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Les Larmes du Désert [Cletus&Daemon&Valena]
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Cletus & Daemon & Valena
Valena se souvenait très bien du calme douloureux qui avait bercé le Septuaire lorsqu’elle y était entrée la première. Il n’y avait eu alors que le souffle d’air frais de la nuit pour venir troubler les volutes de fumées dispersant les senteurs lourdes et suaves d’encens. Elle s’était trouvée en tête à tête avec le cadavre glacé et immobile de Ryon. En tête à tête avec son chagrin. Elle sa rappelait encore nettement de la tristesse qui l’anéantissait de l’intérieur et qui l’avait faite flancher pour la première fois depuis longtemps. Accablée par l’isolement et la perte de son père, elle ne s’était jamais sentie aussi abandonnée et vulnérable.
Il ne restait plus rien de tout cela alors que la pièce résonnait encore de ses mots pleins de hargne et de colère. Elle avait espéré, rien qu’un instant, que la veillé funèbre se déroulerait bien. Que dans la retenue et le silence, les yeux bleus et noirs veilleraient sur la dépouille dans un silence pudique de recueillement. C’était ce qu’elle avait souhaité au plus profond d’elle. Elle aurait tout fait pour que cela fonctionne et pour que l’honneur de leur géniteur soit sauf. Même après sa mort. Mais elle devait bien se rendre à l’évidence. Tout cela, elle l’avait rêvé. Qu’avait-elle cru ? Que Daemon respecterait leur père ? Qu’enfin il pousserait son arrogance de côté et se conformerait à ce que ce moment demandait de lui ? Qu’il ne lâcherait pas un dragon sur son cadavre ? Non, elle en avait beaucoup trop demandé ! Est-ce-que tout cela n’était qu’une scène pour lui ? Une vaste plaisanterie dont il était l’acteur principal ?
Confinée dans sa colère, elle n’entendit même pas les mots froids qu’avait murmuré son cadet au Mestre lors de sa sortie. Enfin, lorsque la porte se referma, le dragon disparut et ses longs cris stridents se firent de plus en plus lointain à mesure qu’Harian l’emportait. Les muscles bandés, ses mains brulées serrées en deux poings frustrés, elle toisait Daemon comme un faucon toiserait un mulot. Elle l’aurait dévoré. Désormais, il était loin d’être le plus fort des deux physiquement. Elle se contint cependant alors que Cletus vint docilement s’interposer entre ses deux ainés. Ce fut lui qui répondit le premier à ses questions furibondes. Sa voix douce et posée aurait calmé la pire des créatures, mais certainement pas la jeune femme. Elle avait vu beaucoup de choses dans sa vie. Mais son cadet défendant le bâtard était encore inédit. En revanche, elle ne fut pas étonnée de son interprétation sur le comportement de Ryon. S’il était encore parmi eux, il aurait certainement fait rôtir la bête de la même manière qu’elle menaçait de les faire rôtir. Puis, le jeune garçon énonça les faits selon sa pensée et la Lady en prit bonne note. Incontrôlable, le dragon le serait surement. Il l’avait prouvé à l’instant. Elle doutait de son dressage. Qui pourrait dominer une telle créature ? Les Targaryen l’avaient fait, certes… Un long frisson remonta le long de son échine lorsqu’il mentionna la possibilité que plusieurs de ses congénères arpentent les terres du continent. Cela était-il possible ? Westeros avait depuis longtemps libéré ses cieux des dragons. Le continent pourrait-il à nouveau être menacé par leurs gueules acérées et par leurs flammes ? Dorne avait banni Rhaegar ; ce n’était certainement pas pour voir d’autres sauriens arpenter ses terres.
Il pourrait être un atout pourtant. Encore sous le coup de sa blessure et de la frayeur qui l’avait parcourue lorsqu’elle avait senti le corps de l’ancien lord en danger, il lui était difficile de considérer cette hypothèse. Mais Cletus l’avait soulevée et elle existait belle et bien.
