagnon et son ami bougon et maussade. Sa nature était ainsi. Mais elle l’avait rarement vu aussi sombre. S’il n’inspirait ni la méchanceté ni la colère, son amertume rendait son regard acide. La lady jeta un regard navré au soldat. Comment aurait-elle pu le rabrouer ? Son état d’esprit, bon nombre de nordien le partageait. Il ne faisait aucun doute que Maege, si elle s’était tenue à sa place, aurait tenté d’étriper son neveu vingt fois. Il n’y a guère longtemps, avant que le pardon ne s’insinue doucement dans son cœur, la brune aurait probablement réagit pareillement. Remettre l’Ecorce à sa place aurait été hypocrite.

« Robard… » commença-t-elle pourtant.

Il était rare que l’Ecorce ne soit appelé par son prénom. Une bonne partie de l’Île aux Ours l’ignorait sûrement. Et il était certain que les Norroit étaient persuadés que l’Ecorce était son seul et unique nom. Lyra n’était même pas sûre que Brandon le connaisse. De l’utiliser ouvrait une brèche que l’archère n’avait ouverte que de très rares fois. Elle ne savait guère ce que cela signifiait, mais en général, elle attirait son attention.

Jorah ne lui laissa cependant pas le temps de finir. Il détacha sa main de son épaule et reporta son attention sur le soldat, rangé derrière la chasseuse. Elle avait la désagréable impression de se tenir au beau milieu d’une joute verbale sans être capable de choisir aucun des deux concurrents.

« Vivre dans le déshonneur ? » trancha le brun. « Votre vie, c’est le déshonneur. Ce n’est plus votre peuple. Ce n’est plus votre famille. Lord Stark aurait dû mettre fin à tout ceci. Votre famille vous méritait mort. »

Lyra était horrifiée. Muette de stupeur, elle observait l’Ecorce, incapable d’émettre le moindre son. Elle se sentit blêmir. Les secondes s’étiraient.

« Robard, » répéta-t-elle. « Nous devrions… »

Mais il leur tourna le dos et s’éloigna à grandes enjambées vers Brandon pour l’aider à finir la préparation de la caravane.

« Je… Je suis navrée, Jorah… » bredouilla-t-elle. « Il ne le pensait pas. Je lui parlerai… »

Elle secoua la tête, une main fiévreuse sur son front baissé. Bien sûr qu’il le pensait. Si l’Ecorce réagissait ainsi à la simple vue de son cousin, comment allait réagir le reste des Mormont ? Elle qui avait cru quelques minutes à un futur optimiste, elle redescendait brutalement sur terre.

« Je suis ravie que tu sois de retour, » répéta-t-elle. « Je te le promets. En dépit de tout. Et je t’ai pardonné, il y a longtemps déjà… C’est Lynce que je ne pardonnerai jamais. »

Pour la première fois depuis le début de leur échange, Lyra avait perdu de sa bonne humeur. La femme de son cousin avait toujours été un sujet de discorde chez les Mormont. Elle avait enchaîné les caprices, les plaintes et les pleurs pour finalement faire d’un homme bon un esclavagiste et un fuyard. La Hightower ne trouverait jamais de répit dans le cœur de la brune. Jamais.

« Rentrons, d’accord ? » lui demanda-t-elle en retrouvant son sourire. « Nous allons mourir de froid ici. »

Elle l’invita à le suivre à l’intérieur de la tente – vide – des soldats Norroit. Brandon suivit le duo des yeux, froid. L'Ecorce leur tournait toujours le dos.
La plupart des malles et des caisses étaient déjà empactées et prête à reprendre la route du Nord. Il restait cependant de quoi s’asseoir et de quoi se chauffer. Elle rajouta une bûche dans le petit rond de pierres, à l’entrée du chapiteau. Les braises se ravivèrent aussitôt.

« Désolée, » insista-t-elle. « Pour l’Ecorce. Tu le connais… Il… »

Mais elle ne termina pas sa phrase et se contenta de hausser les épaules en soupirant. Elle aurait une discussion avec lui, plus tard.

« Dis-moi… Avant que tu ne me racontes tes aventures en Essos… Que vas-tu faire ? Rentres-tu à la maison avec nous ? »

Elle l’espérait de tout son cœur. Bien sûr, le voyage ne serait pas de tout repos… Mais désormais qu’elle avait retrouvé son cousin elle ne parvenait pas à se l’imaginer repartir loin d’eux et disparaître, encore une fois.

 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Il s’était préparé à la dureté des mots de l’Ecorce. Comme il s’était préparé au jugement du tout-venant du royaume lorsqu’il avait prit le bateau en Essos, en direction de son pays natal, sa lettre de grâce signé par le Roi en main. Il le méritait cent fois. Il le savait, le prenait comme tel, ue punition pour ses fautes, pour la souffrance et le déshonneur qu’il avait causé aux siens. Aucune rancœur envers l’homme ne vivait en son sain, à l’entente de ces reproches. Il se la réservait personnellement, dans ses moments d’introspections personnelles. Et à feu Eddard Stark aussi, lorsque l’auto-détestation se faisait trop forte pour la supporter. Même s’il avait parfaitement conscience du bien fondé de cette condamnation, c’était plus fort que lui. Il en voulait à son ancien suzerain même s’il savait avoir tord.  

Le regardant s’éloigner, il resta mutique, le visage neutre. Bien entendu, il ne pouvait nier la difficulté de faire face à de tels mots. S’entendre souhaiter la mort n’était pas des plus agréable. Il tourna finalement le regard vers Lyra et son air horrifié le sortit du mutisme dans lequel il s’était plongé. Alors qu’elle commençait à se répandre en excuse pour quelque chose dont elle n’était pas responsable, il la coupa d’un geste de la main.

« Bien sur qu’il le pense. Et il a raison. » affirma-t-il d’un air grave, « Tu n’as aucune excuse à me fournir. Rien de ce qui pourra m’être reproché n’est de ta faute, ni même celle de ta mère ou de tes sœurs. Je suis seul responsable de tout cela, et c’est à moi de m’excuser que tu ais à subir cela aujourd’hui. »

Le bienveillance de la jeune Ourse n’avait que peu d’égale en ce monde. Il réalisait progressivement que ses espoirs à son sujet n’avait pas été vain. Il avait longtemps douté d’une possibilité de renouer avec les siens. Les regrets et la honte étaient tellement fort qu’il avait parfois été tenté d’en abandonner complètement l’idée. Qui voudrait de lui après ce qu’il avait fait ? Pourtant, la bienveillance de Lyra, sa douceur, était toujours resté dans un coin de son esprit. Et lorsqu’il était assez fou pour imaginer un retour parmi les Ours, c’était elle qu’il visualisait en premier. L’image même de la tolérance et du pardon. Et l’entendre réaffirmer ce pardon valait tout l’or du Royaume, et bien plus encore. Il ne savait que répondre à cela, mais un sourire de remerciement répondit pour lui. Quel chance avait-il de la connaître, de partager son sang !

Malgré tout, il fut surpris par la colère qu’il sentit à l’énonciation de son épouse. Jorah n’ignorait pas l’animosité que la bieffoise avait fini par déclencher chez les siens. Ne s’étant jamais adaptée à la vie sur l’Île, elle n’avait fait que peu d’effort pour cela. Elle n’avait pas non plus cacher sa répugnance à mener cette existence. Cela s’était révélé blessant pour sa famille, et il le comprenait, désormais. Il n’aurait pas imaginé que la rancœur fut encore si vive chez elle pour autant. Presque sans pouvoir s’en empêcher, il nuança :

« Lynce n’était pas faite pour vivre au Nord, Lyra. J’étais trop aveuglé par mon affection pour le comprendre. Tout cela relève de mon unique faute. »

Il détestait ce besoin irrépressible qu’il avait de la défendre, après tout le mal qu’elle lui avait fait. Sa colère à son encontre, et la souffrance que provoquait son simple souvenir, ne suffisaient malheureusement pas à atténuer ses sentiments pour elle. Si la fascination avait finit par disparaître, l’amour, lui, ne semblait vouloir le quitter. Il l’aimait encore, et ignorait bien si cela changerait un jour. Il ne voulait pourtant pas que ce sujet provoque la discorde au milieu de ces retrouvailles vacillantes, aussi accepta-t-il sa proposition de se mettre à l’abri, écartant ce sujet sensible autant pour elle que pour lui.

