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Meet me halfway-[Flashback]

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Meet Me Halfway
I don't tell you what to say, I don't tell you what to do, so just let me be myself that's all I ask of you. I'm young and I love to be young and I'm free and I love to be free to live my life the way I want, to say and do whatever I please

Le faire sortir de ce carcan était son idée, qu'il s'extériorise un peu, qu'il se découvre lui-même. Qu'elle aussi, puisse découvrir ce jeune homme. Evidemment, qu'elle avait entendu parler de lui, évidemment qu'elle savait qui il était, du moins, des lettres de son amie et des dires de ses proches. Un jeune homme trop renfermé, elle le constatait d'elle-même, tout comme elle constatait chez lui cette envie de sortir du nid sans savoir comment s'y prendre, par où commencer.


Nymeria était montée sur Aznar et avait accepté de suivre le jeune homme, la poussière des montagnes était terrible et le turban semblait presque indispensable à cause du vent et des actions des chevaux, elle l'aurait presque traîné sur une course si elle connaissait mieux les lieux. Et s'ils n'étaient pas si étroits. C'était toujours bon de connaître de nouveaux lieux, qui sait.

Les lieux qu'il lui montrait étaient... Surprenant. Elle ne s'était pas vraiment attendu à cela lorsqu'elle lui avait parlé de lui faire découvrir un endroit où il n'avait jamais osé aller de lui-même, mais c'était un début, il s'ouvrait à elle d'une certaine manière, chose qu'il n'avait pas osé faire jusque là. Nymeria n'avait pas l'habitude des hommes si discrets, qui ne parlaient pas, ne s'exprimaient pas comme on s'y attendait, elle n'avait pas l'habitude des hommes avec qui il fallait être patiente et avec qui il fallait prendre gare à chacune de ses attitudes pour comprendre qui il était et ce qu'il faisait, ce qu'il ressentait. D'habitude, les hommes n'avaient pas de pudeur quant à dire ce qu'ils avaient sur le coeur, dire quand quelque chose leur plaisait ou non. C'était surprenant, oui.

Nymeria ne faisait pas très attention à Baeron derrière elle, il la suivait tout le temps et elle avait appris à oublier qu'il était présent, surtout que l'homme savait se faire discret. Elle mit un petit moment à comprendre ce qu'il se passait devant ses yeux, le camp de mauvaise fortune qui s'était fait devant eux, des gens habillés pauvrement mais qui semblaient prendre plaisir à faire ce qu'ils faisaient, à vivre simplement, mais vivre. Elle les regardait quelque instants avant de baisser son turban, lui cachant le nez et la bouche.

« Pourquoi restes-tu là, Cletus ? Pourquoi ne vas-tu pas là devant, rejoindre ces hommes ? Ne souhaites-tu pas connaître cela, partager leur expériences ? »

Ces questions étaient sincères, pourquoi rester à cheval quand en face, il pouvait découvrir ces hommes, apprendre qui ils étaient et qui sait, s'amuser avec eux à leur façon. S'oublier le temps d'une nuit, laisser les responsabilités à Ferboys, pourquoi ne pas être juste Cletus Allyrion pour une nuit ?

« Tu pourrais les rejoindre. Laisser ton cheval ici, les responsabilités à Ferboys ou à la Gracedieu. Tu pourrais t'avancer, t'amuser avec ces gens, les découvrir, découvrir de nouvelles expériences. Ils ont l'air accueillant et chaleureux, peut-être devrais-tu descendre de ton cheval et t'avancer vers eux, ne serait-ce pas plus amusant de partager avec eux cette expérience, que rester ici à regarder ? Descends de ton cheval, Cletus, et va t'amuser. »

Elle se voulait encourageante et enjouée, elle se voulait joyeuse et inspirante : vas-y.

« Ainsi, lorsque tu rentreras à la Gracedieu, tu pourras te dire que tu as vécu de nombreuses expériences. Tu auras des histoires à raconter à ton frère, à ton père, à ta soeur et à ta mère. »

Nymeria descendait de son cheval et retirait le turban de ses cheveux, relaissant tomber sa natte. Elle lui tendait le bras, l'air de dire : viens avec moi. Qui ils étaient, ils n'en savaient rien et si c'était un forme de danger, cela avait quelque chose d'excitant, se lancer dans l'inconnu, sans savoir ce qui nous attendrait. Nymeria ne voyait là qu'une occasion de s'amuser simplement, avec des personnes simples mais riches par leur expériences elles aussi.

« Pourquoi n'as-tu jamais osé, Cletus ? »

Ils ne semblaient pas être les seuls bien nés ici, devant eux, nombreuses personnes bien habillées étaient de passage, des femmes aussi, il n'y avait pas que de pauvres gens mal vêtue. Nymeria garderait le bras tendu jusqu'à ce qu'il accepte de la suivre.

Nymeria.
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Meet me halfway

Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

Au devant d'eux, la foule métissée s'accroissait, rendant plus impressionnante encore la masse humaine qui n'était éclairée que par les brasiers autours desquels tous se rassemblaient. A la chaleur de la nuit s'ajoutait celle, plus puissante, des flammes qui s'élevaient et dansaient sous leurs yeux, la lumière mouvante découpant des ombres immenses sur les parois de roche. Pris dans la contemplation du visage à moitié caché par un fin turban, il s'en détourna soudainement, alors que l'aspic s'adressait à lui. Son regard bleu embrassant la scène qu'ils observaient, le jeune écuyer écoutait, sans trouver de réponse à offrir à la brune.
Car après tout, il connaissait ces questions. Maintes fois ils ses les était posées à lui-même, sans jamais trouver le courage d'y répondre par des actes qu'il n'avait fait que rêver. Combien de fois avait-il vu des camps semblables, lors des rondes faites avec les soldats de Ferboys? Des années s'étaient écoulées depuis la première fois qu'il avait vu ces campements, ces hommes et ces femmes qui semblaient vivre hors du temps, vivant au rythme des Montagnes Rouges et des voyageurs. Il n'avait jamais fait que traverser ces bivouacs, passant à côté, et l'arrêt des cavaliers de la voie des os n'était jamais qu'une parenthèse qui serait vite oubliée dans la vie de ces gens. Cletus savait que les paroles de l'aspic résonnaient bien plus loin que ce moment là, et qu'elle n'avait pas besoin de le connaître d'avantage pour deviner que ce n'était pas la première occasion de se plonger dans l'inconnu à côté de laquelle il était passé. On le disait sage et réfléchi. Sérieux, peut-être même trop pour son âge. On avait très tôt vanté son intelligence et sa pertinence, qui comblaient de loin ce qu'il pouvait lui manquer de talent dans le domaine des armes. On l'avait toujours vu ainsi, et il avait accepté ce rôle de petit dernier à la réputation trop propre pour attirer autre chose qu'une sympathie empreinte de tendresse. C'était ce qu'on avait fait de lui, et le cadet Allyrion avait toujours suivit ce rôle confortable et facile dans lequel on l'avait enfermé. Il n'avait jamais bravé les interdits, et ne connaissait pas le début de ses limites. Il ignorait quels étaient ses désirs, et l'avenir vers lequel il s'avançait serait décidé par d'autres. Ses yeux s'assombrirent alors que le jeune écuyer faisait face à une vérité bien difficile à accepter : il ne se connaissait pas lui-même. Tandis que les années défilaient, et que son écolage à Ferboys s'achèverait bientôt, il attendait toujours de commencer à vivre.
N'osant plus croiser les yeux noirs de la Sand, il se bornait à continuer d'observer en spectateur la vie du camp de fortune, et cependant plus riche de vie que ne l'avait jamais été Ferboys, ou même la Grâcedieu. De sa voix douce et chaleureuse, elle l'encourageait, le rassurait aussi. " Pourquoi n'as-tu jamais osé, Cletus ? " Descendue de son cheval, la fille d'Oberyn tendait vers lui son bras, comme une invitation qu'il n'avait sans doute pas le choix de refuser. Elle avait retiré le turban qui avait protégé son visage du sable et de la poussière pendant la chevauchée, et son épaisse chevelure retombait en une lourde natte sur son épaule. De nouveau frappé par la beauté de l'aspic, Cletus se remercia de ne pas avoir découvert son propre visage, car la rougeur de ses joues aurait trahi son émotion. Et c'est en se faisant la promesse vaine de ne plus se trouver si désarçonné par l'image seule de l'intimidante dornienne qu'il descendit de son pur-sang. Il ne pouvait se douter que ni le temps, ni le destin ne viendrait jamais atténuer l'affolement de son jeune coeur dans les années à venir. Laissant l'entier gris, le cadet de la Grâcedieu s'avança à la hauteur de la brune, et saisit la main tendue vers lui, la serrant doucement dans la sienne, comme pour la remercier dans un silence. "Allons-y."
Quelques pas suffirent pour qu'ils se trouvèrent tous deux entourés par la foule de dorniens et d'étrangers. Dans la masse grouillante de vie, il y avait des bergers, leurs femmes, leurs filles et leurs fils, mais aussi des marchands, dorniens ou non, tandis que les atours de certains trahissaient sinon du sang-bleu, tout du moins une grande richesse. Ils avançaient sans que leur présence ne sembla perturber le moins du monde le fonctionnement bien rodé du bivouac, bien que quelques regards concupiscents ou jaloux lorsqu'ils venaient de femmes, se posaient de temps à autre sur l'aspic à leur passage. Curieux et enjoué, Cletus détaillait chaque petite scène à côtés desquelles ils passaient. Des groupes d'hommes marchandaient, et des trocs se faisaient entre les bergers et des commerçants d'allure plus ou moins honnête. Des femmes, aux côtés desquelles jouaient des enfants, préparaient des plats rustiques dans de grands plateaux de métal, et servaient à boire à ceux qui étaient assis près des grands feus. Des jeunes filles riaient et dansaient au son de la musique jouée par un vieil homme et un autre, dont les habits trahissaient son exotisme. Ses yeux s'attardèrent un peu sur ces dernières, mais il s'en détourna lorsqu'il croisa les yeux rieurs de l'une d'elle, préférant reporter son attention sur un petit groupe qui débattait à grand éclats de voix tout en festoyant. L'atmosphère des lieux le gagnait peu à peu, et enlevant le tissus aux couleurs des Ferboys qui couvrait son visage, il se tourna vers la Sand, attendant peut-être trop naïvement et facilement d'elle qu'elle décida de la suite des évènements.

© DRACARYS
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Meet Me Halfway
I don't tell you what to say, I don't tell you what to do, so just let me be myself that's all I ask of you. I'm young and I love to be young and I'm free and I love to be free to live my life the way I want, to say and do whatever I please

Elle ne lui dirait sans doute pas maintenant, mais elle appréciait sa présence. Elle ne lui dirait sans doute pas, mais elle l'appréciait déjà beaucoup. Cette innocence était déroutante mais elle était aussi adorable ; Nymeria avait trouvé en ce jeune Allyrion une possibilité de s'amuser et de se redécouvrir. Elle était amusée par la naïveté du jeune homme, mais aussi impressionnée il fallait le dire : comment faisait-il pour garder cette douceur et cette naïveté quand on vivait à Dorne et qu'on avait pour frère et soeur, Daemon Sand et Valena Allyrion ? C'était impressionnant, oui, de rester dans cette phase à son âge avec l'entourage qu'il avait. Il en fallait beaucoup pour l'impressionner. Elle ne lui dirait pas maintenant, mais sa présence était agréable même s'il évitait son regard, même s'il évitait de rester à côté d'elle trop près, trop longtemps.

Sur ses deux jambes, l'aspic l'avait attendu et se doutait de la rougeur de ses joues sous ce bout de tissu. Il devrait avoir le courage de sauter le pas et elle ne le laisserait pas tomber. Contre toute attente, ce ne fût pas son bras que le jeune homme prit... Mais sa main. Ce qui manquait de la faire rire à nouveau. Sans doute était-ce pour se rassurer, se disait-elle. Elle serrait doucement sa main alors, pour lui signifier qu'elle était bien là et qu'elle ne comptait pas s'enfuir à toutes jambes et l'abandonner là, bien que l'idée était tentante il fallait l'avouer, laisser avec ces personnes le jeune homme et s'enfuir sur son cheval, donnant avant cela une tape sur le cheval de l'écuyer pour le laisser seul là, ne pouvant rentrer que demain. Oui, l'idée était tentante et amusante mais pas pour maintenant. Il fallait sans doute encore gagner sa confiance, s'il était comme son père, celle-ci n'allait pas s'acquérir juste parce qu'elle battait des cils et parce qu'elle le voulait bien.