Daemon avait gardé le silence, tapi au fond de son siège comme la vipère au fond de son trou. Durant tout le monologue sensé et cherchant à les défendre, lui et son dragon, il n’avait rien trouvé de mieux à faire que de fusiller Cletus du regard. Lorsqu’enfin il prit la parole, ce ne fut en rien pour s’expliquer, comme elle l’avait demandée. Il préférait encore et encore cracher son venin. Venin qui n’améliorait en rien la situation puisqu’il remplissait à nouveau la jeune femme de fureur. Et alors qu’il continuait de l’accuser, de l’accabler, un nouveau sentiment creva son cœur.
Ainsi, il ne lui avait rien dit parce qu’elle n’était pas son seigneur ? Parce qu’elle ne faisait pas figure d’autorité ? Elle était blessée. Profondément trahie. Son visage se décomposa.
« Peut-être n’étais-je pas ton Lord, » renifla-t-elle. « Mais j’étais et je suis ta sœur… »
Elle pinça les lèvres, mais son cœur se serrait toujours. Le frère et la sœur étaient loin d’avoir une relation idéale et sereine. Ils n’étaient pas les ainés fusionnels et unis. Mais ils se soutenaient l’un l’autre. Ils se faisaient confiance. Du moins, c’était ce que Valena croyait. Ce qu’elle avait cru. Aurait-elle trouvé une telle créature dans les dunes, elle lui en aurait parlé. Peut-être l’aurait-elle mis dans la confidence avant même d’en parler à leur père. Non, pas peut-être. Elle l’aurait fait. Elle serait allée voir Cletus également pour avoir son opinion, sur comment gérer une telle situation avant d’affronter leur géniteur.
Mais c’était leur père qu’il avait attendu.
Elle lui avait promis de le soutenir, de rester à ses côtés et de l’épauler depuis l’accident. Elle aurait tout fait pour lui. Ses mots disaient peut-être le contraire, mais il la connaissait assez pour faire fi de ses paroles irréfléchies et ne prendre en compte que ses actes et ses actes uniquement. En revanche, lui, ne lui avait jamais promis cela. Cette désillusion la frappa de plein fouet. Ainsi, elle ne devait sa prétendue loyauté que grâce à son statut ? C’était sur son nouveau titre de lord que leur relation serait basée ?
« Navrée de n’en avoir eu que pour mes petits papiers… Il fallait bien que quelqu’un s’en occupe en l'absence de Père, n’est ce pas ? »
Sa question avait des accents brisés. Son reproche ressemblait à s’y méprendre à celui que Nymeria lui avait jeté au visage lors du procès de son amant. Elle se rappelait encore clairement de ses mots, l’accusant d’être restée en sécurité derrière ses murs tandis qu’elle risquait sa vie en dehors de Dorne. Elle lui avait dit qu’elle n’avait rien fait. Qu’elle ne faisait rien. Son père était encore dans le Bief à cette époque. Elle avait dû reprendre à pied levé ses travaux, traiter les demandes de leurs vassaux et se plonger dans des missives qui demandaient des réponses urgentes et dont elle n’avait jamais entendu parler auparavant. Et maintenant que Ryon été mort, elle entendait la même chose.
Elle porta une main fébrile à son front moite. L’adrénaline qui avait asséché ses veines s’évaporait et elle en récoltait le contrecoup. Elle se sentit blêmir. Sa gorge se serra. Elle ne pouvait pas pleurer. Pas maintenant. Mais cela faisait beaucoup de choses à digérer. Et même si on l’appelait désormais Lady de la Grâcedieu, Valena n’en restait pas moins humaine.
Plus que la protection future qu’offrirait probablement le dragon, elle lui avait pourtant observé un mérite. Il motivait Daemon. Lui qui était si longtemps resté prisonnier de sa chambre et de son corps, il reprenait goût à la vie. Il se battait pour quelque chose. Sa promesse de le dresser en était la preuve. Le fait qu’il lui présente son précieux dragon en pâture n’aveuglait pas Valena.
