Le soleil a un goût amer | Rhaenys

Le soleil brillait dans le ciel de Port-Réal. Un doux soleil illuminant la capitale et baignait d’une douce chaleur les appartements royaux. Mais ce soleil ne réchauffait pas le Dragon Ensoleillé. Il la narguait. Lui, l’astre brûlant si haut dans le ciel. Il la narguait, lui montrait ses étincelles et ses rayons étincelants alors qu’elle, avait perdu ses rayons, son aura si brillante et joyeuse. Le soleil ne brillait plus, le dragon faisait triste mine. Des cernes balayaient son visage pâle, ses cheveux bruns semblaient ternes et laissait voir le manque d’entretien que la princesse leur accordait en ce moment. Son corps frissonnait comme si l’hiver commençait à s’abattre dans son appartement, du moins de l’appartement que lui avait donné Viserys. Ce n’était pas les siens, ce n’était sa maison. Elle ne reconnaissait plus le Donjon Rouge depuis que son oncle avait pris le pouvoir. Elle ne possédait plus rien. Du moins une grande partie de ses affaires avaient finis brûler avec l’une de ses servantes. Pauvre enfant qui n’avait rien demandé, une innocente condamnée à périr par les flammes. Dans la tête de la Hightower, résonnait encore les cris de l’enfant.

Le soleil avait atteint son zénith et la nouvelle Reine, trainait toujours dans sa tenue de nuit. A quoi bon s’habiller alors qu’elle ne pouvait sortir et vaquer à ses occupations habituelles. Elle était l’ombre d’elle-même. Viserys l’avait brisé mais en la brisant de la sorte, il avait perdu tout l’amour qu’elle avait pu lui porter. Toute l’affection d’une nièce à son oncle et tout le respect qu’elle devait à un Roi. La haine qu’elle lui portait grandissait chaque jour un peu plus. Rhaenys n’était plus que rage et tristesse. Personne ne la reconnaissait, personne ne pouvait la reconnaitre. La fille de Rhaegar Targaryen d’ordinaire si joyeuse, si souriante, si impulsive et proche du peuple n’était plus. Sa propre servante et espionne avait du mal à secouer sa maîtresse. La jeune espionne restait avec la princesse du soir jusqu’au matin avant de disparaitre pour la journée à traîner dans la capitale ou le Donjon Rouge pour aider celle qui lui avait tout donné. L’ancienne princesse aurait pu soupçonnait que la jeune fille complotait avec des aides extérieurs mais l’espoir de sortir un jour d’ici, diminuait de jour en jour. La seule chose qui restait allumé chez elle, c’était sa lutte pour ne pas engendrer d’enfant de Viserys. Le thé au lune était devenue sa boisson favorite ces derniers temps.

Rhaenys entendit des bruits à l’extérieur. Son oreille fut attirée mais pourtant elle ne bougea pas, elle resta assise par terre contre le lit de la pièce. Les gardes semblaient déplaisants avec une femme. D’ordinaire, elle aurait jaillit et aurait remis ses gougeât à leur place mais elle n’en avait même plus la force. Son ventre portait encore les stigmates des coups de Viserys et n’importe quel mouvements sollicitant ses abdominaux, la faisait grimacer de douleur. Alors elle écoutait, mais sans réagir ni quoi penser. Le Dragon ensoleillé, ne faisait que fixer le livre qu’elle avait sur les genoux mais qu’elle n’avait pas ouvert. Elle ne faisait que fixer la couverture, le regard vide. Il fallait qu’elle se ressaisisse, mais si elle le faisait, Viserys reviendrait la briser. Cela pouvait ressembler à de la soumission, pourtant elle se débattait toujours avec force quand son oncle venait la voir. Il était le seul à réveiller la dragonne qu’elle était. Et dans sa tête, elle ne cessait de ce considéré princesse et Hightower et non Reine et Targaryen. Mais cela n’était qu’en présence du Roi.

La porte s’ouvrit sur une servante, qui fit une révérence. Rhaenys ne réagit pas, elle ne bougea pas. Immobile. Elle l’écouta pourtant. Le repas. La princesse n’avait pas faim. Elle n’avait rien avalé depuis la veille au soir mais son ventre ne réclamait nullement de nourriture. Cela était devenu son quotidien. La jeune femme ne mangeait que le soir car on la forçait. Résultat, en quelques jours, elle avait perdu du poids, son teint d’ordinaire hâlé, n’était plus que pâle et sans éclat. Elle ne faisait que s’hydraté par elle-même. Le reste, elle refusait. Alors que la jeune servante que la brune n’avait pas l’habitude de voir, ramassait les deux trois affaires éparpillé dans l’appartement, la voix de la Hightower raisonna d’un ton las.
« Tu peux le ramener aux cuisines, je n’ai pas faim. Donne-le à quelqu’un dans le besoin. Laisse-moi juste le pichet d’eau. »