Elle avait, elle le sentait et savait, toujours eu la confiance du Soleil Noir de Dorne, et loin d'elle l'idée de faillir un jour et prouver qu'elle était indigne de sa confiance, elle savait néanmoins que les autres n'avaient pas sa chance sur ce point. Cletus tenait-il un peu de son père ? Elle le voyait si hésitant de temps à autre, était-ce à cause de cela ? Un manque de confiance ? Cette confiance devait naître entre eux s'ils voulaient prétendre être amis. Nymeria pensait qu'ils devaient l'être, d'une certaine façon. Elle ne pouvait pas venir à la Gracedieu et ignorer le cadet. C'était l'occasion de le connaître, c'était même tardif pour s'y prendre. Peut-être le découvrirait-elle, le vrai lui qui n'aurait pas peur, peut-être en aurait-elle l'occasion en ces lieux. Lui aussi pourrait se découvrir une nouvelle face, qui sait ? Les hommes de Ferboys n'étaient guère là pour se moquer de lui - d'ailleurs, qui aurait osé en la présence de l'aspic qui se tenait si proche ? - et les hommes de Ferboys n'étaient pas là pour rapporter tout cela à ses proches. Ce serait leur petit secret. Elle se rapprochait un peu plus de lui par ailleurs alors qu'il contemplait les gens et le regard des femmes à l'encontre du jeune homme ne lui échappait pas. Elle étirait grandement ses lèvres, se penchant vers lui pour lui dire près de l'oreille :

« Je crois que ces femmes sont très envieuses de te connaître... »

Elle souriait d'autant plus en lâchant la main du Allyrion, passant son bras autour de la taille de celui-ci pour le rapprocher d'elle.

« Peut-être que ce soir est le soir où tu deviendras un homme. »

Elle riait alors. Car c'était amusant, il fallait se le dire. L'ambiance mettait de bonne humeur et l'ambiance était plus festive que Ferboys, c'était ce qu'elle recherchait finalement, ce qu'elle voulait elle aussi. L'aspic restait proche du jeune homme.

« Quelle est la chose la plus folle que tu aies fais ces dernières années, joli coeur ? Tu es resté là à lire des livres ? La chose la plus folle que tu aies fais, est-ce que c'était prendre une lame dans les mains ? Ah ! Sottise. Tu es à Dorne, joli coeur, il faut vivre. Il n'y a qu'à Dorne que l'on sait s'amuser. Alors, va t'amuser. Si danser ne te plaît pas, je suis sûre que ces personnes-là ont des histoires folles à te raconter. Et un jour toi aussi tu en auras à raconter. »

Ils étaient beaucoup autour d'eux, il aurait été facile à mesure qu'ils avançaient de se perdre. Nymeria eut un autre sourire.

« Tu me raconteras ta soirée. Tu as des heures devant toi, joli coeur. Des heures avant que le soleil ne se lève. »

Elle lui fit un clin d'oeil, mais il n'aimerait pas ce qui allait suivre. Hâtivement, elle déposait un baiser contre la joue de l'Allyrion, avant de se remettre sur ses pieds et de pousser le jeune homme vers les demoiselles et d'elle-même se fondre dans la masse. Ils savaient tout deux où étaient leur chevaux, Nymeria n'avait pas de crainte quant au fait de retrouver son chemin - qu'est-ce que cela aurait fait, de toute façon ? Dorne n'était pas si vaste au point qu'ils se perdent définitivement. Et quand bien même, qu'est-ce qu'une vie si on ne prenait jamais de risques ? Si on ne perdait jamais pieds ? C'était pour mieux se retrouver. En tout cas, l'aspic allait de son côté, dansant joyeusement.

Ce lieu était exceptionnel, sans doute, Nymeria n'avait jamais vu de lieu semblable bien que les fêtes dans les rues de Lancehélion avait presque cette même étrangeté : on ne savait jamais vraiment ce qu'il risquait de s'y passer.

Toujours est-il qu'après une heure et demi, l'aspic retrouvait le jeune homme et passait derrière lui, couvrant ses yeux avec ses mains.

« Devine qui s'est ! »

Elle eut du mal à retenir son rire. Après une heure et demi à rencontrer des personnes, à danser avec des personnes qu'elle ne connaissait même pas, à goûter à des vins corsés - plus corsés que ceux qu'elle connaissait en tout cas - la jeune femme avait fini par le retrouver. Et lui, qu'avait-il fait ? Elle retirait se mains et se plaçait devant lui, posant ses mains sur ses bras.

« Tu n'as pas eu trop peur ? »

Un sourire un peu moqueur sur ses lèvres, le pousser au milieu d'une foule d'inconnu ne lui laissait guère le choix qu'apprendre à sympathiser avec eux, et elle n'avait aucun doute sur le fait que s'il n'avait pas osé, d'autres l'aurait poussé à les rejoindre. Toujours dans ces élans affectueux, l'aspic reprenait finalement la main du jeune homme.

« Tu me raconteras tout cela plus tard. »

Elle serrait doucement sa main. Si elle était partie une heure et demi, la notion du temps se perdait dans ces lieux et cela ne semblait, pour elle, ne pas faire si longtemps que cela qu'elle était partie.

« As-tu goûté leur vin ? »

Certains ne venaient pas d'ici, certains avaient la peau si sombre que la nuit et d'autres si pâle que les andals. Le mélange des personnes ne semblait pas être un problème ici.

Nymeria était de meilleure humeur qu'à Ferboys et pour cause, elle n'avait en ces lieux pas à faire bonne figure pour faire honneur à la maison Martell. Personne ne savait qui ils étaient, ici. Et personne n'avait à le savoir. Ils n'étaient que des étrangers qu'on ne reverrait peut-être plus, ils n'étaient que des gens venus d'ailleurs, tout comme eux, là de passage. Personne n'avait à savoir qui ils étaient et d'où ils venaient et cette idée était plaisante, amusante. A part une femme ou un homme avec qui finir sa soirée, peut-être même les deux, Nymeria n'aurait pu être plus heureuse. Et de nature très expressive quand elle le voulait et qu'elle laissait tomber les masques, cela ne pouvait que se ressentir. Elle aurait pu partir et l'abandonner là mais elle était revenu. Il lui serait peut-être compliqué d'avoir confiance en elle, il devrait peut-être apprendre à la connaître. Dans un autre sens ; pouvait-on vraiment faire confiance à une aspic ?

Un regard traînant sur eux, l'aspic eut une idée des plus idiotes. Mais aussi des plus amusantes. Posant sa main libre sur la joue de l'Allyrion, l'aspic venait à déposer un baiser, sans gêne quelconque, pas même la moindre hésitation, sur les lèvres de l'écuyer. Un baiser court, les lèvres sucrées de l'aspic avaient finalement rencontrées celles du jeune homme et sans doute ne s'était-il pas attendu à une telle preuve d'affection de l'aspic. Et celle-ci se régalerait de la réaction qu'il aurait, l'imaginant comme il était toujours : rougissant. Le baiser avait été court, mais assez long néanmoins pour embêter les yeux indiscrets des jeunes femmes. Elle se reculait légèrement pour le regarder, avec ce sourire espiègle qui étirait ses lèvres charnues. Elle attendait sa réaction ; le baiser de l'aspic était-il venimeux qu'il ne dise rien ? 

Nymeria.
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Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

Rien ne semblait échapper à la brune, et c’est sans gêne qu’elle lui fit remarquer ce qu’il cherchait tant à fuir. L’audace des dorniennes était une chose à laquelle il était peu habitué, bien que ce trait de caractère et cette liberté des femmes de la principauté étaient connus à travers tout Westeros. Nombreux auraient été les hommes qui, à sa place, auraient saisi cette opportunité d’être, ne serait-ce que pour un soir, l’objet du désir de l’une de ces femmes. Mais cette perspective, aussi séduisante était-elle, n’avait jamais réussi qu’à faire perdre tout courage au jeune homme, et il préférait, de loin, s’épargner de paraître ridicule devant la fille de la Vipère Rouge. D’ailleurs, elle le poussait à dépasser cette peur puérile, alors qu’elle avait passé son bras autours de sa taille, provoquant une proximité qui troubla plus encore l’Allyrion que l’indiscrétion de ses paroles. Pourtant il était gagné peu à peu par l’atmosphère de joie et de fête qui les entouraient, et dans laquelle il se sentait presque plus étranger que les marchands venus d’Essos et d’au-delà des Montagnes Rouges. Malgré le martellement de son cœur dans sa poitrine, la voix chaude de la Sand le rassurait, quand ses mots se firent plus encourageants. « Tu me raconteras ta soirée. Tu as des heures devant toi, joli coeur. Des heures avant que le soleil ne se lève. » Fronçant légèrement les sourcils, le cadet de la Grâcedieu se tourna vers la dornienne, ne s’interrogeant que trop tard sur le sens de ses paroles, alors qu’elle déposait sur sa joue avant de le pousser.

Si la force qu’elle avait mis dans son geste n’avait rien de violent, cela suffit pourtant à déséquilibrer l’écuyer, qui s’épargna de justesse de tomber à genoux au pied du groupe de jeunes filles à qui il avait lâchement tourné le dos. Se redressant hâtivement, ses yeux écarquillés autant que son allure pataude provoquèrent les rires des femmes qui se tenaient devant lui et qui le couvaient de leurs yeux sombres. Il se retourna, mais la foule avait déjà rempli l’espace que la brune avait laissé vide de sa présence. Elle était partie, le laissant seul dans la masse grouillante de vie de ce bivouac hétéroclite, et les derniers mots de la brune prenaient alors tout leur sens. Naïf et maladroit, il n’avait pas été difficile pour elle de le piéger, alors que l’Allyrion n’avait plus d’autre choix que d’aller vers les autres, s’il ne voulait pas que sa présence trop calme et trop discrète pour ces lieux ne paraisse suspecte. Sans chercher plus loin, il rejoignit l’assemblée des hommes qui discutaient autours d’un grand brasier. Alors qu’il s’asseyait entre deux d’entre eux, ses voisins s’écartèrent à peine pour le laisser s’installer à côté d’eux sur les tapis aux motifs usés qui couvrait le sol. Ils étaient tous aussi différents que le jour et la nuit. De ses plus proches voisins à ceux qu’il distinguait plus loin, aucun ne se ressemblait, ni ne semblait venir du même endroit. Seuls quelques un, dont son voisin de droite, étaient vêtus à la façon de ceux qui vivent dans le désert dornien. « Les Bieffois sont les seuls à blâmer j’vous dis ! » lâcha un des hommes au visage à moitié couvert d’un turban abimé « Une frontière a deux côtés tout de même, ne l’oubliez-pas ! » lui répondit un autre. « Il n’empêche que les voleurs viennent toujours du même côté, et pas de celui-ci moi j’vous dis ! »« C’est bien à un dornien de dire pareille connerie ! Vous crachez toujours votre bile sur les gens du bief, mais c’est dans votre fierté que vous mourrez tous étouffés ! » « Par les Sept ce n’est là que la vérité ! Et jamais on ne me fera dire le contraire ! » « Vous êtes plus têtu et borné que vos femmes… » « Mais pas aussi agréable à regarder ! » A cette dernière phrase, un grand éclat de rire parcouru l’assemblée, et dissipa les tensions qui étaient parties plus vites qu’elles n’étaient apparues. Gagné par la convivialité de l’instant, Cletus rit lui aussi à l’impertinence de celui qui venait de clouer le bec au vieux dornien, qui devait être un des bergers. Sans qu’il se rendit compte que l’on s’approchait de lui, une des jeunes femmes vint lui porter un coupe d’ouvrage rustique qu’elle lui colla dans les mains, et presque aussitôt une deuxième vint la remplir de vin, non sans effleurer de sa main en partant, la pommette de l’écuyer. Le geste n’échappa pas au voisin dornien du cadet de la Grâcedieu, dont les yeux vairons le détaillaient. « Tu viens de Ferboys ? » « Oui. » L’homme des Montagnes Rouges n’avaient pas deviné l’impossible, puisque le jeune Allyrion était vêtu tout entier des couleurs de la famille de sa mère, et son voisin n’était certainement pas le seul à avoir remarqué ses vêtements aux teintes sable et noir. « Je sais tout et je vois tout ce qu’il se passe ici. Mais je ne t’ai encore jamais vu. Comment tu t’appelles petit ? » Goûtant au vin, trop fort pour qu’il ait jamais pu en boire à une table de sang-bleu dornien, Cletus manqua de recracher le breuvage qui lui brulait la gorge, mais se força tout de même à l’avaler. « Cletus. » « Cletus Ferboys ? » L’homme se rapprocha de lui, pour mieux examiner les traits de son visage. « Non…tu es bien trop jeune, mais tes yeux sont ceux d’un Ferboys, et ça j’en suis certain ! » « Je ne suis pas ce Cletus là…je… » L’hésitation de sa voix n’échappa pas à l’attention du dornien qui le rassura « Ne t’en fais donc pas ! Ici, tout le monde vient. Les pauvres. Les riches. Les très riches même ! Et puis les étrangers, les vieux dorniens comme moi, tout le monde je te dis ! Moi mon nom c’est Karsan. Karsan le berger, et toi ? » « Cletus Allyrion. Je suis le neveu du Cletus que vous connaissez. » Un sourire naquit sur les lèvres pleines du cadet de la Grâcedieu, ainsi que sur le visage marqué de son interlocuteur « De la Grâcedieu, n’est-ce pas ? Une fois ici j’ai vu passer Sir Daemon et la Vipère Rouge, alors qu’ils se rendaient je ne sais où, et j’ai même donné à boire à leurs chevaux ! Oh, je me doute que ça doit te faire sourire, mais pour un homme comme moi, c’était un sacré spectacle ! » Alors qu’il parlait, la même jeune fille vint à nouveau servir du vin à l’écuyer, bien que celui-ci n’ait pas encore finit sa coupe, l’en faisant presque déborder, avant de se reculer pour disparaitre encore une fois « Hey toi ! Reviens donc ici ! Il n’y a pas qu’un seul homme qui a soif ici ! » Avec moins de soins et de manières que pour lui, la dornienne remplit donc la coupe du berger « Ah je te jure ! Dès qu’un p’tit noble se montre, elles n’ont d’yeux que pour lui, et nous, on peut mourir de soif et de faim ! Que diable a-t-il de plus que moi pour que je n’ai droit que de vous regarder lui tourner autours comme des abeilles autours d’un pot de miel, hein ? » « Déjà, il ne nous cri pas dessus, lui. Il est galant et poli, mais ça tu ne peux pas comprendre, toute la journée au milieu de tes moutons, et la nuit à boire et à brailler ! » « Poli et galant mon cul oui ! Il ne t’a pas adressé un seul mot comment peux-tu être si sûre de toi ?! Je suis vieux mais pas gâteux et encore moins idiot ! Et ce que je vois, c’est qu’il est aussi joli si ce n’est plus que la plupart d’entre-vous, et que c’est la seule chose qui vous intêresse ! » « Karsan, tu n’es qu’un vieux jaloux ! » Grommelant dans sa barbe alors que la jeune fille s’éclipsait non sans laisser échapper un sifflement furibond, le vieux berger but quelques gorgées avant de reposer sa coupe. « Les dorniennes…il n’y a que les étrangers pour s’en régaler, ils ne savent pas l’enfer qu’elles nous font vivre. » « Un enfer plutôt agréable » « Et c’est bien ça le pire… »

