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Aux armes paysans ! [Pv Orys Santagar]

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An 299, période de la prise de pouvoir de Viserys (Après mon rp avec Ekishae) - Froide-Douve

C'était une journée comme une autre, une journée de plus à veiller à l'entretien des troupes de Froide-Douve et celles des levées des villages des environs. Entraîner les paysans étaient le plus dur de la tâche à vrai dire. Pour le reste, gardes et Chevaliers étaient suffisamment entraîné en comparaison de ceux qui tenaient encore des fourches quelques semaines plus tôt. La plupart de ses hommes n'avaient jamais connus une bataille et n'en connaîtront peut-être pas s'il n'était pas nécessaire d'en arriver là mais par le temps qui couraient, mieux valait être prévoyant. Quand les Tyrell soutenaient Viserys et que ce dernier détenait la femme de l'héritier des Hightower, cela ne pouvait pas faire bon ménage. Alors autant se préparer le plus rapidement possible pour l'un des premiers à agir. Simple mesure de précaution. Cette situation de tension, Owen ne l'appréciait guerre mais au moins le retour d'Ekishae avait pût lui apporter un peu de joie, de réconfort, de tendresse et de distraction pendant cette période difficile. Orys s'en sortait très bien à ses yeux pour former la piétaille mais Owen aimait aussi se mêler à la partie, non pas par plaisir de combattre mais simplement pour leur montrer que leur Lord était lui aussi capable de se tenir à leur coté et proche de son peuple. Le jeune homme avait laissé le Santagar partir plus tôt pour s'atteler à la formation mais lui même s'y était rendu juste après son repas. Il portait une armure d’entraînement car il était inutile d'abîmer celle prévue pour le combat. Sa cape état d'un noir de jais, parsemée de motif en toile d’araignée. La cours du château résonnait de coups d'armes, épées comme lances.

Certains semblaient assez doués pour des gens non instruit à la vie martiale. Certains devaient sans doute avoir un don inné tandis que d'autres avaient sans aucun doute dût lutter pendant la Rébellion de Robert Baratheon. D'autres en revanche semblait être de véritable calamité sur patte capable de se planter une pique dans le pied plutôt que dans le torse d'un adversaire. Mettant fin à son observation, la jeune araignée décida de se diriger vers Orys afin de prendre des nouvelles de la préparation des troupes. Il était sans doute le mieux placé pour en parler sans fioriture et dire clairement ce qu'il pensait de ces paysans. Il eut une petite pensée émue en pensant que si la guerre éclatait, nombre d'entre eux n'aurait pas la chance de retrouver leur foyer ni leur famille. Sans doute le prix à payer pour toutes ces années de paix. D'un air concentré et d'une voix sérieuse, le jeune Tyssier s'adressa à Ser Orys afin de prendre des nouvelles.


«Comment se passe leur formation Ser Orys ? Certains sortent-ils du lot ? Parlez moi franchement et sans détour. Ses hommes vont peut-être devoir se battre sous la bannière de l'araignée et il est toujours mieux pour celui qui les dirigera de connaître leurs principales forces et faiblesses.»

Owen n'avait sans doute rien à apprendre au Santagar à ce sujet mais il jugeait toujours bon de l'informer. Lui aussi partirait sans aucun doute à la guerre avec lui. Avoir un homme de sa valeur à ses côtés était un atout indéniable aux yeux du Seigneur de Froide-Douve.
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Levé à l’aube, comme à son habitude ces derniers temps, Orys avait pris le temps d’embrasser sa femme avant de partir. Il se sentait nettement mieux depuis sa discussion avec elle, et aussi depuis que tout semblait avoir changé dans la demeure d’Owen Tyssier. Notamment le fait que des troubles politiques, notamment au sujet du roi légitime de Westeros, commençaient à faire planer une ombre sur le reste des Sept Couronnes. Et que tout cela n’annonçait rien de bon hormis peut-être une guerre, voir de manière presque certaine. Orys avait assez étudié l’Histoire pour le savoir. Dans le Nord, on disait que l’hiver venait. Mais pour lui, c’était surtout une tempête. Et il espérait qu’elle ne les toucherait pas de trop.

Il avait pour tâche, depuis maintenant deux semaines, d’entraîner des troupes. De former les paysans appelés aux armes, pour qu’ils puissent se battre avec toute la préparation possible quand le temps serait venu. Mais pour beaucoup, il était inutile de se faire des illusions. En cas de bataille rangée, beaucoup mourraient. Un coup d’œil vers les chevaliers, qui s’entraînaient de leur côté, fit faire la grimace au Dornien. Couverts de leurs armures d’entraînement, ils se battaient à grand renfort de cris, de hourras et de rires. Ils étaient une poignée, mais s’entendaient tous entre eux comme s’ils étaient à une fête. Simplement parce qu’à leurs yeux, aucun paysan ou homme d’arme ne pouvait les égaler. Ils craignaient cependant le Santagar. Ils savaient qu’il était meilleur qu’eux, et sûrement le meilleur de tout Froide-Douve.

Un fracas devant lui attira son attention. Il se précipita, et arracha l’épée de bois des mains du paysan. Celui-ci, apeuré par la réaction du chevalier, en lâcha également son pavois.

« Fais ça pendant la bataille, et tu es mort ! Tu lâches ton bouclier, tu laisses l’ennemi te frapper ! Tu vas affronter quelqu’un qui ne voudra pas plus que toi être ici, qui aura aussi peur que toi, mais qui n’aura que haine pour toi. Car il te rendra responsable de sa présence ici, et toi de même à son égard ! Reprend ton arme. Tous, en position ! BOUCLIERS ! »

Une cinquantaine de paysans et hommes d’armes se mirent position de duel. Conformément aux instructions d’Orys, chacun disposait d’un pavois, rectangulaire, fait de fer et recouvert de peaux et de cuir pour le rendre plus facile à prendre. L’arme qu’ils utilisaient était une hache ou une épée à une main, selon la préférence de chacun. Et ils suivaient un programme intensif, imposé par le Dornien pour les former à se battre.

