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{Tywin & Cersei} ~ Règlements de comptes

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Règlements de comptes
Tywin Lannister & Cersei Lannister

« Enfin. »

Ce fut le premier mot que Cersei prononça lorsque, enfin, son carrosse s’arrêta et qu’elle posa les pieds sur sa terre natale. Quelques jours seulement s’étaient écoulés depuis son départ, mais déjà avait-elle trouvé le temps de se languir de l’endroit. Il est vrai que, depuis la mort de Jaime, Cersei ne trouvait plus Castral Roc à son goût. Chaque endroit portait encore le doux parfum de Jaime, et chaque pièce lui remémorait un souvenir qu’elle avait avec lui. Un moment délicat qu’ils avaient partagé ensemble et qui, aujourd’hui, n’était plus qu’un lointain souvenir, destiné à être oublié. Seuls les gens la retenaient au fief des Lannister, et ici plus qu’ailleurs, elle pouvait jouir d’une grande influence. Elle connaissait l’endroit à la perfection, et avait l’impression de régner sur les lieux. De parts et d’autres de la forteresse, elle y avait ses voyeurs. Ainsi donc pouvait-elle être au courant de toutes les informations importantes, et des événements qui pourraient l’intéresser. Aussi, lorsqu’elle s’en allait, elle pouvait être sûre que dès son retour, on viendrait lui conter les événements qui se sont déroulés durant son absence. Les Terres de la Couronne, quant à elle, éveillaient chez Cersei une grande admiration qu’elle avait toujours eue. La capitale était une ville magnifique, dont elle était sûre de ne jamais se lasser. Les somptueux jardins, les endroits incontournables et dont la légende de leur beauté n’était pas que stupide fantasme. Tout cela provoquait un certain engouement chez elle, et malgré tout, son séjour y avait été fastidieux. Elle n’avait que fait de la figuration, et le fait d’être entourée des assassins de son frère avait semblé être insurmontable. N’empêche avait-elle gardé sa dignité, et elle ne s’était pas laissée fléchir. Elle avait demeuré fière, et avait fait mine de s’en moquer, comme elle savait si bien le faire, bien qu’il lui faille puiser de toutes ses forces pour ne pas leur sauter à la gorge. Nombreuses avaient été les souvenirs de Jaime qui lui étaient revenues à l’esprit, et à nouveau, sa force mentale avait dû être suffisamment grande pour ne pas succomber face à sa faiblesse émotionnelle. Voir les assassins de son frère avait été une épreuve pour elle, mais elle était revenue, les épaules encore plus hautes qu’à son départ. Elle avait discuté avec certains nobles, eu son lot de rencontres, rien de bien notable. Castral Roc avait une qualité que Cersei ne pouvait renier : aucun Targaryen n’y régnait en maître. Ce fut l’un de ses voyeurs qu’elle côtoya en premier lieu. Il l’avait attendu dans la cour depuis l’annonce de son arrivée imminente, et semblait impatient de lui annoncer quelque chose. Avec toute la curiosité du monde, elle ne lui accorda ni salut, ni signe de reconnaissance, mais se contenta de simplement lui demander ce que lui valait cet air d’abruti. « C’est votre père... », commença-t-il, d’une voix qui brûlait d’annoncer une nouvelle. « Il n’a pas quitté Castral Roc depuis votre départ. »

