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[Flashback]En terres inconnues... Ft. Talya Baelish
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En terres inconnues
Le temps soigne les blessures...
Talya Baelish & Lester Morrigen
L'impatience du seigneur Morrigen était palpable. Il avait déjà fait le tour de la pièce à plusieurs reprises, jetant des regards qu'il pensait furtifs par la fenêtre de la tour. Fern se tenait debout, dans l'encadrement de la porte, simulant une légère nervosité au comportement de son maître. Ses doigts tapotaient l'escarcelle en cuir qui ornait sa cuisse droite.Lester, lui, était nonchalamment assis à côté du bureau, un verre de vin à la main, le regard perdu dans le vide. Du moins c'était l'imression qu'il donnait. Le chambellan nota avec approbation que le verre n'était qu'un accessoire, un outil pour simuler son désintérêt de la situation. Le niveau de liquide n'avait pas baissé depuis que le jeune maître s'était servi, près de dix minutes plus tôt. Il nota de féliciter Lester pour son initiative lorsqu'ils seraient seuls, tout en lui apprenant comment faire vider le verre sans en boire, afin de garder toutes ses facultés. Et sans tâcher la tapisserie, de préférence...
Fern, lassé du va-et-vient incessant du Lord, décida de focaliser l'attention de celui-ci sur quelque chose d'autre. Et, comme souvent, le quelque chose en question serait lui-même. Sa voix s'éleva, calme et grave, un timbre unique qui faisait souvent frissoner ceux qui l'entendaient :
« Messire, commença-t-il, si nos gardes avaient rencontré le moindre problème, nous en aurions déjà eu vent... »
Le seigneur Morrigen, le Corbeau de Sang, comme il était souvent appelé, s'arrêta net. Son regard furieux se tourna droit vers son chambellan. N'importe quel homme se serait fait minuscule, aurait tenté de fuir vers la sortie la plus proche, tel un animal poursuivi par son prédateur. Mais Fern resta impassible. Il avait presque grandi avec Damon, et il n'en était pas à sa première crise. Il savait pertinemment que le seigneur Morrigen n'approuvait pas qu'on lui rappelle des choses dont il était conscient... et que Damon allait sans aucun doute se lancer dans un des accès de rage qui lui devaient son surnom.
Mais alors qu'il allait commencer sa tirade belliqueuse, une quinte de toux l'interrompit. Quelques gouttes de sang passèrent à travers de ses doigts pour chuter sur la pierre froide.
Fern accourut, sortant de sa bourse un morceau de tissu avec lequel il essuya les lèvres et les mains de son seigneur.
« Maître... il va falloir changer votre traitement, vos symptomes ne font qu'empirer... »
Ouvrant son escarcelle, Fern en tira plusieurs bouteilles opaques, qu'il posa sur le bureau. Lester se redressa et s'éloigna, hochant la tête et posant le verre de vin sur le bureau. Le chambellan connaissait son travail, et il lui faisait confiance pour accomplir sa tâche avec brio.
Ayant calculé la dose nécessaire, Fern en offrit une gorgée à son seigneur. Celui-ci engloutit le contenu du récipient. Quelques instants de silence s'installèrent, pendant lesquelles Damon resta immobile, le regard fixé vers le sol... puis il éclata d'un rire tonitruant, passant le tissu offert par son vieil ami sur ses lèvres pour nettoyer les quelques restes de sang qui s'y trouveraient.
Tel était Damon : prompt à la fureur et à la rage, mais tout autant au pardon et à la joie.
Il leva ses yeux, et trouva les regards souriants, voire amusés, de son chambellan et de son fils.
« Que ferais-je sans toi, Fern ? demanda-t-il en lissant ses vêtements légèrement froissés par ses contorsions. Cette pauvre jeune fille vient à peine de revenir de chez ces sauvages de Fer-Nés... et j'aurais pu l'accueillir en la recouvrant de sang... Damnée soit cette maladie qui me ronge ! »
Il ponctua sa déclaration d'un coup de poing sur la table, renversant au passage le verre que Lester y avait posé. Le cristal se brisa, et l'héritier des Morrigen fit un bond en arrière pour éviter d'être aspergé de vin.
Il s'examina du mieux qu'il le pouvait, afin de s'assurer que nulle goutte ne l'avait touché. Satisfait d'être propre sur lui, il prit à son tour à la parole :
« Père, peut-être devrions-nous quitter votre salle d'audience... guetter ainsi ne les fera pas arriver plus vite. »
Damon hocha la tête, et fit signe à son fils de mener la marche. Lester le dépassa, se sentant comme à chaque fois oppressé par la carrure de son père. Même si lui-même dépassait de près d'une tête la plupart des hommes qu'il croisait, il se sentait toujours petit face à Damon, une montagne faite homme.
Alors qu'il se repositionnait, son père reprit la parole :
« Lester, tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir... »
Je serais venu dans tous les cas, pensa immédiatement Lester.
Toute nouvelle présence au Nid de Corbeaux, aussi inoffenssive qu'elle puisse paraître, se devait d'être étudiée... Mais malgré tout, gardant comme toujours son masque d'innoncence et d'incompétence politique, Lester répondit sur un ton interrogateur :
« En effet, père. Même si la réelle question est pourquoi vous m'avez fait venir tout en demandant à Richard et Guyard de partir au pavillon de chasse quelques jours... »
Le seigneur Morrigen hocha la tête et son visage redevint sérieux. Ce n'était pas bon signe. Lester connaissait bien cette expression, et elle n'avait jamais apporté que des plans politiques que Damon estimait géniaux, mais qui en réalité pêchaient toujours par leur manque de vision, à court ou long terme. Le Corbeau de Sang était un homme d'action, pas un habitué des subtilités de la politique...
Et il le prouva encore une fois.
« Mon fils, cela fait plusieurs années que tu es en âge de te marier. J'ai certes accepté d'héberger la fille de Quentyn en honneur de notre amitié, mais aussi dans le but que vous vous connaissiez. Et si vous vous entendez bien, alors, j'en parlerai à son père... »
Lester s'arrêta net dans l'escalier, et il sentit Fern manquer de le percuter au passage. Il s'était entrainé à garder son calme dans toutes les situations. Il était fier de sa discipline de soi. Même s'il bouillonait souvent intérieurement, jamais rien ne transparaissait sur son visage.
Mais après la déclaration de son père, il n'avait qu'une envie : se jeter sur Damon,et cogner sa tête contre le mur le plus proche jusqu'à ce que ses neurones se décident enfin à fonctionner d'une façon un tant soit peu logique.
Il avait tant de critiques à faire à cette logique. Le plan de son père avait tellement défaut que le vrai défi était d'y trouver un minimum d'intelligence. Comment faisait-il pour toujours avoir les idées les plus stupides, tout en se prenant pour un maître dans son domaine ? C'était exactement à cause d'idées comme celle-là que Lester devait passer des jours... des semaines, mêmes, à rattraper les erreurs de son père auprès des autres vassaux des Connington, ainsi qu'après de la suzeraine de l'Orage elle-même.
Il ne savait pas par où commencer : par le fait qu'il avait déjà une idée très précise de qui il épouserait ? Par le fait que Talya Baelish appartenait à une famille plus que mineure, et que son mariage n'apporterait aucun avantage politique ? Qu'il n'épouserait qu'une femme capable d'être son égal en politique ?
La voix de Fern l'interrompit dans ses réflexions :
« Messire... Pensez-vous réellement que réfléchir au mariage avec une jeune fille qui vient de revenir des Iles de Fer soit une bonne idée ? Nul ne sait ce qu'elle a pu y vivre, et ne serait-ce qu'aborder l'idée en sa présence pourrait être à la fois très mal venu, mais aussi traumatisant pour elle. »
Ah oui, cette raison-là est tout aussi valable. J'aurais peut-être du y penser moi-même...
C'était dans ces moments-là que Lester se disait qu'il avait encore beaucoup à apprendre de son mentor. Mais aussi qu'il perdait progressivement quelque chose, en lui. Fern lui avait souvent répété que la compassion était une des plus grandes qualités que pouvait avoir un Lord. Non pas s'émouvoir du moindre trouble... mais savoir ce que les gens traversaient. Comprendre ce qu'ils ressentaient, leurs souffrances, leurs motivations, que cela soit pour les diriger, les aider, les manipuler, ou simplement créer une relation humaine. L'héritier des Morrigen avait perdu cette sensation, en voyant son père enfoncer leur famille dans les ténèbres de l'oubli à chaque nouvelle intrigue qu'il désirait lancer, à chaque insulte dirigée vers le Connington...
