Don't look back anymore. I'm home [Cerenna]
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Les sabots du cheval claquaient contre le sol. Alessander s'était séparé de l'ost entier du Conflans, ne restant que les hommes de Beaumarché qui le regardaient ouvrir la marche, le visage fermé, ne laissant transparaitre aucunes de ses émotions si ce n'était ce léger regard noir qui ne disparaissait pas. Le cygne noir semblait nerveux, ses mains sur les reines de sa monture tenant bien trop la bouche de l'animal. Il rentrait chez lui, après tant d'année d'absence. Et il avait peur de ce qui l'attendait. Les mots de sa mère, l'absence de son père et surtout la peur pour sa sœur. Il ne savait dans quel état il allait retrouver la belle ville aux armoiries du cygne blanc. Si Lucas et Gin s'étaient rendues dans une auberge de Beaumarché voilà peut, Alessander n'y avait mis les pieds. Et ne comptait le faire avant longtemps.
Pourtant, voilà qu'il était là, à emprunter le pont qui avait été solidité depuis son départ. Ce qui n'était autrefois qu'un simple pont de bois était maintenant une structure digne du colosse de Braavos. Mais par les sept ce qu'il se fichait de l'état des villes et des monuments. La liberté s'étouffait et déjà il mourait à petit feu. Il aurait dû naitre roturier. Au moins le brun aurait eu toute la liberté de fuir. Ou bâtard, pour pouvoir apprendre à manier les armes mais ne pas avoir ce statut d’héritier qui flottait comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Il salua les gens avant de donner congé à ses hommes et de croiser quelques domestiques qui se hâtèrent surement de prévenir sa mère. La vipère avait dut s'offrir nombre de petits oiseaux pendant que le cygne courrait à l'aventure. Autrement, jamais les lettres n'auraient pu le retrouver avec tant de facilité. Il avait besoin de quelques heures de tranquillité avant d'affronter sa mère mais il savait qu'on ne lui offrirait pas. Se changeant, troquant l'armure de combat pour une tenue bien plus douce, les voiles de sa chemise flottant contre son torse alors que ses cheveux enfin propres roulaient sur ses épaules en des boucles si semblables à celles de sa génitrice. Alessander ne voulait être son père et paraitre encore enduit de cette transpiration de guerrier qu'il savait sa mère haïr. Les tissus cachaient parfaitement cette horrible blessure qui s'évasaient dans les chairs de son dos et qui le faisait souffrir à chaque mouvement trop brusque.
Mère... murmura-t-il alors qu'il allait la trouver dans ses appartements, toquant contre la lourde porte de sa chambre. Cette même chambre qu'il avait vu à tant de reprise, s'endormant contre les draps doux, jouant derrière les voiles du baldaquin, laissant son rire enfantin s'échapper lorsque sa mère le trouvait. Mais il n'était plus un enfant. Il était un homme. Et sa mère verrait enfin le fils qui s'était enfuit pour lui échapper, argumentant une envie folle de liberté qui n'en était pas une. Les filets de l’étau de la vipère se resserraient alors qu'il la voyait enfin.
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Les récents événements avaient certainement perturbé la quiétude apparente de Westeros. Si d’habitude, les complots se tramaient dans l’obscurité à l’abri des regards, l’attaque des Barathéon sur Port-Réal avait eu le don de faire trembler les Targaryen et leurs vassaux l’espace d’un instant. On pouvait dire que Stannis avait frappé un grand coup cette fois et bien que les allégeances de jadis furent à nouveau préservées, un sentiment de doute et de suspicion avait dû s’emparer de plus d’un lord. Du côté de Beaumarché, Criston était trop faible pour commander l’ost du Conflans, Cerenna avait pris les choses en main afin de faire retomber la gloire sur sa progéniture. Tout au loin de la progression des troupes, elle avait été tenue au courant des agissements d’Alessander, comme un oiseau qui surveille discrètement son petit lorsqu’il tente de s’envoler pour la première fois. Chaque mot qu’on lui rapportait au sujet de son enfant prodigue la ravissait et la confortait dans cette folle idée qu’elle avait eu d’empoisonner son époux afin qu’il ne puisse livrer cette bataille.
Le récit des batailles fut assez bref, surtout que les Barathéon furent rapidement mis en déroute après quelques victoires décisives. Toutefois, c’est avec une certaine appréhension mais également une grande joie qu’elle apprit qu’Alessander menait les troupes de Beaumarché vers leur foyer. Enfin, après tant d’années, il rentrait chez lui. Ne perdant pas une seconde, elle ordonna aux domestiques de préparer un grand banquet pour son retour. Sa chambre fut nettoyée de fond en comble afin qu’il puisse se reposer et profiter d’un moment de paix. Durant de longues heures, Cerenna se prépara, aidée de ses deux dames de compagnie. La moindre parcelle de son corps se devait d’être parfaite pour accueillir son fils chéri. Telle une femme retrouvant son amant, elle fit ce qu’il fallait pour qu’aucun poil disgracieux ne la mette mal à l’aise d’une façon ou d’une autre, même si au final, elle ne comptait pas lui montrer cette zone de son anatomie. La seule chose qu’elle désirait, c’était être parfaite et rien de plus. Coiffée, légèrement maquillée et habillée d’une robe légère en soie brune, Elle arborait également de nombreux bijoux en or, comme une reine exposant ses richesses.
Au fur et à mesure que les heures passaient, Cerenna devenait de plus en plus impatiente, s’énervant sur les domestiques qui semblaient faire exprès de ne pas faire ce qu’elle désirait. Les cuisines étaient affairées pour réaliser un dîner somptueux, digne du retour du héros qu’elle attendait. Finalement, tout semblait se mettre en place et même Criston fit plusieurs apparitions afin de surveiller les préparatifs, ce dernier pensant que de telles festivités allaient faire plaisir aux soldats de Beaumarché. De son côté, ne préférant pas croiser son mari pour garder sa bonne humeur que personne ne semblait voir, la Vipère rejoignit ses appartements en attendant l’arrivée de son fils adoré.
A l’entente des cris annonçant l’arrivée des soldats, elle ne put s’empêcher de ressentir un frisson lui remonter le long de la colonne. Toutefois, elle se calma afin de ne pas exprimer ce sentiment de manque qui la taraudait depuis le départ d’Alessander. Elle ne devait pas lui montrer cette faiblesse qui était dans son cœur. Debout et immobile devant la fenêtre, le soleil éclairant son corps comme s’il le bénissait de ses vœux, Cerenna se retourna lorsqu’elle entendit le doux murmure de son fils. Enfin, il était de retour, il était là, devant elle, beau et si parfait. S’avançant d’un pas alors qu’il entrait dans la chambre, les rayons du soleil éclairèrent son visage, exposant son émotion un instant. S’il lui avait échappé durant autant d’années, elle comptait bien le récupérer totalement et faire de lui sa plus belle marionnette. Il était destiné à la grandeur et elle le savait très bien. Jamais il n’en serait autrement, quoiqu’il désire et quoiqu’il espère accomplir.
« Mon chéri … Tu m’as tellement manqué … »
S’approchant de lui, elle prit délicatement ses mains dans les siennes, les enlaçant tendrement avant de les serrer contre sa poitrine comme s’il n’était encore qu’un enfant. Ne le quittant pas du regard, elle détailla ses traits avec minutie, appréciant sa beauté et la douceur de son visage. Son fils était sublime et elle le savait très bien. Il était également un combattant très doué et par conséquent, en tant qu’héritier du Conflans, il pourrait aisément avoir ce qu’il voulait. Toutefois, elle voyait en lui quelque chose de plus grand encore et pour cela, il fallait qu’elle parvienne à l’unir à une dragonne. Chassant ses idées pour le moment, elle reprit la parole après ce long silence contemplatif, histoire de prendre de ses nouvelles, bien qu’elle sache déjà presque tout grâce à ses petits oiseaux lui rapportant les moindres faits et gestes de sa progéniture.
