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Feat. Grand Mestre Alaric & Zhoe Manning



Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin

Un vent frais s'engouffrait dans les moindres ouvertures du Donjon Rouge même jusque dans les étroits murs encadrant les marches serpentines. En ces sombres heures d'hiver, le soleil n'y brillait et rendait la montée dangereuse. En effet, un froid glacial avait frappé le Donjon Rouge la veille avant que le temps ne se réchauffe. Aussi le roc verglacé laissait place à lourds flaques glissantes. Or le soleil se levait à peine et aucun serviteur chargé de l'entretien des serpentines ne s'était chargé de les rendre praticable.

Ainsi la silhouette solitaire qui les grimpait marchait précautionneusement. Le dos bien droit, elle se rappelait sans cesse des conseils de ses septa, cambrant légèrement la nuque et regardant droit devant elle. La moindre pensée pour ses pieds serait une faute pouvant coûter quelques côtes fêlées voir une nuque brisée. La pointe du pied touchait délicatement chaque marche avant de glisser légèrement pour accompagner le mouvement balancier du corps. Petit à petit, la femme grimpait, pestant et regrettant intérieurement son choix de s'être levée si tôt et surtout d'avoir pris un tel chemin.

Ce fut essoufflée et les joues rouges que Zhoe parut enfin à la cour inférieure devant l'air ébahi de plusieurs garçons d'écurie qui se préparaient à rendre les marches plus accessibles. Passablement ennuyé, quoique amusée, elle les envoya promptement chercher une louche d'eau aux écuries et profita de leur absence pour se reposer quelques instants contre le mur le plus proche, la tête rejetée en arrière et reposant contre son simple chignon, tout en soupirant. Le moindre de ses muscles la tourmentaient et il lui semblait que ses cuisses s'étaient au point d'empêcher de moindre mouvement. Tandis qu'elle rouvrait les yeux pour vérifier que les palefreniers soient encore loin, elle pesta usant de mots bien peu digne de sa position. Ses malédictions allèrent contre sa nièce, adorable mais si bruyante au réveil, à son envie de découvrir un lever de soleil sur la Citadelle de Maegor mais également contre le mauvais temps et sa condition physique affaiblie par les longues heures d'inactivité. Par le Père, que les longues promenades équestres lui manquaient au coeur de l'été...

Zhoe reprit sa contenance lorsque reparurent les palefreniers. Elle but de manière gracile à la louche qu'ils lui tendaient et les remercia d'un sourire poli mais froid, les congédiant par la même occasion. Sans prêter plus attention à leurs jacasseries tandis qu'ils ramassaient balais et seau, elle se dirigea vers les remparts où elle avait ouï dire qu'on pouvait observer parmi les plus beaux paysages de la ville le long de la Promenade du Traître. Cela signifiaient cependant deux choses. Passer non loin de la roukerie mais également grimper encore des marches. Avec un nouveau soupir, la belle Manning pressa le pas, priant la Mère de lui épargner quelques fientes d'oiseaux. Si ce plaisir lui fut donné, on ne lui accorda pas d'entrer dans un homme en passant les portes de la tour. Avec un cri de surprise, Zhoe se retrouva la tête enfoncée dans une barbe rêche et grise aussi longue qu'épaisse. Son nez s'aplatit contre des os à peine cachés par la chair et ses cheveux se prirent dans quelques bijoux.

Avec un glapissement de douleur mais également d'horreur, elle recula précipitamment et son bruit se transforma en cri de douleur lorsque quelque chose tira sur ses cheveux. Comment son agresseur osait-il sans prendre à sa chevelure ! Prise au piège, Zhoe laissa la colère s'emparer d'elle et ses yeux s'étrécirent en même temps que son nez tandis qu'elle levait un regard furibond devant le géant qui se tenait devant. Elle n'avait que rarement vu homme à la fois aussi vieux que grand et elle n'en fut plus que contrariée. Sans faire attention aux mailles de métaux différents qui s'étaient empêtrés dans ses cheveux, elle laissa échapper d'un ton assassin : Je ne crains que vous me deviez des excuses pour m'avoir heurter de la sorte ! Et par les Sept, je vous demande de me relâcher céans, comment osez-vous agripper une jeune dame par ses cheveux ? Elle reprit son souffle et reprit de sa voix acerbe et colérique : Qui diable êtes-vous donc ? Si vous êtes un serviteur du Grand Mestre, je vous jure qu'il entendra parler de vos manières déplacées !

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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

An 302, Lune 2, Semaine 3

Une froide matinée se présentait ce matin-là à Port-Réal. Il avait plu la veille, et la fraîcheur matinale frappait avec violence, renforcé par la brise maritime, portant le vents glaciaux venus du Nord, de par-delà le Mur. Mais cela n’allait pas empêcher le Grand Mestre Alaric de faire sa sortie et promenade matinale ! Debout très tôt comme à son habitude, s’est après s’être lavé qu’il avait enfilé une grande tunique grise bien chaude et sa chaîne par-dessus, avant d’enfiler son chapeau et quitter ses appartements de Grand Mestre pour s’aventurer dans le Donjon Rouge.

Cela ne faisait même pas une lune qu’il était arrivé en ces lieux, avec ce nouveau poste, et le nouveau Grand Mestre avait fort à faire pour mémoriser tous les chemins possibles et imaginables que possédait la forteresse, sans penser aux fameux passages secrets qui devaient regorger de part et autre, à en croire les sordides histoires sur Maegor Ier “le Cruel”.

Le Donjon Rouge était toujours très calme à cette heure de la journée, même si au loin Port-Réal émettait des bruits sans cesse, la vie ne cessant jamais d’animer cette ville qui lui rappelait Villevieille, en bon comme en mal. C’était une atmosphère qu’Alaric appréciait, croisant et saluant les servants et roturiers avec humilité et respect, ainsi que les gardes qui commençaient à avoir l’habitude de voir cet étrange Grand Mestre faire les mêmes rondes matinales, de généralement une demi-heure, avant de se mettre au travail pour la journée.

Cette fois, c’est vers les murailles que les pieds du Grand Mestre s’étaient tournés. Son esprit lui, était à la prochaine réunion du conseil restreint à laquelle il allait devoir assister, parmi autant de figures imposantes et puissantes que lui était humble et discret, pour ne pas dire invisible.

Et c’est soudain qu’un choc puis un cri le fît sortir brutalement de ses pensées. Sous ses yeux se dévoila une jeune et jolie demoiselle, au visage fulminant au rouge à une grande vitesse, qui voya sa chevelure s'emmêler dans ses maillons de par son agitation. Elle démarra au quart de tour, lançant un regard assassin au Grand Mestre et se mettant à littéralement vociférer contre lui d’une brutale manière. Alaric en fut tout aussi brutalement troublé que gêné, et c’est balbutiant que ses mains commencèrent à trembler, son visage devenant rouge, face à cette jeune demoiselle se représentant telle une démone :

- M-M-Mille excuses ma Dame ! Il-Il-Il n’était p-point mon in-intention de vous nuire, je-je...laissez moi juste retirer vos cheveux de mes maillons et-et-et vous serez libre !