Ou peut-être l'avait-il faite taire lorsqu'il réfléchissait à ce qu'il était en train de faire pour sa famille. Et qu'il l'enterrerait pour de bon lorsque le plan serait arrivé à son terme.
Comment garder son humanité lorsque l'on comettait un pêché pareil...
Damon voulut répondre, mais il entendit les gardes hurler quelque chose, dans la cour. Leur invitée était arrivée.
Les trois hommes échangèrent un regard, et descendirent les escaliers quatre à quatre.
Arrivés dans la grande halle, le Lord s'installa à la place qui lui était réservée lorsqu'il écoutait les doléances de son peuple. Fern, comme à son habitude, se tenait debout derrière le fauteuil de son maître. Lester allait lui-aussi s'installer à côté de son père mais, au dernier moment, décida de se tenir près de la porte d'entrée. Son mentor hocha la tête avec approbation. Il comprenait l'idée de Lester, et en approuvait la principe, si ce n'était la réalisation.
Quelques instants plus tard, la porte de la grande salle s'ouvrit.
Deux gardes, suivis de deux serviteurs portant une malle contenant sans aucun doute les vêtements de l'invitée des Morrigen, entrèrent. Les gardes portaient la livrée des Morrigen, rendue poussiéreuse par le trajet qu'ils avaient du accomplir. Ils étaient en sueur, et les Sept seuls savaient dans quels états étaient leurs chevaux. Ils avaient du les faire courir jusqu'à l'épuisement le plus total pour espérer arriver le plus vite possible à Nid de Corbeaux... Il nota de trouver leur nom et de les féliciter personnellement lorsqu'il en aurait l'occasion, sans doute en leur glissant une pièce ou deux, ou quelques cadeaux pour leurs enfants s'ils en avaient.
Puis, le fils Morrigen tourna son attention vers la personne que ses hommes avaient accompagnée. Il avait déjà rencontré le père de Talya au tournoi d'Harrenhal, une dizaine d'années plus tôt. Mais à l'époque, la jeune enfant avait à peine quelques années, et était restée à la demeure familiale. Il ne savait donc pas à quoi s'attendre... mais dans tous les cas il était agréablement surpris.
La jeune femme qui passa la porte était bien plus jeune que lui, il le savait, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir un certain charme. Mais, rien que de penser cela, l'idée de son père lui revint en tête, et avec elle toutes les incohérences et défauts qu'elle présentait.
Et comme une piqure, la déclaration de Fern lui revint elle aussi. Se mettre à sa place. Penser à ce qu'elle avait vécu. Il devrait être un bon hôte, et non ne penser à elle que comme un levier politique, ou plutôt un non-levier. Peut-être pourrait-il essayer de travailler son défaut, avec elle... de redécouvrir ce que cela faisait d'être... humain.
Il entendit Fern se râcler la gorge, et comprit le message : il fallait agir vite, s'il voulait éviter de laisser à son père la possibilité d'exprimer la moindre de ses idées, par maladresse, à leur invitée.
Lester s'inclina donc, offrant à Talya Baelish le même honneur qu'il le ferait pour sa suzeraine, ou toute autre noble de haut rang.
« Dame Baelish, je vous souhaite la bienvenue dans la demeure des Morrigen. Notre toit est votre toit, notre pain est votre pain, et je vous assure que vous ne manquerez de rien tant que vous serez parmi nous. »
Il lui tendit le bras, pour lui signaler qu'il allait l'emmener ailleurs, tout en montrant son père et son chambellan de l'autre main :
« L'homme au visage plus ciselé qu'une montagne est notre chambellan, Fern. Et la créature assise devant lui est un ours qui, un jour, a essayé de se faire passer pour le Lord Morrigen. Nous avons décidé de lui laisser croire que nous ne nous étions rendus compte de rien, histoire de ne pas se faire dévorer par accident. Quant à moi, je suis Lester Morrigen, fils de Damon Morrigen, et je serai votre guide dans notre humble demeure, si cela vous sied. »
Fern, lassé du va-et-vient incessant du Lord, décida de focaliser l'attention de celui-ci sur quelque chose d'autre. Et, comme souvent, le quelque chose en question serait lui-même. Sa voix s'éleva, calme et grave, un timbre unique qui faisait souvent frissoner ceux qui l'entendaient :
« Messire, commença-t-il, si nos gardes avaient rencontré le moindre problème, nous en aurions déjà eu vent... »
Le seigneur Morrigen, le Corbeau de Sang, comme il était souvent appelé, s'arrêta net. Son regard furieux se tourna droit vers son chambellan. N'importe quel homme se serait fait minuscule, aurait tenté de fuir vers la sortie la plus proche, tel un animal poursuivi par son prédateur. Mais Fern resta impassible. Il avait presque grandi avec Damon, et il n'en était pas à sa première crise. Il savait pertinemment que le seigneur Morrigen n'approuvait pas qu'on lui rappelle des choses dont il était conscient... et que Damon allait sans aucun doute se lancer dans un des accès de rage qui lui devaient son surnom.
Mais alors qu'il allait commencer sa tirade belliqueuse, une quinte de toux l'interrompit. Quelques gouttes de sang passèrent à travers de ses doigts pour chuter sur la pierre froide.
Fern accourut, sortant de sa bourse un morceau de tissu avec lequel il essuya les lèvres et les mains de son seigneur.
« Maître... il va falloir changer votre traitement, vos symptomes ne font qu'empirer... »
Ouvrant son escarcelle, Fern en tira plusieurs bouteilles opaques, qu'il posa sur le bureau. Lester se redressa et s'éloigna, hochant la tête et posant le verre de vin sur le bureau. Le chambellan connaissait son travail, et il lui faisait confiance pour accomplir sa tâche avec brio.
Ayant calculé la dose nécessaire, Fern en offrit une gorgée à son seigneur. Celui-ci engloutit le contenu du récipient. Quelques instants de silence s'installèrent, pendant lesquelles Damon resta immobile, le regard fixé vers le sol... puis il éclata d'un rire tonitruant, passant le tissu offert par son vieil ami sur ses lèvres pour nettoyer les quelques restes de sang qui s'y trouveraient.
Tel était Damon : prompt à la fureur et à la rage, mais tout autant au pardon et à la joie.
Il leva ses yeux, et trouva les regards souriants, voire amusés, de son chambellan et de son fils.
« Que ferais-je sans toi, Fern ? demanda-t-il en lissant ses vêtements légèrement froissés par ses contorsions. Cette pauvre jeune fille vient à peine de revenir de chez ces sauvages de Fer-Nés... et j'aurais pu l'accueillir en la recouvrant de sang... Damnée soit cette maladie qui me ronge ! »
Il ponctua sa déclaration d'un coup de poing sur la table, renversant au passage le verre que Lester y avait posé. Le cristal se brisa, et l'héritier des Morrigen fit un bond en arrière pour éviter d'être aspergé de vin.
Il s'examina du mieux qu'il le pouvait, afin de s'assurer que nulle goutte ne l'avait touché. Satisfait d'être propre sur lui, il prit à son tour à la parole :
« Père, peut-être devrions-nous quitter votre salle d'audience... guetter ainsi ne les fera pas arriver plus vite. »
Damon hocha la tête, et fit signe à son fils de mener la marche. Lester le dépassa, se sentant comme à chaque fois oppressé par la carrure de son père. Même si lui-même dépassait de près d'une tête la plupart des hommes qu'il croisait, il se sentait toujours petit face à Damon, une montagne faite homme.
Alors qu'il se repositionnait, son père reprit la parole :
« Lester, tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir... »
Je serais venu dans tous les cas, pensa immédiatement Lester.
