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If you could be anywhere, where would you be ? ~ Isendre

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   Isendre & Camelya
   If you could be anywhere, where would you be ?

I
l était encore très tôt en cette matinée et déjà le Soleil faisait son entrée en traversant ici et là la pièce où dormait la jeune Camelya. Ses rayons venaient doucement la caresser à travers sa fine couverture qu’elle s’empressa de tirer sur elle davantage pour se protéger de cette attaque matinale. Elle se tourna et se retourna plusieurs fois alors que ses paupières papillonnaient en tentant vainement de s’illuminer. Décidément, les réveils n’étaient de loin pas son fort puisqu’ils signifiaient la fin d’un rêve, une chose pourtant hautement importante pour la belle brune de Beaumarché. La journée qui l’attendait allait encore ressembler à la précédente, qui elle-même était commune à celle d’avant et qui étaient toutes en fait plus ou moins similaires depuis de nombreuses années maintenant. Une certaine monotonie rythmait son quotidien, du moins qu’en apparence. Certes, l’emménagement récent dans cette belle ville la forçait à partir en exploration de temps à autre pour aiguiser son imagination. Et oui, la jeune femme s’accordait un minimum de songe pour s’éclipser de ce travail fastidieux et qui ne lui correspondait pas qu’était l’art des aiguilles en tout genre. Après tout, elle avait un public plus ou moins fidèle à satisfaire régulièrement et elle se devait de renouveler sans cesse ses récits.

Tout en se débattant avec sa couverture, la demoiselle s’étira tout en jetant un regard encore endormi vers cette fenêtre à l’origine de cette intrusion solaire allant presque jusqu’à la maudire. Il était encore bien trop tôt. Bien que ravie de sa petite vie sans gros soucis, la brunette arrivait parfois à se demander ce que pouvait être la vie d’une dame du château avec servantes et nourriture abondante. Rien que ce matin là, elle aurait payé toute sa fortune pour pouvoir déléguer exceptionnellement le démêlage de sa longue chevelure à quelqu’un. Se redressant, sa main se posa sur sa brosse à cheveux posée non loin de son oreiller et calmement, elle entreprit de rendre un aspect plus frais à ses longueurs. Ne pas être une grande dame ne l’empêchait pas de prendre soin d’elle sans pour autant vouloir attirer tous les regards, loin de là.

Tout le monde dormait encore dans la petite maison et, le plus discrètement possible, Camelya se faufila hors de sa chambre pour manger et boire un bout avant de se mettre au travail. Du moins, « travail » serait plus exact. La brune occupait son temps libre en se confectionnant ses propres pièces de couture et ainsi poursuivre son rêve d’une certaine manière. Elle avait une petite heure devant elle avant de se mettre aux pièces à vendre. Sa mère n’allait plus tarder à arriver suivit de près par sa grand-mère, comme tous les matins.

La matinée se déroula comme toutes les précédentes et lorsque la pause du déjeuner arrivait, la brunette stoppa toute activité pour sortir de ce petit atelier familial. Elle allait retrouver ces personnes qui accordaient un peu d’intérêt à ces choses qu’elle racontait. Hors de sa maison, une toute jeune fille se mit à courir vers elle, ce qui fit sourire Camelya.

« Bonjour Leane. Prête pour une nouvelle histoire ? » lui demanda-t-elle en prenant sa main tendue tout en marchant vers le point habituel.

La jeune fille semblait heureuse et c’était bien communicatif. Sur place, quelques jeunes et deux personnes plus âgées étaient déjà présentes. Tout en les saluant, la belle prit place comme à son habitude et commençait à livrer son nouveau récit venant tout droit de son dernier rêve. Bien entendu, depuis une petite semaine maintenant, la brunette semblait attendre quelque chose, lorgnant les alentours du regard à la recherche de cette mystérieuse personne qui semblait se volatiliser aussi vite qu’elle était repérée. Camelya commençait même à croire qu’elle avait une nouvelle fois rêvé. Une fois de plus. Mais de là à imaginer une présence et le poids d’un regard, c’était vraiment déroutant pour le coup..

«… Et vous savez quoi ? Le petit cygne allait forcément devenir quelqu’un de plus important aux yeux de Taelys, et oui. » conclua-t-elle en regardant la petite Leane qui avait prit place sur ses genoux et dont les yeux reflétaient milles et une choses.

« C’est déjà fini ? » lança l’un des vieillards, ce qui fit sourire Camelya qui acquiesça d’un petit signe de tête tout en se relevant.

« Il faut ménager le plaisir mon ami » dit-elle alors en époussetant un peu sa robe tout en haussant ses épaules.

Les plus jeunes vinrent la remercier une nouvelle fois tout en lui assurant qu’ils allaient imaginer eux aussi la suite de cette histoire pour en parler plus tard. Et oui, même si la brunette aimait conter, elle tenait aussi à éveiller l’imagination de ces personnes qui l’écoutaient attentivement en leur laissant le champ libre pour la suite de l’aventure. Mais, cette fois-ci, quelque chose la retenait sur place plutôt que de rentrer chez elle. Elle avait cru l’apercevoir non loin de là.. Est-ce qu’une illusion pouvait perdurer dans le temps de la sorte ? Leane lui faisait part de ce qu’elle pensait de l’histoire du jour. Etrangement, Camelya l’écoutait moins attentivement qu’à l’ordinaire.. La mère de la fillette appela alors cette dernière pour qu’elle vienne l’aider, laissant la jeune femme marcher seule dans cette ruelle.

