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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir. | ft. Desmera.

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Lune 13, semaine 4, 298: Villevielle se dressait devant moi, sous la lueur des multiples lanternes émanant du grand port. Le convoi en provenant de Port Réal s'était arrêté et j'avais sauté au sol, recouvrant mon visage d'une longue capuche noir. Mes vêtements se fondaient dans la nuit presque entière, sombre et cousu de coton. J'avais décidé de me glisser parmi des marchands itinérants, afin rejoindre Asha dans cette grande ville commerciale. À mon plus grand regret, j'avais abandonné le Sea Hawk aux mains de mon second pour qu'il puisse le ramener aux îles de Fer. Par corbeau, ma cousine m'avait fortement conseiller de venir par voie fluviale, afin de me pas inquiéter la population du Bief. Trop de bateau fer-nés dans un même port, n'était pas de bonne augure pour ces continentaux. Avec mon baluchon, je ressemblais à un vagabond, un pauvre gueux qui avait au moins la chance de porter des chaussures trouées. À force de porter toutes sortes de guenilles pour me fondre dans la masse, cela ne me dérangeait plus vraiment. Mes yeux d'un bleu clair s'étaient arrêter sur les milles lanternes qui éclairaient les alentours d'un parc situé au cœur de la ville. Les hauts arbres qui décoraient le jardin, se voyaient de là où j'étais.

L'embarcation devait déjà être arrivée au port, mais je n'en étais pas si sûr, alors je décidais de traverser Villevieille pour vérifier tout cela. Le phare, de plus de deux cents mètres de hauteur, m'aidait à m'orienter. En passant dans une ruelle, deux gardes m'interpellèrent. « EH toi ! » ça aussi, ça n'était pas de bonne augure. Décidément, je ne portais pas le bon déguisement... Ils ne pouvaient tout de même pas me confondre avec un ivrogne, si ? Je ne m'étais pas retourné, j'avais pressé le pas pour me dissimuler dans la pénombre du jardin de la ville. Je n'avais aucune envie de m'attarder dans ce lieu, même si l'odeur florale des millions d'espèces végétales qui décoraient le jardin, commençait à me tiller les narines. Tel un félin, je me glissais entre les plantes et les arbres, vêtu d'un pantalon noir et léger, d'un long manteau noir à capuche et d'une légère tunique bleu foncé. Mon visage dissimulé dans l'ombre, j'écoutais les voix qui se perdaient sur les allées du parc. Sur la droite, il y avait ce magnifique labyrinthe végétal, mais je n'avais pas l'intention de m'y rendre... non, je voulais tout simplement disparaître en direction du port. Malheureusement, je ne pouvais aller plus loin à cause des gardes qui sillonnaient les environs. Derrière un arbre centenaire au tronc très large, je ne pouvais faire un geste, je ne pouvais même plus faire marche-arrière pour retourner sur la route. Les milliers de lanternes qui éclairaient les lieux, rendaient mon escapades beaucoup plus difficiles. Le parc était agréable pour une promenade nocturne. Pas aussi beau que les jardins de Port Réal, mais ce jardin public attirait un peu trop de monde à mon goût. Ces gardes m'exaspéraient, je préférais tout le même dormir sur un navire ou dans une chambre d'auberge, plutôt que les cellules crasseuses de la garde. Je voulais me faufiler plus loin, quand soudain, je reconnu une voix féminine.

Je tirai sur ma capuche, afin qu'elle dissimule un peu plus mon visage. La jeune femme était aussi belle que dans mes souvenirs, mais auparavant, elle ressemblait plus à une enfant agaçante. Ce soir-là, elle semblait révéler sa féminité sous la lueur de la lune, d'une beauté rare. Je pensais qu'elle allait s'éloigner avec son petit groupe, mais la jeune biefoise fit l'erreur de s'écarter du troupeau. Peut-être voulait-elle rejoindre d'autres gens ? Quoi qu'il en soit, elle allait tomber entre mes griffes. Je pouvais la laisser partir et garantir ma survie, mais choisissais la liberté. Je me souvenais de notre première rencontre. Cette petite peste m'avait dénoncé aux gardes, alors j'avais fuis toute la nuit avec ses hommes aux trousses, sans pouvoir dormir dans une auberge ou ruser pour quitter la ville convenablement. Non, bien au contraire, elle m'avait forcé à errer jusqu'au prochain village. La seconde fois, je n'avais pas vraiment eu le temps d'avoir un tête à tête avec elle, alors ce soir, j'allais changer la donne. Dans l'obscurité profonde, que les lanternes dissipaient mal, ma main attrapa son poignet telle une serre brûlante. Comme un démon, je me jouai de sa surprise, en lui dévoilant mes traits sous un sourire moqueur. « Où courrez-vous ainsi, ma lady ? », lui soufflai-je. « Vous tombez bien... Il y a beaucoup trop de gardes ici, vous allez me permettre de sortir de ce guêpier en vie. »

J'agissais peut-être comme un rustre avec elle, mais elle l'avait bien cherchée. Il avait des femmes qui inspiraient la galanterie, d'autres non. Celle-ci m'avait mise dans des situations compliquées, je ne comptais pas jouer les gentilshommes en baisant sa main et en faisant la révérence. Et puis, ce n'était pas fer-né. Ma main tenait toujours son poignet, alors je la traînais avec moi dans ce gigantesque labyrinthe. « Quelle chance que ce jardin abrite ce petit labyrinthe... Nous allons pouvoir discuter calmement. J'espère que vous êtes satisfaite. » Alors que je m'enfonçais dans les allées du labyrinthe, je restais prudent, afin de ne croiser personne.  
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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir
Villevieille | 298, lune 13, semaine 4

Villevieille n'était qu'une étape dans notre périple, le deuil qui frappait notre famille allait nous mener vers HautJardin, nous avions donc une longue route à faire pourtant lord Paxter avait exigé que nous restions en la demeure des Hightower. Ces derniers recevaient une délégation de fer-nés, je doutais que la présence des Redwyne soit une bonne chose pour la main de roi, mais celui-ci ne nous avait jamais refusé le repos. Mère aurait voulu rester la nuit afin de pouvoir repartir au plus vite, j'approuvais entièrement sa volonté. Depuis que nous avions aperçu les navires des Iles de Fer, un malaise s'était emparé de moi, une sorte de bouffée d'angoisse comme je n'en avais pas connu depuis la disparition de Hobber. Il était certes revenu en nos vies mais j'avais appris à croire en mon instinct, à m'y fier plus que de raison, il m'avait plus d'une fois montré qu'il était dans le vrai. Le sentiment que me provoqua la vue de ces navires, me coupa le souffle, me clouant sur place alors que les souvenirs se pressaient à la porte de ma mémoire. Ce n'était pas tant de savoir qu'il y avait des fer-nés à Villevieille, j'avais eu mon lot de rencontre avec ces individus, la plupart du temps sur nos terres, dans notre port marchand, et même en ces lieux que m'avait tant de fois accueillis. Il s'agissait plutôt de la liesse populaire qui envahissait le port alors que nous débarquions, alors même que père et Horas donnait leurs ordres, la rumeur courrait, se propageant de bouches en bouches, arrivant à nos oreilles. Tous les Hightower se trouvaient réunis en leur château... Daena était donc ici. Ce n'était pas ce qui arrêtait lord mon père, nous devions nous rendre aux funérailles de Mace Tyrell, la perspective d'une entrevue avec lord Baelor ravissait l'ainé de notre famille.

Ce n'est qu'une fois dans les murs, alors que nous avions été conviés à demeurer dans les appartements réservés à cet effet, quand nous nous étions installés, que la nouvelle fit exploser tous les doutes qui m'avait effleuré. Il ne s'agissait pas de n'importe quelle délégation, des Greyjoy et Noirmarées avaient été invité à Villevieille... Baelor était donc ici, en même temps que Daena. Mes jambes avaient cédé avec célérité, affolant tout le monde autour de moi. On me somma de prendre du repos lorsque je me retrouvais dans l'incapacité de dire les raisons de mon malaise soudain. Qu'aurais-je pu dire ? Si Daena et moi-même étions en froid depuis des années, il y avait des secrets qui ne pouvaient jamais être révélé, à qui que ce soit. Cela aurait été une véritable déclaration de guerre. Pire je redoutais de me retrouver en la présence de l'homme à l'origine de mon tourment. Baelor avait rendu mes séjours à Villevieille plus agréables, mais il avait pris bien des souvenirs et même plus sans que personne n'en soit jamais informé. Restée seule, allongée ne m'apportait rien de bon, je ne faisais que ressasser mes pensées, emplissant mon cœur de souffrance. Je demandais à sortir du palais, à respirer l'air frais, il me fallait m'éloigner de ces deux personnes qui ignoraient tout de ma présence, qui ne soupçonnaient pas les tourments qui étaient miens. Rappelant que les gardes avaient été doublé dans la ville, comme nous avions pu le voir à notre arrivée, j'obtenais de laisser nos propres hommes tranquilles, seule ma dame de compagnie fut obligé de me suivre.

