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Daddy's little girl. [SOLO]

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Daddy's little girl
An 302, Lune 9, Semaine 2

Après sa dispute avec Shoren, Shyra avait choisi de se détendre en passant du temps avec son chien Rain. Elle était assise sur un banc de la cour à l’extérieur du château, observant Rain qui tentait lui d’amuser sa maîtresse. Ils avaient un fort lien tous les deux, et celui-ci avec remarquer que cette dernière avait mauvaise mine. Toujours dans ses pensées, Shyra y fut sans y attendre sortir par un serviteur qui lui informa simplement qu’après le dîner son père Arstan voulait la voir. Shyra acquiesça avec un hochement de tête, sans dire un mot. Elle savait pourquoi son père voulait la voir, elle savait qu’il connaissait la situation. Shyra s’en y était attendue, dès qu’elle avait évacué sa frustration elle savait que cela allait avoir des conséquences. De froides conséquences. Durant le dîner, Shyra ne disait pas un mot, elle ne relevait même pas le regard vers son frère, sa belle-sœur et encore moins son père. Elle ne souhaitait pas se faire remarquer, elle voulait qu’on l’oublie. Shyra se leva juste après son père qui lui avait une nouvelle fois demander de le suivre, baissant le regard pour qu’aucune des personnes présentes ne puissent y voir de l’appréhension. Elle passa rapidement la porte du bureau, la refermant avec soin avant de faire quelques pas pour en être dans son centre, toujours le regard baissé vers le sol. Shyra n’osait pas. Elle n’osait pas regarder son père dans les yeux. Elle préférait s’y en détourner que d’affronter un regard rempli de honte et de colère. Car oui, c’était un sentiment de honte qu’elle pensait que son père ressentait en ce moment.  « J’espère que tu as mis à profit le temps que tu as eu, cette après-midi, pour réfléchir à ce qui s’est passé entre Lady Shoren et toi. » commença Arstan, d’une voix plutôt sèche. Shyra souhaitait déjà que ce moment passe le plus rapidement possible. Elle jouait nerveusement avec ses mains aux phalanges tremblants, sans même s’en rendre compte... « Mais, je parlerais le premier. » son père avait-t-il tranché. Shyra était fixée, elle n’aurait pas l’occasion de s’expliquer. Pour tenter de diminuer la pression, Shyra avait rempli ses poumons d’airs, avant d’expirer doucement.
« Est-ce là l’éducation que je t’ai donnée ? » commença son père en laissant de plus en plus la colère monter en lui.
« En tout cas, j’imagine que ceux qui pensent que tu aurais dû vivre avec ta tante ou ton grand-père applaudiraient des deux mains et me regarderait avec cynisme en entendant le récit de tes paroles ! » continua son père. Elle sursauta très légèrement, son père avait repris d'une façon colérique la parole en pointant l’éducation qu’il lui avait donnée. Shyra pinça des lèvres, c’était la première fois que son père s’énervait autant sur elle, la première fois qu’elle l’avait déçu. Elle ferma les yeux, comme suppliant R’hllor d’apaiser son père.

Shyra avait laissé sa frustration explosée lors de son entretien avec sa belle-sœur, une frustration qui faisait part en elle depuis maintenant deux lunes.
Mais qui était-elle pour répondre aux piques voilées de celle-ci ? La fille d’Arstan Cafferen certes mais elle n’était pas légitime, c’était une bâtarde alors elle n’avait pas le droit de répondre à Shoren, tel était sa place. Alors ça elle le voulait lui expliquer, lui expliquer ses paroles, pourquoi avait-elle été si hautaine. « Père… Lady Shoren a mis à rude épreuve ma patience. Pendant deux longues lunes j’ai essayé de lui accorder du temps, j’ai essayé d’être cordiale, d’être serviable en vain. Tous mes efforts de la veille ont été mis à néant par le simple fait qu’elle ne supporte la présence d’une bâtarde.  Son regard, son comportement froid et méprisant ont eu raison de moi. Je m’en rends navrée, fortement mais aujourd’hui que dois-je faire… ? Je n’ai jamais été habitué à vivre cela… du moins ici… chez moi ! » n’avait-elle pas su sortir de sa bouche. « Je… » sortit-t-elle d’une petite voix à peine audible. Elle n’osait pas s’expliquer, elle était fautive et regrettait désormais. Shyra avait déçu son père et elle tenait vraiment à se rattraper, quitte à se faire sermonner sévèrement par celui-ci… elle le méritait pour ce qu’elle admet « avoir craqué naïvement » et avoir indirectement donné raison à ses détracteurs quant à son éducation.
« Peut-être suis-je à blâmer pour cela dans ce cas ! » déclara Arstan. « Ton frère a été envoyé vivre dans le Bief là où il se voyait sans cesse rappeler quelle était sa place dans ce monde, pendant que je te traitais avec égard, ici à Bourgfaon, pensant que cela ne t’empêcherait pas de comprendre qu’il est important, dans la vie, de se montrer humble ! » ajouta son père.

