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"You can't choose what stays and what fades away..." | Pv Daemon Sand

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"You can't choose what stays and what fades away..."

An 298, Début Lune 11



Daemon Sand & Gerold Dayne

Le soleil du matin perçait de ses rayons la pénombre des couloirs. Labyrinthe au sol et aux murs faits de pierres à la teinte rougeâtre, Le Donjon de Port-Real s’éveillait à peine. Sur les dalles lisses et brillantes, les pas hâtifs et légers d’un jeune serviteur résonnaient. Dans ses bras il portait un bien triste chargement, et l’odeur nauséabonde qui s’en dégageait était difficilement supportable pour l’enfant, cause de son empressement. De cette hâte, bien mal lui en prit, car au détour d’un couloir dans lequel il se croyait seul en cette heure bien matinale, sa route croisa celle d’un homme vêtu de noir et de violet. N’ayant ni le choix, ni le temps, le garçon préféra conserver les nobles selles à l’intérieur de leur contenant plutôt que d’éviter de bousculer l’inconnu. De ce fait, il le heurta de plein fouet, et s’il fut soulager de constater que rien de ce qu’il transportait n’était sorti du pot de céramique peinte, il se trouva autrement moins heureux de lui-même lorsque son regard croisa celui de l’homme qui le toisait avec mépris. Grand, ce dernier le dépassait de plusieurs têtes, et son physique aussi atypique qu’avenant rappelait trop celui des dragons pour qu’il ne le rendît pas plus intimidant encore. A sa ceinture brillait la garde d’une épée de grande valeur, et cette même lueur dépourvue compassion animait les yeux violacés qu’il braquait sur le jeune serviteur au visage défait. « Regarde donc où tu vas ! » La voix basse du chevalier claqua, il n’haussa pas le temps pour autant, bien que ses paroles suintaient de l’autorité teintée de dédain que l’on ne servait jamais qu’à ceux à qui l’on accordait moins de considération qu’à un limier de bonne lignée. « Croise encore ma route ainsi, et ce que tu tiens dans tes mains sera ton déjeuner. » La tête basse, l’enfant à la chevelure hirsute acquiesçait répétitivement à l’avertissement de celui qu’il avait failli arroser des restes de la nuit d’un noble. « Vas-t-en. » Le nez penché vers le pot, le jeune garçon sursauta, avant de prestement passer tout à côté de l’homme. Il ne vit ni le sourire qui se dessina alors au coin des lèvres de ce dernier, ni le bras levé qui vint d’un revers lui asséner une gifle aussi lâche que vicieuse sur l’arrière de la tête. Le petit serviteur tomba, non sans que le chargement qu’il transportait ne vienne se briser au-dessous de lui. Trempé d’urine et ses mains souillées de brun, le garçon resta coi et tremblant de dégout, et ne se retourna pas pour voir disparaître dans les couloirs le chevalier aux habits exotiques.
Cette bien triste leçon qu’il venait de lui apprendre, tous ceux qui connaissaient la réputation de Sombrastre s’épargnaient d’avoir à la subir pour être avertis de la véritable nature du chevalier de Haut-Hermitage. S’en faire un ennemi était un choix peu avisé, car les secondes chances n’existaient pas dès lors que l’on entrait dans sa vie, que ce soit par choix ou par accident. La nonchalance qu’il affichait alors qu’il marchait d’un pas désinvolte, n’était guère qu’un autre de ses mensonges. Sa démarche féline ralentie alors qu’il passait devant une porte de bois et de métal ouvragé, gardée par deux soldats. Dans l’air flottait le parfum fleuri des jardins et l’odeur de la pierre froide. La fraicheur du matin était encore présente, quand le soleil commençait à peine à pénétrer de ses rayons l’intérieur des murs du Donjon Rouge. Le climat était idéal, de cet idéal romancé qui poussait les plus sensibles à ce type de niaiseries à se laisser aller à une certaine sérénité. Mais la sérénité n’était pas ce que cherchait le Dayne, et ce n’était certainement pas un hasard s’il se trouvait là, si loin de ses appartements modestes situés dans une aile bien moins prestigieuse de la demeure Royale. Le dornien s’arrêta alors qu’il semblait humer dans l’air une odeur qu’il était le seul à sentir. Lui qui avait fait mine d’ignorer les gardes aux armures rouge et or, voilà qu’il revenait lentement vers eux sans pour autant les considérer d’un simple regard, comme s’il était à la poursuite d’une senteur particulière. Il était d’ores et déjà ravit de deviner la crispation de celui devant lequel il s’était posté, et qui, il le savait, était forcé de garder le silence devant cette insulte qu’il voyait sans doute venir sans pour autant la connaître encore. Enfin, il ouvrit les yeux, quand il ne fût plus qu’à un pas de heurter le plastron d’or orné d’un lion sur lequel il s’était penché. Combien d’années avait-il attendu de pouvoir, à nouveau, contempler le même regard pâle et furieux qu’il avait laissé autrefois à Lancehélion ? Ces retrouvailles, il s’en délectait déjà, et cela se lisait sur son visage éclairé d’un sourire qui n’avait rien de la bonté qu’un ignorant se serait attendu à y lire. Ses prunelles sombres et mauves brillaient d’une moquerie qui n’attendait plus que d’être prononcée à la figure de celui qui en était la victime toute désignée. "hmm...décidément, Tout l'or des Lannister ne masquera jamais le parfum si particulier des bâtards en quête de reconnaissance" Son sourire s’élargit encore alors qu’il se redressait, une mèche d’argent venant glisser sur son front et masquer un instant l’œil narquois. Le soldat de L’Ouest qui s’était vu épargné de se faire servir de si bon matin une insulte sembla plus surpris que son collègue par cette pique verbale, et se contenta de tourner la tête vers le second garde, son geste brisant le silence du cliquetis métallique des plaques de son armure d’or et de sang. Car de tous les hommes d’arme portant sur leurs habits la maque de leur loyauté envers les Lannister du Roc, ce n’était nul autre qu’un compatriote que Sombrastre avait choisit de provoquer en ce jour.


