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Méritons la victoire - ft. Richard Morrigen

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Les corbeaux tournaient, comme à leur habitude, autour de la tour que les habitants nommaient avec moquerie le Perchoir. C'était la plus haute tour de Nid de Corbeaux, si haute que les lumières du bureau à son sommet parvenaient parfois à ne pas trouver leur reflet sur le lac. Dans ce bureau, Lester Morrigen, Lord de la maison Morrigen, maître de Nid de Corbeaux, conseiller officieux de Shyra Connigton, et précédemment proclamé honte de la famille par feu son père, faisait les cent pas. Dans sa tête tournaient au même cycle les mots – codés, bien entendu – de la lettre qu'il avait reçu d'un de ses contacts Port-Réal. La situation était alarmante. Ou plus qu'intéressante, selon le type de personne que l'on était. Et Lester se vantait d'être homme à savoir rebondir sur les opportunités.
Sous ses yeux, sur l'épais bureau de bois où travaillait rarement son père, se trouvait une carte des Sept Couronnes. Elle était la première chose qu'il avait fait installer, et elle n'avait pas bougée depuis sa mise en place. Ses coins étaient retenus par des poids, et plusieurs bougies l'éclairaient.
Dans chaque royaume, des figurines de bois sculptées représentaient des forces. Selon leur couleur, il était facile d'identifier si elles étaient amies, ennemis, ou d'allégeance inconnue. Et la carte portait beaucoup trop de gris à ses yeux. Sans compter l'épais point rouge au milieu de sa région, l'armée de Renly, menacée par celle de Jon Connington.
Lester eut une rapide pensée pour Guyard et Shyra. Il avait appris à respecter la suzeraine dans les années passées à travailler avec elle, mais les Baratheon pouvait être imprévisibles. Et elle trop fière. Guyard était un plan de secours, mais Lester craignait que ce plan de secours ne devienne rapidement l'unique plan. Il avait tout fait pour que Renly ait confiance en son frère rapidement et, même si cela lui avait sans doute coûté un précieux homme, si cela pouvait aider l'évasion et, par extension, son plan sur le long terme, à se réaliser, c'était un sacrifice parfaitement acceptable.
Peut-être devrait-il rejoindre Jon Connington. Certes, il avait une mission à réaliser auprès des Lannister, mais c'était l'occasion rêvée de...
Les Sept avaient-ils décidé de le tester, en lui apportant ainsi Jon Connington sur un plateau, ou au contraire de lui montrer que cet homme survivrait à tout ? Après tout, il avait survécu à la prise de pouvoir de Viserys par un simple coup de chance...

Il aurait juste fallu qu'il reste un peu plus à Port-Réal et là...

Il ne servait à rien de se plaindre de ce qui ne pouvait être changé. Et Jon Connington serait sans doute sur ses gardes. Surveillé. Lester risquait bien plus que son nom s'il tentait quelque chose maintenant. Il n'avait pas réussi à tisser de tels liens avec les familles de l'Orage en risquant gros pour de faibles chances de réussite. Tout était une question de calcul et de probabilités. Et le calcul actuel était de faire ce qu'il était attendu de lui. Il avait fait tout ce qu'il pouvait pour l'Orage, et Fern s'occupait de rassembler les informations pour la majorité des autres régions.
Deux régions étaient clefs, et pour celles-là, de simples messagers ne suffiraient pas.
Quelqu'un frappa à la porte. Lester savait de qui il s'agissait, et le laissa entrer.
Comme à son habitude, Richard Morrigen était ponctuel et fiable. Son air sérieux s'était raffermi depuis la mort de leur père, comme s'il avait pris une décision de grande importance, que sa volonté s'était renforcée.
Si cela était une bonne ou une mauvaise chose, Lester le verrait bien assez vite.

« Assieds-toi, Richard. Je pense que nous allons rester tard... »

Lester avait volontairement laissé la carte en pleine vue de son frère. Il savait que, des trois frères Morrigen, il était celui qui avait l'esprit le plus affuté en matière militaire. Il aurait besoin de ses lumières pour deviser une stratégie efficace.
Il tira un verre et une bouteille de vin du meuble près de la fenêtre, avant d'en servir un verre qu'il posa à côté de Richard. Un vin de la Treille, de bonne qualité, mais au taux d'alcool assez faible pour que son frère garde ses capacités.
Lester n'irait pas par quatre chemin. De ses deux frères, Richard était le plus fiable, et celui qui le comprenait le mieux.

« Viserys vient de prendre la couronne. Rhaegar est porté disparu. Je présume qu'avec ces informations, tu peux deviner ce qui va arriver et pourquoi je t'ai fait venir ici... »

Lester s'assit en face de son frère, avant de se verser un verre d'eau fraiche.

« La vraie question est... par quoi commence-t-on ? »
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*Le Seigneur Lester vous demande dans une heure à son bureau*

La phrase tournait dans ma tête. Ces derniers temps, voir même Lester au détour d’un couloir dans le château était une chose exceptionnelle. Pourquoi diable maintenant ? Une moue passa sur mon visage alors que je grimpais les marches du Perchoir si bien nommé. Nous verrons bien. Je frappais à la porte, avec une minute d’avance à ce que je pouvais estimer. Evidemment, on ne fait pas attendre le Maître des lieux.

« Bonsoir Lester. »

Sa réponse fut prompte, il avait besoin de mes conseils. Bien. Autant qu’il le souhaitait. J’entrais dans la pièce, le temps de me charger de cette atmosphère à la fois si familière et si différente. Nos pièces à vivre étaient pour le moins semblables mais celle-ci n’avait pas la même « saveur ». Toutefois, quelque chose attira tout de suite mon regard. La carte de Westeros. La même que celle de mon bureau. Immédiatement mes doigts coururent sur la carte alors que je me dirigeais vers le siège qu’il avait tiré pour moi. Je cherchais à retenir chaque position et estimer les déplacements qui avaient été faits et que je ne connaissais pas encore. Le temps de s’asseoir et de regarder le liquide rouge sang couler dans la coupe, toutes les positions étaient gravées dans mon cerveau.

Lester s’assit devant moi, se servant de l’eau. Evidemment. Généralement quand il buvait c’est qu’il n’avait pas le choix et qu’il trempait seulement les lèvres. Il m’exposa la situation, rien que je ne sache déjà.

« Ce que je vois ? Je vois qu’il est enfin temps de tirer notre épingle du jeu. Les mailles préconçues se desserrent et nous laissent de quoi tisser quelque chose. »

Mes yeux se posèrent sur la carte. L’endroit où Guyard était posté en "observation discrète" contre Renly avec pour objectif de délivrer du Connington.

« Se rapprocher des Connington est un léger pas en avant. » Mes yeux rencontrèrent les siens alors que je portais la coupe à mes lèvres. « Le début le plus raisonnable et le plus petit objectif réalisable pour nous. Tes aspirations sont un bon départ. »

Le vin était comme toujours fort agréable, Lester n’avait pas mauvais goût pour un buveur d’eau. Mes yeux parcouraient à nouveau la carte.

« Après les Connington, il faudrait savoir quels alliés potentiels nous pourrions réunir dans les Terres de l’Orage… » Je cherchais des zones dans la carte de Westeros. « … Voire ailleurs. Etablir des alliances permettrait de réaliser des tenailles en cas de conflits. »

Je relevais la tête pour le questionner sur ce dernier point. Un léger coup de vent fit danser la flamme des bougies, rendant mouvantes nos ombres dans la pièce. Le décès de notre père et les nouvelles responsabilités lui avait donné quelque chose en plus, je ne savais pas si cela était les traits tirés ou des rides au bord des yeux ; mais quelque chose d’un peu plus noble semblait désormais transpirer de lui.