À peine avait-il terminé sa phrase que Cersei s’était déjà mise en route. Elle traversa la Cour et entra dans la forteresse de sa démarche assurée, qui mélangeait à la perfection rapidité et dignité. Elle poussa brusquement les portes et commença à traverser les nombreuses pièces, parcourant ainsi ce dédale dont elle n’avait pas oublié les subtilités. Elle était furieuse, et s’était rendue compte qu’elle ne reprochait que trop rarement des choses à son paternel, mais cette fois, elle souhaitait avoir une réelle discussion avec lui. Elle aurait dû retenir la leçon, car ce n’était pas la première fois qu’il lui faisait le coup. Une fois encore, c’était en usant du mensonge qu’il était parvenu à la faire accepter une chose qu’elle avait refusé, à prime abord. Loin de Castral Roc, c’est où il aurait dû être pendant le mariage princier. Or, il était resté ici, dans la forteresse familiale, jouissant ainsi de tout le confort du monde, pendant que Cersei était seule, confrontée aux Targaryen. De nombreuses questions la tourmentaient. Pourquoi lui avait-il menti ? Que cela lui avait rapporté ? Pourquoi ne s’était-il pas rendu lui-même, en personne au mariage de Rhaenys Targaryen et de Rowen Hightower ? Il connaissait sa haine pour cette famille, et pourtant, pourtant avait-il quand même tenu à l’envoyer elle, plutôt que lui. À peine arrivée, la lionne était furieuse. Elle devrait pourtant comprendre, mais cela n’avait aucun sens pour le moment. Si ce n’est par flemmardise, Tywin n’avait aucune raison apparente de ne pas avoir assisté lui-même au mariage. Ce n’était pas par courtoisie qu’elle souhaitait le voir, mais pour lui poser les questions qui commençaient à la ronger. Elle était furieuse après lui. L’heure était aux vérités, et elle avait besoin d’en entendre. L’esprit subjugué d’interrogations, elle traversait les couloirs de Castral Roc à une vitesse fulgurante. Les gens se retournaient sur son passage, certains même lui adressèrent leur sympathie quand à son retour, mais elle s’en moquait. Un seul objectif : avoir une entrevue avec son père, et l’interroger. Rien d’autre et personne d’autre, juste Tywin et elle, se partageant uniquement la vérité vraie, et, espérait-elle, nullement déguisée derrière quelconque mensonge.

Lorsqu’elle arriva enfin devant la porte du bureau de son père, elle s’arrêta net, quelques instants. Les discussions avec son paternel avaient la réputation d’être particulièrement désagréables et épuisantes. À maintes reprises, il était parvenu à la laisser bouche bée, sans qu’elle ne sache quoi répondre. Mais elle espérait quelque chose de différent cette fois-ci. Le sentiment que Tywin ne la trouvait ni assez stratagème et ni assez rusée était continuellement présent dans l’esprit de la lionne. Constamment, elle tentait de faire ses preuves auprès de lui, montrer ainsi qu’elle avait changé. Elle se surmenait pour laisser de côté les faiblesses qu’elle se connaissait. Enfin, lorsqu’elle se sentit prête pour une énième confrontation avec Tywin, elle fit les derniers pas qui la séparaient de la porte et toqua fébrilement trois fois. Elle suivit ces gestes de sa voix, qui s’éleva bruyamment dans le silence qui régnait, en résonnant à travers le long couloir.

« Je suis rentrée, Père. »

Puis elle fit quelques pas en arrière, croisa les bras le long de son corps et posa ses yeux sur la porte. Demeurant ainsi immobile, le visage impassible. Elle prit une profonde inspiration, en se demandant comment la discussion allait tourner cette fois-ci. Serait-ce comme d’habitude ? Allait-il lui débiter quelques phrases suffisantes à multiples sens, qui semblaient convenir à n’importe quelle situation ? Ou allait-il, pour une fois, répondre sincèrement aux questions de sa fille ? Une légère crainte la fit douter de ses raisons d’être là, mais elle la rejeta de son esprit le plus rapidement possible. Ni elle ni lui n’allaient devoir se défiler. Ainsi pourront-ils avoir, pour une fois, une réelle conversation entre père et fille.