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"YOU CAN'T CHOOSE WHAT STAYS AND WHAT FADES AWAY..."

An 298, Début Lune 11



daemon sand & gerold dayne

Dans le silence léger qui flottait, un bref cliquetis aux accents métalliques caverneux tinta. Le long corridor était désert, à raison de l'heure matinale, et seules les épaisses silhouettes sombres des gardes protégeant l'entrée des appartements du Lion respiraient dans cet écrin de pierre rougeâtre. Tandis que le brun faisait rouler ses épaules sous l'épaisse protection d'acier, un grognement sourd lui échappa et ses yeux se refermèrent un instant, tentant une nouvelle fois de faire abstraction du poids qui reposait sur ses omoplates. Accoutumées à plus de liberté, ces dernières étaient meurtries par le port prolongé de l'armure qui le contraignait à délasser ses articulations de façon régulière, pour le plaisir malicieux de ses compagnons. Les lunes passant en leur compagnie, taquiner le dornien si cher payé était devenu un réflexe pour les plus facétieux d'entre eux. Au premier abord teintée de jalousie, d'envie, les plus amers des gardes s'étaient finalement lassé contrairement à quelques autres, plus déterminés, qui semblaient savourer la mauvaise humeur du bâtard comme des enfants pinçant un chien mal luné. Les soldats vêtus de cramoisi le regardaient renâcler plus semblable que jamais à un cheval qu'on tentait d’accommoder à la sangle, un éclat mutin sur leurs visages. Le Sand savait que certains s'amusaient à parier entre eux sur le temps qu'il pourrait supporter cette torture passive. Daemon soupira, ravissant derechef l'espièglerie des ouestriens qui se repaissaient allègrement de sa susceptibilité.
L'éclat blanc de l'aube déposait une lueur pâle sur ses yeux. Réchauffant la pierre, la lumière glissait sur le sol dallé où elle s'allongeait paresseusement en retombant d'une fenêtre qui se trouvait à sa droite. Son regard surplombé par une frange de cils sombres s'attardait dessus, quelque peu hagard d'engourdissement et d'ennui. L'inaction endormait sa vigilance mais, bientôt, le Donjon serait à nouveau digne d'être surveillé. Déjà, les rumeurs de la vie grouillante de Port-Réal remontaient d'au dehors. Par dessus les mouettes et le ressac l'on pouvait entendre le murmure des carrioles sur les pavés, la clameur presque agressive de quelque voix d'un marchand isolé dans le grand capharnaüm, et, enfin les cloches graves et lointaines du Septuaire. Le son cuivré lui rappela la blancheur d'une forteresse perdue entre le désert et le fleuve. Fixant toujours le mur devant lui, il tentait de prendre pleinement conscience du chemin parcouru.
Il aurait voulu se revoir sur une route pavée d'or et à la logique enchanteresse, mais des tréfonds de sa mémoire ne lui revenaient que cinq années interminables de voyage qui n'avaient de guide que le vent et non une quelconque main du destin qui l'aurait poussé jusque devant cette porte. Combien de hasards, heureux et malheureux, pour devenir l'épée entre l'ennemi et le Grand Lion du Roc? La fierté d'une telle position le rassurait sur son potentiel, mais pas sur le chemin qu'il laissait derrière lui inchangé, et encore moins sur celui qu'il lui restait à parcourir. De la joie presque puérile d'être entré au service du Lannister ne restaient que des bribes qui, désormais, nourrissaient toutes une détermination farouche à prouver sa valeur. Son arrogance première s'était atténuée à la seule vue du Lion, faisant place à une sévérité qui désespéraient ceux qui devaient partager le tour de garde avec l'austère dornien.