Il procéda alors rapidement, de mains tremblantes, le visage rouge, son regard porté vers les cheveux de la jeune demoiselle qui s’étaient prit dans ses maillons. Quel tête en l’air il faisait ! Il ne connaissait point cette Dame, mais elle était clairement de noble naissance, et le Grand Mestre imaginait déjà tous les potentiels ennuis qu’il allait s’attirer, surtout quand il eut à s’annoncer, une fois les cheveux de la demoiselle retirés de ses maillons :

- En-encore tout-toutes mes excuses ma Dame ! J’étais pe-perdu dans mes pensées et…

D’un geste alors brusque, il s’inclina devant elle, bras parfaitement alignés le long de son corps, sa voix se faisant plus forte, pleine d’humilité et empreinte de cérémoniel, sur un ton également plus rapide et stressé :

- Je-Je suis le Grand Mestre Alaric, et je suis désolé, ma-ma Dame ! Pro-Profondément ! Veuillez avoir mes plus grandes excuses en mon humble nom et statut !

Et il resta ainsi, incliné, afin de montrer toute sa révérence et son pardon pour cette pauvre jeune demoiselle qu’il avait cogné sans faire exprès. Son esprit était bouillonnant, sa tête rouge comme une tomate et son cœur battant à la chamade, terriblement gêné à l’idée de pouvoir commettre une aussi bête erreur alors qu’il est présent depuis si peu de temps.

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Feat. Grand Mestre Alaric & Zhoe Manning



Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin

L'impromptu domestique vira au rouge et se mit à bredouiller des excuses d'un ton gêné et pressé. Ce fut qu'au mot "maillon" que Zhoe connut un moment d'hésitation. Inquiète, elle leva les yeux vers ce qu'elle pensait être la main du vieil homme pour y découvrir une longue chaîne de métaux. Chaque maillon luisait dans la lumière du matin et la jeune femme sentit son sentiment se transformer en horreur absolue. Elle venait non pas moins de réprimander le Grand Mestre en personne, l'homme qui passait pour être un des plus proches conseillers du roi !

Confondue, Zhoe n'entendit qu'à peine les paroles tandis qu'elle baissait les yeux et courbait la tête. Un frisson la parcourut. Les réprimandes de son père ne tarderaient guère à siffler à ses oreilles si un tel accident lui était conté. Et forcément cela arriverait. Le Mestre siégeait au Conseil Restreint et connaissait probablement Corlys. De rouge, la jeune femme devint pâle à l'idée qu'Arys apprenne sa gaffe. Son frère ne cesserait jamais de se moquer d'elle et elle voyait déjà venir cette cocasserie venir le jour de son mariage. Se morfondant sur sa bêtise, elle ne pouvait qu'imager à quel point cela ternirait son image.

Je suis navrée Grand Mestre. finit par répondre Zhoe d'un ton contraint. J'ai cru avoir affaire à un serviteur brutal et malpoli. Votre chaîne m'a trompée, je pensais qu'une main s'agrippait à ma coiffe.

Lissant d'un air nerveux sa robe, elle leva les yeux et se rendit compte que tout deux s'était inclinés dans un moment de gêne absolue. Zhoe cligna des yeux l'espace de quelques secondes abasourdie par la situation puis son caractère jovial refit surface et elle sourit d'un air gêné.

J'imagine que aucun mal n'a été fait. Pardonnez-donc donc mon effronterie Grand Mestre... Alaric ? Je suis Zhoe Manning, fille du conseiller Corlys Manning que vous devez côtoyer.

Une main sur le pli de sa robe, la jeune femme fit une révérence formelle avant de passer ses doigts dans ses cheveux. Avec horreur, elle se rendit compte que son chignon s'était détaché et que ses cheveux flottaient librement au gré de la légère brise passant par la porte, ses boucles tombant sur ses épaules. Une tenue fort peu adaptée à la Citadelle de Maegor pour sûr, même pour une simple promenade le long de celle du Traître.

Je me vois gênée de vous demander cela Grand Mestre. Mais sauriez-vous par hasard où je puis me procurer un miroir pour mettre en ordre ma coiffe ? demanda Zhoe d'un air récalcitrant et contrit, mortifiée de devoir faire une telle exigence.

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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

C’était là une situation bien cocasse à laquelle le Grand Mestre se retrouvait être mêlé. C’est avec grande surprise qu’il vît la jeune demoiselle, qui semblait encore il y a quelques instants portée par l’esprit du Guerrier, se calmer et même s’incliner devant, présentant elle-même des excuses ! Le ton contraint qu’elle prit, son regard se calmant, confirma au Grand Mestre que l’énonciation de son identité avait calmé la jeune demoiselle. Ouf, par les Sept ! Alaric sentit son cœur se soulager, son visage devenant moins pourpre, face à la jeune demoiselle s’excusant désormais. Et elle se présenta.

Zhoe Manning. Une Manning ? Oh ! Elle devait être la fille du seigneur Corlys qui siégeait au conseil restreint en sa qualité de conseiller désigné par Sa Majesté. Un homme qui semblait bien droit, fier et ambitieux, mais avec lequel le Grand Mestre n’avait pour l’heure aucunement entretenu quelconque conversation. A vrai dire, au sein du conseil, à part Sa Majesté et Oberyn Martell -une vieille connaissance amicale-, le nouveau Grand Mestre n’avait point échangé à part avec ses collègues, restant d’ailleurs toujours en retrait lors des conseils. C’était une habitude à prendre, et tout intimidé qu’était le né-paysan entouré par tous ces puissants personnages, cela n’était clairement pas prêt d’être maîtrisé par ce dernier !

Son esprit encore divaguant vint cependant remettre Alaric dans la réalité de la situation. Face à lui se tenait donc la jeune Zhoe Manning. Une femme forte jolie il se devait de le reconnaître, dont les cheveux -défaits à cause de ses maillons- et bouclés lui rappelant un très lointain et brumeux visage, tout comme des souvenirs, heureux comme malheureux. Son air gêné se vint, tandis que le Grand Mestre se mit à sourire et légèrement rire, autant pour détendre l’atmosphère que défaire son stress, une habitude qu’il avait acquise depuis sa plus tendre enfance.

Il prit alors la parole, sa voix plus sûre et sereine, son visage plus calme, bien que toujours rougeâtre :

- Ne vous excusez point Dame Zhoe ! C’est moi, bêta que je suis, qui ne regardais pas où je marchais et me suis malencontreusement cogné contre vous ! J’aurais du faire plus attention, et j’y veillerais pour les prochaines fois, vous avez ma parole de Mestre !

Il inclina alors à nouveau la tête, se tenant toujours droit comme un bâton, en position de serviteur :

- Je suis tout à fait enchanté de vous rencontrer, Dame Zhoe ! Votre père me semble être effectivement un homme bon et droit, fidèle et serviable envers Sa Majesté. Nuls doutes qu’il sert bien au sein du conseil restreint, enfin, du peu que j’en ai pu voir jusqu’à maintenant !