Toute nouvelle présence au Nid de Corbeaux, aussi inoffenssive qu'elle puisse paraître, se devait d'être étudiée... Mais malgré tout, gardant comme toujours son masque d'innoncence et d'incompétence politique, Lester répondit sur un ton interrogateur :
« En effet, père. Même si la réelle question est pourquoi vous m'avez fait venir tout en demandant à Richard et Guyard de partir au pavillon de chasse quelques jours... »
Le seigneur Morrigen hocha la tête et son visage redevint sérieux. Ce n'était pas bon signe. Lester connaissait bien cette expression, et elle n'avait jamais apporté que des plans politiques que Damon estimait géniaux, mais qui en réalité pêchaient toujours par leur manque de vision, à court ou long terme. Le Corbeau de Sang était un homme d'action, pas un habitué des subtilités de la politique...
Et il le prouva encore une fois.
« Mon fils, cela fait plusieurs années que tu es en âge de te marier. J'ai certes accepté d'héberger la fille de Quentyn en honneur de notre amitié, mais aussi dans le but que vous vous connaissiez. Et si vous vous entendez bien, alors, j'en parlerai à son père... »
Lester s'arrêta net dans l'escalier, et il sentit Fern manquer de le percuter au passage. Il s'était entrainé à garder son calme dans toutes les situations. Il était fier de sa discipline de soi. Même s'il bouillonait souvent intérieurement, jamais rien ne transparaissait sur son visage.
Mais après la déclaration de son père, il n'avait qu'une envie : se jeter sur Damon,et cogner sa tête contre le mur le plus proche jusqu'à ce que ses neurones se décident enfin à fonctionner d'une façon un tant soit peu logique.
Il avait tant de critiques à faire à cette logique. Le plan de son père avait tellement défaut que le vrai défi était d'y trouver un minimum d'intelligence. Comment faisait-il pour toujours avoir les idées les plus stupides, tout en se prenant pour un maître dans son domaine ? C'était exactement à cause d'idées comme celle-là que Lester devait passer des jours... des semaines, mêmes, à rattraper les erreurs de son père auprès des autres vassaux des Connington, ainsi qu'après de la suzeraine de l'Orage elle-même.
Il ne savait pas par où commencer : par le fait qu'il avait déjà une idée très précise de qui il épouserait ? Par le fait que Talya Baelish appartenait à une famille plus que mineure, et que son mariage n'apporterait aucun avantage politique ? Qu'il n'épouserait qu'une femme capable d'être son égal en politique ?
La voix de Fern l'interrompit dans ses réflexions :
« Messire... Pensez-vous réellement que réfléchir au mariage avec une jeune fille qui vient de revenir des Iles de Fer soit une bonne idée ? Nul ne sait ce qu'elle a pu y vivre, et ne serait-ce qu'aborder l'idée en sa présence pourrait être à la fois très mal venu, mais aussi traumatisant pour elle. »
Ah oui, cette raison-là est tout aussi valable. J'aurais peut-être du y penser moi-même...
C'était dans ces moments-là que Lester se disait qu'il avait encore beaucoup à apprendre de son mentor. Mais aussi qu'il perdait progressivement quelque chose, en lui. Fern lui avait souvent répété que la compassion était une des plus grandes qualités que pouvait avoir un Lord. Non pas s'émouvoir du moindre trouble... mais savoir ce que les gens traversaient. Comprendre ce qu'ils ressentaient, leurs souffrances, leurs motivations, que cela soit pour les diriger, les aider, les manipuler, ou simplement créer une relation humaine. L'héritier des Morrigen avait perdu cette sensation, en voyant son père enfoncer leur famille dans les ténèbres de l'oubli à chaque nouvelle intrigue qu'il désirait lancer, à chaque insulte dirigée vers le Connington...
Ou peut-être l'avait-il faite taire lorsqu'il réfléchissait à ce qu'il était en train de faire pour sa famille. Et qu'il l'enterrerait pour de bon lorsque le plan serait arrivé à son terme.
Comment garder son humanité lorsque l'on comettait un pêché pareil...
Damon voulut répondre, mais il entendit les gardes hurler quelque chose, dans la cour. Leur invitée était arrivée.
Les trois hommes échangèrent un regard, et descendirent les escaliers quatre à quatre.
Arrivés dans la grande halle, le Lord s'installa à la place qui lui était réservée lorsqu'il écoutait les doléances de son peuple. Fern, comme à son habitude, se tenait debout derrière le fauteuil de son maître. Lester allait lui-aussi s'installer à côté de son père mais, au dernier moment, décida de se tenir près de la porte d'entrée. Son mentor hocha la tête avec approbation. Il comprenait l'idée de Lester, et en approuvait la principe, si ce n'était la réalisation.
Quelques instants plus tard, la porte de la grande salle s'ouvrit.
Deux gardes, suivis de deux serviteurs portant une malle contenant sans aucun doute les vêtements de l'invitée des Morrigen, entrèrent. Les gardes portaient la livrée des Morrigen, rendue poussiéreuse par le trajet qu'ils avaient du accomplir. Ils étaient en sueur, et les Sept seuls savaient dans quels états étaient leurs chevaux. Ils avaient du les faire courir jusqu'à l'épuisement le plus total pour espérer arriver le plus vite possible à Nid de Corbeaux... Il nota de trouver leur nom et de les féliciter personnellement lorsqu'il en aurait l'occasion, sans doute en leur glissant une pièce ou deux, ou quelques cadeaux pour leurs enfants s'ils en avaient.
Puis, le fils Morrigen tourna son attention vers la personne que ses hommes avaient accompagnée. Il avait déjà rencontré le père de Talya au tournoi d'Harrenhal, une dizaine d'années plus tôt. Mais à l'époque, la jeune enfant avait à peine quelques années, et était restée à la demeure familiale. Il ne savait donc pas à quoi s'attendre... mais dans tous les cas il était agréablement surpris.
La jeune femme qui passa la porte était bien plus jeune que lui, il le savait, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir un certain charme. Mais, rien que de penser cela, l'idée de son père lui revint en tête, et avec elle toutes les incohérences et défauts qu'elle présentait.
Et comme une piqure, la déclaration de Fern lui revint elle aussi. Se mettre à sa place. Penser à ce qu'elle avait vécu. Il devrait être un bon hôte, et non ne penser à elle que comme un levier politique, ou plutôt un non-levier. Peut-être pourrait-il essayer de travailler son défaut, avec elle... de redécouvrir ce que cela faisait d'être... humain.
Il entendit Fern se râcler la gorge, et comprit le message : il fallait agir vite, s'il voulait éviter de laisser à son père la possibilité d'exprimer la moindre de ses idées, par maladresse, à leur invitée.
Lester s'inclina donc, offrant à Talya Baelish le même honneur qu'il le ferait pour sa suzeraine, ou toute autre noble de haut rang.
« Dame Baelish, je vous souhaite la bienvenue dans la demeure des Morrigen. Notre toit est votre toit, notre pain est votre pain, et je vous assure que vous ne manquerez de rien tant que vous serez parmi nous. »
Il lui tendit le bras, pour lui signaler qu'il allait l'emmener ailleurs, tout en montrant son père et son chambellan de l'autre main :
« L'homme au visage plus ciselé qu'une montagne est notre chambellan, Fern. Et la créature assise devant lui est un ours qui, un jour, a essayé de se faire passer pour le Lord Morrigen. Nous avons décidé de lui laisser croire que nous ne nous étions rendus compte de rien, histoire de ne pas se faire dévorer par accident. Quant à moi, je suis Lester Morrigen, fils de Damon Morrigen, et je serai votre guide dans notre humble demeure, si cela vous sied. »
base cracles bones, modification lawina
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En terres inconnues.
Lester Morrigen & Talya Baelish
Près de la fenêtre, un homme dans la tranche de l’âge grattait, nerveusement, il gribouillait un rouleau de papier. À côté de lui, plusieurs autres rouleaux chiffonnés s’entassaient, il cherchait ses mots, il tirait sur sa barbe vieille de plusieurs jours, soucieux, pensif. Celui-ci serait le bon. Il signait avant de sceller le parchemin du sceau du titan de Braavos, avant de le tendre à un domestique de fortune. Le processus était en marche.