« Ne me parle pas comme si tu écouterais ma décision. Ne me parle pas comme si tu te plierais à mon choix si j’ordonnais qu’on l’éventre et qu’on disperse ses entrailles au soleil. »
Elle secoua la tête et tourna le dos à son demi-frère pour se tourner vers la dépouille de Ryon. À travers ses cils, elle jeta un regard à Cletus de l’autre côté de la stèle. Il était toujours imperturbable. Un instant, elle lui envia cette facilité qu’il avait à garder une contenance. Quelle image d’elle donnait-elle cette nuit ? Celle d’une Lady ? Certainement pas. Elle n’avait que le modèle silencieux et ferme de Ryon pour se comparer. Et elle était loin d’atteindre un tel idéal.
« Aujourd’hui n’était pas le jour pour le montrer, » réaffirma-t-elle d’une voix dure. « Et ce n’est également pas le jour pour prendre une décision sur son sort. »
Elle ne se laisserait pas dominer par ses émotions et sa colère. Si elle devait prononcer sa sentence maintenant, le serpent ailé ne verrait certainement plus le soleil se lever le lendemain. Et si elle n’avait pas entendu les arguments de Daemon, elle avait entendu ceux de Cletus. Elle devait réfléchir. La jeune femme soupira profondément. La froideur du marbre parvenait à se glisser à travers les bandages nauséabonds recouvrant ses doigts.
« Y a-t-il d’autres choses que je devrai savoir ? D’autres secrets que vous me cachez ? À me reprocher ? N’hésitez pas surtout, il semble que ce soit le bon moment. »
Valena était amère. Elle ne s’était jamais imaginée le ressentir un jour, mais elle craignait les mots que pourraient lui cracher ses frères. Elle qui avait toujours cru qu’ils lui faisaient confiance, elle se trouvait ébranlée par les précédentes révélations. Elle déglutit bruyamment en laissant ses paumes caresser doucement la pierre. Quelle idiote elle avait été.
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Les larmes du désert
La Grâcedieu
Valena & Daemon & Cletus
Le Septuaire s’était vidé, et ne restaient plus que les enfants Allyrions. De nouveaux seuls en présence du corps inerte et inquiétant de leur père, cela n’amena cependant pas le calme et la gravité que l’instant demandait. Cletus s’était tu, et à sa voix basse succéda celle, venimeuse et forte, de son ainé, qui crachait sa colère au visage de leur sœur, assis au fond du fauteuil qu’il ne semblait plus avoir la force de quitter. Devant le spectacle qu’ils offraient tous trois, le cœur du cadet se serra. L’accablement dont le destin avait frappé leur Maison ne se résumait pas qu’au meurtre lâche du Lord. Il était à présent clair à ses yeux, malgré le deuil douloureux, que la mort du Soleil Noir n’était que le moindre de leurs soucis. Le jeune écuyer s’en voulut d’avoir de telles pensées alors que sous ses prunelles bleues était étendue la dépouille vêtue de noir du défunt Lord. Ils avaient sans doute tous imaginé que cette veillée serait semblable à tant d’autres : triste, solennelle, pénible et calme. Le chagrin qui avait ôté à leur mère la force qu’ils lui connaissaient n’aurait pu être plus bienvenu, car la veuve n’aurait pu supporter de voir sa famille se déchirer ainsi autours du cadavre de celui qui apparaissait plus que jamais comme le seul qui avait été capable de tenir soudé cette Maison qui ne connaissait que trop les tempêtes. Désormais son autorité avait disparue, et avant même qu’il fût enterré, les maux qui rongeaient leur blason avaient éclaté. La nuit s’annonçait longue, et au matin serait le jour qui verrait se sceller le destin qui était entre leurs mains.