Son ton se voulait un peu plus amusant, comme son sourire, même si un tempérament de respect envers la Dame Manning se faisait constamment sentir dans le comportement du Grand Mestre. La Dame Zhoe était encore jeune, Alaric lui donnait à peine le début de vingtaine, dans toute la grâce et beauté de cet âge. Et peut-être aussi le comportement, à voir sa prime réaction ! Heureusement elle s’était vite calmé, sinon le Grand Mestre n’ose imaginer comment il aurait pu envisager de la calmer. Les femmes avaient, qu’importe l’âge, toujours ce don de pouvoir être tenaces et inflexibles à un point inimaginable, et dont Alaric n’avait jamais vraiment trouvé la force d’en venir à bout. Mais il trouvait que cela faisait aussi indéniablement parti du charme de bien des femmes.

C’est quand Dame Zhoe fît sa demande, l’air toute gênée, qu’Alaric répondit avec un nouvel abaissement de la tête :

- Mais n’ayez point gêne à me demander un service, Dame Zhoe ! Je suis un Mestre, à votre service ! Un miroir dites-vous donc ? J’en ai qui devrait faire l’affaire dans mes appartements, ils ne sont pas loin en plus. Souhaitez-vous venir ? Il y a un petit nombre de marches à faire, mais cela est toujours bon de faire un effort physique matinal pour le corps, et l’esprit, ainsi que se réchauffer en cette période ! Où souhaitez-vous m’attendre ? Dans ce cas, promis, je ferais vite ! Le Donjon Rouge est de toute manière encore très tranquille à cette heure-ci, je suis donc certains qu’à part moi, personne ne viendra vous chercher quelconque soucis !

Il eut alors un petit rire, croisant les mains, prêt à partir sur ordre de la Dame Zhoe.

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Feat. Grand Mestre Alaric & Zhoe Manning



Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin

Zhoe ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils à la vue du sourire nostalgique, aussi triste qu'heureux, qui s'affichait sur le visage du Mestre. Elle n'aimait guère qu'on la regarde de cette façons, cela lui rappelait son jeune âge et l'infantilisation qui allait avec. Cependant, les longues années du vénérable Alaric devaient induire un comportement avec presque chaque homme et femme qu'il croisait. L'impressionnant Rhaegar était-il gâtifié par la main de son conseiller ?

Les questions de Zhoe s'envolèrent avec le sourire du Mestre qui la noya sous des excuses et quelques compliments sur son père. Lorsqu'il insinua ne pas le connaître de manière privée, elle ne put s'empêcher d'être soulagée. Si l'Aïeule la protégeait, l'incident ne remonterait pas aux oreilles paternelles. Mais dans le même temps, elle parlerait à son père de se rapprocher du Grand Mestre, il était souvent de grande importance et une amitié aiderait les ambitions de la famille. Peut être qu'Alaric et elle se quitteraient en bons termes, annonçant un début d'alliance.

L'invitation du Mestre à l'accompagner dans ses appartements la prit de court. Elle ne s'attendait pas à une telle offre. Elle hésita une seconde à l'attendre ici, la jeune femme n'attendait plus que d'être seule et pouvoir réfléchir à cette rencontre impromptue. Par les Sept !, se morigéna-t-elle, il s'agit du Grand Mestre, pas d'un simple domestique. Aussi elle lui fit savoir qu'elle viendrait avec lui. Au moment d'emboîter le pas après l'homme, elle hésita l'espace d'une seconde. Il n'était guère respectable pour une jeune femme d'aller avec un homme, de surcroît seule dans ses appartements. Mais d'un autre côté, personne ne le saurait probablement jamais et il s'agissait du Grand Mestre. De plus, Zhoe avait assez entendu de servantes se plaindre de la perte de virilité de leurs hommes l'âge venant pour ne pas se faire de soucis. Le vieil homme ne devait plus connaître de tels appétits caractéristiques de la jeunesse.

Comme promis, l'escalade jusqu'aux modestes pièces de l'appartement prit quelques minutes mais après l'épreuve des marches serpentines, Zhoe ne sentit qu'à peine essoufflée. Une pointe d'inquiétude la gagna cependant tandis qu'elle prenait place devant le miroir, offert gracieusement par Alaric. Comment le vieux Mestre pouvait-il se permettre un tel exercice physique quotidien dans son état ? Tout à ses pensées, Zhoe décida de changer de coiffure et retira quelques épingles qu'elle gardait consciencieusement piquées dans sa manche pour se faire une longue couronne. Laissant ses mains guidées une gestuelle faite des centaines de fois, elle observa les lieux d'un oeil curieux bien que purement innocent. Entraînée par les éternels commérages, elle nota bien l'absence de présence féminine et se posa une question toute simple. Effrontée et, étrangement, à l'aise, elle alla droit au but devant Alaric :

Mestre... Je me dois vous demander. Je n'ai jamais vu un de vos... compatriotes mariés ou même avec une concubine. Ne connaissez-vous donc aucun désir d'une union devant les Sept ? Aucun d'entre vous ? demanda-t-elle, rougissante. Je veux dire que ce soit moi ou tout autre homme et femme, nous ne brûlons que d'épouser quelqu'un...

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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

Ainsi, c’est avec un large sourire et satisfaction que le Grand Mestre montra la voie jusqu’à ses appartements à la Dame Zhoe, finissant ainsi par la même occasion sa ballade matinale, qui s’était relevée pour le moins bien cocasse ! Comme quoi, chaque nouvelle journée à Port-Réal réservait son lot de surprises comme commençait à l’apprendre le né-paysan. Pour sûr, cela changeait des Parchemins et de leur tranquillité !

Il fût cependant intrigué durant la montée de voir à quel point le moindre exercice physique semblait incommoder la jeune femme. Elle semblait pourtant bien en forme physiquement. Peut-être souffrait-elle d’un mal invisible à l’oeil ? Le Grand Mestre avait déjà vu et étudié cela par le passé, des maladies et douleurs rongeant le corps de l’intérieur, sans pour autant point montrer marque sur le corps de l’individu. Aussi fascinant que troublant. Dans tous les cas, il espérait que la jeune et jolie Dame Zhoe n’avait rien de cela. A son âge cela serait bien triste, et malheureusement à Westeros, les enfants et jeunes n’étaient pas épargnés par les maux frappant les adultes…

Arrivés dans les appartements du Grand Mestre illuminés par le soleil levant, le Grand Mestre fit rapidement et humblement le tour des lieux. Car a vrai dire, il n’y avait pas grand chose à montrer. Les “appartements” du Grand Mestre pouvaient porter à confusion, car il s’agissait en réalité plus d’un grand bureau qu’autre chose avec quelques petites pièces annexes, fouillis de nombreux parchemins, livres, ustensiles et autres objets divers et variés. Quand il était arrivé, Alaric avait eut droit à un bureau vierge, débarrassé de toutes les affaires jugées “inutiles” par Sa Majesté de feu Grand Mestre Pycelle, lui laissant l’occasion de faire ce vaste espace de travail à son image.

Et pour sûr, il l’était. Même s’il n’était à son poste que depuis moins d’une lune, Alaric avait commencé à organiser les appartements à son image : ordonné et humble. Tout avait sa place, était bien ranger, classer et annoter. Le perfectionnisme du Grand Mestre pouvait se ressentir partout dans son bureau, tout comme par exemple sur le miroir qu’il présenta à Dame Zhoe pour qu’elle puisse se recoiffer. Ce dernier était simple, mais impeccable, très bien entretenu.