« Tu as fait bon voyage ? J’ai fait préparer ta chambre pour que tu puisses te reposer un peu. Je suis tellement heureuse que tu sois enfin rentré. Tu n’as pas été blessé à Port-Réal ? Tu es si beau mon fils … »
Caressant délicatement sa joue du bout des doigts, son regard plongeant dans les yeux bleus d’Alessander, Cerenna fit son possible pour ne pas le brusquer. Ses murmures viendraient bientôt corrompre son cœur et sans qu’il s’en aperçoive, il redeviendrait le petit garçon obéissant à sa mère aveuglément.
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Cerenna était belle. Trop belle pour ce cœur qui se mourrait d’amour à son égard. Alessander la regardait, sans jamais détourner les yeux alors que l’envie ne manquait. Il tenait de cette fierté qui hurlait dans le sein de ses deux parents et il inspira légèrement, sans qu’elle en puisse le voir. Fixant ses magnifiques prunelles opalescentes dont il avait hérité, les lourds cheveux bruns qui cascadaient dans les reins de la vipère il retient ses réactions. Telle femme ne pouvait qu’être l’épouse d’un Lord, la digne maitresse d’une région. Elle était reine de son monde et Alessander la voyait déjà reine des sept couronnes. Cette beauté n’avait rien à envier aux lionnes de Castal Roc, surtout pour lui qui les préférait brune. A l’image de sa génitrice dont il avait pu soupirer le nom entre les bras d’une putain. Un chagrin d’amour pour le cygne noir, le cœur blessé par les prunelles d’une amante qui l’avait éconduite. C’était ce que l’on croyait et jamais Alessander n’avait démentie cette rumeur. Il regarda les courbes fines sous le tissu sombre, cette manière si étrange qu’elle avait de s’habiller mais qui avait su conquérir tout le Conflans, lançant comme une mode bien différente de la cour de la capitale. Assez pensé. Il devait faire face. Lutter, ou du moins espérer le faire. Car de son regard elle l’avait déjà ensorcelé.
Ses mots étaient plus faibles qu’avant. Ou alors Alessander avait grandi. Il lui laissa ses mots, sans se rebeller, sans partir. Il ne savait lutter contre la vipère. Son emprise, malgré le temps qui passe, était encore bien puissante. Combien de nuit avait-il rêvé de ses traits ? Le cygne noir se dégoutait et la haïssait pour ses sentiments qu’il éprouvait à son encontre. Mais dans les lueurs du soleil, il ne pouvait que comprendre. N’était-il pas excusable ? Aucun des enfants ne pouvaient se targuer d’avoir une mère d’une telle beauté et à la langue si tendre à l’écoute mais si douloureuse lorsque ses mots vous transperçait. Le cygne noir lui était offert, à la merci de tout ce qu’elle pourrait lui dire. Redevenant un enfant stupide, qui ne savait manier une épée et se contentant de chanter la gloire de ses belles sur un luth. Il entendait à l’extérieur l’effervescence de la ville, les petits gens qui cherchaient à être présents pour espérer voir enfin cet héritier qui leur avait tant manqué. Ils auraient bien le temps de croiser son regard charmeur. Alessander ne pourrait repartir maintenant qu’il voyait de nouveau la vipère si proche qu’elle le touchait déjà. La peau du brun frémi au contact de celle de sa mère et il écouta ses mille questions.
Je vous ai connu moins bavarde mère. Plus incline aux poisons qu’aux félicitations. La voix de l’héritier était froide. Il n’était plus l’enfant qui obéissait aveuglement. Si elle le tenait encore bien férocement, ses reines disparaissaient petit à petit. Et oui je vais bien. Rentrer à Beaumarché ne fut la plus difficile des expéditions. La guerre est gagnée. Semble-t-il. Mais les Barathéons n’ont pas dit leur dernier mot et il semble que Stannis voue une haine féroce au Conflans. Il reviendra. La terreur est une des armes les plus puissantes de la guerre.
Le visage d’Alessander ne s’illuminait pas d’un sourire, gardant cette face froide du combattant qui fait son rapport. Il ne dit rien de la blessure qui ceinturait son dos. Cerenna n’avait pas besoin de s’inquiéter pour lui et l’enfant pleurnichard n’était plus. C’était un guerrier qui revenait à sa génitrice. Le cygne noir refusait de la laisser croire un seul instant qu’elle pouvait redevenir puissante. Cette force qu’elle exerçait sur son cœur était bien trop grande pour qu’il lui offre de lire en lui.
L’héritier du Conflans s’éloigna de la vipère, s’échappa de ses griffes, sentant encore la caresse de sa peau contre sa joue rasée. Il regarda par la fenêtre, ne pipant mot, la laissant digérer cette liberté qui criait maintenant dans le cœur du jeune homme qu’il était. Alessander refusait d’être manipulé par une femme. Il se faisait violence pour l’empêcher d’avoir le moindre contrôle sur lui et refusait de la regarder. Les prunelles de ce serpent étaient sa plus belle arme. Il ne pouvait lui dire non alors qu’elle se plongeait en lui, comme si elle lisait au plus profond de son âme. Cerenna était dangereuse. Jamais il ne la sous estimerait. Car elle était toujours capable de pire que ce qu’il pensait.
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Son cygne avait grandi, elle le savait très bien et si autrefois, un simple murmure de sa part suffisait à le faire obéir, Cerenna put constater que cette liberté qu’il s’était évertué à chercher, l’avait doucement mais sûrement rendu plus difficile à corrompre. Sa voix froide fit directement comprendre à la Vipère qu’elle allait devoir user de toutes ses ruses pour l’enfermer à nouveau dans ses filets et alors qu’il lui lançait une pique, la brune ne put que rester silencieuse. Son magnifique visage se ferma doucement alors qu’elle laissa son fils poursuivre dans ses paroles. Le ton de sa voix indiquait clairement que l’enfant avait définitivement disparu et qu’il ne restait plus qu’un homme devant elle. Son merveilleux petit Alessander était devenu arrogant avec elle, plus qu’elle ne l’aurait jamais cru possible. Malheureusement pour lui, Cerenna n’était pas une femme facilement décontenancée et à ce niveau, on pouvait dire qu’elle débordait de ruse et d’astuce pour parvenir à ses fins.
Ses mains quittèrent les siennes comme s’il voulait la fuir mais bien sûr, il ne put se résoudre à quitter la pièce, marquant ainsi son attachement et sa dépendance au venin de sa mère. Posant son regard sur lui alors qu’il observait l’effervescence de Beaumarché, la suzeraine du Conflans ne put s’empêcher d’admirer le joyau qu’elle avait mis des années à façonner avec une attention toute particulière. Il fallait qu’elle le récupère et pour cela, elle savait parfaitement où appuyer et comment le faire revenir à des meilleurs sentiments à son égard. Doucement, elle s’approcha de lui, restant dans son dos alors que des larmes coulaient de ses yeux couleurs opales. Ses talents étaient sans commune mesure et c’était sans doute ce qui lui permettait d’être aussi sûre d’elle. D’une voix hésitante et triste imitée à la perfection, elle s’adressa à lui, posant son front sur le haut de son dos.
« Qu’ai-je fais pour mériter ton mépris ? J’ai tout subi pour toi, les coups de ton père, la honte de voir ce bâtard parcourir le château comme s’il était chez lui. J’ai toujours tout fait pour toi. Je veux que tu ais tout ce que je n’ai jamais pu avoir, je veux que ton nom résonne pour l’éternité. Si je ne dois être qu’une marche pour ton ascension, je ne m’en plaindrais pas. Tout ce que je veux, c’est un minimum d’affection. »
Simulant quelques sanglots entre ses phrases, Cerenna fit semblant de se reprendre après un moment de faiblesse. Elle était toujours apparue forte et inébranlable face à tout le monde, si bien que cette comédie ne manquerait certainement pas d’adoucir les sentiments de sa progéniture à son égard. Elle s’écarta de lui, se retournant vers son lit pour sécher ses larmes de crocodile. Restant dos à lui pour feindre la remise en ordre de ses émotions, elle poursuivit en changeant de sujet, cherchant à ce que son fils revienne là-dessus de sa propre initiative, l’amenant doucement à se piéger à nouveau dans les paroles vénéneuses de sa vipère de mère. Elle revint sur les mots qu’ils avaient échangés par courrier, tout en rebondissant d’abord sur les paroles de son fils au sujet de Stannis.