WILDBIRD
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Les domestiques de la famille suzeraine s'activaient dans les cuisines du château. L'heure du déjeuner approchait à grands pas, mais tout n'était pas encore prêt. Comme bien souvent, le bâtard du seigneur était descendu dans les sous-sol pour goûter les bons petits plats que les cuisinières avaient préparés. Sa belle-mère, qui ne supportait pas l'idée de l'avoir à sa table lorsque son époux s'absentait, l'avait déjà envoyé là à plusieurs reprises, si bien qu'il avait fini par nouer des liens avec ces gens que les Nobles, en-dehors peut-être de son père, méprisaient. La vipère croyait sans doute le châtier, mais en réalité, le jeune homme préférait de loin la compagnie des domestiques à celle de cette horrible femme. Isendre s'empara d'une cuillère à soupe qu'il plongea dans une marmite avant de la porter jusqu'à sa bouche. Après avoir passé beaucoup de temps en cuisine, il avait appris à savourer les petits plaisirs de la gastronomie et à déceler les moindres lacunes dans la préparation. L'une des cuisinières, Vivyan, attendait son verdict. Le garçon fronça les sourcils. Il avait remarqué quelque chose, mais il n'en était pas complètement certain.

- On dirait qu'il manque quelque chose, dit-il en s'humectant les papilles une nouvelle fois, dans un élan d'incertitude. N'aurais-tu pas oublié d'y mettre quelques épices, par hasard ? demanda le jeune homme en se tournant vers la quinquagénaire.
- Qui te dis que je ne l'ai pas fais exprès pour vérifier que tu avais retenu tout ce que nous autres, cuisinières, t'avions appris pendant tout ce temps ?! répondit la chef cuisinière, non sans un sourire plein de complicité dessiné sur ses lèvres.

Comprenant qu'il avait vu juste, Isendre lui rendit son sourire, puis posa la cuillère à côté de la marmite. Vivyan était une excellente cuisinière, un brin trop gourmande à en juger par son embonpoint, qui méritait amplement sa place de maître des cuisines. Grâce à elle et toutes les cuisinières qui étaient sous ses ordres, le jeune homme mangeait bien à chaque repas et pour lui, il serait difficile de trouver meilleur chef cuisinier dans tout le Royaume, et ce même si son avis manquait certainement d'objectivité. La domestique se détourna du garçon et porta son regard jusqu'à la tarte aux pommes que d'autres cuisinières étaient en train de préparer.

- Lord Criston nous a demandé de troquer la tarte au citron que nous avions préparé contre une tarte aux pommes, mais nous n'aurons passez de pommes pour satisfaire son ordre et aucune de nous n'a le temps d'aller en ville pour en acheter. Pourrais-tu t'y rendre rapidement ?
- Bien sûr, j'y vais tout de suite !

Le jeune homme avait déjà projeté de se rendre dans la cité vers l'heure du déjeuner, comme il en avait l'habitude depuis une bonne semaine maintenant, si bien que, fonceur qu'il était, il s'était déjà mis en route à grandes enjambées.

- Isendre ?

Le jeune homme stoppa sa course au niveau des escaliers avant de se retourner pour savoir ce que lui voulait Vivyan.

- Tu oublies l'argent...

La chef cuisinière lui tendit alors une bourse avec de quoi acheter le petit kilo de pommes qui lui manquait pour la tarte qu'elle devait préparer, avant de remuer la tête de gauche à droite, les deux mains sur les hanches, dans le dos du fils cadet de Criston Desdaings qui avait repris sa route à grandes foulées. Isendre ne mit pas longtemps à atteindre les premières étales dans les ruelles de Beaumarché, et s'il y avait bien des marchands de fruits, le bâtard en cherchait un en particulier qui avait l'habitude de fournir ses produits aux cuisinières du suzerain du Conflans.

Là-haut, dans le ciel, le soleil était au plus haut, ce qui indiquait qu'il était l'heure de déjeuner. Tout le monde devait certainement être déjà à table et les cuisinières devaient encore préparer le dessert que leur maître avait commandé. Le jeune homme devait se dépêcher, au moins pour permettre aux domestiques de faire leur travail correctement sans risquer de subir la colère du lord. Mais quelque chose le détourna de son objectif. Ou plutôt... quelqu'un. Isendre avait repéré une petite foule composée de jeunes enfants et de quelques vieillards et au milieu de laquelle se trouvait une belle jeune femme aux cheveux bouclés. Cette jolie brunette était la raison de ses multiples escapades dans Beaumarché ces derniers jours. Il aimait la contempler de loin, et il arrivait parfois qu'il se rapproche discrètement pour entendre cette voix mélodieuse qui l'avait touché. Cette demoiselle, dont il ignorait encore le nom, occupait la moindre de ses pensées et pouvait même se targuer d'avoir une place dans ses rêves.

