[EVENT] Tournoi de Port Réal : Tir à l'arc

Port Réal était en effervescence depuis plusieurs jours. Les nobles étaient arrivés en masse et les inscriptions aux différentes épreuves du tournoi battaient leur plein et ce même jusqu’à tard dans la nuit précédant l’ouverture des festivités. Les joutes ouvriraient le spectacle sur deux ou trois jours, avant l’affrontement spectaculaire de la mêlée pour finir le dernier jour sur le tournoi de tir à l’arc. La lice avait été dressée au pied des murailles de la ville et d’immense gradins avaient été construits afin d’accueillir les spectateurs.

Dernier jour de compétition sportive et avant-dernier jour des festivités pour célébrer les dix années du jeune Roi Aerion, le tournoi de tir à l’arc venait clôturer le spectacle offert aux nobles de Westeros et à la population de Port Réal. Epreuve plus calme demandant concentration et maîtrise de soi, l’ambiance était électrique, remplie d’une tension palpable. Les archers avaient la mine sombre, le visage fermé cherchant à se mettre dans une bulle de concentration. Certains fermaient les yeux, d’autres faisaient les cent pas tandis que les cibles pour la première manche étaient installées à 10 mètres du pas de tir. Une mise en chauffe pas trop compliquée, qui se corserait par la suite. Visez juste !

Après les joutes, le tir à l’arc. Une nouvelle chance de briller ? Peut-être. Hereward ne savait pas trop bien lui-même : c’était la première fois qu’il se lançait dans une telle compétition. A Hautjardin, il n’avait participé qu’aux joutes, mais il s’était dit que varier les épreuves était peut être une bonne idée. Hery ne regrettait d’avoir choisi le tir à l’arc plutôt que la mêlée, d’ailleurs, quand on voyait comme le temps avait été mauvais et le terrain difficile pour les combattants. C’était une épreuve de patience et de concentration ; quelque chose qui lui ressemblait, tant il pouvait être opiniâtre, décidé voire têtu, quand il s’y mettait.

Le jeune homme arriva sur le terrain détendu. Il évalua rapidement ses adversaires du regard, plus pour se rendre compte de ceux qu’il connaissait ou non que de véritablement jauger du niveau de chacun, saluant certaines connaissances d’un signe de tête. Des Essaims était le beau-frère du cousin Cliff ; Swann devait être un de ses cousins. Curieux qu’un rejeton d’une famille si puissante devienne chevalier errant ! Enfin… Evidemment, les spectateurs restés jusqu’au bout des épreuves n’en avaient que pour Renly Baratheon, le plus célèbre des compétiteurs. Hereward devait bien avouer qu’en dehors des précédents cités et du seigneur de Grenadier, lord Pommingham, lui-même ne connaissait pas les deux chevaliers couronniens qui concourraient, et Patrek Mallister uniquement de réputation.

Peu importait de toute façon. Il ne pouvait rien faire en ce qui concernait les autres concurrents : il fallait qu’il soit bon avec ses propres tirs, point. Hereward s’installa dans un coin pour se concentrer au mieux. Calmement, ignorant la foule, ses concurrents et le bruit ambiant, il entreprit une dernière inspection de son arc. C’était une arme solide et pratique en bois d’orme, second meilleur choix après l’if, plus petite que lui et courbée au niveau des poupées. Cadeau de son père, l’arme n’était pas belle ni spécialement travaillée, mais pour le fils d’un cadet d’une petite maison, elle était entretenue et de qualité. Hereward en prenait grand soin. L’arc était soigneusement ciré ; il en avait remplacé la corde. Pour parfaire le tout, il avait même eu le temps de s’entrainer un peu avec Arthur le soir d’avant et obtenu des résultats plutôt corrects. Il fallait espérer qu’il parviendrait à les reproduire cette fois ci !

Bientôt, les cibles furent installées, le tirant de sa torpeur. La première manche allait commencée. 10 pieds, ce n’était pas la mer à boire. Hereward sauta sur ses pieds. Il était temps. Ayant reconnu sa mère dans la foule, il adressa un signe de la main dans cette direction, supposant que les Graceford seraient tous dans ce coin là.

Puis ce fut le signal. L’essentiel était de prendre son temps. Tirer la flèche empênée de son carquois en cuir. La préparer en tenant l’arc vers le bas – toujours vers le bas pour éviter les accidents. Poser le trait sur la main gauche, qui tenait le corps de l’arc, opposée à son œil directeur, celui avec lequel il viserait. Encocher la flèche dans la corde. Relever l’arc. Le bander pour tendre la corde, toujours avec le même grincement familier, jusqu’à ce qu’elle touche sa mâchoire. Viser, en prenant le temps, la cible. Un œil fermé pour mieux voir. Relâcher la corde pour tirer, en espérant atteindre le centre. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Huit. Ils étaient huit à participer à l’épreuve du tir à l’arc, une épreuve d’adresse et de concentration. Une épreuve pour un homme doté de patience et de calme, ce qui n’est de loin pas son cas. Impulsif et impétueux, être calme ne renvoie à aucun trait de caractère des frères Baratheon. Stannis peut-être (« et encore… » songea Renly en se préparant pour l’épreuve), mais Robert…Certainement pas ! Lui pouvait faire preuve de tact et était le plus avenant et sociable des fils de feu Lord Steffon Baratheon. Mais l’art du tir à l’arc exigeait une maîtrise de soi qu’il savait ne pas posséder. C’était pour cette raison qu’il avait choisi cette épreuve plutôt que celle de la mêlée, où il aurait assurément mieux réussi. Renly cherchait le dépassement de soi. Il cherchait à se prouver qu’il était capable de briller partout, même là où on l’attendait le moins.