Une nouvelle fois, je portais la coupe à mes lèvres, concentré sur la carte et esquissant des possibilités. Guyard allait revenir de l’escarmouche, je le savais. Je ne portais pas foi en l’irraisonné mais cela je le savais.

« Mon frère, nous valons mieux que notre Père. Crois-moi sur un point, quand le noir Corbeau frappe… Il enveloppe tout. »

Que voulez-vous, j’ai toujours eu le sens de la famille.
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Lester sourit à la première déclaration de son frère. Richard, jusqu'à présent, n'avait jamais montré la moindre once d'ambition. Mais il semblait enfin que la flamme s'était réveillée. Il n'était pas trop tard pour en faire quelqu'un de bien... s'il était guidé dans la bonne direction. Il ne faudrait pas que le second Morrigen devienne trop ambitieux et se décide à détrôner son frère, même si l'ironie de la situation à elle seule vaudrait le sacrifice. Ou presque.
S'il s'avérait un bon disciple, Richard deviendrait sans aucun doute aussi dangereux que Lester l'était. Plus encore, s'il adaptait la stratégie militaire à celle de la cour. Ils feraient sans aucun doute une bonne paire, et cette nuit serait leur premier test en tant que tel.
Le Lord Morrigen hocha la tête à la suite des déclarations suivantes. Chaque déclaration de Richard prouvait que son frère, bien que moins talentueux que lui, n'en était pas moins une créature politique. Une des raisons pour lesquelles ils s'entendaient mieux, tous deux, que Lester et le cadet. Ses priorités étaient les bonnes, et il voyait en la situation une opportunité et non quelque chose à craindre. Cela lui servirait.
Mais, malgré tout, seuls les Sept savaient comment réagirait Richard s'il savait quelle était la réalité derrière la mort de leur père.

Lester avait tissé, à l'époque de son père, une grande toile de relations au sein de l'Orage. Il était ami, si l'on avait pu utiliser ce terme pour une relation aussi distante, avec la plupart des Lord ou enfants de Lord de son âge. Mais il n'avait eu l'occasion de les revoir à la mort de son père, hormis le Lord Cafferen, et ainsi ne pouvait être sûr de leur posture face à d'autres seigneurs.

« Nos alliés dans les Terres de l'Orage sont limités. A part les Connington, nous ne pouvons être sûrs de l'allégeance de personne. Renly avait déjà mis de l'eau sur le feu, mais dès que les autres sauront pour Viserys, les opportunistes iront à droite et à gauche. Je conseillerais de garder un œil sur les Dondarrion. Militairement, de préférence. Leur bâtard légitimé a refusé d'accorder son allégeance à Shy... Lady Connington sans la rencontrer au préalable, et il semble ambitieux au point de faire des erreurs. Peut-être serait-ce le bon moment pour se débarrasser d'un rival un peu trop dangereux. Et de l'autre côté, les Cafferen... si cela ne tenait qu'à Leeven elle rejoindrait sans doute notre camp. Mais Waith... il est imprévisible. Et les Baratheon eh bien... nous savons très bien ce qu'il en est. »

Il ponctua sa dernière déclaration d'un léger coup sur les osts des Baratheon, situés à Lestival pour celui de Renly, et Harrenhal pour celui de Stannis. Tant qu'ils étaient séparés, la situation était à leur avantage. Il faudrait juste espérer que Shyra soit libérée avant que Stannis décide à se mettre en marche, sinon elle serait en position de faiblesse pour des négociations. Les informateurs de Lester le tiendraient au courant de la moindre avancée des forces de Stannis et, dans ce cas, il forcerait la main de Guyard. Il en avait les moyens.
Quant à la position des Dondarrion... Shyra avait été enlevée juste après l'avoir rencontré, et Lester n'avait donc pas plus d'informations. Mais la coïncidence même pouvait en être une. Le Dondarrion avait-il décidé de sécuriser une meilleure place dans l'Orage en aidant Renly à enlever la femme du suzerain de l'Orage? C'était une possibilité à ne pas négliger, et cela ne faisait que rendre Lester plus méfiant envers cet homme au passé beaucoup trop trouble. Il garderait néanmoins ces pensées pour lui. Moins d'autres hommes connaissaient les informations qu'il possédait, mieux il se portait. Le savoir, c'est le pouvoir...

Lester laissa quelques instants à son frère pour accumuler les informations. Ce qu'il dévoilait n'était que de la déduction. Il allait passer à la réelle information qui, il fallait le reconnaître, n'était pas forcément bien plus développée. La situation était beaucoup trop fraiche pour que des décisions soient prises sur des faits. Mais trop attendre verrait la ruine de la Maison, et de tout ce que Lester avait tenté de bâtir. S'ils devaient tirer leur épingle du jeu, c'était en intervenant avant que les autres fassent le premier pas.

« Quant aux alliances hors de l'Orage... le Conflans risque d'être complexe à contacter : les rumeurs parlent déjà de Rhaegar s'y dirigeant, mais je n'ai pas vent que les familles de la région lui soient favorables depuis la rébellion des Baratheon. Et le Val se fermera sans doute comme à son habitude. Mes... contacts n'ont pas non plus de nouvelles de notre amie chez les Baelish. Elle aurait pu nous donner des informations de l'intérieur, mais nous allons devoir nous en passer. »

A chaque déclaration, il rajoutait ou retirait des pions de la carte, selon les informations qu'il dévoilait et qu'il avait reçu plus tôt. Il savait Richard apte à suivre, et enchainait donc rapidement.

« Nous n'avons aucune information en provenance de l'Ouest ou des Iles de Fer. Tywin a quitté le service d'Aerys il y a des années de cela, en disgrâce, alors peut-être désirera-t-il profiter de l'occasion pour se faire bien voir du nouveau roi auto-proclamé. Et les Fer-nés iront là où il y a du profit. Le Bief... il est encore mystérieux, comme le sont Dorne et le Nord. Mes informateurs devraient pouvoir retracer les désirs des Dorniens et des roses d'ici deux ou trois jours, au plus tard. Mais il nous faut nous préparer au pire. »

Lester hocha la tête alors qu'il saisissait le pion représentant l'ost des Stark.

« Les Stark sont nos alliés les plus probables. Honorable comme l'est Eddard Stark, il devrait rester du côté de Rhaegar. »

Lester se rassit et ravala une gorgée d'eau, presque épuisé d'avoir, pour une fois, partagé les informations dont il disposait avec quelqu'un d'autre que Fern.

« Tu as raison, mon frère, nous surpasserons Damon. Mais pour une fois j'aurais aimé le savoir parmi nous. Ce que nous préparons n'est plus de la politique. C'est une guerre à tous les niveaux. »
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J’écoutais ce que Lester me disait, dans l’environnement immédiat des Terres de l’Orage, la situation était quelque peu précaire. Je l’avais aussi remarqué, les corbeaux n’avaient pas fait un franc ballet d’allers et retours lorsque que Damon Morrigen avait choisi de passer dans l’éther. Rien de plus que les messages d’usage à vrai dire. A mon tour, j’hochais la tête quand il parla des Connington. Un léger sourcil arqué amusé quand le prénom, enfin le nom de la Suzeraine passa sa bouche, doublé d’un léger sourire en coin pour moi. La prochaine fois qu’il me dira qu’il a « une entrevue » avec Lady Connington ; je crois qu’il faudra que je réprime un sourire goguenard.