Des bruits de pas firent sursauter l'un des deux soldats qui surveillaient la porte en sa compagnie. Daemon demeura parfaitement immobile, puisque déjà son dos se tenait droit d'une rigueur militaire depuis longtemps acquise. Il ne jeta qu'un coup d'oeil curieux, s'attendant à voir arriver le page de Tywin. Mais celui qui se présentait à quelques pas de là n'avait pas les mains encombrées d'un lourd plateau de victuailles destinées au déjeuner du Suzerain, mais pleines de mauvaise augure. Son regard se détourna. S'il n'avait pas déjà été immobile, sans doute se serait-il figé de stupeur autant que de contrariété. Ses machoires se resserrèrent sous son heaume.  Sous l'obscurité de ses paupières qu'il ne ferma que le temps d'une respiration, une silhouette mauve entachait l'ombre, tenace. Des années le séparait de la dernière fois où il avait posé son regard sur les traits acérés du Dayne, sur sa chevelure argentée qui l'aurait si vite fait passer, ici, pour un Dragon. Quand à ces yeux d'améthyste qu'il détestait tant, le chevalier qui n'en avait que le titre se plaisait à les garder fermés tout en le reniflant avec une nonchalance qu'il savait feinte. L'envie de refermer la poing sur la garde de son sabre le démangeait presque autant que d'abattre ce dernier sur la tempe de l'intrus, lui revenant de ses vieux souvenirs à la manière d'une habitude sereine. La voix qu'il n'avait pas oublié était suave et vénéneuse, comme autrefois et portait toute l'insulte qu'il avait proféré en entrant simplement dans ce couloir. Sa présence seule hérissait les cheveux bruns sur la nuque du Sand. Quant à son invective, il aurait souhaité ne pas la prendre autant à coeur qu'il le ressentit à cet instant, aussi désagréable qu' une brûlure de glace dans sa poitrine. Le Dayne savait soupeser chacun de ses mots et il n'était pas un dornien qui ignorait qu'il ne parlait pas sans avoir calculé tout le mal qu'il pouvait faire. A l'image des mercenaires Lannister, rien ne semblait le rendre plus heureux que de voir le visage du Sand pâlir de colère. Son air narquois l'insupportait. Les yeux violets se levèrent finalement vers lui, l'obligeant le défier du regard alors qu'il aurait voulu pouvoir l'ignorer comme ce serpent méritait de l'être.
Fut un temps pas si lointain où Daemon n'aurait guère attendu avant de répondre à l'injure ainsi qu'il savait si bien le faire: à la pointe de l'épée. L'envie en était toujours vivace. Il n'en laissa rien paraître. Tywin Lannister comptait sur sa constance. En aucun cas il ne devait  lui faire défaut. Se jeter, sabre clair à la main, sur un compatriote au beau milieu du Donjon Rouge ne serait qu'une grossière erreur de sa part. Au moins pouvait-il s’apaiser en appréciant le fait que le chevalier de Haut-Hermitage fut loin de Lancehélion, à des centaines de lieues de sa Princesse. Un doute furtif lui traversa soudain l'esprit, agitant ses cils cendrés d'un frémissement subtil. Gérold avait-il finalement réussi à la séduire? Avait-il réussi son coup? Etait-ce pour cela qu'il venait, pour se pavaner, victorieux, sous le nez de celui qui avait si longtemps eut à coeur de protéger Arianne de son ambition malsaine? Le voile sombre qui était tombé sur le visage du bâtard de la Grâcedieu, qui se voulait impassible, n'avait pas échappé à l'oeil brun et curieux de son collègue qui observait, intrigué, le curieux manège. Si la sagesse lui manquait encore pour passer outre cette insulte, au moins pouvait-il se résigner à l'ignorer, ou, tout du moins, à donner cette impression. Le regard dont il baptisait le Dayne était froid, dédaigneux, mais il était tout sauf indifférent, contrairement à son attitude. Il n'avait pas bougé d'un pouce depuis l'arrivée inopportune de son compatriote. Daemon se mura dans un silence buté. Il déglutit sans baisser son regard profondément hostile, rongeant son frein.

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"You can't choose what stays and what fades away..."

An 298, Début Lune 11



Daemon Sand & Gerold Dayne

Par cette rencontre qui n’avait rien d’inattendu, la quiétude du matin s’était muée en une tension palpable dont le seul témoin était, pour l’instant, le soldat lannister. Spectateur, ce dernier n’osait pas s’immiscer dans ce qu’il devinait déjà être le résultat d’un passé houleux, et qu’il ne connaissait pas. Son regard brun observait la scène de laquelle il était exclu, d’un air curieux autant qu’interrogateur, le tout donnant à son visage une expression presque idiote qui cachait mal son envie de laisser les choses à leur cours, et sans doute se réjouissait-il déjà à s’imaginer raconter cela à ses camarades vêtus d’armures rouges et or. Faisant face au Sand, Gerold soutenait sans efforts le regard de ce dernier, se délectant de le voir animé de l’exacte férocité de leurs adieux d’autrefois. De ce temps où ils avaient vécus tels des frères, si ce n’était plus, le Dayne n’en avait rien oublié. Car d’une simple vengeance était né un lien plus toxique que lui même n’aurait su le prévoir, et qui lorsqu’il pensait saisir sa victoire, avait bien failli lui coûter la vie. Son imprudence d’alors le faisait désormais sourire, tant il se trouvait naïf  de n’avoir su anticiper ce que le temps que dura ce jeu dangereux avec le brun lui avait appris sur le bâtard de la Grâcedieu. Et ce coup qui se faisait attendre, cette réponse qu’il espérait presque, et qui ne venait pas. Dans son armure de lion, le dornien restait de marbre, malgré la violence qui se lisait déjà dans ses yeux clairs. Ses sourcils se froncèrent, dubitatifs, alors qu’il rejetait légèrement sa tête en arrière, faisant glisser quelques mèches d’argent sur ses épaules. L’On disait Sombrastre prompt à la colère dès lors que l’on touchait à son orgueil, pourtant si il y avait un dornien de la fierté duquel il valait mieux ne pas se jouer, c’était bien celui qui lui faisait face. Le regard sombre du chevalier de Haut-Hermitage examina sans gène la silhouette d’acier doré et carmin qui se tenait devant lui, comme il l’eût fait devant une sculpture. Du temps qu’ils passèrent ensemble dans les déserts de Dorne, il ne restait plus grand chose de l’enfant que le Sand était encore, quand Gerold était déjà un homme fait, à la tête d’une maison. S’attardant un moment sur la cicatrice nouvelle qui avait dessinée dans la joue du garde une fossette charmante, le Dayne sourit. Dans sa vanité démesurée, Sombrastre savait que le bâtard lui était redevable pour l’homme qu’il était devenu. Acquiesçant lentement, le dornien à la chevelure aussi pâle que celle des dragons planta à nouveau son regard dans celui de Daemon, sans que ce dernier ne l’ait quitté un seul instant de sa fureur latente. “ Tu ne me répondras pas, n’est-ce pas?” Après des lunes passées à prétendre, à retenir cette violence qui le liait au Sand d’une certaine façon, le chevalier goûtait la joie de retrouver, enfin, celui qui était habité de la même soif de prestige que lui. Une ambition immodérée qui les animait tous deux et qui en faisait un rival, ou tout du moins le seul que Sombrastre daignait considérer comme tel. C’était dans son propre sang que l’on trouvait les meilleurs adversaires, et après tout n’étaient-ils pas cousins.
A nouveau le silence s’installa, troublé seulement par les pas lointains et feutrés de quelques serviteurs. Brisant la distance déjà trop moindre pour ne pas être insultante qui les séparait, le Dayne s’avança d’un pas qu’il ne pressa pas à dessein. L’étoffe sombre de son habit dornien frôlait la tête de lion ornant le plastron du bâtard. Du temps où ils s’étaient dit adieu, il n’aurait guère eu besoin de davantage que l’insulte qu’il venait de lui servir pour entendre chanter l’acier d’une lame. Chevaliers, ils l’étaient tous les deux. A cette différence près que Gerold avait depuis longtemps décidé pour le Sand que ce dernier avait besoin, et ce plus que quiconque, d’être tenu en laisse. La folie qui dominait le bâtard de la Grâcedieu dans ses colères étaient bien trop sauvage pour être laissée sans brides, à la façon du chevalier de Haut-Hermitage. C’était, entre autre, ce qui lui avait rendu si plaisant d’avoir un temps vécu à ses côtés. Désormais, celui qui tenait le Sand était un lion, et il n’en fallait pas moins pour raviver chez le Dayne l’envie de reprendre cette place qu’il avait autrefois quitté de son propre chef. Son souffle calme venait caresser le visage de l’ancien amant d’Arianne. Son attitude paraîtrait pour une autre provocation de sa part aux yeux du garde ouestrien, et seul le Sand saurait voir le jeu que Gerold était d’ores et déjà déterminé à gagner. Si les rumeurs étaient allées bon trains sur la véritable nature de la relation qui les avait lié autrefois, aucune n’était plus fausse que celle disant qu’ils avaient été amants. Le goût de Sombrastre pour les femmes était célèbre, on savait aussi pourtant qu’il n’avait pas eu de scrupule à jouer de ses charmes auprès des hommes, et ce alors que l’enfance ne l’avait pas encore quitté. Ses yeux violets se posèrent un instant que la bouche du bâtard avant qu’il ne se tourne vers le garde qui les observait. “ La vie militaire des Soldats ouestriens semble avoir été une influence des plus profitables sur mon ami. J’ai eu du mal à croire ceux qui m’ont rapporté qu’il était entré au service de Lord Tywin, je ne me doutais pas que son style de vie particulier saurait s’adapter à la rigueur des Lannister.” Affichant un sourire courtois, un air narquois venait animer son regard devant l’évidente ignorance du garde face aux sous-entendus qu’il faisait tout en sachant que seul le Sand serait à même de les comprendre. Il était probant que l’inclination du bâtard pour la gente masculine n’avait pas atteint les frontières de l’Ouest, et surement la fable du dornien qui avait eu le culot de demander la main de la Princesse de Dorne dominait-elle toutes les autres. “Quel est votre nom?” Ses sourcils s’étaient haussé non sans un certain dédain, alors qu’il semblait ne plus prêter attention au chevalier de la Grâcedieu. De cette question qu’il posait il n’y avait aucune curiosité, ni même intêret du Dayne envers le soldat. Mais malgré les apparences, Sombrastre était prudent et un nom était une arme qu’il était facile d’utiliser contre son porteur, à condition de savoir à qui s’adresser.