Depuis que les inscriptions sont closes, Renly s’est renseigné sur ses autres concurrents, sans toutefois trouver quelque chose de probant. Ils venaient du tout Westeros et aucun n’était réellement plus doué que l’autre au tir à l’arc. Tous se valaient, quoique Renly guettait avec un peu de curiosité le tour de Patrek Mallister (@Myrielle Lannister), celui qu’il considérait comme son adversaire principal. Néanmoins, sa curiosité à son égard devra attendre car on vint le prévenir que tout était prêt et que ses adversaires commençaient à entrer sur le terrain.

- J’arrive, dit-il en prenant son arc, un grand arc en bois noir comme l’ébène, robuste mais lourd. En entrant sur le terrain, son côté jovial et charmeur ne put s’empêcher de saluer avec raffinement les acclamations des spectateurs qui lui étaient destinées. Beaucoup de jeunes femmes en étaient à l’origine – celles, probablement, qui ignoraient encore que les yeux et les mains du dernier des trois Cerfs ne se destinaient pas pour les corps des femmes – ce qui ne l’empêcha pas de les saluer avec toute la grâce et le charme d’un homme qui ne compte plus le nombre de ses conquêtes féminines. Il salua ensuite tour à tour ses adversaires avant de prendre la place qu’on lui désignait, aux côtés de Ser Hereward Graceford (@Clifford Swann).

- Ser Hereward, le salua-t-il en se plaçant à sa droite.

Derrière chacun des compétiteurs se tenaient un jeune garçon tenant trois flèches, une flèche pour chaque essai sur la cible placée à plusieurs pieds de lui, pile en face. La première lui fut tendue et, quelques secondes plus tard, le signal retentit sur le terrain. L’épreuve débutait et Renly se focalisa sur sa respiration, qu’elle soit la plus calme possible et sur la cible à atteindre, ignorant tout des résultats de ses adversaires. Tant qu’il n’avait pas tiré ses trois flèches, ils n’existaient plus. Il n’y avait que lui, les flèches et la cible, droit devant.

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Faenor était stressé, c’était son tout premier tournoi. Il s’était engagé au tir à l’arc, se débrouillant plutôt bien pour un jeune homme de son âge même s’il ne faisait pas le poids face à un archer expérimenté. Age de seulement dix huit ans, encore écuyer de son père, il avait assisté aux joutes et à la mêlée en tant que spectateur, observant les combats. Mais le jeune Gaunt préféré le calme et la concentration du concours d’archerie. Il avait toujours était ainsi, d’un naturel calme et posé. Mais cela n’empêcher pas l’angoisse de monter. Le ventre douloureux, la gorge serrée et la respiration un peu saccadé, il déglutissait avec difficulté de peur de se ridiculiser. Et s’il loupait la cible ? Une honte assurément. Mais il s’était entraîné, durant toute la semaine il avait travaillé pour que cela n’arrive pas. Mais la pression pouvait créer des surprises et il pouvait très bien perdre tout ses moyens et ne rien faire.

Le jeune homme s’était présenté avec son arc et ses flèches qui avaient été inspecté afin de vérifier qu’ils étaient aux normes et qu’il n’y aurait pas tentative de triche. Faenor avait refusé le présent de son père qui lui avait acheté un arc flambant neuf pour le tournoi. Il préférait tirer avec son arc qu’il connaissait bien et avec lequel il s’était entraîné. Il ne voulait pas fanfaronner avec un arc sublime si c’était pour tout rater. Il observa rapidement ses adversaires, qui se mettaient à leur place. Il reconnu l’aigle des Mallister, le cerf des Baratheon mais d’autres lui étaient inconnus. Il était probablement le plus jeune des participants. Le benjamin de la compétition. Ce qui ne l’aida pas à se détendre. Il se mit à sa place, s’enfermant dans sa bulle de concentration. Les tribunes étaient relativement calmes, retenant leur souffle en même temps que les archers.

Quand il réouvrit les yeux, il observa la cible. Elle n’était pas très loin pour la première manche, la louper serait vraiment une humiliation. Il attrapa sa première flèche et se concentra. Il encocha le projectile mais ne banda pas tout de suite l’arc, observant la cible, l’environnement, laissant le monde autour de lui lui parler, sentir le vent sur sa peau et ses cheveux. Il prit le temps de tout analyser avant de bander la corde et de viser. Il ne prit pas dix ans pour viser, afin de ne pas fatiguer son bras. Il se concentra sur sa respiration et lors de l’expiration, il laissa la corde s’échapper de ses doigts pour venir claquer et décocher la flèche. Il ne regarda pas où il avait touché mais le bruit sourd de la pointe en fer heurtant la cible lui indiqua qu’il avait atteint son objectif. Plus que deux tirs. Il répéta l’opération, toujours dans le même ordre, avec le même calme. Mais ses bras se fatiguaient, se crispaient. Il se sentit beaucoup plus raide sur les deux derniers tirs. Mais au moins il avait touché la cible, c’était tout ce qui lui importait.