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Père Lannister, entend moi rugir



   
Tywin et Cersei Lannister

Je me tenais encore là. Encore et toujours à cette même place. Seul devant la fenêtre de mon bureau. De là je voyais une partie de la cours de Castral Roc. Je me sentais chez moi. La maison des Lannister. Cet endroit à la fois imprenable et riche. Pourtant, dans jours qui allaient arriver je savais que je devrais partir. J'avais réussi à rester à Castral Roc un peu plus longtemps en envoyant ma fille, Cersei, au mariage princier. Ce sursis n'avait qu'un but : Montrer au Targaryen que la présence de Tywin Lannister n'était pas acquise. J'avais mieux à faire que de me rendre à ce mariage. Certes Rowen Hightower était un ami. Je l'avais pris sous mon aile et il me faisait penser des fois à mon regretté fils Jaime. Il pouvait se comporter comme le parfait chevalier. Il avait un bel avenir devant lui. Mais il ne m'en voudra pas pour cette absence. Le même mensonge lui serait servi qu'à ma fille. Ce qui avait convaincu Cersei ne pouvait que convaincre Rowen. Après tout, Cersei était bien plus intelligente que Rowen. Ce petit Hightower ressemblait à Jaime dans sa façon de se battre, mais aussi dans sa façon de penser. Or, Jaime n'avait jamais été le cerveau des deux jumeaux. Cela avait toujours été Cersei. Si seulement elle était moins impulsive.. Peut-être alors je pourrais d'avantage me reposer sur elle. Pour l'instant, la clé de la maison Lannister restait Myrielle.

C'était en partie pour cela que je devais rester à Castral Roc. Les affaires des Lannister requerraient d'avantage ma présence que celle du Royaume. J'avais tout d'abord mon mariage avec Myrielle de prévu. J'étais trop vieux pour espérer un bon parti parmi les famille Suzeraine. Par exemple les Desdaings aspiraient plus à marier leur fille Alyssa à Aegon qu'au vieux lion que j'étais. De plus, un mariage entre Lannister permettait d'éviter de donner plus de pouvoir à une famille sous mes ordres. C'était bien par le mariage que les Reyne avaient acquis leur pouvoir. Lady Ellyn Reyne... Sans doute la plus grand menace pour ma famille alors que je n'étais encore qu'un jeune lionceau. Ce mariage allait donc envoyer un message fort. Tywin Lannister était toujours là, et l'Ouest resterait encore sous la domination Lannister pour les générations à venir. Il ne manquait plus que deux choses afin que ce message soit puissant et reçu par tous : Un fils de l'union entre Myrielle et moi, et l'invalidation des prétentions sur l'Ouest de Tyrion.

Pourtant, malgré le fait que je savais que les Lannister et l'Ouest avaient besoin de moi, mon regard ne pouvait s'empêcher d'aller furtivement vers la carte derrière moi. Ce n'était plus le Conflan ou le Bief que je regardais, mais bel et bien l'Orage. Maintenant que les Targaryen avaient insulté deux maisons Suzraine, il fallait m'assurer que l'Orage ne soit plus derrière les Targaryen. La guerre dans cette région était entre Jon Connington et Renly Barathéon. Jon, n'avait aucun droit sur cette terre. Il n'était qu'un vulgaire banneret que le roi avait propulsé au rang de Lord Suzerain. Stannis et Renly restaient les légitimes prétendants à l'Orage. Stannis étant un traître, cela ne nous laissait que Renly comme suzerain légitime. Il fallait que Renly soit le nouveau Lord de l'Orage. Jon était une épine dans mon pied bien trop importante pour qu'il puisse encore être Lord Suzerain. Cependant, je ne pouvais prendre les armes pour Renly contre Connington sans être déclaré traître à la couronne. Il allait me falloir la jouer finement cette partie-là sans quoi je serais dans une position critique.

Sans m'en rendre compte, mon regard avait quitté la cours de Castral Roc et s'était à nouveau posé durablement sur carte que je regardais jour et nuit. Malgré les besoins pressant de ma famille, je ne pouvais m'empêcher de penser au Royaume. Bientôt, tout serait fini. Le Royaume exploserait, ou serait plus unifié que jamais. Dans tous les cas, c'était l'affaire de quelques mois selon moi. Alors que je regardais de plus en plus vers Accalmie et ses défenses, j’entendis quelqu'un entrer dans mon bureau. Pourtant, mon regard ne quittait pas la carte, si bien que je quittais la fenêtre afin de me tenir debout, devant mon bureau , les yeux toujours posé sur carte. Ce à quoi je pensais était plus important que toutes les personnes pouvant avoir l'envie d'entrer dans mon bureau sans ma permission, qui osait alors me déranger ?

