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(flashback) dark wings dark words

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Les yeux purpurins le contemplaient impassiblement, le faciès creusé dans l'écorce albescente demeurait figé dans son expression mélancolique. Agenouillé devant l'imposant barral, Robb savait qu'en dépit des apparences, ses dieux anciens écoutaient ses suppliques, prêtaient une oreille attentive à ses tourments. Ici, dans le bois sacré, il se sentait apaisé, comme si au cœur de ces arbres, les grondements émanant du Sud étaient étouffés, comme si la senteur d'humus montant du sol moelleux prenait le pas sur l'odeur des feux de la guerre. C'était une habitude qu'il avait pris, de venir se réfugier dans cet auguste sanctuaire lorsque les choses devenaient trop épineuses. Il aimait le contact humain et nouer des liens avec ses proches mais parfois, être cerné par des presque étrangers et être appesanti par de telles responsabilités lui donnait envie de prendre ses distances, seul, d'organiser le flot de ses pensées. Il effleura l'écorce du bout de ses doigts avec une révérence pieuse, exhalant un soupir résigné et espérant que ses prières se verraient exaucées. Robb se releva et sitôt, Vent-Gris fut à ses côtés, léchant les doigts de son maître. Ce dernier plongea son regard dans les pupilles dorées et passa sa menotte dans le pelage duveteux de la bête, ce qui le enhardit quelque peu. Désormais plus haut au garrot qu'un dogue, le loup, en pleine croissance, devenait d'une taille impressionnante. Le jour où, il y a quelques mois à peine, Jon et lui-même avaient débusqué la portée de louveteaux, l'animal tenait dans le creux de sa main. La vitesse à laquelle son compagnon avait grandi était presque surréaliste. Aujourd'hui, Vent-Gris était probablement son ami le plus fidèle, semblant comprendre et refléter les états d'âme de son maître, comme si en parfaite symbiose. Lors d'une bataille, il ferait sans l'ombre d'un doute naître la peur dans les rangs ennemis. Réjoui par cette constatation, le Stark flatta la tête du loup, un fin sourire aux lèvres.

Plus tôt aujourd'hui, au point du jour, il s'était coulé hors du lit sans réveiller son épouse afin de contempler Winterfell s'éveiller et s'agiter, les petites gens grouiller et s’affairer à leur besogne. Ces gens qui seront un jour les siens, si les Nordiens reconnaissaient sa légitimité en tant que suzerain. Robb avait descendu les escaliers à pas feutrés et rapides, se rendit à la grande salle afin de déjeuner en compagnie du sire de la forteresse et ses sujets. Toutefois, il sentit une certaine tension électriser l'atmosphère du hall. Les traits solennels de Père étaient tirés, crispés et mestre Luwin triturait nerveusement sa lourde chaîne. Le jeune loup s'approcha, la mine circonspecte, et son géniteur lui tendit sans mot dire une lettre de la capitale. Il la parcourut rapidement, sentant son visage s'affaisser au fur et à mesure de sa lecture et lorsqu'il eut fini de déchiffrer les funestes écrits, il serra dans l'étau de son poing le parchemin et se répandit en jurons et en imprécations. Viserys, le maudit, s'était par quelque fourberie arrogé la couronne de son frère et usurpait le trône. Robb étudia son paternel de ses yeux d'acier, scrutait sa réaction afin de savoir en faveur de quel roi celui-ci se proclamait. L'héritier ne pouvait guère donner voix à ses propres opinions, étant considéré par son peuple comme un sudier et non comme un véritable nordien. Or, en son for intérieur, une rage sourde naissait. Pour avoir côtoyé Viserys, il savait quel genre d'homme il était et quel genre de souverain il ferait. Avec lui à sa tête, Westeros était condamné. La vanité de ce maraud n'avait d'égal que sa brutalité. Il se targuait d'être un dragon sans en avoir le panache.  Aegon, son plus-que-frère, disparu en mer, cela ne pouvait être une coïncidence, il fallait y voir là la rouerie de l'oncle. Savoir son ami en danger, possiblement naufragé le rongeait d'une indicible inquiétude. Puisse-t-il être sain et sauf … Et les autres seigneurs, sous quelle bannière se rangeaient-ils ? Tant de questions sans réponse, tant de dangers qui se profilaient à l'horizon.