Le lieu de vie du Grand Mestre laissait ainsi parfaitement transparaître son état et sa personnalité : un homme organisé, simple et pourtant perfectionniste. Et aussi profondément dévoué à son devoir et à servir. C’est pourquoi le Grand Mestre, quoique rougissant, répondit à la Dame Zhoe, tout en la fixant, droit et respectable comme le requiert son statut et devoir :

- Un désir d’union ? Ignorez vous Dame Zhoe que comme les septons et septas, en prenant nos vœux, un Mestre se refuse à toute relation charnelle et/ou union matrimoniale ? Car un Mestre vit pour servir, son seigneur et sa famille. Il n’a pas à se consacrer aux plaisirs de la chair ou aux obligations d’un père de famille. Seul le devoir compte. Tel est l’obligation de ceux prenant la voie de Mestre. Ou du moins ceux choisissant d’aller jusqu’au bout et parvenant à former leur chaîne !

Le Grand Mestre eut alors un petit rire. Cette question était bien étrange, le fait que les Mestres étaient célibataires étant bien connu. Comment pourraient-ils gérer la maisonnée de leur seigneur et avoir une famille en même temps ? Impensable pour Alaric. Cependant il ajouta :

- Après, bien entendu, ne vous y trompez guère. Comme pour les septons, septas ou encore les sœurs du silences, tous n’ont pas respectés leurs vœux, et ont entretenus des relations charnelles avec autrui. Cela arrive. Cela sont des histoires de cœur. Mais après, pour cela, chacun est seul juge.

Il laissa planer alors un petit silence, toujours souriant et quoique un peu gêné, d’autant qu’il réagit à nouveau d’un coup, comme s'il anticipait une pensée de son interlocutrice :

- Oh mais n’allez pas imaginer que cela est mon cas ! Je le jure sur la barbe du Conclave, mes vœux n’ont pas été brisés en plus de dix années de service, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer !

Il eut alors un nouveau rire. Clairement, il n’avait plus l’âge pour ça, et même s’il reconnaissait et pouvait être touché par la beauté et la grâce de telle ou telle Dame, lointaine était l’époque où désormais la gente féminine était à sa portée. Et de toute manière, son devoir prévalait sur tout le reste.

- Pourquoi donc ce questionnement, si je puis me permettre, Dame Zhoe ? Auriez vous une…”attache à votre coeur” par hasard ?

Sa question était aussi soudaine que sincère, dénuée de tout vice ou potentielle moquerie.

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feat Grand Mestre Alaric

Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin



Zhoe battit de ses longs cils pour absorber le flot d'informations qu'Alaric venait de lui prodiguer. Elle ne pouvait nier le ton pédagogue et l'attitude professorale du Grand Mestre qui lui plut aussitôt, lui rappelant le Mestre de Noirport. C'était à ses côtés qu'elle avait appris à mettre son nez dans les affaires d'Arys, à la demande express de son frère évidemment. Elle ne s'était jamais posée la question si le célibat si commun au sein des Mestres était une question de voeux ou le fait de trop nombreuses années passées à lire de vieux livres au coeur de la Citadelle. La défense féroce du Mestre quand à son propre respect de ses doutes la fit sourire et elle répondit presque aussitôt :

Si cela ne fait que dix années que vous servez, c'est que vous avez dû connaître l'amour auparavant, dit elle, le regard lointain. Il existe des rumeurs concernant un mestre nain. Sont-elles vraies ? Les femmes peuvent-elles devenir Mestres ?

La réponse était probablement négative mais Zhoe voulait rêver à un doux avenir pour sa cousine Moyra, si avide de connaissances. La jeune femme fut prise de court par la dernière question du vieil homme. Lui avait-il réellement demandé son propre statut marital ? Ne voyait-il donc pas qu'elle ne portait pas d'anneaux ? Et même si elle avait eu un amant, les Sept puissent pardonner une telle pensée, quel intérêt aurait-elle eu à lui dire ? Malgré tout l'air candide et si innocent du Mestre valait bien la vérité.

Je n'ai aucun accroche de coeur Mestre. Il ne siérait guère un tel comportement de la part de la fille d'un proche conseiller du roi voyons. Cependant, la question du mariage m'intrigue et m'effraie je dois vous l'avouer. Je crains ne pas trouver chaussure à mon pied, un fils de grande famille, peut être même l'héritier d'un suzerain. Qu'en pensez-vous Mestre ? Peut être même pourriez vous m'aider ? lança t'elle d'un ton enjoué, en piquant sa dernière épingle dans ses cheveux et en se retournant vers son hôte.


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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

L'attitude de la Dame Zhoe était déciment siégeant bien à son âge : sûre d’elle, pétillante et manquant clairement d’étiquette ! Enfin, après tout, Alaric ne restait “que” le Grand Mestre, c’est à dire un simple conseiller de Sa Majesté au service de sa famille, comme des dizaines d’autres de Mestres à travers le continent. Il n’était point seigneur, n’avait point pouvoir ou réelle autorité, surtout quelqu’un d’effacé et humble comme lui.

Alors l'attitude de la jeune Dame envers lui ne le gênait guère. Il avait déjà vu ça et savait facilement faire affaire avec. D’autant qu’il préférait avoir affaire à cette attitude qu’à celle qu’il avait juste plus tôt, Dame Zhoe telle une furie de la Guerrière prête à abattre tous ceux sur son chemin ! C’est donc avec un certains sourire, que tout en observant la jeune Dame Zhoe, il lui répondit :

- Une dizaine d’années que je sers en tant que Mestre, mais des décennies que j’étudie à la Citadelle ! J’étais au moins bien à mon septième ou huitième maillon que vous avez vu le jour, Dame Zhoe ! Et un Mestre nain ? Mais… Il eut un nouveau rire. D’où sortez vous pareilles sornettes ? Peut-être sans doutes dans l’histoire millénaire de notre ordre, un nain est devenu Mestre, mais je n’en ai personnellement jamais croisé à la Citadelle. Et non, les femmes ne peuvent devenir Mestres, car elles se doivent de tenir leurs maisonnées et familles, comme nous, Mestres, devons servir avec humilité et bienveillance !

Il esquiva par ailleurs totalement la question de l’amour qu’avait posée la jeune Dame. Oui. Le Grand Mestre avait connu l’amour. Une réelle fois, il y a bien longtemps, quand il arpentait encore à la sueur de son front les champs du Bief. Une époque lointaine, révolue, qui n’était plus qu’un lointain rêve. Les souvenirs et l’amertume attendraient.

Face à la seconde réponse de la jeune femme, le Mestre ne put que retenir un large sourire et rire étouffé, tellement cela semblait...et bien cocasse oui était le bon terme.