« Je suis rentrée, Père. »

Je levai la tête. C'était Cersei. Le mariage était donc déjà fini. Elle n'avait pas pris son temps avant de rentrer. J'espérais qu'elle reste un peu plus longtemps à Port Réal. J'avais besoin d'un rapport détaillé sur l'état du roi, les relations entre les lords présents.. Bref, c'était sans importance... Connaissant sa rancœur pour les Targaryen elle avait déjà beaucoup fait, même si cela risquait de ne pas être suffisant, comme à son habitude. Je n'avais pas encore eu de rapport sur la réaction des Desdaings ou des Tyrell, savoir s'ils y étaient allé ou non. J'avais besoin de plus d'informations, mes informateurs ne devraient pas tarder, mais Cersei les avait devancé.. Cela n'était pas plus mal. Cersei était peut-être impulsive, mais elle avait un don pour l'observation, elle surpassé tous les voyeurs que j'avais à ma dispositions. Je baissai à nouveau ma tête afin d'étudier ma carte avant de lui adresser la parole.

« Très bien. Comment cela s'est passé ? Je veux tous les détails. »

Mon ton ne montrait aucune reconnaissance envers Cersei. Après tout elle n'avait fait que son devoir envers sa maison. Elle avait obéi aux ordres de son père, comme Genna avait obéi au notre quand elle s'était marié à un Frey. Les enfants n'étaient que des pions sur l'échiquier politique. On les mariait non pas pour leurs bonheurs, mais pour le pouvoir. Parfois personnel, parfois pour le pouvoir de la famille. Mon ton était dur et froid. J'avais toujours été dur et froid envers mes enfants durant toute leur vie. J'attendais beaucoup de Cersei. Peut-être avais-je mis la barre trop haute. Pourtant, elle devait avancer, elle devait être la femme qu'elle était promise à être. Nous pas pour moi. Mais pour la famille, pour la mémoire de Jaime. Je ne laisserais pas deux talents chez mes enfants être gâché parce que je les ai laissé en faire qu'à leur tête. Je me doutais que trop bien de ce que pouvait ressentir Cersei. Pourtant, elle restait une Lannister. Une lionne avant d'être ma fille. Avions nous déjà vu une lionne pleurer ?  J’espérai sincèrement qu'un jour elle comprendrais mon attitude. Et si ce n'était pas le cas... Quelle importance ? Je n'avais jamais recherché l'amour, que ce soit avec ma femme, mes alliés politiques, ni même avec mes enfants. Seule la famille compte et non pas l'amour qu'elle vous porte.

     

         
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Tywin Lannister & Cersei Lannister

« Ne pense pas que tu puisses te servir de moi comme d’un vulgaire pion, Tywin. Tu as suffisamment d’or et de malice pour te procurer le plus apte maître des chuchoteurs des Sept Couronnes, et je suis persuadée que c’est déjà le cas. Je ne suis guère l’un de tes serviteurs, je suis ta fille, au cas où l'avais-tu oublié. »

