Graveyard of buried hopes {Marianne}

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Graveyard of buried hopes
Lucas Nerbosc
& Marianne Harlton


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Lucas se redressa brusquement avec un puissant halètement. Des goutes de sueur froide coulaient le long de ses tempes alors que ses yeux cherchaient à se faire à l’obscurité pour reconnaître la pièce où il se trouvait. Ses oreilles bourdonnaient et il sentait son poux battre à tout rompre. Sa cage thoracique se gonflait de manière très rapprochée, le faisant grimacer à chaque nouvelle inspiration. Où était-il ? Le Nerbosc avait trouvé appui sur ses coudes, il se retrouvait presque recroquevillé contre la tête de lit. Il ne parvenait pas à se calmer, à se sentir en sécurité, pas tant qu’il ne savait pas où il se trouvait. Était-il dans son ancienne chambre à Corneilla ? Non il n’en reconnaissait pas les contours. Ca ne ressemblait pas non plus à la suite seigneuriale de Castel-Bois. Était-il de retour dans sa geôle froide et humide de Pyk ? L’air froid qui le fit greloter, l’absence de feu dans un âtre dans un coin de la pièce lui fit penser à cette éventualité. Sa conscience pourtant essaya de lui rappeler qu’il avait quitté les Îles de Fer depuis plusieurs mois pourtant. Mais les impressions étaient bien là. Une angoisse récente, des combats, des douleurs, des cris, des blessés, beaucoup trop de gens. Et cette nuit sombre, froide et humide à lui glacer les os. Basculant son poids sur un seul de ses bras, la main qu’il venait de libérer trouva naturellement son chemin jusqu’à son torse, là où chaque nouvelle bouffée d’air froid lui tiraillait le buste. Il se mit à palper délicatement pour trouver l’origine de son mal, mais la première pression lui tira un rictus ainsi qu’un grognement étouffé. Il ne s’arrêta pas cependant, continuant son étude pour délimiter sa blessure et en estimer les dommages. Il se rendit compte par contre que sa blessure avait été soignée puisque ce n’était pas sa peau qu’il sentait sous ses doigts mais bien un bandage en coton.

Il lui fallut plusieurs minutes encore pour reprendre un peu plus conscience et se rappeler que cette chambre qu’il ne connaissait pas bien, était une chambre du château de Lestival qu’on lui avait cédé en sa qualité de Nerbosc, à lui et à son épouse. Peut-être d’ailleurs que son ancien statut d’otage avait joué en sa faveur également puisque associé à une maison mineure à présent, ils auraient dû se trouver dehors, sous une tente avec les autres. Il se remémora ensuite les joutes de la journée passée. C’était donc cela qui avait causé ses blessures. C’était ces bruits de métal là qu’il avait entendu récemment, non pas les épées des conflanais face aux haches des fer-nés à Salvemer. C’était Marianne qui avait dû lui prodiguer ce bandage et non pas un quelconque mestre ou une soigneuse des Îles de Fer. Ca n’était pas des cris de panique qu’il avait entendu hier, simplement l’engouement de la foule. Il n’y avait pas eu de morts et les blessés n’était pas des blessés de guerre. Pourtant, malgré toute cette prise de conscience et cette reflexion, le bourdonnement ne cessa pas à la plus grande surprise de Lucas.

Le Nerbosc dégagea alors l’énorme fourrure qui leur servait de couverture pour quitter le lit et s’approcher de ce qu’il devinait être la cheminée. La lune était pleine et quelques rayons de l’astre parvenait à filtrer à travers les volets sommaires de la demeure. Il s’était enfin habitué à la pénombre des lieux. Il s’accroupit donc auprès de l’âtre, décidé à redonner vie aux flammes en espérant que cela rapporterait un peu de chaleur dans la chambre, mais également dans son coeur puisque ce dernier ne semblait pas décider à sa calmer. La gorge nouée, les mains peu assurées, il se saisit des bûches laissées de côté pour les installer en centre du foyer. Ses doigts se hasardèrent sur la tablette de bois au dessus pour attraper le briquet, non sans écoper d’une ou deux échardes dans l’action. Puis il se mit à faire ces mouvements qu’il était tant habitué à faire lorsqu’il prenait la route pour assurer son rôle d’émissaire pour allumer ce feu. Cependant, les minutes avaient beau passer, ses bras avaient beau s’activer pour lancer les premières flammes, rien n’y faisait. Dans son état fébrile, Lucas finit par perdre patience et envoya valser la pièce métallique et le bout de bois non sans bruit sur le carrelage de pierre. “Merde ! Putain !” Comme ses jambes menaçaient de le lâcher, il se laissa glisser au sol, prenant appui sur le mur, avant de nouer ses bras autour de ses genoux, désemparé. Le malaise était toujours là, il ne savait pas comment s’en débarrasser. Et ce putain de feu qui ne voulait pas s’allumer ! Mais ça n’est qu’à cet instant, avec un bruit de tissu qui se froisse qu’il releva la tête brusquement pour trouver le visage de sa femme, éclairé sublimement par les rayons nocturnes. Il la fixa un instant en silence, honteux, avant de rebaisser le visage vers ses genoux en se mettant à sangloter, la gorge toujours serrée.

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Graveyard of buried hopes
Lucianne


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Le calme assurait ou plutôt réassurait chacun des protagonistes de l’évènement. Le tournoi s’était achevé la journée même, clamant le vainqueur, remerciant chacun des participants en leur rappelant que leurs preuves d’honneur n’étaient plus à refaire. Les bruits sourds s’étaient tues dans le même temps que l’euphorie de toute cette agitation. Cela avait rappelé à tous à quel point l’Hiver était en route. A quel point sa froideur n’avait qu’un seul objectif : leur prédire des temps difficiles et douloureux. Pourtant la fête était parvenue à contrer cette pensée, néanmoins la réalité, elle savait se rappeler d’une manière violente et annihilant toute sorte d’illusion quelle qu’elle puisse être. Le temps serait bientôt à la survie et donc à l’élaboration de stratégie pour assurer la survie de tous. Le temps serait également à la bonne mise en œuvre de stockage, desquels la jeune fille tiendrait à apprendre de ses pairs afin d’en sauver le maximum. La Paix œuvrerait dans cette optique, du moins l’espérait-elle dans la mesure où l’union de tous se montrerait telle une force décuplée. Elle osait y croire, tant cela lui rappelait la mesure de toute cette générosité qu’elle avait pu recevoir jusqu’alors. L’évidence lui apparaissait d’une manière quotidienne à chaque fois qu’elle portait le regard sur son époux. Sans lui, Marianne n’aurait jamais pu réussir à entrevoir un avenir, un futur dans lequel Lucas tenait une place sans précédent. Depuis leurs fiançailles, la lady n’avait eu de cesse de préserver chacun des instants qu’ils partageaient. Pour ainsi puiser dans ces derniers, la force d’avancer. Cette entité, qui, lui avait appris que le renouveau ne touchait pas seulement les autres, mais qu’il s’était imagé sous la forme des bras du chevalier, dans l’étincelle si vivifiante de son regard, dans ses aspirations de paix, mais surtout dans cette bienveillance qu’il n’avait de cesse de donner aux gens qu’il aimait. Lucas lui avait tant appris, et lui apprenait encore. Si bien, qu’elle désirait plus que tout continuer à participer à ce bonheur qu’il méritait. Hélas, les évènements tragiques les ayant séparés, avaient émis des réserves sur cette volonté. L’impuissance avait réussi à se frayer un chemin dans cet amour qu’ils partageaient pour finalement essayer de les séparer d’une certaine manière. Le cœur de Marianne pleurait souvent les souvenirs déchus mais pourtant son espoir, malgré les épreuves, parvenait à lui instruire assez de volontés pour lutter contre toute cette peine. Si Lucas n’osait y croire, elle était à même de pouvoir le faire pour tous les deux. Voilà la leçon qu’elle avait su tirer de ce passé qu’ils avaient vécu en commun. Il se fallait qu’elle y croie, qu’elle se détermine plus que de raison à lutter contre les non-dits qui décimaient tant les couples entre eux. Jamais ne laisserait-elle le doute s’emparer d’elle. Pas même, si elle se sentait insuffisante à ses yeux. Lucas n’avait pas le droit d’avoir une épouse incapable, et encore moins de ne plus croire en cet espoir qui avait une place si importante pour lui. Aussi, malgré ses réticences, Marianne avait su porter sa confiance toujours intacte en son époux, en lui acceptant sa participation à ce tournoi. Participation, qui, se solda d’une difficulté supplémentaire qu’il s’était imposé. Elle l’avait reconnu dans son regard alors qu’elle l’avait rejoint juste après sa chute. Cependant, pour une fois de plus, le jeune homme l’avait écarté volontairement d’une douleur qu’il ne désirait pas lui confier. Le lieu et le moment n’avaient pas été approprié pour oser lui tenir tête, tout comme, elle avait espéré sur le moment que le fait de rejoindre ses amis, ceux qui avaient participé à le rendre tel qu’il était aujourd’hui, lui aurait été un soulagement certain pour se libérer de ce poids invisible. Sa naïveté l’avait emporté sur le reste. Si bien que les non-dits avaient eu raison de cette entrevue. Son cœur la tiraillait, l’emportait dans cet état d’insuffisance un peu plus encore. Elle se décevait elle-même de son comportement. Et plus elle réfléchissait à un moment de lui venir en aide, plus elle tentait de lui tendre sa main pour qu’il puisse la saisir, plus Marianne ressentait ce froid qui les séparait petit à petit l’un et l’autre. Mais elle ne le laisserait pas s’imposer plus qu’il ne le faisait déjà, elle ne le laisserait pas installer des situations irréversibles, aussi se promît-elle d’en discuter avec Lucas dès leurs retours à Castel-Bois. Au moment où, ils sauraient que leurs présences étaient bien réelles l’un pour l’autre.

