Cours toujours, les ombres te suivront où que tu ailles. ft. Rowen Hightower

# Mer 29 Juil - 5:07

Deux jours s'étaient écoulés depuis que Melisandre était arrivé à Port-Réal et avait juré son allégeance au roi Viserys III Targaryen. Un choix qu'elle espérait ne pas regretter tôt ou tard. À vrai dire, les choix de la prêtresse étaient toujours calculés minutieusement, elle avait cependant du improviser pour Viserys qui s'était décidé à voler le trône du roi Rhaegar Targaryen. Mais quelle bonne idée cela avait été. Quelle bonne initiative cela avait été pour faire bouger les choses à Westeros : Melisandre n'avait pas eu meilleure idée que parler de son culte à Viserys III Targaryen, qui d'autre de mieux disposer à écouter une prêtresse rouge que le digne fils de celui qui fut surnommer le roi fou et qui avait une passion dévorante pour le feu au point de réclamer à ce qu'on immole ses victimes ? Elle espérait trouver un véritable allier en Viserys, dans la mesure du possible. Elle y travaillait chaque jour. Et ce jour-ci, la suite de son plan s'annonçait bien.

Dans les flammes elle voyait des visages, elle entendait des murmures, elle voyait des lieux. D'humeur généreuse, elle avait offert à son garde Bronn de quoi se régaler au bordel de Baelish, non pas qu'elle approuvait pleinement ce genre de méthode elle n'était pas âme à juger les besoins de la chair pour d'autres chairs. Elle avait bien compris que tout le monde n'avait pas la même maîtrise qu'elle sur ces choses là. Sa vie était dévouée à R'hllor. Elle n'avait aucun besoin de trouver un compagnon, ce genre de chose lui était même assez inconnu, c'était de son plein gré qu'elle avait fait le choix de ne prendre ni compagnon ni mari, à quoi est-ce que cela pouvait bien lui servir ? Comment pouvait-elle servir le dieu lumière avait quelqu'un constamment dans ses jambes ? Pas de mari, pas d'enfants, pour avoir plus de temps à consacrer à R'hllor, tout simplement. Et celui-ci avait décidé de l'envoyer dans une taverne ce jour là. Quelqu'un s'y trouvait, une âme errante, une âme en peine, Melisandre le savait, quoi de mieux qu'une âme en peine pour écouter les conseils des croyants, elle en avait souvent fait son affaire et réussit à faire découvrir la vérité aux gens lorsqu'ils étaient au plus mal, comme si c'était leur façon d'accepter ce qui arrivait, de retirer le voile qu'ils avaient pour enfin voir la vérité : il n'y avait qu'un dieu et il faisait danser les flammes.

Si elle avait autorisé Bronn à se faire plaisir, c'est qu'elle savait bien ce qu'il tentait de cacher. Mais ce qu'elle comptait faire, elle ne voulait pas que ce soit répété à Stannis Baratheon, cet homme qu'elle avait soutenu des années durant et qui avait eu une seule envie, la pendre malgré tous ses services. Soit. Il avait été temps de plier bagages et découvrir la vérité ailleurs qu'au Conflans, il avait été temps de se rendre elle-même sur place et juger elle-même d'où venait le problème. Elle était néanmoins accompagnée de très près par Sigurd, un homme lui-même perdu qu'elle avait réussi à convaincre que son culte était le seul et l'unique, il l'avait suivi et il ne bronchait pas, jamais. Elle pouvait lui demander de commettre les pires atrocités qu'il le ferait sans demander pourquoi. Ce qu'elle désirait.

Elle se rendait dans une taverne, elle n'en aimait ni l'odeur ni la population qu'elle regardait de haut. Elle marchait toujours la tête haute, toisant les hommes la regardant un peu trop longtemps. Intimidée ? Elle ne l'était jamais. Sigurd écartait les gens un peu trop avenant, lorsqu'ils avaient sans doute bu trop de bière pour se rendre compte que la prêtresse pouvait avoir des allures effrayantes, inquiétante. Elle cherchait un homme, blond, les cheveux courts, les yeux clairs. Un homme qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas. Un homme qui se cachait. Non pas dans l'idée de le débusquer et le rendre grâce à l'aide de l'imposant Sigurd à Viserys III Targaryen, mais pour lui parler.