- Vous aider, Dame Zhoe ? Oh voyons, je connaît moult et moult jeunes nobles, mais je ne suis pas quelconque conseiller matrimonial ou chose dans le genre ! Là n’est point le récipient de mes vœux ! Et que vaudrait mon avis ? C’est votre père, qui décidera de votre futur ma chère Dame Zhoe. Pour ma part, je sers la famille royale et Sa Majesté, ni plus, ni moins. Je ne fais malheureusement pas dans les unions maritales des autres familles ! Ou alors il faudrait que Sa Majesté elle-même me le demande !

Il se mit alors à nouveau à rire, soutenant le regard de la Dame qui s’était tournée vers lui, finissant de remettre ses cheveux en place. Elle était jeune et jolie. Bien que son caractère semble bien marqué et incontrôlable et sa maison relativement mineure, le Grand Mestre était certains qu’en cet instant, elle trouverait un bon parti, quand son père -ou frère- en déciderait.

Le Grand Mestre, prenant appuis sur son bureau, prit une attitude plus sérieuse, sentant que derrière son casque de jeune femme assurée et fière, elle cachait quelconque faiblesse, lui parlant sur un ton moins enjoué et plus sérieux :

- Vous savez, Dame Zhoe, je comprend votre peur du mariage. Mais tel est ce qui vous attends. Une si jeune et jolie femme que vous attirera forcément le regard d’un seigneur, pour lui-même ou l’un de ses fils, et approchera votre père pour négocier une union. J’ose espérer que vous êtes déjà prête à cette réalité, qui arrivera. Mais n’ayez pas peur. Craindre l’inévitable, finit au final par ne rendre la chose que plus difficile encore.

Deux jeunes rires enfantins résonnèrent alors dans l’esprit du vieux Mestre, tandis qu’un sourire nuancé de tristesse resta sur son visage ridé, son regard plongé dans celui de sa jeune interlocutrice.

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Toute rencontre peut se montrer aussi épineuse que merveilleuse.

feat Grand Mestre Alaric

Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin



Les sourcils de Zhoe se froncèrent délicatement tandis que le Mestre évitait soigneusement sa question. Certes, il répondit fort bien à la demande de la jeune femme concernant sa formation mais tout deux savaient parfaitement ce qui l'intéressait vraiment : si un Mestre avait failli devant l'abstinence et goûtait au doux pêcher de l'amour. Plutôt que répondre, il se contenta de la réprimander avec entrain sur les sornettes qu'elle pouvait énoncer mais également sur la véritable place d'une femme au sein de la société. Chose à laquelle Zhoe pouvait agréer. Sauf sur un point.

Mestre, seriez-vous en train de me dire que vous refuseriez un nain dans vos rangs ? Le Lutin de Castral-Roc est paraît fort intelligent, n'aurait-il donc pu devenir à son tour novice à la Citadelle et gagner au prix de la force de son intellect sa chaîne ? dit-elle innocemment, mettant tout son entrain dans cet exercice de rhétorique. Mestre, je ne rigolais pas concernant l'aide que vous pourriez m'apporter. énonça Zhoe du ton le plus sérieux.

La princesse de Noirport faisait confiance à son père et son frère pour lui trouver un bon parti. Mais le temps passait et les évènements semblait la priver au fil des ans d'occasion d'être vue et connue. Même depuis son arrivée à Port-Réal, qu'elle adorait évidemment, Zhoe ne trouvait pas chaussure à son pied pour ainsi parler. Un jour ou l'autre viendrait le moment où le mariage se ferait pressant, et le regard familial moins regardant sur son futur époux, autant en terme de qualité que d'éloignement.

Ne dit-on pas qu'un mestre peut lier les coeurs aussi sûrement que les maillons de sa chaîne ? murmura Zhoe en citant un célèbre adage des bardes, clamant sans honte les capacités des mestres à produire des filtres d'amour. j'ai dix neuf ans Mestre. Il est plus que temps d'être mariée et portée fièrement les couleurs de mon époux. Je crains cependant que le parti que l'on me propose soit... décevant. Et que je me retrouve face à une horreur sans être prévenue. Avec une liste de noms, je saurai me renseigner et observer. Pour ne pas faire honte à ma famille le jour des présentations.

Là était la principale peur de Zhoe. Être marié à un vieux seigneur, puant et au physique ingrat. Elle s'imaginait déjà aigrie, malheureuse et prête à la mort que ce fut la sienne ou celle de son époux. Cela s'ajoutait une crainte plus grande : celle d'être séparée durablement des siens. Elle craignait d'être envoyé dans un obscur château du Nord où ses seuls contacts consisteraient à son seigneur, sa famille et leurs chiens de chasse - considérant les serviteurs comme d'obscures bâtards et donc de la famille. Et puis...

Je ne veux pas être simplement mariée Mestre. Je rêve de plus grand, même le second fils d'une grande famille, même liée aux suzerains de leur Couronne, ne me conviendrait. lâcha finalement Zhoe en repensant au charmant Edwyrd. J'ai besoin de connaître le nom des héritiers des maisons majeures, des suzerains, de leurs branches cadettes... J'aurai cru pouvoir être aidée. dit elle d'un ton misérable en levant de grands yeux embués vers son interlocuteur. Mais je comprends, les affaires du roi sont bien plus importantes. Vous êtes son conseiller, et non le mien Alaric.

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On ne choisit pas sa famille, et encore moins ceux que l’on rencontre



Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

Le renforcement du ton de la jeune femme fît immédiatement cesser de sourire le Grand Mestre, qui sembla mesurer à nouveau à qui il parlait : la fille de l’un des proches conseillers du Roi, un de ses fidèles, un de ceux gérant les Sept Couronnes. Ce n’était pas n’importe qui. Et voilà qu’il se permettait peut-être d’être trop jovial, trop ouvert avec elle ? La peur revint dans le cœur du Mestre, même si pour l’heure cela restait contrôlé, maintenant que les premiers échanges avec la Dame Zhoe avaient été établis. Il commençait à saisir un peu mieux le caractère de la jeune femme. La candeur qui se dégageait de son visage cachait une certaine grande réalité du monde et de son fonctionnement et de son statut, et de son ambition. Le fait qu’elle mentionne un “bon mariage” indiquait clairement que la question s’était posée d’elle-même, et qu’elle souhaitait un beau parti.

Pas étonnant, pensa le Grand Mestre. Mais Corlys Manning avait beau être un conseiller du Roi, il restait de la famille Manning, une maisonnée mineure des terres de la Couronne qui n’avait pas fait l’ombre d’une vague depuis au moins l’époque d’Aegon le Conquérant. Et cela s’appliquait à Dame Zhoe. Car si la beauté était une chose, le prestige, le titre, les liens, étaient la vraie vérité des mariages entre nobles. Les mariages liés par pur amour étaient aussi rare que l’était aujourd’hui les lames d’acier valyrien, et à y penser sur l’instant, le Mestre ne pouvait penser réellement qu’à trois ou quatre mariages dans l’histoire récente de Westeros.

