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A la lueur du soleil matinal (pv-Shyra Connington)

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Le soleil se levait à peine sur les jardins du donjon rouge, caressant de ses rayons pâles les massifs de fleurs encore fermées mais qui emplissaient déjà la brume matinale de leur parfum. Un peu plus haut, dans une des tours, les rayons perçaient aussi les fenêtres ornées de vitraux de la chambre d’un seigneur qui ne tarderait plus désormais à se lever. La lumière traversait les carreaux aux teintes orangés, colorant le dallage encore frais du sol et le réchauffant doucement. Au coeur de la pièce, un grand homme blond paressait dans les draps de son alcôve. Matinal de nature, Christon était pourtant réveillé depuis quelques temps déjà mais il était jusqu’à présent resté allongé dans le lit, fixant le plafond de la pièce.  Bien que prêt à attaquer cette nouvelle journée au sein de la capitale, il n’avait pas beaucoup dormi, car il avait longuement réfléchi à nombre de sujets plus ou moins importants, avant de finalement se perdre dans les bras d’une jeune servante du château. Le charme de la jeune fille l’avait séduit avec une telle efficacité qu’il soupçonnait fortement qu’elle n’eut été spécialement dépêchée pour son usage personnel, voire même dans l’espoir de lui soutirer quelques informations qu’il aurait en sa possession. Si tel était le cas, cela ne fonctionna guère puisque, et ce malgré les nombreuses tentatives de la demoiselle de lancer une discussion entre eux deux,  le seigneur au Cygne mena simplement son affaire sans jamais lui répondre, ne lui adressant finalement la parole qu’à la fin de l’acte où il la somma de partir d’un autoritaire et froid “va-t’en maintenant”. La jeune brune était partie dans un froissement de voiles de soie sans demander son reste, visiblement vexée par le traitement que lui offrait le Lord dont elle avait visiblement espéré un court instant devenir l’une des nombreuses maîtresses, mais aussi et surtout par son silence prolongé et pour le moins irrespectueux.

C’était ce même mutisme qui faisait ricaner les courtisans de Port-Réal, et qui construisait encore et encore la réputation que l’on avait donné à Christon de n’être qu’un autre de ces hommes voués aux champs de bataille et qui, en temps de paix, se retrouvaient désoeuvrés et maladroits.
     Christon avait pleinement conscience des moqueries que ses détracteurs partageaient derrière son dos, et ne leur refusait pas une certaine part de vérité. Car, en comparaison à d’autres hommes de la noblesse dont l’esprit et la langue acérés faisaient des merveilles en temps de paix, lui ne pouvait nier que lors de ces périodes de calme il rencontrait rapidement l’ennui et cela se lisait facilement sur son visage. S’il ne souhaitait pas forcément constamment la guerre, Christon en était pourtant bien souvent réduit à prendre son mal en patience, attendant de pouvoir de nouveau s’épanouir, son épée en main, un ennemi à l’autre bout de sa lame.
  D’ailleurs, pensa-t-il tout en se levant enfin, ces derniers jours il avait eu son compte de récits d’exploits guerriers alors que nombre de nobles s’étaient empressés de lui raconter en large et en travers le siège de Port-Réal, certains ayant réellement été témoins des évènements, d’autres se plaisant seulement à faire le récit de la guerre à ce grand absent de la bataille. Le lord avait apprécié apprendre certains détails, bien qu’il fut déçu de n’avoir que rarement entendu le nom de son fils dans les récits qu’on lui fit. Il soupira en enfilant une chemise de lin bleu nuit. Alessander était encore jeune, son triomphe serait pour la prochaine bataille. Après qu’il eut revêtu l’ensemble de sa tenue, composée d’un pantalon de coton du même bleu que sa chemise et de bottes au cuir noir orné de broderies, mais visiblement usé,  il prit la direction de la porte pour enfin sortir de sa chambre. A sa ceinture pendait sa dague d’argent.  Il fut accueilli par un alignement de couloirs totalement vides. Il croisa le chemin de seulement trois serviteurs qui portaient ensemble une seule robe fraîchement lavée et dont l’eau dont elle était gorgée rendait le riche tissu si lourd que les bras des trois garçons tremblaient en la soulevant péniblement. Un peu plus loin, il croisa la route d’un couple de nobles qu’il ne connaissait pas et dont il ignora par conséquent le salut. Son passage fut conclut par un “Ne te l’avais-je pas dit?” chuchoté dédaigneusement derrière son dos et par un regard en coin jeté par dessus l’épaule. Le matin était une période difficile pour Christon, et ceux qui avaient fait les frais de sa mauvaise humeur quasiment automatique au saut du lit en étaient les nombreux témoins. Le lord ne prit pas la route des salons du Donjon, pas plus qu’il ne se dirigea vers les portes qui ouvraient sur la cité. En cette belle et paisible matinée, il comptait profiter des jardins qu’il entendait bien trouver déserts et surtout dépourvus des cancans habituels de ces courtisans mielleux qu’il n’aimait guère.

