[FB] Pour l'amour du rossignol | Bethyn

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James Ilyn n'avait monté avec autant de fierté. Les mots tournaient et retournaient dans sa tête. Il avait écouté sa soeur, il avait écouté sa mère et était partie des Eteules sur un sourire de son père. Enfin l'héritier prenait son destin en main, enfin il décidait de devenir un véritable homme. Les rênes glissaient entre les mains du chevalier, moite d'appréhension. Son cheval était d'une douceur sans nom et n'avait bronché comme il aurait pu le faire alors que son cavalier suintait d'un stress mal avisé. Bethany ne lui avait-elle confirmé ses sentiments, les entraînant tous deux dans un rêve éveillé ? Ilyn avait peur mais il n'en montrait rien.  Il avait chevauché quelque jours jusqu'au domaine de Serena, sa présence et son arrivée annoncée par une missive adressé à Lord Caron lui-même.  Sa solitude lui avait fait du bien mais n'avait fait que serrer un peu plus son ventre. Il était parti une semaine après la réponse de sa soeur, le temps pour sa mère de lui faire répéter, encore et encore, les mots qu'il murmurait à sa monture pour ne pas les oublier, pour gagner toujours plus d'assurance. Seul, Ilyn avait l'impression d'être capable de soulever des montagnes. En face de Bryce, il devrait réussir. Après tout, le seigneur n'était-il pas son ami ? N'avaient-ils partagé quelque pintes, un sourire sur les lèvres en parlant de tout et de rien. Ilyn n'avait jamais parlé de femme devant le rossignol. Il n'était pas coureur, ce qui, sa mère lui avait juré, lui apporterait bien des points aux yeux de frère de sa dame.

Le chevalier n'entra pas tout de suite à Séréna. Il préféra s'offrir le luxe d'une toilette pour ne pas arriver crotté de son trajet solitaire jusqu'à la dame de ses pensées. Étouffant un bâillement, Ilyn tenta de faire au plus vite pour être certain de ne rien oublier. L'attente le tendait plus encore qu'un arc et il ne voulait laisser le stress ruiner toutes les chances qui, jusqu'ici, avaient été de son côté. Il n'avait oublié de prier les Sept avant d'entrer dans Séréna. Il voulait pourtant voir Bethany avant Bryce, lui demander à elle avant son frère. Ce ne serait pas plus facile, bien au contraire et sa mère avait levé les yeux au ciel lorsqu'il s'était ouvert de son projet. Ilyn comptait pourtant agir ainsi, être certain de la réponse de la belle pour ne pas lui forcer la main. Elle l'aimait peut-être mais voulait-elle devenir, pour encore une éternité, la dame qui partagerait sa vie ? Ilyn ne le savait pas, trop fou qu'il était de ne jamais connaître les sentiments des autres. Il ne savait cerner les femmes et, fort heureusement pour lui, celle que son coeur avait élu était d'une gentillesse à toute épreuve, capable de lui expliquer et de lui offrir mille promesses d'un simple regard de ses yeux d'émeraudes. Oh, Ilyn aurait pû écrire mille et un poème sur celle qui hantait son esprit... S'il en avait été capable. Mais le chevalier maniait mieux les armes que la prose et la verve.

Il avait le coeur qui battait bien trop vite après avoir salué Bryce. Le seigneur des lieux semblait déjà savoir ce qu'il voulait mais c'était encore un peu tôt. C'est dans la suite qu'il prit congé de son ami pour retrouver celle qu'il avait envie de voir à l'instant même où il avait passé la porte mais que son éducation empêchait d'aller trouver en première.  Il la chercha, quelque minutes qui lui parurent des heures avant de la trouver dans les jardins. Il avait eu vent des douleurs de sa bien-aimée après ses voyages incessants et c'était inquiété, comme un époux qu'il n'était pas encore. Le sourire sur son visage devient immense lorsqu'il l’aperçu et ses yeux brillèrent. La manière dont il la regardait aurait rendu jalouse bien des femmes mais Ilyn n'avait d'yeux que pour sa Bethany. Sa belle Bethany.

Bethany ?demanda-t-il, comme une question remplie d'amour.

Elle ne s'attendait très certainement pas à le voir. Elle ne pouvait imaginer comme il avait eu envie de la voir. Il avait l'impression que leur dernière rencontre remontait à un siècle. Ce n'était qu'une impression.... Le temps passait bien moins vite loin de celle qu'il aimait, en seule compagnie de ses parents. L'héritier réapprenait son rôle aux Eteules et cela lui prenait tout son temps. Mais ne parvenait à attraper toute son attention bien trop portée vers les douces chansons d'un rossignol.