« BOUCLIERS ! ATTAQUEZ ! RECULEZ ! Le pied droit derrière, le pied gauche devant, en appui ! Le bouclier dressé, l’épée se dresse ! ATTAQUEZ ! RECULEZ ! Tu es mort, Sten, si tu frappes ton ennemi comme ça ! ATTAQUEZ ! RECULEZ ! BOUCLIERS ! Encore un faux pas et tu trébuches, pour finir écrasé par un cheval, Killian ! BOUCLIERS ! Le pied droit derrière, Jom, même si tu es droitier ! Le bras gauche tient le bouclier, le droit l’arme ! Tu tiens une épée, une arme, pas un bâton, Killian ! BOUCLIERS ! ATTAQUEZ ! RECULEZ ! Bien ! On range son arme, et on prend sa javeline. »

Il y eut tout un grand chambardement alors que les « recrues » allaient récupérer des bouts de bois, long d’un mètre cinquantaine, destinés à représenter les petites piques qu’ils auraient à la bataille. Si les commandes d’armes fonctionnaient.

« En formation ! Cinq rangs ! BOUCLIERS ! PIQUES ! Charge de chevaliers, le premier rang est enfoncé, que fait le second ?! BIEN ! ATTAQUEZ ! La pique frappe, le bouclier protège le camarade tombé qui se relève ! Les chevaux font demi-tour, les trois autres rangs lancent leurs javelines ! ARMEZ ! LANCEZ ! Plus rapidement que ça, Guy, où tu finiras touché par une flèche ! N’oubliez pas le réflexe de lever le bouclier le temps de reprendre votre arme, une flèche perdue pourrait arriver. »

Il vit arriver Owen Tyssier, dans son armure d’entraînement. Il le salua d’un hochement de tête, avant de se tourner vers les paysans.

« Allez prendre un peu de repos, ou continuez à vous entraîner. On reprendra l’exercice avec les chevaliers après ! »

Il alla ensuite vers son seigneur et maître. Il lui adressa à nouveau un bref hochement de tête, l’heure n’étant guère aux réjouissances.

« Dois-je répondre ce que vous aimeriez entendre ? Non, évidemment. Chaque jour, depuis deux semaines, je forme un nouveau groupe, qui ensuite doit s’entraîner seul ou avec des chevaliers pour continuer à progresser. Je leur apprends la base, je leur enseigne des mouvements, je m’efforce de leur inculquer une rage de vaincre. Mais c’est difficile de savoir si je réussis ou non. En groupe, ils parviennent à un semblant de cohésion, mais dès qu’ils se retrouvent face à un chevalier, ils se débandent ou perdent facilement. Et je ne peux leur apprendre la guerre de siège, uniquement la bataille rangée. »
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Orys avait lui même comprit qu'il n'y avait aucun besoin d'enjoliver la vérité. Le Tyssier savait que les levées paysannes ne représentaient pas l'élite de l'infanterie des Sept Couronnes mais leur nombre pouvaient par contrer servir au cours de la bataille. Les pauvres n'étaient souvent utilisées que comme chaire à pâté, bon à bloquer ou à attirer l'adversaire pendant que la chevalerie contournait ou enfonçait les lignes. Si ces hommes étaient entraînés correctement, ils pourraient alors compter sur eux. Bien évidemment, il serait sans doute plus efficace d'engager des mercenaires mais cela serait tout aussi coûteux. D'autant plus que les compagnies libres avaient la fâcheuse tendance à s'offrir au plus offrant et à changer d'allégeance aussi rapidement qu'une catin changeait de client. Orys ne pouvait leur enseigner le siège, seulement les bataille rangée. A vrai dire, au premier coup d’œil, Milan s'était douté que ce n’était pas avec ce genre d'homme qu'ils pourraient s'emparer d'un château à moins de ruser. Le temps était même trop court pour leur apprendre à construire ou à utiliser des armes de siège.

«Quand on sait que ceux que nous risquons d'affronter disposeront de forces similaires aux nôtres, ils risquent d'affronter un paquet de chevalier qui tenteront d'enfoncer leur lignes. Par les Sept, il va falloir penser à leur apprendre à se défendre contre un chevalier et à ne pas se tirer comme des lapins à la première occasion sinon nous courrons à notre perte, Ser Orys. Si la guerre éclate, je tiens à vous avoir à mes côtés. Je n'imagine pas un autres hommes pour m'aider à gérer et commander mes troupes.»

Owen avait tiré des conclusions que le Santagar avait sans doute lui aussi constatée. Il ne mentait pas en faisant d'Orys un pion si important dans son dispositif. Le dornien était une lame sûre et efficace qui s'y connaissait dans la formation des hommes. De plus cela faisait également du bien d'avoir une deuxième paire d'yeux afin de donner son avis et de commenter les stratégies à mettre en place. En cette heure, Owen ignorait encore s'ils devraient réellement se battre et quelles Lors se rangeraient derrière les Tyrell ou contre ceux-ci hormis probablement les maisons liées aux Tyrell par le mariage. La guerre ne meurt jamais et se propage depuis les temps de l'âge des héros. C'était un fait que l'on ne pouvait contredire. Le tout était de savoir s'il combattrait pour les Tyrell tout au long de la guerre ou s'il changerait de camp en cours de route. Ces points, il en discuterait probablement avec le Santagar. Mais pas ici, devant toutes ces oreilles indiscrètes qui n'avaient pas besoin de capter ce genre d'informations. S'éclaircissant la gorge, le jeune homme se permit de reprendre la parole pour s'adresser à son vaillant Chevalier.

«Dans ces hommes, certains sont-ils aptes à diriger ou a servir de leader, de source de motivation ? Ils doivent sans doute considérer hautement nos Chevaliers. Y a t-il dans les plus jeunes l'un ou l'autre digne d'être pris comme écuyer ? Je crains que vous ne vous accordiez pas assez de repos Ser Orys. Pensez à prendre quelques heures pour vous avant que votre épouse ne décide de nous tirer les oreilles. »
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Orys connaissait son affaire, il savait entraîner des hommes. Aussi essaya-t-il de ne pas tenir compte de la remarque d'Owen, comme s'il lui enseignait comment faire pour que ces hommes deviennent de bons combattants. Répliquer n'aurait servi à rien de toute façon. Alors il se contenta de hocher la tête, sans rien dire, puis il promena son regard sur la cinquantaine de « recrues » du jour. Objectivement, il n'aurait pas su réellement dire si certains sortaient du lot. Il ne les connaissait pas tous, ils étaient trop nombreux à défiler devant lui chaque jour. Retenir les noms était déjà difficile, et il s'en sortait parce qu'il élevait souvent la voix sur les mêmes, en fait. Il avait remarqué que certains étaient de fortes têtes. Aucun ne résistait longtemps.