A l’intérieur de la tente, l’espace était encombré de nombreuses caisses de transports, et de malle emplies des effets personnels du couple Norroit. Il s’assit sur l’une d’elle, tandis qu’elle ravivait le feu qui leur permettrait de se réchauffer. Elle s’excusa à nouveau, et il afficha un air contrarié.

« Laisses, ce n’est rien. » dit-il d’un ton sans appel, « Seule votre opinion compte à mes yeux. »

La famille, les liens du sang, s’il avait compris bien tard leur importance, il y accordait désormais toute son importance. Les titres et les terres, il avait fait une croix dessus depuis bien longtemps. Il n’était jamais parvenu à faire de même avec la famille. Rien, ou presque, ne comptait plus que cela à présent.

Il fut touché de son intérêt pour sa vie en Essos, mais avant que ce sujet ne vienne au centre de la discussion, ils avaient à éclaircir certains points le concernant. Il comprenait sa curiosité, et elle était parfaitement en droit de se poser la question. Un retour au Nord, sur l’Île, chamboulerait beaucoup de choses pour elle, comme pour le reste de leur Maison. Hélas, ce n’était pas les seuls éléments à prendre en compte. Il n’était plus un mercenaire errant, dont l’existence n’était soumise qu’à ses besoins les plus primaires et ses propres décisions. Il avait accepté des responsabilités, en même temps que la grâce du Roi, et il en était désormais tributaire. Sans parler des décisions de Maege, l’actuelle Seigneur de l’Île-aux-Ours.

« J’aimerais pouvoir te dire que je remonte. » dit-il avec une pointe d’amertume, « Mais ce n’est pas une décision qui me revienne entièrement. Dacey m’a autorisé à revenir sur l’Île au nom de ta mère. Je lui en serais à jamais reconnaissant, mais j’ignore encore ce que Maege en pensera. Selon ta sœur, il me faudra me rendre auprès d’elle pour le découvrir. Je mentirais en disant que je ne le redoute pas. » avoua-t-il avec un bref sourire, « Ce n’est pas pour rien que j’ai mis autant de temps à reprendre contact avec vous. Il y avait la honte bien entendu, les regrets, mais aussi la peur et un certain manque de courage. »

Il hésita à poursuivre, n’oubliant pas où il se trouvait, ni même en présence de qui. Pourtant, si une Ourse pouvait comprendre son attachement nouveau pour une Targaryen, se serait bien elle.

« Et puis … j’ai des responsabilités, ici, à Corneilla. J’ignore si tu le sais, mais le Roi m’a accordé une place auprès de sa jeune sœur lorsqu’elle a épousé l’héritier de la maison Nerbosc. Je suis son Bouclier-lige et ma présence est requise à ses côtés. Ce qui s’est passé durant les noces ne m’a pas encore laissé le temps d’aborder la question avec la Princesse Daenerys ... »

Lui-même doutait désormais d'une telle possibilité, quand bien même une partie de lui ne rêvait qu'à partir avec les siens. Il restait toujours l'autre partie qui refusait de soustraire la Princesse Argentée à sa protection.


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

À l’intérieur de la tente, la chaleur se répandit vite. L’espace était confiné. Rien à voir avec les immenses chapiteaux qui collaient Corneilla et qui appartenaient aux familles nobles les plus riches et les plus affluentes de Westeros. Lyra préférait l’atmosphère particulière des petits habitacles. Après tout, naître dans la famille Mormont l’avait habituée à un confort spartiate et elle n’aurait pu supporter d’évoluer dans un monde qui n’était pas modeste.
Les tapis qui recouvraient la boue du sol n’avaient pas été changés, aujourd’hui. La préparation de la caravane les avait détournés de l’entretien de leur demeure éphémère. Les épaisses fourrures brunes et noires étaient couvertes de boue. Cela sentait la terre mouillée, les braises et une odeur plus subtile. Un parfum sauvage qui pouvait faire froncer le nez. Certains auraient pu être dérangés par la saleté. Mais ni elle, ni Jorah n’y prêtaient la moindre attention. D’ailleurs, la robe de la jeune femme était couverte de grandes traces de doigts sales, stigmate de la roue cassée qu’elle avait réparée quelques instants auparavant. Distraitement, sans vraiment y penser, elle gratta l’argile qui commençait à sécher.

Les flammes du petit feu éclairait leurs deux visages de grandes ombres creuses. Chacun avait le nez tourné vers l’extérieur, vers cet hiver qui menaçait déjà la région. La nuit commençait à tomber. Une brume opaque jaillissait d’entre les arbres des bosquets environnant. Bientôt, elle aurait grignoté toute la terre pour venir s’engouffrer sous les tentes. Luttant contre les ténèbres, des torches brillaient tout autour du camp, portées par des bras invisibles.

L’archère n’avait pas répondu aux mots de son cousin à propos de sa femme. Il s’agissait peut-être du seul sujet qui parvenait à l’agacer réellement. Bien sûr, des rumeurs et des moqueries sur sa famille, elle en avait entendues. Elle en entendait depuis toujours. Et elle s’en amusait, la plupart du temps. Car elle ne décelait aucune méchanceté. Lynce, en revanche… Elle avait été invitée parmi les ourses. Elle avait partagé leur demeure, leur nourriture, leur feu… Et elle avait non seulement été d’une désobligeance et d’une animosité extraordinaire envers les Mormont, mais elle avait attiré son mari sur la pente de la trahison. Bien sûr, ce n’était pas elle qui avait fait de la traite d’esclaves. Bien sûr, Jorah avait également joué son rôle. Mais le fils de Jeor, elle le savait maintenant, elle en était persuadée, était un homme bon.
Peut-être était-elle aveuglée par l’amour qu’elle portait à sa famille. Peut-être était-elle injuste de juger Lynce si durement. Peut-être cherchait-elle des excuses à son cousin… Mais elle ne parvenait ni à se l’admettre, ni à l’envisager. Les choses étaient plus faciles à admettre ainsi.
Aussi, préféra-t-elle ne plus parler de la bieffoise, malgré la compassion de son mari. Compassion qu’elle comprenait, mais dont elle était pourtant et étonnamment incapable.

« Je sais, » sourit-elle lorsqu’il aborda leur opinion. « Mais cela n’enlève rien au fait qu’il n’aurait pas dû tenir ces propos… Ah, regarde moi donc être plus contrariée que toi ! »

Elle rit gentiment et son écho mourut dans le crépitement des braises.

Un long silence répondit à ses dernières questions. Au loin, des voix lointaines leurs parvenaient étouffées, étranglées par le brouillard. Brandon aurait dû rentrer, mais sa femme le soupçonna de vouloir éviter le paria. Elle en était plutôt contente. Elle n’aurait pas voulu être interrompue dans leur solitude.
La brune ne le pressa pas à répondre et lui laissa le temps d’organiser ses pensées. Un pli soucieux s’était creusé dans le front de Jorah. Dans la lumière des flammes, ses cheveux blondis par des années de soleil en Essos, semblaient rouges.