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An 298, Début Lune 11



daemon sand & gerold dayne

La fureur avait embarrassé ses yeux pâles d'un voile trouble. Que n'était-il ailleurs que dans cette armure! Et que ne pouvait-il jeter contre le mur ce heaume dont la visière réduisait le spectre du monde à ce crotale du désert! Son dos était droit, parcouru  de cette tension sauvage qui faisait monter son sang jusqu'à son visage. Les joues pourpres de hargne et les lèvres pincées, le Sand serrait les dents. Il avait beau prétendre vouloir l'ignorer, il lui était difficile, sinon impossible, d'échapper à ce qui se trouvait à quelques centimètres à peine de son nez. Il n'y avait que cette silhouette de mauve et de noir vêtue. Et uniquement elle. Sous ses yeux à la colère vide de sens, l'homme de Haut-Hermitage se tenait comme un vautour crevant le soleil du matin. Ce dernier le toisait d'un air d'arrogance et de satisfaction mêlées qui attisaient de plus belle la rancune vibrante qui grondait dans la poitrine caparaçonnée du bâtard et qui ne pouvait rien faire, si ce n'était se résoudre à le voir évoluer devant lui. Le Dayne se savait hors d'atteinte et il s'en délectait. Déchiré entre fièvre et tempérance, le brun voyait se dessiner à nouveau devant lui les traits venimeux contre lesquels on l'avait  mis en garde, bien des années plus tôt.
Si seulement il n'était pas tant occupé à surveiller l'ennemi, sans doute se serait-il plu à contempler la manière dont il aurait souhaité venger définitivement l'affront d'autrefois. Jetant un bref coup d'oeil glacé à l'arme qui ceignait le ceinturon il releva rapidement le regard. Aucune envie ne vint faire vaciller l'esprit buté du fils de Ryon, et rien ne vint trahir la légère satisfaction qu'il éprouva en constatant que la lame, bien qu'inestimable,  n'était pas Aube. Rencontrant de nouveau les iris cerclés de mauve, d'autres lui revinrent en mémoire, plus douloureux encore à supporter. Des yeux sombres, luisant d'une lueur désolée, apitoyée.  Lentement, son poing gauche se resserra sur la garde de son sabre. Le cuir de son gant grinça subtilement. Daemon sentit sa gorge se serrer malgré le sang froid qu'il s'imposait à cet instant. Il se souvenait du silence lourd qui avait envahi la pièce malgré la foule joyeuse et colorée, il se souvenait du clapotis assourdissant des fontaines. Il se souvenait de l'humiliation alors que les élans de son cœur étaient publiquement réduits au ridicule, pour la seconde fois. De la rage noire qui l'avait saisi ensuite, il ne gardait que des éclats troubles et inconstants, comme vus au travers d'une flamme brûlante. Cette même furie qui avait balayé sa raison pour le conduire au seul désir d'occire celui qui se tenait si près de lui- trop près au goût de la bête outragée qui dormait toujours au creux de son estomac- et qui avait définitivement transformé l'adolescent naïf déjà écharpé par l’opprobre du refus de Doran en cet être ombrageux qu'il était aujourd'hui. Devant la porte de Tywin, la silhouette à l'expression fermée du Sand ne pouvait qu'à peine prétendre l'indifférence.