Ses doigts assurés, avaient pu prodiguer les soins nécessaires au bon rétablissement de ce coup reçu en pleine poitrine. Silencieuse, Marianne s’était enquis de faire du mieux qu’elle le pouvait tout en rappelant à Lucas, une fois encore, qu’elle était fière de lui. Pour elle, aucune victoire n’était nécessaire, seule sa bonne santé l’était. Et il lui était revenu, comme il le lui avait promis à demi-mots. Voilà la seule raison qui lui importait, cela, mais également la bonne santé de Brynden. La nuit glaciale de Lestival leur avait rappelé une fois encore que l’Hiver était bien là. Certes, en était-il à ses prémices, mais il n’en restait pas moins que sa rudesse les obligeait déjà à chercher les meilleurs moyens de préserver la chaleur. Le sommeil, lui, tomba sans se faire attendre. Permettant ainsi à la jeune épouse de pouvoir se libérer de toute cette pression maintenue pendant la journée. Une nuit sans rêve perpétua cette idée. Une nuit dans laquelle aucun cris, aucun visage ne s’éteignait juste là sous ses yeux sans qu’elle ne puisse réagir. Comme à chaque fois qu’elle s’endormait, Marianne cherchait à établir un contact avec Lucas, qu’il soit par le biais d’une étreinte ou simplement en déposant sa main sur son torse. Cela la rassurait sur sa présence, mais également sur le fait qu’il était en bonne santé.  Combien de fois s’était-elle réveillée en pleine nuit se retrouvant seule dans la couche ? Trop souvent. L’épisode de Pyk leur avait laissé des séquelles à tous les deux. Et pourtant, au retour de Lucas, Marianne cherchait toujours à le retrouver pour le rejoindre et lui prouver qu’il n’était pas seul. Peu importe qu’il dorme au sol, ou bien qu’il se réfugie dans les écuries, dès lors que la jeune fille en prenait conscience, elle le rejoignait n’importe où sans se poser de question. Parce qu’elle ne pouvait pas le laisser seul, elle n’avait aucune idée de l’envergure du traumatisme qu’il avait subi, néanmoins elle connaissait très bien les sensations infligées par la solitude. Et elle ne désirait pas que Lucas en subisse les torts.

Un son brutal et métallique la réveilla en sursaut. D’abord inconsciente de sa source, Marianne cru que cela était le résultat d’un rêve en préparation. Sa main chercha naturellement Lucas à ses côtés, mais le froid qui saisit son bras et l’habitude de la pénombre lui apprirent qu’elle était seule dans le lit. Se redressant doucement, la jeune fille s’enquit de placer la couverture en fourrure sur ses épaules, dans le but d’aller le trouver. Ses pieds touchèrent rapidement le carrelage glacé, ce qui eut pour conséquence de la faire frissonner. Néanmoins, sa recherche lancée, ses yeux essayèrent de percer grâce aux divers reflets de la lune les divers coins de la pièce. Rapidement, la silhouette recroquevillée de Lucas lui apparut, l’amenant à franchir la distance qui les séparait. Malgré l’ombre de la nuit, Marianne parvint à reconnaître l’expression dans ses yeux. Cela lui fendit littéralement le cœur, l’amenant à se dépêcher pour le rejoindre. Les frissons de ses sanglots lui rappelèrent à quel point le froid le saisissait et déjà elle ôtait la couverture de ses épaules pour entourer les siennes. Elle pouvait avoir froid mais pas lui. « Tu es gelé. » souffla t-elle alors qu’elle s’accroupissait devant lui pour essayer de frictionner ses avant bras afin de lui apporter un peu de chaleur. Après quoi, son regard se dévia pour chercher une once de chaleur dans l’âtre. Malheureusement cette dernière se trouvait complètement évanouie. Instinctivement, Marianne entreprit de se rapprocher de ce dernier dans l’espoir de le raviver, mais son entreprise fut arrêtée par la bûche posée à même le sol. Désireuse de trouver des explications à cela, elle balaya rapidement la pièce et trouva l’élément capable d’émettre des flammes gisant un peu plus loin, lui rappelant le son métallique qui l’avait réveillé. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre les ressorts de ce tourment et rapidement, ce fut elle qui ramena les deux éléments ensemble dans le foyer. « La mèche est surement humide, ce n’est pas grave. » tenta t-elle de rassurer son époux avant de le rejoindre tout en délaissant le feu là où il était. Cela lui importait peu, tant que Lucas parvenait à se réchauffer et se sentir mieux. « C’est fini, tu n’es plus seul Lucas. Je suis là. » Ses mains cherchaient à nouveau à frictionner les avants bras de son époux alors qu’elle posait délicatement son visage au niveau de son épaule pour ainsi lui rappeler cette évidence certaine. Elle ne le laisserait pas seul. Si seulement elle pouvait prendre son mal être pour le libérer de ce dernier. « Je suis là. » lui répétait-elle de manière à ce qu’il comprenne qu’elle ne bougerait en aucun cas. « Nous resterons là le temps que tu juges nécessaire, d’accord ? Rien ne nous oblige à bouger, dis moi simplement ce dont tu as besoin. » Elle ne l’obligeait pas à la regarder si il ne le désirait pas, elle se contentait simplement de continuer à le réchauffer, même si ses frictions ressemblaient bien plus à des caresses rassurantes à présent.

