tyrion ♒ i have a tender spot in my heart for cripples and bastards and broken things.

Des déserts sauvages de Dorne jusqu’aux lointains confins du Mur, il ne fait aucun doute aujourd’hui que le sobriquet péjoratif de gnome – ou encore de mi-homme – a désormais fait le tour du royaume des Sept couronnes. À défaut de l’avoir rencontré en personne, les gens de haute comme de basse naissance s’entendent sur deux points à son sujet : c’est un nain assoiffé de vin et de sexe, à la langue particulièrement affilée et son nom est Tyrion Lannister. Bien sûr, les rumeurs que s’amusent à propager les esprits faibles et puérils tendent à exagérer sur tout et n’importe quoi, aussi cette partie détaillera-t-elle, le plus objectivement possible, les caractéristiques de ce fameux personnage.

Dès sa naissance, à Castral Roc, Tyrion Lannister fut mis de côté, car sa venue de monde coïncidait avec le décès en couche de sa mère. Le reste de sa famille pleura donc d’abord la perte de la belle et jeune femme avant de se pencher sur le sort de ce très – trop – petit garçon. Nain et difforme, il ne tarda pas à couvrir d’opprobre la Maison Lannister, surtout aux yeux de son père qui ne percevait guère cet échange malheureux – une femme ravissante contre un nabot repoussant  – comme bénéfique pour la famille sur le long terme et qui ne manqua pas de le lui faire comprendre par des répliques froides et un manque d’attention plus que manifeste, rapidement copié par sa fille Cersei; son fils aîné Jaime, quant à lui, se montra plus avenant envers le nouveau lion.

Si, durant les premières années de son existence, cette exclusion blessa profondément le jeune Tyrion, il apprit au fil des années à ne pas s’en soucier outre mesure. Que lui importait le rejet et les moqueries de ses pairs s’il était armé d’un excellent sens la répartie pour s’en protéger ? Il développa ainsi une certaine insensibilité envers les remarques désobligeantes et les regards de travers de son entourage et désormais, il est même capable d’en rire, désarçonnant souvent ses interlocuteurs par le fait même. Jeune, il nourrissait une passion pour les dragons et toutes les histoires se rattachant à ces créatures nobles et mythiques, fantasmant avec rancœur que l’un d’eux puisse un jour faire brûler vif son père de même que sa sœur, avec un peu de chance. Malheureusement, les dragons n’étaient plus et ses rêves de destruction en restèrent là.

Sa vie de débauche prit un sérieux tournant à la mort de son frère Jaime. Tout aussi attaché à son aîné qu’il le fût, Tyrion apprécia à sa juste valeur le titre qui lui échut : de simple courtisan, il passa héritier des terres de l’Ouest. Lui qui s’intéressait de près aux manigances de tous et chacun, c'était sa chance de se lancer dans le jeu des trônes, comme se plaisait à le nommer sa très chère sœur. Bien sûr, il se doutait que son père, fier comme il était, grinçait les dents de savoir son nabot de fils dans une position aussi honorifique que celle-là et projettait sans doute de l’en éjecter, mais cela restait à voir.

De nos jours, Tyrion a un faible pour le vin et les putes, héritant par là même d’une réputation de débauché notoire, aussi peut-il être étonnant, pour certains, d’apprendre qu’il peut passer des nuits complètes à lire de vieux bouquins poussiéreux traitant notamment de l’Histoire des Sept couronnes. Car faute de pouvoir se battre avec une épée ou une lance, il compense cette lacune par un esprit vif et fourbe et quoi de mieux pour l’aiguiser que des heures de lecture régulières et intensives ? En plus de se fier à son sens de la répartie à toute épreuve, le nain peut compter sur la fortune quasi inépuisable dont jouissent les Lannister : aucun individu sensé ne refusera de se faire payer en or contre un quelconque service et cela, Tyrion le sait. C’est bien là le seul avantage, pour lui, d’être né dans la famille la plus nantie de tout Westeros. Il connaît l’être humain sur le bout de ses doigts et cerne relativement vite les individus qui croisent son chemin, ce qui lui permet de les manipuler à sa guise si besoin est. Il est capable de monter à cheval grâce à une selle spéciale, grâce à laquelle il peut se sentir comme n’importe quel homme normalement constitué. Ce n’est pas un homme pieux et croyant, s’il nomme les dieux, anciens ou nouveaux, c’est souvent pour émettre un commentaire ironique. Ce n’est guère étonnant à la vérité, car comment pourrait-il bénir des divinités qui l’ont pourvu d’un corps aussi laid et difforme, n'est-ce pas ?