« L’important c’est de damer le pion aux Dondarrion, quant au reste des Seigneurs ici… Trouvons le moyen pour nous rendre indispensables à leurs yeux. »

Mes yeux s’attardèrent sur la carte, prenant une figurine restée sur le côté. Une qui représentait un petit paysan, la manière de montrer les positions des petites gens sur la carte. Pensif je marmonnais malgré moi.

« C’eût été dommage que nous soyons les seuls avec des récoltes valables dans les temps de guerre à venir… Que les autres Seigneurs se retrouvent à cours de nourriture pour leurs soldats et que ceux-ci viennent par chez nous… »


La fin justifie les moyens. L’important était de montrer que nous pouvions être la famille la plus influente de l’Orage. Avec un statut comme celui-là, il y avait une petite chance pour que des gens daignent nous entendre à une échelle supérieure. Je reposais la figurine sur le côté. Les armées de Renly et Stannis étaient divisées et notre frère était dans le nid du premier.

« As-tu des nouvelles de notre frère ? »

Mes yeux se levèrent vers lui. Je ne doutais pas de sa capacité à réussir mais si il avait une quelconque information sur l’avancement de sa mission.

« J’ai peur que ces Dondarrion deviennent une écharde bien sérieuse dans nos pieds. Ils n’ont pas peur de se salir les mains pour se tailler la part du roi. »

La nouvelle information arriva ensuite, celle qui apportait du neuf dans cet enchevêtrement de relations. Ainsi donc le reste du monde ressemblait plutôt à une carpe bien muette. Si Lester en arrivait à dire qu’il n’avait rien c’est que tout était bien scellé. Non n’avions donc personne, personne vers qui potentiellement nous tourner. Mes yeux se posèrent vers le Nord. Les Stark… Le peu que j’avais pu connaître du Nord c’était au cours de visites arrangées par Père et dans les livres. Toutefois, j’aimais cette région. Je regardais Lester. J’avais compris ce qu’il voulait.

« Je ferais route vers le Nord dès que tu me le demanderas mon frère. »

Une nouvelle gorgée de vin. Il eut une parole sur notre Seigneur. J’esquissais une moue et haussais les épaules.

« Bah, penses-tu qu’il aurait agi avec calme ? Selon moi et ses instincts belliqueux, il aurait cherché à mordre de tous côtés quitte à s’épuiser. »

Ma coupe était presque vide, c’en était dommage.

« C’est une guerre certes mais ce n’est pas comme si nous étions aveugles, sourds et invalides. »

Je me penchais vers la carte. « Nous avons des ressources et des cartes à jouer. »

Je me servis un nouveau verre de vin avant de boire.

« Je ne t’en propose pas. »

Mes yeux regardaient partout sur la carte, cherchant un point, un nom, quelque chose sur lequel nous pouvions nous raccrocher.

« Je suis prêt à parcourir du chemin dans les Sept Couronnes pour chercher des alliés potentiels. L’important et ce qui manque trop actuellement c’est de l’unité. »

Je me laissais aller en arrière dans le fauteuil, buvant une nouvelle gorgée de vin. Mon regard s’arrêta sur Lester, prenant le temps de le regarder à la lueur des flammes depuis un bon moment. Il avait changé, son nouveau statut lui conférait une certaine… majesté.

« Je me doute que ton nouveau statut doit te peser parfois mais rassure toi… » Le verre s’abattit sur la table. « … tu n’es pas seul. »

Et encore, je savais qu’il y avait sûrement beaucoup de choses qu’il ne me disait et ne me dirait pas.
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Un léger sourire en coin sur le visage de Richard laissa entrevoir à Lester que la graine avait bien été plantée. Même si ses frères connaissaient l’animal politique qu’il était, il y avait quelque chose que les deux cadets Morrigen ne soupçonnaient pas encore chez leur aîné : sa tendance à ne réellement faire confiance à personne, pas même à la chair de sa chair.
Son alliance avec Shyra n’était pas secrète au sein de la fratrie, il s’en doutait bien. Mais s’il faisait croire qu’il existait plus, entre eux, et que Richard venait à en parler à Guyard, il y avait fort à parier que le bretteur ne saurait se retenir de réagir et de venir faire la morale à son Lord de frère. Ce pseudo-lapsus, à lui seul, permettrait de voir à quel point la conversation que Lester et Richard tenaient serait gardée confidentielle.
Puis ce fut au tour de Lester de sourire lorsque son frère évoqua la destruction des récoltes de leurs rivaux principaux. Oui, Richard devenait quelqu’un de dangereux. Il faudrait garder un œil sur lui, voire l’envoyer à un endroit où il ne serait pas en position de contrer la position de son frère.
L’autre obligation serait de s’assurer qu’il ne prenait pas d’initiative trop brusque : si une idée subite lui venait et que, sans le savoir, il détruisait au passage des plans que Lester avait mis des semaines à mettre en place, cela serait problématique.
Mais ce n’était pas le cas ici. Cette proposition pourrait aider à consolider leur position, au moins auprès de leurs voisins. Mais il faudrait prendre certaines précautions pour que l’on ne remonte pas jusqu’à eux.

« Il y a plusieurs bandes de brigands qui rodent, autour. Il serait peut-être de bon ton de leur envoyer quelques pièces et de leur donner des cibles adéquates. Mais sans oublier de détruire quelques-uns de nos propres champs, afin que cela ne paraisse pas trop suspect. Je te laisserai choisir les cibles les plus stratégiques. »

Une mission simple, mais qui nécessiterait du doigté. Cela serait un bon test de compétences pour son frère. Lester songerait à envoyer un espion suivre le procédé, et nettoyer les traces si besoin était. Et, dans le pire des cas, il pourrait toujours nier être au courant de la stratégie violente de son belliqueux frère, concentré qu’il était sur la situation de sa suzeraine et du Cerf de Lestival, comme il aimait à l’appeler.
Et, comme si son frère avait lu dans ses pensées, il lui parla de Guyard, en ce moment en plein cœur du camp de Renly. Leur garde-chasse avait dû passer de vie à trépas, à cette heure, et il y avait fort à parier que le futur sauveur de Lady Connington devait être terrassé par la culpabilité, le doute, et même une rage féroce envers son Lord de frère, sa mission, et les Connington qu’il estimerait sans doute coupables de cette mort supplémentaire. Mais pour autant, Lester ne fit pas part de ses estimations à son frère favori :

« Je n’ai pas pris le risque d’envoyer un espion au sein du camp de Renly pour se renseigner sur l’état de Guyard »

C’était bien entendu faux. Il avait plusieurs espions au sein de Lestival, et tous étaient prêts à interagir avec Guyard sur un signe prédéfini provenant de Nid de Corbeaux. Néanmoins, il ne mentirait pas en disant qu’il n’avait aucune information. Les espions avaient d’autres priorités que de gérer le cadet des Morrigen, et ne transmettraient des informations à ce sujet que si sa mission était réussie, ou grandement compromise.