Nous marchions vite, je voulais m'isoler dans l'un des jardins de la ville, il me fallait du temps pour organiser mes idées. Je n'étais pas maitresse de mes émotions, ce que je détestais par dessus tout. "Ma lady nous devrions rentrer, vous pourrez faire cette promenade demain." "Tu peux rentrer si tu le désires, j'ai besoin de rester un peu seule." Bien évidement elle n'en fit rien, continuant de me suivre. Un garde nous interpella alors que nous touchions au but, nous sommant de nous arrêter, ce n'est qu'une fois en face de moi qu'il reconnu l'écusson sur ma broche, celui de ma famille. "Pardonnez-moi ma lady mais vous ne devriez pas vous promenez seule, surtout en ce moment. "Je vous remercie chevalier mais vous et les autres êtes là pour assurer notre protection, je n'ai pas à craindre que l'on attente à ma vie." S'il voulu protester, je ne lui en laissais pas le temps, je recommençais à avoir le souffle coupé, je devais prendre le temps de respirer. Je contournais l'homme, me dirigeant vers le sanctuaire de mes précieux souvenirs. "Mélinor, reste ici" "Mais lady Desmera, je me..." "Je veux être seule" Je n'aurais souffert aucun désaccord, pénétrant dans les allées fleuries, embaumant l'air de parfums agréable, apaisant mon esprit. Baelor et Daena ne cessaient de venir se rappeler à mon esprit, sans que je ne puisse rien faire pour les repousser, les occulter de ma mémoire. Je laissais le soin à mes pieds de se laisser guider vers l'abri de leur souvenir, près de l'arbre centenaire, un peu en retrait, avant le labyrinthe. Si le parc était parfaitement éclairé, le labyrinthe n'était guère doté des lanternes nécessaires à la déambulation nocturne, personne ne s'y aventurant de nuit. Je soufflais un peu exhortant mon cœur à reprendre un rythme normal quand soudain je fus happé par une poigne de fer, comme une corde me ligotant le poignet, mon corps bascula vers l'arrière percutant de plein fouet celui d'un homme. Ma bouche s'ouvrit en un cri qui mourût à l'entente de cette voix. Ma surprise fut telle que je me laissais faire, j'avais été bien sotte. Mes pensées était tellement préoccupé par la présence des deux anciens amants que je n'avais songé que la délégation Greyjoy pouvait avoir d'autres fer-nés dans la ville. Que l'un d'eux serait plus proche que je ne l'aurais voulu.

Il y avait bien longtemps que je n'avais vu celui-là en particulier, j'étais plus jeune et je n'avais guère tenu à en savoir plus sur sa personne. L'impétuosité dû à mon âge m'avait poussé à faire ce que toute lady se doit de faire en se retrouvant seule face à un pirate : hurler, jusqu'à ce que les gardes réagissent et le poursuivent. J'aurais pu recommencer, appeler les gardes qui circulaient tout autour de nous, m'époumoner pour qu'on vienne à mon aide. Je n'en fis rien, il ne pourrait jamais sortir de la ville en ma compagnie sans provoquer la fureur du lord, alors même que des fer-nés dinaient en sa présence. Un tel affront n'aurait pas été toléré, l'homme tirant le bras de manière si peu galante n'était pas un fou. Ma robe de deuil se confondaient avec les ténèbres des feuillages, seule ma peau prouvait de ma présence en ce lieu, ainsi que la sensation de ses doigts sur celle-ci me rappelant que j'étais bien là. Je le forçais à s'arrêter, s'il voulait m'entraîner plus loin, il devrait me porter, et je n'étais pas femme à me laisser faire. J'arrachais mon bras de sa poigne, ma peau avait surement rougie d'avoir été si serrée, je ne pourrais constater les dégâts qu'à la lumière d'une chandelle. Alors que la tumulte avait battu son plein dans mon esprit, j'étais calme lorsque je m'adressais à lui . "Que croyez-vous Greyjoy ?" Nous étions à l'abri d'oreilles indiscrètes mais je n'haussais pas le ton pour autant, je n'étais plus cette enfant qui avait besoin d'aide pour se sortir de situation délicate. Je prenais le temps de l'observer à la lumière de l'astre nocturne, la lanterne la plus proche se trouvait derrière lui. Il avait quelque peu changé, comme si le poids des années n'avaient eu que peu d'emprise sur lui, je remarquais son air suffisant, celui de l'homme sachant parfaitement ce qu'il faisait. Quelque chose me chiffonnait, une pensée insidieuse s'insinuait en moi, me révélant le caractère anormal de la situation. Un sourire narquois se dessina sur mes lèvres, tandis que je mettais le doigt sur l'évidence. "Vous n'êtes pas venue avec la délégation" avais-je susurré d'une voix douce, "c'est cette raison qui vous pousse à croire que je vais vous aider à échapper aux gardes."

Mon esprit s'envola vers les évènements qui m'avaient poussé à être là, en cette nuit étoilée, alors que ma main effleurait les feuillages d'une douce caresse, me rapprochant de la seule lanterne de ce coin de labyrinthe. La mort de Mace Tyrell, mon oncle, la décision de Paxter faisant voyager tous les Redwyne vers HautJardin, la présence de Daena, cette amie qui me détestait pour avoir osé éprouver les mêmes sentiments qu'elle à l'égard d'un fer-né, le retour du dit fer-né et enfin ma présence forcée auprès d'un autre fer-né. Les Sept avait une drôle de façon de me jouer des tours. Je me retournais, faisant face à celui qui occupait mes nouvelles pensées, le détaillant plus ouvertement avant de reprendre la parole. Possédait-il déjà cette beauté sauvage dans le regard ? Ou était-ce ma propre vision des hommes qui avait évolué avec l'âge ? Je me surpris à me demander ce que pouvait cacher ce manteau aussi sombre que la nuit. Plantant mes yeux dans les siens, je susurrais de nouveau. "Je n'en ferais rien."
© Feniix


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Lune 13, semaine 4, 298: J'étais à la fois perplexe et contrarié, sous ce ciel obscure, parsemé d'étoiles scintillantes. Perplexe, puisqu'elle n'alertait pas les gardes qui sillonnaient les environs et contrarié par la résistance qu'elle faisait preuve. Elle me résista et échappa à ma poigne, ce qui me forçait également à m'arrêter. Décidément, j'avais passé beaucoup trop de temps sur les mers, à m'accoutumer au statut de seul maître à bord du Sea Hawk. Je n'appréciai guère les affronts, je ne n'avais pas l'habitude qu'un individu, en dehors de mon équipage, se confronte à mes exigences. La seule femme qui méritait tout mon respect était Asha, puisqu'elle possédait une force qu'aucun homme n'égalait. Mais ce petit bout de femme là... Qui osait se rebiffer ? Je devais sûrement rêver. Le visage fermé, je lui lancer un regard sombre. Sur mon navire, rien ne m'aurait empêcher de la pendre, de la jeter à la mer ou de la donner en jouet à mon équipage si je le jugeais bon. Malheureusement, le Sea hawk voguait en direction des îles de Fer, alors que je me tenais là, dans un labyrinthe végétal à échapper à aux gardes. Je finis par respirer profondément, avant de capituler à mon tour. Elle m'avait donc reconnu et pourtant, la jeune femme dégageait toujours cette assurance. Mon but n'était pas de l'effrayer, j'avais bien d'autres chats à fouetter. Cependant, je ne pouvais pas rester là, parmi ce danger qui rôdait tout autour de moi.

Je surpris son regard qui me détaillait. Il était vrai que beaucoup de temps s'était écoulé, après notre dernière entrevue. Jadis, elle était plus jeune, plus arrogante, telle une enfant de bonne famille qui se sentait protéger de toutes souffrances. Aujourd'hui, ses yeux trahissaient les épreuves qu'elle avait traverser et qu'apparemment, continuaient de l'accabler. J'étais assez bien placé pour savoir qu'il n'y avait pas d'âge pour cela, je me souvenais encore du terrible deuil qui m'avait poussé à m'infiltrer clandestinement sur un navire fer-né. Sa tenue de noir m'indiquait qu'elle n'était pas à Villevielle pour une visite de courtoisie. Alors les rumeurs étaient donc vrais, Mace Tyrell était mort. N'empêche que je ne comprenais pas sa façon d'agir... Ce balader seule dans un parc à peine éclairé, était totalement inconscient et stupide. Soudain, je me figeais sous ses paroles, la délégation était déjà là ? J'étais censé arrivé plus tôt, mais apparemment j'avais pris un peu trop de bons temps sur le trajet. Je levai les yeux au ciel pour lire la position des étoiles. Il était encore un peu tôt pour le banquet, j'avais donc le temps de les rejoindre, mais si cela n'était pas le cas, il me restait à rejoindre le port et le navire d'Asha. Le corbeau qu'elle m'avait envoyé à Port-Réal était assez court, avec une date, le lieu et un bref commentaire. Après tout, on ne pouvait envoyer tout un récit dans ce genre de missive.

Son sourire sournois ne m'avait pas échapper. Ah, elle avait l'air fière d'elle, cette petite insolente. Je comprenais maintenant la présence exagéré des gardes, il fallait absolument que je leur échappe. Je tentais de rester stoïque face à la jeune biefoise, il n'était pas question qu'elle lise ma réaction à cette nouvelle. Mon esprit fonctionnait à grande vitesse, calculant les diverses possibilités d'une arrestation. Premièrement supposition, si les gardes arrivaient à mettre la main sur un fer-né, déguisé et errant dans les rues, les Hightower pouvaient prendre cela comme une conspiration. Deuxième supposition, je pouvais tout simplement dire la vérité en prétextant que ce n'était qu'un malentendu... Et puis, j'avais garder le message d'Asha. Je préférais tous même leur échapper, afin de ne soulever aucune mésentente. Mes yeux clairs brillaient sous ma capuche, puis soudain, je l'attrapai par la taille, afin de l'attirer contre ma poitrine. « Oh, mais je ne vous en laisse pas le choix. Vous allez m'aider à échapper à ces satanés gardes et à rejoindre mes confrères. » Mes lèvres trop proches de son visage, s’étirèrent en un sourire machiavélique. « Si vous pensez que je ne suis pas capable de vous porter, détrompez-vous. Ça serait bien dommage que la population nocturne de Villevielle contemple vos dessous, alors que je vous porte sur mon épaule. » Après cette menace, mon esprit divagua quelque peu, sur la beauté de la jeune femme et le trésor qu'elle pouvait dissimuler sous cette tenue. Sa peau semblait aussi douce que la peau d'une pêche et son délicieux parfum me donnait l'eau à la bouche. Je pouvais continuer à la comparer à un fruit que je défeuillerais bien sous la lueur du labyrinthe, mais je ne devais pas m’égarer autant.