La première phrase qu’il prononça fit mourir le sourire des lèvres de la brune. Il finit cependant par réapparaître à mesure qu’il déroulait le futur. Dacey avait donc accepté ! Il allait revenir parmi eux ! Lyra n’aurait jamais cru cela capable en se réveillant ce matin-là… et voilà que tout changeait.

« Et pourtant, te voilà, » l’encouragea-t-elle. « Que tu aies eu peur avant, ce n’est pas grave. L’important, c’est ce que a réussi à faire dernièrement. »

Elle détourna son regard qui n’avait pas quitté l’extérieur de la tente pour se tourner vers Jorah.

« Et tu serais un imbécile de ne pas la redouter, »
lui dit-elle à voix basse. « N’importe quel homme qui ne la redouterait pas serait un imbécile. »

Maege était impitoyable. Elle était connue pour être intraitable. Une rencontre avec elle n’était jamais abordée sereinement. Il était inutile de bercer Jorah d’illusion, l’Ourse allait montrer son visage le plus féroce face à ce neveu qui avait jeté l’opprobre sur leur nom. Mais il savait déjà qu’il pouvait compter sur Lyra. Cela, elle n’avait plus besoin de le lui rappeler.

« Quand ? » lui demanda-t-elle joyeusement. « Quand reviendras-tu, dans ce cas ? »

Mais sa question trouva une réponse lorsqu’il lui expliqua la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Pas avant un moment.

« Ah, » souffla-t-elle, surprise. « Non, je l’ignorais. »

La troisième ourse était visiblement déçue, mais elle n’osait le montrer à son cousin. Elle se demandait aussi comment Dacey avait réagi à cette annonce. Le savait-elle seulement ? Probablement, oui.

« Tu as dû faire forte impression au Roi pour qu’il te confie la sécurité de sa soeur, » sourit-elle.

Le Nord avait un certain passif avec les Targaryen. Rhaegar avait enlevé Lyanna Stark. Les Targaryen avaient arraché Robb Stark à sa famille pour en faire une pupille du Sud. Viserys avait empoisonné Wylla Manderly… Nord et Dragons n’étaient pas fait pour s’entendre, il semblait.
Lyra ne connaissait pas la princesse Daenerys. Elle l’avait aperçue, bien sûr, mais elles ne s’étaient jamais parlées. Elle arborait les mêmes cheveux d’argent et les mêmes yeux violets que tous les membres de sa famille… Portait-elle en elle les mêmes tares ? La chasseuse l’ignorait. Mais il aurait été cruel de la juger sur les erreurs et les fautes de son sang.

« Comment est-elle ? » lui demanda-t-elle. « Je ne la connais pas… »

Mais sa question faisait écho à sa première. Oui, comment était-elle ? Etait-elle prête à laisser partir son bouclier-lige ? Et si oui, quand reviendrait-il vraiment parmi les siens ?

 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Il ne méritait nullement la clémence de sa jeune cousine. Il s’était de nouveau montré lâche envers elles depuis son retour. A l’instar de son attitude avant son exil, il n’avait su être à la hauteur des siens. Il avait que trop tardé à reprendre contact. Et il ne devait la situation actuel qu’au hasard de sa rencontre avec Dacey. Le seul acte de courage dont il eut fait preuve envers sa Maison était cette visite auprès de Lyra. Le premier acte de bravoure dont il éyaot capable à leur sujet depuis bien longtemps. Bien entendu, Maege était redoutable et elle avait raison de dire qu’il lui faudrait la craindre. Il était bien placé pour le savoir, il avait grandit auprès d’elle et elle l’avait en partie élevé. Il connaissait son sens de l’honneur et son intransigeance. Il ne serrait pas aisé de lui faire face. Il lui avait avoué le craindre.

Pourtant, rien de tout cela ne réussit à provoquer le mépris chez Lyra. Ou en tout cas le cacha-t-elle. Il la croyait bien trop bonne pour cela, néanmoins. Il prit sa remarque avec le même sourire qu’elle, comme un compliment. Lui-même ignorait ce qu’il avait fait pour mériter pareil honneur. Il doutait parfois d’avoir mérité quoique se soit.

« Je le soupçonne plutôt de m’avoir volontairement éloigné de la Cour, dans laquelle je n’étais pas la bienvenue. Les Chevalier déchus, même graciés, ne font pas très bonne impression dans l’entourage d’un Souverain. » répondit-il avec légèreté, « Mais peut-être suis-je trop dur avec notre Roi. Il a été plus bon avec moi que je ne l’aurais mérité. C’est une opportunité impensable pour quelqu’un comme moi que de servir la sœur du Roi. »

Jorah avait été surpris de tout ce qui lui avait été offert après son retour. Certes, il avait gagné le pardon du Roi en accomplissant pour lui un voyage périlleux, ramenant des informations qu’il imaginait précieuses, bien qu’il n’en comprenait probablement pas toutes les implications, à l’inverse du Souverain. Sans parler des œufs de dragons. Pourtant, rien de tout cela n’avait préparé Jorah à servir le Roi lui-même à son retour à Westeros. Ni même à se voir offrir une place privilégiée auprès de la jeune Princesse. Peut-être Lyra avait-elle raison, peut-être avait-il fait bonne impression à son Roi ? Pour autant, sa méfiance naturelle l’obligeait souvent à considérer le pire et une part de lui ne pouvait s’empêcher d’imaginer que c’était là un moyen de le contrôler, de le museler, pour ne pas réitérer ses erreurs passées. Si tel était le cas, alors le pari était réussi. Sa loyauté leur était totalement acquise. Pour peu que les positions du frère et de la sœur Targaryen ne rentrent pas en conflit, bien entendu, mais c’était encore une autre affaire.

La curiosité de sa cousine à propos de la Princesse Daenerys le toucha. Sans doute serait-il resté sur ses gardes avec un autre nordien, mais il s’agissait de Lyra et il savait que la question était posée avec bienveillance. Elle révélait une volonté de la connaitre profondément plutôt que de se fier à l'image que pouvait en avoir le peuple. Une volonté de ne pas s'arrêter à la réputation de la famille royale et aux frasques de ses ancêtres. Il échangea un regard avec elle, gardant le silence alors qu’il réfléchissait à la façon de se montrer honnête tout en ménageant sa susceptibilité. Non pas qu'elle le soit particulièrement, mais compte tenu de leur histoire personnel, il y avait de quoi se montrer prudent. Après quelques secondes, il se décida à ouvrir la bouche :

« La Princesse Daenerys est une jeune femme discrète, très douce et d’une grande bonté. Elle ... » commença-t-il, ne réussissant pas à masquer totalement la tendresse qu’il avait pour elle, ni son hésitation « Même si elle paraît froide au premier abord, elle n’a rien de l’arrogance de son frère Viserys, cela n’est que façade. C’est une jeune femme qui semble avoir beaucoup souffert, et qui souhaiterait sincèrement éviter la moindre souffrance aux autres. Elle s’est construite une carapace très difficile à percer autour d’elle. J’ai mis des mois à découvrir qui était vraiment la jeune femme sous la façade typique des Taragryen. Mais je puis t’assurer qu’elle ne possède rien des tares de son père … »

Là résidait sûrement les craintes des nordiens, en tout cas c’est ce que le bouclier-lige supposait. Lui-même avait eu nombre réticence à ce sujet après la rébellion du suzerain Baratheon. Certes, Aerys II était mort. Mais qu’en était-il de son fils ? Il s’était avéré plein de surprises : équilibré, juste, clément lorsqu’il le fallait, il avait su maintenir la paix dans son royaume et on le disait plutôt agréable. Rien de ce qu’il avait vu de lui lors de la première rébellion fer-né n’avait permit d’en douter. Et rien de ce qu’il avait découvert à son retour sur Westeros non plus, si ce n’est qu’on le disait différent du jeune homme qu’il avait été. Il s’était néanmoins montré bon envers lui, et malgré le souvenir de Lyanna Stark, Jorah lui était finalement devenu fidèle. Quant à la jeune Daenerys, elle dépassait tout simplement ses espérances, et ses qualités de cœur se situaient clairement au-dessus de celles de ses frères.