« Je ne le vois pas, ma lady. »
« Laissez le donc se montrer à nous, Sigurd. Soyez patient. Tôt ou tard les oiseaux sortent de leur nid. Et tôt ou tard l'habile félin l'attrape entre ses griffes. »

# Sam 1 Aoû - 9:55

Une fois de plus Rowen se trouvait dans la salle du trône, vide et sombre dans ce qui sembla être une aube encore timide se levant sur le royaume. Du sang de couleur pourpre lui coulant entre les doigts, autour de lui pas une personne n'étant encore vivante. Les étendards du Nord, comme du Bief à la rose et du Dragon rouge Targaryen, n'étant pas couvert par des éclats rougeâtre lugubre, toujours le même grognement troublant le morbide silence de la pièce. Enfin elle vint à lui, la créature des abysses. L'énorme félin noir à la crinière ébouriffé de lion, les yeux rouges comme des rubis mystiques. Du sang lui coulant des babines comme une fontaine sans fin, inondant le sol. Ce n'est que le contact avec le liquide glacial contre ses pieds nus qui fit ouvrir les yeux du noble endormit, toujours le même cauchemar le hantant. Cette prédiction intérieure lui montrant son rôle de bourreau pour l'ensemble du royaume, il secoua son visage pour faire partir les images.

"Sale réveil pour un type mort..." Pensa alors le garçon, son regard balaya l'endroit rapidement. Pas de doute sur la localisation, une cave sordide dans le quartier pauvre de la ville. Ses doigts glissèrent sur des joues couvertes d'une barbe de plusieurs jours désormais, Rowen se levant de sa paillasse inconfortable. Saisissant une cruche de grès, qu'il plongea dans un tonneau d'eau fraîche. Profitant pour en déverser le liquide sur son corps tendu par la nuit difficile, l'eau pénétra en partie dans sa gorge, lui humidifiant la bouche qu'une grande quantité de vin avait rendue pâteuse, il était seul ne le sachant que trop bien. Le Hightower ayant donné ordre à ses hommes présents au moment de la lutte de le donner pour mort, que penserait sa tendre Rhany ou bien sa volcanique Malvina de le croire ainsi loin à jamais ?

Un frisson lui parcourut la poitrine, lui forçant à serrer les dents. Laissant le muscle de sa mâchoire déformait les traits de son visage, mentir à tous serait pour lui la seule façon de vaincre à la fin. Peut-être n'y aurait-il aucun pardon pour cela, depuis quand s'attardait-il de la vie des autres ? Lui le redoutable tueur, la plus fine lame du pays. Quand avait-il laisser un coeur pervertir ainsi son jugement, son instinct lui commandait de partir de la capitale. Prendre les armes pour son compte et ne sauver personne, n'être que le terrible lion sans bonté qu'il avait apprit à être plus jeune. Alors pourquoi son coeur le poussait à rester dans cette fichue ville ? Pourquoi prendre le risque de tout perdre même sa vie pour de grandes idées, ou pour l'amour d'une femme ? Il grogna se trouvant tellement stupide, comme si la solitude avait le don de faire revenir le pire en lui.

Il se cogna à plusieurs reprises le front à l'aide de la paume de sa main, il ne pouvait pas perdre la tête. il tira d'un coin de la pièce un gilet de paille et de laine de piètre qualité pour le mettre sur ses épaules musclés, Rowen se mit sur la pointe des pieds. Glissant ses doigts sur le sommet d'une longue poutre, pour ensuite les glisser dans ses cheveux blond. Reproduisant le geste plusieurs fois, il parvint à rendre sa couleur plus grise. Lui donnant un air plus sale et miséreux, sans plus attendre il plaça une dague à sa cheville. Débusquant une sortie dans une ruelle sentant la pisse, il déambula dans le coin écoutant un peu les rumeurs. D'un geste habile il détacha une bourse pendant à la ceinture d'un passant, s'engouffrant dans une taverne à l'approche de la garde du nouveau roi. Une fois dedans il frictionna ses épaules, se frayant un chemin dans la salle pour atteindre une table isolée. Il demeura anonyme dans la foule, c'est triste à dire mais pas un instant il n'éprouva de peur. Il commanda un godet de bière et le dégusta doucement, la main toujours prête à fendre une gorge d'un coup de lame.