Quentyn Baelish s'était posé sur son fauteuil, ayant mis plusieurs minutes à trouver une position adéquate, devait-il agir en père, ou en Lord Baelish ? Au bout de la table, il portait sur son faciès l'air d'un homme préoccupé, les traits étirés par une montagne de pensées et de questionnements, lorsqu'il arborait cette mine sévère, il ne faisait plus son âge, grappillant au temps qui s'écoule une dizaine d'années supplémentaires. Ce qu'il s'apprêtait à annoncer à sa fille, il l'avait mûrement réfléchi, des heures durant. Il ne subsistait de meilleure solution que celle-ci. Depuis toujours, les Sept s'étaient joués de lui, lui volant, années après année, lui prenant ces petits morcellements de bonheur : sa femme, son sourire aimant et bienveillant, son fils, courageux et fort comme un prince, son aîné, sa première fierté au monde, celui qui lui avait appris à force de sacrifices, la vie de père. Ne subsistait alors de joie dans son existence, que celle de sa cadette, qu'il chérissait comme son plus précieux trésor. Celle qu'il nommait sans mal, le Trésor des Baelish, seul vestige de gaieté, pire encore, de féminité au sein de cette tour de pierre. De femmes, la maison Baelish en avait eu, mais ne vivait encore que cette dernière, sa tête brûlée d'héritière. Quelques semaines auparavant, l'on avait fendu son cœur en lui subtilisant, lui arrachant des mains son précieux joyau. Les Fer-Nés avaient offert à Talya, un aller sans retour possible, à moins qu'il ne cède à ce chantage. Et quel père aurait-il été en s'y refusant ? Le Lord Baelish savait sa fille forte, têtue et grande gueule, mais Quentyn ne l'était pas tant, il n'était pas son frère aîné, il subissait ses faiblesses depuis toujours, et au fil du temps, il s'était vite persuadé que celle-ci serait celle qui le conduirait dans l'autre monde.
Il n'avait que peu de buts dans la vie, être un bon vassal, assurément, mais plus encore être un bon père, et, égoïstement protéger ce petit rayon de joie. Douloureuse serait l'annonce qu'il ferait, néanmoins, lorsque son enfant entra dans la salle commune, du moins ce qu'ils appelaient ainsi, son visage s'illuminait d'un rayon flamboyant. Talya lui semblait resplendissante, malgré les aléas de sa vie, en dépit des événements, son visage demeurait fier, avare de sourire, prétentieux comme devait l'être une femme si belle. Seize années lui avaient offert ce qu'il n'eut jamais obtenu en toute une vie de sacrifices. D'un geste, d'une main quelque peu tremblante, il lui désignait une chaise, non loin de lui, mais assez pour se protéger des débordements à venir. De près, il pouvait néanmoins lire la souffrance sur le visage de son Trésor, l'oisillon avait perdu goût à la vie, celle en communauté, aussi, comme depuis son retour, se contentait-elle d'écouter, elle qui, d'accoutumer était la première à taper du poing, quitte à s'en fracturer une phalange ou deux. S'éclaircissant la voix, il débutait alors sa longue tirade :
Convaincu de faire le bon choix, il n'écorchait aucun de ses mots. Ici, la prunelle de ses yeux était en train de s'éteindre, pire encore, elle avait goûté au danger, y avait pris goût, et ne semblait plus connaître les limites de ce monde, elle s'en riait comme on se rit d'une farce maladroite. Damon Morrigen était un ami de longue date, et en réalité l'un des seuls amis qu'il pouvait considérer être sien. L'Orage était bien loin du Val, donc bien loin de sa connaissance, l'idée lui était donc tombée dans les doigts. Éloigner un trésor est la meilleure façon de le conserver. Assurément.
Ce fut notre vraie dernière discussion, notre ultime vrai échange père-fille. Il me semble, du moins dans mon souvenir, avoir exprimé mon désaccord sur cette décision, donc je pouvais aisément me permettre d'appeler cela une joute verbale dans laquelle j'avais décidé de perdre. J'eus remporté une victoire amère, lorsque, le jour de mon départ, j'avais pu lire dans son visage tout le regret d'un père qui abandonne son dernier enfant pour un monde loin du sien. Cette mine d'homme attristé malgré tout convaincu de faire le bon choix. À mon sens, c'était surtout une décision extravagante prise sous le coup de la panique. Il me semblait que saisir ce qui l'avait poussé à agir de la sorte était au dessous de mes moyens. Oui, au-dessous, car, même s'il était un père aimant et complet dans sa façon d'être, il n'en demeurait pas moins un homme aux faiblesses multiples. Il existait mille et unes façons de me placer en sécurité, sans avoir à m'exiler de ces terres qui avaient vu naître mon existence, avaient essuyé mes larmes, mes colères, celles qui avaient accentué mes joies. Tant de façon s'était présentée de voir les choses sous un angle nouveau : protéger les côtes, me faire suivre par une épée lige… Mais j'étais épuisée, lassée de me battre, peut-être avais-je trop donné ce jour-là… Mon voyage chez les Fer-Nés m'avait au moins inculqué le sens du silence, à force de gifles et d'insultes plus méprisantes les unes que les autres. Bien sûr, l'idée de devoir abandonner cette vie dans laquelle je m'étais conforté m'étais toujours un concept détestable, même si j'eus toujours eu un goût prononcé pour l'aventure et la découverte, si j'avais dévoré des centaines d'ouvrages sur les royaumes au-delà du mien, je gardait cette amertume d'avoir été exilée pour une faute qui n'était pas mienne. Congédiée de mon univers pour avoir été confrontée à un autre plus puissant… Hérésie.
Pour ne rien arranger, la première partie de mon voyage s’était déroulée sur des averses violentes, puis des tempêtes de flottes. Les Sept n’étaient pas de mon côté, ou alors m’en voulaient-ils de n’avoir rien fait pour rester au côté de mon père ? J’étais forcée de rester dans la diligence à longueur de journée, parce qu’une dame ne doit surtout pas se salir… S’ils savaient, ces gardes de pacotilles, que j’étais sûrement plus sale qu’eux à présent, que mon âme ne serait jamais lavée des affronts qu’on lui avait fait subir. Je devais subir chaque crevasse dans la route, et certains pans de la route royale était décidément dans un sale état, tant je craignais que chaque nouvelle motte de terre ne fasse céder l’habitacle en des milliers de morceaux. Détestable voyage, détestable but… Je ne pouvais converser qu’avec moi-même, et j’étais plus qu’épuisée de devoir refaire la pluie et le beau temps dans des monologues interminables. À ma façon, j’avais réorganisé le continent, défait des familles, liées des dynasties contraires, imaginé des résultats amusants…
Ce jour, alors que nous allions partir de l’auberge qui nous avait accueillis, un des hommes chargés de m’escorter, sûrement le plus jeune et le moins bourru de tous, m’indiquait que nous n’étions plus qu’à quelques heures de chevauchée de Nid de Corbeaux. Il est vrai que le paysage avait largement changé au travers des différentes contrées que composaient la route royale. Enfin une bonne nouvelle au moins. Un large sourire s’était étiré sur mon faciès à cette annonce. Il était temps que je me rebelle un peu, trop de docilité allait finir par nuire à mon adage. Ainsi, je fis tomber la cape aux couleurs de ma maison, la laissant choir sur l’un de mes bras pour aller la ranger dans la diligence, non, plutôt la jeter en une boule immonde qui ferait hurler toutes les Septas du monde. Dans celle-ci, je bousculais une boule rousse difforme, j’attrapais alors chat en train de dormir. Meraxès s’était déjà installée, elle, mais il allait y avoir un peu de renouveau dans les plans…
Au bout du cortège, suivait une jument noire, au pelage quelque peu poussiéreux d’avoir été traîné sans jamais être monté. Un précieux présent de mon père, que j’avais eu toute jeune, et qui me suivait comme l’ombre de Meraxès. Et bien, ce serait le jour idéal pour lui faire oublier l’abandon qu’elle avait dû subir. Sans me soucier du monde autour, je pris l’initiative de la sceller. Tirant sèchement sur la sangle malmenée de la nacelle dans le bas de son dos, je déposais le félin avant de fermer cette dernière, puis, comme si j’avais été un homme et non une femme, je me hissais sur la scelle, habillée pour l’occasion d’une tenue de monte, ayant attendu des jours durant que l’autorisation faiblarde d’un des hommes se fasse. Certes, ce n’était pas vraiment une autorisation, mais le ciel était clément, le voyage allait à son apogée, et moi, j’avais été isolée pendant des semaines. Un mois s’était sûrement écoulé depuis mon départ du plus petit des Quatre Doigts.