« Il n’est pas difficile de la servir. Et je dois avouer que je ne m’attendais pas à prendre mon rôle auprès d’elle à cœur. » confessa-t-il, assez à l’aise avec sa cousine pour s’épancher plus avant.

Il ignorait ce qu’elle comprendrait à ce sujet mais il serait bien temps d’apporter quelques précisions au moment propice, si il la sentait prête à l’entendre. Il lui tenait à cœur d’apporter une image positive de sa protégé auprès des siens.


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

Lorsque Lyra songeait aux Targaryen, le premier visage qui s’imposait à elle était celui de Viserys. Elle en frissonnait chaque fois qu’elle se remémorait ses yeux mauves et rieurs. Le jeune dragon n’avait jamais laissé présager sa funeste personnalité lorsqu’ils s’étaient rencontrés lors du banquet nordien donné en l’honneur de Robb. Elle était même allée chasser en sa compagnie. La sortie avait été des plus désagréables suite à une attaque de sauvageons et Lyra avait même été blessée en protégeant le prince… Depuis l’empoisonnement de Wylla - qu’elle ne parvenait toujours pas à comprendre -, elle ne cessait de se poser la question. Et si elle n’était pas intervenue lors de la chasse ? Après tout, la Manderly aurait pu ne pas survivre par sa faute… Ce doute la rendait malade. Comment avait-elle pu ne pas voir ? Ne pas se méfier ? Était-elle donc aveugle, celle à qui l’ont vantait pourtant sa vue perçante ? Ce manque de discernement la troublait également.
Difficile donc de parler de sa soeur, Daenerys, sans se rappeler l’ombre de l’assassin.

Une nouvelle fois, la brune détourna son regard de la nuit tombée pour le poser sur son cousin. Elle sourcilla, étonnée par sa remarque. La Mormont n’était pas la plus fine des politiciennes. Elle n’avait pour elle qu’une oreille attentive et une diplomatie à toute épreuve. Deux qualités développées par son rôle d’émissaire de la famille des ourses. La ruse, la sournoiserie et les stratagèmes humains ne faisaient pas partis de ses attributs. Pourtant, elle doutait que le Roi Rhaegar ait confié la vie de sa petite soeur à un chevalier qu’il dénigrerait, tout déchu qu’il était. Cela amena pourtant une autre question à son esprit. Qu’avait fait Jorah pour gagner un pardon royal ? Elle avait vaguement entendu des explications, des rumeurs… mais il était difficile de démêler le vrai du faux. Elle ne lui demanderait pas tout de suite. Chaque chose en son temps.

« J’imagine qu’ils ne font pas bonne impression non plus dans l’entourage d’une Princesse… » réfléchit la jeune femme à voix haute. « Crois-tu réellement qu’il t’ait envoyé si loin protéger un membre de sa famille simplement pour t’éloigner de lui ? Je pense simplement que ta loyauté et tes talents de combattant l’ont séduit. »

Malgré tout ce que l’ont pouvait dire sur son cousin, Jorah n’avait jamais été un hypocrite ou un perfide. Certains lui crachait le mot « traitre » au visage. Mais entre le Nord, sa famille et Lynce, l’ancien héritier avait choisi à qui revenait sa fidélité. Et sa femme l’avait emporté. Malgré tout, étrangement, il n’avait pas fait preuve d’égoïsme car même face à tout ce qu’il risquait de perdre, il avait préféré un amour illusoire. Son manque de jugement, Lyra lui avait pardonné. Mais jamais elle ne pourrait lui en vouloir de ne pas avoir été fidèle.
Rhaegar avait dû voir cela, lui aussi. Il avait dû comprendre qu’une fois l’ours attaché à une âme, il était prêt à tout pour pourvoir à ses besoins. Une grande force. Et une grande faiblesse. Encore fallait-il savoir de quel côté de la moralité penchait cette fameuse âme ayant attiré Jorah dans ses filets.

Il finit par tourner ses yeux gris vers elle. Dans le silence de cet aveux, l’archère comprit. Oui, définitivement, Daenerys avait hérité de la lourde tâche de guider Jorah. Lyra ne put qu’être plus attentive aux mots qu’allaient prononcer le Mormont.

Dans la brume, non loin, certaines tentes s’éveillaient à la faveur de la lune et quelques notes d’une musique mélancolique vinrent égrener l’air.
Tranquille, sans faire le moindre bruit, Lyra se contenta d’écouter son cousin vanter les mérites du dernier enfant d’Aerys le Fol. Un dragon pouvait-il réellement être doux et docile comme le lui expliquait le chevalier ? S’agissait-il d’un agneau ou d’un reptile vêtu d’un manteau de laine ?

« Espérons qu’il n’y ait pas que l’arrogance qu’elle n’ait hérité du Prince Viserys, » soupira-t-elle tristement. « Tu dis qu’elle a souffert. Est-ce à cause de son frère ? »

Le prince l’avait si bien berné en bonne humeur, Daenerys n’était-elle pas capable de duper son cousin, elle aussi ? Lyra avait été naïve autrefois. Elle l’était toujours. Mais aujourd’hui, elle avait appris à douter et avait compris que se poser des questions n’était pas toujours néfaste. Au contraire. La voix chaude et attendrie de Jorah exprimait pourtant tout ce qu’il ne disait pas.

« Pardonne moi, ces questions-là sont intimes… Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Mais j’ai rencontré Viserys. Nous ne nous sommes vus que peu de temps et je... regrette aujourd’hui ces instants. Alors, que penser de sa petite soeur qui a grandi auprès de lui ? »

Lyra en plaignait presque la jeune femme. Elle qui été née et s’était épanouie dans un foyer aimant et chaleureux ne parvenait à se représenter une demeure froide où la méfiance régnait. Malgré les attaques sauvageonnes, malgré les raids fer-nés, elle n’aurait troqué son île et sa famille pour rien au monde et certainement pas pour un chateau protégé et une famille royale.

Le feu derrière eux lui chauffait agréablement le dos. D’un mouvement expert, elle sortit une épingle de sa ceinture et remonta ses cheveux longs qui tenaient chaud à sa nuque.

« Je suis heureuse pour toi, » avoua sincèrement Lyra. « La Princesse Daenerys a beaucoup de chance de t’avoir près d’elle. J’espère que tu es aussi chanceux de l’avoir près de toi. »

De voir son cousin après tant d’années, après tant d’épreuves, après l’exil, la solitude et l’éloignement, de le voir si léger lorsqu’il parlait de la petite dragonne… elle ne pouvait nier sa légèreté, à elle aussi.

« S'opposerait-elle à ton retour parmi nous ? »

C'était cette dernière question qui situerait Daenerys.
 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Il la regarda un instant tandis qu’elle pensait à haute voix concernant ses propres suppositions. Sa réflexion lui donna à réfléchir. D’un air songeur, il regarda dans le vide. Outre la gentillesse de ses propos, c’était surtout l’interrogation qu’il retint. Le Roi et la Princesse Daenerys ne semblaient point aussi proche qu’on put l’imaginer. Il n’ignorait pas la rancœur que sa protégée portait à son royal frère. Visiblement, les relations entre la fratrie étaient des plus complexes. Aussi, il ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Rhaegar Targaryen l’avait-il réellement envisagé comme le meilleur choix possible pour la protection de cette sœur qu’il connaissait au final bien mal ? Avait-il assez de considération pour elle pour avoir réellement réfléchit à la question ? Ou n’avait-il été envoyé à Corneilla auprès d’elle que parce qu’il devait être éloigné de la Capitale ? Était-ce une coïncidence qu’il fut choisie pour rejoindre la Maison Nerbosc au côté de la Princesse quand lui-même partageait les origines et les croyances de cet ancienne famille ? Jorah ne parvenait à démêler le vrai du faux dans tout cela.