« Stannis Barathéon est un homme fier. Il ne va pas se lancer dans une bataille perdue d’avance. Si ses troupes ont été défaites, il lui faudra réunir une autre armée. D’ici là, le Conflans sera prêt à l’accueillir comme il se doit pour en finir. Ton père a soumis l’idée d’envoyer des patrouilles dans la Région afin de le capturer mais bon, je ne pense pas que vider Beaumarché de ses troupes soient une excellente idée. Bien sûr, on ne m’écoute pas, je ne suis bonne qu’à me faire cogner et baiser comme une vulgaire catin. Peut-être penses-tu comme ton père, Alessander ? »
A ses derniers mots, elle se retourna, ses yeux opales brillants encore plus vivement sous l’effet des larmes et des rayons du soleil. La Vipère était certaine que ce genre de cinéma allait le faire réagir et que de lui-même, il reviendrait se prendre dans son étreinte. La liberté dont il avait pensé jouir n’était qu’un rêve illusoire et à chaque pas de sa vie, sa mère n’était pas très loin. Suivant ses agissements et envoyant des lettres où il fallait, elle avait facilité la vie de son rejeton durant toutes ses années. Toute son existence n’avait que pour unique but de satisfaire les ambitions de Cerenna et s’il croyait pouvoir s’y soustraire si facilement, il rêvait tout éveillé. Plongeant son regard dans le sien, la Vipère comptait bien le récupérer et le soumettre à sa volonté.
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Les paroles de la vipère vinrent se heurter contre le mur de glace qu'avait érigé Alessander entre elle et lui. Il inspira, refusant d'entrer dans son jeu et de se retourner. Il pouvait entendre qu'elle pleurait, il sentait déjà les larmes de la suzeraine mais il savait aussi qu'à peine les verrait-il que déjà il sombrait de ses filets. Mais les mots ne glissaient pas comme il l'aurait voulu. Au contraire, ils venaient s'insinuer en lui avec la vivacité du surnom de la brune. Ils le possédaient, le tiraillaient alors que les prunelles du cygne semblaient se perdre dans les beautés de Beaumarché. Mensonge, il ne voyait ce que ses yeux lui montraient. Alessander était sur la défensive et un mot aurait suffi pour qu'il saute à la gorge de sa mère. Dieu qu'il la haïssait. Presque autant qu'il l'aimait, de ses sentiments horribles punis par la colère des dieux. Un jour il en payerait le prix. Mais pourquoi ne pas s'offrir aux douces caresses de ce serpent venimeux.
Alors enfin, le cygne noir se retourna et regarda la magnifique créature qui lui faisait face. Cette sirène avait été inspirée par quelques monstres tentateurs lorsqu'elle était venue caresser de sa beauté Westeros. Le dos de Cerenna ne pouvait cacher toute sa magnificence. Et lorsqu'elle se tourna à son tour, Alessander fut happé par ses prunelles. Encore plus que par les mots qu'elle avait prononcés et qui lui firent serrer les poings. Ses traits se durcirent sur cette question qui n'en était pas une et il lui jeta au visage comme un bébé serpent ne sachant pas encore maitriser le venin que la nature lui avait offerte
Qu'est-ce que tu voudrais que je te réponde ?! Je ne suis pas mon père et tu le sais ! Le tutoiement s'était installé de lui-même alors que le fils détaillait sa mère dans toute sa rage. Il entama la peau son pouce de ses ongles trop durs et continua sur sa lancé. Tu n'avais qu'a tué mon père si tu as tant peur de lui ! Après tout, je doute qu'il soit tombé malade par une quelconque magie ! Qu'est ce qui t’empêche de te tromper dans tes dosages ! Tous ici sont à ta solde ! Tu as bien travaillé mère mais je ne suis plus ce gamin que tu ensorcelais de tes paroles de vipère !
Le mot avait claqué dans le silence de la pièce. Jamais Alessander n'avait traité sa mère de vipère devant elle. Jamais il ne s'était emporté, n'avait laissé parler ce caractère ombrageux qu'il tenait de son père. Et pourtant, malgré ses mots, il ne parvenait à quitter la pièce. C'était elle qu'il était venu voir en tout premier. Pas une autre, pas son père, pas sa sœur. Mais bel et bien cette femme qui hanterait son cœur jusqu'à sa mort.
Tu parles de toi comme si tu n'étais qu'un objet pour mon propre pouvoir mère. Et ensuite tu pleures car Criston te traite comme tel ? Criston. Pas père. Pas papa. Le suzerain du Conflans n'était qu'un nom pour son héritier. Rien d'autre qu'un nom. De son plein grès, Alessander s'aventurait sur ce terrain glissant qui suivait les premières paroles de sa mère, oubliant la guerre et les Baratheons pour se concentrer sur ces reproches qui ne lui apportaient rien mais libéraient son coeur. Tu le sais pourtant que je n’ai rien à voir avec cet homme ! Regarde-moi et ose dire qu’un seul de mes traits de visage te rappelle son image ! Il arrêta de parler quelques secondes avant d’ajouter pour terminer cette tirade enflammée qu’il avait besoin d’exprimer. Tu n’es pas une catin et tu sais pourquoi ?! Elles ne sont pas un centième aussi dangereuses que toi ! Tu es un poison qui ronge toutes les âmes !
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Si son petit cygne pensait lui échapper et avoir suffisamment de volonté après toutes ses années passées loin d’elle, il se trompait royalement. Cerenna comptait bien user de tous ses tours pour le ramener dans son nid et ainsi, jouer avec lui comme elle savait si bien le faire. Son fils était son arme, sa marionnette et son instrument, jamais elle ne le laisserait partir sans avoir repris le contrôle sur lui. Son départ voilà des années, l’avait affecté énormément mais bon, elle était toujours parvenue à garder un œil sur lui, qu’il soit à l’autre bout de Westeros ou dans le village voisin. Loin d’être aveugle, elle connaissait aussi parfaitement les sentiments contraires et parfois immoraux qui habitaient son fils et même ceux-ci n’étaient qu’un moyen de plus pour arriver à ses fins.
Sentant son regard sur elle, la Vipère sut que la victoire était proche lorsqu’Alessander se retourna. Elle était parvenue à toucher un point sensible et elle le savait parfaitement bien. Enervé, le jeune homme mit un point d’honneur à bien préciser qu’il n’était pas comme son père, cet homme qu’elle était parvenue à lui faire haïr de plus profond de son âme. Une fois cette différence posée, il exprima toute sa rage en essayant de lui reprocher les choses dont elle se plaignait, comprenant clairement qu’elle pouvait, au vue de ses connaissances et son pouvoir, se débarrasser de lui quand elle le désirait. Il insinua également que sa récente maladie était de son fait et que tous les domestiques de Beaumarché étaient à sa solde, telle une araignée ayant tissée une toile dont on ne peut s’échapper. Les derniers mots de son fils la firent se retourner, les larmes coulant de ses yeux couleurs opales. Elle put aisément lire la rage qui habitait son fils et ce dernier poursuivit ses reproches.
Toutes ses années de frustration semblaient ressortir d’un coup du cœur d’Alessander, sa tirade n’en finissant pas et définissant sa mère comme l’être le plus toxique qu’il lui ait été donné de rencontrer durant toute sa vie. Finalement, les larmes continuant à couler le long de ses joues, le visage de Cerenna sembla outré lorsqu’il prononça ses derniers mots, sa main partant immédiatement pour gifler son fils. Larmoyante, elle répondit à ses attaques et ne manqua pas d’user de tout son talent pour lui faire regretter ses mots et le faire culpabiliser comme il le fallait.