« Mais, le connaissant, il a du se débrouiller pour gagner la confiance de Renly, et doit déjà faire ami-ami avec une foule d’adorateurs en délire. »

Le regard des deux frères se porta à nouveau vers Havrenoir, demeure ancestrale de la maison Dondarrion, voisine des Seigneurs des Marches qu’étaient les Caron. Les Caron ayant trahi pour s’allier aux Baratheon, leurs terres étaient utilisables pour la négociation ou des récompenses. Leur titre devait sans doute l’être aussi, mais c’était aux Connington de l’offrir et non à Lester.
Peut-être était-ce ce que Shyra avait désiré offrir au Dondarrion en échange de son allégeance. Richard avait raison : si un Lord aussi imprévisible et peu fiable devenait Seigneur des Marches, il y avait fort à parier qu’il deviendrait vite une gêne. Dans ce cas… offrir Séréna à une maison mineure de Dorne pourrait sans doute s’avérer une stratégie gagnante : assurer la paix dans la région avec les Dorniens, tout en forçant Dondarrion et Dorne à se regarder dans le blanc des yeux, en attendant que celui d’en face attaque. Ils rongeraient leur frein, et seraient trop occupés à attendre une agression de la part de leur voisin pour s’impliquer dans la politique du reste de l’Orage.

« Je pense avoir une idée pour les calmer, une fois cette guerre terminée. S’ils font le moindre faux pas avant, par contre… nous leur ferons perdre la tête. »

Richard, avant de se servir un verre, répondit à la remarque qu’avait fait Lester sur leur père. Et il avait raison, il aurait agi en brute, comme à son habitude. Il n’aurait pas focalisé sa haine sur la bonne cible. Peut-être aurait-il même décidé de s’allier aux Baratheon, enterrant définitivement la maison Morrigen au rang de maison mineure de l’Orage, là où Lester avait des plans bien plus développés pour sa famille. Il lui faudrait jouer finement, à un jeu très dangereux. Et il lui faudrait pour cela duper non pas un, mais trois hommes ayant l’étoffe d’un réel suzerain, voire d’un roi. Un sourire se dessina sur ses lèvres à l’idée du défi que cela représentait. Il n’aimait pas s’ennuyer, et il y avait fort à parier que les prochaines semaines seraient tout sauf lassantes.
Lester écouta les dernières déclarations de son frère en sirotant son verre d’eau, assimilant sa déclaration de loyauté, mais aussi son acceptation de partir au Nord pour servir de messager glorifié. Bien, cette allégeance allait être mise à l’épreuve. Et il faudrait, malgré tout, que Lester couvre ses arrières pour que l’on sache que le plan venait de lui et non de son frère s’il était réussi… ou que son frère avait agi seul si cela venait à échouer. L’équilibre de la politique n’était pas sans rappeler celui des saltimbanques qui allaient de ville en ville, mais Lester risquait bien plus que quelques os cassés s’il faisait le moindre faux-pas.

« Tu as raison, mon frère. A nous deux, nous sommes plus que son supérieur. Avec Guyard, nous serons invincibles et invaincus, dignes du motto de notre famille. »

Lester saisit un nouveau pion, représentant normalement une cinquantaine d’hommes. Il avait la forme d’un corbeau, peint en noir et vert. Richard savait, bien entendu, qu’il s’agissait d’un ost Morrigen, même s’il était très faible. Il le posa près de Nid de Corbeaux, puis l’amena jusqu’à Winterfell.

« Dès demain, une escorte te conduira chez les Stark. Je ferais courir le bruit que nous nous y rendons ensemble, afin d’avoir les mains libres pour agir, pendant que les yeux seront tournés vers toi. S’allier à eux est important. Mais plus important encore est le fait de les obliger à agir. Ils doivent lever le ban, et marcher sur le Conflans. »

Lester expira, lentement, et s’assit à nouveau, plein de lassitude, mais malgré tout excité par la partie du plan qui allait suivre.

« Et pendant ce temps, je rencontrerai Tywin Lannister… »


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Tu me laisses choisir cher frère ? Bien. Je m’en vais trouver quelques mercenaires quitte à m’assurer moi-même de leur fidélité. La coupe de vin tournait entre mes doigts alors que mon cerveau tournait à plein régime, les yeux fixés dans le vide.

« Penses-tu qu’on trouve encore sur le marché des illettrés à la langue coupée qui sont prêts à tout pour un peu d’or et qu’on s’intéresse à eux ? Tu le sais toi ?»

Un léger rictus de dédain ainsi qu’un haussement de sourcil interrogateur. Le temps de se resservir un verre, même pas l’esprit quelque peu embrumé, non rien. J’ai dû vieillir. Un nouveau regard vers Lester, mes yeux le détaillant à nouveau. Je pouvais presque voir les rouages tourner dans sa tête. Je ne pouvais voir correctement ses pensées, mais la brume environnante avait toutefois un aspect que je connaissais. Le temps de boire une nouvelle gorgée de vin.

« Je sais bien comment tu es. Je sais que quoi que je fasse, jamais tu ne croiras que je sers franchement ta cause. Toutefois… (Nouvelle gorgée)… tu te trompes. Autant notre Père était rebutant, autant mettre mes capacités à servir ta cause quelle qu’elle soit, est quelque chose dont j’ai cœur. Tu m’es sympathique vois-tu mon frère. »

Mes yeux croisèrent les siens, si il voulait y voir de la fermeté, alors il devait boire le calice jusqu’à la lie en ce moment même. Un soupir et de nouveau je me laissais aller dans mon siège. Il avait un projet pour les Dondarrion, tant mieux, des gêneurs ils étaient et des gêneurs toujours ils resteront. Mon doigt donna une légère pichenette dans la statue les représentant, histoire de la faire trembler un peu.

« Je te fais confiance pour le sort de ceux-là Lester. »

Mes yeux allèrent de nouveau vers le Nord… Espérons que le voyage allait être intéressant.

« Te connaissant, si cela ne se passe pas bien, jamais plus tu ne me croiseras dans les Terres de l’Orage ! »

Je retins un léger commentaire avec une teinte acide voulant dire qu'évidemment si cela allait mal se passer, il n'en serait pas du tout inquiété. Mes yeux cherchaient à mémoriser encore une fois cette partie de la carte, les villes et les noms des familles qui y étaient rattachées. Il m’exposa ses prévisions, le nombre de gens m’accompagnant et la rumeur comme quoi il m’accompagnerait.

« Tu devrais faire engager une doublure pour ce genre de déplacements Lester, au moins les gens croisés sur la route paysans ou non, pourraient l’assurer de leurs yeux… »

Il se laissa aller lui aussi dans son siège, rencontrer Le Lannister. Sa phrase me laissa échapper un sifflement admiratif. Je levais mon verre.

« Compliments Mon Frère, je lève mon verre en ton honneur. »

Une nouvelle gorgée.

« Évidemment ce n’est pas ton fort mais puis-je connaître des bribes de ce que tu prévois de dire quand tu salueras ce ‘grand homme’ ? »

Le dernier mot était dit d’un ton quelque peu suffisant. Chacun son opinion sur les Lannister, tout le monde en avait une. Toutefois Tywin bénéficiait d’une certaine « aura ». Pour une fois je me sentais d’humeur badine et prit la carafe d’eau avant de servir Lester.