tir de dés : 7, 5, 3

Il n'aurait pas du céder à la demande de Dorca, songea Triston en regardant les cibles du terrain. En ce dernier jour de compétition s'affrontait les concurrents de l'épreuve de tir à l'arc et si Triston n'était pas mauvais, il aurait préféré participé mêlée, se jeter à corps perdu dans les combats et montrer de quoi il était capable. Mais Dorca avait pleuré, rappelant combien la mêlée, tout comme les joutes, pouvaient être dangereuses et combien leur fils était jeune pour être si tôt frapper par le poids de son héritage. Et il s'était laissé convaincre, considérant qu'il y aurait d'autre tournoi et d'autre occasion et qu'une épreuve où il montrerait ses talents d'archer serait toujours une mise en lumière des chasses qui se donnaient grâce au gibier de Grenadier. Il était de meilleur humeur lorsque l'épreuve fut sur le point de commencer, regardant les quelques participants allant des noms les plus illustres au regards les plus débutants. Il n'avait sans doute pas le matériel d'un Renly Baratheon, mais il avait l'expérience du tir à travers les nombreuses escapades qu'il faisait sur ses terres., bienais le tir sur une cible de tournoi n'était pas le tir sur un renard dans la foret. Sentant la pression du regard de Dorca et des filles dans les gradins, Triston tenta de se détendre autant que possible, de sortir le brouhaha des gradins, moins bondés que pour les joutes, de son esprit pour se concentrer sur sa tâche

Son arc avait le mérite de lui être familier et la corde avait été changé il y a peu, lui permettant de l'assouplir assez pour qu'il soit à l'aise tout en garantissant qu'elle ne céderait pas à la tension de ses tirs. Regardant avec attention la cible, Triston caressa l'empennage des flèches regroupé dans un petit saut adapté. Il finit par en prendre une, l'encocha dans un mouvement souple et fluide sans quitter la cible des yeux. Il ne pouvait pas se permettre de rater, songea-t-il, tandis que le sourire provocateur de Ser Renly s'exagérait dans son esprit. Il tenta de faire abstraction des autres, des gens, de tout. Seule comptait la point de la flèches, visant la cible, la vitesse à laquelle il l'enverrait se planter dans cette dernière et la fluidité avec laquelle il enchainerait les deux autres. Cela n'avait pas besoin d'être parfait, cela devait être suffisant. Tentant de calmer son rythme cardiaque et sa respiration, Triston banda l'arc, le grincement de la corde geignant à son oreille. Il sentait son coeur pulser dans ses doigts, il voyait les anneaux de la cible se fondre dans l'univers. Un. Deux. Trois. Et la flèche siffla.

tir de dés : 4, 9, 5

L'atmosphère de ce dernier jour de tournoi tranchait singulièrement avec les précédents. Le bruit et la fureur des affrontements virils avaient laissé la place à un relatif silence empreint de concentration du côté des participants et d'expectative dans le public.  L'épreuve du tir à l'arc exigeait précision et maîtrise de soi, deux qualités qui n'étaient pas innées chez Patrek Mallister, mais que les années et les responsabilités lui avaient inculqués. Et cela s'était ressenti lui semblait-il sur ses compétences d'archer. Il tirait moins vite qu'autrefois, mais il tirait plus juste.

Il était entré sur le pas de tir le regard tourné vers le ciel, préoccupé. Il avait plu la veille, ceux qui avaient assisté à la mêlée se souvenaient encore de la boue qui avait handicapé les combattants. L'humidité était la seule véritable ennemie de l'archer. Plus encore que les sept autres qui devaient concourir avec lui et dont il ne connaissait pas le niveau, c'était elle que Patrek redoutait. Elle faussait tout: la flexibilité du bois, la souplesse de la corde, la légèreté de l'empennage. Il était à espérer que le temps resterait clément jusqu'au bout.

Avant de se saisir de son arc, il assouplit les muscles de sa nuque et de ses épaules. Il faut dire que la tension des joutes se faisait encore ressentir dans son corps même plusieurs après. Si son épouse était présente dans les gradins, c'est à une autre paire d'yeux qu'il souhaitait plaire aujourd'hui. Il savait les pupilles grise de sa fille posées sur lui. S'il lui avait été interdit d'assister aux épreuves les plus brutales, Agnès, du haut de ses six ans, avait assez bien plaidé sa cause pour venir voir son père concourir dans cette épreuve. il est peu de dire qu'en cas de contre-performance, la déception serait à la hauteur de l'attente.

