[FB] La plume d'un coeur aimant | Jya

Noirport, lune 8, semaine 1

Mon frère,

J’espère que mes mots te rassureront et ne te rendront pas jaloux. Je vais bien et je suis heureuse à Noirport. Arys est très attentif, plaisant et nous discutons aisément laissant même naître une belle complicité entre nous. Je n’aurais pu rêver mieux en époux. Je l’appréciais déjà lors du mariage mais plus le temps passe plus je suis comblée de cette union. J’ignore si je peux dire que j’éprouve des sentiments sincères à son égard, il est encore trop tôt pour le dire, mais je me plais en sa compagnie et j’ai la sensation que cela est réciproque. Au-delà du fait que je passe beaucoup de temps en compagnie de mon époux qui me fait découvrir ses terres et ses gens, j’apprends à connaître ma nouvelle famille. Mon beau-frère et ma belle-sœur notamment. Et même si je sens une certaine jalousie chez lady Zhoe elle n’est en rien comparable à celle de notre affreuse cousine qui doit se noyer dans la sienne en ce moment même.

J’ignore quand je pourrais vous rendre visite, pour le moment je me familiarise avec ma nouvelle maison et ce nouveau domaine qui un jour appartiendront à mon époux et feront de moi la Dame de Noirport. Je dois apprendre à connaître les gens qui composent ses terres, faire en sorte qu’ils m’apprécient autant que toi. Et ce n’est pas une mince affaire, je suis encore une étrangère, cela risque de mettre plusieurs semaines. Peut-être que le jour où j’annoncerais une grossesse, ils me considéreront vraiment comme une Manning ? Mais pour le moment ce n’est pas à l’ordre du jour.

Tu sais mon frère, il n’y a bien que toi pour avoir mis autant de temps à comprendre tout cela. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure que tu es fou d’elle et vice versa. Je ne compte plus le nombre de signe qu’elle a envoyé et où tu étais incapable de les déchiffrer. Tu as donc fait un véritable bon en avant, c’était pour cela que l’automne arrive. La neige va arriver sur nos terres si tu continues ! Avec plus de sérieux, pour moi votre union n’est pas impossible. Lady Bethany est veuve et donc a déjà réalisé son devoir envers sa famille. De plus Lord Bryce ne l’a pas remarié depuis…du coup tout laisse penser que lady Bethany pourrait se remarier par amour. Pour moi ce n’est guère impossible, à toi désormais de prendre ton courage à deux mains et d’aller réclamer sa main. Je ne pourrais le faire à ta place mon frère. Seul toi le peux.

Puisse les Sept te benir et te donner la force d’aller chercher la Dame qui t’as ravi ton cœur.

Ta bien aimé Jyana.

Ilyn ne pu s'empêcher de sourire en ouvrant la missive de sa soeur. Ce même sourire qui se transforma en un chant, un véritable chant de marin, aussi faut qu'amusant pour l'orageois. Pouic le rejoint, bien plus juste que son maître, ses sifflements s'accordant à merveille à la voix du chevalier. Ilyn ne perdit pas une seconde pour engloutir les mots et pour s’asseoir et répondre, de sa plume un peu gauche et truffée de fautes d'orthographe, bien moins visible quand il n'avait rien d'autre qu'un bateau entre les mains.  

Mon frère,

J’imagine parfaitement ton sourire idiot marquant tes lèvres. Mais détrompte toi, je ne compte pas utiliser mes manières d’orageoise je ne suis pas ici pour prendre le dessus. J’use de mes charmes, la séduction me plait plus et me permettra d’endormir leur méfiance et de m’aimer. Car à trop siffler, les gens se méfient et n’apprenne pas à t’aimer. Je ne désire pas ce genre de relation avec les Manning, je désire faire partir de leur famille donc les séduire et ma première et ma seule option. Je n’agirais pas comme avec notre cousine, j’ai tout à perdre à agir de la sorte. Et je te conseille de l’ignorer, elle ne mérite pas la moindre attention de notre part, laisse-la jouer seule. La déception ne sera que plus grande de voir que ses airs n’ont aucun effet positif ou négatif. L’ignorance est la meilleure des attaques dans ce genre de situation.