Le bruit d'une brindille qui se brisait sortit le Stark de ses sinistres pensées. Il pensait pourtant être seul. Son loup tendit l'oreille, ne grogna point et, sans crier gare, s'élança dans les fourrées, en direction de l'intrus. Robb plissa les yeux, scruta la pénombre enveloppant les arbres et interrogea les ténèbres, la main sur la garde de son épée : « Qui va là ? »

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Durant les premières semaines de mariage, Dacey avait gardée l'habitude de se lever très tôt. Sur sa terre natale, elle se serait habillée de son armure, attrapée sa masse et filée voir les gardes pour voir s'il n'y avait aucun signe d'attaque. Tel était sa vie à observer l'horizon et à protéger son peuple. Ici, à Winterfell, ce n'était plus son rôle. Les sauvageons et les Fer-nés ne venaient pas attaquer le château fait de pierre et non de rondelles de bois, comme son ancienne demeure. Alors, son sommeil devint plus lourd, son esprit avait compris qu'elle était en sûreté et elle pouvait dormir en paix. La présence de son mari à ses côtés, apportait à présent un réconfort, elle s'était habituée à ne plus dormir seule et surtout à être une femme.

Ce matin-là, elle n'avait ni d'entraînement secret avec Arya et aucun avec Eleyn, non plus. Elle pouvait donc savourer le lit bien chaud de sa chambre et se laisser à rêver. Bien sûr, ses songes la portèrent à ce qui lui manquait le plus, la baie des glaces. : Le bruit des pêcheurs qui rentre de la mer, les enfants qui couraient de chaumière en chaumière, mais surtout les repas mouvementés dans la maisonnée Mormont. Ses soeurs lui manquaient, tout comme sa mère. À son réveil, Robb avait déjà quitté le lit conjugal. Il était trop rare qu'ils se lèvent en même temps, si ce n'était pas l'un que se levait au lever du soleil, c'était l'autre.

S'approchant près d'une écuelle d'eau, elle s'aspergea le visage et enfila une des robes de son placard. Comme chaque matin, elle remonta sa chevelure avec sa broche qui était en fait un couteau. Elle s'habituait petit à petit, à ne devoir plus porter d'arme. Son armure, sa masse et son épée se trouvaient dans une des armoires de la chambre, attendant qu'un jour, leur maitresse soit obligée de partir sur le champ de bataille. Un temps révolu pensait Dacey. Être une guerrière lui manquait, mais elle faisait preuve d'un effort surhumain pour le camoufler, même s'il lui arrivait de l'évoquer à Robb, vu qu'ils s'étaient promis, lors du mariage, de ne rien se cacher, mêmes ce qui pouvait déplaire.

Descendant les escaliers, elle perçut bien qu'une certaine tension tiraillait les visages des domestiques. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Dacey décida de se rendre dans la grande salle et elle ne se trompait pas, une chose était arrivée. Avant d'entrer, Mestre Luwin l'intercepta et d'un regard inquiet l'informa qu'il vaudrait mieux qu'elle aille voir son époux. La guerrière ne comprenait pas, mais elle respectait assez le mestre pour suivre, ces directives. N'était-ce pas son rôle d'épouse de prendre soin de son mari ?

Elle prit la direction du bois sacré, lieu où Mestre Luwin avait vu partir son époux. Dacey allait souvent parler aux anciens dieux, un endroit où elle pouvait se sentir chez elle. S'approchant doucement, elle s'arrête quand elle marcha sur une brindille, un vieux réflexe de prudence, mais Dacey n'avait rien à craindre ici. À peine eut-elle repris sa marche que Vent Gris vint la saluer. Les deux proches de Robb s'étaient accoutumés l'un à l'autre, ils formaient à eux trois, une véritable petite famille.

Qui va là ?

Avançant avec Vent-gris à ses côtés, elle remarqua que Robb avait sa main sur la garde de son épée. Ignorant tout ce qui se produisait à Westeros, Dacey espérait pouvoir faire apparaitre un sourire si le visage aimant de son époux.

- Cet ainsi qu'on accueille son épouse. Enlevant sa broche couteau qui retenait sa chevelure. Je ne pourrais t'affronter qu'avec cette arme, qui sais-je ? Je pourrais très bien te battre.

Venant près de lui, elle réalisa que l'heure n'était pas à la plaisanterie, il avait vraiment dû se passer un évènement très grave. Gardant sa broche dans une de ses mains, elle posa son autre main sur l'épaule de Robb.

- Qu'est-ce qui se passe ?
AVENGEDINCHAINS