Soudain sa poitrine s'opprima tandis que le chevalier réduisait encore davantage l'espace précieux qui les séparait l'un de l'autre. Comment avait-il pu jamais considérer cet homme comme un frère? Ce serpent n'avait jamais été un ami, et il lui avait volé tant de lunes d'un bonheur aussi faux que douloureux. Un jour, quelqu'un devra tuer cet homme, lui avait chuchoté le Prince lors d'un repas partagé dans une tente dressée au coeur de ruines perdues dans le désert, quelques jours seulement avant qu'il ne tomba dans les filets de Gerold. La chaleur et l'ombre du vin enivrant l'humeur des hommes, le bâtard n'y avait vu alors qu'un éclat dangereux et séduisant et non le péril contre lequel Oberyn avait souhaité le protéger. Il n'avait pas oublié. Il était désormais déterminé à se venger.
A la sensation du souffle honni sur sa peau, ses bras se crispèrent, saisis de l'envie de repousser brutalement le dornien contre le mur du couloir. Sous son masque d'autorité et de discipline toute militaire, le Sand n'en menait pas large. Baigné de foudre, son cœur résonnait entre ses côtes. Craignant un instant que l'homme ne vint à pousser l'insolence jusqu'à poser ses lèvres sur sa bouche que ses yeux d'améthystes couvaient d'une expression qui suffisait pour ouvrir le regard du bâtard d'une lueur courroucée, il n'avait eu qu'une seconde d'une hésitation quelque peu désarçonnée avant de reconnaître le jeu auquel l'autre souhaitait le soumettre. Bien que foncièrement solitaire, Daemon avait toujours été animé d'un instinct servile que sa nature farouche et son imprévisibilité rendaient difficile à deviner. Si obéissant et si fier tout à la fois, il était doté d'une âme de soldat qui supportait mal de donner des ordres et qui préférait l'idée de se savoir utile à toute autre rêve de grandeur. De tous ceux qu'il avait admiré, aucun ne s'était tant joué de son inclination que le Dayne. Et voilà que ce dernier pensait pouvoir réitérer impunément son manège. Figé, son visage s'empourpra a nouveau avant de blêmir, furieux de comprendre à quel point le chevalier de Dorne le dépréciait. Il déglutit difficilement, les yeux ronds et pâles, la poitrine soulevée plus rapidement par un souffle profond.

Enfin, l'intrus détourna son attention du bâtard dont le souffle court et tendu lui était presque pénible. Prisonnier de son armure comme de son devoir, ce dernier dut se contenter de le regarder s'adresser à son compagnon de garde. Il releva le menton, les sourcils légèrement froncé par la méfiance, une moue dubitative s'esquissant sur ses lèvres. Lorsque l'homme à la chevelure cendrée s'amusa à orner sa conversation qui n'avait d'anodine que l'apparence de sous-entendus plus que dangereux, il le baptisa d'un regard sombre. Et alors qu'il faisait son possible pour honorer sa charge, l'angoisse qui était née au coeur dévoré par les plantes de Hautjardin refaisait doucement surface, comme une pellicule d'encre noire dans une eau cristalline. Si l'autre soldat ne fit qu'hausser des sourcils interrogateurs à cette remarque équivoque, Daemon resserra ses doigts autour de la poignée de son arme sans lacher des yeux la chevelure moulue d'argent. L'idée de le faire taire sur l'instant lui traversa l'esprit comme un éclair. Hélàs, il savait bien que le moindre signe d'agitation pouvait à ce moment là le trahir de manière bien plus définitive que toutes les piques de Gerold ne pourraient jamais le faire. Il se résigna de nouveau à poursuivre dans l'immobilisme, sans se défaire  de son apparence détachée malgré son expression assombrie par la détermination. L'allusion avait ravivé l'inquiétude logée dans sa poitrine, ramenant brièvement à son esprit l'image d'un garçon. Cette pensée à son aimé lui fit jeter un regard foudroyant vers le Dayne. Surveillant malgré lui l'échange étrange, il entendit son compagnon à la mine rustique  répondre au porteur de Lamentation.

"Mon nom? Et qu'est ce que ça peut t'faire de savoir mon nom?" La voix de Loran qui habituellement sonnait comme une rengaine irritante à ses oreilles, soulagea le Sand en couvrant quelque peu la rumeur insupportablement suave qui s'échappait des lèvres de son compatriote. Dans un soupir, le garde Lannister cracha quelque insulte marmonnée avant de détourner le regard.