Soudain, la jeune femme se leva et la foule commençait peu à peu à se disperser. Seule une petite fille accompagnait encore celle qui était pour Isendre un amour secret. La petite brune s'éloignait de la place, alors qu'Isendre se surprenait lui-même à la suivre. Le matin même, il s'était promis de lui parler, mais maintenant qu'elle était tout près de lui, il s'en sentait incapable. Cette jeune femme devait avoir beaucoup de succès auprès des autres garçons et il n'y avait aucune raison qu'elle s'intéresse à lui. D'ailleurs, il n'était même pas sûr qu'elle l'ait remarqué...
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   Isendre & Camelya
   If you could be anywhere, where would you be ?

L
a petite foule de ces auditeurs, qui devenait de plus en plus nombreuse à mesure que les jours passaient, commençait à se disperser aussi vite qu’elle ne s’était formée, c'est-à-dire bien tranquillement. Chacun retournait à ses occupations le cœur et l’esprit bien plus légers qu’ils ne l’étaient au réveil. Une chose qui faisait sourire la petite brune et lui procurait une fierté qu’elle estimait ne même pas mériter. Après tout, elle ne faisait que partager des choses qui la passionnaient et qui, plus simplement, lui permettait de vivre une vie qui n’était pas réellement la sienne sans avoir peur de bousculer l’amour-propre et la susceptibilité de certaines personnes. Au moins, en usant de ses personnalités inventées, la belle pouvait se permettre de conter un monde meilleur, bien éloigné des conflits et des guerres qui éclataient par endroits. C’était toujours ainsi, du moins à chaque fois que Camelya s’installait parmi eux pour laisser son imagination galoper au rythme de ses paroles. Même si la petite couturière s’efforçait de s’éloigner de la réalité grâce aux personnages qu’elle avait créés, certains d’entre eux possédaient des traits pourtant bien réels.. Ce qui n’échappait pas à ses compagnons les plus attentifs. Heureusement, elle n’en avait que faire de ces bruits qui pouvaient parcourir les rues sur son passage d’autant plus qu’ils n’étaient de loin pas malveillants.

Le rêve. Comment un mot aussi simple pouvait-il revêtir des significations aussi opposées pour deux personnes différentes ? Alors que beaucoup rêvaient de pouvoir et de vengeance, d’autres espéraient simplement réussir à récolter de quoi nourrir leur famille. Camelya, quant à elle, se vantait de songer à une toute autre chose. S’il y avait bien une seule et unique chose que jamais personne ne pourrait reprendre ou interdire à la brune de Beaumarché, c’était bel et bien sa rêverie sans limite.  En effet, depuis plusieurs nuits, une rêverie étrange berçait inlassablement ses nuits. Toujours ce même visage.. En se réveillant, c’était à chaque fois la même chose : Camelya décortiquait sous tous les angles et sous tous les sens possible ce qu’elle avait cru comprendre, étant certaine que l’inconscient avait toujours sa place dans la vie réelle avec une incidence plus ou moins marquée. Le rêve avait toujours été à Camelya ce que l’eau est à la Terre. Un élément essentiel et tout bonnement indissociable. Lacs, rivières et océans, limpide ou boueuse. Boire, nager ou couler.. Tant de mots possibles pour décrire cet élément, tout comme le pays des songes.

Et pourtant..

Leane était à nouveau chez elle et la brunette pouvait enfin laisser tomber son masque de conteuse pour retrouver tissus et aiguilles. Jusqu’à la prochaine fois, bien évidemment. Si elle s’écoutait à ce moment là, un long soupir lui aurait échappé sans nul doute. Et pour cause, une pièce bien difficile à réaliser l’attendait n’accordant aucune place aux songes. La tête sensiblement baissée, elle marchait tranquillement n’étant nullement pressée de s’atteler à la tâche. Si seulement elle avait été attentive à ce qui se passait autour d’elle plutôt que de s’enfermer dans de sombres pensées.. Ses pas la guidaient sans même qu’elle y pense et la porte qui allait l’enfermer dans son travail n’était plus qu’à quelques enjambées de là. La brune ne pouvait que ralentir sa cadence déjà très restreinte. Là, enfin, elle sentit comme un regard qui ne la quittait pas derrière elle ce qui la déstabilisait assez. Tout en s’imaginant qu’elle rêvait, une fois de plus, la petite couturière décida de ne pas y prêter plus attention que cela et fut accueillie par sa mère qui sortait à ce même moment de la petite maison visiblement bien remontée..

« Tu n’aurais pas vu ton jeune frère ? Ah ! Si je l’attrape celui-là.. » Dit-elle en voyant sa fille qui ne s’attendait manifestement pas à un accueil de ce genre et avant de refermer la porte d’un coup à en faire trembler les murs de la bâtisse.