 « Je ne saurais dire. Ils apprennent à une vitesse différente, c'est vrai. Mais aucun n'est apte à commander, dans ce groupe du moins. Quant aux chevaliers... »

Il soupira, jeta un coup d’œil au groupe en question se trouvant plus loin. Son regard en disait long sur ce qu'il pensait des chevaliers d'ici. En particulier ceux-là. Il ne leur faisait pas confiance pour quoique ce soit d'autre qu'un défilé en armure, ou pour faire montre de leur piètre talent avec une arme. Orys savait ce qu'il en était, mais pas Owen. Lui avait une vision différente, sûrement plus optimiste que la sienne.

Quant à prendre du repos, hors de question. Mezzara comprendrait qu'il devait travailler dur. Et elle savait aussi qu'il plaquerait tout si elle le lui demandait. T'inquiète pas pour ça, lord Tyssier. Je sais comment m'occuper de ma femme. Il chassa le faible sentiment de rancœur qu'il avait, puis alla prendre une outre posée non loin. Il but une gorgée d'un vin de basse qualité, puis revint vers Owen.

 « Je vais vous montrer à quoi ressemblent vos chevaliers, Owen. »

Il fit signe aux chevaliers de s'approcher, et hurla un rassemblement des troupes. Les cinquante soldats de fortune se rassemblèrent en une formation grossière, leur équipement à la main. Les chevaliers arrivèrent, équipés pour l'entraînement aussi, sauf qu'ils étaient bien plus nonchalants. Et qu'ils savaient ce qui allait se passer.

 « Bien. Il y a dix chevaliers, et cinquante vougiers. Cinq hommes pour chaque chevalier. Comme je l'ai enseigné ! Le soldat tente de résister à l'attaque du chevalier, alors qu'il est à pied. En formation ! »

Il était impossible de simuler une charge de chevaliers sans risquer de tuer tout le monde, ce qui serait légèrement contre-productif. Le Santagar invita Owen à observer ce qui allait se passer, pour qu'il voit à quel point son armée allait être difficile à gérer. Il y avait trop d’hommes à former pour qu'Orys puisse tous les avoir en même temps, et il n'avait aucune confiance pour déléguer le commandement à quelqu'un. Car personne ne comprenait sa méthode pour les former.

Quelques minutes passèrent, et à chaque fois ce fut la même chose : les chevaliers se jouaient des paysans, sans la moindre difficulté, et ils ne cessaient de rire et de se moquer. Enragés, la plupart de leurs adversaires perdirent patience et tout sens de discipline – du moins le peu qu'Orys leur avait inculqué – et il fallut qu'il s'énerve pour ramener les choses à la normale.

 « ASSEZ ! Si vous vous comportez ainsi sur le champ de bataille, c'en est fini de vous et de vos compagnons ! Cela vaut également pour vous, les chevaliers ! Ser Icair, venez avec moi. Je vais vous montrer comment on défait un chevalier en combat singulier. »

Ramassant son écu et une épée d'entraînement, Orys se plaça face au chevalier en question, lequel portait une épée à deux mains, donc sans bouclier. Le Santagar se plaça comme il l'enseignait aux paysans, puis il attendit que l'autre charge. Ce dernier avait un peu peur, ça se voyait. Il savait qu'il allait subir le châtiment pour sa nonchalance. Et c'est ce qui se produisit. Lorsqu'il chargea, Orys contre-attaqua, le bouclier en avant. Son élan, couplé à une poussée avec son écu, envoyant le chevalier valdinguer. Celui-ci se releva avec l'aide de ses compagnons, ayant perdu toute envie de rire. Orys se redressa fièrement, et jeta un regard circulaire aux paysans abasourdis.

 « Voilà comment il faut faire. Contre-attaquez. Coupez son élan en le chargeant, le bouclier en avant. Une fois à terre, vous pouvez lui porter le coup fatal. Qu'est-ce que vous attendez ?! En formation ! »

Il retourna vers Owen, déposant son équipement non loin. Il reprit l'outre de vin, et but une gorgée.

 « Voilà l'état de vos troupes, Owen. Des paysans prompts à s'énerver, impressionnables, et des chevaliers irresponsables et qui n'ont que de la gueule. »
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Aucun paysans apte à commander. Quant aux Chevaliers, Orys ne lui donna pas un avis très positif. Le plus compétent d'entre eux avait succombé des mains d'un assassin engagé par Owen. Une épine dans son pied qu'il avait dût faire ôter sans fioriture. Son jugement était sans doute plus critique parce qu'il s'agissait de Biefois mais le Lord préférait un avis tranché allant plus vers le négatif que le positif. Au moins, il ne se ferait pas de mauvaises idées. Mieux valait parfois sous-estimé ses hommes que le sur-estimé. La démonstration ne fut pas probante. Une véritable débandade affligeante. Le dornien alla même jusqu'à pousser le vice plus loin, affrontant lui même un chevalier et s'en défaisant assez facilement. Voilà tout ce que son père lui avait laissé : une bande d'incompétent. A s'enfermer dans son château et à ne sortir que pour contenter ses plaisirs, le vieux s'était détourné de ses meilleurs éléments et ceux-ci avaient soit quitté le châteaux, soit s'étaient empâtés au possible. Par les Sept, c'est avec cela qu'il devait aller combattre. Il n'était pas sortit de l'auberge ... déjà qu'il n'avait pas envie d'y rentrer.

«A croire que seule ma garde se révèle compétente. Et encore, je pense que vous y êtes pour beaucoup. Par les Sept, si je pouvais compter plus d'hommes comme vous dans mes rangs .... Je ne suis moi même qu'un combattant modeste mais face à pareil spectacle j'ai l'impression d'être un Barristant Selmy ou un Jaime Lannister.»