Les cris de la bête avaient disparu dans les couloirs, et le silence de la nuit ne rendait que plus violents les éclats de voix et la colère qui suintait des paroles de ses ainés. Au milieu d’eux, le cadet se savait incapable de raisonner leurs esprits qui oscillaient sans cesse entre rivalité cruelle et l’amour fraternel qu’ils se portaient l’un l’autre. Après tout, leur père lui-même s’était trouvé impuissant face à cette vaine bataille que se livraient depuis toujours ses deux premiers enfants. De mémoire, Cletus ne se rappelait pas l’avoir entendu une seule fois parler de ce que non seulement toute la Grâcedieu, mais aussi tout Dorne n’ignorait pas. Le silence, et le respect que le lord inspirait avaient été sa façon à lui de mettre sous silence ce que le temps n’avait jamais réussi à estomper. Qu’avait-il espéré à garder ainsi le silence qu’on ne lui connaissait que trop bien ? Avait-il imaginé que cela suffirait à faire disparaître les tensions qui demeurèrent dans la fratrie ? Ou bien savait-il parfaitement que rien ne pourrait effacer cela, et qu’il n’avait jamais rien fait d’autre que de se reposer sur son autorité pour faire régner la paix dans la forteresse blanche, tout en sachant que le jour où la mort viendrait le cueillir, tout cela éclaterait ? Le jeune écuyer posa ses yeux bleus sur le visage fermé de leur père. La violence qui se déchainait dans le lieu sacré était aussi l’héritage que le Soleil Noir leur avait laissé.
En peu de temps, bien trop de fléaux s’étaient abattus sur leurs jeunes vies, et ils avaient à jamais changé le cours de leur destin. Les mots amères et cruels qu’échangeaient Daemon et Valena n’en étaient que le triste aboutissement. Trop de non-dits, trop de secrets, tous trop longtemps restés sous silence pour des âmes aussi tempétueuses que dangereuses. Alors que le fond des pensées de chacun se trouvait étalé au pied de la dépouille du défunt, Cletus ne se résolu pas à trouver toute cette scène puérile et inutile. Il n’était pas fait du même bois que ses ainés, et avait parfois en les observant éprouvé le sentiment de n’être qu’une pièce ajoutée à un tableau où tout était en harmonie. Il ne pouvait se permettre de les juger, car le jeune écuyer n’avait jamais connu ni vécu ce que son frère et sa sœur connaissaient. Sa nature douce et humble l’avait autant protégée des calamités qu’ils connaissaient depuis longtemps qu’elle l’avait empêché de se construire la force nécessaire qu’il lui faudrait pour les affronter s’il venait un jour à en être frapper à son tour. La demeure des Lord de la Grâcedieu était silencieuse, et il ne parvenait à leurs oreilles que la rumeur du sommeil de la Sang-Vert. A l’intérieur du Septuaire brulaient toujours les encens dont le lourd parfum devenait presque insupportable, alors qu’il s’accentuait à mesure que la fatigue gagnait le cadet Allyrion. Il lui était difficile de supporter la violence de la dispute dans laquelle il se trouva bientôt inclus par sa sœur, alors qu’à la peine du deuil s’ajoutait la tristesse de cette guerre qui prenait des allures de procès. Ses pensées n’étaient plus distraites par sa réflexion sur l’avenir que leur ouvrait la créature de Daemon, et son esprit était à présent tout entier tourné vers la douleur de tout ce qu’il avait enduré depuis son retour de Ferboys. La nouvelle apportée par un corbeau de la Grâcedieu. L’attente du corps dans la grande cour blanche. Le chagrin qui avait avait presque rendu folle leur mère Deria. Le silence. La solitude dans l’attente de la cérémonie. Et elle. Elle qui était venue, alors qu’il la croyait déjà partie. Sans qu’il ne put s’en raisonner à temps pour s’en empêcher, des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Il pinça les lèvres, et sa tête s’abaissa pudiquement vers le sol, alors que les sanglots qu’il cherchait à retenir faisaient déjà trembler ses épaules. Il aurait voulu être fort, se montrer devant sa sœur digne de l’image que l’on avait de lui, d’un jeune homme sage dont on avait très tôt vanté la maturité. Il aurait voulu lui répondre. Lui dire ce qu’elle savait déjà, qu’il était et serait toujours à ses côtés, qu’il la savait digne de succéder à leur père, qu’il était loin d’avoir le moindre reproche à lui faire. Et que les secrets qui demeuraient n’étaient pas gardés cachés pour lui faire du mal. Mais sa gorge était serrée, et ses pleurs l’obligèrent à fermer les yeux. Face à ses ainés, il n’était encore qu’un enfant.