C'est dans un silence concentré que Lord Mallister se positionna faisant fi des tirs plus ou moins précis de ses adversaires. Il offrit son profil gauche à la cible, jambes légèrement écartées pour affermir ses appuis, puis encocha sa première flèche. Les trois cercles concentriques se dessinaient derrière le bois courbé tendu à hauteur. La corde bandée émit un léger craquement tandis que Patrek vint placer son pouce et son index dans l'alignement de son menton, les deux yeux bien ouverts sur le cœur de la cible. Un conseil de son père. Que vaut un Aigle borgne? répétait-il. Seul le pépiement lointain des oiseaux et la voix profonde de Jason Mallister vinrent percer le silence dont il s'était enveloppé. Une brise légère caressa sa joue et ses doigts se desserrèrent. La corde chanta pour libérer, l'une après l'autre, les trois flèches qui fusèrent en fendant l'air.

Le matin n’était pas encore levé, mais le silence n’était pas tout à fait plein ; Port-Réal dormait mal. La rumeur de la ville, lointaine, était ponctuée de flèches tirées. Le fer crevant la cible recouverte de lin comme les virgules de phrases inaudibles.
Inlassable, Symon sortait une à une les flèches du carquois à ses pieds. Dans une routine bien huilée, il tapotait la flèche contre sa cuisse, appuyait la pointe contre son pouce, puis l’encochait avant de la porter contre son nez. Le flambeau allumé près de la cible vacillait.
Avec un soupir, il ajouta un point final à son entraînement. La flèche partit. La flamme frissonna.

“Pas mal,” se félicita-t-il tandis qu’il se rapprochait de la cible d’entraînement.

Deux avaient touché le centre et cinq se situaient à proximité. Les autres évoluaient dans un flou artistique, étalées dans les cercles concentriques comme des étoiles dans le ciel.

“Pas si bien, finalement,” s’agaça le chevalier, désormais que le tableau lui apparaissait dans son entièreté.

Avec l’aide de ses dents, il retira ses gants d’archerie pour observer la pulpe de ses doigts. La corne était épaisse et pâle, striée par autant de cicatrices que la corde avait installée avec les années. Symon voulait être meilleur.

Il arracha la flèche qui avait percé le centre. Il s’agissait de la dernière.


*


Le soleil était définitivement levé lorsque les cibles furent installées, à environ dix mètres de la ligne de tir. Plus besoin de flambeau pour en éclairer le centre.
La foule euphorique des premiers jours avait laissé sa place à des spectateurs plus sérieux. Le tir à l’arc était une épreuve de calme et imposait le respect de la concentration des participants.

Sur le pas de tir, Symon finissait de tailler les plumes blanches de ses flèches. Il ajustait, jusqu’à toucher du doigt la perfection, la moindre ligne, la moindre courbe. Il se permettait son orgueil puisqu’il était doublé de travail. Derrière ses allures de fanfaron débonnaire, Symon était un travailleur et il se serait battu avec quiconque aurait prétendu le contraire.

Il reconnut Mallister, le dernier Baratheon de la fratrie et le jeune bieffois qui avaient concouru aux joutes qui s’installaient non loin de lui.
Il se saisit de son arc en bois de robinier. Il était court, fait pour les petites distances. Son arc long, moins souple, en chêne, l’attendait pour la suite.

“Nous sommes plus chanceux que les participants de la mêlée,” lança-t-il à ses voisins en enfilant son gant à trois doigts et en ajustant sa protection d’avant-bras. “Mais peut-être l’auriez-vous été plus encore si j’avais participé hier et qu’on m’eut cassé les bras !”

Du bout du pied, il remua la terre encore humide. Il rit en glissant un regard amusé à Lord Mallister, fermé dans son mutisme.  

Un clairon sonna. Il tapota la première flèche sur sa cuisse et appuya la pointe contre son pouce. Emprisonnée entre les doigts, la flèche glissa vers son œil proche. Tous les muscles de ses bras, de son dos, de ses hanches, de ses jambes se bandèrent. Il sentait le souffle dans son ventre se répandre comme des flammes suivraient une traînée d’huile.

Au signal, sa main libéra les plumes blanches. Le trait partit de l’avant. La pointe forgée en coupe franche siffla dans l’air tandis que son arc reprenait rapidement sa forme. À l’aveugle, ses mains trouvèrent les deux autres flèches pour les planter tour à tour dans la cible.

Alaric étira ses muscles, la mêlée lui avait laissé de sacrer courbatures la veille. Mais il ne pouvait pas se reposer davantage, le tournoi de tir à l’arc était la dernière épreuve des festivités pour le dixième anniversaire du petit Roi. L’orageois se sentait bien plus à l’aise dans cette discipline que dans la précédente. Et le temps clair était bien plus agréable que les sauts d’eau qu’il avait reçu pendant la journée précédente. L’air humide et frais permettraient au tireur de ne pas trop souffrir de la chaleur et du soleil. Les plumes ne seraient pas gorgées d’eau ce qui n’était pas à négliger dans cet art où l’âge était un facteur plus qu’important car souvent synonyme d’expérience.