« Je l’ignore. » avoua-t-il en toute franchise.

Après tout, il n’avait jamais osé poser toutes ces questions à la jeune Targaryen, conscient qu’il remuerait ainsi bien de souffrances. C’est d’ailleurs à ces dernières que Lyra sembla s’intéresser. Sa méfiance à l’égard des Targaryen était légitime au vue de son expérience, notamment en ce qui concernait le Prince Viserys comme elle le lui expliqua. Jorah était bien placé pour savoir que ce dernier savait se montrer charmant quand il le voulait. Lui-même s’était laissé abusé par son tempérament, malgré une arrogance affichée, assez pour ne pas le croire capable d’un acte aussi répréhensible que celui pour lequel il fut condamné. Et pourtant.

Elle s’excusa d’emblée de sa curiosité et il lui adressa un sourire compréhensif. Après tout, il avait accepté de le lui en dire plus, elle avait le droit de chercher à comprendre. Quelque part, sa place auprès de la sœur du Roi aurait un impact sur leur famille, quelque soit le sort que leur réservait l’avenir. A présent qu’il se trouvait au plus prêt d’eux, il savait qu’il n’abandonnerait jamais la possibilité de renouer avec les siens tant qu’il ne serait pas entièrement certain de leur rejet. Par conséquent, ses actes, ses attaches, les concernaient entièrement. Il n’hésita que pour ordonner sa pensée à ce propos.

« Pour être tout à fait honnête, la Princesse Daenerys était très proche du Prince Viserys. Comme tu le sais, elle est beaucoup plus jeune que son frère le Roi, et elle n’en est pas particulièrement proche. Par contre, c’est auprès du Prince qu’elle a grandit. L’acte qu’il a commit, sa condamnation, ont été une souffrance pour elle. Je ne pense pas qu’elle le croyait capable d’une telle chose. Elle n’en parle que rarement. De manière générale, elle ne s’épanche pas. »

Elle subit en silence, se retint-il de dire, sachant que cela serait vu comme une faiblesse. Voilà pourtant un assez bon résumé de la situation de la jeune Targaryen. Elle subissait son existence, les choix qui avaient été fait pour elle, sans que l’on eut prit en compte son avis ou ses choix. Un sentiment que Jorah parvenait à comprendre. Il avait vécu cela, plus jeune, avant d’être libéré de l’autorité de son père à son départ pour le Mur. Il avait ensuite goûté à une liberté jusque là inconnue. Au point de s’y brûler les ailes … La Princesse Daenerys n’aurait jamais la possibilité de goûter à cette liberté, ni même de faire les même erreurs. Elle était une femme.

« Son statut ne lui laisse que peu de place pour l’indépendance et la liberté. » explicita-t-il, « Et elle a perdu progressivement tout ce qui constituait ses repères et ses forces.  »

Sa maison. Sa mère. La présence de sa famille. Viserys. Tout cela lui était arraché un à un. En cela aussi, Jorah parvenait à se retrouver en elle, ayant également perdu les siens, son foyer, et pour finir son épouse. Il parvenait à éprouver de la compassion à son égard d’autant qu’elle était encore bien jeune, contrairement à lui. Elle ne possédait pas les même armes pour lutter. Il lui faudrait du temps, et il était prêt à l’accompagner tout au long du chemin pour cela.

Lyra semblait consciente de cela. Sa perspicacité lui avait fait prendre la mesure de son engagement auprès de la Targaryen. Il le sut à sa manière de le regarder lorsqu’il lui avait confié son attachement à la cause de la jeune Princesse. Et à celle qu’elle eut de sous-entendre ses doutes à propos de ses chance d’être auprès d’elle. Il l’observa relever ses cheveux l’air de rien.

« Je m’estime chanceux. » répondit-il à son interrogation voilée.

Cela ne suffit pas à dissiper ses doutes car elle se permit une autre question, cherchant à savoir si la jeune Targaryen saurait le laisser partir pour rejoindre les siens. Parlait-elle d’un retour définitif ? Il ne chercha pas à le savoir, conscient de ne pouvoir lui apporter de réponse à ce sujet. Car si il doutait que la Princesse ne veuille le détacher de ses services, la question était plus de savoir si lui serait prêt à la quitter. Il n’avait pas la réponse à cette question. Ou plutôt oui. Il se savait nullement désireux de se séparer de la jeune Targaryen.

Pourtant, renouer avec sa famille relevait d’un souhait bien plus ancien et le fait d’enfin y parvenir remettait toutes ses certitudes en question. Il pensait n’avoir jamais plus l’occasion de leur parler, d’obtenir leur pardon -au moins d’une partie d’entre elles- et encore moins d’être autorisé à remettre le pied sur son île natale. Il se savait voué à l’exil de sa Maison à tout jamais. Il n’espérait pas retrouver ses terres -encore moins son titre- et resterait par conséquent un simple chevalier sans attache, qui ne pouvait espérer mieux que de se mettre au servir d’une âme. Il n’avait plus de place parmi les siens. Et pourtant … ceci lui apparaissait désormais possible. Une fenêtre d’espoir sur un avenir qu’il croyait perdu à jamais. Que devait-il envisager alors ?

Il eut un rictus amère et choisit finalement la fatalité. Trop y croire serait prendre le risque d’être déçu. Il avait déjà trop souffert de son départ, trop souffert de ses décisions qui lui avait fait perdre ceux qu’il aime. Sans doute serait-ce plus sage que de nourrir des espoirs réalistes. Un simple voyage temporaire sur ses terres natales seraient déjà un grand pas vers son objectif. Un pas qu’il n’aurait encore jamais pensé effectué quelques lunes plus tôt, dont il n’avait fait que rêver.

« La Princesse n’empêchera pas un voyage auprès des miens. » répondit-il enfin, « Mais tu as bien conscience que même si je me rendais sur l’île ... », il corrigea, « -quand je me rendrais sur l’île-, et que Maege me pardonnait, je n’aurais aucune place parmi vous, n'est-ce pas ? Le peuple de l’île n’oubliera pas aussi facilement, et le Nord non plus. Je ne serais qu’une gêne pour vous. Un souvenir désagréable du passé, qui même s’il a fait pénitence, vous aura causé un tord qu’il ne pourra jamais réparer. »

Il échangea un regard avec elle, désireux d’évaluer l’impact de ses mots. Il avait choisit l’honnêteté. Peut-être se fourvoyait-il. Et sans doute ne comprendrait-elle pas. Qui pourrait comprendre ? Il était le premier Mormont a avoir fait de tels choix. Le premier à avoir couvert leur nom de honte. Non, décidément, il ne le méritait pas.  

« Si je n’ai su me montrer à la hauteur et garder celle qui m’avait été attribué de naissance, il me faut me faire ma propre place, désormais. »


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

Jorah doutait de lui. La née Mormont ne pouvait pas lui en faire le reproche. Après tout, ses choix - terribles, mais qu’il avait faits - avaient été critiqués et lui avaient valu le bannissement. S’il éprouva probablement un temps de colère envers celui qui avait prononcé la sentence, s’il préféra ne pas voir la réalité en face durant quelques lunes, préférant soigneusement contourner la réalité pour se persuader de ses bonnes intentions, la solitude sur une terre étrangère avaient dû, à un moment ou à un autre, le mettre en face de ses responsabilités. Comme cela avait dû être compliqué pour lui. Il n’y avait pas plus brutal que de se remettre en question et d’estimer l’étendue des dégâts que l’on avait causé.
Aujourd’hui pourtant, malgré tout cela, Lyra était persuadée que Jorah était foncièrement bon. Et cela se reflétait dans son affirmation, toute en humilité et en modestie. Elle acquiesça sans relancer le débat. Après tout, seul le Roi Rhaegar devait connaître les raisons qui l’avait poussé à choisir le chevalier nordien pour escorter sa soeur dans le Conflans. La brune, quant à elle, était certaine que la loyauté du fils de Jeor y était pour beaucoup.