La nouvelle était encore pire que ce qu'il avait pût imaginer. De quoi lui mettre un véritable coup au moral. Il n'aurait pas été plus mal à l'aise si Orys s'était levé pour s'acharner à lui balancer une série de coup de pied dans les valseuses. A croire qu'il était entouré d'incompétent notoire et que la seule personne qu'il avait introduite à Froide-Douve se révélait la plus douée. Finalement, il se demanda intérieurement de façon humoristique s'il ne vaudrait pas mieux armer Mezzara et partir avec le couple à la bataille au lieu de se reposer sur ses troupes. Soupirant brièvement, l'araignée passa une main sur son visage en signe de consternation avant de reprendre la parole. Il était temps qu'il mette aussi la main à la pâte pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être un minimum. Il n'était pas un expert de la formation. A vrai dire, Mace Tyrell ne l'avait pas été. Il avait beaucoup plus appris des Chevaliers d'Haujardin ou de ceux y séjournant que du gros Tyrell. Soupirant une nouvelle fois, le jeune homme dégaina son épée.

«Ser Orys, je vais me joindre à vous. Je ne me voilerai pas la face. Nous ne ferons pas d'eux des troupes d'élite même si l'on disposait d'une année complète pour les former mais nous allons faire notre possible pour éviter qu'ils ne servent juste de mannequin d’entraînements pour nos future adversaire. Je vous suis redevable pour tous les efforts que vous fournissez et pour la faute que j'ai commise. Malgré tout cela, je vous estime bien plus que vous ne l'imaginez. Donnez moi un rôle à jouer dans leur formation. Il est inutile que vous en supportiez tous les efforts sur vos épaules.»
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A l'énonciation des ser Barristan et Jaime, Orys dut se retenir de rire. Lui-même n'avait pas la prétention de les égaler, et encore moins de se comparer à eux si ouvertement. Owen Tyssier n'avait rien d'eux, pas même une ombre. Et même si la comparaison correspondait plutôt à ce qu'il pensait, il y néanmoins un défaut dans celle-ci : les chevaliers ici présents savaient se battre, certes sommairement, mais assez pour flanquer une rouste à leur seigneur. Quant au Dornien, un simple geste lui suffirait probablement. Mais là n'était pas la question, il n'avait pas l'intention de le faire. Bien que certaines paroles de Valena Allyrion lui revinrent en mémoire. Notamment celles sur le fait qu'un homme comme lui servait un petit seigneur comme Tyssier.

Il essaya de chasser cette pensée de sa tête, sachant parfaitement qu'elle ne le conduirait pas dans les bons endroits. Il avait un devoir à accomplir. Aussi reprit-il son épée, et se dirigea-t-il vers les chevaliers. Il les rassembla.

 « On va s'entraîner du mieux qu'on peut à une charge. Sans blesser les gens en chargeant avec les chevaux. Prenez les vôtres, et allez montrer à Owen Tyssier que vous pouvez pulvériser ses mannequins. Ensuite, on fera une charge à pied. »

les minutes qui suivirent furent consacrées à l'assistance des « combats » des chevaliers. Ils s'élancèrent tous, chargeant les mannequins de bois à l'autre bout du terrain d'exercice. Ils se débrouillèrent, preuve qu'ils étaient bien meilleurs sur leurs chevaux qu'à pied. Malheureusement, un siège ne se déroulerait pas à dos de cheval, mais sur les remparts, à pieds, ou à l'assaut d'une porte, où une charge de cavalerie n'aurait aucun effet hormis de bloquer le passage. Les mannequins tournèrent au passage des guerriers, mais aucun ne fut désarçonné. Parfait. Il était temps de passer à l'exercice suivant.

 « Les chevaliers à terre ! Lord Tyssier, avec la moitié des combattants, et cinq chevaliers en guise de garde personnelle. En face, les autres, les chevaliers poussant leurs combattants à charger un ennemi d'importance. L'objectif : la vie du seigneur Tyssier. Celui qui est touché à n'importe quel autre endroit que son bouclier – et je saurais si c'est le cas – est éliminé ! En position ! »

Il était assez impatient, il devait bien l'admettre, de voir ce que Tyssier allait valoir en guise de commandant. Il ne s'attendait pas à un miracle, d'autant qu'il voyait déjà une faille dans le groupe : les chevaliers acceptaient avec plaisir de servir de gardes, mais beaucoup moins d'avoir à se battre avec les paysans. De l'autre côté, en revanche, le dispositif était bien mieux consolidé. Chaque chevalier avait cinq hommes en file derrière lui, prêts à le seconder pour frapper. Il suffisait d'une seule percée et le combat serait vite terminée.

 « Attention, préparez-vous ! EN POSITION ! CHARGEZ ! »

Et le sol se mit à trembler sous le grondement de leurs pas, alors que d'un côté un groupe chargeait, et que de l'autre ils attendaient de recevoir le choc. Là serait le point déterminant de la suite du combat : si le choc était bien encaissé ou si au contraire, la ligne était enfoncée. On allait voir si les enseignements d'Orys, à savoir l'utilisation du bouclier et d'une frappe mécanique et précise, allaient servir.
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Au milieu des Chevaliers, Orys se sentait sans doute pousser des ailes. Peut-être avait-il fait une erreur en le prenant sous sa toile, lui et sa femme. Comment pouvait-il se permettre de le désigner par son prénom et son nom de famille sans au moins le faire précéder du mot Lord. L'homme avait peut-être des griefs contre lui mais ce n'était pas une raison pour oublier les bases de la politesse. Avec un seigneur moins clément, le pauvre aurait pût se faire punir sévèrement. Le jeune homme s'éclaircit la gorge pour le rappeler à l'ordre. Il se permit de lui rappeler les choses sur un volume audible seulement par lui.

«Lord Tyssier, Ser Orys, Lord Tyssier. Ne commettez pas cet impairs devant vos hommes.»