La jeune fille s’agenouilla près de Rhaenys et la jeune femme daigna alors à poser son regard sur la servante. Elle était jeune…elle lui rappelait la douce enfant qui l’avait servi avant qu’elle ne se fasse brûler vive par Viserys. Une enfant…les cris de la petite résonnèrent de nouveau dans la tête de la Hightower. Elle tenta de les ignorer malgré son cœur qui se serrait. Une innocente condamné à brûler pour des crimes qu’elle n’avait pas commis, brûlé pour être fidèle à celle qu’elle servait. La cruauté du Roi était sans limite et la nouvelle reine s’en apercevait au prix fort. Après la douleur physique, la douleur morale. Il avait cherché à la détruire. Mais en la détruisant, il avait réveillé la haine et la disparition du respect. Mais dans son esprit, il n’y avait pas que lui à haïr, il y avait aussi tout ceux qu’il l’avait aidé à prendre le pouvoir et tous ceux qui lui apportaient un soutien. Comme les Tyrell. Cette Margeary Tyrell…Le dragon ensoleillé l’avait plusieurs fois vu rôder autour de son oncle, que pouvait bien murmurer la douce rose, petite fille de la reine des épines, à l’oreille du prince qui ne devait pas être Roi ? Surement lui susurrait-elle de renverser Rhaegar ? Les deux femmes se détestaient, elles aimaient le même homme mais la fille du Roi déchu avait gagné et c’était marié sans vraiment que l’amour soit présent, cela était une relation qu’elle était en train de construire avant que Viserys ne vienne tout lui arracher. L’espoir d’une nouvelle famille, l’histoire d’un amour plus que naissant. Il lui avait tout prit.
« Je n’ai guère l’esprit à me consacrer à la lecture. J’ignore même pourquoi je tiens cet ouvrage dans mes mains…Comment-t’appelles-tu ? »

Rhaenys aimait bien connaître le nom de ses servantes. Même si cela pouvait se révéler être une faiblesse par la suite. Trop connaître les servantes, s’y attacher avaient fini par la blesser au plus profond d’elle-même. Tout ceux à qui elle tenait souffrait ou se voyait tuer. Rowen…Daenerys…Aegon…son père… et cette pauvre enfant…Viserys connaissait ses faiblesses et les utiliser sans la moindre hésitation pour la soumettre, pour la rendre plus docile. Mais l’ancienne Targaryen à moitié dornienne, ne pouvait point être aussi docile qu’il le désirait. Son esprit brûlait d’une haine et d’une vengeance sans merci. Elle ne trouverait pas le répit tant que justice ne soit pas faite. Et elle l’obtiendrait même si elle devait attendre de longues années pour cela. Rubbish lui reproposa les caramels. Cette petite faisait bien se pourquoi elle était payée. Mais la brune secoua la tête négativement.
« Non. Garde de les pour toi, je suis sure que tu les aimes. »

Toujours proche du peuple, toujours près des gens qui n’avait pas le luxe de vivre dans l’abondance. Parfois de petit geste pouvait faire sourire et un sourire en ces temps obscurs étaient le plus beau des cadeaux. Un petit rayon de soleil sur un visage, que pouvait-il y avoir de mieux ? Rien aux yeux de la jeune femme. Elle regarda la jeune servante qui ne semblait pas affecter par tout ce remue-ménage fait par Viserys.
« Dis-moi, connaissais-tu Valla ? La servante condamné par les flammes il y a quelques jours de cela, elle était plus jeune que toi, de quelques années surement. J’aurais un service à te demander par rapport à elle. »

La servante s’assit de façon nonchalante et enfourna un caramel dans sa bouche. Au moins il pourrait servir à quelqu’un. Elle lui donna son nom Rubbish. Cela lui faisait penser au rubis, cette pierre rouge sang qui était magnifique. Jolie prénom. Et son innocence ainsi que sa joie de vivre était belle mais Rhaenys ne le voyait même pas. Elle broyait du noir, et laissait ses idées joyeuses disparaitre six pieds sous terre. Pourtant voir la petite servante se régaler des caramels était une vue qui la ravissait, cependant cela n’arriva pas à arracher un sourire au visage de triste de la jeune femme. Et quand elle lui dit qu’ils étaient doux et simple comme son frère, les yeux de la nouvelle Reine se perdirent dans le vide. Une vie douce et simple, voilà ce que souhaitait le Dragon Ensoleillé à l’heure actuelle mais c’était impossible. Elle était prisonnière de son oncle, elle était sa femme, son épouse, sa Reine. Heureusement, elle arrivait à éviter de porter son enfant grâce au thé au lune. Elle priait pour qu’il ne le découvre pas. Et son frère….Aegon. Où était-il ? Il avait disparu. Peut-être mort. Ou pas. En tout cas il n’était pas là.