Tavish avait été fort, plus jeune il avait été très fort. Shyra le savait, il avait été envoyé vivre dans le Bief pour y suivre une formation afin de devenir chevalier. Là-bas il n’avait pas le droit à la moindre erreur, c’était largement plus compliqué qu’à Bourgfaon. Il ne fallait qu’il fasse l’erreur qu’elle avait faite plus tôt dans la journée, il ne pouvait pas « exploser ».
Pour y avoir fait l’expérience, Tavish avait dû avoir un mental solide pour supporter tous ces faits révoltants. « Rester à sa place » s’en était la véritable définition, c’était une réplique qui insupportait la bâtarde. Elle ne pouvait évidemment pas l’exprimer mais elle avait l’impression d’être réduit à une véritable moins que rien lorsqu’on lui rabâchait cette phrase en pleine figure. Le terme est dénigrant, rabaissant, rien de mieux pour mettre en colère la jeune Storm. Mais évidemment, elle ne pouvait que se taire.
« Ta mère était humble… Trop humble, sans doute… » avait conclu son père sur un ton plus doux. Généralement lorsque son père lui parlait de sa mère, c’était toujours pour lui apporter des anecdotes positives ou pour lui rappeler à quel point elle lui ressemblait. Shyra avait donc pincé des lèvres lorsque son père avait évoqué le nom de sa mère dont elle gardait peu de souvenir. Lorsque Ravella avait décédée, elle n’avait que deux ans. Elle ne connaissait réellement sa mère que par le biais des histoires de son père et comme il venait de le prononcer, il lui racontait souvent qu’elle était humble, peut-être même trop. Elle lui ressemblait peut-être physiquement mais au fond Shyra le voulait, elle souhaitait acquérir la sagesse que sa mère avait. Peut-être était-ce la seule chose qui lui manquait, elle le reconnaissait, elle avait des défauts. « As-tu un jour eu à t’occuper du ménage ? » lui demanda Arstan. Bien sûr la réponse était négative, il le savait mais Shyra tourna négativement la tête de gauche à droite pour confirmer.

Son père la traitait justement, elle n’avait jamais manqué de rien et il lui offrait tout ce qu’elle désirait. Même si elle n’en abusait guère, peu de père l’aurait fait, peu de père aurait traité leur bâtarde de la sorte. Elle le remerciait lui et le maître de la lumière pour ça. Mais encore une fois, si elle avait parlé de la sorte à Lady Shoren c’était pour une raison, qu’il ne comprenait clairement pas certes mais ce n’était pas de la méchanceté gratuite. Elle s’en voulait d’avoir réagi de la sorte mais pour des raisons déjà expliqués Lady Shoren l’avait faite exploser. Comme Lady Shoren lui avait fièrement rappelé, elle était la maîtresse de la maison, une lady Cafferen et Shyra en tant que bâtarde ne pouvait s’adresser à elle de la sorte et lui « donner » des ordres. Mais à peine Shyra y pensait qu’Arstan l’avait une nouvelle fois sursauté. « Non, jamais ! » confirma Arstan d’une voix forte.
«  Pourtant, tu te permets de demander à ta belle-sœur de s’occuper d’une telle tâche ! » ajouta son père. « Cela est inacceptable venant d’une Cafferen comme c’est inacceptable venant du Storm. » trancha Arstan. « Que Lady Shoren te reproche silencieusement ton statut, je veux bien le croire. Cela ne me plaît pas mais elle n’avait pour l’heure rien fait qui me permettait de la réprimander sur ce point. » expliqua son père. « En revanche, toi, Shyra, tu t’es mise en défaut. Tu as dépassé les bornes ! » s’énerva Arstan, abattant son point sur son bureau. Naturellement, elle avait reculé d’un pas. C’était sans doute la première fois que son père lui adressait la parole de la sorte et elle espérait que ce serait la dernière fois, elle ne pouvait l'endurer autant en colère contre elle, c’était quand même son père. Jouant de plus en plus avec ses mains, signe de stress, Shyra avait légèrement relevé le regard vers son père lors du moment de blanc sans dire un mot. Que pouvait-elle dire ? Rien. Elle l’avait déjà accepté, elle avait déjà pris en compte son erreur de s’adresser à Lady Shoren de la sorte… elle se rattraperait et elle ne recommencerait plus. Elle avait compris, elle avait compris la leçon. Son père inspirait, apparemment légèrement calmé après son geste d’énervement.
« Tu envies Lady Shoren car elle est la dame de la maison…C’est un rôle que tu dois pourtant accepter qu’elle endosse sans discuter. Mais, rappelle-toi que tu bénéficies de libertés qui ne lui ont jamais été octroyées… » dit son père. Arstan s’expliqua :
« Cela te chamboule que ta belle-sœur ne te traite pas avec les égards que tu espérais, c’est une chose. Mais cette once de pouvoir que tu envies peut-être à Lady Shoren vient avec des devoirs aussi, des devoirs dont tu n’as pas à te soucier... » lui rappela son père.