Le temps passa sans qu’il s’en rendit vraiment compte, et à leur discussion se joignirent un autre homme des Montagnes Rouges, ainsi qu’un jeune marchand. Il aurait pu passer le reste de la nuit à parler, si des mains n’étaient pas venues se poser sur ses yeux, en même temps qu’une voix familière lui parvint aux oreilles. Il se leva et la brune lui faisait face, ses mains à présent posées sur ses bras. Toujours assis, le vieux berger exprima son admiration d’un lent hochement de tête approbatif, se régalant de la beauté de l’aspic tout en buvant le vin corsé. Aussi surpris que soulagé de la voir revenue quand il pensait finir la nuit sans elle près de lui, Cletus avait du mal à trouver ses mots, alors qu’elle le coupait avec une nouvelle question. Le vin. Corsé. Beaucoup trop corsé. Et c’était sans doute plus ce breuvage que sa timidité qui lui donnait tant de difficultés à mettre de l’ordre dans ses pensées. L’ivresse l’avait gagné, et la générosité des jeunes filles venues les servir n’y était pas étrangère. Sans en éprouver la moindre gêne, sa gorge chauffée par le vin, le cadet Allyrion ne quittait pas la Sand des yeux, et son regard ne cachait plus rien de l’attirance aussi soudaine que naïve qu’il avait pour la brune. Il aurait pu passer des heures entières à la regarder, à détailler la beauté de ce visage qu’il n’avait jamais fait qu’épier de loin dans son enfance. L’arrivée de la Sand avait fait forte impression dans la petite assemblée qui s’était peu à peu créée autour du vieux Karsan, dont la langue bien pendue avait honoré toutes ses promesses d’une soirée où l’ennui serait absent. La nuit était avancée, et quelques jeunes femmes avaient rejoint les hommes, se mêlant à leurs conversations. Parmis elle, les jeunes filles qui depuis le début s’évertuaient à garder perpétuellement pleine la coupe du jeune écuyer, et qui étaient les seules à porter sur la fille de la Vipère un regard non pas admiratif et envieux comme celui des hommes, mais des yeux noirs d’un avertissement menaçant. Sans qu’il ne la vit venir, le cadet de la Grâcedieu se retrouva tout pantois d’un baiser qu’il avait à peine eût le temps d’apprécier. Il en fut réveillé comme par un coup de fouet, et ses joues s’empourprèrent de nouveau. Se penchant en arrière, le vieux berger s’adressa en riant au petit groupe de jeunes dorniennes qui s’étaient assises non loin d’eux. « Aucune d’entre-vous n’aurez su le faire rougir de la sorte ! Regardez comme son visage a pris la couleur du vin que vous lui serviez avec tant d’espoir ! Voilà qu’une autre, et quelle autre, est venue cueillir ce que vous vouliez ! » Feignant une pitié dont il n’éprouvait rien, il continua, car son discours faussement dramatique rencontrait un joli succès parmi les gens qui l’entouraient. « Tais-toi vieux bouc ! » « Allons, allons, douces fleurs du désert, il y a ici d’autres preux dorniens ou étrangers qui ne demandent qu’à vous voir leur sourire ! Et moi-même je suis prêt à daigner vous accorder l’intérêt que vous avez si durement rejeté, et dont vous ne méritez guère le début du commencement de l’estime que cela me demande d’avoir pour vous. » Un nouvel éclat de rire vint parcourir l’attroupement.  « Plutôt mourir ! Et profite bien du vin qu’il te reste, parce que c’est bien la seule chose que tu gouteras ce soir Karsan ! » La jeune fille qui lui avait rétorqué cela s’était levée, et avait donné un coup de pied rageur dans le sable pour en asperger le vieux berger, avant de partir et de disparaître dans la foule.  «Levons nos verres aux dorniennes, et à la douceur que nos femmes mettent dans nos pauvres et misérables existences ! » Suivit par quelques applaudissement, des rires et un brouhaha qui renaissait, les hommes imitèrent le dornien, et buvèrent à sa suite. « M’lady, c’est à vous aussi que je bois, et à votre beauté. Nous ferez-vous le plaisir de vous assoir avec nous ? » Levant son verre vers la Sand, le berger des Montagnes Rouges l’invita d’un geste à s’assoir entre lui et l’Allyrion.  « Dis plutôt que c’est pour ton plaisir que tu la veux à côté de toi, vieille canaille ! » Lui répondit un homme assis plus loin.  « C’est pour nous tous ici que je parle, et tu es juste jaloux de ne pas avoir été plus prompt que moi à l’inviter ! » Encore sous le coup du baiser, Cletus se rassit sans vraiment y réfléchir, essayant en vain de calmer les battements affolés de son cœur. Il restait muet, alors que son esprit n’était plus habité que par l’envie de goûter, à nouveau, aux lèvres de l’aspic.


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Meet Me Halfway
Do you remember when we fell in love you were young & innocent then. Do You Remember ? How it all began. It just seemed like Heaven,  so why did it end ? Do You Remember ? How we used to talk, we'd stay on at Night till Dawn. Do You Remember ? All the things you said like " I Love You So, I'll Never Let You Go". Do you remember the time ? Those Sweet Memories will always be dear to me.

Nymeria aimait faire forte impression et l'on peut dire que c'était ce qu'il s'était à nouveau passé ce soir là.

Le baiser qu'elle avait accordé à Cletus, elle s'était attendu à cette réaction, et nombreux étaient les hommes qui auraient réagis de la sorte ; mais combien auraient osés l'avouer ? Aucun n'aurait osé avouer avoir rougi plutôt qu'avoir réagi sous le baiser d'une aspic. Parmi toutes les dorniennes, les aspics se vantaient d'être plus dangereuses, plus langoureuses, d'oser plus que les autres, de parvenir à leur fin bien mieux que les autres. Quand elles avaient une cible, il était dur de leur faire sortir cela de l'esprit, et la cible de Nymeria, ce soir, était ce jeune Allyrion. Tout comme ses aînés avant lui, Nymeria aimait le tester et voir de quel bois il était fait, elle n'était pas encore réellement déçue jusque là ; sinon, pourquoi le suivre en ces lieux ?

Ces lieux, son père lui en avait parlé à plusieurs reprises mais elle ne s'y était jamais rendue, l'aspic exécrait tout ce qui n'était pas de Dorne, et plus particulièrement ce qui était Biefois, alors pourquoi prendre le risque d'en rencontrer ? Oh, elle avait bien été, lors d'une ou deux nuits, peut-être même trois, l'amante d'un Tyrell, mais cela avait surtout été dans le but de chasser l'ennuie que par réelle envie. Ah, si Nakhti, son compagnon, savait. Il aurait raffolé de ce genre de lieu et ce type de population, qui comme lui n'avaient rien pour la plupart, ne venaient de rien, mais étaient heureux avec le peu qu'ils avaient réussi à avoir dans leur vie.

Le regard du jeune homme parlait pour lui et enfin, elle pouvait voir le vrai visage du dornien ; envieux. Lui rendrait-elle la tâche facile pour un autre baiser ? Non. Lui rendrait-elle la tâche facile pour quoi que ce soit, d'ailleurs ? Toujours non. Et les regards des jeunes femmes l'amusait sincèrement, elle en avait l'habitude et à ces regards mauvais, elle répondait toujours pas ce sourire supérieur, cet air supérieur, comme si rien n'était capable de l'atteindre. Les remarques du vieux dorniens la faisait sourire aussi. Elle tapotait doucement la joue de Cletus, amusée par la situation encore plus qu'il y a quelque secondes auparavant. Effectivement, il avait rougis comme jamais. Effectivement, les dorniennes pouvaient être très cruelles avec leur hommes. Mais c'était bien pour cela qu'on retournait toujours vers elle plutôt qu'une autre potiche ; elles avaient le don de faire rêver les hommes et chaque torture qu'elles vous infligeaient en appelait d'autre. Et quoi qu'en disent les hommes, quoi qu'en dise ce vieux dornien, ils s'ennuieraient avec une de ces lady de Westeros. Elle ne se privait pas de le dire d'ailleurs :

« Voyons, voyons, bel inconnu. Vous savez très bien pourquoi vous retournez toujours vers nous autres, dorniennes. Si viles pouvons nous être, vous savez tout aussi bien que moi qu'il n'y a nulle femme à Westeros qui saura vous faire rêver comme nous. Qu'il n'y a nulle femme qui saura égayer vos soirées et surtout vos nuits ! »

L'aspic riait, joyeuse à l'idée de ces nouvelles rencontres et elle venait s'asseoir finalement entre Cletus et le vieux dornien. Pour peu, elle s'asseyait sur Cletus mais elle doutait que celui-ci tienne le choc. Nymeria méprisait ces dindes d'au delà des montagnes rouges et même dans son lit, elle doutait en avoir envie. Si elle voulait de l'exotisme, elle avait ses amis des Montagnes Rouges, elle avait les Fowler. Elle avait surtout comme amante de coeur Livia Forrest, et autant le dire : aucune femme, à ses yeux, au sein de Westeros, ne valait Livia Forrest. Elles ne lui arrivaient pas à la cheville.

Ces femmes de Westeros étaient des femmes sans cran sans courage qui aimaient être entretenue par des maris imbus d'eux-même, machiste, colérique, qui avaient le complexe de dieu. Alors qu'à Dorne, Nymeria en était persuadée, les femmes menaient la danse et si un seul homme s'avisait de lever la main sur elle, ils perdraient à coup sûr cette main ! Ce n'était pas dans le reste de Westeros qu'ils auraient ainsi vécus.