Il ne s'en formalisa cependant pas de trop. Peut-être que les dorniens n'étaient pas à cheval sur les titres mais le placer ici sans le nommer par son titre était quelque peu impolis. D'autant plus qu'il était Chevalier alors pour une moindre peine, il se serait contenté d'un simple « Ser Owen ». La démonstration fut plus intéressante même si au final cela n'était pas pour le rassurer. Les mannequins c'était bien joli mais c'était différent de frapper une cible mouvante et plus imprévisible. La suivante allait le mettre à l'ouvrage. De quoi lui changer les idées et voir s'il n'était pas trop rouillé. Le jeune homme ses paysans en ligne, les exhortant pour leur donner du courage. Ses gardes le couvraient sur le côté, par l'arrière mais pas devant. Il se mit juste en retrait par rapport aux paysans et laissa un des chevaliers se fondre dans la masse pour frapper au moment opportun.

«Tenez votre position. Ne tremblez pas face à leur charge. Sachez qu'ils ont sans doute plus peur que vous. Ils savent que vous les attendez de pied ferme. Ce ne sont pas des cris d'encouragement qu'ils vont pousser mais des cris de terreur lorsque vous les repousserez. Allez y mes braves !  Pour vos terres, vos maisons, vos foyers ! Je crois en vous ! Nous allons triompher et montrer ce nous valons vraiment ! Dans notre toile, nous les attirons !  »

Ils se précipitèrent sur eux comme une vague déferlante en pleine tempêtes sur les cotes. Les paysans se campaient sur leurs jambes pour retenir la charge. Il fallait tenir et leur montrer ce dont ils étaient capables. Owen était prêt à se jeter lui même dans la mêlée si les choses tournaient mal. Sa garde n'était pas là que pour le protéger, elle était aussi là pour partir à l'assaut. Dés les premières lignes enfoncées, elle se mettrait en action pour les faucher. Owen garderait seulement un homme avec lui car il était bien en mesure de se défendre. Il ne comptait pas camper et attendre que la tempête se passe. Ils avalaient les mètres comme des morts de faim mais allait il enfoncer les lignes ou se rompre ? S'il parvenait à en éliminer suffisamment, les autres prendraient la fuite. Ici, il n'y avait pas d'avantage à prendre sur le terrain. Tout se jouerait à vrai dire, à la chance, à un peu de stratégie et aussi et surtout au moral des troupes. L'araignée leva son épée en l'air et donna le signal à ses troupes.

«Pour Froide-Douve ! Maintenant mes braves !»


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Comme on aurait pu s'y attendre, la pseudo-bataille fut un bordel indescriptible. Les deux côtés s'engagèrent dans une mêlée féroce et sans pitié, sans discipline et où il était inutile de se demander qui était avec qui. Si les chevaliers le savaient, les paysans n'en avaient plus aucune idée, car rapidement s'ensuivit une succession de duels et et de nouveaux adversaires pour chaque combattant. Seul Owen Tyssier était facile à identifier. Pas très étonnant, il était tout seul et sur un cheval. Difficile donc de ne pas le rater.

Orys, n'y tenant plus, s'approcha lui-même du groupe. Il observa de plus près la façon dont se battait les différents combattants de la mêlée, et ce qu'il vit ne lui plut pas. Personne ne suivait ce qu'il avait enseigné, et il avait bien peur que ce ne soit qu'un début. Avec chaque groupe qu'il avait eu sous la main depuis le début de l'entraînement, deux semaines auparavant, il avait réussi à leur inculquer un semblant de discipline à chacun. Les groupes ainsi formés pouvaient continuer de s'entraîner de leur côté, sous la supervision d'un noble, souvent un chevalier, et de former des groupes de combat à même d'évoluer au sein d'une vaste formation de guerre, l'ost d'Owen Tyssier. Malheureusement, il allait y avoir des complications avec ce groupe. Car de ce qu'il pouvait en voir, personne ne retenait quoique ce soit, et les chevaliers se mirent bientôt à frapper les paysans sans discernement, par simple amusement.

Voyant cela, le Santagar prit son épée et se jeta lui aussi dans la mêlée. Les paysans restants s'écartèrent aussitôt, comprenant qu'il allait y avoir du grabuge, car le meilleur combattant du château se mettait à se battre aussi. Les chevaliers, eux, ne remarquèrent rien du tout. Deux d'entre eux tombèrent, frappés par le Dornie, avant de remarquer quoique ce soit. Les autres se liguèrent alors contre Orys, qui dut reculer. Il essaya de les arrêter diplomatiquement, car il n'était pas certain qu'il puisse tout de même vaincre huit adversaires en même temps.

 « ASSEZ ! Ca devient n'importe quoi, là ! Cessez immédiatement le combat, ou je ne réponds plus de rien. Cessez... »

Il fut interrompu par un coup porté au visage. Il vit le morceau de bois le frapper à la joue, le sonnant quelques peu et l'expédiant au sol, crachant du sang. Il se releva, tremblant de fureur et avec plus qu'une seule idée en tête : punir celui qui venait de faire. Le responsable, un chevalier, eut un mouvement de recul en voyant le Santagar se relever pour le fusiller du regard. Même plus que ça, si le regard pouvait tuer, celui-ci serait réduit en cendres. Aussi, et sans tenir compte des exhortations à se calmer des gens autour d'eux, Orys se jeta sur lui, l'épée de bois en avant.

Tout se passa très vite, si bien que même lui ne savait exactement comment il avait réussi à faire ça. Il savait simplement qu'il venait de foutre un coup d'une telle puissance que l'épée du chevalier se brisa, qu'il essaya de reculer, mais qu'il n'en eut pas l'occasion. Il savait simplement, également, qu'il se retrouvait en train de tenir le chevalier à la gorge après ça, lequel était au sol, et que son nez était en sang. Le poing d'Orys avait visiblement rencontré à plusieurs reprises le visage de l'agresseur.