Un sentiment de toute-puissance s’épris de mon corps, je me sentais revivre, pas comme avant, mais c’était une maigre consolation. Sur le chemin, alors que j’avais évité tout contact avec la petite troupe mise à ma disposition, je me mettais à les questionner comme une enfant curieuse, sur la maison où j’allais séjourner, sur les gens qui y vivaient, sur l’atmosphère qui y régnait, les détails qu’ils étaient les seuls à connaître. Peu étaient dans la volonté de me répondre, mais ceux qui cédaient à mes caprices me semblaient de jeunes chevaliers de confiance. C’était étrange d’avoir de nouveau la possibilité de parler à des hommes inconnus, qui ne souhaitaient me vendre au plus offrant…
Après plusieurs heures de tappes-cul incessant, nous arrivions aux portes de la demeure des Morrigen, c’était à l’opposé de toutes les demeures du Val que j’avais pu voir, c’était aussi assez étranger aux demeures que nous avions croisé dans les autres royaumes. Une vaste maison s’étalait à perte de vue. Rien à voir avec le tour de Silex dans laquelle j’avais grandi. Assurément. Descendant de ma monture aux portes de la bâtisse, je laissais la jument là, après une douce caresse bienfaitrice.
Reprenant alors la cape délaissée quelques heures plutôt, je fis l’effort de la placer sur mes épaules, pour cacher aussi la boue qui s’était nichée sur le pantalon équestre de cuir que je portais. Avoir l’air d’une souillon lors d’une première entrée n’était pas un choix judicieux. Une rapide petite mise en plis des cheveux, attachés en une tresse rebelle, et j’étais prête à faire mon entrée. Dans mes bras, se trouvait pelotonnée la jeune féline, que je caressais, nerveusement, tirant parfois sur son oreille pour tenter de calmer mes frayeurs. Un mois s’était écoulé et la peur ne naissait que maintenant… La porte s’était alors ouverte sur une pièce commune, dans laquelle siégeait un homme, puis un autre et encore un. Combien était-il ? Mon cœur se serrait violemment, je me sentais comme éprise par une foule de souvenirs : des hommes, tout autour de moi, me dévisageant comme une proie facile. Mon cœur ne fit qu’un tour.
Mon père m’avait donc amené dans la cage aux lions… Pire encore, des corbeaux, et j’étais une proie si facile, et si vulnérable. Déglutissant, je fis tout mon possible pour aligner encore un pied devant l’autre, maladroitement, comment pouvait-il en être autrement lorsqu’une scène si banale était en mesure de faire ressurgir des souvenirs si douloureux. Quelques secondes de plus, et une larme menaçait de couler le long de ma joue. Soudain, un homme s’adressait à moi, je redressais un regard tremblant sur sa personne, s’il n’avait pas été brun, j’aurais fait un pas de recul. Mon palpitant tambourinait si fort dans ma poitrine que je peinais à écouter un seul de ses mots. Je ne bougeais alors qu’à la désignation des deux autres hommes, m’inclinant tant bien que mal. C’était horrible… Tout ceci était tout bonnement un mauvais rêve, il me suffisait de me frapper pour me réveiller, et je serais chez moi, ou alors dans cette immonde cage de bois en route pour ce même lieu qui serait forcément différent… Mais, éprise par le doute, je fis le choix d’éviter ce genre de geste déplacé.
Je tentais d’esquisser un sourire à celui qui s’annonçait être mon guide, son nom m’échappait déjà alors qu’il venait à peine de le prononcer. Marquant un temps d’arrêt, je fis la boucle en sens inverse, déposant une main tremblante à son bras pour lui faire signe que j’acceptais son offre, faisant par la même tomber la féline qui grinça des dents en se cachant sous ma cape, avais-je seulement le choix de décliner l’offre ? Pouvais-je seulement refuser, tourner les talons et m’en retourner sur ma jument comme si de rien était, pour retourner auprès de mon père, dans le Val ? Cela me semblait impossible, alors, d’une voix hésitante, je me décidais enfin à parler :
Au moins… Le ton était donné, j’étais clairement effrayée par tous les hommes de cette pièce, Lord, chambellan, domestiques, tous avaient cet air hideux de mâle sur le visage, et celui-ci ne dérogeait à la règle que quelque peu. Lisait-il seulement la peur sur mon visage ? Au plus profond de moi, je ne savais quoi souhaiter.
**Demeure des Baelish, l'avant veille du départ.**
Quentyn Baelish s'était posé sur son fauteuil, ayant mis plusieurs minutes à trouver une position adéquate, devait-il agir en père, ou en Lord Baelish ? Au bout de la table, il portait sur son faciès l'air d'un homme préoccupé, les traits étirés par une montagne de pensées et de questionnements, lorsqu'il arborait cette mine sévère, il ne faisait plus son âge, grappillant au temps qui s'écoule une dizaine d'années supplémentaires. Ce qu'il s'apprêtait à annoncer à sa fille, il l'avait mûrement réfléchi, des heures durant. Il ne subsistait de meilleure solution que celle-ci. Depuis toujours, les Sept s'étaient joués de lui, lui volant, années après année, lui prenant ces petits morcellements de bonheur : sa femme, son sourire aimant et bienveillant, son fils, courageux et fort comme un prince, son aîné, sa première fierté au monde, celui qui lui avait appris à force de sacrifices, la vie de père. Ne subsistait alors de joie dans son existence, que celle de sa cadette, qu'il chérissait comme son plus précieux trésor. Celle qu'il nommait sans mal, le Trésor des Baelish, seul vestige de gaieté, pire encore, de féminité au sein de cette tour de pierre. De femmes, la maison Baelish en avait eu, mais ne vivait encore que cette dernière, sa tête brûlée d'héritière. Quelques semaines auparavant, l'on avait fendu son cœur en lui subtilisant, lui arrachant des mains son précieux joyau. Les Fer-Nés avaient offert à Talya, un aller sans retour possible, à moins qu'il ne cède à ce chantage. Et quel père aurait-il été en s'y refusant ? Le Lord Baelish savait sa fille forte, têtue et grande gueule, mais Quentyn ne l'était pas tant, il n'était pas son frère aîné, il subissait ses faiblesses depuis toujours, et au fil du temps, il s'était vite persuadé que celle-ci serait celle qui le conduirait dans l'autre monde.
Il n'avait que peu de buts dans la vie, être un bon vassal, assurément, mais plus encore être un bon père, et, égoïstement protéger ce petit rayon de joie. Douloureuse serait l'annonce qu'il ferait, néanmoins, lorsque son enfant entra dans la salle commune, du moins ce qu'ils appelaient ainsi, son visage s'illuminait d'un rayon flamboyant. Talya lui semblait resplendissante, malgré les aléas de sa vie, en dépit des événements, son visage demeurait fier, avare de sourire, prétentieux comme devait l'être une femme si belle. Seize années lui avaient offert ce qu'il n'eut jamais obtenu en toute une vie de sacrifices. D'un geste, d'une main quelque peu tremblante, il lui désignait une chaise, non loin de lui, mais assez pour se protéger des débordements à venir. De près, il pouvait néanmoins lire la souffrance sur le visage de son Trésor, l'oisillon avait perdu goût à la vie, celle en communauté, aussi, comme depuis son retour, se contentait-elle d'écouter, elle qui, d'accoutumer était la première à taper du poing, quitte à s'en fracturer une phalange ou deux. S'éclaircissant la voix, il débutait alors sa longue tirade :
« J'ai reçu ce matin un corbeau de mon ami Damon Morrigen, Lord de la Maison de Nid de Corbeaux. À ma demande, il accepte de t'héberger quelque temps dans sa demeure de l'Orage, afin que tu y reprennes des forces, et que tu y retrouves le sourire. Tu ne te souviens sûrement pas de lui, mais c'est un homme charmant, et ses fils sauront sûrement t'apprendre à rire de nouveau. »
Convaincu de faire le bon choix, il n'écorchait aucun de ses mots. Ici, la prunelle de ses yeux était en train de s'éteindre, pire encore, elle avait goûté au danger, y avait pris goût, et ne semblait plus connaître les limites de ce monde, elle s'en riait comme on se rit d'une farce maladroite. Damon Morrigen était un ami de longue date, et en réalité l'un des seuls amis qu'il pouvait considérer être sien. L'Orage était bien loin du Val, donc bien loin de sa connaissance, l'idée lui était donc tombée dans les doigts. Éloigner un trésor est la meilleure façon de le conserver. Assurément.