« Pour la peine, je te ressers un nouveau verre. »

Il est temps que les plus hautes sphères se réveillent et apprennent à compter avec le Noir Corbeau.
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Fern avait appris bien des choses à Lester, et le nouveau Lord Morrigen s’en était suffisamment abreuvé pour dépasser son professeur dans certains domaines. Et, malgré les efforts que le mestre avait pu faire, subir un tel enseignement à un si jeune âge avait laissé des traces qui ne voulaient plus s’effacer. Talya Baelish avait aidé Lester à se réconcilier avec la partie humaine de son être sur certains points : il savait à nouveau ce qu’était la compassion, ce que ressentaient les gens qui l’entouraient, et il savait agir en conséquences. Mais savoir ce qu’est une chose et la ressentir sont bien différents. Lester n’était pas un homme d’émotions. Les seules qu’il avait réussi à conserver étaient sa rage et son mépris. Il regardait le monde avec les yeux d’un homme mort, et il le savait. La compassion, l’amour, la confiance… tous n’étaient que des outils, des données quantifiables à prendre en compte lors de ses prévisions et de ses manipulations.
Ses frères, eux, étaient encore guidés par leurs émotions. Et Richard, même s’il était plus adepte à les dissimuler que l’était Guyard, n’était qu’un livre ouvert pour son frère qui avait évolué quelques temps à la cour de Port-Réal, et avait tout appris de son frère que ça soit en le fréquentant, ou par l’intermédiaire de leur mestre. Aussi, stoïque comme il le paraissait en déclarant à nouveau son allégeance à Lester, le Lord savait que Richard ne prenait pas ce manque de confiance à la légère. Il était insulté, et désireux de prouver sa loyauté. Voilà qui pourrait être utilisé efficacement, lors de sa mission au Nord.
Lester se demande, l’espace d’un instant, à quel moment exactement il avait arrêté de voir les gens qui l’entouraient comme des êtres humains, et commencé à les voir comme des pièces interchangeables à avancer sur un plateau de jeu. Il savait pertinemment que, si le jour venait où Richard mourrait, il le remplacerait par un homme aussi compétent dans le domaine de la stratégie, et dont la loyauté ne pourrait être achetée par l’ennemi. Et il ne verserait pas une larme pour son frère, même s’il venait à être la cause de sa mort.
La question disparut aussi soudainement qu’elle était apparue, et il répondit à Richard sur un ton aussi neutre qu’à son habitude :

« La confiance n’est pas quelque chose d’acquis par le sang. J’ai confiance en toi parce que je connais ton potentiel. Sinon je ne t’enverrais pas dans le Nord à ma place, et je tenterais de convaincre les Stark par moi-même. Mais je sais que tu y arriveras. »

Lester but une nouvelle gorgée, avant d’ajouter sur un ton qui trahissait tout aussi peu d’émotion qu’auparavant :

« Mais en effet, à l’instant même où le plan ne fonctionnerait pas, à l’instant même où il coûterait davantage à notre maison de te sauver que de t’abandonner, alors tu seras seul. Je n’ai pas de temps à perdre avec des pièces qui ne servent pas leur but. »

Sa franchise étonna Lester. Peut-être était-ce la résolution de Richard, sa compréhension de la situation, qui le poussait à se confier ainsi. Un geste politique intelligent aurait été de rassurer son frère. De lui dire qu’il le croyait, et qu’il ne l’abandonnerait jamais.
Mais le Lord Morrigen n’était pas dupe, pas plus que l’était son héritier. Ils savaient tous deux que la maison Morrigen passait avant tout aux yeux de Lester, et qu’il serait prêt à tout sacrifier sans exception en échange d’un avenir pour le corbeau. Peut-être qu’au final cette déclaration était en elle-même une preuve de confiance envers son frère, son ambition, et sa loyauté envers leur nom.
Lester hocha la tête quant à l’idée d’engager une doublure. Il y avait déjà songé, mais s’était ravisé. Peut-être, au vu de la situation actuelle, serait-ce une bonne idée. D’autant plus s’il demandait à Richard de la choisir, cette doublure pourrait reconnaître même sous la torture ne jamais avoir rencontré Lester, et l’idée entière du plan retomberait sur les épaules de Richard, y compris celle d’avoir lancé la rumeur de la présence du Lord Morrigen au Nord.

« Je te laisserai choisir quelqu’un de ma carrure, d’assez ressemblant, mais pas besoin d’être mon sosie. La plupart des paysans ne savent même pas à quoi je ressemble, et … je… serais entouré de trop de gardes pour que l’on me voit de près de toutes façons. »

L’affaire était réglée. Il savait que Richard s’en occuperait.
Lester retint une remarque lorsque son frère leva son verre. Après ses déclarations précédentes, il pouvait lui laisser faire son spectacle autant qu’il le désirait. Il leva donc son verre à son tour, et trinqua avec Richard, avant de finir d’engloutir l’eau qu’il lui restait.
Il laissa Richard lui servir un autre verre, se demandant si pour une fois il ne devrait pas se servir de vin, avant d’ôter cette idée saugrenue de son esprit. Mais il se demanda pourquoi, face à Richard, il n’avait même pas essayé de prétendre.
Guyard, lui, croyait encore que son frère buvait du vin. Lors des repas, même lors de leurs entrevues en tête à tête, Lester maintenait les apparences. Qu’avait donc Richard pour que Lester lui fasse davantage confiance ? Peut-être… se voyait-il en lui. Cette ambition démesurée, cette volonté d’affronter les obstacles quel qu’en soit le prix, et quelle que soit la méthode appliquée… et cette volonté d’être plus que ce qu’il était.

« Mon frère, où serait le plaisir si je révélais tous mes plans… Non, nous allons plutôt voir si tu as aussi bien suivi que moi les enseignements de Fern, et si tu mérites ton statut de maître stratège… »

Lester rapprocha sa chaise, et se positionna devant la carte comme devant un plateau de cyvosse, la même expression de concentration sur son visage.

« Imaginons quelques instants que nous soyons fidèles à Rhaegar, et uniquement à Rhaegar. Comment gagnerais-tu la guerre, en sachant ce que nous savons sur les allégeances potentielles de chaque région ? Ou, à défaut, comment ferais-tu pour t’assurer de diminuer les menaces qui pèsent sur nous… tout en assurant nos arrières si Viserys venait à gagner ? »
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Au moins il était franc. Comme à son habitude en somme. Je m’attendais à cette réponse de toute façon. Le temps de se racler la gorge et retrouver un semblant de sérieux. Là encore, sur la question de la doublure, il me laissait choisir. J’hochais la tête mais n’en pensais pas moins, évidemment que la traçabilité devait être nulle. Ses mains devaient être tellement propres à force de se les laver sans arrêt.
J’étais perdu dans mes pensées alors qu’il me désigna la carte, en me demandant si j’avais bien appris les enseignements de Fern. Au cours des années, le Mestre avait en effet essayé de me donner des leçons de ci de là, mais il avait dû oublier avec son grand âge que c’est les mains dans les poches que je venais et que je comptais juste sur mon bon sens naturel pour répondre à ses questions. Tant mieux pour moi, il se trompait rarement.

La question de Lester vint, m’exposant une situation. Une histoire d’alliances, plus son domaine que le mien, et de souverain. Le temps de regarder la carte, me frottant le menton.

« Au vu de la situation que tu m’exposes Lester, je tâcherai une nouvelle fois de laisser ‘le travail potentiellement ingrat’ à nos alliés. Cela permettra de tester leur solidité et nous dégager quelques peu de certaines responsabilités. »

Mes yeux balayèrent la carte.

« Pour prendre la température de ces alliés, un petit contingent d’hommes ou un soldat de haut rang disséminé dans chaque camp. Investir dans des espions me semble risqué pour des gens que nous appelons nos ‘amis’ et risquerait de les froisser un tantinet. »

Mes yeux se relevèrent vers Lester.

« L’important est de contrôler tout en laissant croire que l’autre a décidé. Si Rhaegar arrive au pouvoir, il faut qu’il entende de la majorité des bouches que nous avons aidé à son ascension… A l’inverse si c’est Viserys moins il en sait mieux c’est. »

Le temps de regarder les forces en présence. De mesurer la situation.