Lorsqu’il passa le porche qui menait à son but, Christon prit une grande inspiration, se délectant de ce premier moment de paix et de l’odeur de végétation humide qui lui rappelait tant son foyer. Depuis qu’il avait posé un pied dans la capitale, il n’avait cessé de s’affairer, avec ou sans son bon vouloir, menant à bien son entreprise tout comme il subissait celle des autres nobles qui venaient lui parler.
S’avançant lentement parmi les bosquets, il cueillit une pèche sur l’un des arbres du jardin puis s’installa à son point de vue favori. Il était au bord de la promenade principale qui surplombait la côté et donnait une vue imprenable sur la mer. Profitant de sa solitude qui ne durerait guère, il le savait, il grimpa habilement sur le balcon de la terrasse ombragée, puis s’y assit, appuyant son dos sur une colonne sur laquelle un lierre dense courrait, allongeant une de ses jambes sur la pierre fraîche, laissant l’autre pendre dans le vide. Alors qu’il croquait dans le fruit juteux, le regard fixant les eaux sombres, il repensa à ce qu’il avait fait lors de son arrivée à Port-Réal.
A peine arrivé au coeur de la ville, il avait rejoint avec sa compagnie de gardes un des quartiers populaires afin d’y rencontrer l’un des meilleurs artisans forgerons de la cité. Quelques semaines auparavant, il avait envoyé à ce même forgeron qu’il connaissait bien puisqu’il avait forgé pour le lord pas moins de trois armures une missive décrivant ses instructions, ainsi que tous ses souhaits pour les mesures et le métal, mais aussi les idées pour les ornements qu’il avait pour cette commande assez spéciale et qu’il souhaitait réussie, mais aussi et surtout, secrète. Il avait pu voir de ses propres yeux l’avancement de ce travail de grande qualité qui serait vite terminé et qui pour le moment comblait ses attentes.

Ainsi installé sur le balcon, dans ce jardin paisible, il était pourtant préoccupé par ce geste à la symbolique forte qu’il s'apprêtait à faire dès son retour à Beaumarché. C’était une décision qui n’allait laisser personne neutre, surtout pas ses enfants et encore moins sa sorcière de bonne femme.  Bien qu’il avait hate de retrouver son chateau et sa famille, il était moins enchanté en revanche par le fait de savoir que son retour au chateau serait aussitôt suivi par le départ d’Alyssa pour la capitale. Accompagnée de ses chaperons, la jeune fille ferait ainsi ses premiers pas dans la cité royale. Seule. Christon y tenait. Sa petite fille devait grandir et cesser de compter sur la présence de ses frères ou de son père pour la soutenir, et devrait apprendre à se débrouiller dans cette foule de personnes inconnues. De toutes les personnes confrontés à ce choix difficile, le lord savait qu’il serait celui qui aurait le plus de mal à s’y plier, mais il comptait bien rejoindre sa fille aussi vite qu’il le pourrait, ne serait-ce que pour décourager les prétendants qui se seraient présentés à elle.
Un mouvement derrière lui, sur sa gauche, le fit soudainement quitter ses pensées. Une silhouette apparue à l’entrée de la terrasse, se promenant tranquillement ainsi qu’il l’avait fait quelques instants plus tôt. Il détailla de son regard sans aucune gène la nouvelle venue, se résignant tout d’abord à garder sa précieuse solitude avant de reconnaitre les traits de la promeneuse. La dame ne sembla pas remarquer la présence du Lord qui, abandonnant finalement son répit pour sauter sur l’occasion, la héla aussitôt dans toute la nonchalance insolente  qui le caractérisait. Il voulait profiter de cette rencontre fortuite pour vérifier les informations dont on lui avait fait part et pour tenter d’en savoir plus.

- Renly semble donner du fil à retordre à votre mari, Lady Connington. Je compatis, la vermine a aussi envahi mes terres.