La proximité entre Viserys et Daenerys la fit frémir. Car à l’inverse de son cousin, le prince n’était pas d’une bonne nature. Là où Jorah était guidée, parfois manipulée par sa morale et des sentiments nobles, le frère du Roi ne semblait pas présenter une quelconque grandeur d’âme. Ce n’était pas lui le manipulé. Il était celui qui tirait les ficelles. De savoir que la jeune dragonne avait donc grandi auprès de lui… Mais encore une fois, elle ne la connaissait pas et se garder bien d’émettre un jugement hâtif sur elle. Après tout, le chevalier semblait l’apprécier.

« Peut-être qu’elle devrait… En parler, je veux dire. Elle pourrait s’en trouver soulagée. »

Les atroces souvenirs des Îles de Fer lui revinrent en tête. Ils n’étaient plus aussi vivaces qu’auparavant. Plus aussi brûlants et douloureux. Les images lui parvenaient floutées, opaques… comme sortis d’un horrible cauchemar. La chasseuse ne doutait pas que tout cela lui était arrivé. Elle en avait malheureusement bien conscience.
Mais elle se rappelait aussi de la gentillesse de Theon Greyjoy. La pupille de lord Stark avait été une des premières personnes à avoir prêté une oreille réellement attentive à sa détresse. Elle lui en serait toujours reconnaissante. À cette époque, tout juste après son retour dans le Nord, elle lui avait raconté ce qu’elle avait subi comme pour s’en détacher. S’en était suivie une longue période de mutisme où elle avait préféré refouler ses émotions, avant de les exposer à nouveau. Mais ses confessions au jeune homme l’avait sauvée, en un sens. Peut-être était-ce ce dont la princesse avait besoin, elle aussi.

« L’indépendance, la liberté… Sa vie n’a pas vraiment l’air d’être facile, » se désola l’archère. « Elle doit plus que jamais avoir un ami auprès d’elle. »

Deux valeurs dont les Mormont ne pouvaient se passer. Elles étaient inscrites, gravées dans la peau des insulaires et ce depuis leur naissance. Comment auraient-elles pu s’en passer ? Lyra ne parvenait pas à imaginer sa vie privée de ses choix. Pouvait-on réellement laisser sa vie dans les mains d’un autre ? Cela était le lot de beaucoup de jeunes femmes, à Westeros, elle en avait conscience. Mais cela ne l’empêchait pas d’être profondément peinée devant ces destins soumis.
La résilience de la Targaryen que décrivait Jorah pouvait être admirée. Tous n’en était pas capable. La brune comprenait un peu plus l’attachement de son cousin envers elle.

« Elle te ressemble… n’est-ce-pas ? »

Mais l’aimait-il assez pour tirer un trait sur la famille Mormont ?

La question, lourde de sens, d’interrogations et finalement décisive, sonna dans l’air de longues minutes. L’ours déchu s’enferma dans une réflexion silencieuse, bercée par le craquement des bûches dans leur dos et par les chants mélancoliques des soldats de garde cette nuit-là. La chaleur qui régnait dans la petite tente et l’odeur que dégageaient les peaux tapissant le sol boueux rappelaient sans mal l’ambiance intimiste et rustique de l’Île aux Ours.
Lyra n’interrompit pas son cousin. Patiente, elle observa l’extérieur, n’apercevant guère plus que ce que les rares flambeaux, dispersés de-ci de-là souhaitaient bien éclairer de leurs flammes vacillantes. Des herbes s’agitant sous la brise nocturne. Une chouette perchée sur une branche ployée et qui lorgnait sur un os de poulet laissé là. Les étoiles qui vacillaient, prises d’un infime tremblement, comme si elles chantaient, elles aussi.

Mais l’espoir fut brisé par une grimace de l’ours.
Oh bien sûr, il subsistait encore lorsqu’il eut terminé sa première affirmation. Mais elle était évidemment suivie d’un « mais ». De fait, ce qui se trouvait avant cette opposition n’avait que peu de poids. Lyra avait souvent entendu lord Stark affirmer cette maxime. Et elle la trouvait particulièrement pertinente.

« Je ne te parle pas d’oublier, » dit-elle de sa voix douce. « Nous en serions tous, je crois bien incapables. »

Comment auraient-ils pu ? Le chemin de vie de Jorah avait eu un impact considérable sur la famille Mormont. Cette dernière s’était appauvrie, perdue de son prestige… Toute l’enfance et l’adolescence de la troisième Ourse avait été bâtie autour de cet intérêt commun à toutes les Mormont : retrouver l’honneur perdue de leur maison. Redorer leur blason. Faire resplendir leurs valeurs. Avant chacune de ses actions, elle s’était posée ces questions. Est-ce pour le mieux ? Est-ce pour la fierté des miens ? Quelles conséquences pour ma mère et mes soeurs ? Penser aux autres étaient devenue une seconde nature. Elle y pensait d’ailleurs plus facilement qu’à elle. Comme la liberté et l’indépendance, cela était désormais inscrit en elle. Elle ne pouvait donc pas s’oublier.

« Je te parle de te pardonner. »

L’archère l’avait déjà fait. Le chemin avait été ardu et semé d’embuches, même pour un coeur tendre comme le sien. Il n’y avait aucun doute que pour Maege, Alysane, Dacey, Jorelle et Lyanna, cela tenait plus de l’idéal que de la réalité. Mais enfin, elle était persuadée qu’elles y parviendraient. Toutes.

« Le mal est fait, » trancha-t-elle d’une voix douce. « Nous devons, toi comme nous, cessez de tenter de le réparer. Je l’ai accepté. Il existe et ne s’effacera pas. Ce que tu as fait fait désormais parti de notre histoire. Pourquoi le renier ? Si l’acte m’a un jour fait honte, sache que toi, jamais. »

Les deux Mormont se jaugèrent, étudiant les réactions de l’un et de l’autre. La fille de l’Ourse était sûre d’elle.

« Je comprends, » soupira-t-elle. « Et cela me prouve une fois encore que tu n’as pas changé. Que tu es bon. »

Il n’avait pas changé. Il n’avait jamais changé. La traite d’esclaves, les ordres enfreints… Des erreurs. Des erreurs malheureuses, mais des erreurs. En aucun cas elles n’étaient le témoin de la personnalité de Jorah.

« Je sais que tout ne redeviendra jamais comme avant. Je l’ai accepté, » répéta-t-elle. « Cela ne m’empêche pas d’espérer que tu rentreras… »

« Définitivement, » rajouta-t-elle mentalement. Elle secoua la tête avec un léger rire mélancolique, en accord avec les chants qui mourraient dans la brume.

« Tu me manques et tu me manqueras toujours, »
avoua-t-elle, comme elle l’avait fait lorsqu’ils s’étaient retrouvés.
 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Visiblement, son petit plaidoyer n’avait su la convaincre. Il était étrange de se trouver dans une telle  situation aujourd’hui. Qui aurait cru qu’il devrait un jour se flageller lui-même devant le pardon sans condition de l’une de siens ? S’en était risible. A cet instant, il ignorait lui-même ce qui le poussait à cela. Pourquoi ne pas accepter purement et simplement la main qu’elle lui tendait ? Après l’avoir tant espéré. La réalité, c’est qu’il refusait de lui faire plus de mal encore. De lui apporter un espoir qui se pourrait être vain. Lui pouvait bien se torturer à envisager tous les scénarios les plus utopiques s’il le voulait, mais en aucun cas il ne devait les lui imposer sans être certain qu’ils puissent se réaliser. Quelque part au fond de lui, cette tendresse qu’elle lui manifestait le touchait énormément, apaisait ses craintes et ses peines. Mais il savait qu’il ne le méritait en rien, là était bien tout le problème.