« Soyez plus maligne... Plus vite vous m'aiderez, plus vite vous vous débarrasserez de ma présence, ma lady. » Insistai-je à voix basse, afin de dissimuler mon trouble passagé. Soudain, j'entendis un bruit métallique, qui provenait sans doute de l'armure d'un des gardes. Mon sang ne fit qu'un tour, alors que je plaçai une main sur les lèvres de la jeune femme. Il n'y avait aucune brusquerie dans mon geste, mais je l'avais sûrement empêché de répliquer... que sais-je. Malgré les proportions que prennent cette escapade, je trouvais ça plutôt excitant. Je finis par la lâcher et d'un geste impérieux, je lui priais de me suivre. « Allez vous enfin m'expliquer votre présence ici ? Pourquoi n'êtes vous pas en présence de la famille Hightower ? » Questionnai-je malgré tout, après que le garde s'était éloigné.

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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir
Villevieille | 298, lune 13, semaine 4

Je ne parvenais pas à croire ma propre audace. Une folie serait plus exacte. Quelle femme irait se jouer d'un fer-né tel que l'homme me faisant face? Il avait de nombreuses raisons de s'en prendre à ma personne. Il était de vérité universellement établie que les fer-nés n'avaient aucune pitié pour la vertu des jeunes lady, ils se contentaient de prendre ce qu'ils désiraient, or, bétail, alimentation ou femmes. Ils ne craignaient nullement le jugement des Sept, leur dieu ne les punissaient pas des pêchés qu'ils perpétraient, ils étaient ainsi. Il y avait eu une tentative d'instaurer la nouvelle voie dans les Iles de Fer, peu avait été ceux qui y avait adhéré. Mon cœur se serra en repensant au seul fer-né que je connaissais que avait cru en la nouvelle voie, s'y était converti, je doutais à présent qu'il la suive toujours. J'avais mal, mais ne souhaitais nullement que l'homme me faisait face comprenne qu'il y avait une faiblesse à exploiter, je me devais de garder ce masque, si durement construit... Morceaux après morceaux, chaque souffrance apportant sa pierre à l'édifice, bien qu'il ait été fragilisé par le retour de Hobber ce masque était devenue ma force, mon arme ultime. Il était donc hors de question qu'un pirate puisse voir une quelconque émotion que je n'aurais pas voulu qu'il voie. A peine cette pensée venait elle de renforcer ma détermination que je me rappelais l'incongruité de la situation dans laquelle j'étais empêtrée, tel un insecte piégé dans la mélasse, j'ignorais comme me sortir de là sans devenir une monnaie d'échanges pour une liberté, qu'il aurait conservé s'il n'avait mis pieds à terre. Mais les fer-nés étaient ainsi, aucunes interdictions ne leur faisaient peur, tant que leur bon vouloir était satisfait, qu'il n'était pas contrarié. Or je savais parfaitement qu'il ne m'avait pas choisi au hasard, après tout j'avais vu d'autres personnes se promener dans le parc... Personne n'avait été assez imprudent cependant pour le faire seul, ni ne s'était approché dangereusement de la pénombre du labyrinthe. Sans doute estimait-il que je devais payer pour la fois où je l'avais dénoncé aux gardes. L'époque n'était pas la même, je n'étais pas la même. S'il n'avait pas parlé ce jour là, sans doute ne l'aurais-je pas reconnu aujourd'hui, mais il avait parlé, à visage presque découvert, à une enfant à laquelle on répétait sans cesse que les fer-nés étaient mauvais, qu'ils ne devaient pas venir sur le continent. J'avais alors fait ce qu'il me semblait le plus juste. Aujourd'hui encore, je refusais à croire que j'avais eu tort d'agir de la sorte, je devais reconnaître pourtant que certaines circonstances se prêtaient à une relative acceptation de la présence des êtres honnis. La preuve ne résidait-elle pas en cette nuit, alors que Daena accueillait, sous l'égide de son père, une délégation venue pour la présentation d'un fils. Un fils né de l'union d'un fer-né et d'une bieffoise.

Les circonstances joueraient-elles en ma faveur cette nuit ou cet homme voudrait-il me faire payer pour les ennuis que je lui avait causé, il y a de cela de nombreuses années ? Je ne saurais le dire, j'avais comme perdu tout sens commun depuis l'annonce du retour de Baelor en ces terres. Il était ironique de songer que c'était dans un parc comme celui-ci que nous nous promenions, échangions sur nos vies respectives, peut-être même avions-nous parcouru les allées de ce labyrinthe, quand les narcisses étaient en fleurs. La pérégrination de mes pensées s'interrompit lorsqu'il posa de nouveau les mains sur moi, attirant mon corps au plus près du sien, la brusquerie de ce mouvement m'obligea à parer à l'impact, l'une de mes mains se retrouvant coincé entre ma poitrine et la sienne. Cette proximité était nouvelle pour moi, elle ne ressemblait en rien à l'étreinte que père me donnait parfois à l'abri des regards, ni à celle étouffante que m'avait donné Hobber à son retour, qu'il continuait de me donner parfois comme pour se prouver qu'il ne rêvait nullement, que j'étais son point d'ancrage en ce monde, ni celle que j'avais reçu tant de fois lors des retrouvailles avec la gente masculine familiale. Cette étreinte était plus bestiale, plus autoritaire, elle n'était pas le fruit d'une attention tendre entre deux être épris l'un de l'autre mais celle de la contrainte, de l'autorité d'un homme sur une femme. Il ne faisait plus aucun doute que l'homme me faisant face n'avait pas pour habitude qu'on ne lui obéisse pas, il commandait et s'attendait à ce que tout le monde s'exécute. Il était normal pour lui d'attendre que j'en fasse de même. Plantant son regard dans le mien, un regard qui ne souffrait le refus, il ouvrit la bouche, parlant à voix basse, rappelant la raison de ma présence en ces lieux, en sa présence. Le choix s'offrait à moi de l'aider ou de hurler pour que l'on vienne m'aider, qu'adviendrait-il alors de moi ? Son besoin d'échapper à la garde était tel que j'imaginais volontiers qu'il ferait en sorte qu'aucun son de sorte de ma bouche. Peut-être même à jamais. Nous étions déjà si proches l'un de l'autre que je ne compris comme il pouvait se rapprocher, pourtant ma main coincée entre nos deux corps, se pressa encore plus en mon sein, son souffle frôlant ma peau. Mes yeux se posèrent sur le sourire machiavélique qui n'annonçait rien de bon. En d'autres lieux, en d'autre temps j'aurais pu craindre un tel semblant de menace, la population de Villevieille aurait bien rire de pouvoir observer les dessous d'une lady, j'aurais été mortifié de me retrouver dans une telle situation, qu'avais-je à craindre aujourd'hui, les villevieillois étaient trop préoccupés par la présence de fer-nés en leur cité pour se préoccuper d'une jeune lady, seuls les gardes s'offusqueraient de ce qu'il m'arrive.

J'humectais les lèvres, reprenaient un peu de ma fierté, essayant de le repousser. J'étais moi-même une femme qui avait pour habitude de donner des ordres et d'être obéie, quand bien même mes ordres passaient par des subterfuges, ils atteignaient toujours leurs buts. Je savais qu'il ne mettrait pas sa menace à exécution, non pas qu'il n'oserait pas le faire. C'était un fer-né, et ces derniers faisaient fi des convenances. Je savais qu'il n'en ferait rien parce qu'il souhaitait mon aide, en conséquence je n'en déduisais qu'une chose, il voulait être discret. "Il serait surtout bien dommage que les vôtres se retrouvent pointés du doigt, parce que l'un des leurs n'a pu s'empêcher d'être un rustre avec une invitée. Qu'ils soient chassés, avant même que vous n'ayez atteint votre objectif" lui murmurais-je. J'avais conscience que c'était une provocation de plus, je ne parvenais pas à me contenir. Les vannes depuis trop longtemps fermées, refusaient de le rester plus longtemps, j'avais ce besoin irrépressible de faire comme bon me semblait alors que la bienséance me demandait de rester calme, de demeurer la parfaite lady qu'on attendait que je sois. Je doutais que la perfection puisse exister lorsque le monde se révélait une épreuve de chaque instant. Les Sept nous avaient pris Hobber, nous lui avions offert une sépulture, avions prié pour son repos éternel, prier aussi pour que les dieux nous accorde la paix intérieur et quand nous avions commencé à accepter notre deuil, les dieux nous l'avait rendu. Et j'avais accepté toutes épreuves qui avaient jalonné ces dernières années, y voyant là une manière de me parfaire, de devenir celle que j'aspirais à être. Puis il y avait eu la mort de cet oncle, qui avait encore tant d'années à vivre... L'angoisse qui m'avait prise un peu plus tôt, se faufila de nouveau dans mon corps, sournoise, attendant l'instant le plus propice pour rappeler sa présence. Je commençais à en reconnaître le moindre signe, j'avais besoin d'air, posant mes deux mains à plat sur son thorax j'essayais de nouveau de me dégager, sans cesse. Il avait, sans aucun doute, l'habitude d'être repoussé par les femmes qu'il capturait, aussi mes efforts furent vains alors même qu'il murmurait à mon oreille.

Etre maligne n'avait nullement été mon fort cette nuit, je m'étais laissée guidée par mon angoisse, mon cœur ne souffrant la proximité de son ancien occupant, j'avais fait fi de tout prudence. Il m'était difficile d'admettre que le pirate avait raison. Alors pourquoi ne voulais-je pas lui donner satisfaction ? Je n'osais formuler la pensée fugace qui me traversa l'esprit, les mots jouant devant mes yeux, pourtant je devais admettre la vérité. Je ne voulais le satisfaire, je voulais qu'il s'attire des ennuis, je voulais qu'il paye pour les pêchés d'un autre, parce que je ne pouvais punir librement l'objet de mes pensées, je n'avais que cet homme sous la main. Mais la vengeance n'était pas dans ma nature, je n'avais jamais eu à fomenter quelconque représailles et prenais conscience qu'il me faudrait prendre conseils, discrètement auprès de lord Paxter ou ouvertement auprès de lady Olenna. J'allais lui céder lorsque sa main droite se plaqua sur mes lèvres, chaude et douce, contrastant avec la rudesse dont son bras gauche faisait preuve en me maintenant contre lui. Je ne comprenais pas une telle attitude, je pouvais néanmoins sentir la tension qui émanait de tout son être alors même que son attention ne se portait plus sur ma personne. La proximité de nos corps était étrange, presque naturelle, me troublant plus que de raison, je forçais mon esprit à réfléchir plus posément, il avait tout de l'attitude d'un homme sur ses gardes, il pouvait l'être avec toutes les patrouilles qui circulaient dans la ville, à quelque pas de nous peut-être. L'observant, alors que sa main libérait ma bouche en une douce caresse, à peine perceptible, effectué par la force de l'habitude, ravivant mon trouble.