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An 298, Début Lune 11



Daemon Sand & Gerold Dayne

Les prunelles violacées étaient désormais posées sur le visage du soldat ouestrien, à moitié dissimulé par l’acier. On avait souvent dénoncé chez Sombrastre cette arrogance perpétuellement ancrée dans son regard, une expression prisonnière des ténèbres pourpres dans lesquels elle se fondait, à la manière du manganèse dans l’acier. Cette lueur lui attirait inévitablement l’antipathie d’autrui, une aversion qui, le plus souvent, ne changeait guère lorsqu’il était permis d’apprendre à le connaître. Car le chevalier de Haut-Hermitage, pleinement conscient de ce reflet de lui-même dans les regards des autres, n’était habité  ni d’un besoin né de la honte qu’un autre homme eût éprouvé à sa place, ni de l’envie de faire pénitence pour cette attitude dont chaque geste transpirait le contentement de soi. Loin de déclencher l’allégresse, sa présence dans un lieu suscitait le plus souvent la méfiance, derrière laquelle se cachait parfois une hostilité latente. Les dorniens avaient la réputation d’être des êtres particulièrement sûrs d’eux, et toute cette arrogance semblait avoir pris forme humaine en la personne du Dayne, pour le plus grand déplaisir de celles et ceux qui gravitaient autour de lui. Et alors qu’il se tenait devant les gardes du Vieux Lion, dépourvu des apanages guerriers et pompeux de ces derniers, de la pointe de ses cheveux au bout de ses longs doigts fins, tout son être semblait crier à leur visages à quel point il se pensait meilleur qu’eux. Les deux hommes, immobiles tels des citrouilles, paraissaient nullement atteints par cette provocation silencieuse. Et s’il savait que le Sand restait muré dans son mutisme borné pour éviter de commettre un acte qui lui coûterait cette place pour laquelle il avait bridé sa nature sauvage, le second ne laissait que trop deviner une intelligence terne et la vivacité d’esprit d’un concombre. De cet homme, Gerold n’en avait déjà qu’une piètre estime. Sous les plaques ouvragées qui encadraient un visage peu gracieux et plus proche de la franche laideur que de la banalité dont le faciès des soldats était d’ordinaire affublé, le chevalier dornien voyait cette médiocrité qui lui faisait horreur. Quelques plumeaux rouges et or ne cacheraient jamais l'odeur du purin. Il ne connaissait pas son nom, pourtant il était certain qu’il finirait dans l’oubli. Quand à son oreille lui parvint le murmure hargneux qui suivit la réponse du garde,  dont le regard fuyait déjà la réaction dont il ignorait encore toute l’ampleur, celui que l’on appelait Sombrastre oublia instantanément la présence du bâtard, prime raison de sa venue. Car son âme gangrénée par l’orgueil ne supportait aucun affront, encore moins ceux prononcés à mi-mot. Les prunelles honteusement détournées afin de ne plus croiser celles du Dayne n’arrangeaient en rien le sort de cette anaphabète qui faisait montre de bien peu de prudence. “Vous avez osé me défier?” Une lueur synonyme de folie habillait ses yeux sombres, alors qu’aux coins de ses lèvres se dessinait un sourire. Malgré le sang qui bouillonnait déjà dans ses veines, le Chevalier de Haut-Hermitage s’exprimait avec la même voix basse et calme que d’ordinaire.“Mais quelle témérité!” Les deux enjambées qui le séparait du soldat furent vite englouties par le dornien dont l’attention était toute dangereusement tournée vers le compagnon de garde du Sand. A la faveur d’une brise qui traversa les arches, les jeunes feuillages pistaches des arbrisseaux frémirent. Il ressentait déjà les fourmillements qui venaient envahir ses mains dès lors que l’occasion de dégainer sa lame se dessinait. L’ennui qu’il éprouvait à vivre dans la Capitale l’avait atteint plus qu’il ne l’avait imaginé, et l’effort qu’il dut faire pour ne pas se saisir dans l’instant de la garde de son épée fut plus pénible qu’il ne l’avait envisagé. Le chevalier des Montagnes Rouges ne put cependant résister à l’envie de frôler de ses doigts le fourreau de cuir qui abritait la précieuse lame. Déjà, il imaginait l’acier frappant le lion qui ornait la poitrine du maraux dont on avait caché la vulgaire banalité sous de l’or et du sang. Les plaques qui couvrait son corps auraient tôt fait de finir au sol, tranchées, pliées, enfoncées, un origami d’acier et de lourdes étoffes rouges sang. Une lubie pour laquelle il prit effrontément le temps de réfléchir, silencieux, se contentant de poser sur le soldat un regard distrait, trahissant sa réflexion. “Votre lord vous a-t-il ordonné d’insulter les hommes qui se présentent à sa porte? Si tel est le cas mettez-y plus du vôtre. Et je vous prierai de me regarder se faisant. Il n’y a que sur le minois d’une jouvencelle qu’il m’est agréable de voir un regard se détourner. C’est alors de la pudeur ou de la timidité. Mais sur le vôtre, ce n’est rien d’autre que la réaction d’un homme veule, ou pire, d’un faible.” Le Dayne passa alors son regard violet sur tout la personne de l’ouestrien, tout en se reculant à peine. Cet examen peu poli ne dura que le temps pour le visage du dornien de se morpher en une expression pensive, qui, une nouvelle fois, n’était que feinte. “J’imagine...que cela est inévitable lorsque l’on ne vit plus qu’entouré par l’or des Lannister . La dernière fois que j’ai vu tant d’or et de tissus sur une même personne, c’est lorsque j’ai croisé cette veuve Bieffoise dans les jardins.” Ses sourcils se froncèrent légèrement, alors qu’il acquiesçait lentement à la pensée de se souvenir déjà lointain. Il s’amusait de cette image qu’il lui était restée, de cette vieille duègne aux colliers dont les pierres opaques et grossières à son goût lui avaient alors rappelé ses friandises cacaotées que l’on donnait aux jeunes enfants à Dorne. “C’est étonnant ce qu’un cou décharné peut réussir à supporter comme poids en bijoux.”

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"YOU CAN'T CHOOSE WHAT STAYS AND WHAT FADES AWAY..."