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Les larmes du desert
La Grâcedieu
Valena & Daemon & Cletus
Vitreuses comme des fenêtres ouvrant sur une pièce sans lumière, les pupilles du bâtard s'étaient détournées de sa soeur, apposant à nouveau l'aigue-marine de son regard, qui s'était faite sombre, sur la pierre noire où reposait leur père. Les courants d'air créés par le remue-ménage récent avaient balayé l'encens de la pièce, pour un instant. Les volutes reprenaient peu à peu leur droit néanmoins, mais lentement. Caché derrière son masque, Daemon craignait de sentir, par delà le parfum de la fumée, l'odeur aigre du corps mort et qui, présumait-il, ressemblerait à celle qu'il avait pu sentir se dégager de ses propres blessures. Il enfonça discretement son dos dans le dossier de son fauteuil comme pour s'en écarter. A dire vrai, malgré son attitude provocatrice et arrogante il était certainement celui qui supportait le moins la présence du cadavre dans cette salle. Malgré la douleur de sa soeur, malgré la timidité de Cletus; et il refusait catégoriquement d'en effleurer la silhouette ainsi que ses cadets l'avaient fait. Le corps sans vie le dérangeait, le dégouttait même d'une certaine manière. Pourtant les tournois et ses mésaventures lui avaient déjà fait voir des hommes tomber, parfois juste devant lui, parfois de sa main. Le malaise avait été là, mais jamais aussi fort qu'à cet instant. Sans pouvoir se l'expliquer, il se sentait devenir blême à la simple pensée qu'il avait un jour appelé cet amas de chairs mortes "Père". Il n'avait qu'une hâte: qu'on l'inhuma au plus vite. La veillée mettait sa patience à rude épreuve et l'inquiétait.
Lorsqu'il releva son regard vers sa soeur, il vit sa mine devenir plus pâle encore qu'elle ne l'était déjà. A ce moment-là, alors qu'il écoutait à peine les mots qui s'échappaient de ses lèvres, il était trop furieux lui même pour comprendre à quel point il l'avait blessée. Plutôt que de s'inquiéter, il interpréta sa déconfiture comme un défaite pour elle, et une petite victoire pour lui. « Mais j’étais et je suis ta sœur… » . Il était tant aveuglé par l'adrénaline causée par le comportement du dragon, par son désarroi devant le corps sans vie du Lord et par la colère à laquelle il se raccrochait qu'il n'entendit même pas la supplication aimante qui suintait de ses mots à elle. Il n'y trouva qu'un nouveau reproche, pire même, une tentative de sa part de s'imposer. Encore. Le Sand soutenait farouchement son regard, bien qu'il se sentait faiblir, loin d'entendre l'appel au secours de Valena, et n'étend pas à deux doigts de comprendre à quel point il avait trahi le pacte de confiance subtil et fragile qui s'était installé entre eux deux au fil des ans.