L’orageois se présenta assez tôt sur le pas de tir, s’imprégnant de l’ambiance bien plus calme que la veille. Les cibles avaient été positionnés et la distance était courte pour cette première manche. Mais cela ne voulait pas dire qu’il ne fallait pas se concentrer un minimum. Alaric tendit la corde de son arc, accrochant la deuxième extrémité de la corde à la deuxième extrémité de l’arc. Il vérifia qu’il avait assez de tension mais vu la difficulté à la tendre cette dernière, il n’y avait que peu de doute. Il planta ses flèches dans le sable et attendit l’heure. Dans sa bulle, il salua brièvement ses concurrents quand ceux si arrivèrent. Une rapide révérence vers la tribune royale lorsque l’enfant Roi apparut avant de se remettre à sa place, près à en découdre. Il attendit que le départ soit donné. Il encocha sa flèche dans la corde et la fit se reposer sur son index. Ses yeux clairs allèrent se poser sur la cible. Il contrôla sa respiration et puis sans trop réfléchir, il se redressa, banda l’arc et dans une expiration libéra la flèche dont les plumes virent éfleurer ses doigts avant de venir se loger dans la cible. Il prit sa deuxième flèche, et répéta la même opération, tentant de corriger le tir pour viser le centre. Ce fut un echec cuisant. Un tic d’agacement traversa son visage. Il prit donc plus de temps pour la dernière flèche, en espérant que sa deuxième flèche ne lui porte pas préjudice.


tir de dés : 6, 1, 10

Alyn s’était inscrit à l’épreuve de tir à l’arc uniquement pour prendre de l’expérience. Il ne visait nullement la victoire, tout comme pour les joutes, mais il cherchait à avoir de l’expérience pour mieux entraîner les jeunes recrues de Mielbois. C’était à ses yeux primordiales, il ne pouvait se montrer bon enseignant s’il ne montrait pas l’exemple et ne continuer pas à s’entraîner lui-même. Alors même s’il avait pris des risques lors des joutes, il allait désormais donner le meilleur de lui-même pour prendre de l’expérience en archerie. Il savait que cet art, très prisé dans le Bief, nécessité des heures et des heures d’entraînement, bien plus que pour les chevaliers. S’ils arrivaient à tirer son épingle du jeu, tant mieux, si ce n’était pas cas, tant pis, il n’était de toute manière pas là pour ça.

Ayant moins de préparation que pour les joutes, le des Essaims prit plus de temps auprès de sa famille, il ne les quitta que vingt minutes avant le début de l’épreuve, ayant envoyé son écuyer préparer son arc et ses flèches. Alors que la famille allait s’installer dans les tribunes, il fit un rapide échauffement articulaire et musculaire pour le haut de son corps, insistant sur ses épaules et ses omoplates qui seraient les plus sollicités lors des tirs, surtout sur le long terme.

En arrivant sur place, son écuyer lui tendit son protège avant-bras afin d’éviter d’avoir une multitude d’hématomes le lendemain. Alyn le plaça sur son bras droit, vu que son œil de visé se révélait être le gauche.  Il banda et relâcha la corde deux, trois fois à vide afin de retrouver ses sensations et se mettre dans le bain. Il chercha du regard sa famille qu’il finit par trouver. Il adressa un léger sourire à son épouse et ses enfants. Il salua la tribune royale avant de faire signe à son écuyer de s’éloigner. Il avait désormais besoin de se concentrer. Puis ce fut l’heure de décocher les flèches. Alyn inspira profondément et expirait longuement, tentant de faire diminuer son rythme cardiaque. Ses yeux étaient rivés sur la cible et il encocha sa flèche sans regarder, ayant déjà répété ses gestes des centaines de fois. Il leva son arc, le banda et laissa filer le projectile qui vint se loger dans la cible dans un bruit sourd. Plus que deux. Il refit la même chose, tenant de faire abstraction de la première flèche qui se trouvait désormais dans son champ de vision. Et de même pour la troisième. Ce ne fut qu’à ce moment, qu’il se permit de regarder à droite et à gauche, les flèches de ses adversaires afin de se faire une idée de son positionnement rapidement.


tir de dés : 8, 5, 7

Le niveau semblait être élevé, les scores furent serrés. Les plus médisants diraient que les cibles étaient proches et donc qu’il était normal que beaucoup d’archers réussissent brillamment à avoir de très jolis scores. Cependant un classement s’établis rapidement. Lord Patrek Mallister (@Myrielle Lannister) prit la tête du tournoi avec presque une facilité déconcertante. Probablement l’homme le plus expérimenté du groupe, il était logique au final qu’il s’empare de la première place. Le public l’acclama ravis de voir leurs paris s’avéraient correcte. La deuxième place fut prise par ser Symond Pynède (@Vaelle Velaryon). Peu de surprise également, protecteur du jeune seigneur Velaryon ses compétences martiales n’étaient plus à démontrer. La troisième place créa cependant la surprise. Un score ex aequo entre deux bieffois dont l’un qui créa la surprise. Hereward Graceford (@Clifford Swann), malgré son jeune âge et le peu d’expérience réussi à se hisser à la troisième place avec Alyn des Essaims (@Naerys des Essaims), à seulement un petit point d’écart avec la deuxième place. L’excitation grandit dans le publique face à cette surprise inattendue. En cinquième place, le dernier bieffois, Triston Pommingham (@Delena Oldflowers), clôtura ce tir groupé des vassaux de lord Tyrell. Le chevalier errant oragois, ser Alaric Swann (@Bethany Selmy) pris la sixième place, suivi par le très jeune couronnien Faenor Gaunt (@Jayne Targaryen), qui aurait bien cru terminer dernier mais il résista et ne flancha pas. Ce ne fut pas le cas de Renly Baratheon (@Wyllam Erongué), une surprise de retrouvé le jeune cerf d’Accalmie à la dernière place de ce tournoi. Peut être trop occupé à fanfaronner qu’à se concentrer ?