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Ilyn semblait différent des autres fois. Presque plus réfléchi... Ce n'était qu'une apparence, qu'un joli masque de facette. Au plus profond de son coeur, il tremblait de tous ses membres de la voir aussi belle dans sa robe crème. Cette même myocarde qui s'était mise à hurler de toutes ses forces, qui ne battait que pour celle devant lui. Il ne baissa pourtant pas la tête en la voyant se retourner et sur ses lèvres grandit un sourire qui trahi ses sentiments. Ses yeux semblaient briller, comme s'il la voyait pour la première fois. Il n'avait qu'une envie, s'approcher, la prendre dans ses bras, caresser ses lèvres de siennes et embrasser son visage. Bethany était belle et chaque jours qui passaient semblait lui offrir un éclat encore plus éblouissant.

Elle s'approcha, la surprise ancrée dans ses traits bénis par les Sept et Ilyn fit de même, son sourire toujours si doux. L'épi de blé n'avait rien à voir avec les valeurs chevaliers qu'on entrapercevaient durant les tournois et que les demoiselles admiraient. Ses cheveux portés un peu trop longs, bouclaient sur ses épaules. Sa barbe, rarement entretenue, avait un avant goût d'ours sauvage et bougon qui n'était sorti de sa caverne que pour fêter dignement la fin de l'hibernation. Même s'il avait été rasé de près pour la mariage de Jyane, les journées avaient fait repoussé le poil si brun. Et pourtant, même si ces yeux n'avaient jamais semblé aussi sombres, son sourire illuminait tout, faisait briller le fond de ses iris. Il s'avança à son tour. Qu'importait la bienséance. Ils n'étaient pas seuls, certes. Mais Ilyn ne pouvait s'empêcher de vouloir la prendre dans ses bras. il ne le fit pas mais prit la main de sa bien-aimée avant de glisser un doigt sur son front, sur cette même ligne qu’inquiétude qui n'avait aucune raison de tâcher son visage parfait.

J'avais envie de venir te voir. glissa-t-il, accrochant son regard de ses iris sombres. Le rire avait laissé place au sérieux alors qu'il la regardait. Oh jamais il n'avait regardé personne ici, lui même le savait. Certaine femme lui avaient fait tourner la tête quand il était encore en Essos. Mais jamais comme Bethany le faisait. Il voulait tout lui offrir. De sa liberté sacrée à son nom. Bryce était au courant de ma venue mais il a sûrement voulu te laisser la surprise. Tout va bien, tu n'as pas à t'inquiéter. Je suis venu... Il eu du mal, durant une seconde, se contentant de la regarder, de l'embrasser des yeux. Le ciel était calme, le temps était encore chaud. Le paysage était unique. Tout comme l'instant présent. J'avais quelque chose à te demander Bethany. Quelque chose qui ne concerne que toi.

Il ne lâcha pas sa main, prenant le temps d'un inspiration en la regardant, les yeux brillant. Il s'était entraîné, encore et encore devant un miroir. Pour être certain que son visage ne le trahirait pas lorsqu'il agira en homme. Il sentait encore sur sa nuque le regard de sa mère alors qu'elle le couvait des yeux.

Alors l'héritier posa un genoux à terre.

C'était si facile et lui demandait pourtant un tel effort. Il avait l'impression d'être écarlate alors que son visage gardait pourtant un teint foncé et travaillé par le soleil. Voilà ce que l'eau lui avait apprit. Sur la mer, sa peau ne rosissait plus tant elle était tannée. Il attrapa son regard, sourit alors qu'hurlait dans ses yeux sa timidité et sa voix s'éleva. Elle eu la gentillesse de ne pas couiner et de rester claire.

Bethany Caron. Je m'incline devant les Sept et devant toi pour te demander de faire de moi le plus heureux des hommes. Veux-tu devenir ma femme ?

Son coeur battait, tellement fort qu'il semblait vouloir s'échapper de sa poitrine pour se jeter sur celle qu'il aimait. Des lunes qu'il rêvait d'elle, qu'il frémissait en l'imaginant à ses côtés. Mais Ilyn ne voulait plus être la victime de sa timidité. Il deviendrait seigneur un jour. Et il voulait que celle qu'il aimait soit à ses côtés pour le reste de leur éternité si silencieuse.