Rowen patienta plus d'une heure sur place, écoutant toujours en silence. L'air sérieux, ce n'est qu'ensuite qu'il se leva de table pour sortir par la porte de derrière. Son flaire ne le trompait pas dans ce repère de charogne, une mouche avait du le sentir. Se faisant déjà une joie de vendre sa peau au nouveau roi de la ville, il referma la porte et s’éclipsa dans l'ombre angoissante. Il n'avait pas vraiment de plan pour la suite, se mettre dans un coin et attendre de voir la suite. Ce n'était pas une quinzaine de minutes dans la ruelle qu'il passa qui le dérangere, sauter sur les poursuivants et savoir qui envoi les chiens après lui voilà un plan. Le souffle du garçon saccadé sous l'effet de l'adrénaline, ne tarda pas à redevenir plus lent. Ce n'était pas le moment pour lui d'imaginer des choses, s'il le devait il prendrait une vie vie. Rowen était connu dans le royaume pour être un redoutable guerrier, sachant manier plusieurs styles de combats pour survivre. L'oeil vif il grimpa un ensemble de tonneaux, gagnant une position plus en hauteur alors.

# Mer 26 Aoû - 2:13

L'odeur de cette salle était immonde, cela lui rappelait quelque souvenirs d'ailleurs, des odeurs d'Essos, cela lui rappelait que malgré une mer qui séparait deux continents, ils n'étaient pas si différents que les gens pensaient l'être. Au contraire.

Un regard à gauche, un regard à droite, un regard vers une porte de sortie qui avait le temps d'un instant illuminé le bar sombre, Melisandre prit cette lumière comme un signe. Elle indiquait l'endroit à Sigurd et ce fût lui qui sorti le premier, son arme à portée de main : une hache qui avait déjà bien servie. Sigurd connaissait les aléas de la guerre comme des duels, il avait toujours une arme à portée de main et souvent elles pouvaient paraître bien encombrante, toujours visible comme pour prévenir qu'il fallait éviter de trop jouer avec la patience : de la prêtresse ou de l'ours. Sans connaître l'homme pour lui avoir parler ou avoir vu au fond de ses yeux ce qu'il désirait cacher, Melisandre préférait nettement envoyer Sigurd en avant quitte à le sacrifier. Mais ses ordres avaient été clair : l'attraper, mais pas le tuer et s'il provoque une bagarre, ne pas aller plus loin que l'assommer. Il avait compris sa mission et s'était lancé dans cette ruelle. L'ours se décidait à sortir de là et marcher dans cette ruelle sombre, restant aux aguets, regardant tout autour de lui, écoutant le moindre bruit jusqu'à trouver l'homme. Il ne serait jamais rentré sans l'avoir retrouver, il n'aurait su affronter le regard rougeoyant de la prêtresse en lui avouant sa défaite. Mais l'homme était là.

- Eh, vous. Quelqu'un désire vous parler. Elle a b'soin d'un mercenaire ou d'un homme prêt à tout pour un peu d'argent, ça vous tente ?

L'ours n'était pas vraiment connu pour sa subtilité ou facilité à communiquer avec d'autres personnes mais il lui énonçait au moins les faits : une femme voulait lui parler, les raisons étaient fausses néanmoins. Melisandre choisissait ce moment pour sortir à son tour pour les rejoindre. Elle souriait à l'homme devant elle, un sourire narquois. Elle se tenait bien droite et sur le côté de Sigurd bien qu'un pas en avant comme pour montrer qui commandait entre les deux. Il n'y avait qu'eux dans cette ruelle, voilà pourquoi elle se permettait de lui parler.

- Rowen Hightower, j'ai quelque mots pour vous. Si vous avez quelque minutes de votre vie à partager avec une prêtresse je vous en serai reconnaissante.

Elle le regardait de ses yeux rouge, marquait une légère pause puis reprenait, s'attendant bien évidemment à ce qu'il essaie de fuir.

- Ne désireriez vous pas des nouvelles de votre épouse ?

Elle s'attendait encore à ce que le jeune homme fuit et elle aurait compris, il aurait pu s'attendre à ce que la prêtresse l'envoie directement chez le roi, ou que tout simplement elle apporte sa tête à Viserys. Les relations entre les deux personnes étaient fort connu à présent des personnes de la Couronne, Viserys s'intéressait de près au culte de R'hllor. Et l'homme face à elle était peut-être devenu un moins que rien dormant à même le sol avec des habits vieux et sales, il devait sans doute l'avoir entendu quelque part. Mais Sigurd était prêt à lui bondir dessus et le maintenir si besoin était.

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