Se calmant peu à peu, il finit par le lâcher. Il recula de quelques pas, s'essuya la bouche, puis quitta le terrain d'entraînement afin de se calmer.
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L'assaut fut un véritable foutoir. La bataille semblait disputée et aucun camp ne semblait parvenir à prendre l'avantage ce qui était tout aussi négatif que positif. Au niveau défensif cela tenait bon mais le côté offensif n'était alors pas assez efficace. Un véritable petit casse-tête. Les chevaliers devaient sans doute être frustrés car ils abattaient leurs armes sur les paysans sans donner l'impression de faire attention au camp auquel ils appartenaient. Le Tyssier n'eut même pas le temps d'intervenir que son épée lige se lançait déjà dans la bataille. Il avait aperçu aperçu fugacement le mouvement d'Orys. Le Lord de Froide-Douve ne pût pas avancer à cheval dans la mêlée. C'était impensable. Il risquait d'écraser des paysans au sol sous les sabots de son équidé. Le blond descendit de cheval et se jeta lui même dans l'action. Repoussant les paysans de coup d'épaule pour passer gardant son épée en position de garde si jamais une mauvaise idée traversait l'esprit d'un de ses chevaliers. Mieux valait être prudent. Si certains avaient une dent contre lui, c'était le moment idéal pour frapper. Lorsqu'il parvint enfin à rejoindre la position du Santagar, il le trouva en position violente, s'acharnant sur un autre Chevalier. Le Santagar se détourna rapidement de sa proie et s'en alla. Le Tyssier prit alors la parole pour s'adresser à un des autres Chevaliers sur un ton autoritaire.

«Ser Walder, emmenez Ser Ronnel voir le Mestre pour qu'il le rafistole. Quant à vous autres, prenez une pause et reposez vous un petit peu. Nous reprendrons bientôt les exercices.»

Avant qu'ils ne reprennent le travail, il allait falloir non seulement les recadrer mais également s'occuper du Santagar. L'homme devait être dans une colère noire. Owen en ignorait les raisons mais il espérait bien percer ce mystère et essayer de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Le Lord au blason orné d'une araignée finit par rejoindre assez rapidement le chevalier dornien pour tenter d'éclaircir un peu cette situation bien sombre. Était-ce là le premier raté d'Orys, sa première faute depuis qu'il était rentré au service d'Owen ?

«Ser Orys, comment vous sentez vous ? Votre accès de rage en a terrifier plus d'un. Si vous comptiez leur flanquer la frousse, vous avez réussis mais ce n'est pas avec pareil méthode que vous gagnerez leur respect. Vous n'avez d'ailleurs pas besoin d'en faire de trop. Pourquoi diable avoir autant frappé ce Chevalier ? Je n'ai pas pût assister à toute la scène mais vous y êtes sans doute aller un peu fort avec lui. »

Le blond soupira calmement et posa une main sur l'épaule du Santagar. Un geste qui se voulait à la fois de soutien et réconfortant. Il fondait beaucoup d'espoir sur le Chevalier dornien et ne souhaitait pas le voir craquer ou réduire à néant tous les efforts consentis jusqu'ici pour un simple coup de sang.

«J'ai donné un peu de repos à nos troupes. Vous devriez en faire de même. Vous vous surmenez et cela n'apportera rien de bon. Prenez un peu de temps pour vous Ser Orys. La vie ne se résume pas à brandir une épée. Une coupe de vin et une discussion vous feront le plus grand bien. Vous m'en direz des nouvelles.»
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Il parvint finalement à se calmer, et ce avant même qu'Owen ne vienne le voir. Bon, il sentait encore la tension sous sa peau, dans sa tête, mais il avait repris l'essentiel de sa maîtrise personnelle. Ce qui était une bonne chose, car il avait été terriblement énervé par le chevalier et son action. A vrai dire, sa réaction, à lui-même, était en soi un peu exagérée. L'erreur était possible, et le chevalier n'avait pas forcément fait exprès. Pourtant, dans l'esprit du Dornien, l'action avait été bel et bien volontaire. Et il ne parvenait pas à concevoir l'événement passé autrement.

Il se leva, s'étira, et tâta doucement sa mâchoire. Il n'avait probablement rien de cassé, ni même aucune blessure sérieuse. Le choc avait été plus spectaculaire que véritablement dangereux pour sa santé. Ce qui, par conséquent, l'aidait à se calmer. Mais il espérait quand même pouvoir faire payer l'affront, car il était tout aussi rancunier que n'importe quel autre Dornien. Voir davantage, car ici les gens ne s'attendaient pas à des réactions de ce genre. Il était quelque peu unique en son genre. Même si Mezzara avait elle aussi quelques bonnes sautes d'humeur.

Il observa le sieur Tyssier, en disant mot. Il ne savait pas exactement ce qui l'empêchait de s'en aller pour être tranquille. La présence du maître des lieux le rendait fébrile. Il avait toujours le triste souvenir de ce qu'il s'était passé avec sa femme. Même si ces derniers temps, tout semblait s'arranger.

 « Il le méritait. » répondit-il simplement à la première question d'Owen.

Il savait que l'autre ne cherchait qu'à l'aider, mais le fait qu'il place sa main sur son épaule lui fit une sorte de choc. Il regarda quelques instants la main en question, n'y croyant qu'à moitié. Comment cet homme osait-il le traiter en ami ? Il n'était pas son ami. Du moins, Orys ne se considérerait certainement jamais ami avec un homme comme ce seigneur de Froide-Douve. Il tenait bien trop à sa propre fierté, et cet homme avait incité sa femme à le tromper. Non, un tel geste était déplacé. Mais il ne pouvait rien faire pour l'instant. Et il se contenta donc de répondre poliment, et en cachant le mieux possible son ressentiment. Qui lui, n'était évidemment pas factice.

 « Fort bien, allons-y. Boire et manger, voilà qui me tente assez, ma foi. Nous aurons ainsi l'occasion de nous reposer. »

Et il prit lui-même la tête pour partir en direction d'un lieu où manger et boire, comme proposé par le seigneur Tyssier.
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Le chevalier le méritait-il ? Owen n'avait pas assisté à la scène mais il se demandait bien ce qu'il pouvait avoir bien fait pour mériter une telle rouste. Lui même n'en avait pas eut pour avoir besogner Mezzara. Tout cela le dépassait réellement mais se côté revanchard et colérique devait lui venir de Dorne. Les Dorniens étaient réputés pour leur caractère sanguin, ce qui pouvait être considéré à la fois comme une qualité ou un défaut, et Orys ne devait pas faire exception à la règle. Le Lord de Froide-Douve se permit juste de commenter brièvement sans trop s'étaler sur ce fâcheux sujet.