Le froid se joua de moi lorsqu'enfin il concéda à me lâcher, mettant un peu de distance entre nous, j'avais pas eu conscience que l'union de nos corps aurait pu produire une telle chaleur, je croisais les bras pour me donner contenance. Je n'aurais pu supporté qu'un homme de sa trempe vienne à imaginer quoi que ce soit. Cependant je ne m'attendais pas à ce qu'il m'invite à le suivre, certes comme toute ces autres demandes, il n'aurait souffert un quelconque refus, néanmoins j'avouais que cette invitation m'intriguait. Il n'avait que seule chose à faire pour que je cède à sa requête, me menacer réellement pourtant il n'en faisait rien. Il devait beaucoup tenir à la bonne marche de la rencontre qui se jouait dans la salle du banquet. J'observais la distance, bien minimale, entre nous puis la direction par laquelle nous venions d'arriver, là où mes tourments m'attendaient, j'aurais pu me mettre à courir, échapper à sa poigne, avertir les gardes. Je n'en fis rien, emboitant le pas sur l'homme dont j'ignorais même l'identité, mes souvenirs ne parvenant pas à me rappeler si j'avais déjà entendu son nom ou non. L'incongruité de sa question me prit à dépourvu, mettant ma main devant ma bouche pour empêcher l'éclat de rire qui menaçait d'éclater. "J'ignore votre identité exacte et vous vous attendez à ce que je vous fasse des confidences." lui répondis-je lorsque je fus certaine de ne pas laisser échapper un son malvenu. "Je me doute que vous n'êtes pas homme à vouloir savoir qui est la femme lui faisant face mais il me plait de connaître celui qui tient tant à obtenir mon aide." lui révélais-je "Et puisque nous n'avons pas été présenté, je suis Desmera Redwyne." Nul besoin d'ajouter une quelconque explication, tout marin connaissait mon nom, qu'il était celui du bouclier maritime du Bief, plus encore  les fer-nés qui affrontait de temps à autre la flotte. Je réfléchissais avec toute la célérité que me permettait la situation, il avait raison sur un point, je n'aurais du me trouver ici. J'aurais du rester dans la sécurité de nos appartements, près des miens, à soutenir ma mère dans le chagrin qui la submergeait, auprès de la sécurité bienveillante de mon père ou de Hobber, même la compagnie de Horas aurait été meilleure que de m'aventurer de nuit en dehors de la sécurité des murs de la demeure des Hightower. Je ne pouvais offrir à la férocité d'un homme tel que lui la vérité, celle d'un cœur brisé qui n'avait pas digéré de ne pas être aimé en retour, qui s'était apaisé en apparence. Ce cœur m'avait laissé croire que la fêlure dont il avait fait l'objet avait été pansé, soigné, guéri. Il n'en était rien, le trou béant provoqué par la disparition de mon frère n'avait fait que masquer la douleur de ne pas avoir été aimé en retour. Je refusais d'avouer à ce pirate que l'un des siens n'avait pas eu la décence de m'aimer, il se serait gaussé à gorge déployée. Quand à ma présence auprès de nos hôtes, ces derniers avaient été informé à la dernière minute de notre arrivée imminente, nous n'allions pas nous imposer à un banquet ou notre deuil n'aurait été que difficile à combler.

Eviter Daena Hightower et Baelor Noirmarées était la raison principale, celle qui m'avait poussé à imposer une décision auprès de mon père, rappelant que notre présence n'était pas un du mais un privilège. "Et vous, pour quelle obscure raison n'êtes vous pas à ce banquet, puisque les vôtres s'y trouvent déjà ?" lui lançais-je alors que je sentais l'impatience le gagner à défaut de le voir. Je me rendais compte que nous nous étions encore plus enfoncer dans les ténèbres, à bonne distance des lanternes du labyrinthe, où il était encore plus difficile de distinguer les faits et gestes de chacun.
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Lune 13, semaine 4, 298: Depuis que je coutoyais les côtes de Westeros, j'avais constaté que les continentaux portaient un même regard sur les fer-nés. Je me doutais donc, qu'à l'instant, le jugement de cette jeune femme n'était guère différent. À leurs yeux, nous restions des sauvages, des pilleurs sans état d'âme. Notre culture choquait la haut société continentale, ils nous sous-estimaient, nous n’étions que des pirates à leurs yeux. leur pensée primitive m'amusait et il m'arrivait, plus souvent qu'on le pense, de me jouer d'eux. En vérité, nous restions un mystère. Ce peuple de guerriers, qui sillonnaient les mers et cherchaient constamment à obtenir leur indépendance, étaient incompris par la population tout entière de Westeros, déjà entaché par un esprit de soumission. N'était-ce pas le caractère propre de leur religion ? Les Sept leur interdisaient tellement de plaisirs, mais la vie n'était-elle pas faite, justement, pour être vécue ? Même ma captivité à Essos n'avait pas brisé ce que mon père m'avait enseigné dès mon plus jeune âge... Cette fierté inconditionnelle qui brûlait constamment dans le cœur de chaque fer-né, je la ressentais depuis toujours. J'avais passé mon adolescence à rêver de mon retour aux îles de Fer et quand cela fut le cas, je m'étais violemment heurté au caractère abrupt de mes compatriotes. Ils se riaient de moi, le petit Greyjoy disparu, l'enfant du pays aux manières étranges. Rien était acquis, ces fiers guerriers ne pouvaient être commandés par des faiblards, ils étaient de nature indomptable, comme la mer elle-même.

Nous étions la terreur des villes côtières et ce sentiment persistait encore aujourd'hui, puisqu'il suffisait de voir Villevielle en alerte. La jeune biefoise résistait à mon étreinte de fer, mais je n'étais pas frustré, bien au contraire. Elle avait du caractère et cela ne faisait qu'attiser encore plus ma curiosité. Pourquoi n'appelait-elle pas les gardes ? Beaucoup dirait, que je joue avec le feu, qu'il valait mieux la bâillonner, mais à quoi bon ? Avais-je vraiment besoin de son aide ? Ou ma volonté de la garder près de moi dissimulait une raison bien plus obscure ? Ce soir elle était à ma merci, j'aurais pu profiter d'elle comme bon me semble, mais bien heureusement, je n'agissais jamais sur un coup de tête. C'était peut-être cela qu'on me reprochait souvent, parmi les miens. L'instinct était bien plus primordiale quand le danger était imminent. Pendant un combat, réfléchir était une faiblesse, alors qu'agir était synonyme de survie. Elle persistait à me répondre avec insolence, mais elle n'avait pas totalement tord. Je me demandais à l'instant, qui de nous deux étaient véritablement l'otage. Je pouvais jouer de ses peurs, l'effrayer au point d'assouvir un peu plus ma domination sur sa jeune personne, malheureusement mes principes moraux me l'interdisaient, autant que le désir de me sortir de cette impasse sans encombre. Mes principes moraux et bien sûr, mes idéaux l'emportaient sur mon tempérament austère.

« Un rustre ? Vous n'avez encore rien vu, ma chère. Votre vertu est toujours sauve, que je sache... » Me targuais-je d'une voix acerbe. Je ne lui faisais pas confiance pour autant, même après l'avoir libéré de mon étreinte. Je gardais précieusement cette dague, provenant de Pyk, forgé par le feu et l'eau salé, au cas où si la situation s'envenimerait. Elle devait bien comprendre qu'elle n'était pas vraiment ma prisonnière, voilà pourquoi elle semblait trop sûr d'elle. La jeune biefoise était bien trop perspicace, j'avais sûrement fait une erreur en l'attirant dans mon filet. Une sotte aurait été plus facile à duper, mais je me serais sûrement ennuyé en sa présence. Celle-ci, elle avait cette fâcheuse manie de répondre à mes questions, par d'autres questions... Elle finit par se présenter, ce qui me poussait malgré tout à faire de même. « Vous l'avez dit vous-même, je suis un Greyjoy. » D'ailleurs, comment connaissait-elle cette information cruciale ? Je hochai la tête, avant de poursuivre, tout en continuant notre chemin dans le labyrinthe. « Mon nom est Dagon Greyjoy... Capitaine du Sea Hawk. » Je n'avais rien d'autre à ajouter... Et puis, c'était largement suffisant non ? Pour beaucoup, j'étais un mystère, mais je ne le nourrissais pas volontairement. En tant normal, je n'étais pas un bavard et je n'aimais guère parler de moi-même. J'allais complimenter la jeune femme sur son joli prénom, mais je me retins, en réalisant peu après, à quelle famille elle appartenait. Les Redwyne, cette noble et importante famille du Bief qui possédait de solide lien avec les Tyrell. Je me doutais de son haut rang, c'était d'ailleurs pour cela que j'étais persuadé que son deuil était lié à la mort de Mace Tyrell, mais je n'en pensais pas autant.