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Lucas Nerbosc
& Marianne Harlton


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Lucas n’avait pas bougé d’un millimètre, affaissé au sol, les genoux repliés contre lui et la tête plongée par dessus, il se laissait aller à des émotions qu’il était incapable de contrôler depuis trop de semaines à son goût à présent. Il ne s’était pas senti si faible et impuissant depuis plusieurs lunes et la sensation ne lui avait nullement manquée. Il se rappelait ses réveils brusques lors de ses premières nuits de retour à Castel-Bois. Ce besoin de fuir le confort et le silence du lit conjugal pour aller se réfugier dans la fraîcheur et l’animation de l’étable, sur le foin, parmi les bêtes. Au bout de plusieurs semaines, il avait réussi progressivement à demeurer auprès de son épouse, contrôlant tant bien que mal ses crises d’angoisses, négligeant ses sueurs glacées. Il s’était forcé, rien de tout cela n’avait été naturel et plusieurs fois Marianne lui avait proposé d’en parler pour évacuer le trop plein d’émotions qui l’habitait. Mais non. Lucas avait toujours refusé de parler parce que comme il le disait si bien, il n’y avait rien à dire, il ne s’était rien passé, tout cela appartenait au passé, il ne se trouvait plus sur les Îles de Fer mais bel et bien sur le continent alors quel bien pourrait faire de ressasser de telles histoires ? La vérité était légérement différente puisque si l’émissiare du Conflans s’attachait autant à ne pas aborder le sujet, à le laisser dans l’ombre de ses souvenirs, c’était tout simplement parce qu’il était incapable d’y faire face. Il s’était passé tant de choses et si peu durant ces lunes qui l’avait vu vivre comme un otage. La violence du kidnapping et des premiers jours à se trouver à la merci de ses ennemis. La solitude de sa cellule, les insultes de ses geôliers, la nourriture qui ne remplissait pas son ventre, ses quelques blessures qui ne guérissaient pas aussi rapidement que d’habitude, son corps qui le trahissait peu à peu, la folie qui le guettait, la colère qui le dévorait jusqu’à la soumission finale. Etait-ce la honte d’avoir finit par accepter d’une certaine façon ce peuple responsable de temps de ses maux qui l’empêchait d’en parler ? C’était impossible à savoir puisqu’il ne voulait rien en dire et n’avait même pas songé jusque là. Encore une fois, incapable d’y faire face. Il essayait pourtant de se résoudre à laisser tous ces événement derrière lui, à les ignorer, à les oublier, mais sa simple volonté, aussi forte pouvait-elle être, ne suffisait pas. En était la preuve cette vision pathétique du Nerbosc au sol. Malgré toute son auto persuasion, la chose était impossible. L’honneur plus cher que la vie ? Balivernes ! Il faisait honte à ses mots, honte aux siens et à sa famille.

Et surtout à sa femme. Depuis qu’il était rentré, tout avait été différent. Les premiers instants où il l’avait revu, il s’était pourtant senti capable de tout oublier, simplement parce que son regard redécouvrait ces traits qu’il aimait tant, le contact de cette peau et de ces lèvres si douce, ce léger parfum et l’odeur de ses cheveux qui avaient toujours été synonymes de bonheur pour lui. Mais il s’était trompé. Même elle, n’avait pas suffit. Et il ne l’avait certainement pas aider à lui suffire. Incapable, bouleversé, honteux, énervé contre lui même de lui faire subir de telles affres. Mais cela non plus ne suffisait pas à le faire changer de comportement, à s’ouvrir à elle. Il y avait ce mur qu’il mourrait d’envie de pouvoir démolir, se montrer vulnérable pour elle, pour la retrouver et tout ce qu’il y avait de bon chez elle et qui le rendait meilleur lui. Parfois, alors qu’il l’observait à la dérobée et qu’il voyait  cette ride sur son front provoquée par ses tourments à lui, il se faisait la promesse de faire un effort, de lui permettre de l’aider à traverser cela. Mais le moment venu, il s’en montrait tout simplement incapable et ne s’en refermait que plus, la honte l’étouffant de faire un tel mari pour une telle épouse. Après tout ce qu’il lui avait promis alors que leur amitié naissait et ce qu’il avait rappelé devant les Anciens lors de ses voeux de mariage. Mais avant de partir pour Lestival, Lucas était persuadée d’avoir traversé le plus dur et de tenir le plus gros de ses émotions et de ce qui faisait défaut chez lui, sous contrôle. C’était justement pour cette raison qu’il avait insisté pour assister aux festivités. Pour retrouver ce semblant de vie normale et se prouver qu’il en était capable, malgré les avertissements et l’inquiétude de son épouse. Et voilà qu’il avait encore eu tort depuis le début et que c’était elle qui avait vu juste. Lui qui s’était senti si proche du but, de pouvoir vivre comme si de rien était, s’était fait rattrapé par une toute petite joute de rien du tout. Comment pourrait-il participer à d’autres ? Assumer son rôle d’émissaire dans tout le Royaume ? Servir son père ? Se battre à nouveau sur un champ de bataille pour défendre les siens s’il ne survivait pas à cette joute ? En cet instant, le Nerbosc aurait préféré périr comme son oncle ou son cousin sous les murailles de Salvemer plutôt que de devoir revenir remplir ce trou de vie laissé par un homme qui n’était plus lui. C’était un modèle qu’il ne remplissait plus, comme si les contours de son âme s’étaient modifiés de par son temps chez les fer-nés.

La voix de Marianne finit par percer parmi le trop plein d’émotions du chevalier. Il sursauta légèrement, stoppant aussi sec ses sanglots lorsqu’il sentit un poids chaud recouvrir ses épaules. La blancheur de la tunique de son épouse luit alors dans la nuit alors qu’il relevait un visage vers elle. “C’est parce que ce putain de feu s’est éteint et que j’arrive pas à le rallumer !” dit-il d’une voix basse mais avec un agacement et une déception distincts. Il soupira, laissant échapper quelques larmes et baissa à nouveau son visage vers le sol froid qui le supportait. Il ne le releva légèrement que lorsqu’il sentit que son épouse venait de s’installer à son niveau. “Tu n’aurais pas dû te découvrir, je ne veux pas que tu prennes froid, pas à cause de moi.” dit Lucas d’une voix plutôt dur malgré la bonne intention du propos, gigotant des épaules pour ôter la couverture et la rendre à sa propriétaire dont il ignorait les efforts sur ses avants bras. Il n’était plus qu’une épave, pourquoi fallait-il qu’elle en devienne une aussi à cause de lui ? Il le refusait tout bonnement. Ça n’était pas ce qu’il avait promis. Mais avant qu’il n’ait pu lui remettre l’épaisse fourrure sur les épaules, Marianne s’était écartée pour tenter de s’occuper du feu qu’il avait abandonné. Le calme de la Harlton semblait déjà plus perspicace que le temps qu’il y avait consacré. Au bout de quelques secondes elle lui confia que la mèche était humide, chose qu’il n’avait nullement remarqué durant ses nombreux essais. “Merde !” dit-il simplement. “Je vais aller emprunter celle de Brynden à côté… on ne peut pas rester sans feu…” finit-il par ajouter d’un air particulièrement décidé. Cette perspective sembla le soulager un instant puisque son mal être se fit légèrement moins virulent. A moins que cela ne fut la présence réconfortante de Marianne, dont il ne cessait de se priver depuis son retour pourtant. Mais l’idée que cela fut lié à un objectif le rassurait. Il était persuadé que si il était occupé à autre chose, son esprit n’aurait plus le loisir de le torturer autrement. Mais alors qu’il cherchait à se redresser pour se diriger dans les appartements de son frère au beau milieu de la nuit, une phrase de Marianne l’arrêta dans son élan. D’un revers vif de la main, il essuya ses joues humides l’une après l’autre, non sans retenir un soupir de frustration. “Je sais bien que je ne suis pas seul. Partout où je regarde depuis que je suis rentré, tu es là. Je le sais.” Il avait parlé plutôt durement une nouvelle fois, comme s’il le lui reprochait. Dans le fond c’était à lui qu’il en voulait. Il la voyait, évidemment, mais il était incapable d’en faire quoi que ce soit et plus Marianne se montrait présente, patiente et silencieuse à ses côtés, plus cette frustration et cette colère gonflait tant elle reflétait son incompétence. Puis finalement la colère du chevalier finit par éclater alors que son épouse faisait à nouveau preuve d’une bonté absolue. “Aussi longtemps que je le juge nécessaire Marianne ? Vraiment ? Même si c’est toute une vie ?! A quoi bon ? Pourquoi tu t’infliges ça ?” ajouta-t-il en se désignant, faisant tomber la fourrure au sol dans le mouvement. “Un bon à rien…” conclut-il en baissant à nouveau la tête. “J’ai besoin que tout disparaisse ! Est-ce que tu peux faire ça pour moi Marianne ?” dit-il finalement en relevant le visage, un air de défi dans le regard.