Rassure-toi sur ce point, je ne compte pas faire venir de sorcière d’Essos pour tenter de rendre mon ventre plus fertile. J’utilise les vieilles méthodes de grand-mère, l’observation de la lune. Cela reste le meilleur moyen. Je laisserais le temps et les dieux faire le reste, ainsi que mon époux car je ne peux guère faire d’enfant seule.

Effectivement j’ai un sourire amusé sur les lèvres au moment où je couche ses mots sur le parchemin. Je suis navrée de devoir de te décevoir mais on ne peut apprendre à ne pas rougir. Ce que je te conseille avant de te jeter dans la tanière de lord Caron, c’est de répéter avec père et mère les mots que tu utiliseras. Apprend les par cœur, répète-les encore et encore jusqu’à être certains que quelques soient la situation, tu sois capable de les prononcer de façon clair et intelligible. Cela te donnera un peu plus d’assurance face à un homme comme Bryce. Et si tu es sûr de toi, tu rougiras bien moins que si tu t’y rends hésitant. Et quel homme confirait la main de sa douce sœur adorée à un homme hésitant ? Surement pas Bryce Caron.

Je prierais les Sept pour qu’il t’apporte la bonne fortune.

Ta soeur bien aimée Jyana.

Si le chevalier était fort occupé depuis quelque temps, il n'en demeurait pas moins un homme d'arme. Ilyn n'avait jamais brillé par sa maitrise de l'épée mais il s'occupait de cette dernière, refusant que ce soit un autre que lui qui la face briller. Un chiffon en main, il faisait luire la lame qui n'était pas sortie de son fourreau depuis longtemps. C'est dans un même mouvement qu'il décida de faire un brin de ménage. L'oeuf, si beau et particulier de dragon, qu'il avait ramené d'Essos, prenait lentement la poussière et l'héritier des Eteules se mit à la tâche pour faire retrouver à la seule décoration particulière de son chez soi son éclat d'entent. Il était encore occupé, sifflotant -faussement- lorsqu'on frappa à sa porte. Une lettre, une nouvelle de sa petite soeur pour laquelle il abandonna joyeusement son chiffon.  Ses yeux parcourir les lettres, un doux sourire sur les lèvres et il s'attabla immédiatement. Moins il mettrait de temps à répondre plus vite elle recevra sa lettre.

An 299, lune 9, semaine 1

Mon frère,

J’ignore quand tu pourras lire cette lettre, probablement à ton retour de Serena avec un sourire aux lèvres et non un cœur brisé. J’ai prié les Sept pour qu’ils soient à tes côtés afin de te donner le courage de prendre en main ton destin pour décrocher la main du rossignol de Serena. Je suis sûre que mère t’as bien préparé. Elle est une excellente conseillère en ceux qui concerne les histoires de cœur et les affres des charmes humains. Père doit être fier de toi, te voir partir ainsi pour conquérir la main de ta belle. Cela me ferait presque sourire bêtement à l’idée de t’imaginer ainsi. Lady Bethany t’as changé mon frère, et je crois en bien. Si elle a dit oui et j’en suis convaincue, je suis sure qu’elle te donnera l’assurance qui te fait défaut et que tu survoleras les obstacles de la vie plus aisément à ses côtés. Je me retiens de lui envoyer un corbeau afin d’avoir plus de détail, mais je ne ferais pas commère et j’attendrais sagement de tes nouvelles.

Je pense préparer bientôt un voyage sur les terres de l’Orage en début de l’année prochaine. Pour le moment mon ventre reste plat et je préfère faire ce voyage le plus tôt possible dans l’éventualité où les dieux me souriraient sur ce point. Faire découvrir à mon époux l’endroit d’où je suis originaire peut s’avérer enrichissant et je ne doute pas que cela ravira mère. Fais quand même attention à ce qu’elle n’étouffe pas ce pauvre chaton en lui donnant trop d’amour. Et passe le bonjour à Pouic, mais s’il est agaçant au possible j’avais finir par m’habitué à son incessant babillage et ses cris dès le matin me manque un peu, bien que je dois avouer que c’est très reposant de ne pas avoir un volatile multicolore me hurler dans les oreilles afin que je me lève. Embrasse également père de ma part. Et…glisse subtilement à notre cousine que mon époux m’aime telle que je suis et que je suis dès plus heureuse. Je suis sûre que cela la fera rager.

Avec tout mon amour,

Ta sœur bien aimé, Jyana.