Cette information m'indiquait qu'il valait mieux que j'agisse avec davantage de subtilité... Plus nous nous enfoncions, plus nous nous éloignions de la lumière provoquée par les chandelles du parc. Le labyrinthe devenait plus sombre et nous baignons déjà dans une atmosphère bien particulière, presque intime. J'avais un mal fou à distinguer le chemin, afin de ne pas tomber dans un cul-de-sac. Je m'arrêtai brusquement en constant que la voie était sans issue et j'en profitai donc pour répondre à Desmera. « Vous ne répondez pas à mes questions et vous pensez que je vais vous dévoiler cette information... » Lui soufflai-je, tout près d'elle, alors que j'arrivai à peine à distinguer son joli minois. « Je vais aller droit au but, Desmera. Vous n'êtes pas ma prisonnière et je ne compte pas vous kidnapper. Je ne compte pas non plus vous faire de mal, ni vous violer dans l'une de ces impasses. Non... Vous m'aiderez à sortir d'ici sein et sauf par votre propre volonté, car si je suis arrêté, je mentirais aux gardes en prétextant que vous êtes impliquée. Certes, il serait simple d'accuser un fer-né, mais votre présence en ces lieux semble plus obscure que la mienne. Je suis très curieux de voir les différentes réactions à cette annonce. Et puis, vous retrouvez en compagnie d'un fer-né, dans un tel lieu, ne doit pas être idéal pour votre réputation. Je me trompe ? Avez-vous toujours des choses à cacher ? » Malgré la pénombre presque totale, elle pouvait sûrement distinguer mon sourire carnassier sous le clair de lune.

De ma main droite, j'attrapai délicatement son menton pour plonger mes yeux azurs dans les siens. Puis Du bout des doigts, je caressai sa fine mâchoire en poursuivant leur chemin le long de sa gorge. Je me délectai de sa douceur, jouant et observant attentivement la réaction aux sensations que je lui procurais. « Je suis persuadé que nous pouvons très bien nous entendre, ma lady. Mon premier jugement ne me trompe que très rarement et votre beauté est égale à votre intelligence, alors je suis certain que vous avez saisi la situation. »

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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir
Villevieille | 298, lune 13, semaine 4

Seule la lune offrait une lumière bienfaitrice aux ténèbres de ce labyrinthe, les allées devenaient des témoins silencieuses des mots prononcés. Combien de personnes s'étaient laissées aller aux confidences ou aux complots ? Peu était celle d'un fer-né et d'une bieffoise. Je doutais fortement que qui que ce soit approuve une telle entrevue, ni le comportement que j'adoptais en la circonstance. Ma grand-mère s'offusquerait surement si elle venait à l'apprendre, encore plus si elle découvrait que la chair de sa chair se trouvait en compagnie d'un Greyjoy. Ainsi donc j'avais vu juste, même si la force de l'habitude m'avait prononcer ce nom, j'appelais tous les fer-né inconnus de la sorte, plutôt que la reconnaissance de sa réelle appartenance. A croire que les Dieux n'avait pas fini de se jouer de moi pour cette nuit, plaçant, inopinément, sur ma route l'un des membres de la famille la plus détestée du Bief. Instinctivement, muée par le souvenir des histoires de ma septa, je me rapprochais de la haie sur ma droite, ma main prenant appui contre le feuillage, le caressant pour s'assurer de sa présence, pour éviter un nouveau contact que je ne désirais pas avoir, ce qui étati dérisoire dans ces allées étroites. Je ne fis aucun commentaire sur ce nom honni, il n'y avait rien à dire tant nous savions tout deux ce que cela signifiait. Je me maudissais d'avoir pris l'initiative de le suivre alors qu'une liberté m'avait ouvert les bras quelques instants auparavant. Nous étions ennemi par nature, les troupes marines de ma famille nous livraient maintes histoires d'affrontement, faisant la part belle aux idées reçues entre nous. Alors pour quelles raisons ne cherchait-il pas à me faire le moindre mal ? Je peinais à croire que l'homme marchant à mes côtés ait pu être doté d'une conscience morale.

Ma main effleura le vide quelques secondes avant de retrouver matière à caresser alors que tant de questions tenaient mon esprit occupé, loin de l'agitation première qui m'avait mise dans ce pétrin, qui me poussait également à m'interroger sur moi-même. J'avais 17 ans, un âge respectable pour toute jeune femme qui rêve de connaître le monde, n'était-il pas temps de me faire ma propre opinion de ceux que l'on nommait ennemi ? Après tout une délégation était accueillie avec tout le faste dont pouvait faire preuve les Hightower en ce moment même dans leur salle de banquet. Je pouvais parfaitement mettre mes propres antipathies de côté pour apprendre à mieux cerner les hommes de son genre, toutefois quelque chose me disais que je devais être sur mes gardes. Toujours. Je restais une jeune femme et lui un homme bien plus fort que moi. Ma seule arme était ma voix, peut-être aussi ma ruse mais je doutais de pouvoir en jouer face à un adversaire donc j'ignorais les faiblesses et les forces. Avant même qu'une nouvelle parole ne soit prononcé, nous nous retrouvions dans une impasse, positionnée de telle façon à être éclairée par notre témoin astral, et j'avais beau avoir mis de la distance physique entre nous, mon bras frôla imperceptiblement le sien lorsqu'il stoppa sa marche. Penchant la tête sur le côté, je pus entrevoir une statue, il me semblait la reconnaître, fouillant ma mémoire à la recherche du bon souvenir. Le visage de Daena emplit mon esprit, oui les dieux n'en avait pas fini avec moi ce soir, il me faudrait les prier avec déférence pour faire pardonner mes actes. Je savais quel chemin emprunté pour sortir, j'avais désormais un avantage sur lui, il me faudrait jouer avec précaution si je voulais sortir indemne de cette entrevue nocturne. Avantage qui se retrouva bien minime alors qu'il reprenait la parole, se rapprochant inexorablement, tel un prédateur sachant que sa proie n'avait plus aucune chance de lui échapper.

Il savait parfaitement trouvé les mots pour amadouer, je fus cependant surprise qu'il avoue ne pas me vouloir du mal, mais la vilenie et la perfidie coulaient dans les veines d'un tel homme, tout était prétexte au chantage. "Vous êtes un bien curieux fer-né" lui assurais-je lorsqu'il me laissa la possibilité de lui répondre, tentant de maintenir une distance entre nous. Chose vaine lorsqu'il porta sa main à mon menton, posant ses doigts chauds sur ma peau, la caressant pour descendre jusqu'à mon cou là ils rencontrèrent le tissu de ma robe. "Mais votre nature dévoile votre vrai visage. Nous ne sommes pas ami, aussi vous prierais-je de ne pas vous montrer aussi familier avec moi. Quand à votre menace, elle serait plus efficace en d'autres circonstances." Je repoussais ses doigts, me faisant l'effet d'une traitresse à utiliser l'argument qui pointait au bout de ma langue, pourtant je sentais qu'il ne fallait pas que je cède aussi facilement, même si cela signifiait lui fournir les informations qu'il m'avait réclamé. "Qui vous croira ? Les gardes savent que nous venons à peine de débarquer, les raisons qui m'ont poussé à me réfugier en ce lieu ne vous regarde pas. Je continuerais à les taire mais il me serait facile de jouer au même jeu que vous. Mentir est dans la nature des habitants de vos îles, mais pensez vous réellement que je ne saurais pas en faire de même." Je posais ma main sur son torse, plongeant mes yeux dans les siens. "Ma réputation est plus saine que la votre. Pensez-vous réellement qu'on vous croira lorsque des larmes couleront sur mes joues ? Lorsque j'arguerais que vous avez menacé ma vie, alors que je venais simplement pleurer sur la mort de mon oncle." Mes yeux se rétrécirent, tandis qu'un sourire mesquin se dessinait sur mon visage, avant que je ne prononce "Personne ne vous croira. Me flatter sur ma beauté ou mon intelligence ne vous rend guère justice."

Pourtant je devais reconnaître que son compliment ne m'avait pas déplut, tout le monde me considérait comme jolie, seulement je n'avais jamais cru à de tels propos quand je voyais la beauté des jeunes femmes que je côtoyais. La mienne me semblait bien moindre, je ne voulais croire à ses paroles néanmoins elles me troublaient et l'impulsivité de mon acte m'avait conduite à me rapprocher plus que de raison de lui. Prenant conscience que j'étais sans doute aller trop loin, je tentais de m'éloigner alors qu'il me retiens fermement. "Je suis persuadée que vous étiez honnête lorsque vous avez annoncé ne pas me vouloir de mal, mais il est clair que je ne vais pas vous rendre les choses plus aisées." lui assurais-je dans un murmure. "Il semble donc que cette allée ne soit pas la seule impasse..."
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Lune 13, semaine 4, 298: J'avais beaucoup de peine à dissimuler ma surprise, face aux paroles de la jeune femme. Certes, elle était très belle, mais sa force de caractère et sa perspicacité me plaisaient davantage. Oui, je pouvais me fier à mon premier jugement, il ne me trompait guère, comme ce soir. Il était rare de croiser une lady aussi audacieuse, certaines auraient s'en doute misé sur leur survie, d'une tout autre manière. Au fond de moi, j'avais envie de lui faire confiance, mais la confiance s'accordait difficilement en ces temps difficiles. J'aimais sa présence à mes cotés, elle était insolente, mais intrigante. Intéressante, indomptable, mais agaçante. Elle se plaignait, mais elle n'imaginait pas à quel point je freinais mes pulsions. Comme cette envie de l'embrasser juste pour étouffer ses menaces. Desmera avait déjà repoussé mes doigts et ses propos m'arrachèrent un léger haussement de sourcil. Elle avait les mots justes pour me remettre à ma place, mais je ne me laissais pas impressionné pour autant. Je la toisai, je la dominai de toute ma hauteur sans trahir la moindre faiblesse. Ces mots provoquèrent même un léger sourire sardonique sur mes lèvres. J'étais né du fer et de la roche, alors ce petit bout de femme ne causera certainement pas ma perte. Les souvenirs d'une autre femme me revinrent en mémoire, alors que la lueur astrale perçait les ombres du labyrinthe. Jadis, j'avais fait confiance à une westerosi, mais son poison s'était rependu dans tout mon âme. Elle m'avait appris à mentir, à manipuler, à haïr et à me méfier des êtres qui sillonnaient ce continent. Je l'avais remercié en lui transperçant le cœur d'une lame tranchante. Depuis ce temps, la méfiance m'avait gardé en vie.
J'avais enduré de terribles souffrances tout au long de mon existance, mais le syndrome du cœur brisé était de loin le plus atroce. Ce n'est pas une douleur qui persiste des heures ou des jours, mais une agonie constante qui peut durer des mois et même des années. Les blessures restent invisibles, mais elles dictent le comportement de l'être trahi. « Le mensonge, c'est la nature même des westerosi. » avait rétorqué avec froideur. « Vous passez votre temps à mentir, à manipuler et à comploter. Vos mensonges s'entrelacent pour créer d'autres mensonges. C'est le fondement de votre société. »