« Malgré tout ce que tu penses de moi, je ne tuerai jamais ton père. Oui, il est violent et il me fait peur. J’ai peur aussi pour Alyssa et de ce qu’il pourrait lui faire si je persiste à me refuser à lui. Mais le tuer, je sais très bien que je perdrais le peu d’amour qu’Alyssa me porte et que tu me portes. Je préfère subir mille morts que de vous perdre définitivement. Penses-tu que j’ai été une mauvaise mère ? J’ai fait de toi l’homme merveilleux que tu es devenu. Et si on peut être l’objet de ses enfants pour les aider à aller aussi haut que possible, une femme mérite d’être l’appui de son époux et non son paillasson. Tu es mon sang, ma chair, Alessander ! Tu pourrais me faire la pire des choses que je t’aimerais encore ! Mes enfants sont tous pour moi ! Tu es tout pour moi ! »
Habile et sinueuse comme la vipère qu’elle est, Cerenna poursuivit son intervention en posant doucement sa main sur l’avant-bras de son fils, cherchant le contact qui apaiserait son cœur comme quand il était petit.
« Je sais très bien que tu n’es pas comme lui, mais quand j’entends ce que tu penses de moi, mon cœur saigne. Ce sont des mots qu’il pourrait prononcer sans même que cela me fasse grincer les dents mais venant de toi … Ca me fait mal … »
Doucement, les larmes coulant toujours lentement le long de ses joues, elle prit les mains de son fils et les porta à sa bouche. Très tendrement, elle les embrassa avant de les porter à sa joue pour qu’il puisse profiter de la douceur de sa peau. Son regard ne quittant pas les prunelles d’Alessander, elle reprit d’une voix très douce.
« Tu es si beau mon fils. Rien en toi ne me rappelle cet homme. Maintenant, si tu me vois comme un poison qui ronge ton âme, peut-être voudrait-il mieux que tu me transperces le cœur de ton épée immédiatement. »
Son visage se fit intransigeant, elle posa la main de son fils sur son sein, juste au niveau de son cœur, ses grands yeux ne le quittant pas et observant ses moindres réactions.
« Tue-moi mon chéri ! Libère-toi de ta poison de mère si tel est ton souhait. Je ne vis que pour toi et si tu me repousses à nouveau, vivre n’a plus de sens pour moi. Alors fais-le ! Tu nous délivreras tous les deux ! »
Sournoise et perfide comme jamais, Cerenna tirait sans relâche sur la corde sensible du beau jeune homme. Elle était prête à tout pour qu’il redevienne le garçon docile qu’il était.
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La gifle vient le cueillir avec une force qu'il n'imaginait pas même dans ses rêves les plus fous. Un éclat passa dans les yeux du cygne noir alors qu'il toisait sa mère de toute sa hauteur, la rage des Desdaings rugissant dans son cœur avec la force d'un ouragan. Mais face aux larmes sur le visage de sa mère, Alessander était incapable d'attaquer avec la force qui caractérisait les cygnes. Inspirant, il la regarda, les traits de son propre faciès semblant se détendre. Cette femme qu'il aimait, avec autant de fureur que d'amour était le pire des poisons. Et pourtant, il y retournait encore et toujours. Comme un drogué nécessiteux tirant le garrot avec l'envie de planter cette aiguille de poison dans ses veines. Alessander n'était rien d'autre qu'un homme, malgré les femmes qui le disaient démon. Il n'était qu'un jeune adulte prisonnier de ses pulsions.
Au contact de la chair de sa mère, Alessander releva le visage, inspirant légèrement, se perdant dans l'opale qui lui faisait face. Les yeux de sa génitrice avaient toujours été les portes de mille sévices et les fois où ils avaient rêvé d'elle n'était même plus comptabilisables. Il écoutait ses mots rongés de poison, cette verve qu'elle mettait dans chacun de ses mots. Et il sombrait, il lui appartenait. Même lorsqu'elle posa sa main sur son sein, il se laissa aller, non aux caresses mais au simple contact qu'il n'aurait jamais dut laisser apparaitre. Alessander était maudit aux yeux des dieux. Il n'avait plus de contrôle sur sa vie, il l'avait perdu à l'instant même où il avait franchit les portes de Beaumarché. Cette sorcière savait mener les hommes à leur perte, quoi qu'il y face et quoi qu'ils veuillent. Sa première victime était son propre fils. Et si le cygne noir le savait, voilà qu'il s'offrait au poison tentateur et aux chants de la sirène.
Tu sais aussi bien que moi que jamais je ne pourrais porter la main sur toi. J'étais là à chacun de ses gestes. Voyant chacune de ses actions contre toi. Je ne peux que le haïr mère. Et te tuer... Ne me demande pas quelque chose d'aussi terrible. Tu sais qu'aussi bon guerrier que je sois, tu es la seule qui saura toujours se mettre en travers de mon chemin et contre qui je ne pourrais jamais lutter. Tu es ma mère. Tu es la seule femme qui n'ait jamais compté à mes yeux.
Ses mots pouvaient sembler si doux s'ils n'étaient pas ourlés de sous entendus qu'elle ne pouvait entendre. Alessander offrait sa liberté aux flammes pour l'amour d'une Dame. Il les protégerait. Elle et Alyssa. Jamais il n'offrirait les deux seules femmes de sa vie à son père. Il avait failli quand il n'était qu'un enfant. Jamais plus il ne laisserait de tels gestes se reproduire. Car la cicatrice sur le corps de sa génitrice lui rappelait pour toujours qu'il avait été un lâche incapable.
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La Vipère sentait son piège se refermer sur sa proie. Le visage de son fils commençait à se faire moins froid et doucement, le venin s’insinuait dans son esprit pour le rendre aussi docile qu’auparavant. Qu’il le veuille ou non, Alessander reviendrait entre les griffes de sa mère et gardant son air de défi, le poussant à lui ôter la vie, elle ne put qu’apprécier intérieurement les paroles de sa progéniture qui abandonnait toute résistance. Ses mots raisonnaient comme une victoire totale et ne souffrant d’aucune remise en question. Son petit était revenu et désormais, elle comptait bien l’utiliser comme il lui plaira. Aux mots de son fils, les larmes de crocodiles coulèrent sur les joues de Cerenna, la noble lady de Beaumarché étant passée maîtresse dans l’art de duper les gens. Histoire d’emprisonner complètement le cœur de sa progéniture dont elle connaissait le désir interdit qui le tiraillait, la belle brune se blottit dans ses bras, posant sa tête contre son torse qui n’était plus celui d’un enfant.
« Mon fils, tu es aussi le seul homme de ma vie … Ne te reproche pas ce qu’il nous a fait, tu étais trop jeune à l’époque. Je suis tellement contente que tu sois revenu. »
Tout en posant délicatement ses mains de part et d’autre du visage d’Alessander, la Vipère plongea son regard dans le sien, l’humidité sous ses yeux témoignant des larmes qu’elle venait de verser. Du bout des doigts, elle caressa son visage, ne le quittant pas des yeux, comme si elle l’admirait. Perdue dans ses yeux, elle imaginait déjà le jour où il tuerait son père sous l’impulsion d’une simple demande de sa part. Elle pouvait voir en lui la marionnette qu’elle avait des années à façonner et polir avec attention, même si ce dernier avait voulu prendre sa liberté. Aujourd’hui, le cygne était à nouveau en cage, prisonnier de la Vipère qui lui servait de mère.
Très lentement, ses mains glissèrent le long des bras du Cygne noir pour s’emparer de ses mains, alors que leurs corps s’écartaient l’un de l’autre.
« Tu n’as pas idée à quel point tu m’as manqué Alessander. Je n’ai plus passé une seule nuit convenable depuis ton départ. J’ai l’impression que pour la première fois depuis des années, mon esprit est en paix. »
Se rapprochant à nouveau de lui, ses lèvres semblant vouloir rejoindre les siennes, Cerenna termina son mouvement par un baiser sur la joue de son fils. Très calmement, elle se dirigea vers son lit et se coucha dessus, son visage semblant apaisé et fatigué. Elle se positionna sur le flanc, laissant une large place derrière elle, avant de s’adresser à son fils en se redressant un peu.
