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(Guyard) When a crow saves a viper.

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When a crow saves a viper

Le silence brisé par le hululement d’une chouette. Une tension montante à la lisière des derniers bois avant le désert dornien. Je sentais une présence.. Les deux hommes chargés de ma protection restaient calmes. Une attitude inhabituelle chez eux. Une longue route en direction de Lancehélion s’annonçait et le plus difficile se situait juste en face de nous. Soudain, des formes distinctes apparurent dans l’obscurité et s’engagèrent sur notre chemin : des brigands. Un de mes hommes m’ordonna de monter à cheval et filer en direction du désert. Je l’écoutai sans le contredire. Mes camarades me rejoignirent à plusieurs mètres, sans savoir que nous galopions vers une nouvelle embuscade. Ils ricanaient de cette maudite intervention, croyant que les mécréants ne furent pas de taille. Un pas ralenti, trop sur.. L’un deux vint à mon niveau pour me demander si tout allait bien. Une réponse positive de ma part, ayant l’habitude de ces mauvaises surprises. L’homme était svelte mais solide comme un roc. Ce n’était pas la première fois qu’il m’accompagnait à Lancehélion. Raïs me suivait dans tous mes déplacements. Il connaissait la route pour Lancehélion par coeur, tout comme celle qui m’emmenait vers mon cher époux. Il était même le seul à savoir pour mon mariage. Le cavalier qui fermait la marche avait aussi un visage fin. Il devait être bien plus jeune.. Raïs l’avait choisi en organisant le voyage. Il portait une longue lance à la main gauche, comme un bon dornien qui se respectait. L’épée fut oublié pendant la courte rencontre. Des erreurs de débutant. Je me situais entre les deux hommes, scrutant les alentours malgré la protection. La vue réduite par la nuit, j’essayais de me fier aux légers bruits qu’on pourrait trouver dans ces environs. Raïs vint alors me chuchoter sa méfiance. Je lui fis un signe de tête pour lui faire comprendre que j’avais compris sa remarque. D’après lui, nous étions surveillés et en nombre inférieurs. Les gardes du corps changèrent de position. Le jeune homme ouvrit la marche pendant que Raïs ne se situait qu’à quelques centimètres de distance de mon cheval. « Quoiqu’il arrive, dirigez-vous vers le désert et ne revenez pas, dame Ashara. » murmura-t-il en ma direction. « Et c’est un ordre. » Il ajouta ceci en sachant parfaitement que je ne serais pas d’accord avec cette idée. Si Raïs m’accordait ces quelques mots, cela signifiait que cette rencontre ne demeurait pas anodine. Nous en avions vécu des mésaventures.. Soudain, l’homme de tête annonça le signal en ayant probablement aperçu un homme. Nous nous enfuyons en direction de l’est au triple galop. Mon cheval prit de l’avance par rapport à mes compagnons. Les brigands sortirent de leur cachette et ce fut trop tard. Un bref regard vers l’arrière et je ne pus m’empêcher de pousser une exclamation en voyant leur corps à terre. Je n’oubliais pas les paroles de Raïs, aller vers le désert car ils ne me suivraient plus. Deux de ces meurtriers se mirent à poursuivre malgré l’éloignement des bois. Le plus ironique ? Je ne possédais pas d’objet de valeur sur moi. Mes affaires pour mes visites à Lancehélion se trouvaient là-bas. Quelle erreur cela serait de montrer sa richesse sur les routes même si ces dernières étaient surveillées. J’atteignis enfin les sols arides dorniens mais les deux scélérats me suivaient toujours malgré la distance. En pleine course, mon cheval perdit l’équilibre et tomba sur le côté droit. Ils ne prirent que quelques secondes avant d’être à mon niveau. J’essayais de reprendre mes esprits face à la chute. J’avais beau tourner la tête en tout sens, cherchant un moyen de m’enfuir, il n’y avait pas de solution. Le cheval avait déjà quitté la zone. Le mépris et la colère se lisaient sur mon visage. Ne jamais montrer sa détresse même dans une situation critique. Un homme s’approcha vers moi, fier de sa prise. Il appréciait l’impuissance de sa proie.. quel bravoure. « R’garde cette beauté. J'avais jamais vu une femme aussi belle » Leurs envies se lisaient distinctement sur leur visage. Il suffisait d’un pas de plus pour qu’il soit à ma portée. La dague camouflée dans ma botte atterrit sur sa joue droite, lui laissant une magnifique trace sur un visage repoussant. J’avais loupé mon coup. « Sale pétasse ! » Un rire moqueur ne put s’empêcher de sortir de ma bouche. Une réaction qui réussit à énerver les deux brigands.