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Lucianne


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

L’étrangeté de la situation ne cessait de lui rappeler combien l’éphémère pouvait être virulent. Combien la culpabilité avait de cette fourberie en elle pour savoir puiser des remords là où l’on ne pensait pas pouvoir la connaître. L’impuissance battait, elle aussi, de son plein alors que les non-dits environnaient l’espace. Les ombres savaient se rapprocher, doucement, susurrant des messages dans lesquels la réalité n’avait plus sa place tant elle était esquivée par une vision néfaste. Les souvenirs d’un tel désarroi se rappelaient à elle, à chaque fois qu’elle regardait en direction de son époux. A chaque fois qu’elle se confrontait à sa propre incompétence pour ne pas réussir à le libérer de ce mensonge qu’il s’infligeait encore et encore. Si seulement, il pouvait l’écouter ne serait-ce que quelques minutes. Malheureusement, ses bonnes intentions étaient toujours déjouées par ce désir de fuir, ou plutôt celui de dissimuler son mal être et ses refus. Des refus qui continuaient à lui prouver à elle son incompétence dans ce domaine. Celui d’être un simple soutien pour l’homme qu’elle aimait. Son inaptitude avait eu l’occasion de grandir aux fils des lunes, lui laissant un goût amer remontant dans le fond de sa gorge pour n’en devenir qu’acide sur ses lèvres. Pourquoi n’y arrivait-elle pas ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à l’aider à son tour comme lui avait pu réussir à le faire qu’une paire d’années auparavant ? Ses remises en question n’avaient de cesse que de grandir encore alors qu’elle n’aspirait qu’à son bonheur à lui. Jusqu’au moment où elle s’était convaincue d’affronter leurs tourments à tous les deux dans l’espoir de percer cet abcès. Le retour à Castel-Bois n’en serait que plus encourageant pour émettre cette possibilité et malgré les mots dont elle s’attendait à en être confrontée, Marianne savait que la colère de Lucas saurait s’apaiser à un moment pour lui ouvrir les yeux sur le reste. Il l’aimait autant qu’elle pouvait l’aimer à son tour. Peu importe les changements qui avaient eu raison de lui depuis son retour des Iles de Fer, cette évidence n’avait jamais été remise en question et ne le serait jamais. Le temps ferait son effet, sa détermination et témérité aussi. Elle osait y croire, tout comme il lui avait permis de croire en un avenir meilleur quand elle était à sa place. Certes, l’envergure en était différente mais les émotions qui l’habitaient lui rappelaient incontestablement ce vide qu’elle-même avait eu à affronter. Un vide dans lequel seule l’ombre s’apparentait à une alliée fidèle et derrière laquelle il était plus aisé de se dissimuler parce qu’il n’y avait plus rien à attendre. La solitude faisait également partie de cet état d’âme et permettait de s’isoler du reste tout en osant nous faire croire qu’elle était une force que nous pouvions emprunter. Un chemin facile à traverser, difficile à contourner, mais pas impossible. Si il y avait bien une leçon que la jeune fille avait pu apprendre grâce aux aides de sa cousine et de son époux, c’était bien celle là. Celle qui consistait à gravir les épreuves, en parvenant à s’appuyer sur des soutiens de taille pour laisser l’espoir recouvrir ses droits sans retenu. Peu importait le regard que Lucas pouvait lui porter, peu importait le ton indifférent qu’il pouvait lui renvoyait en plein visage parce qu’il désirait rester seul, Marianne ne le laisserait pas sombrer. Sa détermination n’en devenait que plus grande au fil des jours, au fil des heures qui lui permettaient de pouvoir profiter de sa présence. Jamais elle ne le laisserait, et ce, malgré les méchancetés qu’il serait amener à lui dire dans des périodes plus ombrageuses. Tout cela, parce qu’elle le connaissait et qu’elle savait au fond de son cœur qu’il méritait une vie dans laquelle la lumière sortait vainqueur de cette bataille. Une vie qu’ils pouvaient envisager à deux et grâce à laquelle aucune épreuve ne trouverait désespoir mais au contraire, un renouveau sur lequel ils parviendraient à poursuivre leur route.  Aussi, le froid n’aurait raison de leur amour. Ses intentions n’en changeraient pas, pas alors qu’il la fixait de cette manière et qu’il ne cessait de lui faire mal au cœur par ces tourments qui le rongeaient. Elle essuya un nouveau refus alors qu’elle ne désirait que lui conférer une once de chaleur par le biais de cette couverture. Mais cela ne l’arrêta pas pour autant. Consciencieuse dans ses gestes, la jeune fille s’était détachée de cette étreinte à sens unique dans l’espoir de raviver ce feu qu’ils recherchaient. Une image qui, malgré la réalité de la scène, leur renvoyait l’idée que leur propre foyer avait également besoin d’être séché pour mieux s’embraser et les apaiser. Hélas, le froid de l’Hiver humidifiait la mèche tout comme le silence amenuisait leur flamme.

Les tons qu’elle entendait ne reflétaient pas la réalité. Du moins s’en persuadait-elle depuis quelques temps déjà, parce qu’elle savait qu’il ne voulait pas la blesser. Au contraire, elle en ignorait certaines remarques, n’y voyant là qu’un mal qu’elle espérait pouvoir éloigner un jour. Un mal qui, ne trouverait plus ses origines derrière des remords et qui n’aurait plus de raison d’être. Rapidement, la tentative fut vaine au point que cela lui rappelait combien il était aisé de sombrer dans la négation. « Lucas… » tenta t-elle de le raisonner alors que son époux s’intimait l’idée d’aller chercher de quoi rallumer le feu auprès de son frère. Il perdait tant de notion. Cela en était parfois déroutant, comme en ce moment même. Néanmoins, elle essayait de le calmer à sa manière, lui rappelant de sa présence alors qu’il se réfugiait dans sa solitude. Un rappel qui n’eut d’autres opportunités que de la confronter à ce regard noir qu’elle avait appris à reconnaître depuis son retour. Un regard qui n’exprimait généralement rien de bon, et qui reflétait une fois de plus son inaptitude dans ses tentatives de le rassurer. Son cœur se fissurer à chaque fois. Néanmoins, ses gestes continuaient à se vouloir rassurant et ce malgré ce reproche. Un reproche qui lui fit mal et dont elle n’avait pas appréhendé la venue. Ses yeux se firent plus interrogateurs devant les mots qu’il lui confiait, devant cette remarque qu’elle n’aurait jamais cru entendre. Et pourtant, elle resta simplement silencieuse. Elle savait qu’il ne pensait pas ce qu’il avançait, car malgré le fait qu’il veuille la repousser, Marianne était convaincue que Lucas ne cherchait pas à lui nuire. Au contraire, elle le connaissait pour être bon et elle ne doutait pas que ses remarques étaient une tentative de la protéger de lui. La tension n’avait de cesse d’augmenter, si bien que le geste qu’il entreprit pour se débarrasser de la couverture veilla à lui faire arrêter ses caresses sur ses avants bras.