« Viens donc enlacer ta mère afin qu’elle puisse trouver le sommeil. J’ai besoin de me sentir en sécurité dans tes bras. Tu peux faire ça pour ta mère ? »
La Vipère savait exactement comment piéger son fils et lui insuffler l’idée que sans lui, elle dépérissait de jour en jour. Ce dernier stratagème allait sceller l’avenir du Cygne Noir et le rendre totalement captif de venin de sa sorcière de mère. Dans un an ou deux, lorsqu’il serait totalement sous son emprise telle une marionnette docile, elle pourrait se débarrasser de son gênant de mari. Alyssa serait certainement à Port-Réal pour tenter sa chance auprès du Prince Aegon et vu leur précédente discussion, il était possible que les choses se passent comme elle l’imaginait. Il lui restait encore la lourde tâche de trouver une épouse à son fils mais bon, afin de ne pas contrarier ses projets, une docile et soumise petite femme serait une candidate idéale. Les critères de Cerenna étaient drastiques et peu de femmes pouvaient prétendre y correspondre, surtout qu’il fallait un certain lignage assurant une alliance intéressante et également une certaine beauté afin de ne pas ternir la beauté qu’elle avait transmise à ses enfants.
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Le voulant ou non, le cygne noir s'était de lui-même enfoncé dans cette toile qu'elle tissait devant le moindre de ses pas mais il avait arrêté de se débattre. Il ferma les yeux lorsqu'elle se blotti contre son torse, si semblable à toutes ses femmes qui l'avaient fait alors qu'il courrait au loin. Mais toutes les femmes n'avaient pu sentir le cœur qui s'emballait dans sa poitrine alors qu'il refermait ses bras autour des épaules frêles de sa mère, noyant par la même occasion la corde de pendue qu'il enroulait de lui-même autour de son cou. Pourquoi être aussi stupide ? lui soufflait cette voix qu'il avait appris à appeler conscience. Mais il la fit taire. Il était si facile de se laisser aller et si dur de lutter. Il avait perdu sa petite sœur dans la manœuvre et elle lui préférait maintenant Isendre. Alessander voulait ceux qu'il aimait à ses côtés avant même de désirer le pouvoir. Il lui voulait en paix et le danger était maintenant aux portes de Beaumarché, son peuple qu'il avait abandonné réclamant la présence d'un héritier pour les suzerains du Conflans. Sa mère était terrible mais il s'abandonnait, laissant choir les dernières barrières qu'il avait imposées entre eux.
Inspirant la douce odeur de sa chevelure, il ferma les yeux. Pour les rouvrit alors qu'elle se posait en face de lui. Plus trace de sa fureur qu'il avait fait taire dans le regard du cygne noir. Rien d'autre que l'amour d'un fils pour sa mère. Taisant les terribles sentiments qu'il sentait au plus profond de son coeur, jusqu'aux picotements de son bas ventre, Alessander écouta les paroles de sa génitrice, ne pensant plus aux dernières secondes. Sa rage s'était envolée comme neige au soleil devant ses yeux qui le capturaient de leur magnificence. Elle avait le monopole de la parole, la main mise sur sa vie. Et lui lui appartenait comme un chien de compagnie bien dressé. Un pion. Un pion qui pouvait pourtant imploser à la moindre remarque. Elle devait marcher sur des œufs avec lui. Le cygne noir espérait au moins qu'elle s'en rendait compte. Tous semblaient acquis mais tout ne l'était peut-être pas tant que ça. Un geste, une parole et elle pouvait perdre ce qu'elle construisait depuis vingt-quatre longues années.
Son coeur s'emballa un peu plus alors que leurs lèvres s'approchaient pour que le baiser finisse finalement sur sa joue. Ô combien il était jaloux de cette joue. Alessander se sentait terriblement stupide. Son sang bouillait dans cette veine mais loin de cette rage froide, c'était le désir qui petit à petit s'insinuait en lui avait la même puissance que cette vipère qui lui faisait face. Il devenait si facilement ses courbes parfaites sous les voiles de la tenue de la vipère.
Alors qu'elle se couchait, il inspira légèrement, sentant une tension violente s'installer en lui. S'il la rejoignait maintenant, il ne répondait plus de rien. Alessander refusait qu'elle sache, qu'elle voit toute l'étendue de son pouvoir. Elle le haïrait, elle le repousserait avec une violence qu'il n'était pas prêt à supporter. Pourtant, le cygne noir ne montra rien et laissa naitre sur ses lèvres un sourire alors qu'il éclata d'un léger rire, si détendu devant cette femme qui faisait se crisper le moindre de ses muscles.
Je ne suis plus un enfant mère. Vous m'avez manqué, au combien. Mais j'ai passé l'âge de me coucher à vos côtés. Je... joue à d'autres jeux maintenant.
Il lui offrit quand même un magnifique sourire, évitant à tout prix le côté charmeur qu'avaient ses lèvres sans qu'il ne puisse rien y faire. Il était né pour séduire, avec la même beauté qui s'étendait devant lui, sirène chantant pour l'entrainer dans les plus dangereuses profondeurs. Il la suivrait jusqu'au bout du monde, même si la mort seule l'attendait à la fin de ce jeu d'échec dont elle semblait si friande. Alessander n'était rien pour lui résister. Et si la vipère avait la main mise sur son petit, avec les serres d'un aigle entourées autour de son corps, il tentait vainement de garder pour lui ce désir qu'elle seule pouvait faire grandir de ses simples prunelles. Sans avoir besoin d'une danse ensorcelante, de regard de braise ou de sa peau dénudée. Sa simple présence le faisait frémir.
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L’emprise de la Vipère se resserrait inexorablement sur sa progéniture, s’assurant de sa loyauté tout en comprenant parfaitement qu’il n’était plus l’enfant aisément manipulable d’il y a dix ans. L’homme qu’il était devenu avait soif de liberté mais malheureusement, ce n’était pas dans les intentions de Cerenna de le laisser faire ce qui lui plaisait. Ses projets pour Alessander étaient conséquents et si son époux était encore un obstacle à franchir, l’obéissance retrouvée de son fils aidait énormément à éclaircir la route vers le sommet. Comme toute femme devant un homme, elle put sentir le trouble habitant ce dernier lorsqu’elle l’embrassa sur la joue, comprenant aisément qu’elle avait encore pas mal de cartes à jouer pour le maintenir sous sa coupe. Alors qu’elle se couchait sur le lit, invitant son fils à venir l’aider à s’endormir paisiblement, ce dernier commença à rigoler. Il ne manqua pas de lui préciser qu’il n’était plus un enfant, tout en laissant sous-entendre qu’il pratiquait d’autres jeux dans les lits dorénavant.
Cerenna sourit à son tour, prenant tout de même l’air un peu triste. Couchée sur le côté, exposant sa féminité telle une muse, elle s’adressa à lui, son regard plongé dans le sien.
« Mon chéri, un homme peut jouer à tous les jeux qu’il veut, ça ne changera jamais le fait qu’il est un fils aimé par sa mère. Aujourd’hui, j’ai besoin de me sentir en sécurité dans les bras de mon fils, mon homme de fils. Si tu as passé l’âge pour que je te prenne dans mes bras, tu es à un âge où tu peux, à ton tour, m’apporter ce réconfort. »
Habituellement froide avec la plupart des gens, la Vipère savait très bien montrer un visage plus doux lorsqu’il s’agissait de ses enfants, en particulier son fils. Elle connaissait parfaitement l’attachement qu’il avait pour elle et le fait qu’il ferait toujours tout pour la protéger. C’est d’ailleurs là-dessus qu’elle comptait pour le manipuler. Apparaître à ses yeux comme une femme fragile qu’il se devait de protéger, était sans doute la méthode qui fonctionnerait le mieux. Evidemment, il lui fallait également jouer sur les sentiments qu’il avait à l’égard de sa sœur et de son père pour compléter parfaitement l’emprise qu’elle avait sur lui mais bon, c’était sans conteste un talent qu’elle maîtrisait à la perfection. Elle resta donc plusieurs secondes silencieuses à l’observer, avant de reprendre la parole pour tenter de le motiver à sombrer définitivement dans sa toile.