Le petit Roi était ravi du spectacle, bien qu’un peu déçu de voir le cerf si bas dans le classement. Les cibles furent reculées à 30 mètres de distance. Car oui, la première manche était une manche d’échauffement. Les choses sérieuses commençaient réellement.

De tous ceux qui concourraient à ses côtés, Patrek Mallister ne connaissait que le Baratheon. Seulement de nom en réalité, mais il fut surpris de le voir s'incliner le premier. S'ils avaient peut-être moins d'entraînement, il fallait cependant reconnaître au six autres hommes la vigueur de la jeunesse. Symon Pynède (@Vaelle Velaryon) lui avait l'air d'être un sacré freluquet. Comme de ceux qui avaient été de ses compagnons de jeunesse, qu'il avait été, et qu'il était peut-être encore un peu... On peut dire ce qu'on l'on veut, le bras est plus sûr à vingt ans qu'à quarante, la vue meilleure aussi. Et même si sur ce point Lord Mallister ne se sentait pas diminué par les années, la fatigue ressentie dans ses muscles et ses tendons à la suite de ce premier tour de chauffe inquiéta le Conflanais. Il n'était pas certain que l'avantage pris demeure s'il se mettait à trembler comme une feuille sur le point de se faire saisir par l'hiver.

Dans les gradins qui applaudissaient sa première place temporaire, un petit signe de la main accompagnée d'un sourire juvénile attira son regard et l'amusa autant qu'il le galvanisa. Il y a des souvenirs qui vous poursuivent toute une vie et qui vous figent même dans l'éternité pour  ceux qui vous ont aimé. Parfois, la mémoire le garde intact, presque palpable, parfois il se réduit à des bribes d'image, de sons ou d'odeurs. Ce jour pourrait être de ceux-là pour Agnès, celui où son père fut acclamé par la moitié du royaume. C'était faux, évidemment, mais allez savoir ce qu'il se passe dans la tête d'une petite fille de six ans... Et cela, autant que sa fierté personnelle quelque peu titillée par Ser Pynède à sa gauche, finit de convaincre Lord Mallister de ne pas quitter la tête du classement tant que ses flèches obéiraient à sa volonté.

Alors que les cibles étaient reculées à trente mètres, Patrek  fit signe à son écuyer de lui apporter une gourde pour se désaltérer. Laissant l'eau vivifiante glisser le long de sa gorge sèche, il allait puiser sa concentration dans la cime des arbres qui bruissait doucement. A peine un chuchotis égayé par un merle bavard.

"Et que disent vos bras, à cette distance, Ser?"

Ses yeux se plissèrent en une bravade espiègle comme il interrogeait du regard son concurrent direct. Vu d'ici, le rond central était aussi gros qu'une pomme. Patrek reprit position tandis que le jeune Frey lui rapportait ses flèches. Il souffla sur la pointe pour en retirer la poussière de la cible et sur les plumes pour les redresser. Il essuya la moiteur de sa paume sur son pantalon avant de s'en saisir de nouveau et d'encocher la première. L'Aigle affermit sa posture sans quitter du regard le centre de la cible, tira sur la corde tendue jusqu'à ce que son souffle effleure les plumes de l'empennage. Puis lorsque son instinct le lui dicta, il libéra le trait qui fila droit vers son objectif, suivis par les deux autres.

Un sifflement admiratif franchit les lèvres de Symon tandis qu’il mit théâtralement sa main en visière et se penchait en avant pour observer les tirs de son voisin.

“Lord Mallister, j’aurais espéré qu’on vous casse les bras à vous, plutôt !” rigola-t-il en tendant son arc court au garçon qui patientait derrière lui.

Sans surprise, on annonça le seigneur conflannais premier tandis que Symon ravissait la seconde place. “Je dois mieux faire. Je vais mieux faire,” s’encouragea-t-il, vivifié par la compétition. Il préférait avoir à attaquer la première place que la défendre.

L’annonce du troisième à grimper sur le podium provisoire lui fit cependant hausser les sourcils. Il se contorsionna pour voir la cible du bieffois.

“Hereward Graceford ? Allons bon, voilà autre chose !”

En effet, le garçon devait à peine avoir la vingtaine entamée. Il se défendait en dépit de sa chute lors des joutes. Le danger d’être battu par plus jeune - et potentiellement blessé !-, plus que de le vexer, le ragaillardit d’autant plus.

Tandis que des domestiques s’affairaient à reculer les cibles à trente mètres, d’autres apportaient des coupes et des gourdes remplies.

“Jolis tirs !” félicita-t-il le bieffois en buvant une longue rasade d’eau.

Il joignit le geste à la parole et lui asséna une claque de sympathie dans le dos.  

Du coin de l'œil, il repéra la famille Velaryon, installée aux premières loges. Monterys dardait sur lui un regard ennuyé. Il savait que le jeune homme s’agaçait de sa présence constante à ses côtés. Ce tournoi, les joutes, le tir à l’arc… Des bonnes opportunités pour lui montrer que le seigneur en devenir avait besoin de lui. Et qu’il n’était pas qu’un cabotin fier-à-bras. Vaelle l’avait choisi pour une bonne raison.