Nymeria posait sa main sur celle de Cletus, celle qui ne semblait pas encore tenir ce verre comme si sa vie en dépendait.

Quand on lui demandait qui elle pouvait être pour être si bien - si richement, surtout - habillée, l'aspic avait un sourire qui s'élargissait. Car il n'y avait rien au monde dont elle était plus fière que ses origines.
 
« Je suis Nymeria Sand. Je suis la seconde fille d'Oberyn Martell. Mon père m'a souvent parlé de ces lieux mais je ne m'y étais jamais aventurée, c'est lorsque je vois de personnes si intéressantes que je me rends compte que j'aurais mieux faire d'y venir plus tôt. »

Elle riait à nouveau en voyant certains visages surpris. Nymeria ressemblait énormément à Oberyn, on disait souvent qu'elle était Oberyn au féminin, avec la peau plus pâle et un sourire collé sur les lèvres. Elle avait sa même philosophie, elle avait des traits physique semblable, qu'il s'agisse de ses yeux ou sa chevelure, ses postures, de temps à autre sa façon de se tenir et de parler. Elle était néanmoins plus subtile et il pouvait arriver qu'aux yeux d'étranger, cela ne leur saute pas dessus. Ce qui semblait être le cas des personnes alentour qui ne semblaient pas s'être doutée des origines de la bâtarde de Lancehélion.

Les femmes ne semblaient guère l'apprécier et pour cause, être privées d'attention n'était jamais une chose que les femmes aimaient, surtout au dépend d'autres. Nymeria les scrutait tous, un à un, jusqu'à prendre de main finalement la coupe de Cletus.

« Je crains, joli coeur, que tu ne saches plus remonter sur ton cheval si tu continues à boire ainsi, et je n'ai guère envie de devoir te traîner à l'arrière de mon cheval pour te ramener. »

C'était surtout une excuse pour boire un peu de vin, très corsé certes. Et surtout que les joues du dornien restaient écarlates à la lueur du feu de camp. Nymeria glissait finalement son bras autour du jeune écuyer, se voulant un peu plus rassurante.  Quand le regard des demoiselles se faisait trop pressant, Nymeria leur répondait d'un clin d'oeil et d'un sourire aguicheur, toujours si amusée par la situation.

« J'ai trouvé ce jeune garçon à Ferboys. Vous auriez du en profiter avant que je ne revienne mesdemoiselles. »

Ce que l'on veut, on prend. C'était dans sa manière de vivre. Si l'on veut quelqu'un, on le prend, on attend pas qu'un ou une autre le fasse pour nous. Elles auraient du en profiter et même ce pauvre jeune homme aurait du en profiter avant. Après cela, Nymeria se contentait de discuter avec les dorniens et les étrangers autour du feu de camp, elle n'en connaissait pas la plupart, à vrai dire elle ne connaissait que Cletus autour de ce feu de camp. Les histoires passionnantes des dorniens vivant en ces lieux ne pouvaient qu'être écoutées avec attention, et leur joie de vivre ne pouvait qu'être transmise.


Les premiers rayons du soleil, au loin, commençaient à se voir, il devait être cinq heures du matin et ils avaient bu plus de vins qu'ils n'auraient du. Nymeria se levait.

« Mes amis, j'ai passé un agréable moment en votre compagnie. Je saurais me souvenir de chacun de vos visages, que j'espère croiser à nouveau. »

C'est au vieux dornien à ses côtés qu'elle offrait un clin d'oeil, le dernier. Puis elle forçait Cletus à se lever avec elle. La soirée avait traînée et à vrai dire, elle n'avait pas vu le temps passer, elle avait pensé qu'à cette heure ils seraient déjà rentrés mais il n'en fût rien. Il était tard mais c'était à ces heures là généralement, que se finissaient les soirées dornienne. Encore que, se finissaient-elles vraiment un jour ? Chaque jour à Dorne était un privilège, chaque jour était plus beau que le précédent, chaque jour était plus intéressant et trépidant. Pourtant, elle forçait l'écuyer à se lever.


Sur son cheval, Nymeria saluait chaleureusement les étrangers. Elle ne se souviendrait pas tous de leur noms, ils étaient trop et le vin n'aiderait pas, mais elle se souviendrait toujours de leur visages et de la chaleur qu'ils dégageaient. Son cheval semblait lui aussi content de rentrer à Ferboys, sans doute était-il resté trop longtemps au même endroit et avait-il l'envie de se dégourdir les pâtes, Aznar n'était pas fait pour rester sur place bien longtemps et comme tout cheval de Dorne, Aznar avait besoin de galoper à grandes enjambées.

« Ne rêve pas joli coeur. Pour toi, la soirée n'est pas encore terminée. Rejoins moi dans trente minutes, dans ma chambre. Ne soit pas en retard, j'ai horreur de cela. »

Elle lui offrait un clin d'oeil et rendait son étalon aux palefreniers. C'est à peine si elle avait remarqué que Baeron les avait suivi tout au long de la soirée et qu'il avait hâte d'aller se coucher, lui aussi avait bu plus de vin qu'il n'aurait du.

Trente minutes, c'était tout ce qu'elle lui accordait pour remettre en place ses esprits.

Nymeria.
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Meet me halfway

Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

Attirant sans effort l’attention de la petite assemblée, la Sand entama avec aisance une discussion que l’écuyer n’avait plus la volonté de suivre. La présence de l’aspic tout à côté de lui ne l’aidait pas plus à oublier le baiser qui lui avait été si facile de lui donner, alors que lui-même avait bien du mal à s’en remettre. Le vieux berger, quand à lui, se régalait de la conversation et de la beauté de sa voisine, et son sourire ne quittait plus ses lèvres abimées qui étaient entourées d’une barbe et d’une moustache dont la coquetterie et le soin qu’on leur apportait contrastait avec la peau usée par le soleil. « Vous savez M’lady, dans mon état actuel, je ne puis plus me contenter que de celles qui veulent bien de ma vieille carcasse, et je ne fais plus la fine bouche depuis bien longtemps déjà. Qu’elle soit dornienne ou même bieffoise ne fait plus parti de mes prétentions. Et je ne suis pas d’accord avec vous ! Viles, elles ne le sont point ! Têtues, bornées, colériques, jalouses, dangereuses même, magnifiques en somme, oui ! Mais viles, je ne peux que vous contredire, car lorsqu’on est guidé par la passion, il n’y a rien de vile qui ne devienne alors sacré. » Pas peu fier de sa tirade, le vieux dornien porta sa coupe à ses lèvres en laissant les quelques hommes et femmes qui les entouraient commenter ses paroles. « M’lady, votre jolie toilette me laisse deviner que vous n’êtes pas plus bergère que je ne suis Roi. Est-ce que je peux vous demander par quel nom je dois vous appeler ? » Alors qu’elle lui répondait, le berger jeta un regard appuyé à l’Allyrion, où on pouvait autant lire une jalousie bonne-enfant qu’un étonnement par rapport à la timidité du jeune homme qui se voyait ainsi gâté de la compagnie d’une telle femme. « Oberyn Martell ? Mais je disais justement tout à l’heure à notre ami commun que j’avais eu l’occasion de le rencontrer maintes fois dans ces montagnes … » « Maintes fois ? Pourtant lorsque tu as raconté ton histoire ce n’est pas ce que j’ai cru entendre ! » « …et j’ai pu converser avec lui de beaucoup de choses mais il a omis de me dire que vous étiez la plus belle femme qui ai jamais foulé le sable de notre principauté. » « Vieux gredin ! Tu n’as pas honte lui mentir pour ensuite sortir les mêmes mielleries que tu sers aux filles des tavernes ! » « Ta jalousie te ronge mon ami, et si lady Nymeria, fille du Prince Oberyn Martell n’est pas encore venu te trouver, c’est que ma compagnie lui plaît, alors tais-toi, et écoute celui dont tu envie tant la place ! » Cletus se rendait à peine compte de ce qui se passait autours de lui, et il ne pouvait s’empêcher de repenser au baiser de l’aspic. Il ne faisait plus l’effort d’écouter ce qui se disait, et alors qu’il allait boire une nouvel gorgé du vin dont il avait déjà fortement abusé, la main de la brune vint lui ôter sa coupe en prétextant très justement, mais un peu tard peut-être qu’il devrait s’arreter à ce verre pour cette nuit. Le temps passa et l’alcool lui donna l’impression qu’un moindre instant s’était passé lorsqu’ils se levèrent pour quitter le bivouac. « M’lady, Cletus Allyrion, j’espère avoir à l’avenir l’honneur, et le plaisir, de vous revoir parmis nous à l'avenir! »

L’ivresse le faisait somnolait, et c’était plus à la chance qu’à ses talents de cavaliers que le cadet de la Grâcedieu n’avait pas connu de chute durant le trajet de leur retour à la Forteresse d’ocre. D’ailleurs c’est le grattement impatient de son pur-sang gris et un grand coup de tête énervé de ce dernier qui firent se rendre compte à l’écuyer qu’ils étaient arrivés. Il était certainement resté plus longtemps que de raison sur la monture grise arrêtée, et celle-ci en avait même perdu patience. Les chevaux, après avoir passé la nuit dehors n’avaient qu’une envie : retrouver leurs écuries, où les attendait sûrement déjà leur ration du matin. Sans trop savoir comment il avait fait pour garder son équilibre à la réception, Cletus descendit donc du destrier dornien, avant de tendre dans un geste las et nonchalant la bride de l’animal à un homme qui attendait, mais Cletus n’était pas assez alerte pour noter la lueur rieuse dans les yeux gris du jeune palefrenier. Il leva la tête, et le ciel n’était pas sombre et grouillant d’étoiles, mais d’une couleur limpide et pâle. C’était le matin. « Ne rêve pas joli coeur. Pour toi, la soirée n'est pas encore terminée. Rejoins moi dans trente minutes, dans ma chambre. Ne soit pas en retard, j'ai horreur de cela. » Il ne prit même pas la peine de lui répondre d’un simple hochement de tête, se contentant de la regarder s’éloigner, avant que sa séduisante silhouette couverte de voiles rouges ne disparaisse dans la demeure Ferboys. D’un pas lent et fatigué, l’écuyer arpentait les couloirs. Trente minutes. Mais depuis combien de temps se tenait-il à la fenêtre, à regarder les hauteurs des Montagnes rouges se colorer des teintes de l’aurore ? Longtemps ? Un instant ? Il n’en savait rien. Et son esprit dont l’ivresse s’estompait peu à peu n’était pas encore suffisamment clair pour qu’il prie la pleine mesure de ce que signifiait l’invitation de l’aspic. Il s’étira longuement, et un long bayement lui échappa, alors que deux jeunes servantes passaient à pas feutrés derrière lui, non sans glousser de le voir ainsi perdu dans les dédales de couloir de la Forteresse Ferboys. Les Ferboys justement, devaient tous être endormis. Mais plus pour longtemps. Après tout, il devait ce matin-là partir avec son oncle et quelques gardes pour explorer des passages dont un paysan leur avait rapporté l’existence. Encore une fois, il ne s’alarma pas de l’état de fatigue dans lequel il se trouvait, et qui compromettait fortement ses projets pour la journée. Et puis il y avait Nymeria. Elle l’attendait d’ailleurs, et c’est plein d’insouciance qu’il prie la direction de ses appartements. Devant les portes, le colosse qui ne quittait jamais la Sand était à son poste, increvable, immobile et menaçant. Si les effets de l’ivresse étaient encore présents, le jeune Allyrion commençait cependant à se questionner sérieusement sur le véritable sens de cette invitation. Mais comme ses gestes dépassaient ses pensées engourdies, il avait eût plus tôt fait de pousser la porte de bois sculpté que de réfléchir. Lui parvint presque immédiatement le parfum entêtant qui embaumait la chambre depuis qu’elle était occupée par la fille de la Vipère Rouge, et ses yeux bleus ne tardèrent pas à la trouver. Elle était belle. Il lui sourit.


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La soirée avait été riche en émotion et découverte, les lieux choisis par le jeune homme avaient été au-delà de ce qu'elle s'était imaginée pour passer l'ennui à Ferboys. Deux à trois jours en ces lieux, il fallait s'occuper. C'était le meilleur moyen. 