Rubbish connaissait Valla. C’était parfait. Rhaenys se leva péniblement et alla fouiller dans une commode près de son lit, elle en tira une petite bourse rempli de cerf d’argent. Elle revint vers la servante qui mangeait des caramels et se rassit tout aussi péniblement qu’elle ne s’était levé. La Hightower voulait dédommager la famille de la servante pour leur perte. A ce qu’elle savait, la famille de Valla ignorait sa mort et comme la brune ne pouvait pas sortir, elle devait confier cette mission à quelqu’un d’autre. Rubbish semblait parfaite pour cette mission. Alors elle lui tendit la bourse contenant les pièces.
« J’aimerais que tu ailles voir les siens, ils tiennent une petite auberge à côté du bordel de Chataya. Ils ne sont pas au courant de sa mort, j’aimerai que tu leur la porte afin qu’ils ne l’apprennent pas de façon plus abrupte. Et donne leur cette bourse en dédommagement de leur perte, de ma part. Viserys ne le fera pas donc je tiens à le faire. Cela ne leur ramènera pas leur enfant, et n’apaisera pas leur peine mais ils auront de quoi vivre de façon agréable durant leur deuil…Peux-tu faire cela s’il te plait ? »

La princesse ne voulait pas obliger Rubbish à faire cette lourde tâche, elle demanderait à Gella quand celle-ci reviendrait mais si la petite servante pouvait le faire, Rhaenys pourrait chasser cela de ses pensées les plus sombres et alléger un peu son cœur meurtri. Ces nuits seraient peut-être légèrement plus agréable sachant la famille de sa servante loin du besoin. Mais rien n’était sûr, cela n’allait peut-être rien changer. Mais la jeune femme aurait au moins l’impression qu’elle avait fait son devoir envers cette famille endeuillé par la perte de leur enfant. La brune espérait que les cris de l’enfant disparaitront avec cet impression de devoir accomplis.

Rubbish accepta d’aller donner l’argent à la famille de la petite Valla. Si cela ne réchauffa pas le cœur de la jeune femme, elle fut néanmoins reconnaissante de ce que ferait la servante pour elle alors qu’elle n’était pas censée être à son service. Rhaenys aurait ainsi seulement la conscience tranquille d’avoir fait ce qui devait être fait. Rien de plus. Cependant ses pensées ternes et noirs, les cris qu’elle entendait été toujours présent dans son esprit. Et malgré le fait qu’elle savait que la famille ne manquerait de rien, les cris ne partaient pas. Les dieux lui faisaient-il payés son incapacité à l’avoir protégé en lui imposant les hurlements déchirant de la fillette jour et nuit ? La Hightower s’en voulait plus que tout de ne pas avoir pu la protéger, mais du coup elle s’était juré de protéger les personnes les plus faibles. Et ainsi elle avait pu sauver Whyatt et Aemon. Désormais ce n’était que le temps qui permettrait aux autres de sortir, de ce sauvé loin de cet enfer immonde qui lui rongeait l’esprit chaque jour un peu plus que le précédent.

La remarque de Rubbish interpella la fille du Roi déchu. Les gens du peuple pensaient-ils que les grand de ce monde était inhumain, cloitrer derrière des masques d’insensibilité, qui ne connaissait point l’amour ? Non. Tout le monde ressentait des choses. Nobles comme roturiers. Personne ne faisait exception. Seulement, les étiquettes imposaient à ceux qui étaient bien né, de cacher leurs émotions, leurs sentiments. Afin que cela ne devienne pas une faiblesse aux yeux des autres. Même le plus cruel de tous les tyrans pouvaient connaître tristesse et désarroi. Cela était rare certes, mais possible. Malgré les crises de colère de Viserys, Rhaenys savait qu’il était capable d’amour, de tendresse et de tristesse. Elle le savait très bien, elle avait connu son oncle avant qu’il ne prenne le pouvoir. Et même aujourd’hui, il était capable d’éprouver de la tristesse. Seulement sa fierté l’empêcher de le montrer. Et la fureur de la princesse l’empêcher de se rappeler que son oncle n’était qu’un homme désemparé et pris au piège par la folie familiale.
« Ils me rongent l’esprit au plus profond de moi…Et tout le monde peut ressentir cela…même les nobles…seulement on nous interdit de le montrer. Car pour beaucoup c’est une faiblesse d’avoir de l’empathie pour les autres en particulier pour ceux qui nous sont inférieur en rang social. Alors qu’au final nous sommes tous pareil…Riche comme pauvre… »

