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[Flashback] Nos jours heureux [Lester]
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Nos jours heureux
Lester Morrigen & Shyra Connington
An 298, 9ème lune - La Griffonnière
Port-Réal.
Le mot tournait et résonnait dans son esprit sans qu’elle ne parvienne à s’en défaire, ni à s’en trouver apaisée, dansant devant ses yeux dès qu’elle se risquait à fermer les paupières : depuis qu’elle avait reçu le corbeau de la capitale ce matin, la suzeraine de l’Orage ne cessait de tourner en rond, visiblement préoccupée par une nouvelle qui n’était ni pour l’enjouer, ni pour la rassurer.
Port-Réal.
Les souvenirs de sa dernière visite à la capitale, qui remontait à il y a quelques années maintenant, lui revenaient parfois par bribes, ajoutant à son agacement une note de désarroi supplémentaire : elle avait détesté quasi-chaque seconde passée dans cette ville, entre sourires courtois et faux semblants, le parfum des jardins royaux et les embruns de la baie de la Nera peinant à recouvrir l’air nauséabond qui émanait de Culpucier. Un palais d’or et d’argent surplombant une mare de boue et d’excréments, dans laquelle pataugeaient et tentaient tant bien que mal de se démener la majeure partie de la population de la Couronne. Des jours passés dans l’ombre de Jon, à subir un rôle de femme que l’absence de son mari à la Griffonnière lui permettait de passer outre, lui laissant la main libre sur bon nombre d’actes et de décisions sur lesquels elle n’aurait bientôt plus son mot à dire.
Sentant sa précieuse liberté lui glisser entre les mains, le Griffon Blanc serrait les dents et les poings, plus qu’inquiète à l’idée de laisser le domaine entre les mains d’un homme en qui elle n’avait aucune confiance, et pour lequel elle n’éprouvait nulle sympathie.
Les mots de son époux étaient cependant clairs : Ronnet Connington serait le représentant officiel de la maison Connington à la Griffonnière en l’absence de Shyra, dont il sollicitait la présence à Port-Réal, dans le seul but de…
Elle peinait encore à réaliser, mi- sidérée, mi- abattue par l’évidence que Jon lui imposait via ces mots clairs et concis dont il avait le secret : elle devait se reposer. Epuisée par une nouvelle fausse-couche dont elle pouvait enfin affirmer s’être remise, elle approuvait ces mots du bout des lèvres, mais rejetait en bloc la situation que Jon lui imposait et envers laquelle il lui avait précisé ne tolérer aucun refus : le rejoindre à la Capitale afin de laisser les rênes de la régence de l’Orage à son cousin et de profiter du climat de la Couronne pour prendre du repos.
Et concevoir enfin l’héritier tant attendu. Jon avait eu la délicatesse de ne souligner uniquement que son inquiétude envers sa santé et son rétablissement : mais le ton pressant de la lettre dissimulait de toutes autres attentes, que la Griffonne avait décelées sans trop de mal. Après près de dix ans de mariage, il n’était guère difficile de deviner quelle était la seule chose qui pouvait encore faire défaut à son mari, dont la situation était probablement l’une des plus enviables de toutes les Sept Couronnes.
Soupirant d’un air désabusé, Shyra finit par déposer la lettre reçue plus tôt sur le petit bureau de bois sombre qui trônait dans ses appartements : il fallait se rendre à l’évidence, la relire une fois de plus n’en changerait pas le contenu. Se relevant lentement, la Griffonne se dirigea vers la fenêtre de son bureau, qui donnait vue sur les côtes accidentées bordant les terres des Connington ; d’un geste absent, elle effleura son ventre trop plat, trop vide, dans lequel flottait une sorte d’absence qui lui étreignait le cœur un peu plus chaque jour, comme une vague nausée qui ne la quittait jamais réellement. Ses yeux bleus s’égarèrent l’espace de quelques instants dans les eaux de la baie des Naufragés, dont les vagues se brisaient à intervalles répétitifs sur les falaises claires de la Griffonnière, tandis qu’elle sentait une profonde lassitude l’envahir soudainement.
Peut-être que Jon avait-il raison, finalement : peut-être avait-elle réellement besoin de repos.
Elle s’était rarement sentie aussi fatiguée.