Cependant, Alaric ne se laissa pas faire, et répondit simplement à la jeune femme, restant sérieux, poli et courtois, toujours droit, en position de serviteur :

- En effet, je sers Sa Majesté et la maisonnée royale avant tout. Cependant, si je peux vous être d’une quelconque utilité qui rentre dans l’ordre de mes vœux, alors je le ferais avec plaisir, Dame Zhoe. Je n’ai jamais dit que je refuserais un nain à la Citadelle, comme camarade Mestre. S’il rempli son devoir et ses vœux aussi admirablement qu’autrui voir même mieux, alors tout le mérite et le droit serait pour lui. Quant à Tyrion Lannister que vous mentionner, héritier de Castral-Roc, je ne l’ai jamais rencontré, et je ne suis pas du genre à baser mes opinions sur de simples rumeurs, surtout celles basées uniquement sur le physique.

En effet, de ce qu’il avait entendu du “fameux” Tyrion Lannister au cours de ses années étaient qu’il était un nain, poivrot et décadent, indigne héritier de son père qui le détestait envers et contre tout. Mais Alaric ne l’avais jamais croisé de près ou de loin -ni même un quelconque Lannister à vrai dire-, et ces histoires des Terres de l’Ouest lui semblait pour l’heure bien lointaines et sans grand intérêt pour la Couronne.

A la mention de l’adage bien connu du lien entre maillons et coeurs de par les Mestres, Alaric le connaissait oui, il était effectivement populaire parmi les simples gens...et surtout faux. Ce qu’il ne manqua pas de souligner :

- Cet adage m’est connu oui, mais je crains de devoir vous dire qu’il est plus que faux, Dame Zhoe. Un Mestre peut être demandé par son seigneur pour le conseiller sur des propositions de mariages ou fiançailles, mais en aucun cas il n’a le dernier mot ou un “remède miracle” pour faire tomber des gens amoureux. Les potions d’amour n’existent pas, que ce soit chez les Sept, chez les Anciens Dieux ou même R’hllor !

Il eut alors un petit rire. L’idée même d’une “concoction” d’amour était un mythe tenace chez les jeunes nobles et gens du peuple, une sorte de déformation de l’idéal chevaleresque et de l’amour courtois. Mais la réalité était là et elle était claire : cela n’était pas possible. Tout essais -aussi idiot qu’ils puissent être- s’était avéré infructueux, de ce qu’il en avait pu lire lors de ses études à la Citadelle, notamment dans le cadre de l’obtention de son maillon d’acier valyrien.

Les yeux embués de la jeune Dame Zhoe pincèrent un peu le coeur du Grand Mestre, mais à la vue de ses propos, elle n’était clairement pas à la recherche du prince charmant absolu. Elle cherchait le pouvoir. Cela était compréhensible, et le Grand Mestre n’était pas dupe quant à l’idée de se dire qu’il avait la solution miracle pour la jeune fille.

- Votre beauté est un atout indéniable il est clair, Dame Zhoe. Mais je vous le dit en toute sincérité, seul votre père pourra décider de la finalité de celui qui deviendra votre partenaire pour la vie, sous le regard des Sept. Je n’y puis rien, si ce n’est vous lister tout ceux à même d’être mariés aux temps présents à ma connaissance. Et je puis-je déjà vous affirmer que la quasi-totalité sont issus de petites maisonnées et donc ne remplissant pas les...ahem, “critères”, que vous m’avez décrit.

Le Grand Mestre aurait bien alors posé une petite blague sur le fait que Dame Zhoe patiente une bonne quinzaine d’année pour avoir l’espoir de marier peut-être le prince héritier Aerion à peine âgé d’un an, mais il sentit que c’était de trop, et que la jeune femme était plutôt du genre à fleur de peau et à vivement réagir. Ce qui étonnait également le Grand Mestre, c’est le manque de connaissances de la jeune femme. Avait-elle été si peu instruite pour ignorer qui pouvaient être ses potentiels partenaires ? Les membres des familles suzeraines, et que d’aucun n’étaient en âge d’être mariés avec elle, si ce n’est dans le Bief et encore. Le Nord, à la limite, mais les "sudistes" étaient connus pour éviter d'y aller comme la peste rouge, et les Stark ne faisaient guère bonne figure sous le Neck depuis bien des générations.

Alaric se sentait un peu dans une impasse. Il avait envie d’aider la jeune Dame, mais il semblait surtout que cette dernière ne s’était pas aidée elle-même. Et pourtant il ne pouvait le lui dire. Il était le Grand Mestre, mais elle était une noble dame, et surtout, il n’était pas à son service, et venait à peine de la rencontrer.

- Je suis bien embêté de ne pouvoir plus vous aider que cela, Dame Zhoe. Mais il n’y a pas le “feu au lac” comme on dit. Vous avez encore du temps. Discutez-en avec votre père le seigneur Corlys ? C’est tout ce que je peux vous conseiller pour l’heure en mon humble qualité de Grand Mestre, Dame Zhoe.

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feat Grand Mestre Alaric

Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin



Zhoe fronça les sourcils devant le ton si poli et courtois du Grand Mestre. Elle aurait pensé une corde sensible en l'attaquant sur sa moquerie sur les nains au sein de sa sacro-sainte confrérie et c'était de toute évidence un échec. La lippe de ces lèvres accompagna son regard alors que le ton du vieil homme lui semblait condescendant. Par les Sept, ils savaient tout deux que l'utilisation de l'expression des gens simples n'était qu'une façon de l'amadouer. Etait-il obligé de se comporter comme si elle même faisait parti de ces enfants de treize ans croyant encore aux filtres d'amour et à la magie ?

Croisant les bras, Zhoe attendit la suite espérant réussi à faire craque Alaric. Le vieux Mestre devait bien connaître quelques noms pour lui donner des idées. La jeune femme savait parfaitement que le choix reviendrait à son père par la volonté des Dieux mais si elle pouvait donner un coup de chance au destin. Arrivée à l'âge de 19 ans, l'idée obsédait peu à peu et les rêves d'ambition et de pouvoir se mêlaient maintenant aux traditionnels songes d'amour, de douceur mais également de désirs. Plaisirs charnels dont la pensée la mettait mal à l'aise et lui donnait à rougir. Comme à l'instant, où croisant le regard azuréen hypnotique du Grand Mestre, elle perdit contenance et baissa la tête.

Peste ! Elle ne s'était pas rendu compte jusqu'alors des yeux d'Alaric et de cette façon qu'il avait de vous lorgner par au-dessus ses lunettes en demi-lune. Alors même qu'il vous dominait par sa taille, il restait humble et courtois tout en analysant votre âme. Pouvait-il percevoir réellement tout le dilemme qui se créait dans son esprit ? Le vortex impétueux entre ambition et désir, devoir et plaisir ? Puis vint le coup de butoir à ses doutes. Remise à sa place de benjamine d'une maison mineure, Zhoe resta bouchée, la mâchoire serrée, refusant de faire face à la vérité, pourtant claire du Mestre.

Mestre, ne croyez pas que je n'ignore pas les prétendants potentiels. Mon éducation a été faite par un de vos frères et des sept comme toute dame de la noblesse se respectant, répondit-elle d'un ton glacial, les narines s'évasant au fur et à mesure que sa colère refluait. J'espérais simplement que vous pourriez m'éclairer. Toutes les nouvelles ne parviennent pas à Noirport, ni même à Port-Réal et certaines régions nous sont moins connues d'autres.