Camelya n’avait pas eu le temps de lui répondre s’étant contentée d’un vague haussement de sourcils avant qu’un subtil sourire ne se dessine sur ses lèvres. Non, elle ne l’avait pas croisé, mais elle pouvait facilement répondre à sa mère que son cadet était parti à l’aventure, comme à son habitude. Estimant que ce n’était finalement pas le moment pour rentrer travaillé vu l’énervement de sa chère génitrice, la brunette s’autorisa à replonger dans ses pensées. Elle fit un rapide demi-tour sans regarder où elle allait et fit quelques pas, le regard fixé sur l’un de ses bracelets. Suffisamment de foulées pour se retrouver face à cet homme qui semblait la fuir à chaque fois qu’elle osait le regarder lors de ses récits. Mais cette fois-ci, sa tête et son regard jusqu’alors légèrement baissés se redressaient calmement et prudemment comme pour éviter de le voir s’envoler une fois de plus. Ses petits yeux  détaillant silencieusement cette grande silhouette ne pouvaient qu’apprécier la rencontre. Son sourire disparu, remplacé par un léger empourprement face à cette situation loin d’être banale. Après tout, cela n’arrivait pas tous les jours de se retrouver en face d’un inconnu qui pourtant semble plus familier qu’il n’y parait..

« Vous n’êtes donc pas qu’une illusion qui disparaît.. » finit-elle par glisser à demi-mot sans même s’en rendre compte, ne le lâchant toujours pas du regard comme si le simple fait de cligner des yeux pouvait le faire partir, une fois de plus.


WILDBIRD
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Après que la foule des auditeurs se soit dispersée, Isendre avait emboîté le pas de la jeune femme, tout en veillant à rester à une distance convenable pour ne pas se faire remarquer. En étant trop proche de la belle brune, il craignait qu'elle ressente sa présence, l'obligeant ainsi à lui parler. Or, le bâtard n'était pas encore prêt à cela, même s'il s'en était pourtant fais la promesse le matin même en se levant. Il ne voulait pas l'effrayer non plus en la suivant comme son ombre, la demoiselle pouvant facilement croire qu'il était un maudit voleur ou encore l'un de ces harceleurs qui importunaient les femmes. Isendre était un garçon empli de douceur et de tendresse qui ne voulait de mal à personne, et il ne souhaitait pas donner une mauvaise impression à cette fille qu'il aimait secrètement. L'adolescent ne quittait pas la jeune femme des yeux et un sourire fendit même son visage lorsqu'il se dit que cela ressemblait fortement à l'une de ces aventures qu'il avait pu imaginer avec sa petite sœur. Les deux enfants s'amusaient parfois à prendre de simples citoyens en filature en évitant de se faire repérer, les intégrants ainsi à leurs jeux qui consistaient à se faire passer pour des espions ou des assassins venus de Braavos. A une exception près que pour cela, les deux adolescents étaient plus discrets que ne l'était actuellement Isendre qui ne quittait toujours pas la demoiselle du regard.

La vie à Beaumarché suivait son cours et alors qu'un marchand au crâne chauve et à la fine barbe blanche croisait son chemin, le bâtard se demandait s'il ne faisait pas un peu peur avec l'expression qu'on pouvait lire sur son visage et l'interprétation que l'on pouvait en tirer. Tandis que les yeux bleus du jeune homme pétillaient de joie, sa bouche entrouverte donnait l'impression qu'il était en train de baver dans le dos de la jeune femme  dont il ne perdait pas une miette. Étant parfaitement conscient du tort que cela pourrait lui faire si la demoiselle s'en apercevait, le garçon ferma la bouche complètement et s'arrêta un instant tout en posant son regard ailleurs pour reprendre ses esprits. Le jeune homme eut le temps de lire « Torval & Mullark, forgerons de père en fils » sur la plaque d'une boutique avant de reprendre sa route sur les traces de la conteuse de Beaumarché. Il la regardait encore de temps en temps, mais il finit par se perdre dans ses pensées, se souvenant alors de la mission que le maître cuisinier lui avait confié. La famille du suzerain était sans doute déjà à table maintenant, sa belle-mère profitant de son délicieux repas sans ce bâtard dans les pattes, pendant que les cuisinières s'activaient toujours en cuisine pour préparer une tarte aux pommes avec le peu de fruits qu'il leur restait. Le jeune homme n'était toujours pas passé chez le marchand, trop occupé à courir derrière cette demoiselle, et même s'il hésitait durant quelques secondes, il n'y passerait probablement pas tout de suite. En tous cas, pas à temps pour que le suzerain puisse avoir ce qu'il avait commandé.