Trente minutes, c'était tout ce qu'elle avait accordé au jeune homme ivre. Ivre de sa soirée, de nouvelles expériences et surtout ; du vin Dornien. En trente minutes, elle avait eu le temps de se changer pour une robe outrageusement transparente, pour détacher sa sempiternelle natte, laissant ses cheveux en une cascade sombre retomber sur ses épaules et dans son dos. Et il arrivait avec du retard mais il arrivait tout de même, le soleil se levait au loin et la chambre était baignée par les premiers rayons du soleil. L'aspic souriait en le voyant revenir, l'air plus réactif qu'il y a une heure tout du moins.

« Tu m'as fais attendre. »

L'aspic faisait attendre, mais qu'elle, doive attendre ? Horrible idée. Elle s'approchait de lui, d'une démarche langoureuse, pour l'accueillir et attrapait ses mains. Elle posait l'une des mains du jeune homme sur sa hanche, ainsi, sa main libre venait retirer les cheveux mal coiffés du jeune homme de son visage. Nymeria n'avait plus vraiment de patience quant à ce qui allait suivre, l'alcool ne l'aidait pas à garder ses idées claires non plus, il fallait le reconnaître.  Son garde garderait la porte afin que la jeune femme et son ami ne soient pas dérangés. Il serait remplacé par d'autres gardes dans la journée, sans doutes. Nymeria avait d'autres préoccupations à l'heure actuelle... Ainsi, l'aspic ne comptait pas attendre plus longtemps avant d'attaquer sa proie. Savait-il seulement ce qui l'attendait ? Savait-il seulement ce que l'aspic faisait alors qu'elle venait à l'embrasser à nouveau, glissant l'air de rien sa main sur les pauvres vêtements de l'Allyrion ? Seize années et il ignorait encore tant de la vie, cela n'était pas passé inaperçu avec l'aspic. Le pauvre n'aurait pas de répit à moins qu'elle ne le décide. Nymeria le guiderait dans ce qu'il restait de leur nuit, elle lui montrerait comment l'on faisait... L'aspic ne lui laissait d'autres choix que suivre ses pas et suivre ce qu'elle comptait faire. Il pouvait au moins s'estimer chanceux qu'une aspic ait choisi de s'occuper de lui, se disait-elle. Elle retirait sa robe, la laissant tomber au sol.



********************************



Allongée dans ce lit, sa robe au sol en plein milieu de la pièce, l'aspic avait un sourire victorieux sur les lèvres. Elle se redressait quelque instant pour regarder l'écuyer, elle venait jusqu'à déposer un nouveau baiser contre les lèvres du nouvel homme et glissait sa main habile sur son torse. Un plus grand sourire venait étirer ses lèvres. Le soleil était levée et elle savait exactement quoi faire pour ses jours restant à Ferboys. Pauvre jeune âme qui s'était perdu dans le piège de l'aspic, si elle pensait en avoir terminé avec lui suite à cette nuit, peut-être s'amuserait-elle à nouveau les jours qui arriveraient, pourquoi pas ? 

Des doigts continuaient à se balader sur le torse du jeune homme, espérant qu'il n'était pas trop ivre pour au moins se souvenir de cette nuit - ce n'était pas son orgueil qui étoufferait l'aspic. 
 
« Il me semble que tu as beaucoup à faire aujourd'hui... La vie d'un jeune écuyer semble être trépidante... »

Elle riait légèrement. 

« Pour un jeune homme si timide, tu es plein de surprises Cletus. »

D'un simple passe-temps, elle avait découvert que le jeune homme était réellement intéressant. Qu'il ne fallait guère se fier à ses airs timides. À aucun moment l'aspic ne s'était dit qu'en agissant de la sorte, cela pourrait blesser les Allyrion s'ils venaient à l'apprendre, surtout qu'il était adulte et que l'on était à Dorne. Mais insatiable, l'aspic se permettait même d'embêter à nouveau le jeune homme en laissant sa main hasarder plus bas que la convenance l'aurait voulu. Ceci dit, la convenance n'était plus de mise entre eux, elle était morte et enterrée. 


Là dehors, cela commençait à grouiller de vie, les lèves tôt étaient sans doute déjà debout, se levant avec le soleil. Et eux n'avaient pas encore pu profiter de dormir quelque heures. Nymeria avait une autre philosophie de vie sur le sujet ; ah ! On dormira bien assez longtemps lorsqu'on sera mort !

Comptait-il rester ? Comptait-il partir ? L'aspic scrutait chacune de ses réactions, se demandant ce qu'il comptait faire et comment il gerait tout cela, notamment avec l'aspic qui ne semblait pas prête à dormir. Son regard se faisait quelque peu insistant. Qu'allait-il faire ? Nombreux auraient désirés le raconter au plus de monde possible mais cela ne semblait guère être le genre de l'Allyrion. Et puis il y avait d'autres choses à faire, sans doute avaitil des cours martiaux le matin, qu'en savait-elle. A l'époque, Nakhti aimait à réveiller Nymeria aux aurores pour lui apprendre à manier des armes.

Armes que l'aspic avait retirée à contre cœur par ailleurs, mais ses dagues n'étaient jamais si loin qu'on pouvait l'imaginer. Longuement, elle contemplait le jeune homme à ses cotes. Être un homme ne se résumait malheureusement pas qu'à partager le lit d'une femme.  

Nymeria.
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Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

Le jour était là et les rayons du soleil traversaient les fenêtres et les voiles qui y pendaient pour tomber en flaques de lumière sur le sol couvert de tapis. Allongé aux côtés de l’aspic, Cletus fut réveillé de la somnolence dans laquelle il commençait à se perdre par un baiser. Ses yeux bleus se posèrent alors sur la brune, et elle lui parut être plus belle encore que la veille, si cela était seulement possible. Peu accoutumé au vin, il était encore ivre lorsqu’il était entré dans les appartements de la Sand, mais lorsqu’elle avait ôté la robe qu’elle portait, c’était une toute autre ivresse qui l’avait gagné. Ce qu’elle lui avait fait découvrir, il y avait pris goût, et, il le savait, il pourrait difficilement s’en passer à l’avenir. Mais une autre certitude se faisait très claire dans son esprit embrumé par la fatigue. Il ne voudrait jamais les faveurs d’une femme plus ardemment qu’il désirait celles de la fille du prince Oberyn. Car elle avait d’ores et déjà marqué sa vie. Elle était sa première nuit, et quand bien  même il savait que c’était loin d’en être de même pour la jeune femme, elle avait acquis dans son jeune cœur une place qu’elle ne perdrait jamais. L’écuyer se rendait pourtant compte de la naïveté d’une telle dévotion, quand personne à Dorne n’ignorait la nature outrageusement volage de la plus insaisissable des aspics. Mais peu lui importait. Il n’était pas une fine lame, et n’avait rien des chevaliers ou soldats qui avaient partagé avant lui le lit de la brune. Mais il était têtu, et abandonner était un mot proscrit du vocabulaire du cadet Allyrion. Que ça soit dans les quelques jours pendant lesquels elle resterait à Ferboys, ou à l’avenir, il ne cesserait jamais de faire tout ce qu’il faudrait pour pouvoir, à nouveau, revivre une nuit comme celle qu’il avait connu ce soir-là.

« Il me semble que tu as beaucoup à faire aujourd'hui... La vie d'un jeune écuyer semble être trépidante... » Au dehors la vie suivait son cours, et la forteresse d’ocre commençait une nouvelle journée. Le claquement des sabots des chevaux, ainsi que la rumeur des conversations remontaient jusqu’aux fenêtres. Le timbre de quelques voix en particulier vint réveiller Cletus de sa longue contemplation de la brune. Son oncle était dans la cour, et les pur-sangs qu’il entendait hennir devaient sûrement être ceux que l’on préparait pour l’expédition dans les Montagnes Rouges. Il se rappelait s’être promis de ne pas trop s’attarder lorsqu’il était entré dans la chambre, afin de pouvoir se reposer, mais c’était avant que la Sand ne l’attira dans le grand lit. Il ne restait plus rien de la sage résolution qu’il avait prise quelques heures plus tôt, et il sourit à cette pensée. « Pour un jeune homme si timide, tu es plein de surprises Cletus. » Son sourire s’etira sur ses lèvres alors qu’elle riait. Il aurait pu passer des heures ainsi, à la regarder lui sourire et rire, plus belle pour lui que pour tous les autres. La main fine de l’aspic, qui se baladait sur son torse depuis un moment, alla se perdre plus bas sur son ventre. Sans qu’il ne sache d’où lui vint cet élan d’audace qui ne lui ressemblait pas, l’Allyrion renversa la Sand sur le dos, avant d’embrasser passionnément ses lèvres charnues, puis de couvrir son cou et ses épaules de baisers. Il n’avait jamais connu de bonheur tel que celui qu’il connaissait avec elle, et il se refusait à admettre que jamais elle ne lui appartiendrait vraiment. Ses gestes se firent tendre alors qu’il embrassait la joue de l’aspic, avant de déposer un baiser rapide et doux sur le coin de sa bouche. Il voulait lui dire qu’il l’aimait, le lui crier. Mais ce sentiment qu’il découvrait était si fort qu’au-delà de la joie qu’il lui donnait, il l’effrayait. Après avoir, de nouveau, détaillé la beauté des traits de la brune qu’il ne se lassait pas d’admirer, il tourna la tête vers les fenêtres, alors que la rumeur de l’exterieur se faisait plus grande. A n’en pas douter, on l’attendait pour le départ. « Je dois y aller. » Le devoir était une chose, ce qu’il voulait faire en était une autre. Les conseils de son oncle avaient été vains. Poussé par sa curiosité et son désir d’entrer dans le jeu de la fille de la Vipère Rouge, il était la proie qui s’était jetée dans le piège de son plein gré, et à ses risques et périls. Elle avait gagné, et elle gagnerait sans doute toujours.


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Meet Me Halfway
Do you remember when we fell in love you were young & innocent then. Do You Remember ? How it all began. It just seemed like Heaven,  so why did it end ? Do You Remember ? How we used to talk, we'd stay on at Night till Dawn. Do You Remember ? All the things you said like " I Love You So, I'll Never Let You Go". Do you remember the time ? Those Sweet Memories will always be dear to me.

Le regard de l'Allyrion, Nymeria l'avait vu dans de nombreux yeux. Ce regard envieux, ce regard charmé, ce regard bien heureux après avoir passé l'un des plus agréable moment de leur vie. Et surtout, cette envie qu'ils avaient de remettre cela au goût du jour. Nymeria n'accordait que très peu souvent aux hommes une seconde nuit, une seconde chance. Car bien souvent, les hommes l'ennuyaient, du moins, assez rapidement. Nymeria n'aurait pu se satisfaire que de femmes, pour dire toute la vérité. Mais quelque hommes faisaient exception, et plus rares étaient ceux à qui elle accordait une autre nuit, une autre entrevue. Mais ces hommes-là, elle s'arrangeait bien souvent pour qu'ils soient des inconnus. Là où elle avait fauté avec Cletus, c'est qu'il était le fils d'un ami cher et qu'elle serait toujours menée à le voir, tout dépendait de comment Cletus réagirait à tout cela. Elle avait accordé une nuit à des hommes qu'elle songeait ne plus revoir ou ne plus avoir un jour dans son lit : il fallait profiter, non ? Elle avait même partagé sa couche avec le roi Rhaegar il y a à peine quelque lunes, c'était dire comme l'aspic aimait charmer ce qui semblait impossible à charmer. Si elle avait réussi à séduire un roi, alors les autres hommes, qu'étaient-ils ?

Pourtant, elle devait l'avouer, elle s'était réellement amusée aux côtés de Cletus Allyrion, sa naïveté et sa douceur étaient des choses nouvelles pour l'aspic, habituée aux hommes qui s'attendaient tout à fait à passer entre ses jambes. Cletus ne semblait pas s'être douté une seule fois de ce qui l'attendait à trop rester avec l'aspic. C'était adorable. Niais, mais adorable. Il s'était amusé à ses côtés comme il l'aurait fait avec n'importe quelle autre femme, mais visiblement, elle l'avait poussé à dépasser ses limites, et voilà ce que cela donnait.