Elle avait réagi au quart de tour. Plusieurs fois avait-elle quémandé haut et fort son envie de s’investir dans l’avenir de sa famille. Bien sûr avait-elle envie d’aider son père. Depuis la mort de Jaime, Cersei avait senti le poids de son nom doubler sur ses épaules. Mais malgré tout cela elle était furieuse. Elle en voulait à Tywin pour un nombre conséquent de choses, et pour une raison rare et inattendue, elle ressentait le besoin de les lui hurler à son oreille. Elle ne demandait que d’être écoutée, pour une fois, et désirait entendre une réponse de sa part. Elle souhaitait le voir se défendre, s’expliquer, et par-dessus tout, elle voulait tout simplement le comprendre. Le problème de communication entre Tywin et Cersei était de notoriété publique, et au fil des années, cela était devenu un réel fardeau. C’était une lionne affaiblie qui se présentait devant Tywin, cette journée-là, et c’était une honte pour elle. Ils étaient tous deux forts et fiers, mais aussi violent était son envie de regagner sa dignité, elle demeurait devant lui, les larmes lui montant aux yeux et la voix saccadée par un surplus d’émotions. Son regard parcourut rapidement la pièce. Aussi bizarre que cela semblait paraître, et même si elle le savait, au fond d’elle, elle dut se persuader qu’ils étaient seuls.

« Tu m’as menti pour que j’assiste à cette foutue cérémonie, entourée de tous ces gens répugnants, ces ivrognes de Seigneurs et ces catins qui tournent autour du pouvoir comme des bêtes devant une carcasse. Sotte j’ai été. Derechef, j’ai cru à tes maudits mensonges suffisants. »

Elle se tut durant une poignée de secondes, sa voix diminua en intensité. La phrase qui suivit ces mots était devenue un murmure, un souffle glacé, et sa voix finit par se briser durant la prononciation de son dernier mot, « Jaime », et un sanglot sembla s’être coincé dans sa gorge. Très discret. Minime et presque inaudible.

« Tu m’as laissé aller à ce mariage, seule, entourée des assassins de Jaime. »

L’énonciation même de son nom brûla les lèvres et enflamma l’esprit de Cersei. C’était la première fois, depuis sa mort, qu’elle se risquait à faire allusion à ce triste événement face à son père, et l’une des seules fois où elle prononça le prénom de son défunt frère. Elle venait de larguer une véritable bombe, et il était trop tard pour la rattraper. Elle releva la tête aussitôt et plaça son regard émeraude dans celui de son père. Elle observa les traits de son visage, dans l’espoir de voir quelque chose, d’apercevoir une réaction de sa part, pour voir ce que le nom de Jaime provoquait chez lui. Elle resta silencieuse quelques instants, en fixant intensément Tywin. Elle semblait le défier. L’atmosphère était devenue glaciale entre les deux lions, et après avoir essuyé un léger frisson qui parcourut son échine, elle brisa le silence et reprit la parole, d’une voix encore plus forte et pleine d’entrain. Une voix désapprobatrice.

« Cela aurait pourtant été simple pour toi. C’est vrai, tu ne t’es point offusqué lorsque ce poltron de Targaryen a planté son épée dans la gorge de ton fils, de ton seul et unique véritable fils ! »

Sa voix commença soudainement à s’enflammer. Ils ne s’agissaient plus de simples paroles prononcées, mais de véritables attaques. Elle se creusait l’esprit pour trouver les mots qui traverseraient le rempart érigé autour du cœur de son père. C’était elle qui le testait cette fois-ci. Pour une fois, elle se sentit libre de lui hurler les reproches qu’elle gardait en elle depuis tant de temps. Elle ne parlait plus, elle hurlait, en regardant continuellement son père dans les yeux, comme si elle n’avait qu’une seule pensée : « Réagis Tywin, réagis bon sang ! ».

« Toi qui est resté stoïque devant sa mort, tu aurais dû comprendre pour une fois, et te conduire en réel Père ! »

Parallèlement à l’intensité de sa dernière phrase, suite à cela, Cersei sembla s’être calmée. Elle prit une profonde inspiration, calmement, et retira son regard de défi des yeux de son paternel. Son regard se perdit dans l’espace de la pièce, et un énième silence s’installa entre eux deux. Elle semblait pensive, son esprit semblait s’être perdu dans multiples questionnements et réelles tortures mentales, mais il n’était rien de tout cela. Elle ne pensait plus à rien, dès à présent. Les quelques secondes qui se déroulèrent semblèrent durer des heures pour elle, mais, soudainement, elle releva la tête vers Tywin et ses yeux y reprirent leur emplacement passé.