“Tu as vu, Monterys ?” lança-t-il vers les gradins. “Je pourrai viser une pomme sur ta tête les yeux fermés !”

Il mima l’action. L’intéressé roula des yeux et se retourna vers sa mère à laquelle il prononça quelques mots. Poliment, cette dernière l’applaudit pour sa prestation. Symon la salua d’une main portée à sa tempe.

Il reprit sa place une fois les cibles déplacées. Le garçon le débarrassa de sa coupe pour lui tendre son arc en chêne. Il testa la corde. Le bois était plus rigide. Il le savait, mais s’en étonnait toujours après avoir tiré avec son arc court. L’exercice lui demanderait plus de force.
Au loin, les cibles le narguaient. La dernière place de Baratheon lui rappelait que même les plus expérimentés pouvaient trébucher.

De l’index, il caressa la poupée haute de son arc long avant d’en saisir la poignée. Trois flèches, identiques aux premières, avaient remplacé les anciennes.

“Ah, lord Mallister, ils ne se plaignent pas… Pas encore ! Elles ne sont pas si loin, ces cibles. On croirait pouvoir les toucher en tendant la main !”

Bravache, il servit à l’aigle un clin d’oeil confiant.

Puis, Symon recommença son sempiternel rituel. Il saisit la première flèche par les plumes blanches, la tapota contre sa cuisse et frotta la pointe contre son pouce. Avec le geste de l’expérience, le bois trouva rapidement le repère d’encoche et, au signal, l’arc fut bandé. Sans gémir, les muscles de ses bras précédemment mobilisés soufflèrent.

L’archer garda les deux yeux grands ouverts pour ne pas fatiguer inutilement son visage. “Je dois mieux faire,” se répéta-t-il.

Puis, il tira.

Les muscles de ses doigts se relâchèrent avant d’enchaîner rapidement avec la deuxième, puis la troisième flèche.

Il baissa son arc pour regarder les cibles, grimaçant tandis que la première n'était pas aussi centré qu'il l'aurait souhaité mais retrouvant un peu confiance lorsqu'il constata que sa seconde flèche était bien plus proche du centre de la cible. Alors qu'un classement se dessinait, Triston regarda les cibles des concurrents, considérant celles de Patrek Mallister avec un hochement de tête approbateur tandis que la performance de Ser Renly, ser Faenor et Ser Alaric le rassurait sur ses propres lancers. Il n'était pas le premier, mais il n'était pas le dernier : l'honneur était sauf. Malheureusement pour Triston, il sentait ses doigts se crisper autour du bois de son arc sans parvenir à les détendre : petit seigneur d'une maison presque oublié dans les terres bieffoises, il n'était pas habitué à voir tant de monde autour de lui et cela s'en ressentait dans son attitude. Chez lui, ou même dans un tournoi de plus petite importance, il aurait sans doute réussi à viser plus juste : après tout il était habitué aux cibles mouvantes des bois de Grenadier, un panneau de bois et de foin à quelques mètres ne représentait pas de difficulté particulière. Pourtant, il le sentait au fond de son coeur, remontant dans sa gorge, la boule d'anxiété qui refusait de s'en aller malgré les débuts, fort honorables, de l'épreuve. Pire, il avait le sentiment de percevoir une nuée de fourmis remontant le long de ses membres et la sensation que son enveloppe charnelle était trop petite pour lui. Il se sentait serré. Serré dans ses vêtements, pourtant parfaitement ajusté, confectionné pour son séjour à la Capitale. Serré sur ce terrain où ils n'étaient pourtant pas si nombreux que cela mais que les gradins rendaient plus étroit par leur simple présence. Serré dans son propre corps, il avait l'impression que son sang se réchauffait lentement, bouillonnant dans ses veines, brulant tout sur son passage. Il le sentait dans la longueur de son bras et jusque dans la pulpe de ses doigts, son coeur battant à la chamade.

Il n'écouta pas les quelques échanges, enjoués ou abattus, qui avaient lieu autour de lui. Après tout, il n'était qu'un petit seigneur, d'une petite maison, coincée dans les terres bieffoises : le sujet qui blessait tant son égo était finalement ce qui lui était bénéfique, personne ne lui parlait. Avant toute chose, il fallait qu'il se calme. Il inspira profondément, laissant les participants dans un coin de sa tête, et expira, il entendait les bruits de pas des serviteurs venus reculer les cibles. Il inspira, on trainait l'une d'elle sur le sol sableux de la lice, et expira, quelqu'un le frolait sans doute pour s'assurer que les carquois étaient toujours bien remplis. Ses yeux se rouvrirent lentement, ses doigts cherchant les sangles de son protège-bras en cuir pour le desserrer un peu, jouer des articulations de sa main, faire tourner son poignet avant de le remettre. Il venait de réajuster l'accessoire lorsqu'on sonna le second tour. Loin d'être calmé, Triston avait cependant réussit à se détendre un peu et sentait la fatigue de ses tensions physiques se répandre en lui comme un léger engourdissement, presque une courbature. Encochant une nouvelle flèche, il banda l'arc et tenta de stabiliser son bras, demeurant immobile durant de longue seconde. Une inspiration, puis une autre, il ressentit la souplesse du bois des deux branches de l'arc à travers la tension de la poignée dans sa main. Une inspiration, puis une autre et il lâcha la corde.