« Pourquoi ne me raconterais-tu pas ce qu’il s’est passé d’important dans ta vie depuis ton départ ? Je veux connaître l’homme que tu es devenu. Ma vie semblait s’être arrêtée depuis ton départ et tu n’as pas idée comme je suis heureuse de te revoir. »
A ses mots, plusieurs larmes coulèrent le long de ses joues dans un timing parfait, rendant ses yeux encore plus beaux. On pouvait dire que Cerenna savait parfaitement manipuler son monde et au final, il y avait juste son époux à qui en privé, elle ne prenait même plus la peine de cacher sa haine envers lui et toutes les bassesses qu’elle s’efforçait à lui infliger. Bien sûr, dans cette chambre et devant son fils, elle se devait de montrer une autre image d’elle et cela semblait fonctionner vu le changement d’attitude entre son arrivée et maintenant. Il était clair que la Vipère avait tenu son fils à l’œil durant ses longues années, arrangeant certaines choses lorsque cela dérapait, comme pour toutes ces filles qui avaient eu les faveurs de son fils et qui à leur insu, avaient fini par boire un breuvage qui assurait à Cerenna qu’aucun bâtard ne verrait jamais le jour. Elle connaissait donc très bien la vie de son fils mais bon, était-il judicieux de lui faire savoir cela, surtout dans ce genre de détails, certainement pas.
Quoiqu’il en soit, la brune cherchait à recréer ce lien particulier qu’elle avait avec son fils, sachant très bien qu’un faux pas pouvait lui coûter bien plus cher qu’à l’époque. Si lorsqu’il était enfant, elle pouvait se permettre de ne pas peser ses mots à chaque instant, il était aujourd’hui impossible de ne pas faire preuve de vigilance lors de leurs discussions. Elle l’invita donc à venir se coucher dans le lit, ou tout simplement s’asseoir à ses côtés pour lui parler de sa vie, comme un fils le ferait avec sa mère après un long voyage.
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Elle était si belle. Bien trop pour le coeur du brun qui hurlait dans sa poitrine, pour ses prunelles dont les pupilles s'étaient arrondies, rendues folles par le corps ainsi offert. Il ne voulait être comme son père, il refusait de se laisser contrôler par ses pensées ou ses envies. Il avait peur de n'être qu'un monstre comme celui qui lui avait offert la vie. Criston n'était rien pour Alessander. Rien d'autre qu'une peur qui le saisirait et l'emplissait plus encore que la peur de la mort. S'il devenait comme lui. S'il passait cette marche qui lui offrait tous ses désirs, il devenait un monstre. La distance jusqu'à sa mère lui semblait si proche et en même temps tellement loin. Comme un mur qu'il avait essayé de mettre entre eux, comme tous les fleuves, toutes les plaines et tous les kilomètres qu'il avait parcouru, galopant dans les immensités en serrant les poings pour ne jamais lui offrit ce contrôle qu'elle n'avait jamais aussi bien eut sur lui qu'aujourd'hui.
Et Alessander cédait une fois de plus, s'offrant à cette Vipère qui avait main mise sur sa vie. Elle lui avait offerte voilà de ça vingt quatre ans. Aujourd'hui, elle reprenait ce qui était sien, comme si Cerenna avait été un quelconque chevalier faisait le siège d'un château. Le cygne noir était aussi dur que ses pierres blanches qui avaient érigée Beaumarché mais déjà des brèches venaient faire s’affaisser ses fondations qu'il pensait si solide. Il se croyait capable de lutter contre une Vipère. piètre idiot. Elle manipulait déjà son monde qu'il n'était pas encore né. L'héritier du Conflans détruisit la distance entre eux, s'assaillant devant elle en lui tendant les bras, comme pour des caresses qu'il rêvait. Il ne pouvait se coucher derrière elle comme le corps de la brune semblait lui demander. Mais la prendre dans ses bras, toucher la saveur tendre de sa peau... Ça, Alessander en était capable.
D'important ? Que voulez vous savoir mère ? J'ai courus des tournois, visiter des villes à la beauté qui emplie encore mes prunelles. J'ai rencontré bine des familles à la noblesse aussi ancienne que le temps. Rencontré les dragons et vu les ossements de leurs créatures. Le monde semble si vaste. En cinq ans, je n'en ai pas vu la moitié.
Alessander se perdait dans les souvenirs, ramenant à lui les souffles rauques des amantes qu'il avait connu, les chevauchés en compagnie ou seule. La respiration tranquille de sa monture alors que ses quatre sabots frappaient le sol puis ralentissaient. Le monde était si grand et surtout si beau. Il aurait voulu repartir maintenant qu'il rêvait Alyssa en sécurité. Et pourtant, il ne pouvait les laisser encore seules.
Les souvenirs ramenèrent au cygne noir les sanglots du violon de Silvana. Où était-elle ? Que devenait-elle dans ce monde qu'il aimait tant mais qui était si dangereux pour la vagabonde ? Demain, il essayerait de la retrouver. pour lui dire de le rejoindre, de taire sa peur et de venir à Beaumarché. Et s'il ne la trouvait pas, il chercherait pourquoi les Terrick en avaient après elle. De toute manière, s'il ne le faisait pas, les aigles viendraient le chercher s'ils ne l'avaient déjà fait. pour comprendre comme l'héritier du Conflans s'était retrouvé à défendre une simple vagabonde.
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Tout en douceur, Cerenna reprenait le contrôle de son fils, usant de ses sentiments à son égard pour l'amener exactement où elle le désirait. Ses crocs vénéneux s'étaient enfoncés profondément dans la gorge de sa progéniture et désormais, il semblait évident que ce dernier retournaerait auprès d'elle. Bien que la prudence reste de mise, elle comptait bien faire en sorte que plus jamais il n'imagine sa vie sans elle. Alors qu'Alessander vint s'asseoir sur le lit à côté d'elle, n'osant visiblement pas se coucher derrière elle, elle prit ses mains qu'il lui tendait pour les caresser tendrement. Elle glissa sa joue sous ses doigts pour qu'il puisse savourer la douceur de sa peau, se frottant à lui comme une chatte marquant sa propriété. Voyant qu'elle n'obtiendrait pas d'étreinte de sa part, la Vipère força un peu la chose en se déplaçant pour venir poser sa tête sur les genoux de son fils. Laissant une de ses mains libres, elle prit l'autre pour la poser sur sa poitrine, la recouvrant des siennes pour qu'il puisse sentir son coeur battre au rythme de ses récits.
Se demandant sans doute ce que sa mère voulait connaître qu'elle ne savait déjà, le beau jeune chevalier se lança dans une tirade poétique dont il avait le secret, faisant soupirer sa mère d'aise. Elle retrouvait son tendre fils qui maniait les mots avec dextérité et noblesse. Il était loin de son rustre époux et son regard ne pouvait se détacher du sien, comme absorber par ses mots. Il est clair qu'il devait en avoir vu des choses en cinq longues années, surtout sans contrainte et sans retenue. De son côté, Cerenna n'avait que rarement quitté Beaumarché et si elle avait visité les vassaux du Conflans, elle n'avait fait que l'un ou l'autre voyage vers les grandes villes bordant le Conflans. Jamais elle n'avait pu voir Dorne et ses terres arides ou même le Nord et son climat glacial. Essos était également un mystère pour elle mais bon, bien loin d'être une aventurière, elle était avant tout une femme d'ambition et celle-ci ne pouvait se réaliser qu'à proximité.