Rubbish ne comprendrait surement pas l’intérêt de tout cela, elle n’avait pas grandi dans ce milieu. Et même en grandissant dans ce milieu, Rhaenys n’avait pas compris. Et elle n’avait jamais caché ses émotions et ses sentiments. Elle voulait en faire sa force et la retourner contre ceux qui pensaient le contraire. Elle voulait retourner toutes la tristesse, la haine qu’elle ressentait contre Viserys. Lui montrer que sa cruauté ne le mènerait nulle part à part jusqu’à la mort ou à la révolte de ses sujets. Même s’il avait épousé deux Reines aimées du peuple, cela ne changerait rien. Le Dragon Ensoleillé n’avait pas le droit de sortir, elle était cloîtrer dans ses appartements soigneusement gardé par trois chiens de garde qui ne la laissait pas sortir. Quand à Dany…la brune ignorait ce que sa tante devenait. Etait-elle bien traitée ? Etait-elle torturée comme Viserys la torturait elle ? Non surement pas, la dernière des Targaryen était trop docile, trop facilement manipulable et impressionnable. Mais Rhaenys se doutait que la jeune enfant à la chevelure d’argent souffrait tout autant de sa captivité. C’était trop dur pour un si petit être si frêle. Ce qu’espérait la Hightower désormais, c’était que cela réveil le dragon qui sommeillait en Daenerys. Qu’elle se rebiffe, qu’elle se batte, qu’elle se mette à grogner et à montrer les crocs. Qu’elle s’affirme et arrête d’être une victime de ce monde de brute.

L’innocence de Rubbish faisait peur aux yeux de la Reine. Elle refusait de voir en Viserys le tyran qu’il était. La colère de la jeune femme revint au fond de ses tripes, mais elle ne pouvait pas l’exprimer face à un être si naïf. Elle devait lui faire ouvrir les yeux, elle devait lui montrer que le Roi n’était pas celui qu’elle croyait.
« Tu es bien naïve. Penses-tu qu’il m’a lécher le choix de l’épouser ? Penses-tu qu’il m’a laissé faire mon deuil de mon défunt époux dont je n’ai toujours pas vu le corps ? Penses-tu que je me laisse faire quand il souhaite accomplir son devoir conjugal ? Et penses-tu que mon corps se meurtri tout seul au point que chaque mouvement me soit douloureux ou que je me l’inflige moi-même afin de le mettre sur le dos de mon oncle de Roi ? Non…J’ai voulu faire le deuil de mon époux, je n’ai pas pu. J’ai refusé avec force d’épouser mon propre oncle qui devait aussi épousé sa propre sœur. Mon ventre porte encore les stigmates de mon refus et Valla l’a payé de sa vie. Je n’ai jamais écarté les cuisses de bonne grasses, mon corps en subit les conséquences à chaque fois qu’il vient me rendre visite.

Et le peuple…pourquoi tant de bucher sont allumés tous les soirs ? e ne sont point des criminels qui sont mis au cœur des flammes. Non…ce sont des pauvres gens comme toi, innocent de tout fait. Qui était juste fidèle à ce qu’il pensait juste. Cela les a conduits sur un bucher pour faire un sacrifice à un dieu païen. La sorcière Rouge a brûlé le Grand Septon, celui même qui représentait notre foi. On nous interdit de croire au Sept. Et malgré le fait qu’on puisse respecter cette nouvelle croyance, Viserys ne respecte plus l’ancienne. Donc à ses yeux mon mariage dont tout Westeros a été témoin, n’avait aucune importance à ses yeux. Je n’étais donc pas veuve. Je n’étais que quelqu’un à purifier par le sang Targaryen car je fais trop Martell aux yeux de tous. Pour être la pâle image de feu ma mère, la Reine Elia, il m’a prise pour femme contre mon gré. Je n’ai jamais voulu que Valla paie pour mon refus de soumission à un homme qui m’a tout prit. Et pourtant il a brûlé une innocente sans sourciller. »

Rhaenys fixait Rubbish de ses yeux bleus. Ils n’étaient soudainement plus ternes, mais il brillait d’une flamme de désir de rébellion. De se battre pour la liberté.
« Je ne me bats pas contre mon oncle, ou un Roi. Je me bats pour la liberté, la liberté que je possédais avant que mon père ne soit déchu. Est-ce un crime de se battre pour sentir ce gout ? »