Autant, elle acceptait le fait qu’il lui en veuille, autant les mots qui suivirent eurent l’occasion de percer à nouveau son cœur tant leur dureté était impitoyable. Comment pouvait-il songer à de telles idées le concernant ? Comment pouvait-il permettre à l’illusion de prendre autant d’ampleur ? Lucas s’infligeait des maux qui n’avaient pas lieu d’être. Mais il lui parlait enfin. D’une certaine manière, il se confiait à elle, et Marianne était prête à entendre ce qu’il avait sur le cœur, même si cela nécessitait devenir sa pire ennemie pour l’heure. « Bien sûr que je ne le peux pas. » Malgré le regard de défi qu’il pouvait lui lancer, la jeune fille se mit à adopter une mine plus déterminée que la sienne dans l’espoir de lui ouvrir les yeux. « Et tant est si bien que j’aurai pu en connaître les secrets, jamais je ne ferai tout disparaître. Jamais. » continua t-elle alors que ses iris émeraudes s’alternaient avec ses yeux verts noircis par l’ombre. « Comment peux-tu souhaiter une telle chose ? Pourquoi oses-tu envisager de tout effacer ? » Même si il avait tenu à délaisser le mal de toute à l’heure alors qu’il lui reprochait sa présence, Marianne ne pouvait retenir le fait d’être vexée face à son désir de tout éradiquer. « Tu n’es pas un bon à rien, tu n’es pas un incapable et tu n’es pas une honte parce que tu as survécu. » Son ton était devenu plus autoritaire malgré elle, enclin à vouloir convaincre Lucas de ce qu’elle avançait parce qu’elle y croyait pour lui. « Sais-tu pourquoi jamais je ne changerai rien ? Parce qu’il y a de cela deux ans tu m’as appris à vivre pour l’instant présent. Tu m’as ouvert les yeux sur ce qui était important et sur ce qui est en mesure de m’apaiser dans les moments les plus difficiles. Les épreuves sont douloureuses, nous changent, mais est-ce qu’elles valent la peine de nous plonger dans la solitude ? Non, surtout pas. » commença t-elle à avancer tout en continuant à le regarder avec cette même détermination. « Peu importe ta façon d’être à mon égard, je t’aime. Tu peux me maudire de ressentir cela pour toi, tu peux essayer de m’en dissuader, mais c’est une évidence qui est présente et qui ne changera pas. Je ne vis plus dans les souvenirs, je vis pour le présent et pour l’avenir. Et même si cet avenir est difficile, je m’y raccrocherai parce que tu mérites ce qu’il y a de mieux. Accorde-toi le fait d’avoir le droit d’être plus vulnérable pour en ressortir plus fort. Tu y as droit comme n’importe qui. » Elle espérait simplement lui prouver qu’il avait le droit d’être humain tout simplement et que personne ne lui en tiendrait rigueur. Il n’était que son propre ennemi.


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Graveyard of buried hopes
Lucas Nerbosc
& Marianne Harlton


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Lucas n’avait jamais autant ressemblé à son père que depuis qu’il était revenu des Îles de Fer. On avait souvent comparé leur entêtement et leur facilité à s’emporter et cela n’avait jamais été aussi vrai que depuis cet instant. Si le deuxième fils du couple Nerbosc connaissait sa propension à s’emporter, il avait toujours fait de son mieux pour ne pas en arriver là et sa joie de vivre naturelle compensait le plus souvent ce désagréable défaut. Cependant, il semblait que cette capacité à sourire de tout avait péri sous les remparts de Salvemer en même temps que de nombreux conflanais. Il était devenu sérieux et austère comme son paternel. Il lui en fallait peu pour perdre patience et s’emporter. Et surtout, il était impossible de lui faire entendre raison. De le faire parler ou réfléchir sur son comportement. Entêté comme son père. A une autre époque, Lucas aurait pu s’enorgueillir de ressembler autant au suzerain du Conflans, mais il préférait de loin être reconnu comme son semblable pour sa sagesse et sa dévotion, non pas pour ses défauts. Mais piégé dans ce cycle infernal, l’Émissaire de la région n’avait nullement conscience de cette chose. Sinon peut-être, la chose n’était pas totalement certaine pour autant, cela aurait pu lui faire l’effet d’une claque. Parce que c’est ce dont Lucas avait besoin pour pouvoir sortir de cette torpeur. Pas d’être cajolé et tenu par la main. Dans le fond cela ne faisait pas de mal, c’était certain, mais cela ne l’aidait pas. Pas tant qu’il était coincé dans cette tempête dans laquelle il n’entendait rien. C’était un choc qui l’avait mit dans cet état et avec un tempérament comme le sien, il n’y aurait qu’un autre choc pour le sortir de là. Peut-être d’ailleurs en avait-il conscience en provoquant son épouse de la sorte ? Il était difficile de savoir s’il cherchait juste à la repousser pour l’épargner, s’il voulait éviter de nourrir la honte qui l’habitait lorsqu’elle posait son regard doux sur elle, ou si c’était son appel au secours à lui. Mais il n’y avait qu’avec violence qu’il savait vivre à présent, vivre, parler et bouger. Il était devenu cette boule de nerfs au contrôle difficile et aléatoire, sensible à chaque modification de son environnement, esclave des interactions du monde extérieur.

Alors encore une fois, il n’avait pas lésiné sur la virulence de ses propos face à son épouse qui avait parlé avec sa douceur et son flegme habituel. Il lui avait clairement fait comprendre que ça ne lui convenait pas. Comment pouvait-elle se comporter de la sorte avec lui ? Quand il était dans cet état ? Cela ne faisait que faire vrombir sa colère plus forte. Il sentait cette boule de colère et d’émotions l’étouffer. Il ne lui semblait possible de s’en débarrasser qu’en poussant un hurlement qui durerait jusqu’aux confins de la nuit. Non, les caresses ne l’aidaient pas à oublier la violence de la bataille et l’amer sensation d’échec qui lui restait en bouche depuis sa défaite. La savoir là, derrière lui à chaque pas n’y changeait rien. Quelle importance y avait-il à la savoir derrière ? Il préférait l’avoir devant lui, comme lorsque au fond de sa geôle, il pensait à elle pour ne pas sombrer dans la folie. Elle qu’il n’avait jamais pensé pouvoir revoir à l’époque. Pourquoi fallait-il que leur amour succombe également aux actions des fer-nées, celles-ci ne connaissaient-elles donc aucune limite ? Ou était-il tellement incapable qu’il ne pouvait pas arrêter ces attaques ci non plus ? Et puis il y avait cette ombre qui perdurait au dessus de sa tête, sans cesse. Une ombre que Marianne projetait sur lui. Celle de l’homme qu’elle avait connu et qu’elle espérait retrouver chaque fois qu’elle posait son regard sur lui. Elle le voyait cet espoir, cette question, ce doute, ce regard qui tentait de le pénétrer et de le sonder. Il ne le supportait plus. Comme si les échecs ne pourraient jamais connaître de fin. Pourquoi son entourage ne semblait pas comprendre qu’il ne pourrait plus jamais être le même ? Pourquoi lui imposer cette pression et ce fantôme de souvenir à égaler ? Certes, il était revenu de la première rébellion du Kraken indemne, même après avoir vu les violences des affrontements et avoir goûté lui même au sang. Mais à l’époque, il n’était qu’un gamin idiot et arrogant de dix-sept ans qui n’y avait vu que l’occasion de faire ses preuves et de défendre sa maison. Les choses avaient été différentes cette fois-ci. Il n’avait pas pu retourner chez lui vainqueur et choisir de tourner la page comme il l’avait voulu. Non, il avait été soustrait à sa terre et oublié. Laissé pour mort. Simulacre de vie rendu aux siens sans prévenir.