« Il y a tant de choses que j'aimerais savoir mon chéri. Tu pourrais commencer par les personnes qui t'ont marquées durant ton voyage. Il y a bien quelqu'un que tu n'oublieras pas ? Raconte-moi aussi la plus belle chose que tu ais vu. Les combats auxquels tu as participé et même les femmes que tu as aimé. Je veux connaître ta vie mon fils. »
Toujours couchée, serrant la main de son fils contre son sein, la Vipère semblait vouloir tout savoir de ses aventures. Bien qu'elle soit déjà au courant d'énormément de choses, elle voulait surtout se rendre compte de ce qu'Alessander serait prêt à lui dévoiler car plus il en dirait, plus cela voulait dire que son emprise sur lui grandissait. A la voir comme ça, sa tête sur les genoux de sa progéniture, on aurait presque pu la prendre pour une femme fragile cherchant le réconfort et c'était d'ailleurs pour cela qu'elle voulait se faire passer. Evidemment, la réalité était tout autre mais pour son fils, il devait en être ainsi. C'est donc les yeux encore humides de son précédent cinéma, les lèvres légèrement entrouvertes comme dans l'attente d'affection qu'elle restait vulnérable devant son enfant. Son regard ne quittant pas le sien comme pour l'hypnotiser et le soumettre à sa volonté. Cerenna l'écouta avec attention, se tournant par moment comme une enfant cherchant l'obscurité contre le corps de ses parents.
« J'espère que tu as fait attention lorsque tu étais avec une femme ... Il serait désastreux que mon magnifique enfant ait engendré des bâtards comme son rustre de père ... »
A ces mots, la Vipère sera un peu plus fort la main de son fils contre sa poitrine, lui faisant comprendre qu'elle ne voulait pas qu'il soit comme Criston, couchant avec des roturières. Il y avait énormément de moyens d'éviter la procréation et si son fils n'en connaissait pas, elle pouvait fort bien lui en parler. Plusieurs breuvages avaient d'ailleurs déjà fait leur office sur les courtisanes culbutées par son fils, sans que personne n'en sache jamais rien bien sûr. Il y avait aussi le contrôle de soi qui consistait à se retirer avant la fin ou plus simplement, la sodomie si le risque était trop grand. Quoiqu'il en soit, ne voulant nullement risquer de se retrouver avec un tel déshonneur une seconde fois, elle comptait bien continuer à faire surveiller Alessander et faire boire le breuvage nécessaire à éviter tout risque, quitte à rendre ces femmes incapables de procréer.
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Il avait déposé les armes, levé ce drapeau blanc devant son visage pour mieux lui offrir la vérité de cette défaite qui l'emplissait. Cerenna avait gagné, meilleur bretteur et surtout adversaire bien trop coriace. Elle revenait encore et encore à la charge, jusqu'à ce que le brun lâche les armes, comme il avait fini par le faire. La victoire brillait dans le regard de la dame de Beaumarché mais pourtant, Alessander n'en éprouvait aucune amertume. Elle était sa mère et non un quelconque chevalier qui l'aurait défait. Aux jeux des mots et des mensonges, les femmes avaient toujours été plus fortes que les hommes. Cette partie des dupes étaient à eux et si le cygne noir aimait se glisser sur ce plateau en équilibre instable, il savait accepter sa défaite. A la grande différence des tournois où ses colères n'étaient feintes et inconnues.
Avec la verve d'un conteur, il capta le regard de sa mère, ce regard qu'ils partageaient tous deux depuis 24 longues années. Dont la ressemblance était si frappantes que personne ne pouvait nier cette affiliation qui les liait. Comme s'ils avaient été frères jumeaux et non mère et fils. Si proche mais en même temps si lointain par cette distance qu'obligeait Alessander. pour ne pas souffrir, il la voulait à des kilomètres de lui. La douleur était trop forte autrement. La douleur était trop forte maintenant. Il voyait ce corps qu'il désirait plus que la vie elle-même. Cerenna savait à merveille le pouvoir qu'elle exerçait sur lui, il en était plus que certain.
Comment raconter cinq ans en quelques mots. Il me faudrait une éternité pour tout te conter. J'ai vu des merveilles que je n'osais même imaginer. J'ai vu des vies se faire et des vies se défaire. Des vieillards m'étourdirent de leurs sagesses, des hommes prier pour un peu de pain et d'eau. Des gens mourir et des gens vivre dans le plus grand luxe. Je me suis rendue à port Réal où j'ai dansé avec les dragons et où j'ai aperçue le sourire du plus beau d'entre eux. J'ai vu les gens du Conflans rire devant l'apparence que je faisais croire de moi. J'ai chanté dans des tavernes pour le gite et le couvert. J'ai galopé le long de la route royale. J'ai aimé dans des dizaines de lieux différents, offert pour un instant l'intégralité de mon âme à des femmes que je n'ai jamais revu. J'ai charmé la plus belle dame de Westeros dans les secrets de sa chambre. J'ai rêvé à revenir ici pour vous prendre dans mes bras jusqu'à ce qu'une nouvelle merveille s'ouvre à moi.
Le cygne noir se stoppa dans son récit, des étoiles pleins les yeux, ayant presque oublié jusqu'à la présence si proche de lui qu'il sentait son odeur s’insinuer en lui. Il ne se méfiait même plus. Il était là, comme s'il n'était jamais partie, à se perdre dans ses souvenirs, dans ses instants qu'il avait volé à quelqu'un d'autre. Il n'aurait pas du partir et pourtant il ne regrettait pas une seule des secondes qu'il avait passé dans cet autre monde, à la fois si lointain et si proche. Une frontière invisible qu'il n'aurait plus le droit de franchir. Alessander rêvait de liberté. Il était égoïste. Il enviait ses hommes et ses femmes qu'ils n'avaient finalement jamais côtoyé comme des égaux. Lui avait toujours l'argent de son côté, ce même argent qui ouvrait toutes les portes. Le monde changeaient petit à petit et l'héritier faisait de même. Il grandissait enfin.
Le monde est si grand et il me reste encore tant de choses à voir. Que je ne pourrais surement jamais ne serait-ce qu’apercevoir.
Un soupire triste s'échappa des lèvres du brun alors qu'il regardait enfin de nouveau sa mère, s'encrant de nouveau au sol et à l'instant présent. Les souvenirs combleraient les silences lorsqu'il serait à son tour père d'une flopée de marmots courant entre ses jambes. Raconté au coin du feu, pour faire taire ce silence qui était terrible dans toute sa clameur. Alessander se souvenait de chaque plus petits détails et il refusait d'oublier. puisqu'il ne pourrait plus jamais repartir, il devait garder les odeurs, les sons et les images. pour essayer de les retranscrire en contes fantastiques.
Le cygne noir éclata de rire aux paroles de sa mère avant de tourner un visage rieur jusqu'à sa génitrice. Son sourire brillait dans ses prunelles alors qu'il s’exclama avec humour : Tu n'es pas réellement en train de me parler de ça ? Je n'ai plus quinze ans mère. Je sais prendre mes responsabilités et agir en connaissance de cause. Et si l'une d'elle à eu le malheur de tomber enceinte, aucune n'est venu pleurer à mes pieds en agitant sous mes yeux le marmot. Le ton du cygne noir était rieur, comme l'était ses pensées. Ce n'était pas réellement le genre de discussion qu'il rêvait d'avoir avec sa propre mère mais puisqu'elle avait voulu aborder le sujet...
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C’est avec une douceur infinie dans le regard que Cerenna écouta son fils parler de ses aventures. La tête tranquillement posée sur ses genoux, la scène aurait pu être divine si l’objectif de la Vipère n’était pas de remettre son collier à Alessander et ainsi, le garder auprès d’elle. Elle l’écouta avec attention scrutant chaque mot comme pour en trouver la faille. Il faut dire qu’elle excellait dans ce domaine et retourner des propos pour leur faire dire ce qu’ils n’étaient pas censés vouloir dire était un talent dont elle pouvait se targuer. C’est donc dans un silence religieux qu’elle l’écouta dévoiler des moments les plus intimes de son voyage mais une chose retint son attention. En effet, elle se demandait qui était la femme qu’il considérait comme la plus belle de Westeros. Non pas qu’elle était prétentieuse ou même narcissique mais à ses yeux, nulle créature la dépassait en charme et en beauté, même si sa fille semblait prendre le même chemin qu’elle à ce niveau.