Ces nouvelles phrases que lui avait dite son père l’avaient cependant faite froncer les sourcils. Elle ne comprenait pas, qu’est-ce que cela voulait dire ? Envier Lady Shoren ? Il était bien évidemment certain que personne aurait préférer naître bâtard mais maintenant devons-t-on lui reprocher d'envier certaines choses que possède sa belle-sœur ? Non, plutôt les nobles ? Elle avait des devoirs elle le savait, ils n’étaient pas les plus faciles certes mais avait-elle elle aussi seulement des libertés ? L’unique liberté qu’elle avait contrairement à Lady Shoren était celui de choisir son époux mais Lady Shoren avait-elle à choisir respectueusement ses habits en dehors de Bourgfaon pour ne pas heurter la noblesse westerosi ? Ne même pas pouvoir représenter sa famille, son appartenance ?  Était-elle appelée péjorativement par son statut lors de ses sorties ? Avait-elle manqué de se faire agresser POUR son statut ? Devait-elle péniblement se taire lorsqu’on heurtait à sa fierté comme lui reprochait justement son père a l’instant-ci ? Devait-elle affronter tous ses regards méprisants et hautains pleuvant sur elle ? Était-elle privée de se rendre à certains événements en compagnie de sa famille ?  Oh qu’elle en oubliait. Elle n’oubliait aussi pas les nombreux conforts que lui offraient son droit de naissance comparer à une bâtarde. Alors oui il était malheureux qu’elle ne puisse pas choisir son mari, ça Shyra le concevait mais c’était bien trop hypocrite d'annoncer préférer être née bâtarde qu'une lady. En comparaison, il était largement plus facile de vivre comme une noble surtout qu'en fin de compte, Shoren aurait pu tomber sur mille fois pire. Enfin, là n'était pas la priorité, elle devait absolument se rattraper et se faire pardonner auprès de son père. Shyra avait donc relevé la tête vers son père, le regardant afin de savoir s'il allait continuer sa phrase mais sans plus attendre elle avait pris la parole doucement. « Je suis désolée père, j'en fais la promesse, je m'excuserai, je m'excuserai pour tout ça... » avait-elle annoncer, l'air résignée.

C'était peut-être le meilleur moyen d'en finir avec cette histoire. « Bien. » répondit son père d’une manière bien plus calme. « Si tu désires parler, parles. » dit son père avant de s’appuyer contre un mur proche de sa fenêtre. Les minutes qui venaient de se passer avaient paru pour Shyra comme une éternité, elle pensait que cela n’allait jamais se finir. Fort heureusement, Arstan n’était pas un homme colérique de nature alors il arrivait bien vite à retrouver son calme, comme à l’instant. De plus, Shyra n’aimait guère voir son père dans cet état, surtout à cause d’elle. Ainsi, son père lui avait demandé de prendre place, ce qu’elle fit très rapidement. Il lui avait aussi demandé si elle avait quelque chose à rajouter. Shyra n’avait rien à rajouter, pour ce qui était du cas Shoren mais elle tenait à montrer à son père qu’elle ne voulait pas le décevoir, que la colère l’avait emporté et que plus jamais elle se comporterait de la sorte. Après tout, qu’était-ce la fierté lorsqu’il s’agissait d’un parent ? Surtout d’Arstan. « Je tiens à m’excuser aussi auprès de vous, plus jamais cela ne se reproduira, la colère ne m’emportera plus… » dit-elle sincèrement, orientant ses yeux ambrés vers la fenêtre où se détenait son père.  « Je vous en fais la promesse... » conclut-elle, en orientant ses iris vers le bureau. Peut-être était-elle maladroite dans sa démarche mais ses excuses étaient sincères, elle tenait réellement à se rattraper aux yeux de son père. Arstan Cafferen est après tout l’un de ses deux êtres les plus chères au monde.
« Bien. » répondit son père, d’une voix encore bien plus douce.
« Ton frère fait de son mieux avec ce mariage, avec son statut d’héritier… Ne lui rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà, c’est compris ? » lui demanda-t-il sur un ton rassurant. Shyra avait aussitôt hoché la tête, si c’était pour son frère, alors elle le ferait, elle se tiendrait tranquille, elle lui redevait bien ça. Après que son père lui ait permis de quitter le bureau, elle le fit s’en allant directement dans sa chambre.



Codage par Libella sur Graphiorum


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