Et comment pouvait-elle savoir que sa réputation était plus seine que la mienne ? Après tout, rien ne m'indiquait qu'elle était encore pure. Mon regard se faisait plus insistant, alors que je la tenais toujours fermement. Quel âge avait-elle ? Dix sept, dix huit ans ? Pourquoi n'était-elle pas mariée ? « Certes, vous avez sûrement raison... Mais je ne le parierais pas. On dit que les lady de ce coin, apprécient la compagnie des fernés. Baelor m'en a dit que du bien... » En fait non, Baelor s'était même gardé de me relater son périple dans cette ville, mais j'avais tout de même le droit bluffer. Desmera n'avait pas l'air d'apprécier notre proximité, mais je me délectai de sa réaction, en l'attirant davantage contre moi. « Nous, les fernés, nous avons peut-être mauvaise réputation, mais si vous grattez un peu plus sous la surface, vous vous apercevrez que nous avons de nombreuses qualités. Le temps des pillages à Westeros est révolu, alors ouvrez votre esprit, ma lady. » Je trouvais d'ailleurs que le mot « impasse » était très bien choisi, mais ma propre définition n'avait rien avoir avec la sienne. Je finis par la relâcher, puis je baissai ma capuche pour ouvrir légèrement mon manteau noir. Ma main droite vint attraper la poignée de la dague pour la retirer de son fourreau. La lame étincelait au clair de lune, dévoilant une arme forgé finement. Elle n'était pas aussi impressionnante que les armes valeryennes, mais sa poignée était taillée à partir d'un coquillage rare et de fines gravures ornaient la lame et la bouterolle.

« Un homme armé peut obtenir tout ce qu'il veut, dans une telle situation. Les menaces seraient inutiles, ma lady. Mais quel homme serais-je alors ? Un couard, sûrement. » Je tournai la poignée de la dague dans la direction de Desmera et je lui tendis l'arme. « Prenez là. Gardez là. Et vous pourrez juger par vous-même si je suis vraiment sincère. Je me comporte peut-être comme un rustre, mais je réserve le mensonge pour d'autres occasions. Certes, vous ne me faites pas confiance, alors peut-être que cette lame vous aidera un minimum. » C'était presque une torture de me séparer de cet héritage appartenant à mon père, mais ma survie était bien plus importante que cet objet. "La vie ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé, mais elle doit être vécue en regardant vers l'avenir." Cette dague incarnait cette citation, puisqu'elle représente mon passé et il était temps que je m'en sépare. Un tel acte peut sembler stupide, mais on m'avait enseigné l'art du combat et du désarmement à Bravoos, une chose qu'elle ignore. Je la contournai pour reprendre le chemin, tandis que je jetai un brève regard vers la lune. Le banquet avait sûrement débuté, à mon plus grand regret. Tout ce vin biefois qui allait échapper à mes papilles, quelle désolation... Et tout ça, pour les beaux yeux d'une Redwyne. Dommage, j'aurais tant voulu me délecter une dernière fois de ce divin breuvage, avant mon retour aux îles de Fer. Malheureusement pour Asha, sa réserve d'alcool allait en pâtir. « Connaissez-vous au moins la sortie ? » soufflai-je avec exaspération. Je n'avais aucune envie de flâner plus longtemps parmi les bosquets et les plantes biefoises. Si mon orientation était toujours aussi bonne, la sortie du labyrinthe donnait sur des petites ruelles menant au port.


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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir
Villevieille | 298, lune 13, semaine 4

Je me maudissais, moi et cette insolence qui ne me caractérisait nullement. J'avais toujours respecté les règles établies, celles qui régissaient le moindre moment de mon existence. Depuis ma naissance on m'avait inculqué des valeurs essentielles, forgeant celle que j'étais devenue. Et même si je m'insurgeais contre les injustices qui me révoltaient, je n'avais jamais fait preuve d'insolence. Même si je m'accordais à dire que les hommes n'avaient pas plus leur place dans le jeu de pouvoir qu'un loup dans une bergerie, les femmes de Westeros n'étaient pas encore prêtes à prendre les rênes de notre monde. J'avais compris qu'il nous fallait agir dans l'ombre, mettre mon orgueil de côté pour mieux avancer mes pions. Toutefois je n'avais pas l'étoffe de Olenna Tyrell et exerçais mes talents uniquement sur ceux que je connaissais, sur ceux qu'ils m'étaient aisé de manipuler. Père se laissait parfois prendre au jeu et Horas ne se méfiait pas assez de moi pour imaginer que je puisse l'amener à agir dans le sens que père ou moi-même le souhaitions. Il était persuadé que je ne faisais que lui donner des conseils, qu'il était le seul maitre à bord, enfin après Père bien sûr. Je n'avais jamais encore laissé parler mon orgueil sans avoir réfléchir, mûrement réfléchi. Pourtant je m'étais laissée dominer par lui, me poussant à un tel acte, à braver l'interdit. JE me rendais bien compte que j'entrais dans son jeu, que c'était lui qui me manipulais, troublant mes sens comme seul un homme sûr de lui pouvait le faire sur une jeune femme en proie à de fortes émotions.

Cependant il ignorait qu'il n'y avait pas que la mort d'un homme qui me poussait dans mes retranchements, que le deuil était un vieil ami, m'accompagnant depuis des années. Il ignorait que le retour du frère prodigue ne m'avait pas oté le poids de ce trou béant me broyant le cœur. Il ignorait que je n'étais qu'une coquille vide, continuant ma vie, apprenant toujours plus, à vivre sans l'appui d'une personne aimante à mes côtés. Une coquille vide respirant, souriant, discutant, complotant. Une coquille vide ne cherchant pas à obtenir plus que ce qu'elle avait enfin acquis. Néanmoins cette soirée n'était pas comme les autres, des souvenirs étaient remontés à la surface, soufflant sur les vestiges de ce cœur en miette, chaque morceau se cognant à un autre, s'y accrochant, se collant à lui. Comme un puzzle, il prenait vie, frappant ma mémoire de toutes ses forces, me rappelant qu'il était toujours là, que c'était à moi seule de le raviver. Et je me maudissais de me rendre compte que ce cœur se rappelait à mon bon souvenir dans ce labyrinthe, en présence de cet homme. Il fallait que cette insolence prenne racine en mon cœur face à un homme dont je ne pouvais pas connaître les réactions ni ce qu'il serait capable de me faire. Ma bouche avait laissé échapper ces mots sans avoir pleinement réfléchi à leurs conséquences. J'étais dorénavant à sa merci, il savait de quoi je pouvais être capable, du moins en partie, je venais de lui avouer. Mais serait-il capable de trahir la parole qu'il venait de me donner ? La nuit cachait les tremblements que j'éprouvais, j'aurais été incapable de dire si c'était par peur ou si autre chose les provoquaient.

Je me concentrais sur ce qu'il me disait. Le mensonge serait notre nature selon lui, je ne pouvais le nier en totalité. Nous, continentaux, étions habitués à manier la vérité pour mener les choses là où on voulait qu'elles arrivent. N'étais-je pas moi-même une manipulatrice envers Horas ? Le fruit des ambitions d'un père ? Ou celui de mes propres désirs ? Sans doute les deux, aussi je ne pouvais lui répondre puisqu'il avait raison. Je pouvais continuer à m'enfoncer dans ce mensonge, lui affirmer qu'il n'en était rien. Mais lui comme moi savions que pour survivre dans cette jungle de la noblesse, le mensonge devenait une seconde nature. Je refusais d'être cataloguée de la sorte, j'étais beaucoup plus qu'une simple jeune femme entraînée à faire ce qu'elle avait appris pour se démarquer des autres. La manipulation n'était pas ce que j'affectionnais le plus, c'était juste un mal nécessaire. Si je jouais le jeu de la vérité, mon frère ne saurait pas gérer ses terres, la Treille perdrait rapidement de sa réputation. C'était inacceptable. Je refusais que cela puisse arriver. J'avais peut-être avancé mon jeu en lui dévoilant ce que j'étais capable de faire mais que pouvait-il savoir de celle que j'étais réellement ? Savait-il que j'étais capable de tout pour préserver ma famille ? Mentir ou manipuler n'était qu'un faible prix à payer pour mener ma famille là où son intérêt était le plus important. Mes lèvres restèrent scellées, mieux valait ne pas lui apporter du grain à moudre, il semblait avoir un avis très arrêté sur les westerosi. Ce qui était de bonne guère avec tout ce que nous pensions des fer-nés.