Lui pardonner, disait-elle … Cela eut le mérite de lui arracher un sourire désabusé, tandis qu’il contemplait ses mains dont il triturait la corne avec distraction, à la lueur du feu. Bien entendu qu’il voulait y croire. Croire qu’il pourrait un jour rejoindre les siens sans craindre leur reproches et peut-être même leur haine. Quel bonheur serait-ce là que de renouer avec son sang ? Mais de là à se convaincre qu’il le méritait … C’était une autre paire de manche. La vérité, c’est qu’il ne s’était probablement pas pardonné lui-même. Il avait tant songé au pardon des siens aux heures les plus noires de son existence. Tant espéré à son retour sur Westeros. Sans jamais parvenir à s’en convaincre totalement. Il enviait la confiance de Lyra. Mais il doutait. Elle lui parlait d’écrire une nouvelle page pour lui au sein de leur famille. Mais qui voudrait d’un homme tel que lui parmi les siens ?

« Le mal est fait. » prononça-t-elle avec douceur, « Nous devons, toi comme nous, cessez de tenter de le réparer. Je l’ai accepté. Il existe et ne s’effacera pas. Ce que tu as fait fait désormais parti de notre histoire. Pourquoi le renier ? »
« Je ne le renie pas. » trancha-t-il à son tour, relevant le regard vers elle, mais elle ne lui laissa pas le temps de poursuivre.
« Si l’acte m’a un jour fait honte, sache que toi, jamais. »

Les mots qu’il s’apprêtait à prononcer restèrent coincés au fond de sa gorge. Il les ravala alors qu’ils s’observèrent à nouveau en silence. La lueur des flammes dansaient sur le doux visage de son cousine, comme il avait pu le voir à nombre reprise par le passé, assis au coin du feu du Donjon Mormont. Mais son regard était ferme. Quelque part, il sut qu’elle ne le laisserait probablement jamais tombé. Et étrangement, cela l’effraya autant qu’il en fut ému. Et s’il la décevait encore ? S’il meurtrissait encore ce cœur tendre, à la bonté si extraordinaire qu’il avait bien des peines à s’imaginer en partager le sang ?

La compréhension dont elle fit preuve ensuite ne l’aida pas à cela. Le doute se lisait probablement dans son regard, à présent. Il n’avait que peu connu la peur au combat, mais celle qui l’étreignait à cet instant, il la reconnaissait. C’était la même que celle qui l’avait envahi lorsqu’il avait du choisir entre une mort indigne ou une fuite plus indigne encore. Elle le disait bon. Il en doutait. Bien entendu, il faisait tout pour cela. Mais un homme tel que lui, ayant abandonné peuple, famille et terre à la ruine, par égoïsme, pouvait-il jamais être un homme juste et bon ?

Son petit rire le distraie de ses sombres questionnements et il fut une fois de plus touché de l’entendre souhaiter son retour, de lui exprimer son affection. Il ne la méritait définitivement pas. Il lui prit la main et la serra pour toute réponse. Elle savait combien elle lui avait manqué en retour, elle et ses sœurs. Il le lui avait déjà dit un peu plus tôt et sa pudeur l'empêchait de réitérer cela.

« Il y aura toujours un Mormont sur l’Île pour combler cela. » prononça-t-il finalement avec douceur libérant sa main, « Et puis, tu vas fonder ta propre famille, à présent. »

Elle était désormais une Norroit. Probablement ne tarderait-elle pas à enfanter, comme ses sœurs avant elle. Jorah la savait heureuse car elle le lui avait dit. Et c’était bien tout ce dont elle devait se soucier, à présent. Malgré tout, ce mariage l’interrogeait quelque peu. Si son père, Jeor, avait tenu à le marier jeune à Melara Glover pour forger une alliance, il savait que Maege n’était pas faite de ce bois-là. Indépendante et libre, elle ne s’était jamais résignée à quitter l’île. Cela ne l’avait pas empêché d’engendrer une descendance. Il comprenait mal que Lyra en soit venu à épouser le jeune Norroit et rejoindre ses terres au détriment de leur île natale. Aurait-ce, par hasard, été un mariage d’amour ?

« Je ne parviens pas à imaginer Maege te pousser à une telle alliance. » déclara-t-il pour toute question, « Quand as-tu épouser le jeune Brandon ? »

Il espérait que sa défection n’eut rien à voir avec cette union. Il aurait probablement mal supporté que ses cousines se soient vu obligée de sen vendre à qui que se soit pour rattraper ses erreurs passées. Cela aurait été le comble du déshonneur.


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Avons-nous tant changé ma cousine ?

An 302, Lune 4, semaine 3



Jorah Mormont & Lyra Norroit

L’aveu qui avait été fait n’en était pas un. Jorah lui manquait. Tout comme le temps béni de leur enfance où, tous, se regroupait autour du feu chaleureux et gigantesque de la maison en rondins. Elle se rappelait encore nettement des murmures tranquilles de sa mère et de son oncle tandis que les enfants somnolaient, les petits visages enfouis dans les fourrures tendres. Et toujours, dans ses souvenirs, son cousin veillait sur elles, sur les soeurs Mormont, trop jeunes encore pour comprendre la cruauté et les vices du monde. Trop jeunes encore pour comprendre que le vice pouvait gagner les coeurs nobles et le torturer de remords.

Lyra n’avait jamais honte d’exprimer son affection à ceux qui comptaient pour elle. Les phrases sortaient sans peur et sans embarras de sa bouche. Cela n’était pas le cas pour la plupart des membres de sa famille. Le chevalier n’échappait pas à la règle. Tout en pudeur, il s’enfermait dans un malstrom de pensées, sans qu’aucune ne prenne vie dans l’espace entre eux. Tous les mots qu’il ne savait pas dire formaient de silencieux incendies, hauts comme des sommets qui venaient dévaster une part de lui. Depuis combien de temps brûlait-il des flammes du doute et de la culpabilité, ce coeur aux valeurs tendres que l’amour d’une femme avait maltraité ? Peut-être même avant l’acte terrible qui lui avait valu sa condamnation. Oui, les silences de Jorah étaient différents. Ils ressemblaient à des sons brisés.

La légèreté qu’il avait trouvé en parlant de Daenerys Targaryen s’estompait à mesure que la conversation reprenait une tournure plus personnelle. Le regard tantôt fuyant, tantôt fixe, ses yeux gris hésitaient, tout comme sa voix. Pourtant, au-delà des fêlures, la troisième ourse entendait toute la tendresse contenue dans les soupirs de l’exilé. La tendresse, mais également une crainte soudaine qu’elle ne pouvait expliquer. Il ne niait pas ce qu’il avait fait. L’avait-il accepté ? Certainement pas. Il devait vivre avec cette faute chaque jour que les Anciens Dieux faisaient, condamné à ressasser indéfiniment ses choix… À se demander « et si ? » à chaque crépuscule et ce jusqu’au matin. L’archère le savait, car elle était comme lui. Les songes et son esprit étaient ses pires ennemis. Les autres réalités, celles qu’elle ne connaîtrait jamais, s’affrontaient dans ses rêves jusqu’à ce que la plus cruelle, la sienne, ne surgisse comme la grande et terrible gagnante.
Mais Jorah n’avait pas à affronter cela tout seul. Ce temps là était révolu.