***Sur la route pour Nid de Corbeaux, quelque temps avant son arrivée***
Ce fut notre vraie dernière discussion, notre ultime vrai échange père-fille. Il me semble, du moins dans mon souvenir, avoir exprimé mon désaccord sur cette décision, donc je pouvais aisément me permettre d'appeler cela une joute verbale dans laquelle j'avais décidé de perdre. J'eus remporté une victoire amère, lorsque, le jour de mon départ, j'avais pu lire dans son visage tout le regret d'un père qui abandonne son dernier enfant pour un monde loin du sien. Cette mine d'homme attristé malgré tout convaincu de faire le bon choix. À mon sens, c'était surtout une décision extravagante prise sous le coup de la panique. Il me semblait que saisir ce qui l'avait poussé à agir de la sorte était au dessous de mes moyens. Oui, au-dessous, car, même s'il était un père aimant et complet dans sa façon d'être, il n'en demeurait pas moins un homme aux faiblesses multiples. Il existait mille et unes façons de me placer en sécurité, sans avoir à m'exiler de ces terres qui avaient vu naître mon existence, avaient essuyé mes larmes, mes colères, celles qui avaient accentué mes joies. Tant de façon s'était présentée de voir les choses sous un angle nouveau : protéger les côtes, me faire suivre par une épée lige… Mais j'étais épuisée, lassée de me battre, peut-être avais-je trop donné ce jour-là… Mon voyage chez les Fer-Nés m'avait au moins inculqué le sens du silence, à force de gifles et d'insultes plus méprisantes les unes que les autres. Bien sûr, l'idée de devoir abandonner cette vie dans laquelle je m'étais conforté m'étais toujours un concept détestable, même si j'eus toujours eu un goût prononcé pour l'aventure et la découverte, si j'avais dévoré des centaines d'ouvrages sur les royaumes au-delà du mien, je gardait cette amertume d'avoir été exilée pour une faute qui n'était pas mienne. Congédiée de mon univers pour avoir été confrontée à un autre plus puissant… Hérésie.
Pour ne rien arranger, la première partie de mon voyage s’était déroulée sur des averses violentes, puis des tempêtes de flottes. Les Sept n’étaient pas de mon côté, ou alors m’en voulaient-ils de n’avoir rien fait pour rester au côté de mon père ? J’étais forcée de rester dans la diligence à longueur de journée, parce qu’une dame ne doit surtout pas se salir… S’ils savaient, ces gardes de pacotilles, que j’étais sûrement plus sale qu’eux à présent, que mon âme ne serait jamais lavée des affronts qu’on lui avait fait subir. Je devais subir chaque crevasse dans la route, et certains pans de la route royale était décidément dans un sale état, tant je craignais que chaque nouvelle motte de terre ne fasse céder l’habitacle en des milliers de morceaux. Détestable voyage, détestable but… Je ne pouvais converser qu’avec moi-même, et j’étais plus qu’épuisée de devoir refaire la pluie et le beau temps dans des monologues interminables. À ma façon, j’avais réorganisé le continent, défait des familles, liées des dynasties contraires, imaginé des résultats amusants…
****En approche de la demeure Morrigen, jour J****
Ce jour, alors que nous allions partir de l’auberge qui nous avait accueillis, un des hommes chargés de m’escorter, sûrement le plus jeune et le moins bourru de tous, m’indiquait que nous n’étions plus qu’à quelques heures de chevauchée de Nid de Corbeaux. Il est vrai que le paysage avait largement changé au travers des différentes contrées que composaient la route royale. Enfin une bonne nouvelle au moins. Un large sourire s’était étiré sur mon faciès à cette annonce. Il était temps que je me rebelle un peu, trop de docilité allait finir par nuire à mon adage. Ainsi, je fis tomber la cape aux couleurs de ma maison, la laissant choir sur l’un de mes bras pour aller la ranger dans la diligence, non, plutôt la jeter en une boule immonde qui ferait hurler toutes les Septas du monde. Dans celle-ci, je bousculais une boule rousse difforme, j’attrapais alors chat en train de dormir. Meraxès s’était déjà installée, elle, mais il allait y avoir un peu de renouveau dans les plans…
Au bout du cortège, suivait une jument noire, au pelage quelque peu poussiéreux d’avoir été traîné sans jamais être monté. Un précieux présent de mon père, que j’avais eu toute jeune, et qui me suivait comme l’ombre de Meraxès. Et bien, ce serait le jour idéal pour lui faire oublier l’abandon qu’elle avait dû subir. Sans me soucier du monde autour, je pris l’initiative de la sceller. Tirant sèchement sur la sangle malmenée de la nacelle dans le bas de son dos, je déposais le félin avant de fermer cette dernière, puis, comme si j’avais été un homme et non une femme, je me hissais sur la scelle, habillée pour l’occasion d’une tenue de monte, ayant attendu des jours durant que l’autorisation faiblarde d’un des hommes se fasse. Certes, ce n’était pas vraiment une autorisation, mais le ciel était clément, le voyage allait à son apogée, et moi, j’avais été isolée pendant des semaines. Un mois s’était sûrement écoulé depuis mon départ du plus petit des Quatre Doigts.
Un sentiment de toute-puissance s’épris de mon corps, je me sentais revivre, pas comme avant, mais c’était une maigre consolation. Sur le chemin, alors que j’avais évité tout contact avec la petite troupe mise à ma disposition, je me mettais à les questionner comme une enfant curieuse, sur la maison où j’allais séjourner, sur les gens qui y vivaient, sur l’atmosphère qui y régnait, les détails qu’ils étaient les seuls à connaître. Peu étaient dans la volonté de me répondre, mais ceux qui cédaient à mes caprices me semblaient de jeunes chevaliers de confiance. C’était étrange d’avoir de nouveau la possibilité de parler à des hommes inconnus, qui ne souhaitaient me vendre au plus offrant…
Après plusieurs heures de tappes-cul incessant, nous arrivions aux portes de la demeure des Morrigen, c’était à l’opposé de toutes les demeures du Val que j’avais pu voir, c’était aussi assez étranger aux demeures que nous avions croisé dans les autres royaumes. Une vaste maison s’étalait à perte de vue. Rien à voir avec le tour de Silex dans laquelle j’avais grandi. Assurément. Descendant de ma monture aux portes de la bâtisse, je laissais la jument là, après une douce caresse bienfaitrice.
Reprenant alors la cape délaissée quelques heures plutôt, je fis l’effort de la placer sur mes épaules, pour cacher aussi la boue qui s’était nichée sur le pantalon équestre de cuir que je portais. Avoir l’air d’une souillon lors d’une première entrée n’était pas un choix judicieux. Une rapide petite mise en plis des cheveux, attachés en une tresse rebelle, et j’étais prête à faire mon entrée. Dans mes bras, se trouvait pelotonnée la jeune féline, que je caressais, nerveusement, tirant parfois sur son oreille pour tenter de calmer mes frayeurs. Un mois s’était écoulé et la peur ne naissait que maintenant… La porte s’était alors ouverte sur une pièce commune, dans laquelle siégeait un homme, puis un autre et encore un. Combien était-il ? Mon cœur se serrait violemment, je me sentais comme éprise par une foule de souvenirs : des hommes, tout autour de moi, me dévisageant comme une proie facile. Mon cœur ne fit qu’un tour.