tir de dés : 8, 3, 5

S’il avait été doté de dons spectaculaires à l’instar de ceux qui peuplaient ses livres lorsqu’il était enfant, assurément, un furieux orage se serait abattu sur Port-Réal et le lieu où le tournoi de tir à l’arc se déroulait. Certes, ce domaine n’était pas celui où il excellait le plus mais de là à finir bon dernier de ce premier tour ?! LUI ?! Son point s’agrippa avec tant de violence sur son arc qu’il eut lui-même du mal à le desserrer le temps que les serviteurs retiraient les flèches des cibles et que ces dernières s’éloignaient encore plus de lui. Placées désormais à une distance de trente mètres, la difficulté de la compétition s’accentuait. Renly coula discrètement un coup d’oeil vers les spectateurs et, surtout, la tribune du jeune Roi. De là où il se trouvait, il lui semblait qu’Aerion Targaryen affichait un air déçu le concernant et il y avait de quoi. Renly n’était pas déçu de lui. La déception n’était, en l’occurence, pas suffisamment forte pour décrire son état d’esprit.

Il se mit à tourner sur lui-même, comme s’il faisait les cent pas sur un espace très réduit, jetant de temps à autre des regards haineux sur cette fichue cible et sur les flèches qu’on avait replacé au sol, devant l’emplacement qui lui était attribué pour tirer. Il rejeta sa tête en arrière, vers le ciel, puis inspira et expira longuement et à plusieurs reprises pour se calmer. « Il n’en sortira rien de bon si je cède à la colère dès maintenant », pensa-t-il, tentant de retrouver son calme. Il se mura dans un monde imaginaire où il se trouvait seul, sans adversaires ni spectateurs. Dans ce monde-là, Renly se trouvait à Accalmie, dans la grande cour circulaire où il s’était jadis entraîné sous le regard de son frère aîné, Stannis, mais surtout de sa mère, Lady Cassana, qui l’encourageait et croyait en lui même lorsque sa flèche s’échouait lamentablement aux pieds de la cible d’entraînement. Ce souvenir de sa mère l’apaisa et le fit même sourire. Le calme reprit l’ascendant sur la colère et la frustration et, lorsqu’il rouvrit les yeux pour revenir au moment présent, il se sentait près à poursuivre la compétition.

Il regagna sa position et se mit en place, son regard brun passant de la cible à la première flèche dont il s’était saisi et avait placé sur son arc, qu’il banda. Son coeur battait lentement, tout comme sa respiration. « Inspirez par le nez, expirez par la bouche Messire », lui conseillait autrefois l’ancien maître d’arme d’Accalmie. Renly suivit ce conseil et tira, une flèche après l’autre. Toutes atteignirent la cible, malgré la distance.

Dé + nombre de mots:

 | dialogue : gras | pensées : italique

Il n’était pas dernier. Faenor n’en revenait pas. Il n’était pas dernier face à tous les archers plus expérimentés que lui. Certes il était avant dernier mais il était déjà pleinement satisfait. Le jeune homme tenta tant bien que mal de rester dans sa bulle de concentration malgré l’excitation grandissante. Les flèches furent retirées des cibles et ces dernières furent reculer, se trouvant désormais à une trentaine de mètre du pas de tir. L’excitation du jeune homme redescendit aussitôt en voyant la distance. Cela n’allait pas être la même. Il tourna quelques secondes le dos à son objectif, faisant des grands mouvements amples et lent avec sa tête pour détendre ses cervicales. Il ferma les yeux et fit le vide dans son esprit pour se reconcentrer et être en pleine possession de ses moyens.

Ce fut le moment d’y retourner. Faenor réouvrit les yeux, se concentrant sur sa respiration afin qu’elle soit la plus calme et posé possible. Ce n’était pas une mince à faire. Il observa longuement la cible, attendant le signal l’autorisant à tirer. Il glissa sa flèche dans l’encoche, la calant contre son arc à l’aide de son pouce et son index. Tête de la pointe vers le bas, il attendit. Les secondes lui semblèrent être une éternité. L’autorisation de tirer arriva. Il leva son bras, banda la corde pour viser, retira son index de la flèche et dans un souffle d’expiration laissa la corde s’échapper de ses doigts. C’était bien plus dur. Il le voyait, le sentait. Il s’encouragea en silence et recommença l’opération une deuxième fois. Même résultat, même moins bon. Il blêmit, il fallait faire mieux. Sa confiance s’étiolant en entendant les flèches de ses voisins atteindre leur cible avec de meilleur score. Légèrement fébrile, il prit sa troisième flèche. Il se repassa dans sa tête tous les conseils donnés par son maitre d’armes : ne pas se crisper, ne pas tendre complètement son bras, rester souple, et bien d’autres. Il tira et il poussa un soupir de soulagement. Mieux. Il allait probablement être rétrograder à la dernière place mais il avait un dernier joli tir.


tir de dés : 4, 2, 9