Il aurait bien ajouter que s’il n’écrasait pas au plus vite les prétentions du cadet Barathéon, ce seraient les vassaux de l’Orage qui ne tarderaient pas à se retourner contre leur maitre, qui après tout, s’était montré incapable de leur fournir un héritier jusque là; mais même Christon avait ses limites dans la provocation dont il était capable, bien qu’il n’en pensa pas moins. Il n’avait pas bougé de son perchoir, mordant une nouvelle fois dans la pèche attendant patiemment de voir si la Lady allait décider de l’ignorer. Il espérait que non, le combat que menait Jon contre le frère de Stannis pourrait lui apporter de précieuses informations qui l’aiderait à écraser le Barathéon qui croyait pouvoir prendre racine au coeur du Conflans.
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A la lueur du soleil matinal



   
Criston Desdaings & Shyra Connington

Rares étaient les endroits et les moments à Port-Réal où l’on pouvait décemment savourer un réel instant de tranquillité et de solitude ; les jardins royaux en faisaient néanmoins partie. Du moins à l’aube, lorsque le soleil à peine levé réchauffait de ses rayons encore pâle la fraîcheur des massifs de fleurs et des bosquets ombragés, le bruit des vagues s’échouant contre les rivages de la capitale pour seule compagnie. La promenade principale qui jouxtait le bord de mer était la préférée de Shyra, et l’une de ses premières activités à peine levée, une fois coiffée et apprêtée ; à cette heure matinale, l’on croisait rarement autre que des domestiques, dont la présence passait quasi inaperçue aux yeux de la Griffonne. Ainsi isolée du reste du monde, du moins pour l’espace de quelques instants souvent trop courts à ses yeux, elle savourait un calme rare et précieux, au milieu de l’agitation de Port-Réal.

Jon était reparti pour l’Orage quelques jours plus tôt, la laissant à nouveau seule. Seule, dans ce nid de vipères dans lequel elle se sentait plus que jamais étrangère, loin de chez elle, malgré la douce présence de Rhaenys et Aegon, qu’elle apprenait lentement à apprécier. Notamment l’aînée du Roi, en qui elle avait trouvé, comme un écho à ce qui sommeillait en elle, la flamme si particulière qui brillait dans le cœur et les yeux des dorniens. Il fallait dire qu’avec le style particulier de tenues qu’elle s’acharnait à porter, la suzeraine de l’Orage ne passait pas inaperçue, et avait rapidement éveillé la sympathie de la princesse, déjà proche de son époux. Au grand dam de ce dernier, qui insistait et l’incitait à porter des tenues plus à la mode de la Couronne, ou du moins de l’Orage, arguant que la royauté était déjà suffisamment en froid avec Dorne pour qu’elle se permette de les provoquer en s’habillant telle une Martell alors qu’elle représentait les terres de l’Orage et ses suzerains.

Elle avait haussé les sourcils à sa remarque, levant les yeux au ciel en guise de réponse à ses protestations auxquelles elle n’avait pas prêté attention : la femme de Rhaegar Targaryen et la mère de sa fille était une dornienne ; cette dernière s’habillait d’ailleurs souvent comme telle, revendiquant ses origines, et elle ne voyait aucune raison de ne pouvoir en faire de même : sa mère était une Le Voi, et il devrait bien finir par l’accepter un jour, que ce fait lui plaise ou non. De plus, d’un simple point de vue pratique, ses robes étaient davantage adaptées au climat chaud de Port-Réal qu’aux journées venteuses et orageuses de la Griffonnière, en plus de leur valeur sentimentale. Qu’il s’estime donc heureux qu’elles soient –si les rumeurs étaient vraies- bien moins provocantes que celles d’Arianne Martell ou des Aspics des Sables.

La Griffonne  s’était donc, comme à l’accoutumée, revêtue d’une longue mais légère robe faite de voilages et de broderies dorées, de blanc et de rouge orangé mêlés. Elle avait laissé ses longues boucles sombres onduler jusqu’au creux de son dos, réservant une coiffure plus sophistiquée pour les entrevues qu’elle avait accordées dans l’après-midi. Son regard bleu était à peine souligné de quelques fards, laissant son visage libre de tout autre artifice, seulement encadré par de lourds pendants d’oreilles en or ouvragé. L’ensemble ne laissait nul doute quant à sa richesse et à son statut, mais dénotait d’une certaine simplicité en comparaison des toilettes apprêtées et des luxueux bijoux que pouvaient parfois arborer les dames de Port-Réal. Après tout, elle ne souhaitait ni rencontrer ni impressionner quiconque ce matin-là, s’étant à desseins levée tôt afin de profiter de la fraîcheur et du calme des jardins.