Mon père m’avait donc amené dans la cage aux lions… Pire encore, des corbeaux, et j’étais une proie si facile, et si vulnérable. Déglutissant, je fis tout mon possible pour aligner encore un pied devant l’autre, maladroitement, comment pouvait-il en être autrement lorsqu’une scène si banale était en mesure de faire ressurgir des souvenirs si douloureux. Quelques secondes de plus, et une larme menaçait de couler le long de ma joue. Soudain, un homme s’adressait à moi, je redressais un regard tremblant sur sa personne, s’il n’avait pas été brun, j’aurais fait un pas de recul. Mon palpitant tambourinait si fort dans ma poitrine que je peinais à écouter un seul de ses mots. Je ne bougeais alors qu’à la désignation des deux autres hommes, m’inclinant tant bien que mal. C’était horrible… Tout ceci était tout bonnement un mauvais rêve, il me suffisait de me frapper pour me réveiller, et je serais chez moi, ou alors dans cette immonde cage de bois en route pour ce même lieu qui serait forcément différent… Mais, éprise par le doute, je fis le choix d’éviter ce genre de geste déplacé.
Je tentais d’esquisser un sourire à celui qui s’annonçait être mon guide, son nom m’échappait déjà alors qu’il venait à peine de le prononcer. Marquant un temps d’arrêt, je fis la boucle en sens inverse, déposant une main tremblante à son bras pour lui faire signe que j’acceptais son offre, faisant par la même tomber la féline qui grinça des dents en se cachant sous ma cape, avais-je seulement le choix de décliner l’offre ? Pouvais-je seulement refuser, tourner les talons et m’en retourner sur ma jument comme si de rien était, pour retourner auprès de mon père, dans le Val ? Cela me semblait impossible, alors, d’une voix hésitante, je me décidais enfin à parler :
« Je… Je vous remercie Ser Morrigen. Il ne me semble de guide plus appréciable que vous en cette assemblée. »
Au moins… Le ton était donné, j’étais clairement effrayée par tous les hommes de cette pièce, Lord, chambellan, domestiques, tous avaient cet air hideux de mâle sur le visage, et celui-ci ne dérogeait à la règle que quelque peu. Lisait-il seulement la peur sur mon visage ? Au plus profond de moi, je ne savais quoi souhaiter.
electric bird.
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En terres inconnues
Le temps soigne les blessures...
Talya Baelish & Lester Morrigen
Elle était pâle, cette lady du Val envoyée afin de se changer les idées et de prendre du repos chez les Morrigen. Et Lester aurait pu parier qu’elle ne l’était pas à cause de la rigueur du voyage ou de la fatigue du trajet. Elle avait jeté des regards que l’on aurait presque pu qualifier de paniqués à Damon et Fern, et celui qu’elle avait tourné vers le jeune Morrigen, avant de se ressaisir, était à peine plus calme.
L’image qui se formait en Lester était celle d’un oiseau dont on aurait brisé les ailes, coincé au milieu de trois chats qui se léchaient les babines, un oiseau qui tentait tant bien que mal de s’envoler, ou au moins de s’enfermer à nouveau dans sa cage, là où nul ne pourrait l’atteindre.
La question que se posait maintenant le Morrigen était simple : était-elle effrayée par l’inconnu, ou par le fait qu’ils soient des hommes ? Si c’était la deuxième solution, alors les précautions soulignées par Fern avaient visé juste. Lester voulait demander à son mentor comment il pourrait, délicatement, savoir ce qui s’était passé. Savoir comment se comporter avec cette jeune fille effrayée. C’était la première fois qu’il provoquait une telle réaction, et il était pris au dépourvu.
Mais il s’était dit que Talya Baelish serait un test de ses propres réactions et de sa propre… humanité. Alors il ferait face aux difficultés seul, et s’occuperait d’elle sans demander ni accepter conseil de Fern ou – encore moins – de son père.
Il lui sembla, malgré tout, que la déclaration de la jeune femme sur le fait qu’il était le « plus appréciable » des hommes réunis, bien que très diplomate, était sincère. Il avait néanmoins l’impression d’être le plus appréciable, autant qu’il est plus appréciable de se faire trancher la gorge que brûler vif ou pendre.
Sur un ton tout aussi poli et, qu’il voulait serviable, il lui répondit avec le sourire. Il n’aurait pas été chevaleresque, ni galant, de montrer à la jeune femme qu’il voyait avec clarté son malaise. Mais il lui faudrait agir en conséquence.
« Votre jugement me flatte, lady Baelish. Mais n’hésitez pas à m’appeler Lester, d’autant plus que je ne suis pas Ser, au grand dam du seigneur mon père qui aimerait me voir davantage plongé dans la mêlée que dans les livres. »
La référence à la passion de Lester pour la lecture était une première tentative de rassurer la jeune fille. Si elle voyait que l’homme en face d’elle n’était pas tourné vers la violence, comme l’étaient les Fer-nés, mais plutôt vers la culture, peut-être se sentirait-elle davantage en confiance. Lester se sentait comme pataugeant dans une mare boueuse, et il ne savait pas si le prochain pas qu’il ferait l’amènerait vers un sol tangible ou vers des sables mouvants qui l’avaleraient sans espoir de retour.
C’est après sa déclaration qu’il se rendit compte que la main que Talya avait posée sur son bras était tremblante. Le contact lui faisait aussi peur que la présence d’autant d’hommes. Et pourtant, elle avait en elle une dignité certaine : elle n’avait pas refusé son bras. Elle souriait avec la noblesse d’un Lady. Et, presque malgré lui, Lester sentit un certain respect naître pour cette jeune fille. Elle avait sans doute traversé l’enfer, était envoyée en terre inconnue, et malgré tout, elle faisait tout pour préserver les apparences et agir comme on l’attendait d’elle. Peut-être pourrait-il en tirer une leçon… une leçon qui ne viendrait pas du chambellan, ou du mauvais exemple qu’était son père, pour une fois.
Maintenant, une autre énigme se posait à lui : comment allait-il pouvoir éloigner son bras, permettant à la jeune fille de ne plus avoir à le toucher, tout en restant dans les limites de la galanterie et en ne forçant pas à la jeune fille à honteusement reculer son bras ? Si elle faisait de son mieux pour conserver les apparences, alors il l’aiderait et lui offrirait une porte de sortie grâce à laquelle elle conserverait sa dignité, mais aussi son calme.
La boule de poils rousse qui était tombée lui offrait une solution potentielle Lester fit mine, du bras proposé à Talya, de vouloir caresser le chat – qui lui semblait à la fois inutile et peu gracieux – avant de le reculer, avant qu’il ne soit trop près de la jeune fille et ne provoque un autre malaise de sa part. Ce geste l’avait éloigné de la main de Talya, qui reposait maintenant dans le vide.
« J’allais manquer à mes manières et caresser votre chat sans même vous en demander l’autorisation… Puis-je ? »
Lester était un homme pratique avant tout. Les animaux devaient avoir un but, comme le cheval, la vache, le bétail de façon générale… un chat devait servir à chasser les souris et non à tenir compagnie. Mais si ce chat l’aidait à calmer la jeune fille, alors il n’aurait pas besoin de ramener le moindre trophée pour être traité comme un roi…
« Et, mauvais hôte que je suis, je ne vous ai pas proposé de rafraichissement, pour vous et votre animal. Désirez-vous rejoindre votre chambre, ou passer par les cuisines vous restaurer un peu après votre long voyage ? »
base cracles bones, modification lawina
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En terres inconnues.
Lester Morrigen & Talya Baelish
Un maigre sourire, c’était déjà un pas de plus vers le bonheur, et pour moi, c’était un pas-de-géant. Je sentais la couleur revenir sur mes joues, une demie-teinte, c’était déjà cela de gagner sur la seconde précédente, cela devait tout autant sembler plus rassurant au jeune homme qui tentait tant bien que mal de m’apprivoiser, même si le terme semblait bien fort. Un érudit et non un soldat, c’était déjà de meilleur augure. Évidemment, le commun des mortels s’accorderait à dire qu’il vaut mieux connaître dix bons chevaliers qu’un homme savant. Moi, j’étais plutôt du genre à penser qu’un homme savant pouvait rendre n’importe lequel des pouilleux hommes de tueries ou homme de savoir. Mais j’avais toujours vécu à contre-courant, et les événements de ces dernières semaines n’avaient pas aidé l’ascension d’un quelconque changement. Les hommes de livres ne pouvaient user de violence, ils en étaient dénués, pour l’avoir lu. Mais poussés à l’extrême, des savoirs trop nombreux donnaient lieu à l’apprentissage des stratégies. Des jeunes Petyr en puissance en réalité. Cette simple pensée eut presque réussi à briser mon sourire. Devais-je alors m’en méfier ? Plus la question tournait dans mon esprit, et plus je peinais à y trouver une solution convenable, et par écho, à savoir sur ce que je pouvais espérer compter. Ici. Personne, assurément. Mais cela allait être long en partant de cette optique.