Lorsque, en revanche, il entendit sa voix se briser alors qu'elle se défendait face à ses reproches, il baissa aussi vite les yeux. Il ne s'en était pas rendu compte sur le moment où il prononçait ces mots, mais il comprenait maintenant que cette simple phrase avait fait écho à l'accusation que Nyméria avait porté à son encontre lors du procès. Bien qu'il sut qu'il aurait du s'en sentir désolé, il n'y parvint qu'à peine. Tout comme l'aspic, son implacable impétuosité faussait son jugement et il était prêt à réitérer l'accusation s'il le fallait. Car là où il ne voyait que de l'inaction, de la lâcheté presque, un choix de tranquillité, le Sand était incapable d'ouvrir les yeux et de voir la résignation de sa soeur face à son devoir. Comment aurait-il pu? Il avait grandi dans le faste sans aucune des brides qui freinaient les enfants légitimes. Au cours de sa vie il n'avait connu qu'une seul et unique barrière, et il se l'était prise de plein fouet lorsqu'il était revenu de Lancehélion, dix ans plus tôt, pour affronter un père furieux de son arrogance qui avait alors atteint son paroxysme. Dans son esprit aussi sauvage qu'à fleur de peau, le devoir n'existait pas. Gardant son regard bas, il lâcha un souffle dédaigneux dessous son masque en guise de réponse. Sans doute passa-t-il inaperçu, enveloppé des râles douloureux que lui arrachait la moindre inspiration. Après l'avoir sermonné une nouvelle fois, elle lui tourna le dos, le laissant grondant derrière elle qui se trouvait malgré lui condamné à contempler sa silhouette noire.
Enfoncé dans son fauteuil, son corps drapé de noir semblait presque immobile à l'exception près de sa poitrine qui se soulevait régulièrement, presque imperceptiblement, et de son poing qui se referma au dessus de l'accoudoir alors qu'elle exigeait d'un ton acerbe qu'ils lui révélèrent il ne savait quels secrets dont elle les croyait détenteurs. Relevant son menton, Daemon s'en crut épargné un instant avant de se trouver emprisonné par l'aura sombre de quelques souvenirs qui vinrent sournoisement lui rappeler qu'il avait de quoi lui répondre. Par quoi commencer? Les lettres de Loras et le désir profond qu'il avait de l'avoir ici, à ses côtés, en sécurité? Ou encore ce pamphlet qu'il avait écrit pas plus tard que la veille et qui cheminait déjà vers la frontière? Ah ça, des secrets il en avait. Il en avait toujours eu pour elle, comme pour les garder égoïstement plutôt que d'en partager le poids avec elle. Des secrets oui. Des mensonges aussi, parfois, pour protéger ces derniers. Mais s'il se décidait alors à ne rien lui en dire, préférant retenir ces mots qui, il le savait, auraient été autant de lames plantées dans le dos que lui présentait sa soeur, il se rendit compte qu'il ne pouvait hélas pas répondre à sa deuxième requête. Il s'en aperçut en une fraction de seconde. Il n'avait rien à lui reprocher. Et toute sa haine ne pourrait jamais l'amener à penser ou à dire le contraire, pas aujourd'hui."Pas ce soir." lacha-t-il sechement malgré la douceur dont la fatigue dotait sa voix. Il ne souhaitait pas en parler cette nuit, pas avec la rouste qu'il venait de se prendre. Il n'avait qu'un seul désir: quitter cette pièce funèbre et être seul.
Passant son regard sur le corps allongé avec un pincement au coeur, il remarqua que l'une des deux pierres qui couvraient les paupières closes du long visage du défunt lord avait chu, balayée sans doute par les ailes du dragon. Le temps du repos n'était pas venu pour les Allyrion, morts ou vivants, semblait-elle présager ainsi esseulée sur le sol du Septuaire."Quelqu'un devrait la remettre en place." Souffla-t-il d'une voix poussive et éraillée. Son ton était calme, il parlait de nouveau à voix basse, mais son intonation vibrait toujours.