Il avait donc lever un regard de défi sur sa femme et lui avait demandé si elle était capable de l’impossible pour l’aider. Il vit que toutes ses remarques n’avaient pas été sans effet sur son épouse, elle était restée un instant silencieuse, à absorber le choc et la violence de ses propos. Il s’était attendu à la voir perdre l’équilibre, à voir ses yeux se baisser et ses jambes reculer pour s’éloigner de lui. Il ne s’était pas attendu à la voir redoubler de détermination. Et le regard qu’elle lui donna en retour, soutenu par la résolution de son propos l’ébranla. Ses yeux se firent instantanément moins durs, en proie au doute. Pour la première fois depuis des mois, il se demanda s’il n’était pas allé trop loin. Très probablement, mais enfin, l’ombre d’un choc venait perturber le cercle vicieux de sa vie. Son regard sur Marianne continua de se transformer au fur et à mesure que son épouse continuait de lui parler d’un ton bien différent de celui qu’elle avait utilisé jusque alors. Sa surprise laissa place à un soupçon de reproche alors qu’elle lui confiait que même si elle avait la possibilité de faire tout disparaître, elle ne le ferait pas. Comme un enfant à qui on refusait un caprice, il s’offusquait qu’elle ne veuille pas, même dans l’imaginaire, supprimer les mois de captivité qu’il avait vécu. Et comme elle osait le questionner sur ce propos, la surprise disparut totalement pour laisser éclater le restant de colère qu’il avait en lui. “Pourquoi ? Tu me demandes vraiment POURQUOI ?” Il avait bondit sur ses jambes, relevant Marianne par les bras en même temps. S’il y avait des chambres mitoyennes avec la leur, on ne tarderait probablement pas à frapper à leur porte pour le bruit qu’ils causaient depuis plusieurs minutes à présent. “Pourquoi est-ce qu’un homme voudrait effacer de sa mémoire les horreurs qu’il a vu ? Pourquoi un otage voudrait que sa captivité n’ait jamais eu lieu ? Pourquoi un homme tâché par la vie voudrait retrouver son insouciance ? Tu ne peux pas imaginer pourquoi je pourrais souhaiter une telle chose ?!” Sans s’en rendre compte, il avait légèrement secoué Marianne à chacune de ses nouvelles questions. “Ça serait tellement plus facile pour moi de redevenir moi-même, comme vous l’attendez tous, si je pouvais tout effacer ! Tu crois que je vous vois pas ? Avec vos regards en douce, emplis de pitié ? Et vos mots qui cherchent à faire écho à celui que vous avez connu autrefois ?! Et bien il n’existe plus ! Sans miracle, sans magie, sans intervention divine, sans les secrets que tu ne veux pas chercher… Ce Lucas là est mort ! Mort dans sa cellule humide de Pyk !”

Mais Marianne ne se laissa pas décontenancer par la véhémence de son mari qui ne semblait pas trouver de repos. Elle reprit avec la même détermination pour tenter de lui mettre la vérité sous les yeux, cette fois-ci, sans lui laisser le choix. Il devait l’entendre. Alors qu’elle évoquait les valeurs qu’il avait eu à coeur de lui transmettre sur sa vision de la vie, il la quitta du regard pour fixer ses pieds et se mit à secouer la tête en négation, comme si cela l’empêcherait d’entendre ce qu’elle avait à dire ensuite. Il ne voulait pas écouter ce qu’il prônait autrefois. Comment pouvait-il espérer profiter du moment présent lorsqu’une ombre le suivait en permanence et que ses torpeurs le prenaient en traîtrise ? Comment se débarrassait-on de cela ? Pouvait-on s’en débarrasser même un jour ? Il avait entendu certains vieux commandants un jour dire qu’on apprenait à vivre avec, mais ces derniers mois lui avait bien démontré qu’il en était incapable. Alors que la voix de Marianne continuait à résonner dans ses oreilles, alors qu’elle évoquait cette solitude dans laquelle il s’enfermait, il cessa de secouer son visage, cependant, ses yeux restèrent rivés sur le peu de carrelage qu’il parvenait à voir dans l’obscurité de la nuit. Il tenait toujours son épouse des deux mains, une sur chacune de ses épaules qui tenaient le choc. Après un nouveau silence, alors que la belle Harlton reprenait doucement la parole pour se confier sur les sentiments qu’elle avait à son égard, Lucas quitta son immobilité glaçante pour relever tout doucement son visage vers elle. La boule de colère avait explosé quelques minutes plus tôt, il demeurait cependant sa mélancolie habituelle et cette sensation que ses poumons rapetissaient dans sa poitrine. Une fois la tête à nouveau haute, il ouvrit la bouche pour la contredire à nouveau, mais il ne trouva ni les mots ni la force, alors il demeura silencieux. Ses yeux profitèrent de l’instant pour parcourir les traits de sa femme à la lumière blanche de la lune. En cet instant, après cet abcès crevé, il avait l’impression de la voir pour la première fois. Il distinguait sa poitrine qui s’élevait et s’abaissait, témoignant de la tirade décisive qu’elle venait de faire. La détermination n’avait pas quitté son regard et en un seconde il succomba. Il vint plaquer Marianne contre le mur derrière elle, sa main droite quitta son épaule pour se placer à la jonction de son visage et de son cou, puis il écrasa sa bouche sur la sienne comme si sa vie en dépendait. Il se raccrocha au contact comme si c’était la seule chose qui pouvait le maintenir en vie et sain à présent. Et il lui sembla l’espace d’un instant qu’il parvenait à nouveau à respirer normalement.
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Graveyard of buried hopes
Lucianne


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Le passé avait du bon comme du mauvais. Aussi délicat pouvait-il se dévoiler, ce dernier nécessitait toujours des instants alliant sourires et déceptions. Il concevait le caractère, lui fondait des aspirations plus ou moins marquées de manière à anticiper le présent et surement l’avenir. Il participait à chaque fois à l’élaboration de ce tout, de cette entièreté derrière laquelle chaque âme était à même de déambuler pour se frayer un chemin tantôt dans les ombres, tantôt dans la lumière. Il encerclait les souvenirs, les éveillait pour rappeler qu’il n’était jamais loin.  Le plus difficile de cette histoire n’était autre que le fait de pouvoir accepter cette situation et faire avec. D’aussi loin que la jeune fille puisse se souvenir, à aucun moment elle n’avait pu oublier le passé. Qu’il se présente sous la forme de souvenirs d’éclats de rire partagés avec la voix imaginée de son père, par les regards réprobateurs de son oncle lors de ses apprentissages, par la malice de Roadney lorsqu’il l’invitait à garder son caractère intact, par les leçons de lecture qu’elle avait pu donner à Camelya, par le sentiment d’absence dès lors qu’elle songeait à sa mère, par l’injustice qu’elle avait pu côtoyer au moment où Torvald n’était plus, mais également pas l’insuffisance devant laquelle elle se heurtait depuis le retour de Lucas. Il y avait du bon partout, mais également du mauvais et elle se heurtait une fois de plus à tout cela. Comme si le cycle ne cesserait jamais. Elle avait fini par l’accepter, tout en ayant dans l’optique que les douleurs ne parviendraient plus à effacer le bonheur. Jamais plus elle ne leur laisserait cette opportunité. Et si elle avait réussi à croire de cette manière, ce n’était autrement que grâce aux visions de sa cousine et de son époux. Azilys et Lucas lui avait appris énormément et c’était à elle de rappeler que tout n’était pas vain. La douleur n’était pas insurmontable et ce même si cette dernière donnait l’impression de l’être. Il fallait aller de l’avant, non pas pour les autres, mais bel et bien pour soi. Personne n’était à même de pouvoir faire le cheminement pour une autre personne, non, il s’agissait d’un long chemin que l’on empruntait seul, qui pouvait être accompagné pour quelques mètres, mais dont la destination se devait d’être trouvée par soi même. Voilà pourquoi, la jeune fille se battait pour lui, pour que Lucas puisse ouvrir les yeux d’une manière ou d’une autre. Elle concevait qu’elle l’énervait par sa présence, et cela lui faisait énormément de mal de l’entendre, mais il s’agissait surement d’un mal pour un bien. Pour lui. Une fois de plus, Marianne était prête à se sacrifier à partir du moment où l’homme qu’elle aimait puisse en ressortir plus fort et plus apaisé. La colère ne tarda pas à se joindre à cette nuit. Chargeant par ses dédales des regards desquels elle n’aurait jamais cru devoir affronter. Et pourtant, elle continuait à le faire. Lucas lui faisait mal au cœur devant cette injustice qui ne cessait de l’isoler du reste. Il s’enfermait derrière des remparts qu’elle désirait plus que tout réduire à néant. Son regard la blessait, figer son cœur et aurait pu faire taire son espoir, si elle n’avait pas été elle-même victime de cette impression. Elle connaissait l’isolement pour l’avoir trop fréquenté, elle savait à quel point tout devenait un ennemi constant alors que la rage prenait le dessus. Lucas avait simplement besoin de pouvoir extérioriser son mal être. De pouvoir mettre des mots sur ses sentiments, mais surtout de trouver un coupable à cela. Les fer-nés étaient les victimes parfaites pour cette épreuve, mais plus les mots lui échappaient et plus Marianne comprenait qu’ils n’étaient pas les seuls. Tous revêtaient le rôle d’ennemi aux yeux de son chevalier. Tous devenaient l’écho de tout ce qu’il réfutait parce qu’ils désiraient simplement que la vie continue comme avant. La culpabilité ne tarda pas à ronger les vaines tentatives de la jeune fille alors qu’il la confrontait devant une vérité. Tous pensaient pour lui alors qu’il était à même de penser par lui-même. Mais pourtant certaines de ses accusations se révélaient comme infondées. Malgré l’égoïsme derrière lequel ils avaient cherché à le retrouver, jamais personne n’avait agi pour appuyer un peu plus ce mal être. Jamais personne n’aurait cherché à le juger parce qu’il était là.  Voilà pourquoi, Marianne ne pu concevoir de telles injustices et, désireuse de vouloir ouvrir les yeux à son époux, commença à lui tenir tête à sa manière.