C’est pourquoi Shyra fut plus que surprise –et aussi légèrement, voire passablement énervée- d’entendre une voix légère railleuse fuser au-dessus d’elle, la tirant de ses pensées et de son isolement. Se retournant afin de faire face à celui qui osait perturber sa tranquillité matinale, le Griffon Blanc fronça un sourcil en constatant l’absence d’une présence dans son dos ; ce ne fut que lorsqu’elle leva son regard marin vers le balcon qui surplombait la terrasse que la Connington trouva l’insolent, en les traits duquel elle reconnut ceux brièvement aperçus à l’issu du conseil royal de Criston Desdaings. L’allusion à la récente installation de Stannis Baratheon au sein de ses terres effaça le dernier doute qu’il lui restait quant à l’identité du suzerain du Conflans.

Elle demeura silencieuse quelques instants, semblant toiser le Desdaings de ses grands yeux bleus, comme si elle luttait pour ne pas répondre à la provocation ou s’en offusquer. Ses lèvres finirent par s’étirer un sourire courtois, bien qu’emprunt d’une once d’ironie.

« Votre sollicitude me touche, Lord Desdaings. Je suppose que vous faites vous-même tout votre possible afin de repousser les troupes de Stannis Baratheon et que vous êtes monté sur ce balcon dans le seul but de mieux vous faire entendre de vos hommes et de rallier ceux-ci depuis la Couronne. »


S’inclinant respectueusement, la Griffonne offrit un nouveau sourire au suzerain du Conflans, qu’elle fixa sans réellement tenter de cacher l’air à la fois intrigué et réprobateur qu’affichait son visage aux traits encore fatigués.
Jon était reparti dans l’Orage à peine le conseil réuni par Rhaegar dissout, refusant de tolérer un instant de plus la présence d’un Baratheon un peu trop revanchard sur ses terres ; l’installation de Stannis au cœur même de Harrenhal et du Conflans semblait bien moins contrarier son seigneur, à en juger par la nonchalance avec laquelle ce dernier s’était installé sur son perchoir qu’il ne paraissait que peu désireux de quitter. La pointe de moquerie qui teintait ses propos ne lui avait pas échappé : comment cet arrogant pouvait-il se permettre de tourner en dérision la peine qu’éprouvait Jon à déloger Renly de sa nouvelle place forte, alors que lui-même demeurait ici, comme indifférent au conflit qui avait envahi ses terres ?

Elle n’aurait jamais supporté une pareille situation pas plus qu’elle ne tolérerait que l’on manque de respect à Jon. Elle était consciente que beaucoup dans les Sept Couronnes remettaient encore en cause la légitimité de leur pouvoir gracieusement offert par le Roi, et que la politique menée par Jon était peut-être contestable en certains points, tout comme ses talents de stratège. Mais c’était un homme bon et juste, et surtout et avant tout dévoué à ses terres.
Et à en juger par ce qu’elle avait sous les yeux, tout aussi royalement promu que l’avait été son époux, Criston Desdaings semblait bien moins prompt à exercer son devoir de suzerain que Jon. Quelle raison pouvait-elle bien pousser le seigneur de Beaumarché à s’attarder ici à la Capitale alors que le conflit régnait dans les Sept Couronnes et que son devoir l’appelait ailleurs ? Négocier un mariage pour son fils aîné et héritier ? Trouver un parti pour sa cadette ? Aussi nobles et préoccupantes puissent être ces occupations, elles ne l’étaient pas autant aux yeux du Griffon Blanc que la lutte pour ses terres. Et en cela, elle ne parvenait à comprendre l’attitude désinvolte du Seigneur au Cygne, paraissait comprendre fugacement pourquoi Jon l’avait, à son retour du conseil, qualifié « d’arrogant ».

D’un signe de tête, la Connington salua le Desdaings, lui souhaitant une bonne journée du bout des lèvres, coupant court à une discussion qu’elle pressentait capable de venir rapidement à bout de sa patience, s’apprêtant à tourner les talons pour poursuivre son chemin et profiter de ce qu’elle était venue chercher en ce début de matinée : un peu de calme.

base crackle bones, modification lawina