Zhoe se releva et garda le dos le plus droit possible, menton légèrement relevé tout en toisant le Mestre. A vrai dire, son coeur battait la chamade d'une déception amère et d'un caprice enfantin. Elle ne s'était pas attendu à tel refus du Mestre. Elle fit quelques pas vers la porte avant de se retourner et exécuter une courte révérence.

Merci pour votre précieuse aide. dit-elle amèrement. Et mes remerciements pour votre miroir, vous avez sauvé ma mise, Mestre. Si vous voulez bien le permettre, je me dois de prendre congé et revenir à ma mission première : découvrir la Baie de la Néera depuis la Promenade du Traître. ajouta-t-elle d'un ton plus léger. Un guide connaissant la ligne d'horizon serait plus que le bienvenu... fut lâché d'une voix distraite, en offre de paix, tandis qu'elle ouvrit la porte et s'engageait de nouveau dans l'escalier.

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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

Intrigué. Voilà le ressenti qu’avait en prime abord le Grand Mestre au contact de la jeune demoiselle lui faisant face. Sa tenure, ses propos, son regard tantôt foudroyant, tantôt fuyant...il sentait que les esprits de la jeune Dame se mélangeaient et ne semblaient pas parvenir à se décider sur quoi réellement. Mais après, cela n’était qu’une supposition. Alaric était bien incapable d’entrer dans la tête des gens et savoir ce qu’ils pensaient ! Ce qui était toujours aussi troublant que fascinant, même si Alaric n’avait souvent pas cette problématique le concernant.

Il était quelqu’un d’honnête, d’humble et simple. Il était facile de lire en lui. Oh, il n’était point idiot -enfin, il l’espérait en tout cas-, mais il était très facile à cerner comme personnage, comme l’était si souvent les gens du “bas-peuple”, comme le répétait souvent la discrète Dame Penrose lors de son service aux Parchemins. Cela faisait-il de lui un homme faible, impossible à respecter ou écouter dignement ?

Il secoua la tête. L’heure n’était clairement pas à ces pensées. Il retourna alors son attention sur la jeune demoiselle qui était déjà sur le perron de ses appartements, prête à partir, visiblement alternant entre gêne et amertume. Que dire des femmes de son âge décidément !

Soupirant, le Grand Mestre se résigna et s’avança, comprenant l’invitation officieuse de son interlocutrice, et fermant ses appartements derrière lui avec son trousseau de clés. Ceci fait, il engagea à nouveau la marche jusqu’à la Promenade du Traître, ainsi que sa conversation avec la jeune Dame Zhoe :

- Ne croyez point un instant que je vous pense ignorante, Dame Zhoe. Si vous cherchez tant le mariage que cela, je suis sûr que vous avez déjà fait vos repérages en amont. Mais comme dit précédemment, je ne suis point la bonne personne pour ce genre de choses. D’autant que je viens à peine d’arriver ici, à Port-Réal, et mes contacts sont pour le moins...limité. Je ne vous serait d’aucune utilité quant à ce sujet, Dame Zhoe. Vous m’en voyez le premier navré.

Et même, de toute manière, comment lui, Alaric, timide et facilement troublé par une femme, aurait-il pu être de bon conseil ? Il trouvait en -presque- chaque femme une beauté et personnalité unique et attirante, forçant respect et admiration. Très rares étaient les femmes qui jusqu’à maintenant lui avait attiré de l'antipathie voir même de la colère. Et heureusement, ces dernières étaient désormais bien loin. En espérant qu’il n’ait pas à en croiser à la cour...ou alors pas trop. Mais la Dame Zhoe ne semblait pas entrer dans cette catégorie. Elle ressemblait surtout pour le Grand Mestre à une jeune Dame avide d’entrer dans le “monde adulte” et rêvant d’ambition et sans doutes d’un grand château et de beaucoup de bijoux. Ou peut-être y avait-il également des désirs moins...approuvés par la foi des Sept ?

Cette pensée fit rire intérieurement le Grand Mestre. Même s’il savait que cela pouvait être pertinemment vrai. De par son vécu, et aussi incroyable que cela puisse paraître, il savait que les femmes aussi étaient capable de désir, comme les hommes. Mais bon, comme il se le répétait sans cesse, lui-même était passé à autre chose depuis bien longtemps.

- Et il n’y a pas de quoi concernant le miroir. Ce n’était pas grand chose. Encore toutes mes excuses pour vous être rentré dedans, Dame Zhoe. Je ferais en sorte qu’une telle étourderie de ma part ne se reproduise pas.

Ils étaient maintenant de retour à l’extérieur, sous le soleil matinal, et le vent glacial qui frappait en cet Hiver qui s’annonçait bien rude. Le Grand Mestre marchait lentement, aux côtés de la Dame Zhoe, à son rythme, observant ses alentours ainsi que la jeune demoiselle de temps à autre. Le Donjon Rouge lui commençait doucement mais sûrement à se réveiller.

- Vous avez dit plus tôt vouloir découvrir la Baie de la Néra...est-ce là votre première visite à Port-Réal, Dame Zhoe ?

Son regard s’était tourné vers elle, alors qu’il attendait justement sa réponse. Noirport n’était pas très loin de Port-Réal, et son père était conseiller du Roi. Oh, peut-être ce dernier avait-il décider d’introduire sa jeune fille à la cour dans l’optique de la mariée peut-être ? Ou l’avait-il éloignée autant que possible de la cour royale, qui pouvait être si vicieuse, si destructrice, surtout pour une jeune demoiselle aussi ambitieuse ?

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Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin



Zhoe fut surprise de voir le Mestre lui emboîter le pas et, quittant les lieux, elle jeta un dernier coup d'oeil à la collection du vieil homme. Sa cousine Moyra pourrait être capable d'assassiner pour mettre la main sur une telle quantité de parchemins et ouvrages. La bibliothèque de Noirport ne comptait guère qu'une trentaine de lives reliés pour le double de divers velins et autres papiers volants. Lorsqu'ils eurent descendus les escaliers pour se diriger vers la fameuse promenade du traître, le Mestre reprit la conversation et Zhoe haussa un sourcil surpris, touchée par la sollicitude de l'homme malgré son caractère qu'elle savait fort difficile mais dont elle en tirait fierté.

Mestre, le mariage n'est pas une fatalité absolue à mes yeux mais il est de mon devoir au nom du Père et de la Mère de servi mon nom par ce truchement et en perpétuant notre lignée - et celle de mon futur époux. J'ai bientôt 19 ans, rendez-vous compte que c'est l'âge de la Princesse Margaery, mère de deux enfants. Zhoe prit un grand bol d'air et fut prise d'un tremblement tandis que le vent faisait s'envole les pans de son manteau. Le resserrant autour d'elle, la jeune femme reprit la parole : J'ai l'impression que la moindre occasion qui se présente est gâchée. Ma visite bieffoise a été coupée court par le mariage de mon frère, alors que j'aurai pu devenir une dame d'atour de l'épouse d'un prince ! Ensuite est venue la Peste Rouge. Même Lestival m'a vu m'occuper des affaires de mon frère et le seul homme à qui j'ai montré un véritable intérêt fut ce sulfureux et ingrat Cafferen ! Sa lippe se mua en grimace de dédain au souvenir du rejet qu'elle avait subie. Comprenez vous donc mon inquiétude. N'allez cependant pas croire que je suis venue à vous croyant être maudite par le destin et qu'une herbe saurait lever ce mauvais sort.