Sa grosse main serra la sienne avant de la relâcher avec une douceur étrange. Comme un renoncement à demi mot. Ce qu’il dit alors la fit exhaler doucement. Un pincement au coeur lui fit secouer la tête, comme pour chasser la peine hors d’elle. Ce n’était pas pour elle qu’elle était triste. Mais pour son cousin.

« Crois-tu vraiment que ton absence peut être comblée, Jorah ? » lui demanda-t-elle en serra ses mains sur ses genoux. « Par qui ? Chacun à sa place. Tu as aussi la tienne, n’en doute jamais. »

Il valait mieux que ça. Personne ne pouvait le remplacer. Tous, dans son coeur étaient uniques et précieux. Ce manque de confiance, ce dénigrement qu’il s’infligeait envers lui-même fendait le coeur de la née-Mormont. Comment pouvait-elle faire pour qu’il se sente mieux ? Qu’il se sente à l’aise avec lui-même ? Son empathie lui jouait parfois des tours car, si elle était plus à même de comprendre la souffrance d’autrui et de compatir, elle ne trouvait pas toujours les solutions à leurs problèmes.

« C’est vrai, » avoua-t-elle. « Je vais fonder ma propre famille… Mais ne va pas croire qu’elle vous remplacera ! »

Son ton se fit plus léger. Visiblement, le chevalier avait comme volonté de changer de sujet et Lyra lui avait partagé tout ce qu’elle avait profondément enfermé en creux d’elle depuis son exil. Tout ce qu’elle avait travaillé, ce pardon qu’elle avait mûri, ces mots qu’elle s’était promise de lui dire… Tout était finalement sorti. Désormais, la balle était dans le camp de Jorah. C’était à lui de digérer.
Alors, la jeune femme lui emboita le pas et le suivi vers cette discussion plus propice au rire.

« Et tu as bien raison… C’est plutôt moi qui l’ai forcée ! »

Le mariage était une chose que Maege avait en horreur. Atrophiant, estropiant la liberté, handicapant… Les qualificatifs n’étaient pas les plus glorieux dans la bouche de la matriarche. Si Lyra, comme ses soeurs, avait partagé ces valeurs propres aux Mormont et s’était même bien amusée de l’identité inconnue de son père - n’en déplaise aux autres nobles - et des rumeurs sur les changepeaux, sa rencontre avec Brandon avait tout changé. Loin d’être des gênes, son soutien et sa présence avaient participé à l’amélioration constante de son état après son enlèvement par Euron Greyjoy. De là était née une profonde confiance, puis une amitié sincère avant que celle-ci ne se mue une dernière fois en amour réciproque.

« Juste avant notre départ pour Corneilla, » s’enthousiasma-t-elle en se remémorant la cérémonie. « Mais nous nous connaissons depuis longtemps… Cela n’a rien d’un mariage arrangé. »

Elle aurait pu lui parler des circonstances de leur rencontre… mais elle se tût. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment. Et si la jeune femme était à l’aise avec ses sentiments, ceux-là remontaient trop de douleur pour les exposer ainsi à Jorah. Ce soir là, c’était de lui qu’il s’agissait.

« Je me demande s’il a réussi à préparer cette maudite carriole… »

 


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Lyra Norroit & Jorah Mormont
An 302, lune 4, fin de semaine 3



Il lui était agréable, et rassurant, de constater qu’il n’avait pas laissé que ruine et peine après son départ. Le chemin qu’elle avait parcouru, l’enthousiasme dont elle faisait preuve en parlant de son union avec le jeune Norroit, avait de quoi réchauffer son cœur meurtrie par les regrets. Elle était rayonnante -de bonheur et de confiance- et cela lui paraissait le plus juste retour des choses la concernant. Elle méritait bien tout cela, car toute sa vie durant elle avait été là pour les personnes chères à son cœur, comme elle était là pour lui aujourd’hui. Si une Mormont méritait de s’épanouir dans une union guidée par l’amour et non la politique, c’était bien Lyra.

« Cela n’a pas dû beaucoup lui plaire! » plaisanta-t-il à son tour, « Je crois me rappeler que ta mère n’a jamais trop aimé qu’on lui impose les choses qu’elle ne comprenait pas. »

Sa jeune cousine avait choisie là une voie différente de ses sœurs. Quelque part, cela n’étonnait en rien le Chevalier. Autant elle possédait la force et les valeurs propre à leur Maison, elle s’était toujours démarquée des siens par sa douceur, son empathie et sa curiosité pour une vie différente de celle menée sur l’île. Un peu comme lui, en somme. Qu’elle ait choisie le mariage par elle-même avait finalement bien plus de sens pour lui, que pour n’importe quel Mormont, et encore plus que s’il n’eut été imposé par Maege. Il avait lui-même vécu un mariage de raison, mais il avait également connu un mariage d’amour. La symbolique de cette cérémonie avait un sens pour le Chevalier qu’il était. Les regrets de n’avoir pu assister à cela le tenaillait et il tenta de le cacher. Elle n’avait pas besoin de le savoir. C’était son fardeau. Cependant, que n’aurait-il pas donné pour la voir s’avancer vers le Barral au bras de sa mère ? Ou plutôt, à son propre bras s’il avait été le Seigneur que méritait leur Maison. Oui, décidément, il regrettait tout cela. Mais c’était là une punition qu’il considérait mériter, bien que cela n’atteignait en rien son amertume.

« J’en suis heureux. » dit-il pour toute réponse à sa confession sur la nature de cette union, « Tu le mérites. »

Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger, cependant. Quelle avait été la réaction de la matriarche ? S’était-elle montré à l’écoute des envies de sa fille, guidé par l’amour qu’elle lui portait, ou s’était-elle d’abord enferrée dans le refus ? Et ses cousines, qu’avaient-elles pensé de cette union ? Tout cela resterait un mystère pour lui tant qu’il n’aurait pas remis les pieds sur ses terres natales. Cela et tant d’autres choses encore, dont il n’avait pas même la moindre idée. Il y avait malgré tout quelque chose d’apaisant que d’enfin parler de tout cela. De sa famille, de son passé, de ce qui avait constitué l’homme qu’il était devenu. Comme retrouver une part de lui abandonnée sur les rivages de la baie des glaces après sa fuite.

Le fait que la conversation prenne finalement une tournure plus légère participa à ce sentiment. Sensible à ses émotions, Lyra avait usé de son habituelle clairvoyance et maintenu le changement de cap de leur discussion, comme il l’avait souhaité, éloignant les nuages que ses fautes passées avaient fait planer au dessus de leur retrouvaille, bien que cela fut nécessaire pour que certaines choses soient dites. Imaginer le jeune Norroit s’escrimer sur sa roue, en bougonnant dans sa barbe à l'idée de son épouse enfermée sous la tente avec lui eut le don de lui arracher un coup d’œil amusé en direction de la sortie.

« Eh bien, nous ne l’entendons plus jurer donc je suppose qu’il s’en est sortie. » hasarda-t-il avec humour, « Il doit probablement attendre que je sois partie pour te rejoindre. Ne le faisons pas patienter dans le froid plus longtemps, je n'ai déjà que trop monopolisé ton attention pour aujourd’hui. » poursuivit-il en se levant, hésitant quand à la suite de ses mots, « J’ai … été très heureux de te retrouver Lyra. Peut-être nous reverrons-nous avant ton départ. Dans le cas contraire … merci. »

Il n'ajouta aucune précision, sachant qu'elle saurait ce qu'il entendait par là. Il s'approcha ensuite et passa une main sur ses cheveux avant de déposer un baiser sur le sommet de sa tête. Il lui adressa un dernier sourire avant de quitter la tente en s'enroulant dans sa fourrure. Son regard rencontra celui, noircit par la méfiance, du jeune Noirroit un peu plus loin. Il ne lui adressa qu'un signe de tête au passage avant de s'éloigner. Il était l'heure pour lui de rejoindre sa protégée.


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