Soudain, un reniflement lui fit tourner ses yeux vers sa droite. Là, il put apercevoir Celtus. La tête basse, les épaules tremblantes. Derrière son masque entouré de voiles noirs, le visage du bâtard était aussi impassible que la face de fer inexpressive qui le devançait dans ce monde. Il ne lui accorda qu'une seconde d'attention puis, sans un mot, il détourna la tête vers l'un des fresques qui ornait les murs, fuyant cette vision affligeante en feignant y trouver un interet aussi certain que soudain -feint avec tant de mauvaise volonté, et si mal, que cela ne l'en rendait guère aimable envers son cadet désarçonné. Cletus avait cédé aux larmes. Valena, il pouvait le sentir, était aussi à deux doigts de craquer. Un autre se serait empressé de les consoler tous deux, mais Daemon n'avait jamais su apporter du réconfort et rien ne le rendait plus mal à l'aise que de voir quelqu'un pleurer sur son épaule. Eut-il encore été doté de jambes solides qu'il aurait déjà quitté le sanctuaire, drapée dans sa fierté et sa pudeur qui ne tolérait guère les larmes.
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Cletus & Daemon & Valena
Le silence répondit à ses questions acerbes. Un silence sépulcral de mort qui suintait d’entre les murs et venait parfumer les encens lourds qui embaumaient la pièce. Toujours crispée au-dessus du cadavre de son père, Valena ne toisait ni l’un ni l’autre, mais préférait garder ses yeux rivés sur la dépouille. Concentrée à dresser une barrière entre elle et ses frères, à imposer une distance entre eux et elle, elle n’avait même pas remarqué qu’une des pierres autrefois couvrant ses paupières parcheminées avait glissé le long de sa tempe droite. Qu’avaient-ils donc à lui dire qui méritait pareil mutisme ? Elle serrait les dents, rongeant son frein. Naïve, elle l’avait été pour la première fois de sa vie. L’erreur ne se reproduirait plus. Plus jamais. Elle s’en voulait autant qu’elle en voulait à ses frères, mettant Cletus et Daemon dans le même panier. Après tout, elle était trop blessée et froissée dans sa fierté pour leur faire honneur de créer une différence entre eux. Elle ne se laisserait plus avoir pas ses sentiments comme cela était si souvent arrivé depuis qu’elle était en âge de penser par elle même. La jeune femme avait toujours estimé que sa fratrie lui faisait confiance comme elle leur faisait confiance. Elle s’était lourdement fourvoyée. Ainsi donc, c’était cela être une Lady ? Ne plus pouvoir s’appuyer sur personne ? Donner l’illusion de la sympathie et de l’endormissement alors qu’au fond, l’on est toujours sur ses gardes et prêt à débusquer quelques mesquineries, quelques mensonges et quelques poignards plantés dans le dos ? Elle aurait dû s’en douter. Son père n’était pas devenu l’homme qu’il était de naissance. Il avait été forgé dans le complot, les trahisons et les coups bas. Il avait appris à se méfier. D’ailleurs, lui avait-il lui même un jour fait confiance ? Il avait tellement de secrets dont il ne lui avait jamais parlé. Ses affaires avec la Reine du Sud par exemple… En quoi cela consistait-il précisément ? Que tentait-il de faire à la barbe des Martell ? Elle n’en savait rien. Elle ignorait tout. Cette réalisation la rendit plus amère encore. Elle ne cessait d’être trompée et prise à revers. Mais oui, cela serait la dernière fois. Elle se souviendrait toujours de cet instant où, le recueillement avait laissé place à l’ire qui elle même laissait un goût de terre humide dans sa bouche.
Pas ce soir.