« Non, je ne vais rien te dire sur cette fichue cérémonie, et ce n’est pas moi qui vais parler aujourd’hui. Mais toi. »

Son ton était devenu calme, et elle avait prononcé sa dernière réplique sur un ton intransigeant, comme si elle venait de donner un ordre à son père. Elle se choqua elle-même en se rendant compte de la liberté qu’elle venait de prendre face à lui. Souvent l’avait-elle craint. Elle l'admirait énormément, mais elle lui en voulait trop, aujourd'hui.


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Tywin et Cersei Lannister

« Ne pense pas que tu puisses te servir de moi comme d’un vulgaire pion, Tywin. Tu as suffisamment d’or et de malice pour te procurer le plus apte maître des chuchoteurs des Sept Couronnes, et je suis persuadée que c’est déjà le cas. Je ne suis guère l’un de tes serviteurs, je suis ta fille, au cas où l'avais-tu oublié. »

Elle était un serviteur ! Tout comme je l'étais. Nous n'étions pas des gens du peuple certes, mais nous servions notre maison. Je ne la dirigeais que pour mieux la servir. Ce n'était pas notre maison qui était au service de mes ambitions, mais bien toute ma personne au service de ma maison. A quoi s'attendait-elle ? Un tapis rouge pour avoir fait ce que n'importe qui d'autre sans cette famille aurait fait ? De la reconnaissance ? En avais-je seulement demandé pour ma part après ces cinquante-six années de loyaux service auprès de ma maison ? Non. Et je n'en aurais que peu après ma mort. Ma seule récompense était la position de notre famille. Cersei l'avait oublié après la mort de Jaime. Elle faisait de son mieux, mais elle n'arrivait pas à oublier. C'était ma fille certes. Et j'avais toute l'affection du monde qu'un homme comme moi pouvait avoir pour son enfant. Je ne l'oubliais. Que voulait-elle ? Que je me comporte comme une « père » ? Que l'ont rit ensemble, que l'on joue ensemble ? Nous n'étions pas comme cela. Nous étions des lions. Elle voulait de la reconnaissance ? Alors qu'elle arrête de se tirer vers le bas avec ses désirs de vengeance. Cela n'allait rien lui apporter si ce n'était de la souffrance. Je ne voulais pas de ça pour ma fille. C'était une lionne pas un chat famélique donnait l'impression depuis quelques années.

« Tu m’as menti pour que j’assiste à cette foutue cérémonie, entourée de tous ces gens répugnants, ces ivrognes de Seigneurs et ces catins qui tournent autour du pouvoir comme des bêtes devant une carcasse. Sotte j’ai été. Derechef, j’ai cru à tes maudits mensonges suffisants. »

Bien-sûr que je lui avais menti. Quelle aurait été sa réaction si je lui avais dit que j'étais resté pour arranger mon mariage avec Myrielle ? Qu'aurait-elle dit si je lui vais dis que je haïssais du plus profond de mon âme le roi Targaryen pour ce qu'il avait fait à mon fils. Non, je n'avais pas voulu prendre ce risque. Mieux valait qu'elle n'en sache rien. Cela ne ferait qu'exalter sa haine envers la famille régnante. Je ne voulais pas mettre en danger ma famille en rendant ma fille encore plus imprévisible qu'elle n'était déjà. Je faisais donc cela en parti pour elle. De plus, il me fallait envoyer un message montrant la distance entre l'Ouest et la Couronne. L'absence de Tywin Lannister ayant mieux à faire qu'un mariage princier devait être éloquent aux yeux de tous. Alors que sa voix se brisait sur la fin je n'arrivai pas à entendre son dernier mot. Elle perdait son sang froid. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Cependant, il était paradoxale qu'elle me rappelle qu'elle était de mon sang et qu'elle se comportait comme une hystérique dans mon bureau.