Pendant ce temps, devant lui, la brunette avait ralentie la cadence sans même qu'Isendre s'en aperçoive, si bien qu'il fut plus près d'elle qu'il ne l'aurait souhaité. Soudain, une porte s'ouvrit à la volée un peu plus loin et une femme âgée d'une quarantaine d'années sortit de la maison avant de s'adresser à l'adolescente qui devait être sa fille, à en juger par la ressemblance qu'il y avait entre elles. La quadragénaire semblait être bien remontée et la porte se referma quelques secondes plus tard de la même façon qu'elle avait été ouverte. Même si cela n'avait rien d'amusant, le bâtard ne put s'empêcher de décrocher un sourire tant cette scène avait été plutôt quelque chose d'inattendue. C'est alors que la demoiselle fit demi-tour pour venir vers lui. La tête basse, elle ne semblait pas encore l'avoir vu, mais il était déjà trop tard. Isendre n'aurait pas le temps de se cacher, à moins de partir à pas d'éléphant, ce qui ne serait absolument pas discret. Préférant faire face à son destin, il resta immobile alors que la conteuse se rapprochait doucement vers lui, toujours sans lever son regard. C'était la première fois que le jeune homme était aussi près d'elle, et cela lui arracha un large sourire sur ses fines lèvres, alors que ses yeux étaient à l'instant même remplis d'étoiles. Oh, il ne savait rien concernant les sentiments de la jeune femme à son égard. Mais même s'il était intimidé, il était heureux de se retrouver ainsi, en tête-à-tête. Isendre en profitait pour contempler le joli minois de la demoiselle qui n'avait jamais été aussi proche de lui et qui se relevait peu à peu pour le regarder. Dominant largement la brunette de la taille, le jeune homme dut baisser les yeux. Il remarqua le teint rosé sur ses joues et fut encore plus touché qu'auparavant. D'habitude, c'est lui qui avait cette réaction lorsqu'il s'adressait à une femme, si bien qu'il comprenait parfaitement ce que la demoiselle pouvait ressentir. Même si, au fond, il se demandait bien pourquoi elle rougissait face à lui. Le bâtard l'avait suffisamment observé durant cette dernière semaine pour savoir qu'elle était particulièrement à l'aise devant un auditoire et qu'elle était de ce fait loin d'être timide. Isendre serait incapable de raconter des histoires à tout un public comme elle le faisait régulièrement.

- Vous n’êtes donc pas qu’une illusion qui disparaît..
- Une... une illusion ? répéta-t-il en rougissant à son tour, ne comprenant manifestement pas ce que voulait dire la brunette.

Isendre ne quittait pas cette fille des yeux. Les compliments qu'il voulait lui faire ne manquaient pas, que ce soit sur sa voix, sur son sourire ou sur elle en général. Mais pas un mot ne sortie de sa bouche. Il se disait que c'était peut-être encore trop tôt pour cela et que cela pourrait gêner la jeune femme. Le garçon détourna le regard pour se concentrer sur les bâtisses qui étaient situées derrière son interlocutrice. Il s'en voulait de ne rien dire alors qu'il avait là l'occasion de séduire celle qu'il aimait secrètement depuis quelques jours. Isendre avait l'impression d'être ennuyeux dans ces moments là...
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   Isendre & Camelya
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M
ême sans le vouloir, la vie de Camelya avait changé depuis qu’elle s’était mis à conter mille et unes choses aux curieux et rêveurs, jeunes enfants et vieillards de la ville. C’est même grâce à cela qu’elle s’était fait de bons amis alors que certaines de ces personnes s’évertuaient à vouloir la remercier pour ce divertissement dépaysant et plaisant en lui offrant divers présents. La brunette s’en trouvait toujours gênée, ne faisant pas tout ça pour l’appât du gain ou pour se démarquer des autres, non. Seul son plaisir à partager ses rêves comptait, surtout depuis qu’un mystérieux jeune homme avait fait son apparition parmi ses auditeurs, se demandant sans cesse s’il allait se montrer jour après jour. Oui, celui-là même qui avait un don incontestable pour déstabiliser la belle lorsque son regard se faisait discrètement ressentir. Et pourtant, elle ne connaissait rien de cet homme qui prenait une part chaque jour plus importante dans ses rêves les plus fous. Lui, sur son beau cheval gris.. Qui finissait toujours par disparaitre ne renforçant ainsi que la volonté de la brunette d’en savoir plus à son sujet. Un jour, sans doute, pourrait-elle enfin mettre un nom sur cette personne.

Bien que sa vie particulièrement monotone ne lui procurât pas la moindre once de réel danger, la conteuse s’en contentait. Après tout, même la plus coriace des aiguilles n’avait de secret pour ses petites mains agiles. En créant ou en donnant une seconde jeunesse à n’importe quel vêtement, la belle brune ne prenait pas trop de risque, ne mettant de loin pas sa vie en jeu. Au pire, le bout de ses doigts se retrouvait blessé. Bon, il est bon à noter que si une personne prenait un jour le temps d’examiner plus attentivement ses mains, cette dernière pourrait aisément remarquer des traces de vieilles atteintes qui resteraient certainement sur sa peau jusqu’à son dernier souffle. Mais ce genre de détails, la brunette les laissait de côté et estimait que cela faisait partie des maigres risques du métier. La plus grande menace que comprenait son quotidien était de loin l’amabilité qui pouvait faire défaut à certaines personnes. Et ça, c’était quelque chose que Camelya ne supportait pas, rongeant sans cesse sa patience pour ne pas laisser éclater sa colère.

Heureusement, cette journée-là semblait sortir de l’ordinaire. A un tel point qu’elle se retrouva ainsi, face à cet homme qui arborait un sourire capable de désarmer n’importe quelle demoiselle en une fraction de seconde. Et Camelya ne pouvait y échapper, ne se rendant nullement compte de la teinte rosée qui prenaient ses joues à cet instant. Elle mit d’ailleurs un certain temps avant de pouvoir soutenir son regard comme si la brunette se retrouvait être aveuglée devant ce visage qu’elle n’apercevait que de loin habituellement et qui se révélait être encore plus appréciable à mesure que ses yeux le détaillaient. Etant bien plus petite que cette personne, la couturière était obligée de lever la tête pour ne pas le quitter des yeux allant même jusqu’à se perdre dans le bleu de ceux du jeune homme un très court instant alors qu’il lui répondait..