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Le groupe de cavaliers avançait à allure modéré, profitant de la fraîcheur de la nuit pour raccourcir le voyage jusqu'à Lancehélion.
Celle-ci était claire et il était bien plus confortable pour eux de parcourir la route ainsi que sous la lourde chaleur du jour, qui éreintait aussi bien homme que bête, surtout sous l'armure de plate. Même avec des tissus humides par dessus les épaules pour éviter de cuire au soleil, cela restait une véritable gageur.
En remontant la route, le cavalier de tête remarqua plusieurs silhouettes dans le noir. Il leva le bras, poing fermé, les cavaliers ralentirent puis s’arrêtèrent.

- Ser, qu'est-ce qui...

Le cavalier de tête lui fit signe de se taire et pointa du doigt vers la scène.
Chacun plissa les yeux.
Les silhouettes bougeaient selon une chorégraphie ressemblant à nulle autre, des bruits d'échanges armés confirmèrent leurs soupçons, puis un râle d'agonie perça la nuit.
Au loin, un nuage de poussière indiquait la présence d'une ou plusieurs montures au galop. Des fuyards ?
Le groupe partit au trot, sur les traces du premier chevalier.
Arrivés à portée de voix, celui-ci apostropha les hommes du sud avec un accent de l'Orage, à la fois jeune et forte :

- Holà ! Ami ou ennemi ?

Les brigands se retournèrent, surpris, et brandir leurs armes face à ce qu'ils prenaient à juste titre comme une menace. Ils répondirent en dorniens des basses castes, surement des insultes et des invectives visant à se défendre contre ces cavaliers étrangers.
Habitué à reconnaître ces signes d'agressivité, chaque cavalier tirèrent leurs lames et le combat débuta. Le chevalier de tête les dépassa rapidement, jetant à terre un guerrier à la lame sanglante au-dessus, à n'en point douter, d'un cadavre.
Le nuage de poussière avait disparut.
Tels qu'il pressentait les choses, c'était mauvais signe pour la ou les personnes en fuite. Il pressa sa monture aussi vite qu'il pu. Il semblerait qu'il arriverait à temps. Il vit deux silhouettes en retenir une troisième, plus petite, et semblant s'acharner dessus.
Les brigands se retournèrent pour voir qui arrivait en trombe, ils jetèrent leurs prise au sol et se préparait à réceptionner cet intrus.
Seul l'un deux eu la présence d'esprit de se jeter sur le côté. Le cavalier éperonna sa monture, celle-ci se cabra en hennissant et envoya le plus lent à terre, la marque d'un fer sur le front.
Le cavalier descendit de cheval, et empoigna sa lame à deux mains. Il jaugea son adversaire. Posture lâche, pleine de défaut. Sur son visage, une estafilade sanglante, sûrement un coup de dague.
L'homme souriait d'un air mauvais, au loin le bruit des lames s'étaient tus. Parlant avec un fort accent, il baragouina en dornien. Apparemment, soit il disait que ces camarades allaient lui faire la peau, soit que son frère était un fragment de météorite.
Optant pour la première traduction, l'orageux avança en silence vers le dornien, un air passablement ennuyé sous son casque.
Prenant la mouche, son adversaire le chargea en hurlant levant son sabre au dessus de sa tête pour frapper en diagonale.
Une frappe maladroite et fort mal-venu jugea-t'il, le chevalier se fendit, esquiva le coup et sa lame déchira la cuisse du brigand.
Il hurla, se tenant la jambe, un flot de sang arrosa le sable. Il se retourna. Pour voir un reflet de lune sur l'épée du chevalier. C'est la dernière image claire qu'il emportera alors que son torse s'ouvrit en deux. Il s'écroula en arrière les bras en croix, la bouche emplit de sang. Son regard se brouilla sur l'arrivée de sabots.

- C'est terminé. Aucun blessé de notre côté.

L'orageux répondit d'un signe de tête puis se tourna vers la fine silhouette. Il rengaina son arme, puis s'approcha d'elle, et retira son casque en douceur pour ne pas la menacer. Un visage jeune, aux cheveux longs et une barbe qui devait être taillée avant de commencer un long voyage, des yeux noirs et perçants comme ceux d'un corbeau, animal qui ornait d'ailleurs l'écusson des deux cavaliers, la regardait avec un sourire humble et rassurant aux lèvres.
Il se présenta avec ce même accent orageux, en lui tendant la main :

- Milady, je me présente, Ser Guyard Morrigen. Puis-je me permettre de vous aider à vous relever ?