Les mains de Nymeria étaient baladeuses, il fallait l'avouer. Elle regardait le jeune homme, à moitié endormi après une nuit blanche des plus agités. Elle avait un grand sourire sur les lèvres en le voyant réagir peu à peu. Pauvre âme, tombée dans le piège d'une aspic. S'il savait ce qui l'attendait. Comme nombreux hommes, le pauvre s'attendrait à recevoir de nouvelles intentions, à être particulier aux yeux de l'aspic, quand il rejoindrait tant d'autres à espérer. Il ferait parti de ces âmes, de ces hommes, qui attendaient impatiemment de pouvoir posséder l'aspic, mais il était impossible de posséder quelqu'un si libre que le vent, ça, l'aspic en était persuadée. Elle accordait à ces hommes une nuit, n'était-ce pas là un cadeau suffisant ?

Elle se questionnerait plus tard sur le bien fondé de ce qu'elle avait entrepris avec Cletus. Etait-ce réellement une bonne idée de faire subir cela au jeune homme ? Pourtant, elle n'avait pas un seul regret de l'avoir fait. Et alors qu'elle lui fit un compliment, celui-ci arrivait à la surprendre ; avait-il enfin le courage d'entreprendre quelque chose de lui-même ? Elle savourait au moins cette étreinte surprenante, très agréablement surprenante, là était le jeune homme qu'elle avait tant cherché à sortir de ses gonds. Là était le visage du jeune homme qu'elle avait cherché à voir. Elle riait doucement tandis qu'il descendait ses baisers, frissonnant même lorsqu'il s'aventurait dans son cou. Il prenait enfin les devants, rien n'aurait pu rendre l'aspic plus joyeuse pour l'heure.

Mais c'est lorsqu'il se fit si tendre que l'aspic commençait à comprendre qu'effectivement : elle avait fauté. Pourtant, même sachant qu'elle avait fauté, elle ne parvenait pas à ressentir une once de culpabilité : il était adulte, s'il n'avait pas voulu s'y jeter, il ne serait pas revenu la trouver, que ce soit au dîner, à leur soirée ou au petit matin, et il ne fallait pas venir lui dire qu'on ne l'avait pas prévenue. Tout le monde à Ferboys avait du lui dire au moins quinze fois de se méfier de la fille d'Oberyn Martell.

Les gestes si tendre du jeune homme avaient beau lui être des plus agréables, ces gestes étaient des gestes que l'on réservait à certaines personnes et non pas aux histoires d'une nuit. Cletus était-il le genre d'homme qui ne désirait qu'une seule femme dans sa vie ? Non, il était à Dorne et cela signifiait que désormais, il pouvait trouver toutes les femmes qu'il voulait sans craindre de ne pas savoir, au moment fatidique, comment on faisait. Cette tendresse, certains l'avaient eu à son égard. Nakhti, Livia, Jennelyn, Jeyne, et plus dernière, le roi. Et désormais, le pauvre Cletus Allyrion. Si elle avait été capable de s'émouvoir pour ce genre de chose, elle en aurait eu un pincement au coeur. Malheureusement, elle n'y parvenait pas : tant pis pour lui. Elle devait avouer que cette tendresse avait quelque chose d'agréable, si on enlevait le principe du : qui embrasse-t-on ainsi ?

Après un dernier baiser, il devait repartir à ses obligations. Nymeria profitait de la vue sans gêne aucune, une dernière fois. Il n'y avait pas de raisons qu'il n'y en ait qu'un qui profite !

" J'ai passé une nuit des plus agréables Cletus. Au plaisir de connaître d'autres soirées telle que celle-ci. "

Elle lui offrait un clin d'oeil, puis riait. Alors que le pauvre jeune homme allait devoir assumer ses responsabilités, Nymeria profiterait sans doute pour rattraper son sommeil perdu, puis elle repartirait comme si de rien était vers de nouvelles occupations. Quoi qu'elle restait toujours dans l'idée que Cletus pouvait avoir encore à offrir. Etait-ce bien de profiter de la naïveté de ce garçon ? Oh, allons ! Ce n'était pas comme s'il ne savait pas à qui il avait à faire. Peut-être parviendrait-il à la surprendre à nouveau ? Elle y songeait, à tout cela. Elle aurait aimé voir un peu plus, oui, elle devait l'avouer, elle était curieuse. Elle se redressait, ne prenant pas la peine de se cacher avec un drap alors que la chaleur commençait déjà à se faire ressentir. Et qu'elle avait le sang chaud.

" Je te dis à tout à l'heure, Cletus. "

Cela sonnait surtout comme une invitation, presque à un ordre même. Pourtant, elle ne semblait pas énervée. Un sourire malicieux, il n'en avait pas terminé avec l'aspic. Elle n'avait pas décidé que cette nuit serait unique. Elle le mordrait à nouveau et répandrait son venin à nouveau. Un jeu malsain mais qui lui plaisait. Son venin atteindrait son coeur plus vite qu'il ne pouvait l'imaginer. Elle lui offrait un clin d'oeil complice avant de reprendre sa place dans son lit.

Comment pouvait-elle s'en vouloir, outre le fait qu'il était prévenu ? Le jeune homme arborait un grand sourire et son regard ne la trompait pas. Il devait repartir et Nymeria s'allongeait alors, le soleil ne l'empêcherait pas de s'endormir, au vu de la nuit agitée qu'ils avaient eu. Comment pouvait-elle s'en vouloir alors que le jeune homme n'avait aucun élément négatif à ajouter à sa soirée ? Il aurait de quoi raconter à ses amis, il avait vécu une nouvelle expérience, puis une toute autre. Il pourrait tout à fait courir les jupons sous peu et oublier ceux de Nymeria. Mais bien au delà du fait qu'on n'oubliait pas sa première fois, Nymeria était persuadée qu'on n'oubliait pas la fois où l'on couchait avec une aspic. Non, ce n'était pas son orgueil qui l'étoufferait. De nouveau, comment pouvait-elle s'en vouloir alors que le jeune homme avait passé une des meilleur soirée depuis son séjour à Ferboys, au moins ? Elle ne dirait pas de sa vie, mais au moins depuis son séjour. Les Ferboys avaient l'air sur protecteur, étouffant. Nul doute que cette soirée avait au moins pu lui permettre de s'amuser, réellement s'amuser. Autrement que dans ses livres. Nymeria y réfléchissait alors qu'elle s'était de nouveau allongée. Elle jetait un regard par dessus son épaule avant qu'il ne quitte la pièce. Elle aurait aussi pu pousser le vice à lui demander de rester, mais elle était en mission pour la maison Martell. Qu'aurait-on dit si le jeune écuyer Allyrion avait manqué ses leçons pour batifoler avec l'aspic ? Beaucoup de mal, sans doute. Ils auraient bien d'autres occasions de s'amuser, ça, elle n'en doutait pas un instant. 

Nymeria.
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Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

La brune s’écarta de lui, mais ses prunelles bleues ne purent s’empêcher de la suivre. Il ne pouvait se détacher du spectacle qu’elle lui offrait, de la beauté de son corps que venait caresser la lumière du matin. A contempler l’aspic, il en oublia presque ce qu’il venait de lui dire, et ce fût elle qui le lui rappela, en le sommant de partir non sans une nouvelle invitation. L’écuyer s’habilla, et s’il s’apprêtait à rejoindre son oncle et ses hommes, ses pensées étaient déjà toutes tournées vers la seule envie de voir cette journée s’achever, et de retrouver la Sand à son retour de l’expédition. La brise qui s’engouffra par les fenêtres apporta avec elle le parfum de pierre chauffée par le soleil qui caractérisait l’air de Ferboys et des Montagnes Rouges. Comme il le put, le cadet Allyrion tenta d’assagir ses cheveux décoiffés, avant de se lever. Son sourire ne quittait plus ses lèvres, et pour ne pas se trouver tenter de rester toute la journée durant auprès de la fille d’Oberyn, il se borna à ne pas la regarder alors qu’il traversait la pièce. Sans un mot pour elle, il passa la porte pour s’enfoncer d’un pas rapide dans les couloirs de la forteresse. Elle n’avait, après tout, pas besoin d’une réponse de sa part pour savoir que son invitation serait honorée, de la même manière qu’elle pourrait lui demander quoi que ce fût d’autre, sans avoir à douter un seul instant qu’il le ferait sans réfléchir. Le jeu dangereux auquel ils jouaient tous deux, et dont la vipère tirait les ficèles, n’en était qu’à son commencement, et peu lui importait d’où cela le mènerait, tant qu’il était aux côtés de la brune. Comme il s’y attendait, lorsqu’il arriva dans la cour, les chevaux étaient prêts, et le seul à ne pas être encore juché sur un pur-sang était son oncle, qui semblait avoir passé de longues minutes à fixer la porte que venait de franchir Cletus, dans l’attente de ce dernier. Le regard du chevalier Ferboys était lourd de sens, et lui comme les soldats qui attendaient en silence avaient d’ores et déjà deviné ce qui s’était joué s’être nuit dans les murs de la forteresse d’ocre. Pourtant aucune question ne fût posée, ni par son oncle ni par les soldats qui étaient devenu avec le temps des amis de l’Allyrion, bien que ceux-ci, loin d’avoir la même contenance noble que le Ferboys, mourraient d’envie d’entendre des détails sur cette nuit sur laquelle beaucoup d’entre eux avaient parié. Enfourchant sa monture à la robe sombre, le cadet de la Grâcedieu croisa encore le regard de son oncle, juste avant que celui-ci ne talonne son propre cheval, sonnant le début de la journée de travail. Avant de quitter la cour dont les sabots des pur-sangs avaient soulevé la poussière, Cletus vit faire volte-face à la jument, levant la tête vers les appartements de l’aspic, avant de partir à la suite des cavaliers vêtus de sable et de noir.

﴾۝﴿

Le soleil s’abaissait déjà à l’horizon lorsque les cavaliers revinrent de leur longue journée dans les entrailles des Montagnes Rouges. La fatigue commençant à lui tenailler les jambes, ce fût avec un certain soulagement que Cletus quitta le dos de sa monture, et mis pied à terre. La chaleur de cette fin d’après-midi pesait autant sur les hommes que sur les bêtes, dont le poil était trempé de sueur. « Va te décrasser. Je vais en faire de même de mon côté. Après quoi nous nous retrouverons avec le mestre et mon frère. » Défaisant la sangle de la jument, l’écuyer stoppa presque son geste aux paroles de son oncle et maître d’écuyage. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » « Pardon ? » « Tu as mieux à faire peut-être ? » Le cadet de la Grâcedieu s’était tourné vers son oncle, mais ses yeux se baissèrent timidement devant la remontrance à laquelle il ne s’attendait pas. Il ne répondit rien, car il n’était pas dans sa nature de défier l’autorité, ni même de se montrer impertinent. Le chevalier regarda longuement son neveu d’un air qu’il savait trop sévère, avant de retrouver une expression plus sereine mais inquiète dans un long soupir. Il connaissait l’écuyer sans doute mieux que sa propre mère ou quiconque de la famille Allyrion, et il ruminait depuis le matin toute la colère et l’inquiétude que provoquait en lui l’idée de voir le jeune homme tomber dans les filets de la fille d’Oberyn. « Cletus. » L’homme à l’épaisse chevelure blonde posa sur l’ecuyer un regard plus tendre, bien qu’il brillait d’une certaine autorité, tout comme le ton de sa voix grave. Il le savait, le temps des conseils et des avertissements étaient passés, car l’aspic les avait cette nuit balayé de l’esprit pourtant sage du cadet Allyrion. Le chevalier le lisait dans les yeux aussi bleus que les siens de son neveu. C’était trop tard. Et peut-être n’aurait-il jamais pu empêcher cela d’arriver. Désormais il ne savait que trop bien qu’il serait mal avisé de tenter de dissuader le jeune homme, ou bien même de lui interdire de la revoir, car les jeunes cœurs trouvent toute leur force dans les interdits que l’on dresse devant leur désir. Il lui était plus pénible de penser au mal que la brune pourrait faire à son neveu de nature si douce que de supporter de le voir s’éprendre de celle dont le père avait causé tant de peine à la Maison Ferboys. « Tu es fatigué. Va te reposer. Je te verrai au dîner. » Sans rien ajouter d’autre, le Ferboys s’en alla, pour disparaître à l’intérieur des murs de la forteresse.