An 298, Début Lune 11



daemon sand & gerold dayne

De toutes les calamités de Dorne, Daemon n'en connaissait aucune qui ne vint à user sa patience plus rapidement que la voix mielleuse et fourbe du chevalier aux cheveux d'argent. Même le ricanement moqueur de Lady Nym ne le poussait pas tant à la colère, ou du moins, pas à une colère si viscérale que celle qui lui tordait les tripes d'impatience et de frustration à cet instant. Les secondes passaient. Lentement. Trop lentement. Son regard biaiseux tourné vers son collègue, le bâtard surveillait d'un œil froid la réaction de ce dernier. Sur ses épaules reposait le même tissus écarlate qui retombait le long de son dos, et sur sa poitrine brillait le caparaçon doré des capitaines qui faisait aussi la fierté du jeune dornien. Il n'y avait que l'attitude rustre du soldat de l'Ouest qui semblait devoir marquer la différence entre leurs deux uniformes. De la pointe de leur heaume jusqu'à leurs gants cramoisis, ils étaient deux jumeaux. Seul l'esprit pernicieux de Gerold eut alors l'idée de chercher à voir, sous l'ombre de leurs casques, l'identité des hommes qui gardaient l'antre du Lion. Que n'avait-il pu passer son chemin, jura intérieurement le brun, se retenant de gronder cette pensée d'une voix âpre. La matinée aurait alors eu un goût bien différent sur sa langue déjà tapissée d'aigreur. Ses prunelles sévères suivirent la dangereuse avancée du Dayne vers le garde, se reposant ensuite sur le profil busqué de celui qui partageait son grade.

Le soulagement qu'il pensait éprouver en le voyant s'éloigner ne vint pas et se retrouva même renforcé par l'envie non dissimulée du chevalier de Haut-Hermitage de pousser l'Ouestrien à la faute, puisqu'il n'avait pas réussi sur lui. Par amusement, par ennui, par sournoiserie. Ses motivations restaient ce même maelstrom d'intêret et de mépris mélées qu'autrefois, rendant ses intentions difficilement lisibles pour un esprit aussi rugueux que celui de Daemon. Ce dernier manqua de se mordre la langue en voyant soudain le visage de la nouvelle cible du dornien tourner à un rouge aussi éclatant que celui dont il était paré.  Loran avait froncé des sourcils déconcertés devant la verve de l'intrus mais il n'avait pas tardé à comprendre qu'il était la cible d'insultes. Aussitôt, le Sand vit sa main fondre sur la garde de son épée et ses doigts épais se refermer dessus avec force. La poitrine du bâtard se souleva d'une inspiration surprise. Dans les couloirs presque déserts, la danse des domestiques avait déjà débuté, entrainant dans sa course quelques nobles matinaux dont les ombres passaient non loin dans un doux froissement d'étoffes. Quelques rumeurs de discussions commençaient à leur parvenir, étouffés par les murs épais. Il ne pouvait craindre rien de pire qu'un combat de coqs à un souffle à peine de l'aura terrible du Lannister. L'heure était matinale, et sans doute que la plupart des sang-bleus qui avaient l'honneur de séjourner au coeur du Donjon se prélassaient sur d'épais divans, goûtant oranges confites et raisins fraîchement cueillis en admirant l'éclat pâle de l'aube sur les eaux scintillantes de la Néra. Loin de cette oisiveté, Daemon n'avait guère besoin d'entrouvrir le lourd battant de bois pour savoir que Lord Tywin était à son bureau, assis sur sa chaise d'acajou sculpté, à fouiller ses parchemins avec une application redoutable. Au moindre bruit suspect, cependant, il se lèverait. Et s'il préférait imaginer que tant que les épées demeuraient dans leurs fourreaux, rien ne pourrait alerter l'oreille du Suzerain, une part de lui-même craignait qu'il ne fut déjà intrigué par l'étrange échange qu'il devait percevoir au travers des battants de sa porte. Si l'un des deux hommes attaquait, il ignorait lequel son instinct le pousserait à corriger en premier. Le Dayne pour son arrogance? Le garde pour son indiscipline? Son intransigeance, alliée à sa colère, soupirait à l'idée de les faire taire tous deux.

Sa frayeur, néanmoins, mourut aussi vite qu'elle était née, soufflée par l'hésitation qui sembla prendre possession de son collègue qui bégaya quelques mots bilieux pour toute réponse à l'adresse du dornien. Son inquiétude, quant à elle, garda ses griffes plantées dans son cœur déjà furieux de la seule présence de celui qu'il n'avait jamais réussi à considérer comme son cousin. Incertain de l'autorité qu'il pouvait avoir sur le garde, plus incertain encore de la manière dont l'ouestrien pouvait prendre une intervention de sa part, le fils de Ryon garda ses lèvres pincées bien qu'il céda à la pression latente de son corps qui, par réflexe, le porta d'un pas vers le périlleux duo. La raideur de sa silhouette ne faisait qu'encourager l'allure austère qu'il affichait, avec son dos droit et son corps discipliné par une vie qui serait consacré aux affres militaires. Ses épaules frémissaient à peine au rythme calme de sa respiration. Daemon déglutit difficilement et serra les machoires, attendant avec un mince espoir que cette vipère reparti au plus vite, lassée de son jeu malsain. Evidemment il n'en fut rien.
Un frisson glacé coula dans sa poitrine. Comprenant que cette situation menaçait de s'éterniser et de dégénérer, le bâtard se résigna, bien qu'il ne se priva pas de porter sa main au poignard dornien qui ceignait sa hanche sur sa droite. Quand il resserra ses doigts minces sur le métal le cuir de ses gants grinça doucement. D'une voix monocorde il lâcha soudain ces brèves paroles, aussi sèches et intraitables que les sables de Dorne:

"Si vous n'avez aucune affaire dont vous souhaiteriez entretenir Lord Tywin, je vous suggère de partir, Ser. "souffla-t-il appuyant sur le dernier mot avec fureur. Daemon détestait mettre les formes dans ce qu'il faisait et disait, aussi chaque mot qu'il prononça lui coûta terriblement tant ils lui semblaient étrangers dans sa bouche.