A peine eut-elle commencé à exprimer sa détermination de lui tenir tête, qu’elle nota un changement notoire dans le regard de son époux. Lucas arrivait à tarir sa colère au détriment d’une surprise inattendue. Car oui, Marianne était d’une douceur et d’une patience d’or, mais il lui arrivait aussi de pouvoir se battre. Et elle était prête à mener une bataille contre l’isolement de Lucas, peu importait sa défaite, si elle devait avoir lieu, jamais elle ne le laisserait croire une seconde de plus que le monde entier était contre lui. Jamais. Même si, il tentait de l’effrayer en réagissant sous l’effet de l’impulsion de l’instant. Même si il la secouait violemment en prenant un ton bien plus colérique et menaçant que celui qu’elle avait pu entendre jusqu’alors. Jamais elle ne baisserait son regard. Elle ne ploierait pas devant l’injustice. Pas alors qu’ils s’aimaient malgré les épreuves et tout ce qui avait pu leur arriver. Elle ne tremblait pas non plus face à cette nouveauté, au contraire, elle écoutait et appréhendait chacun de ses mots de manière à pouvoir les accepter. Car la colère continuait à laisser échapper de nouvelles vérités, comme si elles éclataient au grand jour. L’abcès était percé et laissait entrevoir à quel point la confiance qu’ils s’étaient portés mutuellement n’allait que dans un sens aujourd’hui. Malgré la douleur qui piquait à vif son cœur, Marianne osait entrevoir un mieux. Lucas se libérait de ses chaînes invisibles, ou plutôt, il lui demandait la clé susceptible de pouvoir réaliser au mieux cet acte pour se libérer. Et elle foulerait terres et mers pour la lui donner. Ses émeraudes alternaient entre ses yeux verts, désireuses, elles –aussi de pouvoir lui prouver qu’il ne l’effrayait pas. Son silence marqua la fin de la tirade qu’elle venait d’entendre. Le terme de « mort » la fit sursauter, éveillant par sa violence, des souvenirs douloureux qu’elle ne désirait plus jamais connaître. D’ailleurs, elle était persuadée aujourd’hui qu’elle ne pourrait plus s’en relever. Pas alors que l’amour qu’elle portait à Lucas dépassait celui qu’elle avait pu donner à Torvald. De ce songe,  l’évidence finit par ôter la lame qui menaçait son cœur. Tous deux n’avaient pas vécu les mêmes épreuves, mais tous deux avaient pu ressentir à un moment de leur vie cette solitude maladive. Les mots quittèrent son cœur pour venir se libérer entre ses lèvres. Prouvant que la vérité était parfois difficile à admettre et à entendre, mais que cette dernière avait également du bon.  Elle essayait une fois de plus de faire appel à leurs souvenirs communs, non pas pour qu’ils s’y accolent mais bien pour qu’ils s’y réfugient de manière à forger le présent actuel. Plus elle le détaillait et plus elle se heurtait à une nouvelle douleur, celle de voir Lucas s’accabler de maux. Cela raviva la douleur de son cœur que de se confronter à sa réaction, mais pourtant, elle savait au fond d’elle qu’elle se devait de le lui rappeler. Elle ne faiblit pas, ni dans ses dires ni dans le ton qu’elle prenait et espérait grandement lui prouver qu’elle n’était pas contre lui bien au contraire. Le seul ennemi qui l’empêchait d’avancer était lui-même.

Elle s’attendait presque à recevoir de nouveaux reproches, d’être confronté à de nouvelles remarques qu’elle devrait probablement contrer. Le silence qui s’abattit immédiatement après ses encouragements figea le sang de ses veines. Jusqu’au moment où la chaleur réchauffa vivement ces dernières devant le geste qu’elle vivait. Son cœur se remit à battre fortement contre sa poitrine, ses envies et désirs rejetés depuis trop longtemps se rappelaient à elle devant ce baiser fougueux qu’ils partageaient. Le basculement entre l’une et l’autre situation visa à induire un peu plus cet infime espoir dans ce bonheur qu’ils pourraient être à même de retrouver. Les lèvres de Lucas s’écrasaient avec férocité contre les siennes, sa main participait à cet élan de fougue, alors que le corps de la jeune fille répondait à cette fugacité. Cela leur faisait du bien à tous les deux. Elle aurait désiré se perdre un peu plus dans cette perte d’équilibre, participer à son tour à toute cette délivrance de frustration. Cependant, une voix interne lui intima l’élan de retenir ses ardeurs. Mais elle la fit taire pour profiter un peu plus de ce contact. Cela les libérait à tous les deux et le cœur de la jeune fille n'avait de cesse que de se gonfler encore et encore. L'absence s'éloignait pour laisser place à ce foyer qu'elle avait recherché pendant toutes ces semaines. Ses yeux étaient encore clos, ses lèvres portaient encore le goût de celles de Lucas et son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine alors que sa respiration en était saccadée. « Lucas j’ai perdu mon premier amour, il est hors de question que je perde l’amour de ma vie. » lui confia t-elle entre deux baisers. Baisers, qui exprimaient ce désir de le retrouver. Ses ardeurs n'en devinrent que plus vives et équivoques, alors qu'elle réajustait ses bras de manière à l'attirer contre elle. Son corps tout entier répondait à ses appels, elle voulait le délivrer comme il la délivrait à elle en cet instant donné. Ses doigts se fourragèrent dans ses cheveux, elle respirait chacune des parcelles de son corps pour lui rappeler à quel point elle l'aimait. Elle voulait lui montrer qu'elle l'aimait pour qui il était aujourd'hui non pas pour ce fantôme qu'il pensait être. Car même si il demeurait aveugle concernant ce fait, l'ancien Lucas n'était pas mort. Il était juste ici, dans cette pièce et il retrouvait sa femme comme il l'avait laissé.
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Lucas Nerbosc
& Marianne Harlton