Pourquoi pas les Sept fallait-il qu'il prononce ce nom ? Ma machoire se serra de colère, ne pouvais-je donc pas tomber sur un fer-né qui ignorait qui était Baelor Noirmarées ? Tout de moins qu'il ne côtoyait pas ! Cela aurait été compliqué dans une citée où justement une délégation était venue en son honneur. La jouvencelle avait-elle placé sur mon chemin cet homme pour que je me souvienne qu'il fallait apprendre à mieux se protéger ou était-ce l'aïeule qui tentait de me remettre dans le droit chemin . Mes ongles s'enfoncèrent dans la paume de mes mains, cette douleur physique était presque exquise alors que mon esprit se concentrait dessus plutôt que sur le ressentiment que ce prénom provoquait en moi. "Baelor" Le dire me coupa la langue comme la fine lame d'un coupe choux mal aiguisée, je me traitais d'idiote de me mettre dans un état pareil pour un amour qui n'avait été qu'à sens unique. "Il peut se vanter de tout ce qu'il désire, cela ne veut pas dire que cela en est plus vrai pour autant. Il a été élevé en nos terres, par notre peuple." lui dis-je d'une voix doucereuse, presque mielleuse, je le pointais du doigt. "Et vous l'avez dit vous même : le mensonge est le fondement de notre société." Après tout Baelor avait accepté nos coutumes, notre religion, il avait aussi appris à mentir. Il était aussi biefois que nous. La poigne du Greyjoy se raffermissait alors qu'il me demandait d'ouvrir mon esprit. "Révolu ? Ce n'est pas parce que les votres sont reçu en grande pompe que je vais vous croire. Vous êtes des pilleurs, c'est ainsi que vous avez vécu et vous voudriez me faire croire que votre peuple se serait détourné de cette voie." Au lieu de me répondre, il se recula mettant enfin une distance entre nous, certes courte, j'aurais pu me mettre à courir maintenant que je savais parfaitement où je me trouvais. Quelque chose me clouait sur place, sans doute cette insolence qui me poussait à essayer de comprendre pour quelles raisons je n'avais pas fait ce que l'on attendait d'un lady. J'eus pourtant un instant de peur lorsqu'il sorti une arme, une sorte de long couteau, je n'étais pas experte pour les distinguer les uns aux autres.

Ainsi donc il était aussi fourbe que je l'imaginais, je ne pouvais m'empêcher de l'observer. Sa capuche enlevée me permettait de mieux observer les traits de son visage, il ne se préoccupait pas vraiment de moi, je le voyais jeter un coup d'œil à son arme puis à moi-même. Il allait se servir de moi pour passer en force, sous la menace de ma possible mort. Cela allait provoquer un conflit et il ne semblait pas aussi bête pour provoquer une telle chose. Je commençais à me demander ce qu'il allait faire avec une telle arme, avec moi également. Et les mots qu'il prononça ne firent que mettre plus de pagailles dans mes pensées. Avais-je bien entendu ? Pour lui un homme menaçant une femme sans défense pour obtenir ce qu'il désire serait un couard... Je commençais à douter de l'était mental de ce Greyjoy, encore plus lorsqu'il me présenta l'arme, de sorte que je puisse me l'approprier. Mon regard passait de la lame, étincelante sous la lumière de l'astre nocturne, à son visage, tentant d'y déceler la prochaine fourberie. Il n'en fut rien. Je n'avais aucune idée de la réaction à adopter, je n'avais jamais eu à affronter ce genre de situation. Une petite voix me rappela que c'était de ma propre faute si j'en étais là. Etonnament j'avais envie de le croire, de lui faire confiance, une véritable folie pourtant quelque chose m'affirmait qu'il était sincère. Ma main, muée par sa propre volonté, se saisie de l'objet qu'il me tendait, il était plus léger que ce à quoi je m'attendais. J'eus à peine conscience qu'il me contournait, obnubilée par ce que je tenais. Esthétiquement parlant, elle était d'une beauté sans pareil, je n'étais malheureusement pas une experte pour affirmer qu'elle était une bonne lame ou non. Il se rappela à moi en me demandant si je savais où se trouvait la sortie, comme certain que je n'allais plus lui opposer la moindre résistance. Il me tournait le dos, j'aurais pu le blesser, je me contentais de lui répondre. "Oui, j'ai passé une partie de mon enfance en ces lieux"

Il n'avait pas besoin d'en savoir plus. Le rejoignant, je lui passais devant pour rejoindre l'embranchement découvert plus tôt, m'y engouffrant, le sentant me suivre."Je ne vous accord pas pour autant ma confiance" murmurais-je. Je sentais sa présence derrière moi, me suivant au plus près, il m'aurait suffi de me retourner pour lui planter sa propre dague dans le corps. Mais je savais que j'en serais incapable, j'ignorais où porter mon coup, ni la force nécessaire pour ce faire. Et surtout il avait eu assez d'honneur pour être honnête, une valeur que je respectais, alors que je pouvais lui fournir ce dont il avait besoin. Je ne pressais nullement le pas, ma main gauche soupesant la dague, tournant là où il le fallait quand il le fallait. Son souffle me suivait, et seul le bruissement de ma robe prouvait que nous étions en mouvement. Quelques instants suffirent toutefois pour que nous nous retrouvions non loin de la sortie qu'il désirait tant, l'éclairage dans cette dernière allée était de nouveau présent, s'il était rapide, il pourrait se perdre facilement dans le dédalle des petites rues et éviter les artères principalement surveillées. Je me stoppais, mon corps se collant au sien, je n'avais pas besoin de lui faire comprendre que nous étions arrivés. "Je suppose que vous saurez vous passer de moi pour la suite." Je relevais le bras, sa dague pointant la direction de la sortie. Il serait plus sain qu'il reprenne son arme pourtant je souhaitais qu'il refuse la proposition que j'allais lui faire. "Vous devriez la récupérer. Si je devais la garder, on me poserait trop de questions." Je tournais mon visage pour pouvoir l'observer, son corps toujours collé au mien, consciente que je jouais de plus en plus avec le feu. Ce cœur, qui se remettait à battre, ne voulait pas laisser la flamme de son retour s'éteindre, me faisant prendre des risques inutiles. Je me retrouvais être une proie facile, alors qu'il passait un bras autour de ma taille. Il serait apte à se vanter d'avoir pris dans ses filets la fille Redwyne, néanmoins je pouvais voir le regard qu'il me lançait. Celui qui me faisait comprendre que cette entrevue resterait secrète. Peut-être me trompais-je mais nul ne serait capable d'affirmer que celle-ci avait réellement eu lieu. "J'ignore comment je pourrais la ramener avec moi sans qu'on me la prenne." Mon regard se fit suspicieux alors que je lui tendais son arme, sa propre main se serrant sur le tissu de ma robe. "J'imagine que vous êtes homme à savoir où une femme se doit de cacher une telle arme."
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Lune 13, semaine 4, 298: J'étais moi-même étonné de constater que j'avais vu juste. À sa réaction, au teint qu'avait pris sa peau, à l'éclat de ses yeux, j'avais touché la corde sensible. C'était comme voir la lumière après avoir été plongé des années dans le noir. Le voile sombre s'était déchiré devant moi et un sourire machiavélique dévoilait mes dents blanches. Voilà pourquoi elle s'était aventurée toute seule dans ce jardin, voilà pourquoi elle n'était pas au banquet avec les siens et la délégation. La mort de Mace Tyrell ne pouvait pas être la seule raison, je le savais, puisqu'elle avait eu le temps de le pleurer, si déjà elle l'avait bien connu. Non, s'était bien plus complexe, bien plus intéressant. Baelor, mon cher ami était décidément un véritable bourreau des cœurs, j'en étais presque jaloux. Je tenais sa faiblesse entre le creux de ma main, elle était désormais ma marionnette.
Étonnement, je ne prenais pas spécialement plaisir à détenir cette information, elle en souffrait déjà assez. De toute manière, elle avait déjà cédée. Ses paroles m'avaient, néanmoins, fait réagir. « Il ne reste pas moins un ferné. » Avais-je rétorqué sèchement. J'étais contrarié par ses propos, à croire qu'ils avaient été généreux en offrant une éducation à l'enfant qu'il était. Ce n'était pas charitable, mais cruel d'arracher un enfant à sa terre et à sa famille. Cependant, les enfants restaient les premières victimes de ce monde vermoulu.

Les premières victimes, certes. Nous n'avions pas besoin d'être plus observateur pour le voir, car la souffrance se lisait à chaque coin de rue, notamment là où la richesse était évidente. Port Réal était un exemple, mais pas seulement. Elle avait de la chance cette jeune femme, devant moi. Desmera devait avoir dix-sept ou dix-huit ans, un âge idéal pour se marier et enfanter. Malheureusement, la plupart des jeunes filles en ce monde, avaient déjà des rapports sexuelles bien plus tôt, alors que leur corps n'avait pas fini d'être formé. Enfant de noble ou enfant de pauvre, les coutumes ne reculaient devant rien. C'était l'usage, disais-t-on. L'usage, un mot clé qui ouvrait toutes portes, comme-ci les hommes avaient besoin de cela pour soulager leur conscience. Violons des enfants, faisons d'eux des esclaves, car l'usage l'exige. Oui, même a Westeros l'esclavage existait, même s'il n'avait pas la même forme qu'à Essos. Les esclavagistes étaient tout simplement ceux qui tiraient toutes les ficelles.

Chaque adulte possédait encore un fragment de ce que l'enfant avait été, jadis. Cet enfant incarnait souffrance et désillusion, il rappelait que les rêves ne se réalisaient pas toujours et que la cruauté restait présente. Je me souvenais ne mon premier pillage, j'avais huit ans. Cependant, je ne voyais que les flammes qui montaient jusqu'au ciel. Mon capitaine refusé que j'assiste de près à l'attaque du village de pêcheur. Peut-être pour me protéger, car ils avaient parfois des rumeurs. On racontait qu'un enfant qui voyait trop tôt un massacre, pouvait devenir fou. Quoi qu'il en soit, quelques années plus tard, j'étais devenu esclave à Volantis et donc il avait bien fallu que je m'habitue au sang, à la chair déchiquetée et à la cruauté en tout genre. Les gens n'ont pas de limite, ils nous apprennent très tôt à survivre en ce monde par tout les moyens possibles et imaginables. Et parfois presque irréalisables. Même moi, qui pourtant réfléchissait toujours avant d'agir et qui s'insurgeait contre la répression, j'avais soif de Pouvoir et de Richesse. Tuer n'était pas un problème, je tuerais volontiers pour la liberté, l'or et la puissance. Pourquoi s'en priver ? Ma cible pouvait être un homme riche qui avait déjà fait couler le sang d'innocents. Mais qui sont vraiment les innocents ? L'injustice étaient partout présente, caché sous des milliers de masques.