Le flot de pensées devint un torrent, et, comme d’habitude, je m’étais perdue à l’intérieur, laissant le torrent m’emportais dans sa chute. Mon bras vint à subir l’étrange phénomène de la gravité, se retrouvant à nouveau proche de mon corps, ce qui était une bonne chose en soi, il était retourné dans mon espace vital et n’obstruait plus celui de personne. Mais ce même écart m’obligeait à reporter mon regard sur l’enfant corbeau. Meraxès ! Je l’avais faite tomber, et cette dernière ne semblait pas être heureuse du traitement qu’on lui accordait. Meraxès était une chatte égoïste et aux élans nombrilistes, réclamant constamment l’exclusivité d’un chacun sous le prétexte simple qu’elle était un animal gracile et agréable. Voilà des années que je respectais tant bien que mal cette sacro-sainte clause de non partage, mais elle continuait de mal vivre chaque écart de ma part. Alors, d’un réflexe maternel, je me penchais, pour finir accroupie, au final, position bien plus féminine et pratique dans l’ensemble. Une fois bien installée, je lui tendais ma main, chaque nouvelle crise donnait lieu à un une nouvelle scène d’apprivoisement fastidieux. Une fois son ego remit sur pied, elle revint vers moi, et je lui caressais le crâne du bout des doigts, le regard quelque peu sec avant de la sermonner :
Le ton de cette conversation à sens unique était différent. Je prenais conscience que je n’étais moi-même, du moins cette Talya rayonnante, que lorsque je m’adressais à la capricieuse féline. Le sourire me revenait instantanément, je n’écorchais plus les mots… Meraxès m’offrait une porte d'échappatoire vers un monde où mes soucis n’étaient que des cauchemars, elle seule était susceptible de me faire oublier tous mes maux, du moins pendant un court laps de temps. La dédaigneuse pesta d’un grognement furieux qu’on la reprenne pour une erreur qu’elle ne semblait pas envisager de faire, et partie à la rencontre du jeune homme. Perdre contre son propre chat n’était pas quelque chose de possible ou d’envisageable dans mon esprit. Même si elle participait pour beaucoup à ma thérapie, il fallait être réaliste, ce n’était que la propriété de son maître. Et son maître n’était autre que moi.
Je sentis de nombreux regards troublés se poser sur ma personne, alors que je me redressais en appuyant sur mes deux genoux pour trouver la force de me replacer droite sans avoir l’air ridicule ou maladroite - même si j’étais souvent les deux. Oui, j’avais une attitude inquiétante, oui, je considérais l’animal d’égal à égal, du moins était-ce la vision que cela renvoyait de mes échanges. Mais les humains n’étaient plus en mesure de m’apporter un quelconque réconfort, et je demeurais une demoiselle sensible, avec un besoin d’attention que j’avais réussi à obtenir ailleurs qu’auprès des miens. Meraxès ne pouvait me juger d’avoir être une femme faible, ne pouvait pas me dire d’être honteuse de n’avoir pas su où était ma place. Son impossibilité de jugement rendait les choses plus simples, j’étais en possibilité de pouvoir interpréter son regard comme bon me semblait. Les humains ne permettent pas cela.
Une question, qui incluait une prise de décision, une décision sans grande importance en somme, mais je n’en avais plus pris depuis longtemps. Jadis, je tapais du poing sur la table pour mes opinions, mais maintenant, je rechignais à cette tâche, préférant que l’on décide pour moi. C’était plus rassurant, sécurisant et réconfortant. Oui, tout cela à la fois. Pourtant, au terme “restaurer” mon estomac se serrait à l’extrême, preuve du vide total qui y régnait. Ainsi, l’instinct primait sur la prise de décision raisonnable, un mal pour un bien.
Une vérité quelque peu biaisée, mais cela importait-il réellement ?
Le flot de pensées devint un torrent, et, comme d’habitude, je m’étais perdue à l’intérieur, laissant le torrent m’emportais dans sa chute. Mon bras vint à subir l’étrange phénomène de la gravité, se retrouvant à nouveau proche de mon corps, ce qui était une bonne chose en soi, il était retourné dans mon espace vital et n’obstruait plus celui de personne. Mais ce même écart m’obligeait à reporter mon regard sur l’enfant corbeau. Meraxès ! Je l’avais faite tomber, et cette dernière ne semblait pas être heureuse du traitement qu’on lui accordait. Meraxès était une chatte égoïste et aux élans nombrilistes, réclamant constamment l’exclusivité d’un chacun sous le prétexte simple qu’elle était un animal gracile et agréable. Voilà des années que je respectais tant bien que mal cette sacro-sainte clause de non partage, mais elle continuait de mal vivre chaque écart de ma part. Alors, d’un réflexe maternel, je me penchais, pour finir accroupie, au final, position bien plus féminine et pratique dans l’ensemble. Une fois bien installée, je lui tendais ma main, chaque nouvelle crise donnait lieu à un une nouvelle scène d’apprivoisement fastidieux. Une fois son ego remit sur pied, elle revint vers moi, et je lui caressais le crâne du bout des doigts, le regard quelque peu sec avant de la sermonner :
“Ne sois pas si capricieuse, nous sommes loin de chez nous ici, comporte-toi-en invité. Voici Lester Morrigen, sois gentille avec lui.”
Le ton de cette conversation à sens unique était différent. Je prenais conscience que je n’étais moi-même, du moins cette Talya rayonnante, que lorsque je m’adressais à la capricieuse féline. Le sourire me revenait instantanément, je n’écorchais plus les mots… Meraxès m’offrait une porte d'échappatoire vers un monde où mes soucis n’étaient que des cauchemars, elle seule était susceptible de me faire oublier tous mes maux, du moins pendant un court laps de temps. La dédaigneuse pesta d’un grognement furieux qu’on la reprenne pour une erreur qu’elle ne semblait pas envisager de faire, et partie à la rencontre du jeune homme. Perdre contre son propre chat n’était pas quelque chose de possible ou d’envisageable dans mon esprit. Même si elle participait pour beaucoup à ma thérapie, il fallait être réaliste, ce n’était que la propriété de son maître. Et son maître n’était autre que moi.
Je sentis de nombreux regards troublés se poser sur ma personne, alors que je me redressais en appuyant sur mes deux genoux pour trouver la force de me replacer droite sans avoir l’air ridicule ou maladroite - même si j’étais souvent les deux. Oui, j’avais une attitude inquiétante, oui, je considérais l’animal d’égal à égal, du moins était-ce la vision que cela renvoyait de mes échanges. Mais les humains n’étaient plus en mesure de m’apporter un quelconque réconfort, et je demeurais une demoiselle sensible, avec un besoin d’attention que j’avais réussi à obtenir ailleurs qu’auprès des miens. Meraxès ne pouvait me juger d’avoir être une femme faible, ne pouvait pas me dire d’être honteuse de n’avoir pas su où était ma place. Son impossibilité de jugement rendait les choses plus simples, j’étais en possibilité de pouvoir interpréter son regard comme bon me semblait. Les humains ne permettent pas cela.
Une question, qui incluait une prise de décision, une décision sans grande importance en somme, mais je n’en avais plus pris depuis longtemps. Jadis, je tapais du poing sur la table pour mes opinions, mais maintenant, je rechignais à cette tâche, préférant que l’on décide pour moi. C’était plus rassurant, sécurisant et réconfortant. Oui, tout cela à la fois. Pourtant, au terme “restaurer” mon estomac se serrait à l’extrême, preuve du vide total qui y régnait. Ainsi, l’instinct primait sur la prise de décision raisonnable, un mal pour un bien.
“Je.. Un verre d’eau me suffira amplement. La chevauché a été longue, et vos chevaliers ont enfin délié leurs langues pour conter vos louanges.”
Une vérité quelque peu biaisée, mais cela importait-il réellement ?
electric bird.
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