« Une... une illusion ? »

Trois mots.. Trois mots des plus simples qui eurent l’effet d’une lame plantée dans son âme innocente d’enfant. Quelque chose qu’elle n’avait encore jamais connue semblait se réveiller loin dans ses pensées à peine son regard s’était-il levé vers cet homme. Qu’est-ce qui pouvait donc bien lui prendre ? Si l’une de ses connaissances passait par ici en cet instant, jamais elle ne l’aurait reconnue, elle, Camelya, celle qui parlait toujours à longueur de temps pour dire tout et n’importe quoi semblait avoir perdu la voix. Fermant quelques très brèves secondes ses yeux pour se reprendre et balayer tout cela d’un coup de manche, se redonnant ainsi un peu d’aplomb, la belle brune haussa légèrement les épaules accompagnées de son sourire illuminant ainsi son visage.

« Désolée, je dois certainement vous confondre avec une autre personne qui se volatilise à chaque fois que nos regards se croisent. » Lui dit-elle simplement, sachant très bien qu’elle ne rêvait pas et surtout qu’elle ne se trompait pas.  

La petite brune se rendait enfin compte de cette proximité presque gênante qu’il y avait entre eux, n’ayant pas réellement fait attention où elle avait mis les pieds en remontant la rue. Ainsi,  elle se força à faire un petit pas en arrière ne sachant pas face à qui elle se trouvait et n’étant qu’ « une » couturière, elle se devait de rester à sa place. Tout en le détaillant une fois de plus de son regard pétillant, la conteuse ajouta.

« Je m’appelle Camelya.. »

Inclinant légèrement la tête sur le côté, tout en jouant avec ses bracelets d’une main, la belle de Beaumarché avait grand espoir de connaitre enfin le nom de ce mystérieux jeune homme qui occupait un bon nombre de ses rêves. C’était pour cette raison qu’elle tenait ainsi à se présenter comme si le temps lui était compté..


WILDBIRD
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Cela faisait bien longtemps qu'Isendre ne s'était pas émerveillé devant une jeune femme. Il fallait en effet remonter jusqu'à son enfance, avec Iseult, pour le voir ainsi, les yeux pleins d'étoiles accompagnés d'un large sourire étirant ses lèvres. Entre cette période et aujourd'hui, le jeune homme avait regardé bien des femmes, à commencer par les autres domestiques de son âge qui peuplaient le château, et si certaines avaient un physique avantageux sans être des Reines de beauté, elles n'avaient pas retenues l'attention du bâtard pour diverses raisons. L'une d'elles était tout simplement qu'il s'était refusé de tomber à nouveau amoureux d'une domestique, alors que sa chère belle-mère avait renvoyé la jolie rousse et sa mère, séparant de ce fait les deux enfants qui s'étaient attachés l'un pour l'autre. Et si, par hasard, l'une de ces jeunes demoiselles lui plaisait, Isendre se convainquait qu'il n'y avait rien de plus que de l'attirance physique et qu'il était alors inutile d'aller plus loin.

Mais en ce moment, dans l'une des ruelles de Beaumarché, Isendre était persuadé que ce sentiment qu'il avait enfoui renaissait tel un Phœnix renaît de ses cendres, les flammes de l'oiseau réchauffant son cœur comme le Vésuve en pleine éruption. Depuis une semaine, la conteuse de la cité occupait ses pensées jour et nuit, et le jeune homme s'était déjà surpris à rêver d'elle à trois reprises durant la même nuit. Dans l'un de ces rêves, il entraînait sa sœur Alyssa au combat, alors que la demoiselle qui lui faisait face aujourd'hui était assise contre un arbre, se contentant de les observer sans dire un mot. Dans un autre, une lady venait l'aborder lui, le bâtard, lors d'une soirée mondaine dans l'ultime but de le séduire, tandis que le jeune homme l'ignorait, trop occupé à contempler la brunette de Beaumarché. Enfin, dans le dernier rêve, Isendre la croisait dans les jardins de Beaumarché et tous deux échangèrent un sourire... Le jeune homme avait parlé de ces rêves à l'un des domestiques qui ne voyait pas en lui le fils illégitime du suzerain, et celui-ci lui avait répondu, pour y trouver une signification, que cette mystérieuse demoiselle qui hantait ses rêves avait dû penser à lui durant cette nuit là. Rêveur qu'il était, Isendre avait validé cette hypothèse qui lui plaisait fort bien.

Abandonnant ses mystérieuses pensées, le bâtard revint à la réalité. Sans dire le moindre mot, ce qu'il regrettait amèrement, lui qui avait tant de compliments à faire à cette jeune femme qu'il voulait également apprendre à connaître, le jeune homme continuait de l'observer. La jolie brune avait l'air de ne pas se sentir très bien, ce qui inquiéta Isendre qui avait abandonné son sourire pour afficher un air embarrassé sur son visage. Mais, heureusement, une poignée de secondes plus tard, elle retrouva son sourire qui la faisait tant ressembler à l'astre solaire, et le garçon fut rassuré.