Cletus avait quitté ses vêtements couverts de poussière pour de nouveaux atours, et l’eau fraiche du bain lui avait redonné des forces. Il avait bien compris que le chevalier ne s’attendait pas à ce qu’il se repose pendant le temps libre qu’il lui avait laissé, et le jeune écuyer s’en trouvait un peu mal à l’aise. Son oncle n’était pas aussi sévère que le Lord de la Grâcedieu, il n’avait d’ailleurs jamais eu besoin de l’être avec lui qui était obéissant et sérieux, mais il ne doutait pas que c’était à contre cœur, et même d’une façon assez défaitiste, que le Ferboys lui avait offert la fin de son après-midi. Devant ce fait, l’écuyer avait longuement hésité avant de quitter sa chambre, bien que sa raison ne l’appelait même plus à ne pas aller se jeter, une nouvelle fois, dans la gueule de l’aspic. Alors qu’il était allé la trouver, sans succès, dans ses appartements, ce fût l’entrechoquement violent des armes, et les éclats de voix féminine qui le firent se diriger vers la cours, où s’entrainaient à présents quelques soldats et chevaliers. Au milieu des hommes tous vêtus d’une semblable manière aux couleurs de la Maison Ferboys, il ne fût pas difficile pour l’Allyrion de voir au milieu d’eux la flamboyante brune. D’un pas lent et mesuré, il s’avança dans la cour, et son arrivé discrète n’attira guère l’attention que de deux hommes qui regardaient eux aussi la scène, appuyés sur leur lance, faisant mine d’attendre leur tour pour mieux profiter du spectacle. Tout autour de la cour, des silhouettes se joignaient aux autres spectateurs, laissant les chevaliers se charger de la brune, qui, de ce que Cletus devina, devait avoir interrompu leur entrainement. Il rejoignit les deux hommes, tous deux avait un âge assez avancé pour des soldats, mais il les connaissait bien, et l’un d’entre eux  avait parti de l’expédition du jour dans les Montagnes Rouge. « Que se passe-t-il ? » Les deux hommes aux cheveux grisonnants se retenaient tant bien de mal de rire, mais celui qui se trouvait tout à côté de l’écuyer lui répondit d’une voix abimée « Regarde un peu la tête de Jovarn. Il a aussi peur d’elle qu’il est furieux ! » De nouveau les deux soldats furent pris d’une crise de rire, et leurs épaules furent secouées de leur moqueries alors qu’ils tentaient tant bien que mal de calmer leur hilarité.  « On croirait un moineau devant un cobra » Ajouta un autre qui venait de se joindre au trio, ce qui n’arrangea pas leur fou rire. Devant leurs rires, le cadet Allyrion ne put retenir un sourire, alors qu’il ne quittait pas la jeune femme des yeux. Autour d’elle se tenaient les chevaliers qui se trouvaient un peu pris au dépourvu de sa présence sur leur terrain d’entrainement. Elle paradait presque au milieu de ces hommes, les provoquants manifestement, son impertinente beauté ne rendait la scène que plus intéressante, et les tout jeunes palefreniers qui avaient pour tâche de panser les pur-sang ralentissaient leurs gestes, ne ratant pas une miette du spectacle.



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Après des heures à dormir, l'aspic s'était réveillée, le soleil à son zénith. Il faisait chaud et beau, comme toujours. Habituée à passer des nuits et des nuits dehors, il était plus que coutumier de dormir alors que le soleil frappait dans sa chambre. Elle s'était levée tard, s'était préparée à sortir, cela lui avait pris des heures avant qu'elle ne daigne sortir.

Les regards qu'on lui lançait étaient significatifs, on avait vu la bâtarde d'Oberyn rentrer et être plutôt bien accompagné et les servantes n'étaient pas assez bête pour ignorer ce que signifiait entrer dans la chambre d'une aspic "en pleine nuit", ou disons le, avant d'aller se coucher après une longue nuit dehors. Nymeria n'avait pas repensé à cette nuit, disons, pas de nombreuses fois. Cela n'avait rien d'inhabituel, rien ne changeait à ce qu'elle faisait chaque jours et chaque nuits. Les regards sur sa personne n'y changeaient rien non plus.

Les chevaliers de Ferboys n'étaient pas tous parti et Nymeria avait trouvé l'occasion bonne pour s'amuser d'une autre façon. La dernière fois qu'un Martell s'était battu ici en duel, cela avait mal terminé. Nymeria avait par ailleurs passé quelque heures auprès de son cousin Quentyn, qu'elle n'avait pas assez vu la veille pour ensuite, s'adonner à d'autres choses bien plus amusantes encore. Les chevaliers de Ferboys en voyaient de durs dans les Montagnes, elle n'en doutait pas. Quentyn lui avait déconseillé de s'y frotter mais cela n'avait eu pour conséquence qu'une Nymeria s'avançant pour regarder les entraînements. Dites à Nymeria d'éviter de faire quelque chose et elle s'y jetterait. Lui mettre des interdits ne lui donnaient que pour envie de les dépasser, c'était bien connu.

« Quoi ? Vous faites juste ça ? »

D'autres remarques délicates de Nymeria demandant s'ils étaient tous capable ou s'ils étaient trop vieux pour combattre, cela avait d'abord amusé les gardes puis cela avait surtout commencé à les froisser quand Nymeria demandait s'ils étaient des mollassons à Ferboys, et si des mollassons gardaient les frontières.

« Des mollassons ? Tu nous as bien vu, la Sand ? »

Nymeria avait ris, bien qu'elle n'avait guère apprécié se faire nommer "la Sand". Elle les cherchait, il était normal qu'ils répondent, cela aurait eu tôt fait de l'ennuyer sinon.

Alors, allez savoir comment Nymeria avait fini par se retrouver à combattre contre ces "mollassons" mais cela l'avait bien amusée. Au final, Nymeria se retrouvait très régulièrement dans ce type de situation et c'était bien souvent surtout de la frime. Peu oseraient s'attaquer réellement à elle et elle en jouait bien. Si elle était Sand, elle était surtout la fille d'un prince. A Dorne, tous savaient ce que cela signifiait. Certains jouaient le jeu, certains essayaient vraiment. Surtout lorsque la jeune aspic s'amusait à lancer des pics plus cinglantes pour les faire réagir. Elle avait eu l'habitude de cela à Lancehélion, avec Nakhti, le provoquer pour qu'il réagisse, pour qu'elle le fasse tomber, surtout. Qu'elle les fatigue, aussi.



« Ca va ! Ca va ! Ok ! J'ai compris ! »
« Compris quoi ? Que ma lame n'est pas en bois ? Qu'il me suffit d'un mouvement pour transpercer ta gorge ? »

Nymeria pointait sa dague contre le cou d'un garde, se trouvant derrière lui, elle avait vite eu de l'attraper par les cheveux et tirer sa tête en arrière, passant sa lame. Elle n'était qu'à un ou deux centimètre(s) de sa gorge. La lame brillait, fin ouvrage, le soleil se reflétait dessus.

« Ou qu'une femme peut être tout à fait à même de battre n'importe quel garde et non pas uniquement en dévoilant sa peau ? »
« Ca va j't'ai dis ! J'ai compris ! »

Irrité, Nymeria finissait par le relâcher. Elle n'était pas non plus là pour se faire des ennemis. Elle ébouriffait les cheveux du garde puis rangeait sa lame dans un pli de sa robe, où personne n'aurait pu soupçonner qu'elle avait là dessous tout un attirail.

« Et toi Cletus ! N'as-tu pas envie de voir ce que cela fait de se battre contre une femme ? Crois-tu que cela serait si facile que cela ne vaut pas la peine d'essayer ? »

Elle replaçait sa natte contre son épaule et s'avançait jusqu'à l'écuyer, le prenant sans gêne ni pudeur dans ses bras. Elle frottait doucement son dos puis se reculait pour voir le visage du jeune homme.

« Un jour, peut-être que tu parviendras à avoir le dessus... »

Elle lui offrait un clin d'oeil, phrase à double sens pour qui voulait l'entendre. Elle n'avait pas été des plus subtiles et elle était persuadée qu'un sourd aurait entendu et compris ce qu'elle venait de dire, il en allait de même de la façon dont elle avait de prendre la main du jeune homme, une façon qui n'avait rien d'anodin mais ce que cela pouvait l'amuser. L'aspic était tactile. Trop tactile. Il fallait toujours qu'elle aille trop loin, qu'elle joue avec la décence, il fallait toujours qu'elle abuse de la provocation, se moquant incroyablement des retombées que cela aurait de se rapprocher ainsi de l'Allyrion. Tant pour lui que pour les autres. Si elle se reculait, c'était surtout pour retirer la poussière de ses vêtements, plus que par gêne de se montrer si affectueuse avec quelqu'un.

Nymeria.
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Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

La curiosité des hommes de Ferboys n’était pas aussi bonne-enfant que quelqu’un de non-averti sur le passé des Lords de la Voie des Os le croirait en les voyant ainsi. Si quelques-uns se désintéressaient de l’Aspic et de ses provocations pour repartir à leur devoir, d’autres restaient, mais leurs sourires n’étaient pas dépourvus d’une certaine raideur. Presque forcés, ces sourires donnaient plus l’impression  pour certains de cacher derrière des lèvres étirées un avertissement sourd mais bien présent. Les hommes des Montagnes Rouges étaient dorniens, et sur le papier, leur allégeance allait aux Princes de Lancehélion. Mais ils étaient nés et vivaient avec pour seul maître le seigneur de ces lieux. Enfermés dans ce paysage de roches et de sable, entre les hauteurs et la mer, ces soldats faisaient preuve d’un farouche attachement à la Maison Ferboys. Et la Sand avait beau être de ces femmes devant lesquelles aucun homme ne pourrait prétendre ne pas avoir été, si ce n’était vaincu, tout du moins touché par la beauté, les hommes des Montagnes gardaient en mémoire le malheur que son père avait causé au blason pour lequel ils se battaient. Cletus le savait. Sans chercher à paraître plus modéré dans ses propos malgré les années écoulées, le Lord Ferboys s’était appliqué à lui rappeler que c’était avant tout la fille d’un meurtrier qu’il se voyait obliger d’acceuillir au sein de sa demeure. La rancune des cousins de l’Allyrion était aussi tenace et immuable que les paysages qui entouraient leur forteresse. Sa propre mère portait en horreur tout ce qui avait un lien de près ou de loin avec Oberyn Martell, bien qu’elle ne l’ait jamais manifesté publiquement, sans doute plus par respect pour son époux que par manque d’envie. Le jeune écuyer s’était trouvé piégé dans les seuls filets dans lesquels on lui avait jamais interdit de tomber. S’il était candide, il n’était pas idiot, et il était conscient que ses cousins n’avaient guère besoin de le questionner pour savoir ce qu’il s’était passé cette nuit-là dans la forteresse d’ocre. Lui à qui l’on prêtait une sagesse qui était peu courante pour un garçon de son âge, voilà qu’il avait fauté, et sans doute on lui reprocherait amèrement cet écart. Pourtant il n’en regrettait rien, il le savait, alors que la brune l’enserrait doucement dans ses bras, et que le parfum de sa chevelure, désormais familier, embrasait ses sens. Cette culpabilité qui était absente de son esprit, était surement la plus grande insulte qu’il pouvait faire à ceux qui étaient sa famille, avant d’être ses maîtres d’écuyage. Bien qu’il porta le nom d’Allyrion, les Ferboys l’avaient toujours considéré comme l’un des leurs, et non pas comme un enfant du désert. Et surement devait-il cela à son physique si semblable au leur, et si différent de celui du Soleil Noir mais aussi de sa sœur Valena. C’était une erreur de leur part, de croire que sa bonté l’amènerait tout naturellement à partager leurs opinions sur des points qu’ils considéraient sans doute comme faisant partis de son héritage Ferboys. Mais Cletus était avant tout autre chose le fils du Lord Allyrion, et sa jeune opinion sur les liens et les tensions qui faisaient l’Histoire de Dorne était infiniment plus proche de celle de son père qu’elle ne le serait jamais de celle des lords de la Voie des Os.