Alors qu'ils s'avançaient le long de la promenade, une corne lointaine résonna tandis que, loin au bas du château, une troupe de manteaux d'or prenaient en chasse un quelconque vagabond. D'un geste paresseux, Zhoe s'appuya sur ses coudes pour observer la vue. Le ciel était clair et le regard portait si loin qu'on pouvait deviner Peyredragon et Lamarck à la masse nuageuse qui se dressaient loin au Nord-Est. Certains pourraient être damnés en Enfer pour n'avoir ne serait-ce qu'un aperçu, pensa Zhoe, heureuse de pouvoir le faire sans payer un tel prix. Elle remarquer alors qu'elle avait repris son réflexe de tapoter son index contre la roche, mauvais habitude prise plus jeune. Forçant calmement sa main à rester immobile, elle suivit du regard un messager aux couleurs d'une maison de la Couronne approcher des quais en contrebas.

Ce n'est pas ma première visite ici. Mais je me dois de m'occuper des affaires de mon père, de ma nièce et d'être présente pour aider ma belle-soeur, qui attends un nouvel enfant. En dehors de ces moments, des dîners et d'autres collations m'appellent. On me parle sans cesse de la Promenade du Traître et de sa vue mais je n'ai pas encore eu l'occasion de m'en approcher avec l'hiver et son temps calamiteux. J'ai fini par craquer... et vous rentrer dedans. Mais effectivement, les gens n'ont pas tort. Le spectacle est idéal. Et vous Mestre venez-vous souvent ?

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Zhoe Manning & Grand Mestre Alaric

L’esprit du Grand Mestre était étonné par les propos de la jeune Manning. A cet âge, généralement, et surtout à ce statut, on rêvait de liberté, de parcourir le monde, faire ce que l’on souhaite, s’affranchir des codes existants, nuire à ses parents juste pour l’amusement de la chose...Dame Zhoe semblait tout le contraire. Elle semblait même plus qu’impatiente à...marier et enfanter, notamment quant elle fit sa comparaison avec la Princesse Margaery, épouse du Prince Aegon.

Le vent soufflait fort, heureusement le Grand Mestre portait sa large tunique grise qui le protégeait bien du froid et du vent. Après plus d’une dizaine d’années à vivre en bord de mer, dans les terres parmi les plus capricieuses de Westeros, on finissait par s’adapter et trouver le bon matériel ! Et là était une bonne occurrence, ce qui ne semblait pas être le cas de la jeune Dame Zhoe. Le Grand Mestre aurait été bien serviable, mais la dernière fois qu’il avait agit ainsi auprès d’un servant de la cour, on l’avait réprimandé. Alors malheureusement…

- Je dois bien l’admettre, votre vision du mariage a votre âge est...rare. J’ai vu bien peu de jeunes femmes nobles si pressées de se marier et d’enfanter, servant ainsi leur famille dans le vaste jeu politique que représente Westeros. Il secoua doucement la tête. Vous êtes bien jeune, et qui plus est à Port-Réal. Les occasions ne manqueront pas, j’en suis certains. Ce n’est pas comme si le ciel allait nous tomber sur la tête aujourd’hui, par les Sept !

La mention de toutes ces occasions “manquées” et de cet “ingrat” de Cafferen -qui devait être le récent légitimé Tavish Cafferen- fit réfléchir le Grand Mestre. Cette jeune demoiselle semblait déborder d’ambition...ou bien être très envieuse. Ou très impatiente d’être au service de sa famille et se sentir utile. Peut-être un mélange de tout cela à la fois ? En tout cas, elle était une personnalité bien intrigante, quoique pas si rare à la cour, enfin du peu qu’en avait vu le Grand Mestre jusqu’à maintenant.

Ainsi, ils continuèrent leur marche sur le Promenade du Traître, Alaric observant les événements se déroulant au loin sans broncher, mains dans le dos. Décidément, ils étaient bien valeureux, ces manteaux d’or, à devoir gérer moult et moult problèmes à longueur de journée. Car Port-Réal en était un vrai nid, à problèmes, et ça, Alaric pensait bien que tout Westeros le savait.

- A vrai dire, Dame Zhoe, non, pas vraiment. Après une dizaine d’années passées aux Parchemins, je pense que j’ai eut ma dose de brise marinière ! Je préfère de loin les jardins royaux, emplis de beautés et de tranquillité, surtout en cette période.

Il est d’autant vrai que jusqu’à maintenant, le Grand Mestre était resté comme confiné dans le Donjon Rouge, toujours présent pour Sa Majesté, la famille royale et le conseil restreint. Car tel était son devoir. Mais à écouter la jeune Dame Zhoe, une question finit par lui venir, qu’il sorti tout naturellement, tout en continuant de doucement marcher :

- Mais dites moi si je me trompe, Dame Zhoe, mais, à vous entendre, j’ai bien l’impression que Port-Réal...vous ennuie. Non ?

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Toute rencontre peut se montrer aussi épineuse que merveilleuse.

feat Grand Mestre Alaric

Semaine 3 Lune 2 An 302, petit matin



Ma vision du mariage est celle partagée par de nombreuses jeunes filles de mon âge Mestre. Nous ne sommes plus des enfants écervelées de quinze ans, j'en ai tout de même dix neuf. D'ici quelques années, je ne serai qu'une vieille fille à peine digne d'être regardée. La jeunesse n'est qu'éphémère et il me faut m'asseoir au printemps de ma vie aux côtés de mon époux.

Zhoe se contenta de regarder au loin quelques minutes et d'apprécier la brise marine. Noirport était idéalement situé et le manoir ne connaissait pas les effluves du port, odeurs malheureusement obligatoires avec les activités maritimes habituelles... Port-Réal était une ville aussi merveilleuse que puante, elle devait bien l'admettre. Et si elle s'émerveillait chaque jour encore des beautés de la Cour et de la capitale du royaume. Son regard se fixa sur la façon dont les tours de cristal du Grand Septuaire de Baelor éclataient la lumière du levant en une myriade de couleurs. Un sourire enfantin naquit sur ses lèvres tandis qu'elle inspirait profondément et se détendait enfin.

Où sont les Parchemins Mestre ? Avez-vous servi dans une grand cour suzeraine avant d'entrer au service du Roi ? Je sais que certains refusent d'y répondre mais de quelle région ou famille venez-vous donc ?

Zhoe s'était rendue compte qu'Alaric omettait de nombreuses choses mais qu'il semblait ouvert à l'idée de parler de son passé. Sa nature était si servile qu'elle eut été étonnée qu'il s'ouvre à d'autres sans leurs demandes ou accords explicites. Pourtant, elle mourrait envie d'en savoir plus, même si pour cela la jeune femme devait faire un chantage dont même son père ne serait pas peu fier. Zhoe se tourna vers Alaric et leva de grands yeux et un sourire complice au Mestre.

Répondez moi et je vous dirai ce que je pense de Port-Réal...

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