« Si les choses tournent bien pour Rhaegar, alors notre empreinte doit être imprimée dans chaque fait à sa gloire. Autant tâcher de connaître et avoir le contrôle de troupes en semant des hommes. »

Un léger soupir sortit de mes lèvres.

« Bien entendu je dis cela ne sachant rien de la situation de la toile que tu as pu tisser. Des paroles de néophyte en somme. »

Mon index suivit les contours des Terres de l’Orage.

« Comme je disais, tâchons déjà de nous faire un nom… ou plutôt de te faire un prénom dans ce petit espace. Pour l’échelle plus grande, il suffira d’appliquer la même chose car nous aurons augmenté notre population d’alliés. Dans un groupe, il est préférable de prendre soin de nos gens convaincus que s’échiner et s’épuiser sur les gens rétifs. Ceux-là finiront par être de notre côté poussés par les gens convaincus. C’est le mouvement naturel du groupe. Une économie de temps, d’énergie et plus de temps pour toujours chercher de nouveaux territoires intéressants. Les autres nous servent de bouclier en cas de menaces en attendant d’avoir réuni le nombre de soldats nécessaire. »

Mon index quitta la carte alors que je me laissais aller dans le fauteuil. Le temps d’attraper ma dague dans ma botte et de commencer à jouer avec la lame pensif.
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Un corbeau s’était posé sur le rebord de la fenêtre, tournant la tête, observant presque les deux jeunes hommes dans leur face à face cérébral. Il n’avait pas de mot à la patte, montrant ainsi qu’il était juste un des nombreux habitants qui donnaient à ce château son sinistre nom. Il donna quelques coups de bec sur la fenêtre, puis croassa, avant de produire un son qui ressemblait presque à un nom. Enfin il repartit, comprenant qu’il n’aurait ni attention ni graine en cette soirée.
Lester ne s’était même pas retourné vers l’oiseau, portant son attention sur son frère. Ce dernier avait en effet grandi depuis la mort de leur père, mûri… mais ce voile de maturité ne faisait que camoufler, et non remplacer, les défauts qu’il avait toujours eus. Lester n’avait jamais été un grand frère exemplaire, perdu dans ses livres, dans ses manipulations politiques, reclus ou en voyage, n’utilisant ses frères que pour leurs qualité et leur fidélité et non pour leur lien de sang. Mais malgré tout, il avait été conscient du poids qui pesait sur Richard, des doutes qu’il s’infligeait, et de sa situation. Aucun bretteur de talent n’irait au combat sans connaître la moindre faiblesse de son épée…
Le fléau qui avait toujours accablé Richard était parfaitement réservé par le nom qu’on lui donnait parfois, le « Juste milieu ». Même si personne ne connaissait l’étendue réelle des talents à la politique de Lester, les bruits qui couraient faisaient de lui le cerveau de la maison. Et Guyard, de son côté, était de loin le meilleur épéiste que l’on trouvait de ce côté-ci de l’Orage. Qu’était Richard, parmi ces deux-là ? Un fin politicien, un bon combattant, certes, pour une autre maison. S’il avait eu la chance de naître dans une autre famille, il aurait sans doute pu briller parmi leur descendance. Mais au sein des Morrigen, il était celui qui n’était l’égal de ses frères dans aucun domaine, celui qui vivait toujours dans leur ombre.
Et Lester comprenait ce poids, même s’il avait tendance à ne pas le montrer. Dès les premières démonstrations de Guyard, ses premiers tournois, il avait été clair que celui qui resterait dans l’histoire de Westeros serait le guerrier-né, le tournoyeur, le ravisseur des cœurs et des lauriers. Tout le monde oublierait Lester, assis au milieu de sa toile, à tresser l’avenir de sa famille dans l’ombre. Et même si l’attention portée à son frère ne le dérangeait pas, bien au contraire, cela n’avait pas toujours été le cas.
Il lui faudrait aider Richard à sortir de ce marasme, à avancer, et à tabler sur ses propres talents plutôt que ceux de ses frères. Il avait l’esprit d’un des grands généraux de leur temps, et peut-être pourrait-il même rivaliser avec un Stannis Baratheon, après avoir survécu à quelques campagnes et trempé son expérience dans le creuset de la guerre.
Mais Richard sous-estimait ce talent et, au lieu de l’affirmer, il ne faisait qu’essayer de montrer à Lester que, lui aussi, pouvait avancer dans le milieu de la politique. Qu’il n’avait pas son talent, son réseau, mais qu’il y avait sa place malgré tout.
Pourquoi un lion essayerait-il de se faire passer pour une araignée ? Là n’était pas sa place. Pas pour l’instant, pas tant qu’il y avait une guerre à gagner, et que son utilité pouvait se faire sentir là où elle ferait réellement la différence. Lester devrait pousser Richard à s’exprimer, à prendre confiance, à prendre des initiatives.

« Nous avons toujours été les parties d’un tout, tous les trois. Moi le politicien, Guyard le combattant, et toi… le « Juste Milieu », n’est-ce-pas ? Peut-être serait-il temps de prendre un peu de fierté dans ce nom. Guyard ose tout, il mettra sa tête en jeu pour une stupide question d’honneur. Moi, je reste dans l’ombre et je dirige ceux qui pensent savoir où ils vont dans la direction où je le souhaite. Et toi, mon frère… »

Lester se leva, regardant par la fenêtre dans la direction des terres que son père lui avait montré, tant d’années plus tôt. Les terres des Connington, que son père lui avait fait jurer de reprendre et de ramener dans le giron des Morrigen. Une tâche que Lester avait abandonné bien des années plus tôt, tant elle lui paraissait maigre en récompense et difficile à accomplir sans se mettre les Connington à dos. Et pourtant, il savait qu’il serait sans doute le premier des Morrigen à mettre un terme à cette dispute entre les deux familles… et peut-être même en récupérant les terres en question, si ses plans fonctionnaient comme ils le devaient.

« Tu es celui qui peut diriger ceux qui combattent. L’équilibre entre le guerrier et le politicien, le réel stratège. Celui dont nous avons besoin dans ces temps troubles, où la guerre ne fait pas que menacer, mais se trouve déjà à nos portes. Alors réjouis-toi de ce nom, et assume-le. Il fait de toi le plus important des Morrigen. »

Lester, toujours debout, revint vers la carte. Il passa à nouveau la main sur les pions qui représentaient les osts, un par un. Les pièces avaient la taille de pièces de cyvosse, mais étaient bien plus détaillées et plus entretenues. Celles de Damon étaient usées jusqu’à la moelle, leur peinture écaillée, les détails effacés par l’usure, mais ne représentaient principalement que les familles de l’Orage. C’était Lester qui avait fait sculpter par un membre de leur maisonnée les pièces correspondant aux armées des autres régions, une nouvelle preuve de la différence de vision entre son aïeul et lui-même…

« Je t’ai invité ce soir à cause de ce talent, mon frère, et non d’un autre. En guerre, je ne suis qu’une pièce à utiliser, comme une autre, alors que tu es le joueur. Ma spécialité est juste d’être une pièce qui permet d’en déplacer beaucoup d’autres… »

Le Lord Morrigen s’inclina vers le plateau, faisant tomber la pièce de bois brut en tête de lion posée sur Castral Roc.