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"...And I'd do anything to make you stay."

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Daemon Sand & Gerold Dayne

   L'atmosphère s'était dangereusement tendue dans le couloir pourtant tranquille. Les pas lointains de quelques serviteurs qui résonnaient entre les murs de pierre encore gorgés de la fraicheur de la nuit ne perturberaient pas le jeu que Sombrastre menait depuis son arrivée. Après tout, ceux qui en étaient l'objet n'avaient guère d'autre choix que de le laisser faire, lui qui avait toujours su faire mal sans franchir les limites qui auraient permit à ceux qui avaient croisé sa route de l'accuser de la moindre faute. Et si son attention était désormais tournée vers le garde qui avait saisit la perche sagement et surprenamment ignorée par le Sand, le chevalier dornien n'avait pas oublié ce qui l'avait tout d'abord mené ici, aux portes de l'antre du Lion de Castral-Roc. De ce fameux Lion, ce fauve maigre et vieillissant, il n'en avait que faire, de même le Lannister n'avait sans doute pas pris la peine d'encombrer son esprit occupé avec le nom du Dayne. Lorsque le soldat aux épaules couvertes d'une épaisse et encombrante étoffe cramoisie se saisit de la garde de son épée dans un geste tremblant de colère, les yeux sombres du dornien n'en brillèrent que d'avantage. Il n'y avait rien qu'il ne faisait mieux que de blesser avec ses mots imprégnés de venin, sinon de planter la lame qu'il portait à sa ceinture dans la chair de ceux qui avaient le malheur de parvenir à le mettre en colère. Ce ne serait pas le cas de ce triste sire, il le savait. L'homme cherchait péniblement des insultes à lui jeter au visage quand les mots du Dayne coulait de sa bouche tel du poison. Assurément, ce n'était pas là la fierté de la garde de Tywin Lannister. Le chevalier de Haut-Hermitage n'eût pourtant pas le loisir de répondre au garde maladroit, et ce malgré la vivacité de sa verve, car l'échange peu aimable fut autoritairement coupé par le bâtard. Légèrement plus grand que lui, Daemon Sand le toisait, ses yeux bleus tout autant emplis d'un rancune dont il se savait le maître d'oeuvre que d'une sévérité qu'il ne lui connaissait pas. Un trait nouveau, que le Dayne apprécia en silence, non sans que sa bouche finement dessinée ne s'ourle en un sourire qui n'avait plus rien d'insultant. Ce n'était plus la voix de l'enfant cotoyé autrefois qui s'adressa alors à lui. Les mots étaient trop pesés, les formules trop polies et précieuses pour le Sand qu'il avait connu, et voir de telles paroles lui être servies par ce dernier l'amusait en même temps qu'elles ravivaient les souvenirs déjà lointains de leur passé commun. Personne sinon lui-même ne pourrait jamais comprendre comment il pouvait prétendre faire renaître de ses cendres cette amitié qu'il avait brisée à dessein. De l'arrogance, du mépris, une débordante et indécente estime de sa personne, voilà comment les commérages expliqueraient cette rencontre provoquée par le chevalier Dayne, dans les couloirs du Donjon Rouge.

La lumière du jour venait déjà caresser le cuir sombre de ses bottes, lui rappelant ainsi qu'aux deux gardes, que cette entrevue n'avait que trop durée. L'arrivée d'un petit groupe de serviteurs aux bras chargés de linges ainsi que la discussion de deux hommes richements vêtus et qui se dirigeaient sans doute vers les jardins, finirent de donner raison au bâtard de la Grâcedieu. Personne ne semblait se questionner sur le silencieux et étrange trio formé par les hommes de Tywin et le dornien, après tout ils n'avaient rien vu de l'échange tendu qui avait précédé l'arrivée des lèves-tôt. Il faudrait pourtant être naïf pour penser que cela échapperait aux oreilles de l'Araignée. Les piaillements d'un oiseau qui s'était engoufré dans le couloir résonnèrent entre les murs qu'il frola de ses fines ailes noires. L'arrivée propice de l'animal fit sourire le Dayne, tant elle semblait répondre à ses pensées. Ici tous les oiseaux trainent derrière eux le fil de soie d'une toile. Son attention revenant au Sand qui dardait toujours sur lui le même que regard sévère et bleu, le visage du Chevalier de Haut-Hermitage était avenant et serein, donnant l'impression dérangeante qu'il changeait de masque au gré de ses envies. Un exercice qu'il exécutait avec tant d'aisance et de naturel qu'il était difficile de savoir s'il avait jamais montré son véritable visage, ou s'il était réellement tous ceux qu'il était capable de montrer à la fois. "Je ne me permettrai pas d'abuser de votre patience, Ser. J'ai déjà suffisamment accaparé votre précieux temps." Le Dayne salua les deux gardes d'un signe de la tête, son attitude démontrant la vitesse effrontée avec laquelle il avait déjà laissé derrière lui les provocations qu'il avait infligé aux soldats Lannisters, avant de tourner les talons. Le silence seulement troublé par le froissement de son habit sombre et le claquement léger de ses bottes sur les dalles, la quiétude du calme retrouvé ne signait en rien la fin du manège commencé par Sombrastre. Et alors qu'il disparaissait à l'angle du couloir, il se mit à siffloter. Et la mélodie qui s'échappait d'entre ses lèvres trouva un écho entre les murs, ainsi qu'elle trouverait un écho dans les souvenirs de celui à qui elle était destinée.

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