Cerenna le laissa donc parler n’intervenant que pour jouer l’innocente ignorant les frasques de son fils. Elle savait tout de sa vie mais bon, lui dire aurait été sans doute perçu très négativement par sa progéniture. Ce dernier souhaitait la liberté, elle le la lui avait accordé temporairement, même si au final, il était resté dans la cage de sa mère. S’il avait pris son propre chemin, elle en jalonnait les contours avec précaution afin que rien ne puisse perturber son retour et le moment où il prendrait la place qui lui revient de droit. Si Alessander pensait que le monde était tellement grand qu’il ne pourrait que seulement en apercevoir une infime partie, la Vipère de son côté ne voyait que des terres et des hommes méritant de voir un homme comme son fils les diriger. Elle voulait que la chair de sa chair devienne aussi ambitieux qu’elle et qu’il comprenne que bien qu’il était déjà un noble respecté, il pouvait encore devenir plus que cela.
Quoiqu’il en soit, l’intervention de Cerenna ne manqua pas de faire sourire son fils qui éclata littéralement de rire. Sans grande délicatesse, il lui fit comprendre qu’il avait passé l’age de ce genre de conseil et surtout, qu’aucune femme ayant partagé sa couche n’était jamais venue lui présenter sa descendance. A cette désinvolture, la Vipère se redressa pour montrer un peu plus de sérieux à la situation. Son fils savait parfaitement l’aversion qu’elle avait pour les bâtards et si elle n’avait pas fait ce qu’il fallait à chaque fois, son ténébreux fils n’aurait pas pu sortir une phrase aussi légère. Elle décida donc de lui faire comprendre tout cela assez subtilement, usant d’un moyen choc pour parvenir à ses fins. En effet, elle se redressa et grimpa littéralement sur les genoux d’Alessander. A califourchon sur lui, forçant le beau chevalier à reculer son buste en s’appuyant sur ses mains pour garder une certaine assise, elle le toisa du regard, ses lèvres n’étant plus qu’à quelques centimètres de celles de sa progéniture.
« Tes responsabilités ? Tu reconnaîtrais l’enfant d’une souillon ayant servi à te vider les couilles ? Tu es l’héritier du Conflans, tu ne peux pas te permettre ce genre d’erreur. Tu dois faire attention car certaines femmes essayeront de profiter de toi. Promets-moi que tu feras ce qu’il faut pour m’éviter la honte d’un petit fils bâtard ? »
Dans cette position plus que proche, Cerenna se mit à caresser la chevelure brune de son fils, perdant son regard dans le sien en espérant entendre les mots marquant sa compréhension de l’importance de ne pas enfanter n’importe quoi. Ses doigts glissaient lentement dans ses cheveux, caressant par moment la peau de son visage comme de douces caresses réconfortantes. N’ayant nullement oublié les paroles de son fils, elle gonfla la poitrine et le toisa à nouveau pour lui faire dire tout ce qu’elle voulait savoir.
« Au fait, qui est donc cette femme que tu considères comme la plus belle de Westeros et dont tu as partagé la couche ? Raconte-moi un peu tout ça. »
Cela ne pouvait pas être une simple roturière, surtout vu comme il la mettait au-dessus des autres. En plus, cela voulait dire qu’elle n’était pas la plus belle aux yeux de son fils, chose difficilement acceptable. Ses espions n’avaient pas signalé une telle aventure avec une beauté renversante, ce qui inquiétait grandement la Vipère. En effet, s’ils avaient raté cela, il était possible que quelques potions se soient perdues et qu’un bâtard ressemblant à Alessander avait échappé à sa surveillance.
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Le pouvoir était une maitresse exigeante qui demandait tant de force et terribles sacrifices. Cerenna était la plus parfaite de sa personnification et celui qu'elle avait sur son fils n'avait d’autres formes moins pures. Alessander était sous son total contrôle et à l'instant même où elle grimpa sur lui, dans cette position qu'il avait tant de fois expérimentée et qu'il avait tant de fois rêvé en compagnie de cette sorcière diablement enchanteresse. Dans ces songes obscurs qu'il faisait et le réveillait en sueur, animé de cette envie folle, il la voyait ainsi. Maitresse terrible et terriblement tentante d'un cauchemar dont il ne se réveillerait jamais. De cet instinct de monstre qui n'aurait jamais dut exister mais qu'il ne pouvait refréner.
La caresse de ses doigts dans ses cheveux et sur son visage lui faisait oublier la dureté de ses paroles auxquelles il répondait positivement sans même chercher à le comprendre. Obnubilé par les prunelles de la vipère, il se perdait dans ses lents mouvements de serpent. Depuis toujours il avait été fasciné par les bêtes de sa mère, apprenant à ne pas les craindre alors qu'elle lui soufflait qu'ils étaient moins dangereux et traitres que les hommes. Alessander l'avait écouté, l'avait suivi. Aujourd'hui, il était cette créature modelée pour son plaisir. Un pantin sans conscience. Un pantin qui lui appartenait dans sa totalité.
La plus belle ne m'a jamais offert l'étreinte de ses bras. Ses actes pourront-ils changer ? demanda-t-il, plongeant ses prunelles opalescentes dans celles si semblables de sa génitrice. Elle n'a qu'un mot à dire pour que ce soit le cas et elle ne peut imaginer à quel point le cygne brule pour elle. Elle ne peut imaginer tout ce qu'il serait prêt à faire pour un baiser, pour une présence, pour qu'elle ne soit plus qu'à lui. pour qu'elle pleure sur son épaule, pour qu'elle soit sienne et qu'il soit sien.
Vagues métaphores qui ne parlaient que d'eux deux. Cerenna savait parfaitement que la plus belle femme des sept couronnes ne portait d'autre nom que le sien. Et Alessander évitait de lui décliner une identité qu'elle n'aurait su accepter. La beauté n'avait pas le sang des nobles, n'avait pour autre richesse que son innocence et sa douceur. Leurs étreintes étaient restées secrètes et le cygne noir lui avait juré qu'il reviendrait. Comme il l'avait juré à toutes les autres femmes qui avaient partagées sa couche. Mais elle avait laissé une odeur sur ses vêtements, avait laissé son parfum dans les narines du brun et il avait continué à caresser ses lèvres en pensant aux baisers qu'elle lui avait offert d'un sourire tendre et d'un rire qui faisait disparaitre ses grands yeux rieurs derrière une épaisse mèche de cheveux.
Il se redressa et ses mains se posèrent sur les hanches de la belle. Il en oubliait que c'était sa mère, il en oubliait tout ce qu'il aurait pu penser. Ses prunelles se plongèrent dans leur reflet et ses lèvres vinrent se poser sur leurs jumelles. Il n'était pas avide, c'était un baiser question, une demande mentale sur la possibilité de ses actes. C'était une vérité qu'il dévoilait, un secret qu'il lui avait depuis si longtemps caché. Cerenna le savait, il en était certain. Par les septs qu'il avait essayé en vain d'être discret, sans parvenir à cacher réellement ses sentiments. Il était bien trop fort et alors qu'il n'était qu'un enfant, Alessander ne pouvait mentir. Il lui avait dit une fois. Qu'elle était la plus belle femme qu'il ne verrait jamais. Ce n'était pas vraiment mentir. La Desdaings l'était presque. Une seule avait su la surpasser. Non en raison de sa jeunesse mais en raison de l'innocence qui brillait dans ses yeux, de la timidité d'un corps pour la première fois dévoilé à un homme. Il l'avait rassuré alors qu'elle rougissait devant les réactions de sa virginité. Mais pourtant, elle n'avait su chasser Cerenna de son cœur. Jamais. Il était prisonnier de sentiments immoraux.