«Les hommes ne reçoivent pas toujours ce qu'il mérite Ser Orys. A vouloir vous faire justice vous même, vous risquez de vous attirer de bien plus graves ennuis. Si je puis apaiser la situation d'une quelconque manière, je m'y appliquerais.»

Enfin Orys semblait accepter la proposition du Lord Tyssier et le jeune homme aux cheveux blonds le suivit. Lorsqu'il croisa le premier garder sur sa route, l'araignée l'envoya parler au Chevalier valide envoyé avec son compère blessé chez le Mestre pour lui donner l'ordre de continuer quelques séries d'exercices avec les troupes avant de leur donner quartier libre pour la journée. Tout le monde avait sans aucun doute besoin de repos. Les tensions palpables dans le Bief accompagnée d'un entraînement poussé pouvait pousser pas mal d'hommes dans leur dernier retranchement et avant que la poudrière n'explose, Owen préférait prendre le plus de précaution possible pour que cela ne se produise pas. Arrivé dans le château, Owen fit conduire Orys dans ses appartements pendant que lui même donnait ses ordres afin que l'on monte victuailles et vin, une des rares bouteilles de dornien qui restait à la cave, dans sa chambrée. Le jeune aurait trouvé irrespectueux de lui offrir le repas dans les appartements que le Chevalier partageait avec son épouse. Une fois ceci fait, il parti rejoindre Orys et regagna donc son antre.

«Le vin et les plats vont arriver incessamment sous peu. Mettez vous à votre aise, Ser Orys. Je ne suis peut-être pas la personne avec qui vous désiriez le plus partager ce genre de moment, mais comme vous, j'apprécie passer du temps avec mes gens que j'estime important. D'autant plus que nous avons très certainement un abcès purulent à percer tous les deux.»

A peine eut-il terminé sa phrase qu'une domestique pénétra avec un pichet de vin ainsi que deux coupes. Elle servit chacun de ses messieurs avec délicatesse avant d’annoncer que le repas ne tarderait pas à arriver. Dés qu'Owen lui eut donner la permission de partir, la servante s'en alla aussi discrètement qu'elle était arrivée. Le jeune trempa ses lèvres dans le vin avant de reprendre la parole calmement.

«J'espère que l'attention vous fera plaisir. C'est un vin de chez vous. Je n'ai plus que très peu de bouteilles de ce breuvage dans ma cave. Si jamais il vous plaît, je vous en offrirai une.»

Owen n'espérait pas l'amadouer avec du simple vin. Orys n'était pas le genre de pochard que l'on pouvait apprivoiser avec de l'alcool et quelques piécettes. Il était fait d'un bois bien plus noble et plus difficile à travailler.
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Un abcès purulent, hein ? Orys ne réagit guère, ou du moins essaya-t-il, lorsqu'Owen parla ainsi. Mais il ne faisait aucun doute que dans la tête du Dornien, ledit abcès était loin d'être facile à percer. Si tu veux parler de ce que tu as fait, soit. Mais ne t'attends pas à un pardon ou à une toupie. Je ne peux, et ne te pardonnerais jamais. Elle, je peux, car je n'ai pas toujours été là. Mais toi, tu as saisi cette occasion de faire le mal. Et un jour, tu le paieras. Conscient de cela, il put afficher un air aimable sans réellement se trahir. Voir sans se trahir du tout, car il ignorait si le lord était ou non un bon observateur. Son intuition lui soufflait que non.

Il remercia d'un signe de tête poli la servante, puis approcha le verre de son nez, sans rien dire de plus. Il huma doucement la senteur du vin, se rendant compte qu'il s'agissait bel et bien d'un de chez lui. Bien que n'étant pas un réel amateur de cette boisson, il savait faire la différence entre un vrai, un Dornien, et un autre, qui venait du reste de Westeros ou même d'Essos. Il connaissait quelques rudiments en matière d'étude du vin, mais sans plus. La question ne l'avait jamais réellement attiré, car il avait toujours été, et resterait sûrement toujours, un homme d'action. Parler ou se murer dans le silence constituait des éléments secondaires. Mais ces derniers temps, il n'avait guère l'occasion de passer à l'action.

Il se força tout de même à goûter le vin. Lequel se trouvait être plaisant. Tant mieux. Il était de toute façon nettement meilleur que celui qu'il avait bu dans la gourde, là-bas, sur le terrain d'entraînement.

 « Il est bon. Mais je me dois de refuser la bouteille, je ne suis guère féru de vin. »

Voilà qu'il parlait de plus en plus comme un non-Dornien. Un être plus « civilisé » comme disaient certains de la région. Ridicule. Les Dorniens étaient certainement bien plus tolérants et bien moins à cheval sur les principes que les autres, et cela n'en faisait pas des barbares. Loin de là, d'ailleurs. Car ni Orys ni son épouse n'étaient des sauvages, et tout deux venaient de Dorne. Même si Mezzara venait aussi d'Essos.

Finalement, la nourriture vint elle aussi. Orys observa distraitement la jeune servante, essayant de se rappeler son nom. Irina ? Irena ? L'un des deux, mais il ne savait pas lequel. Voilà qui l'intriguait. Mais vu qu'il avait décidé de vivre ici – pour le moment – il allait lui falloir retenir les noms de tout le monde. Une fois servi, il attaqua immédiatement le repas, savourant les quelques bouchées chaudes qu'il prit. Il se laissa aller ensuite sur le dossier de sa chaise, et planta son regard dans celui d'Owen.