- Désolée, je dois certainement vous confondre avec une autre personne qui se volatilise à chaque fois que nos regards se croisent.

Le bâtard ne s'était pas attendu à une telle réponse, si bien qu'il fut totalement désarmé. Il ne savait quoi dire, si ce n'est lui avouer qu'elle ne le confondait pas avec quelqu'un d'autre et que c'était bien lui qu'elle voyait à de nombreuses reprises depuis quelques jours. D'une certaine manière, en gardant le silence face à cette réplique, Isendre s'épargnait sans doute une bien mauvaise posture. Il fut soulagé qu'elle ne lui ait pas demandé pourquoi il fuyait à chaque fois qu'elle croisait son regard.

La brunette s'éloigna alors furtivement d'un pas, ce qui surprit le jeune homme qui n'avait pas pour habitude que l'on se comporte ainsi en sa compagnie. Lui faisait-il peur ou étaient-ils tout simplement trop proches l'un de l'autre alors que chacun était un inconnu pour l'autre ? Isendre se mordit les lèvres, gêné d'avoir eu une telle proximité avec la demoiselle, cette dernière ne semblant pas du tout effrayée, puisqu'elle se présentait à lui avec le même regard pétillant qu'il devinait dans ses propres yeux. Ainsi, elle s'appelait Camelya. Le fils illégitime du suzerain lui sourit à nouveau.

- Ce... C'est un prénom qui vous va à merveille, lui répondit tout simplement Isendre qui venait de glisser là un premier compliment. Appelez-moi Isendre.
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   If you could be anywhere, where would you be ?

L
es rues de Beaumarché commençaient doucement à retrouver un peu de calme pour l’heure de ce déjeuner. Même le boulanger qui était non loin de là s’apprêtait à rejoindre femme et enfants pour partager un repas, demeurant tout de même à proximité de ses affaires si quelqu’un avait besoin de ses bons services. Certes, ces travées n’étaient pas aussi désertes qu’en soirée lorsque le sommeil finissait par gagner la grande majorité des vies de la ville, mais suffisamment pour apprécier ce face-à-face que les Dieux semblaient enfin bien daigner lui accorder. Depuis le temps qu’elle attendait cela.. Des heures et des jours entiers. Même si Camelya n’était pas une âme solitaire chevronnée, elle devait bien reconnaitre que cette tranquillité était des plus agréables et qu’elle tombait plutôt fort bien. Car après tout, il lui était très difficile de se maintenir éloignée des gens. Le fait qu’elle soit une grande bavarde étant bien certainement la cause de ce désir de rester entourée dès que possible. Evidemment, la brunette avait elle aussi ses humeurs et ses jours bien plus gris durant lesquels elle ne pouvait qu’apprécier le fait même de s’isoler pour s’enfuir dans son propre monde, laissant ses petits tracas sur place pour ne plus avoir à y penser. Certains maux la rongeaient inévitablement tel que la disparition de son père. Lorsqu’elle y pensait, la demoiselle avait pour habitude de fausser compagnie à ses proches pour rester seule face à sa tristesse. Un combat loin des épées qu’elle tenait à mener et surtout à vaincre. Une année était passée, il fallait pourtant se résoudre à l’impensable.. Et se tenir ainsi dans ces rues, face à cette personne que la conteuse pensait connaitre bien plus que ce n’était pourtant le cas jusqu’alors, était vraiment quelque chose d’inhabituel mais terriblement plaisant. Presque déroutant et déstabilisant. Mais plaisant, sans aucun doute. Est-ce que les Dieux voulaient se faire pardonner de lui avoir subtilisé aussi injustement son père en plaçant enfin ce jeune homme qui lui échappait à chaque fois sur sa route ?

Son regard ne pouvait nullement se détacher des yeux de ce jeune homme face à elle et qui n’avait toujours pas disparu. Ce n’était pas possible et quand bien même, la belle n’aurait sans doute pas eu la force de rompre ce précieux contact même s’il n’était que visuel. Après tout, même lorsque ses doigts se débattaient avec ses aiguilles de toute la maitrise possible, cette silhouette venait s’accaparer de toute son attention. Tout comme à cet instant.. Camelya s’était d’ailleurs rapidement arrêté de compter le nombre de fois où, totalement distraite et rêveuse, elle s’était malencontreusement piqué le doigt avec ses outils. En y pensant, la brune ne pouvait s’empêcher de jeter un très bref regard vers sa main qui s’amusait avec ses bracelets comme pour en vérifier la bonne santé avant de repartir à l’assaut de ces deux perles qui étaient encore plus troublantes d’aussi près. Se forçant à user et à abuser de tout son contrôle d’elle-même, la brunette tâchait de ne rien laisser paraitre, mais.. C’était sans compter sur ses joues toujours rosies qui étaient là pour la trahir de même que son regard bien plus captivé ou même ce sourire des plus sincères qui n’était pas décidé à l’abandonner.

« Je m’en doutais. » Accorda-t-elle simplement de sa mine amusée ayant bien compris cette réponse indirectement silencieuse. Après tout, qui ne dit mot consent.