L’aspic s’était reculée, tenant toujours sa main qu’il ne put s’empêcher de serrer à son tour tendrement. Son regard avait beau ne semblait ne porter d’attention qu’à la contemplation du visage de la Sand, l’écuyer n’en était pas moins aveugle aux réactions discrètes mais bien présentes des quelques hommes qui restaient dans la cour. Alors qu’un vent venu du large venait soulever la poussière rouge du sol, ces derniers regardaient la scène sans chercher à interrompre le cours de ce qui s’écrivait sous leurs yeux. De la même manière qu’il était certain qu’il n’éprouverait jamais rien de semblable pour personne que les sentiments qui l’animaient, il était tout à fait averti que c’était la naïveté dont on le qualifiait qui faisaient rester volontairement cois les quelques soldats. Non seulement eux, mais tout Ferboys, comptait déjà sur sa jeunesse et sa candeur pour que le temps et les semaines viennent jeter l’oubli sur cette erreur qu’il se fallait d’effacer.  Dans un bruit de d’étoffes qui se froissaient, les hommes quittèrent soudainement leur poste de spectateurs pour s’éclipser. Il ne fallut qu’un instant pour qu’ils se retrouvent seuls dans la cour, mais c’était sans compter sur ce qui avait poussé les soldats à partir. La silhouette élancée de son oncle attira vite l’attention de Cletus. Cette dernière se détachait du mur d’ocre sombre au pied duquel elle se tenait. Le maintien du Ferboys n’était pas dépourvu d’une grande noblesse, qui contrastait avec ses habits d’apparence modeste. Il dardait sur la fille de la Vipère un regard d’un bleu plus semblable à celui d’un océan menaçant qu’à l’azur clair du ciel de ce jour. « Cletus. Mestre Sibas t’attend. » Le ton était sec, autoritaire, et il n’en fallut pas plus à l’Allyrion pour se détacher de la brune, non sans lui avoir lancé un regard plein d’excuses. Alors qu’il passait à côté de son oncle, Cletus croisa brièvement ses prunelles bleues, qui s’écarquillèrent à fois furieusement et tristement en ne trouvant pas dans les yeux du jeune écuyer l’imploration d’un pardon, mais une assurance qui ne lui rappelait que trop l’entêtement du père de ce dernier. La cour était vide, et le chevalier Ferboys se retrouva seul avec l’Aspic, dès lors que le cadet de la Grâcedieu eut disparu à l’interieur des murs. Ses traits crispés, Cletus Ferboys s’avança d’un pas lourd de colère vers la dornienne. Arrivé à sa hauteur, il abaissa son regard vers elle, sans que l’animosité ne cesse d’y briller. « Cela vous amuse n’est-ce pas ? » Sa voix était basse et posée, détonnant avec l’expression de ses yeux. « Ne vous sentez pas obliger de semer le trouble dans cette Maison d’une façon autrement plus vicieuse que le Prince votre père avant vous. Nous avons perdu un frère, mais nous ne laisserons pas un enfant devenir la victime de vos jeux pervers. Le poison que vous lui insufflez est infiniment plus cynique et dangereux que celui dont a usé le Prince Oberyn sur mon frère, et je ne tolèrerai pas que vous poussiez plus loin encore votre petit manège avec mon neveu. Je vous demanderez de ne plus l’approcher jusqu’à votre départ prochain. »


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Meet Me Halfway
Do you remember when we fell in love you were young & innocent then. Do You Remember ? How it all began. It just seemed like Heaven,  so why did it end ? Do You Remember ? How we used to talk, we'd stay on at Night till Dawn. Do You Remember ? All the things you said like " I Love You So, I'll Never Let You Go". Do you remember the time ? Those Sweet Memories will always be dear to me.

Il en fallait beaucoup pour déstabiliser Nymeria. Seul son père avait ce pouvoir-là. Son oncle ne l'avait pas, ses cousins et cousines ne l'avaient pas, ses soeurs et son père en revanche, il en était tout autre. Les autres n'étaient ni plus ni moins, aux yeux de l'aspic, que des personnes avec lesquels on s'amusait, on provoquait, mais qui jamais, ô grand jamais ne pouvaient l'atteindre. C'était une carapace qu'elle s'était forgée dès Volantis, le regard des autres et leur réflexions ne pouvaient pas l'atteindre. Elle était née bâtarde dans une citée qui tuaient les bâtards et leur mère, qui osaient mettre le déshonneur sur la famille, elle avait vécue cachée six années durant, se faisant entendre sans cesse l'erreur monumental que lady Vaelaros avait commise en la mettant au monde, que sa famille aurait honte s'ils l'apprenaient et qu'il valait mieux qu'elle reste cachée jusqu'à sa majorité où elle pourrait partir. Nymeria n'était pas faite que de la chaleur et du sable de Dorne. Mais cela, peu le savait. Elle n'avait jamais désiré le faire savoir non plus, on la savait bâtarde mais on ne savait les conditions de sa naissance et ces lords et ladies n'avaient guère besoins de le savoir.

C'était sans compter la fierté étouffante et l'égo démesuré de l'aspic. Ainsi, lorsque le l'héritier Ferboys venaient à eux, l'aspic se tenait droite, toujours avec ce même sourire que l'on ne pouvait défaire. Elle avait vingt-trois années, elle avait vu plus dur qu'un futur seigneur des montagnes en colère. Elle avait vu la Vipère Rouge, en colère. Elle avait vu des personnes au sang du dragon, en colère. Alors un chevalier dornien des montagnes qui vivait à des lieues de chez elle et qui ne la connaissait que de par son père et de par sa réputation sulfureuse, Nymeria ne pouvait que rire, ou dans ce cas précis, soutenir le regard du chevalier avec toujours ce sourire aux lèvres. Qui croyait-il avoir face à lui ? Il avait la progéniture du prince Oberyn Martell. Elevée par Oberyn Martell et par des maîtres d'armes. Nymeria était bien plus fourbe que son père. Si bien que Nymeria attaquait peu la première mais provoquait bien souvent jusqu'à ce que l'autre perde son sang-froid et attaque de lui-même, l'obligeant ainsi à répondre. Mais cette joute semblait autre que physique. Et Nymeria était des huit aspics, l'une des deux seule à même de répondre à cela, avec Tyerne.

« Avec tout le respect que je vous dois, ser Cletus, les deux seules personnes en ce monde à même de me donner des ordres se nomment Oberyn Martell et Doran Martell. Il me semble, aux dernières nouvelles tout du moins, que vous n'êtes ni l'un, ni l'autre. Cletus Allyrion est jeune et doit apprendre, il n'apprendra pas ce qu'est la vie enfermé entre quatre murs, juste avec ses livres pour l'informer. Que cela vous plaise ou non, ainsi est la vie. Il est assez grand pour prendre ses décisions, Cletus Allyrion est adulte. Que cela vous plaise ou non. »

Son regard ne se baissait pas un seul instant et si son ton était calme, il n'en dépeignait pas moi : que vas-tu faire, seigneur ? Virer de ton lieu l'ambassadrice de Dorne pour avoir fricoter avec un dornien, comme le fait chaque femme de Dorne ? Nymeria était bien connu pour cela, fricoter avec les dorniens et même les dorniennes, cela aurait été parfaitement risible donc que l'on se plaigne de ça comme s'ils étaient surpris.

« Je laisserai Cletus décider de lui-même s'il désire encore de ma compagnie ou non, et vous en ferez de même. Et si vous connaissez un temps soi peu les jeunes hommes, vous savez parfaitement que plus vous l'empêcherez de me voir, et plus il réfléchira à un moyen de le faire. Et il y parviendra. Ne me dites pas que vous n'avez jamais été ainsi, ser Cletus. Je n'y croirai pas un instant. »

Elle riait légèrement en y pensant. Car elle était sincèrement amusée de la situation et ne baissait toujours pas le regard de celui azuré du chevalier. Et elle ne baisserait certainement pas le regard la première, ce serait bien mal la connaître. Héritier ou non. Cela faisait bien des années que l'on enseignait à Nymeria qu'elle était l'égale de tout dorniens portant un nom, on ne lui ferait donc pas oublier ces leçons aussitôt. Il n'était pas le seigneur de ces lieux et n'avait aucun ordre à lui donner, elle comptait bien lui faire comprendre. Et quand bien même. Seule la parole de Doran Martell aurait eu poids.

Nymeria.
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Meet me halfway

Ferboys



Nymeria Sand & Cletus Allyrion

Si la beauté de l’aspic avait le don de faire perdre au plus droit des hommes tous ses moyens, son charme n’avait aucun effet sur l’héritier Ferboys, de la même façon que les œillades brulantes de la fille d’Oberyn n’atteindraient probablement jamais le cœur d’aucun homme de la forteresse rouge. A moins que le soin que ces derniers mettaient à l’éviter n’était qu’une simple assurance pour ne pas tomber dans le même piège que leur neveu et cousin de la Grâcedieu. Sans ciller, le regard azuréen du dornien blond toisait la jeune femme à l’attitude débordante d’arrogance. La froideur affichée par le Ferboys ne laissait en rien deviner la colère qui faisait bouillonner son sang, quand la ressemblance de l’aspic avec son père détesté devenait trop insupportable. Il n’y avait guère que Doran pour mériter un semblant de loyauté de la part des lords de la Voie des Os, car pour Cletus, il ne faisait aucun doute que tout ce qui était né du cadet du Prince n’était que fruits pourris, de par lesquels sa famille avait déjà bien trop souffert. La réponse de la brune dégoulinait de l’impertinence la plus totale, un ton pour lequel d’autres auraient payé depuis longtemps en se voyant gratifier d’une réponse autrement plus physique de la part du chevalier. Se voir ainsi servir un tel manque de respect par une bâtarde ne faisait que conforter le Ferboys dans son avis déjà bien arrêté sur tout ce qui touchait de près ou de loin aux Martells, et en particulier à la Vipère Rouge. Les paroles de la jeune aspic avaient beau le contrarier, elles n’en restaient pas moins vraies, bien qu’il ne l’admettrait jamais devant elle. Son neveu n’était pas semblable aux hommes de sa famille, qu’ils soient de sang Allyrion ou Ferboys. Il n’était pas à l’image de son frère et de son père, un de ces si nombreux dorniens dont on vantait autant le talent aux armes que le caractère à l’image des terres brulantes de la Principauté. Il y avait des choses dont personne ne pourrait protéger le jeune Allyrion, pas même les hauts murs d’ocre de la forteresse dans laquelle il vivait depuis maintenant des années. Aussi inacceptable que cela lui paraissait, Cletus Ferboys n’aurait aucune prise sur le jeu commencé par la brune et dont son neveu était l’objet. Ils étaient désormais seuls dans la cour au sol de poussière rouge, pourtant il n’y avait pas à douter que de nombreux yeux les observaient. « Faites. Mais ne nous donnez pas une raison d’en vouloir plus encore à tout ce qui porte la marque de la Vipère Rouge. Nous n’aurions pas la patience ni la volonté d’attendre la justice de Doran. » Son regard s’était assombri, alors que le chevalier quittait la cour d’un pas lourd, pour disparaître à l’intérieur des murs de la demeure.

﴾۝﴿

A peine deux heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait rejoint le mestre, pourtant il avait le sentiment que cela faisait une éternité qu’il avait quitté les prunelles noires dont il ne pouvait détacher ses pensées. La bibliothèque des Ferboys était étonnement complète, quand on savait que les lords de la Voie des os n’étaient que peu friands de lecture, et que beaucoup des ouvrages calligraphiés avaient du attendre l’arrivée de leur neveu de la Grâcedieu pour être parcouru par d’autres yeux que ceux de l’homme qui les avait copié. L’etude du jour consistait à la traduction d’un ouvrage consacré à la stratégie militaire en Haut Valyrien. Un exercice moins pénible qu’ennuyeux pour le jeune dornien pâle, qui avait bien du mal à se concentrer sur le devoir imposé par le mestre qui faisait les cents pas derrière lui, regardant de temps à autre par-dessus l’épaule de l’Allyrion. « Après cela, tu feras l’exercice inverse avec ce chapitre-ci. » Les mains osseuses du disciple de la citadelle posèrent à côté de l’Allyrion un volume de chroniques venu tout droit d’Essos, ouvert à la page souhaitée. La distraction inhabituelle de son élève n’avait pas échappée au Mestre Sibas, qui se montrait d’autant plus sévère avec le dornien qu’il espérait bien cultiver jusqu’au bout ce talent inattendu pour les études de la part d’un écuyer issu du sang d’une famille dont il ne connaissait que trop bien la nature sauvage et le goût pour les armes. Après avoir rapidement jeté un œil à la tâche qui l’attendait, le regard clair de Cletus se reporta sur le parchemin déjà bien noirci de mots, la plume grattant le papier plus hâtivement. Le mestre comptait-il le tenir loin de la présence de l’aspic en faisant ainsi durer le cour qui aurait déjà du prendre fin ? Assurément l’idée devait être bel et bien présente dans l’esprit de Sibas, bien que l’Allyrion n’aurait pas l’impertinence de lui en faire la remarque. Il n’avait qu’une envie, quitter l’étouffante bibliothèque à l’architecture et à la décoration soignée pour retrouver la brune.



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