Les mots de Daemon résonnèrent dans la pièce comme un coup de tonnerre. Pourtant, étrangement, Valena n’en fut pas surprise. En quelques secondes, elle s’était faite une raison. L’absence de voix s’élevant et niant en qui mieux mieux lui avait laissé présager le pire. Elle restait là, stoïque, accusant le coup sans ciller. Il n’en restait pas moins qu’il lui semblait qu’une nouvelle dague venait de se ficher entre ses omoplates. Elle sentait la lame brulante lui trancher la peau pour lui pénétrer les chaires. Et cette douleur là était bien pire que celle infligée par ce petit dragon hargneux qui lui avait flambée les mains. Un mauvais sourire apparut sur ses lèvres, témoin d’une amertume et d’un air sardonique. Pas ce soir. Ainsi s’était désormais lui qui décidait ? Lui qui soufflait le chaud et le froid ? Elle avait exigé qu’ils s’expliquent. Ils n’en faisaient rien. Avaient-ils tous les deux oubliés son statut ? Elle ne les commandait pas en tant que sœur, mais en tant que Lord. Puisque Daemon ne la voyait plus que comme telle de toute façon, alors les choses seraient ainsi !
Finalement, peut-être n’en voulait-elle rien savoir. Que Daemon aille visiter les Sept Enfers avec ses mystères. Sa sœur s’en fichait bien désormais. Elle l’avait pleuré lorsqu’il était rentré brûlé jusqu’à l’os. Cela, il n’en savait probablement rien. Elle l’avait soutenu lorsqu’il se laissait dépérir. Elle l’avait défendu lors du procès de Rhaegar. Et elle n’avait pas dit un mot lorsque Arianne l’avait abandonné, lui préférant Ulwyck et quelque prince d’Essos. Et c’était ainsi qu’il témoignait sa loyauté ? Que croyait-il ? Qu’il était encore un enfant capricieux que son père laissait tout faire ? Ryon n’était plus là, mais Daemon semblait encore être un garçonnet à cacher moult secrets sous l’étendard des Allyrion dont il n’avait pourtant pas le nom. Ses mystères n’allaient-ils pas attirer la honte sur la famille de la Grâcedieu ?
Enfin, elle remarqua l’œil peint lorsque son demi-frère le mentionna. Elle tendit la main pour le remettre en place, mais se ravisa.
Un reniflement lui fit alors lever les yeux. Cletus pleurait à chaudes larmes. Son ainée observa ses jolis yeux bleus se colorer de rouge alors que les sanglots qu’il tenait de retenir franchissait le seuil de ses paupières pour venir mouiller ses joues. Cette vision lui serra le cœur. Son frère avait toujours eu l’âme innocente et les sentiments peu farouches. Un jour, cela lui desservirait. De cela, la Lady en était persuadée. Un jeune mulot ne survit guère longtemps s’il siège dans la cour des serpents. Une nouvelle fois, elle fut tentée de l’approcher pour le réconforter, comme elle l’avait si souvent fait lorsqu’enfant des terreurs nocturnes le sortait du lit, tout trempé de sueur et les yeux hagards. Mais elle était trop en colère et trop méfiante face à ce petit frère qui préférait les larmes aux explications demandées. Il avait toujours été intelligent et Valena suspecta cette soudaine faiblesse qui était un excellent moyen de détourner l’attention. Ainsi, ils étaient contre elle. Et bien soit. Les choses seraient donc faites ainsi.
Elle se redressa et tourna le dos à ses frères et à la dépouille.
« Et bien que quelqu’un s’en charge, » dit-elle à l’attention de Daemon d’une voix plate d’où se glissaient encore des accents douloureux.
Elle s’avança vers la porte et grimpa les quelques marches sans se retourner. Le soleil ne se levait que dans quelques heures, mais elle en avait assez de cette parodie de veille funéraires et de ces parodies d’explications. Elle avait assez vu de ce jeu d’acteur et de ces révélations outrageuses. Pour la première fois, elle en avait assez de sa famille. De cette mère toute grelottante de chagrin qui semblait avoir perdu la tête. De ce demi-frère bâtard encombrant, de ses frasques et de cet air suffisant. De ce petit frère sanglotant et qu’elle soupçonnait de cacher la vérité aussi bien que les autres. De ce père qui la jugeait encore de ses yeux morts et qui l’avait abandonnée dans une fosse d’hypocrites et de chacals.
Valena disparut dans le couloir sans se retourner.
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