Suite à sa propre parole que la jeune femme constata la gêne manifeste de cet homme. Elle s’en voulut immédiatement de l’avoir placé dans un tel embarras si bien que par réflexe, Camelya se mordilla imperceptiblement la lèvre en s’étant reculée de cette petite foulée. Affichant un petit sourire confus, elle avait prit ce silence comme une confirmation, même si elle n’en avait jamais douté. Un flot impressionnant de questions l’envahissait, mais ce n’était pas le moment pour les laisser éclater au grand jour. Au fond d’elle, la couturière savait que ce n’était qu’une question de temps. Une véritable épopée contre sa curiosité heureusement loin d’être malsaine comme l’était celle d’un bon nombre de personnes.

« Ce... C'est un prénom qui vous va à merveille. Appelez-moi Isendre. »

Une manière radicalement parfaite pour redonner de la couleur à ce visage qui s’était efforcé de ne rien laisser paraitre. Là, pour le coup, si ce jeune homme doutait de la manière dont Camelya le jugeait, il en avait là une preuve infaillible qui lui était libre d’interpréter comme il le souhaitait. Ce fut donc à son tour d’en rester sans voix. Un comble pour une conteuse à l’imagination débordante. La belle cherchait ses mots, une chose qui ne lui était vraiment pas familière. Sa conscience, au fond d’elle, lui donnait une petite tape afin qu’elle se ressaisisse un peu pour faire face à cette opportunité de faire la connaissance d’une autre personne. Certes, pas n’importe qui : son « Illusion ». Baissant un peu sa tête comme si cela pouvait cacher cette rougeur, elle ne retrouva qu’un mot à répondre à cela.

« Merci. » Dit-elle simplement, ne sachant pas quoi dire d’autre. Il faut dire que la belle, même si ce n’était pas la première fois que quelqu’un lui disait ce genre de chose, était particulièrement touchée d’entendre ces simples mots venant de la part de cette personne.

Et puis.. Quelle était l’attitude à observer lorsque l’un des fils du suzerain du Conflans venait à glisser une parole si agréable ? Même si elle n’était à Beaumarché que depuis une petite année, Camelya avait entendu à de nombreuses reprises parler de cette personne. Isendre. Un beau prénom pour un beau jeune homme, il n’y avait aucun doute là-dessus. Mais, la petite conteuse se souvenait aussi de discussion étrange à son sujet.. Camelya n’en avait que faire des bruits qui circulaient au sujet de son statut de fils illégitime. Sa rêverie lui conférait une ouverture sur le monde et sur les personnes qu’elle n’échangerait pour rien au monde. La brunette n’était pas l’un de ces moutons à bêler en chœur à n’importe quelle occasion pour se faire bien voir ou par simple habitude, se donnant la chance de considérer l’individu avant tout. Tant pis si cela déplaisait à l’une ou l’autre personne, la jeune femme avait toujours été ainsi et elle ne changerait pour rien au monde. Ce terme de « bâtard » accompagnant ce statut n’avait le seul don que celui de faire fuir son sourire pour laisser place à de l’incompréhension. Pour elle, ce mot revêtait une sonorité particulièrement péjorative.  Dans sa façon de penser et de voir le monde, l’ascendance d’une personne ne pouvait pas faire de cette dernière une bonne ou une mauvaise personne. Après tout, ce n’était pas avec un statut social qu’il était possible de juger de la valeur d’une personne. Et ça, peu de monde dans ces contrées semblaient partager ce point de vue et cela l’énervait. Pour certains, c’était simplement de la bêtise complétée avec une douce naïveté ou pour d’autres, une attitude mûrement réfléchie. Mais qu’importe, la petite couturière appréciait le fait d’être à contre courant pour ce genre de faits. Ne le lâchant pas du regard, elle ajouta avec un sourire des plus bienveillants.

« Ainsi, mon Illusion a un prénom. En tout cas, je peux vous retourner le compliment. » Un petit mouvement de la tête accompagnait ces derniers mots.

Camelya était toujours ravie de faire la connaissance de nouvelles personnes, ce n’était pas une grande nouveauté. Mais pour le coup.. C’était encore d’une autre dimension. Alors qu’elle s’apprêtait à partir dans une discussion comme elle seule en avait le secret, sa mère rouvrit la porte la faisant presque sursauter, cette fois plus calmement tout en jetant un bref regard vers sa fille et le jeune homme qui était face à cette dernière. N’étant pas très éloignée, elle dit à voix haute en restant sur le pas de la porte.

« Ah Camelya, tu es encore là. Va donc me chercher un peu de tissu léger de la couleur de ton choix, veux-tu ? »

Et comme précédemment, la jeune femme n’eut pas le temps de placer le moindre mot que la porte se referma une fois de plus. Se tournant vers Isendre, elle haussa légèrement les épaules comme pour dire que cela arrive, de temps en temps.

« Me voilà missionnée pour aller chez le tisserand. Mais je serai heureuse de pouvoir continuer à vous parler si vous.. Acceptez de m’y accompagner. »

Oui, c’était bel et bien une proposition pour passer encore un peu de temps avec ce jeune homme qui, certainement sans même le savoir, avait déjà une petite place dans la vie de Camelya. Cette fois-ci, elle n’avait pas détourné le regard et c’était déjà en la fidèle compagnie de ses joues toujours teintées qu’elle attendait la réponse de son « Illusion ».

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