 « Alors, de quoi vouliez-vous me parler ? Ce n'est pas sans raison que nous sommes ici. Parlez donc, je suis tout ouïe. »

Voilà qui était parlé en vrai Dornien.
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Le Dornien devait très bien savoir ce dont le Tyssier parlait et au fond de lui même Owen savait que la cause serait sûrement jouée d'avance. Mezzara devait sans doute lui avoir joué la carte de la faiblesse ou du Lord tentateur alors qu'elle était aussi coupable qu'il ne l'était. Malheureusement le  dornien ferait sans doute plus confiance à sa femme qui l'avait mené à vivre une vie de nomade dangereuse plutôt que le Lord qui leur avait offert la stabilité, le gîte et le couvert. L'araignée avait remarqué le geste de recul quand il avait posé sa main sur l'épaule du Santagar plus tôt dans la journée et il se doutait qu'il était forcément lié à l'incartade de son épouse. Orys n'appréciait pas le vin. C'était bien sa veine. Si le Chevalier avait possédé un quelconque goût pour l'alcool, il aurait été plus simple de l'amadouer. En un sens cela lui ferait faire des économies puis qu'il n'aurait pas à saouler son interlocuteur. Le jeune homme se permit de mettre les pieds dans le plat en comparant le vin à une femme tentatrice. Ainsi il préparait le terrain tout en introduisant le sujet des femmes adultères.

«Le vin est une amante délicieuse mais ô combien traître. Vous avez bien raison de vous tenir à distance de cette boisson. L'alcool a fait perdre la tête à plus d'un homme depuis l'âge des Héros»

Les yeux du Sire de Froide-Douve ne perdirent pas une miette de l'observation d'Orys qui semblait perdu dans ses pensées en regardant sa domestique. Les femmes ne le laissaient pas indifférents en dehors de son épouse. Cela il en était convaincu. De plus, qui pouvait garantir qu'il s'était toujours montré fidèle envers Mezzara ? L'homme lui en voulait peut-être pour avoir tenté sa femme mais il devait sans doute également rejeter sur Owen la propre colère qu'il ressentait à l'égard de sa propre personne. Le Santagar ne semblait pas vouloir ménager son Seigneur si bien qu'il alla droit au but. Voilà une intention louable qui permettait à l'araignée de ne pas tourner autour des pots.

«Vous devriez être plus discret quand vous regarder une domestique de manière aussi intéressée. Je suis convaincu que vous ne devriez pas la laisser indifférent elle aussi mais revenons à nos moutons. Je veux parler d'une fâcheuse histoire qui nuit à notre relation. Vous n'êtes pas idiot et vous savez exactement de quoi je vous parle : le fait que votre femme et moi nous soyons écartés du droit chemin. Je me doute que vous m'en voulez toujours. Je ne suis pas tout blanc dans cette histoire. Ma question est bien simple ... dois je continuer à vous garder à mes côtés ou me séparer de vous ?.»

Mettre en avant ses possibilité d'infidélité était ingénieux mais à vrai dire il soulevait une question importante et laissait une autre en suspend à laquelle Orys n'avait sans doute pas pensé. S'il l'avait désiré, le Chevalier Dornien ne serait plus de ce monde et aurait été passé le bonjour à l'Etranger sur un simple ordre d'Owen. Si l'araignée le gardait dans sa toile alors qu'il pouvait être un obstacle, le Santagar pouvait s'en avérer heureux. L'humilité n'était sans doute pas sa qualité première mais Ser Orys devait apprendre à l'apprivoiser.
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Un éclair passa dans les yeux sombres d'Orys. Lui, tromper sa femme ? L'infidélité faisait partie des choses qui lui donnaient des envies de meurtres, et en cela il était certain que jamais il ne ferait ça. Ce qui s'était passé pour sa femme, c'était une histoire différente, qui n'avait pas qu'elle et le lord ici présent pour causes. Toujours était-il que si la servante était sous son charme – que cela soit vrai ou faux – il s'en fichait totalement. Au contraire, il aurait tendance à en éprouver de la gêne, sachant que de son côté rien ne pourrait jamais en ressortir. Rien de bon en tout cas.

Il préféra cependant ne pas relever l'insulte, qu'elle soit elle aussi volontaire ou non. Il but une gorgée de vin, puis avala une bouchée de son repas. Chaud, il lui fit du bien, et cela lui rappela à quel point il se privait ces derniers jours. La tâche qu'on lui avait confié ne l'épuisait pas, mais pas loin. Il en oubliait bien des choses, même s'il n’oubliait pas Mezzara. Plus jamais il ne ferait cette erreur, car sinon il risquerait de vivre à nouveau leur tragique épisode. Et cette fois il ne s'en remettrait sûrement pas. Même pour elle, il ne pouvait pardonner deux fois.

 « Il n'y a que vous pour répondre à cette question. Vous savez qui je suis, ce dont je suis capable. En revanche, vous ne savez pas ce que je veux, et je compte bien que cela reste ainsi. Je ne sais pas ce que vous voulez non plus. Je m'en fiche, à vrai dire. Tout ce que je puis affirmer, c'est que je ne chercherais pas à me mettre en travers de votre route. Vous le savez aussi, vous ne devriez donc pas, à mon sens, avoir peur de cette possibilité. Puisqu'elle est impossible. »

Il but une gorgée, mangea un morceau.

 « Maintenant, pour ce qui est de mes choix... Je ne peux influencer les autres. Je ne suis pas assez ambitieux pour cela. En revanche, je peux parler en mon nom et en celui de mon épouse. Au vu de la... situation actuelle disons, il n'est pas impossible que je vous demande une unique faveur. Vous devinez sans peine de quoi il peut s'agir. Je ne tiens pas à passer pour un plaintif, un geignard, un faible. Mais vous savez que jamais je n'ai demandé quoique ce soit. Or, ce jour-là, je vous demanderais quelque chose. Et pour que rien de mauvais ne sorte de tout cela, j'espère que vous accepterez. Quand l'heure sera venue. »

Quitter Froide-Douve serait certainement un choix nécessaire, mais il ne serait pas aussi facile qu'il le supposait. Il se confronterait sûrement à un dur retour à la réalité des voyages, avant d'arriver à Dorne, où il vivrait une autre vie. A Bois-moucheté ? Peut-être pas, se dit-il, son regard perdu dans son repas. Une idée émergea soudain dans son esprit. Inattendue, mais pas irréalisable. Encore fallait-il qu'il le veuille vraiment, et Mezzara avec lui.

Il but une gorgée, mangea un morceau. Il attendait la réponse.
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