« Nous sommes bien loin du cyvosse, je le reconnais… c’est une partie dont nous ignorons l’allégeance et le nombre de joueurs, ainsi que le pouvoir des pièces… Mais je veux te voir la gagner. Alors, mon frère, je m’occupe de nous préparer à la paix. Montre-moi comment tu fais la guerre. »
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Je l’écoutais parler, évidemment qu’il avait raison et que c’était juste. Toutefois, j’avais toujours l’impression qu’il me prêtait des capacités dont j’avais certains doutes. Enfin, le temps d’un soupir et de me pencher sur la carte. Les figurines étaient toutes en place, les points correspondaient un tant soit peu à ceux qui étaient reportés sur une de mes cartes sur mon bureau et qui représentait la situation jour le jour.

« Nous sommes face aux Baratheons, nous qui sommes normalement sous les bannières du roi, ces fanatiques… Comme je le disais, il va falloir que tout l’Orage se tienne d’un bloc et que ce bloc réponde à tes désirs. Pour la gestion à moindre échelle, je te laisse faire, cela dépend de toi. Cela implique de régler le problème Renly, celui sur lequel Guyard travaille également. Les Cafferen devraient changer de convictions si tu veux mon avis… Mais nous partageons le même point de vue. »

Mes yeux couraient sur la carte. Tous ces points, tous ces pions et toutes ces possibilités. La situation était la situation d’une guerre et cela n’était pas prêt de s’arrêter…

« Viserys qui s’octroie le pouvoir alors que son frère est parti… Si cela ne suffit pas à mettre le feu aux poudres… »

Pensif, je regardais les différentes places tenues par ceux qui pouvaient être considérés comme des « opposants » aux idées et aux valeurs que nous les Morrigen défendions. Mes pensées allèrent vers Guyard, qui était en train de tenter de reprendre Lady Connington.

« Les Baratheons ont intenté une action contre nous, ils ont percé nos défenses et semé la discordes dans nos Terres. Attendons que Guyard rentre et rendons-leur la monnaie de leur pièce. Après ce qui s’est passé, leur porter un coup est la marche à suivre. »

Mon doigt alla se poser sur le château d’Harrenhall.

« Si nous allions prêter notre aide et nos lames pour faire gicler ce cher Stannis ? Histoire de montrer qu’on ne s’assoit pas sur les Terres de l’Orage impunément. Le siège a commencé si je ne m’abuse, allons envoyer des gens les aider. »

J’inspirais, mon doigt glissa du point représentant le château vers nos terres.

« Pendant ce temps, il faut se renforcer, s’arranger pour que nous nous fondions dans un bloc unis. »
Mes yeux glissèrent vers Lester.

« Une chose que je te réserve donc. »

Les pions des Fer Nés étaient dans le Conflans. Ma main se porta à mon menton alors que je me redressais. Je marmonnais en demi-aparté.

« Reste à savoir qui va accepter de quitter son poste pour aller tâter du Fer Né à Beaumarché. Il se dit que Stannis a envie d’avoir sa part mais je n’en sais goutte. Cela pourrait être l’occasion pour organiser une riposte sur Harrenhal et montrer qu’on ne nous marche pas dessus impunément. »

Mes yeux se reportèrent vers le Nord.

« Il va être temps de faire apparaître de nouveaux pions en notre faveur sur cette carte. Commencer à entasser hommes et armes en vue de la bataille qui va arriver car Rhaegar ne va pas se laisser faire par Viserys sans chercher à mordre au moins une dernière fois. »

Ce n’était certes pas une partie de Cyvosse, mais il était temps de voir si les coups en jeu marchaient dans le vaste monde des hommes. Après tout ce jeu avait bien une base réaliste non ?
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Lester continuait à écouter son frère attentivement. Fern lui avait appris bien des choses, et l'une d'entre elle était d'archiver toutes les informations au milieu de son crâne, comme on trie des livres dans une bibliothèque. Plus il écoutait, plus il se voyait étaler des dossiers, des cartes, anoter les tomes déjà conséquents consacrés à sa famille et plus précisément à son frère, le Juste Milieu.
Même s'il n'avait pas menti quant au fait d'écouter Richard pour lui demander son avis et l'aider à mettre en place ses plans... le but principal de la soirée était bien loin de cela.
Dès la nouvelle de l'arrivée de Viserys arrivée entre les mains de Fern, le mestre n'avait point attendu l'aval de Lester pour mettre en branle son réseau. Les espions avaient été secoués, cherchant informations sur les divers voyages de Rhaegar, sur sa direction, sur les politiques que mettrait en place Viserys, sur les allégeances des différents suzerains ou, de façon plus proche, les maison de l'Orage. Les informations avaient encore à revenir, mais elles le feraient pour la plupart sur les ailes d'un vent plus puissant que la plus terrible des tornades.
Le Lord Morrigen avait lui aussi immédiatement réagi. Les ordres d'assembler l'ost avaient été envoyés à l'instant même où Fern lui avait annoncé la nouvelle, de même que celui de joindre un nouvel homme informé de la situation à un groupe de Morrigens qui feraient mine de rejoindre Guyard dans sa révolte. Lester répugnait à l'idée de devoir faire agir les troupes sans la direction du benjamin des frères ou, à défaut, de Richard, mais ils seraient malgré tout entre des mains compétentes. Ser Trainemarteaux avait servi Damon Morrigen avec brio, y compris pendant la révolte des Baratheon, et il possédait auprès des hommes une autorité et un respect certains. Il était le dernier garde du corps de Damon, et les Sept savaient que pour le garder, il fallait avoir une volonté et un corps d'acier.
Un palfrenier était en ce moment même en train de préparer la monture de Lester, pendant que des serviteurs remplissaient son sac du matériel nécessaire pour un voyage en solitaire jusqu'à Castral Roc. Des messagers faisaient courir la rumeur que Lester Morrigen se rendait dans le Nord pour négocier avec les Stark. Ou qu'il se rendait à Dorne pour demander l'aide des Martell. Ou peut-être allait-il offrir à la Couronne son allégeance en échange d'une place de choix parmi les vassaux de l'Orage. L'information était une rivère, un fleuve. Et tout homme qui ne savait y naviguer finirait noyer. Lester en était la source, et il savait diluer son courant, le rendre puissant, en faire un torrent, créer ses bifurcations...
Rien que d'imaginer ce réseau se mettre en place sous ses ordres, les moindres embranchements qui se créeraient, l'ampleur qu'aurait la rumeur au bout de quelques heures, de quelques jours, Lester mourait d'envie d'y apporter une autre variation, une autre subtilité, quelque chose de différent, mais suffisamment cohérent pour donner une impression de crédibilité à chaque rumeur, tout en invalidant les autres. Il s'agissait de pousser des pions bien plus discrets, bien plus nombreux que ceux de la guerre, mais pourtant... leur impact était tout aussi grand que celui d'un trébuchet ou d'un dragon.
Et la guerre. Le moindre petit événement, la moindre bribe d'information pouvait provoquer la mise en branle d'armées entières dans la direction qu'il choisirait, s'il les plaçait au bon endroit. Certains autres messagers partaient déjà vers les Terres de l'Ouest, y raconter que les Baratheon avaient vaincu les Connington et repris leur rôle de suzerain. Puis, dans quelques jours, d'autres raconteraient qu'Accalmie leur avait été rendue en échange de la paix, et qu'ils avaient à nouveau juré allégeance à Rhaegar. User ainsi d'informations contraires provoquerait le doute chez les informateurs des Lannister, rendant Tywin plus malléable aux informations que Lester lui prodiguerait. De même, si Lester venait à corroborer une des rumeurs plutôt que l'autre, des rumeurs dont le fondement ne serait garanti que par leur provenance d'un espion du lion nourri par les informateurs des corbeaux, il pourrait s'assurer une place de confiance auprès du seigneur de Castral Roc. Et là, et là... Comme Richard le lui avait conseillé, il marcherait sur Harrenhal.
Mais pourquoi marcherait-il par lui-même ? Pourquoi épuiser son ost et ses hommes, leur faire subir des pertes, les affaiblir... quand il pouvait diriger une pièce rouge contre une autre.
Le monde n'était pas fait de deux couleurs, loin de là. Il existait toutes sortes de nuances, et Lester ne faisait que les corriger subtilement, leur donnant l'éclat nécessaire dans l'oeil du spectateur dont il désirait capturer l'attention.
Le cerf contre le lion. Stannis, sans doute occupé par ses propres ambitions, ne pourrait ignorer la présence de la force de Tywin Lannister marchant droit contre lui. Et Tywin ne s'arrêterait pas tant qu'il n'était pas sûr de l'allégeance du cerf couronné. Cela s'arrêterait-il là ?
Bien sûr que non. D'autres informations couraient. Elles couraient sur des ailes insoupçonnées, au devant de l'escorte que Richard emmènerait au Nord. Elles parlaient de Rhaegar, de sa présence dans le Conflans. Et de l'ost que Tywin Lannister menait pour le bouter hors des terres qui avaient été le centre de tant de guerre par le passé. Et les trois armées, chacune avec ses objectifs différents, chacune une flèche portée sur une cible qui n'appartenait qu'à elle, se heurteraient en vol, se briseraient. Nul n'aurait le temps de se demander ce qu'il faisait là, si la bonne cible avait été choisie. Ou qui avait été celui qui avait bandé son arc et fait feu de la sorte. Les rivières deviendraient rouges, et les ciels sombres.
Car jamais les corbeaux ne prospèrent tant qu'en temps de guerre.
Jamais Lester n'avait eu besoin de l'avis de son frère, en cette soirée propice à la guerre. Il n'en aurait l'utilité que comme bouc-émissaire, comme messager. Lorsque le soleil se lèverait, et que Richard partirait vers les contrées du loup, il ne serait qu'une autre pièce dans le plan que le Seigneur Corbeau avait déjà tracé et sur lequel tous étaient guidés.
S'il avait fait venir Richard à lui, c'était pour mieux apprendre de quelle pièce il dépendrait. Etait-il un simple fantassin, ou un dragon ? Allait-il s'en servir comme d'une lance pour percer le cœur de ses adversaires, comme d'un cavalier pour les harceler ?
Le Juste Milieu avait été raffiné, poli, mais il n'était pas encore la lame qu'il devrait être pour servir sa famille au plus haut point. Il pourrait briser, mais il ne saurait ployer. Une pièce à utiliser avec précaution, avec soutien. Il n'irait pas seul dans le Nord. Certains hommes, triés sur le volet, seraient avec lui. Et s'il venait à prendre la mauvaise direction, la mauvaise direction... ils sauraient quoi faire. Les Serres du Corbeau n'étaient pas la garde rapprochée de Lester pour leur connaissance martiale, ou leur bravoure sur le champ de bataille. Ils étaient choisis car la pitié était une émotion qu'ils avaient abandonné bien des années plus tôt. Ils n'hésiteraient pas un instant, frère du Corbeau ou non.