« Tu m’as laissé aller à ce mariage, seule, entourée des assassins de Jaime. »

J'avais envie de la gifler. Comment osait-elle en parler ? Comment osait-elle défendre son refus d'aider sa famille en se cachant derrière son frère mort ? Pourtant, malgré cet accès de rage temporaire, je n'étais pas un homme violent et impulsif. Je restai de marbre. J'avais envie de le briser ce marbre. Lui montrer ma colère et ma tristesse face à la mort de Jaime. Je me souvenais encore du moment de solitude que j'avais passé au moment de sa mort. Pas une larme. Elles avaient envie de sortir. Cependant, j'étais un lion. Un lion ne pleurait pas, même s'il perdait ce qu'il avait de plus précieux au monde. Un lion se battait. Il dévorait ses proies. Il ne quémandait pas sa vengeance il la faisait. Pourtant, foncer tête baissée contre les assassins de mon fils serait faire plonger la famille Lannister dans un état critique. Cela elle ne le comprenait pas. Non. Il serait difficile de demander à Cersei Lannister de parlait avec autre choses que ses ambitions à elle. Il était difficile de demander à Cersei de se sacrifier pour sa famille, de mettre de côté son amour propre. C'était toujours sa petite personne qui passait avant.. Moi qui fondait de grands espoirs en elle j'étais en train de les revoir à la baisse. Myrielle se comportait plus comme la fille de Tywin Lannister alors qu'elle allait devenir ma femme, que Cersei qui était ma propre fille. Le sang de mon sang, la chaire  de ma chaire... Et elle ne se comportait guère en tant que tel.

« Cela aurait pourtant été simple pour toi. C’est vrai, tu ne t’es point offusqué lorsque ce poltron de Targaryen a planté son épée dans la gorge de ton fils, de ton seul et unique véritable fils ! »

Elle avait placé, quelques instants plus tôt, son regard émeraude dans le mien. Ma réponse ne fut que glaciale. Elle me défiait. Elle voulait que je m'emporte. Elle se comportait comme une enfant gâtée. Elle me tendait même une perche pour que je parle de Tyrion... Pourtant, Tyrion n'était pas mon fils à mes yeux. Elle avait raison, les Targaryen m'avaient enlevé mon unique fils capable de reprendre l'Ouest. Pourtant, il se devait de rester de marbre. Même devant la crise de sa fille.

« Toi qui est resté stoïque devant sa mort, tu aurais dû comprendre pour une fois, et te conduire en réel Père ! »

Elle jouait dangereusement avec ma patience. Que voulait-elle à la fin ? Que je ramène mon fils parmi les vivant ? Si seulement c'était possible je donnerais ma vie pour le faire. Elle vidait son sac, bien et après ? Elle se sentirait mieux ? J'étais prêt à supporter son caprice d'enfant si après elle se remettait à œuvrer pour le bien de notre maison. Cependant, je commençais sérieusement douter qu'elle en soit un jour capable. Et alors qu'elle me dit que c'était à moi de parler et non à elle je soupirai. On allait avoir une discussion. Pas celle qu'elle pensait, mais je devais lui parler. Je plongeai mon regard dans le sien. Mon regard était froid. Il n'était emplie d'aucun dégoût, d'aucune tristesse, d'aucune affection. Je pris la parole puisque c'était ce qu'elle attendait de moi... D'un ton glacial je lui dis :

« Sache pour ta gouverne, ma fille, que j'étais ici à Castral Roc en train d'arranger mon mariage avec Myrielle afin de donner un héritier digne de ce nom à l'Ouest. Donc oui je t'ai envoyé là-bas à ma place. Que veux-tu ? De la reconnaissance ? Pour avoir servi ta maison ? Ne te comporte pas comme une enfant, comme un chat apeuré. Tu es ma fille. As-tu jamais vu une lionne pleurer ? »

J'espérais sincèrement que cette discussion prendrait fin vite. Il fallait que j'ai un rapport sur le mariage. Avec un peu de chance, la crise existentielle de ma fille passerait vite et on pourrait reprendre le travail.

     

         
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