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Il venait de se passer quelque chose d'inattendu en Lucas, un changement soudain et qu’il n’était même pas sûr de comprendre lui même. Après des mois à s’isoler, à se taire, à tout garder pour lui, à sentir Marianne derrière lui sans que rien ne soit dit, elle l’avait enfin confronté. Elle l’avait poussé dans ces fameux retranchements dont il parvenait à la limite. Elle l’avait surpris, il s’était trouvé désemparé dans ses réactions habituelles. Réactions qui n’avaient mené à rien de toute manière depuis des semaines et des semaines. Pour la première fois, le chevalier des Nerbosc avait évoqué de loin les tourments qui le hantaient. Ils venaient de gratter la surface de sa plaie infectée. Et cela ne s’était évidemment pas fait sans douleur. Douleur qui l’avait en partie incité à répliquer, à éloigner cette personne qui s’attaquait à cela. Et il n’y était pas allé tendrement pour repousser son épouse. A tel point que l’espace d’un instant, il se demanda s’il n’était pas allé trop loin. Et dans cette pièce baignée par les rayons laiteux de la lune, une nouvelle angoisse était venue étreindre son coeur. Voulait-il vraiment la perdre ? Elle s’était toujours montrée conciliante durant ses crises et cela avait cessé cette nuit. Alors oui, il s’était laissé aller à ses pulsions, il avait laissé l’angoisse répondre de ses mouvements et chercher la solution qui lui paraissait évidente pour les calmer. Il avait plaqué Marianne contre le mur et chercher à faire taire toutes ces petites voix insidieuses dans son esprit en les noyant par son désir pour sa femme. Un désir fulgurant, bien plus émotionnel que physique. L’espace d’un instant tout lui avait semblé perdu. Le froid de la nuit et de la pierre sous ses pieds nus étaient venus étreindre ses poumons alors qu’il s’était imaginé seul jusqu’à la fin de ses jours. Plus d’amis, plus de famille… plus aucun feu dans son foyer… plus de Marianne.

Cette pensée, même aussi courte qu’un éclair déchirant le ciel des Terres de l’Orage l’avait bouleversée. Il la voyait là, devant lui, si pure, si belle, si forte. Il revoyait tout ce qu’il avait aimé en elle, tout ce qui avait fait qu’il était tombé amoureux d’elle en quelques jours seulement. Il ne pouvait pas la perdre. S’il la perdait elle et ce qu’ils avaient commencé à construire, il perdrait tout par la suite. Alors il s’était raccroché avec fougue et désespoir à ses lèvres, à son appel silencieux. Il la surprenait très probablement, jamais il n’avait agit de la sorte par le passé, mais du temps où ils s’étaient mariés, il n’avait pas eu à passer des lunes d’enfermement laissé aux traitements des fer-nés. Elle avait dit qu’elle accepterait le nouveau lui, et c’était cela pour le moment. Cette ombre torturée qui se raccrochait à un faisceau de lumière, à la seule chose qui semblait pouvoir lui faire du bien depuis des semaines. Il avait évité tout contact depuis son retour, bien plus craintif d’ailleurs que pendant sa captivité, et il se rendait compte en cet instant que c’était la seule chose qui lui permettait d’oublier l’angoisse de ses poumons bien que l’émotion menaçait de faire exploser son coeur.


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Graveyard of buried hopes
Lucianne


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L’air ne se raréfiait plus, au contraire, il emplissait à nouveau l’espace comme si il pénétrait à nouveau la chambre. Le silence n’avait plus de cette impression de lourdeur emplie de reproche, mais bel et bien d’une entente qui n’avait de cesse que d’exprimer à quel point les retrouvailles étaient importantes. Ces dernières n’en devenaient que plus primordiales, vitales, à même d’estomper les maux passés pour ainsi mieux s’orienter vers un nouvel avenir. Beaucoup plus apaisé, certainement toujours empli d’une torpeur indéfinissable, mais dont les aspérités n’en deviendraient que plus légères avec le temps. Les yeux ne trahissaient pas ce que le cœur avait à avouer, et la jeune fille osait comprendre les messages qui n’avaient de cesse que de surprendre encore et encore les élans amoureux de son époux. Il la retrouvait, comme elle pouvait prétendre également faire de même en cet instant. Plaquée contre le froid de ce mur de pierres dans son dos, elle éprouvait une chaleur certaine qui ne l’abandonnait pas. Celle d’un amour sincère et bien réel. Celle d’un espoir qui ne s’était pas perdu, et qui, délaissait la douleur pour chercher du réconfort dans cette confiance qui renaissait de ses cendres. Elle existait toujours, elle s’était simplement dissimulée derrière des barrières qui les avaient pris de court à tous les deux. A cet instant, Marianne en oubliait la culpabilité qui l’avait blessé toute à l’heure, pour se laisser guider par ses pulsions, ses envies qu’elle avait caché pendant tout ce temps et qui l’avaient figé derrière son instinct maternel. Lucas lui avait reproché d’avoir été trop couvé, d’avoir probablement été une mère dont il n’avait pas besoin, aussi, désirait-elle être tout simplement l’épouse qu’il méritait. Celle qui l’amenait à se dépasser et à oser affronter le monde comme il le concevait. Main dans la main, cœur contre cœur, regard vers regard, elle n’aspirait qu’à son bien être pour qu’il se délivre de ses chaînes. Les étoiles, même invisibles à l’œil nu, existaient toujours dans son regard, tout comme ce sentiment d’admiration et de désir qui l’incitaient à donner le meilleur d’elle-même pour lui. Certes, le chemin qu’ils empruntaient était semé d’embuches, certes, les blessures seraient omniprésentes mais la force de leur confiance était telle qu’elle croyait en du meilleur. Ils y parviendraient, comme Lucas parviendrait lui aussi à trouver la destination qui le libérerait de ses démons intérieurs. Elle osait y croire pour lui, elle continuerait à agir de la sorte pour lui. Car sa délivrance lui permettrait d’être celui auquel il aspirait, celui qui oserait franchir les distances sans craindre de baisser son regard sur son passé. Elle était prête à lui donner sa propre force pour qu’il y parvienne et probablement le faisait-elle en cet instant même alors que leurs yeux apprenaient à se lire à nouveau.  Ses intentions perdurèrent pendant ce court instant, désireuse de lui montrer que rien ne serait à même de les séparer. Pas même des fer-nés. Elle leur en interdisait la tentative. Et puis l’instant de silence se scella par cette fougue inattendue qui les avait épris tous les deux. Par ces baisers de plus en plus poussés derrière lesquels ils admettaient ensemble le manque qu’ils n’avaient jamais osé s’avouer. La surprise avait saisi la jeune fille avant de finalement répondre à son tour par ce même langage. Eprise des lèvres de Lucas, le feu de son cœur l’embrasa littéralement au moment où le goût de son corps se rappelait à elle. Ses instincts intimes lui revinrent comme si ils ne l’avaient jamais quitté. Et plus le jeune homme serrait son étreinte, plus Marianne ressentait la même soif dans les frissons qu’il lui incitait. Ainsi se libéraient-ils de toute cette frustration et laissaient-ils leur amour prendre le dessus. Ses joues s’embrasèrent dans le même temps que son cœur perçait ses tympans, suivant des rythmes soutenus et entrechoqué par le manque d’oxygène qui les prenait à court tous les deux. Le soupir de Lucas fut encouragé par les caresses de son épouse, alors que ses doigts trouvèrent leur place à la base de sa nuque. Il n’y avait plus de mur, plus de rempart, seulement eux, uniquement eux. La jeune fille n’était pas certaine d’avoir été celle qui avait brisé cela, néanmoins, le résultat lui prouvait qu’ils étaient arrivés à quelque chose ensemble. A nouveau, leur couple existait et pendant cet instant, elle ne ressentait plus ce sentiment d’insuffisance qu’elle avait pu voir dans le regard de son chevalier. Il lui permettait d’exister, comme il existait pour elle également.


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Lucas Nerbosc
& Marianne Harlton


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