« Mon frère... tu vois le monde comme un jeu de cyvosse, et cela peut être une qualité. Mais n'oublie pas une chose : il existera toujours de meilleurs joueurs que toi. »

Lester commença à déplacer le pion des Lannister, et le plaça dans le Conflans. Puis il déplaça celui représentant les forces Fer-nées attaquant les côtes du Conflans, droit vers les Terres de l'Ouest que l'ost de Tywin aurait déserté, une terre riche en cibles et en opportunités...

« Mais il existe ceux qui jouent à un jeu bien différent. Qui utilisent des règles que tu ne connais pas, et qui clâmeront la victoire en détruisant un simple pion, pendant que tu penses encore qu'elle vient par la destruction d'un roi. »
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Le temps d’hocher la tête à cette remarque, les doigts grattant la barbe qui poussait toujours et encore, on n’arrêtait pas le temps qui passe.

« Je sais bien Lester. A chacun son jeu. »

Le temps de le regarder puis me reconcentrer sur la carte. Les yeux perdus dans le Nord. Il fallait aller répandre « la parole du Corbeau » chez les Loups et cela en espérant créer de nouvelles alliances.

« Si je dois aller au Nord, quelles sont les prérogatives que je dois respecter ? Je suppose que tu as des desiderata particuliers te connaissant… »

Si il me demandait cela, c’est qu’il avait des idées derrière la tête et des consignes spéciales. Le temps de relever la tête et le questionner du regard. Lester choisissait avec soin tout ce qui se passait dans le château. Rien n’échappait vraiment aux mailles de son filet. Il était loin le temps où avec Damon, j’avais le temps de m’éclipser ailleurs sans être remarqué. Mon cerveau était en train de réfléchir sur ce que je savais du Nord, des Starks et les familles aux alentours. Rien de plus que ce que les livres ou ce que Fern avait bien voulu laisser filtrer.

Je savais très bien l’avis de Lester dans les situations qui s’avéraient « problématiques », si quoi que ce soit se passait dans le mauvais sens du terme le fait de m’appeler Morrigen ne me servirait à rien. Guyard et moi étions logés à la même enseigne, pas de favoritisme. Je n’avais plus qu’à m’arranger pour que tout se passe d’une façon à peu près convenable.

« Dis-moi juste où, quand et comment ? »

J’haussais un sourcil, ma limite de la diplomatie arrivait au ras des brins d’herbes que Lester foulait allègrement du plat de sa botte. Aussi la question pouvait sembler plus qu’incongrue.

« Il faut leur ramener des choses particulières ? En signe de notre… bonne foi ? »

Les deux derniers mots avaient été dits d’un ton quelque peu cynique. La bonne foi n’allait pas vraiment de pair avec notre nom de famille. Je n’étais pas le maître en diplomatie aussi je préférais questionner un expert en la matière. Déjà qu’en temps normal, les gens du domaine parlaient de moi comme d’un être plutôt renfermé.

« Qui plus est je suppose qu’il va falloir traverser des zones sensibles. Il va me falloir le nom de l’homme qu’il va falloir que j’appelle ‘mon frère’ si tu décides de ce stratagème pour mon voyage et si j’ai besoin de lui apprendre quelques rudiments de… »

Je le regardais de pied en cape.

« … et bien des rudiments de toi. »

Un léger sourire alors qu’une pensée me traversait l’esprit. C’était fort probable que la réponse ne serait qu’une brève esquisse, voire le total contraire de ce que j’allais poser mais après tout rien ne m’empêchait de chercher à me renseigner. Mes doigts se laissèrent aller à jouer avec l’anneau présent à ma main gauche, en opposition à celui qui portait un corbeau sur la main droite.

« Permets moi de te demander, que vas-tu donc faire après avoir vu ce fourbe de Lion ? »

Il y avait très peu de chance d’obtenir une réponse entière et franche mais j’aurais eu le mérite d’avoir essayé. Enfants, le temps où nous jouions ensembles est passé rapidement, Lester ayant été pris en otage, en quelque sorte, par notre père ; pour qu’il apprenne son devoir de fils premier né. Autant dire que si il existait une quelconque complicité entre nous, elle ne pouvait être que récente et ne se basait pas sur les reliquats de l’enfance. Difficile de penser parfois qu’elle ne pouvait pas non plus être… qu’intéressée.
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