Peut-être qu'à cet endroit précis, alors que nous étions encore dans ce labyrinthe, le sang avait déjà souillé la terre. Peut-être que mon sang allait faire de même, si je ne restais pas plus concentré. Elle tenait ma dague et je ne la connaissais pas assez pour lui faire confiance. La jeune Redwyne m'indiquait le chemin à suivre, mais elle pouvait très bien me guider jusqu'aux gardes. Malheureusement, je n'avais pas d'autres choix que de me fier à elle. Finalement, au bout d'un temps, je commençais à croire en sa bonne foi. Nous n'étions pas seuls, je sentais des présences qui s'étaient insinués, j'entendais des bruits particuliers... oui les gardes commençaient à fouiller la labyrinthe, mais elle ne me guidait pas vers eux.

Après un temps, la sortie apparut devant mes yeux. Je laissais échapper un soupire de soulagement, alors qu'aucun garde n'était encore arrivé jusqu'ici. « - Effectivement, je n'ai plus besoin de vous. » avais-je répondu à la jeune femme. En me tournant vers elle, Desmera me tendit la dague. Mon regard glissa sur l'objet, mais je n'avais pas vraiment envie de la reprendre. Je n'avais aucune animosité envers cette lady, bien au contraire et sa présence avait été très utile. Sans elle, j'aurais pu me faire attraper et la présence de la délégation Greyjoy aurait été compromise. J'aurais pu lui répondre tout naturellement, mais son corps contre le mien, me laissait pantois. Que cherchait-elle au juste ? Alors que plus tôt, elle m'avait repoussé vivement pour une simple caresse. Les femmes sont beaucoup trop compliquées. Un coup c'est non, un coup c'est oui. Finalement, je lui souris avec amusement, avant d'agripper sa robe et de l'attirer contre mon torse. Cette proximité était excitante, je sentais sa chaleur, son parfum délicieux et je pouvais même deviner la douceur de ses lèvres. Je me demandais encore se qui pouvait me retenir de relever entièrement sa robe et de lui faire découvrir des sensations exquises, contre cette statue blanche qui nous observait de son regard vide. Néanmoins, je savais pertinemment que ce n'était pas ce qu'elle voulait, mais peut-être cherchait-elle à me propulser dans son piège. En fait, je me contentais de lui indiquer la cachette d'un mouvement de menton. « Gardez la, ma lady, pour vous remerciez de votre aide. Vous devriez la dissimuler sous votre robe, attachez contre votre cuisse. Personne ne viendra s'aventurer jusqu'à là. »

Mon regard brillait sous la lueur des lanternes, qui brûlaient à l'embouchure du labyrinthe. Au risque de me prendre une claque, j'étais déterminé à avoir ma petite récompense pour m'être bien tenue. Mon index relevait légèrement son menton et soudain, je lui volais un baiser, un vrai. Je goûtais à ses lèvres, jusqu'à en perdre haleine. Je me fichais bien que cela était inconvenable. Rien était inconvenable pour un ferné, après tout. Je m'écartai en silence, je retirais un cordon en cuir de mon vêtement que je lui offris pour accrocher la dague a sa cuisse. Puis enfin, je l'abandonnai là, pour disparaître subitement dans les ombres. Tôt ou tard, je savais que j'allais la revoir.


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La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir
Villevieille | 298, lune 13, semaine 4

Je ne me reconnaissais pas. Telle la girouette de mon enfance, mon attitude suivait le vent de mes émotions, plutôt le tourbillon de ces dernières, la confusion émanant de chacune d'elles me faisait faire des choses qui était hautement répréhensibles. Un instant je le repoussais pour mieux le retenir l'instant suivant. C'était comme si le mal prenait le dessus sur mon être, me poussant au vice. Hors, comme tout un chacun, je n'aspirais qu'à être une bonne personne, perçue, estimée, aimée pour celle que je suis. Néanmoins personne n'est réellement ce qu'il a l'air d'être, il l'avait lui-même évoqué. Nous étions tous des menteurs, paradoxe ultime. Celui qui nous oblige à délaisser celle qu'on voudrait être, à faire semblant, à camoufler ma nature profonde, mes faiblesses autant que certaines de mes forces. N'avais-je pas fui mes semblables pour échapper à leurs interrogations s'ils venaient à découvrir ce qui me tourmentait? N'avais-je pas fuit pour leur cacher que mon cœur était faible à l'évocation de Baelor Noirmarées ? La plupart des gens pensent être honnêtes et vrais avec eux mêmes comme avec les autres. Sans doute préfèrent-ils rester aveugles. C'est plus facile, sauf que la facilité n'avait jamais fait partie de mon existence. J'avais toujours cherché à être honnête avec moi-même, quand bien même le contraire aurait fait moins mal. je devais reconnaître que je cherchais à chasser le souvenir de mon imagination débordante, de cet amour illusoire pour un fer-né. Pourtant avais-je besoin de faire cela avec un autre de son espèce. Ce cœur, qui me trahissait depuis quelques minutes, me soufflait que oui, qu'il me fallait suivre cette voies si je voulais me connaître, savoir celle que je pouvais être.

Alors que mes mots se murmurèrent entre nous, je pouvais voir cette dualité en mon sein. Deux versions de moi-même. Celle qui aurait du hurler face à ce Dagon Greyjoy, avertir les gardes, s'enfuir à la première occasion. Celle qui n'en avait rien fait, restant à proximité, lui offrant l'occasion de m'avoir à sa merci. Comme maintenant. J'ignorais laquelle allait gagner, laquelle recevrait une claque, une gifle qui l'anéantirait au profit de l'autre. J'en venais à croire qu'il me faudrait choisir entre l'une ou l'autre. Car aucune ne pouvait vivre dans un seul corps. Cette nouvelle étape de ma vie était une étape inconnue, me poussant à définir de nouvelles limites, voir à les repousser sans savoir vraiment où elles se situaient, ni si je devais véritablement en établir. Ma conscience avait démissionnée, au moment où mon cœur s'était éveillé, refusant d'être actrice de cet évènement, cette incartade. Alors je me laissais porter par les sensations, plus surprenantes les unes que les autres. Les murmures avaient repris autour de nous, rendant mes sens plus alertes, la peur du danger, d'être surprise, décuplait le plaisir de briser une interdiction, soufflant en mes veines une chaleur d'une douceur sans égale. La folie ! Voilà ce que je devrais plaider si un garde venait à nous surprendre. Sa voix se fit aussi basse que c'était possible, afin de ne se faire repérer par quiconque, un murmure à mon oreille, un souffle frissonnant lorsqu'il désigna la cachette idéale dans son esprit. En d'autres temps sa réfléxion m'aurait fait rougir mais cette part obscure que je ne connaissais pas se délectait de cette proximité, de la fièvre de cette suggestion. Effectivement je devais reconnaître que l'œil aiguisé du pirate avait l'habitude de dissimuler les armes dès qu'il le désirait, et ma cuisse n'était pas le théâtre de réjouissances communes. Si je pouvais me fournir un fourreau à la bonne taille, il me faudrait apprendre à sentir cette présence près de moi à chaque instant. Venais-je réellement d'envisager de garder une telle arme ? Manifestement oui puisque mes doigts raffermissait leur prise sur sa poignée. Je remontais mon regard vers le sien, mon escapade s'achevait, il me fallait reprendre mon rôle de jeune lady, sans savoir si j'entrerais encore dans ce costume.

Iris contre iris je plongeais dans l'immensité de ses yeux, inconsciente du danger qui s'approchait, le cliquetis caractéristique des armes des gardes contre leur ceinturon de cuir se rapprochaient grandement, forçant l'échappée du fer-né. Il n'en fit rien, me tenant sous sa coupe, soulevant délicatement mon menton alors que je détournais le regard. Ses lèvres se posèrent sur les miennes. Pas aussi fugacement qu'un battement d'aile de papillons mais possessives, impétueuses, fougueuses. Je savourais cette nouvelle perception de l'autre, cette sensation, ce tiraillement psychique s'ancrait dans son homologue physique, j'étais transportée. Jamais encore je n'avais été embrassée de la sorte. Et, tout aussi soudainement, cela cessa, me laissant pantoise, une dague dans une main et un cordon dans l'autre. Avant que mon esprit se remette à fonctionner, il avait disparu telle une ombre dans la nuit... Seul le silence me faisait face, enfin pas tout à fait, les bruits de pas s'accentuaient, je pinçais mes lèvres comme pour mieux y imprimer sa marque, je reculais jusqu'à sentir la haie dans mon dos. Je pouvais entendre Mélinor m'appeler, l'inquiétude transpirait dans sa voix. Il était temps. Temps de reprendre mon deuil, de poser un masque de tristesse sur mon visage, sur mon cœur aussi. Temps aussi de masquer tous les évènements qui avaient pris place dans ce labyrinthe. Mes mains agrippèrent le bas de ma robe, se faufilant jusqu'à mon jupon, le remontant jusqu'à révéler la peau nue de ma cuisse, je calais tant bien que mal la dague sur l'extérieure de cette dernière, entourant le tout du cordon, le nouant fermement afin de ne pas la perdre. "Vous voici ma lady me dit doucement ma dame de compagnie alors que j'abaissais le tout pour retrouver un semblant de dignité. "Vous m'avez inquiétez, voilà un moment que vous êtes seule ici." Elle regardait aux alentours pour confirmer ses dires. "Je n'ai pas fait attention où me portaient mes pas. Rentrons voulez-vous." Je jetais un dernier coup d'œil à l'embouchure de ce dédale de verdure. Au fond de moi j'aspirais à donner la réplique à ce baiser même s'il était plus convenable de me forcer à tout oublier.
©️ Feniix


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