« Lady Connington ? »
La voix tremblante et respectueuse de mestre Tybor traversa la pièce, dans un faible chevrotement qui fit néanmoins se retourner Shyra, laquelle salua le vieil homme –qu’elle n’avait entendu frapper à sa porte et dont la présence l’avait brutalement tirée de ses pensées- d’un respectueux signe de tête, l’enjoignant à poursuivre ses propos :
« Lester Morrigen vient de se présenter à nos portes, il demande à s’entretenir avec vous ma Dame. »
Le vieux mestre suspendit sa phrase, n’allant pas jusqu’à l’interrogation en voyant les sourcils de sa suzeraine se froncer brièvement, son visage se peignant d’une expression étrangement soucieuse. Scrutant ce dernier avec inquiétude, Tybor se tint aussi droit que son dos voûté par les âges le lui permettait, attendant patiemment une réponse que la Griffonne finit par lui donner d’une voix qu’il avait connue plus assurée et plus impérieuse, dans laquelle il ne put s’empêcher de déceler une note de doute :
« Faites-le entrer Tybor. »
Ce dernier se retira sans un mot, hochant simplement la tête tandis que Shyra se détournait déjà, venant à nouveau s’appuyer contre sa fenêtre tandis que la porte se refermait en grinçant sur la silhouette du vieil homme. Et à nouveau, un soupir s’échappa de ses lèvres crispées.
Lester Morrigen était bien le dernier homme qu’elle désirait voir en ce jour, puisse-t-il être également le seul dont la conversation paraissait trouver un semblant d’intérêt à ses yeux orageux. Le fils aîné de Lord Morrigen était intelligent, peut-être trop intelligent à son goût, et présentait également un certain et irritable don pour déceler le moindre de ses mensonges ou la moindre de ses humeurs réelles, puisse-t-elle tout faire pour tenter de les dissimuler à ses yeux bien trop vifs.
Et au vu et au su des nouvelles qu’elle venait de recevoir, aujourd’hui n’était décidemment pas le jour pour recevoir l’homme en quel elle avait le plus confiance, mais également dont elle se méfiait le plus. Mais elle savait que si elle refusait l’entretien, ce dernier se douterait immédiatement que quelque chose n’allait pas, probablement même plus que si elle faisait le vain effort de le recevoir et de tenter de conserver les apparences.
Prise au piège, une fois de plus, la Griffonne se mordit la lèvre inférieure, pianotant sur l’encadrement de bois légèrement terni par le vent et la pluie, ne sachant réellement quelle attitude adopter. Elle n’eut cependant –et peut-être heureusement- pas le temps de tergiverser bien longtemps, un nouveau frappement contre la porte résonnant une fois de plus dans ses appartements.
Elle n’eut besoin de se retourner pour s’assurer de l’identité de son visiteur lorsque le panneau de bois pivota sur ses gonds : à force de le fréquenter, elle connaissait désormais presque par cœur le pas de son vassal, sa manière d’ouvrir une porte, sa façon d’entrer dans une pièce, de se déplacer ; intuitivement, Shyra sut à qui elle avait affaire avant même que ce dernier ne s’annonce, et ce fut d’une voix atone, sans réelle surprise, ni réjouissance, mais également dépourvue d’agacement qu’elle le salua :
« Bonjour Lester. »
Elle ne bougea pas d’un pas, continuant à lui présenter son dos le long duquel coulait une longue natte sombre, dont la pointe flirtait presque avec le creux de ses reins. Elle portait une longue robe aux teintes sombres, dont l’apparente simplicité trouvait néanmoins sa richesse dans les broderies dorées qui en bordaient le col, minutieusement travaillées ; les manches, longues et évasées à leur extrémités, venaient recouvrir de fins poignets auxquels tintèrent de lourds bracelets lorsque ces derniers délaissèrent la fenêtre contre laquelle la suzeraine était appuyée, retombant le long de la courbe de ses hanches, tandis qu’elle se retournait finalement pour faire face à l’aîné de Damon Morrigen. Elle lui lança un bref regard avant de lui accorder un sourire de courtoisie, un de ces sourires vides de sens et empli de faux-semblants dont elle avait le secret et dont elle le savait avoir en horreur :
« Que me vaut le plaisir de votre visite ? » Demanda-t-elle, ses grands yeux bleus le scrutant d’un air inquisiteur dans lequel perçait une pointe d’intérêt, mais aussi de lassitude. « Êtes-vous venu excuser une nouvelle insulte de Lord Morrigen à mon égard où envers l’un de mes vassaux ? »
La question avait été posée d’un ton calme, dénué d’agressivité, peut-être tout juste agrémentée d’une pointe d’ironie : néanmoins, le sourire qui ornait les lèvres de la Griffonne demeura surfait, à l’inverse des rares éclats d’amusement qui avaient le don d’éclairer son visage pâle, tandis que son regard vint se poser sur celui de son vassal, réprimant une remarque railleuse sur le fait qu’il aurait pu, pour une fois, tailler cette barbe avant de venir se présenter à elle.
Elle n’était décidemment point d’humeur à rire cet après-midi.
base crackle bones, modification lawina
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